Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 7, part. 3, Erl-Ez.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

foucauld donna au premier président tant de coups d’estramaçon, qu’il vint à bout de ce qu’il désirait. (St-Sim.)

ESTRAMAÇONNÉ, ÉE (è-stra-ma-so-né) part, passé du v. Estramaçonner : Être rudement ESTRAMAÇONNÉ.


ESTRAMAÇONNER v. a. ou tr. (è-stra-ma-so-né — rad. estramaçon). Frapper à coups d’estramaçon : Estramaçonner son adversaire.

— v. n. ou intr. Se battre à coups d’estramaçon :

… Avez-vous des ennemis secrets ?
Parlez, j’estramaçonne et je vous en défais.
Th. Corneille.

|| Se battre, en général : Quand on ne peut pas estramaçonner contre des géants, on brise des bouteilles au cabaret, (L. Reybaud.)

S’estramaçonner v. pr. Combattre l’un contre l’autre à coups d’estramaçon.

ESTRAMADURE, Estramadura, vaste contrée de la péninsule ibérique, appartenant partie à l’Espagne et partie au Portugal. Les Romains appelaient cette contrée Vettonia. Son nom actuel, qui vient d’extrema Durii (le pays au delà du Douro), lui fut donné au moyen âge.


ESTRAMADURE, ancienne province d’Espagne, bornée au N. par le royaume de Léon, à l’E. par la Nouvelle-Castille, au S. par l’Andalousie, à l’O. par le Portugal. Depuis 1833, l’Estramadure forme les deux provinces de Badajoz et de Cacerès. La superficie de l’Estramadure est évaluée à 43,300 kilom. carrés. Sa population s’élève, d’après les renseignements les plus récents, à 707,115 hab. L’Estramadure forme une immense plaine, sillonnée au N. par la sierra de Gredos, au centre par la sierra de Guadalupe, au S. par une partie de la sierra Morena. Parmi les cours d’eau qui arrosent cette province, nous signalerons : le Tago et la Guadiana, qui la baignent dans sa plus grande largeur, l’Alagon et le Tietar. Quoique les montagnes se couvrent de neige à la fin de novembre, le climat est chaud, même en hiver. Le sol est sablonneux, mais très-fertile partout où il peut être arrosé, notamment dans la Vega et aux environs de Cacerès. Du reste, l’agriculture y est très-négligée, et de vastes plaines, qui ne servent que de pâturages, pourraient facilement être mises en culture. Les productions les plus importantes sont : le blé, l’orge, le vin, le chanvre, l’huile, la soie, le poivre et la guède. L’Estramadure mérite d’être citée pour le vin d’Olivença, auquel on donne le nom de tinto, vin non liquoreux et n’ayant que fort peu de rapport avec celui du même nom que l’on fait à Alicante et à Rota. C’est un vin rouge, moelleux, délicat et suave. Quelques montagnes sont couvertes de belles forêts de chênes, de châtaigniers, de lièges et de sumacs. Si les habitants de l’Estramadure négligent l’agriculture, en revanche ils consacrent tous leurs soins à l’élève des bestiaux, notamment des moutons, des chevaux et des mulets, qui sont de belle race. On trouve peu de gibier dans l’Estramadure, mais beaucoup d’abeilles, qui fournissent une grande quantité de miel et de cire. L’industrie est peu développée. Elle produit principalement des draps, des toiles, de la corderie, des cuirs et du savon. Le commerce d’exportation consiste en gros draps, eaux-de-vie, chanvre, lin, charcuterie et poterie. L’instruction publique compte : dans la province de Badajoz, 5 établissements d’ordre supérieur, fréquentés par environ 700 élèves, et 117 écoles élémentaires, recevant 16,400 enfants ; dans la province de Cacerès, 276 écoles, fréquentées par 14,770 élèves.

« Placés dans un pays qui semble isolé de tout autre, et où les occasions de communiquer avec les différentes parties de la monarchie espagnole ne sont pas fréquentes, les habitants de l’Estramadure, dit M. de Laborde, se concentrent en eux-mêmes et s’abandonnent à leur propre existence. Ils ne connaissent ni les agréments de la vie ni les moyens de se les procurer. Le peu d’usage du monde leur en fait redouter la fréquentation et les éloigne de la société. De là vient qu’ils paraissent taciturnes et qu’ils sont peut-être les plus sérieux du tous les Espagnols. Ils craignent l’abord des étrangers ; ils fuient leur compagnie, et se plaisent à rester confinés toute leur vie dans leur province. Un certain dégoût pour l’occupation et le défaut de connaissances les éloignent du travail et les retiennent constamment dans l’oisiveté. Ils ont d’ailleurs des qualités excellentes : ils sont francs, sincères, remplis d’honneur et de probité, lents à former des entreprises, mais fermes dans leurs projets et constants dans leurs idées. Ils ont toujours été d’excellents soldats ; ils sont énergiques et robustes, supportant sans murmure les fatigues et les dangers de la guerre ; ils y ont toujours montré un courage remarquable. »

L’Estramadure a vu naître don Garcia de Paredès, Fernand Cortez, Francisco Pizarre, le marquis del Valle de Goanaco, etc.

    1. ESTRAMADURE (PROVINCE DE L’), division

administrative du Portugal ## ESTRAMADURE (province de l’), division administrative du Portugal, bornée au N. par le Beïra, au S. par l’AlentEjo, et à l’O. par l’océan Atlantique. Superficie, environ 3,164 kilom. carrés ; pop., 755,122 hab. Elle comprend 3 districts : Lisbonne, Leira et Santarem ; 30 comarques, 86 conselhos ou communes et 471 paroisses. C’est une contrée montagneuse, que sillonnent les sierras de Guadarama, de Guadalupe et de Morena, dont les ramifications forment de grandes vallées dans l’intérieur du pays. Sur les côtes, que bordent des falaises, on trouve quelques baies et les promontoires de Carveiro, de Rocca et d’Espechel. La province est arrosée par le Tage, qui la divise en deux parties presque égales. Dans l’intérieur se trouvent quelques lacs et des sources d’eaux thermales. Le climat, qui y est très-chaud, est rafraîchi par les vents fréquents du N.-E., et un printemps presque continuel règne dans les environs de Lisbonne. Les tremblements de terre sont malheureusement plus fréquents dans cette province que sur aucun autre point du Portugal. Le sol est fertile, surtout sur la rive gauche du Tage, où les montagnes et les vallées se couvrent de la plus luxuriante végétation ; mais l’agriculture y est si négligée, que la production des céréales suffit à peine à la consommation des habitants. On récolte du froment, du maïs, des châtaignes, du millet, du lin, du safran et de bons vins, parmi lesquels ceux de Carcovelos et de Coralès sont particulièrement estimés. La chasse et la pêche sont très-productives. Les montagnes recèlent du cuivre, du plomb, du fer, du mercure, de la houille, du marbre et des pierres à fusil ; mais ces richesses minérales sont inexploitées.

Les habitants de la province de l’Estramadure passent pour les mieux civilisés du Portugal et en parlent la langue le plus purement.


ESTRAN ou ESTRAND s. m. (è-stran — de l’angl. strand, rivage). Côte plate et sablonneuse, que la mer couvre et découvre tour à tour. || Se dit sur les côtes de la Manche.


ESTRANGHELO adj. m. (è-stran-ghé-lo — du syriaque star, écriture ; ingil, évangile). Philol. Se dit d’une forme particulière des lettres syriaques, qui fut employée dans les premiers siècles de notre ère : Alphabet estranghelo. Caractères estranghelos.


ESTRANGUILLE s. f. (è-stran-ghi-lle ; ll mll.). Écon. rur. Instrument qui sert à marquer les bestiaux.


ESTRANIÈRE s. f. (è-stra-niè-re). Mar. Pavillon, flamme, pennon : Là estaient encore sur ces mâts les estraniéres armoyées, ensegivées de leurs enseignes, qui baulioient au vent et ventilaient et frétillaient. (Froissart.) || Vieux mot.


ESTRAPADE s. f. (è-stra-pa-de — du germanique : suisse strapfen, tirer ; allem. straff, attaché fortement ; angl. strap, courroie). Supplice consistant à hisser le patient au haut d’un mât, les mains liées derrière le dos, et à le laisser retomber dans la mer ou jusque près de terre : Donner trois tours d’ estrapade. || Mât servant à ce supplice.

Double, triple estrapade, Exercice d’acrobate, consistant à passer deux, trois fois le corps entre les bras et la corde à laquelle l’acrobate est suspendu par les mains.

— Manège. Saut de mouton que fait un cheval rétif, pour désarçonner son cavalier.

— Jeux. À l’hombre, Chance du joueur qui fait la bête, après avoir joué sans prendre.

— Techn. Outil dont se servent les horlogers pour monter le grand ressort d’une pendule.

Encycl. Le supplice de l’estrapade parait avoir été inventé en Italie. Il consistait à élever à une certaine hauteur, au moyen d’une poulie, le patient, attaché par les pieds et par les mains à une même corde, et à le laisser retomber près de terre, de tout le poids de son corps, de manière à lui disloquer les bras et les jambes. L’ingéniosité des tortionnaires s’appliqua à raffiner ce supplice. Quelquefois, le condamné, les mains liées derrière le dos et les jambes libres, était hissé au haut de l’appareil par la corde qui lui attachait les poignets ; quand on le lançait dans l’espace, la secousse de la chute lui retournait violemment les bras et lui luxait les épaules. Il arrivait que le bourreau recommençait plusieurs fois, et le malheureux soumis à cette épouvantable épreuve ressentait des douleurs si horribles, que souvent il n’y survivait pas. Comme aggravation de peine, on attachait des poids aux pieds du supplicié, afin d’augmenter encore la violence de sa chute. Cette torture, usitée surtout comme question ordinaire et extraordinaire, était employée très-fréquemment dans les États du pape ; elle fut appliquée, avec la dernière rigueur, à l’infortunée Béatrix Cenci, sous le pontificat du pape Clément VIII.

Introduit en France avec les mœurs italiennes, au XVIe siècle, le supplice de l’estrapade fut infligé comme punition militaire.

Sous le règne de François Ier, au moment où le fanatisme religieux se déchaîna contre les sectateurs de Luther et de Calvin, l’infernal génie des bourreaux inventa un nouveau supplice, auquel on donna le nom d’estrapade, et qui dépassait en horreur et en cruauté les inventions les plus barbares. Trouvant que le feu étouffait trop rapidement les huguenots et qu’ils ne souffraient pas assez longtemps, on attacha ces malheureux au bout d’une longue poutre qui, basculant au sommet d’un poteau vertical, les plongeait dans un bûcher d’où le mouvement de bascule les retirait aussitôt, de façon à les brûler avec une extrême lenteur ; plusieurs calvinistes furent ainsi brûlés à petit feu, sur une place de Paris qui a conservé le nom de place de l’Estrapade.

Il est inutile de dire que, depuis de longues années, cet horrible supplice, qui a existé trop longtemps pour l’honneur de l’humanité, a cessé d’être en usage.

Nous trouvons les renseignements suivants dans un vieux document :

Au XVIe siècle, la torture de l’estrapade fut employée pour prolonger les douleurs des malversans en matière de religion, que les tribunaux d’inquisition condamnèrent en foule entre les années 1523 et 1560. La victime était attachée à l’extrémité d’une espèce de balançoire, qu’on abaissait sur le bûcher et qu’on relevait successivement avec un choc violent, de manière que les membres du patient étaient à la fois disloqués et brûlés à petit feu, jusqu’à ce qu’il tombât sur le bûcher, lorsque les flammes avaient gagné les cordes qui le garrottaient. François Ier et Henri II, avec toute leur cour, assistèrent plusieurs fois à cet horrible spectacle. Le 21 janvier 1535, le roi, ayant résolu d’expier par une procession solennelle les offenses commises par les hérétiques contre le saint sacrement, ordonna qu’on fit jouer les estrapades sur son passage, dans les six principales places de la capitale. À chaque station, en effet, on attendit, pour commencer le supplice, l’arrivée de François Ier et de la procession, et le roi, humblement prosterné, implorait la miséricorde divine sur son peuple, jusqu’à ce que les malheureux martyrs eussent péri dans d’affreuses douleurs, au milieu des huées du peuple.

Enfin, un texte curieux, tiré du Comptable de Lille, sur un cas d’estrapade appliqué au XVIe siècle en manière de question, nous apprend que le maître des hautes œuvres avait reçu XII livres, pour avoir torturé, en 1570, « par charge de l’auditeur de l’infanterie espaignolle, ung soldat espaignol, et donné l’estrapade à deux aultres Espaignols. » Le même document mentionne ailleurs une somme de XII sols donnée à Noël Damon, febvre (forgeron), pour une braye et deux quevilles de fer pour une mollette servant à faire l’estrapade aux soldats espangnols (sic) ; » XX sols, prix de « deux gros enneaux et deux crampons pour haller la corde pesant XX livres et longue de XXI toises (payée XL s.). »

Estrapade (RUE DE LA Vieille-), rue historique du vieux Paris, tracés sur l’emplacement du mur d’enceinte de Philippe-Auguste et appelée d’abord rue des Fossés-Saint-Marcel. Le nom de rue de l’Estrapade lui vient du supplice qu’y subissaient jadis les soldats en faute et les calvinistes (v. ci-dessus). La porte Papale, qui faisait partie de l’enceinte de Philippe-Auguste, était située à la jonction des rues des Fossés-Saint-Jacques, des Postes et de la Vieille-Estrapade ; elle fut démolie au commencement du XVIIe siècle. On a découvert récemment, en reconstruisant une maison de la rue de la Vieille-Estrapade, un fragment de pierre qui formait le couronnement d’un tombeau antique de la basse époque romaine. « Chacune des faces, dit un archéologue, est ornée d’un fronton avec ou sans sculpture ; des restes de chapiteaux isolés s’y rattachent ; ils indiquent clairement que ce sommet de tombeau devait couvrir un buste ou tout autre souvenir du défunt ; aucune inscription ne dit à qui appartenait la sépulture. Ce fragment, qui est resté dans les mains de l’architecte, confirme ce qui a été déjà constaté, qu’au sommet de la montagne Sainte-Geneviève commençait la vaste nécropole qui s’étendait sur tout le versant méridional, entre les voies romaines et le bourg Saint-Marcel, espace qu’au moyen âge ou nommait encore le fief des tombes. » L’illustre philosophe Denis Diderot, le principal auteur de l’Encyclopédie, a habité longtemps la rue de la Vieille-Estrapade. Après Diderot, il serait injuste d’oublier un hôte plus modeste de la même rue : Mlle Biheron, qui, sans instruction, sans maître, parvint à créer avec de la pâte toutes les pièces d’un système complet d’anatomie, et rendit ainsi un service signalé à la science médicale.

Il serait à souhaiter que la rue de la Vieille-Estrapade, désignation qui n’a plus de raison d’être, prît le nom de Diderot, qui attend encore, après cent ans, un hommage rendu depuis longtemps à ses émules… et aussi à ses ennemis.


ESTRAPADÉE, ÉE (è-stra-pa-dé) part, passé du v. Estrapader : Soldat estrapadé,


ESTRAPADER v. a. ou tr. (è-stra-pa-dé — rad. estrapade). Infliger le supplice de l’estrapade à : Estrapader un matelot.


ESTRAPASSÉ, ÉE (è-stra-pa-sé) part. passé du v. Estrapasser : Cheval estrapassé.


ESTRAPASSER v. a. ou tr. (è-stra-pa-sé — ital. strapazzare ; de stra, hors de et de pazzo, fou). Manège. Harasser par un trop long exercice : Estrapasser son cheval.


ESTRAPER v. a. ou tr. (è-stra-pé). Agric. Scier avec l’estrapoire : Estraper du chaume.

S’estraper v. pr. Être estrapé : Ce chaume s’estrape facilement.


ESTRAPOIRE s. f. (è-stra-poi-re — rad. estraper). Agric. Outil en forme de croissant, dont on se sert pour couper le chaume.


ESTRAPONTIN s. m. (è-stra-pon-tin). Mar. Hamac.


ESTRAQUE s. f. (è-stra-ke). Mar. Partie de la carène comprise entre deux préceintes consécutives. || Hauteur de cette partie du navire.


ESTRAQUELLE s. f. (è-stra-kè-le). Techn, Pelle avec laquelle le verrier prend la matière dans le four et la porte dans les pots.


ESTRASSE s. f. (è-stra-se — de l’ital. straccio, chiffon, au pluriel stracci, fleuret, soie grossière, venu du verbe stracciare, déchirer, lacérer. Ce verbe représente un type latin, distractiare ou extractiare, du participe distractus ou extractus, de distrahere ou extrahere, arracher, déchirer). Comm. Bourre de soie. || On dit aussi strasse et cardasse.


ESTRE s. f. (è-stre). Maisonnette, appentis. || Endroit où l’on se tient. || Vieux mot.


ESTRÉES (ducs D’), famille de Picardie qui a produit un grand nombre d’hommes distingués. Vers le milieu du XVe siècle, elle s’est divisée en deux branches, dont l’aînée s’est éteinte au bout de trois ou quatre générations. La branche cadette a pour auteur Antoine d’Estrées, dit le Jeune, qui mourut en 1530, laissant, entre autres enfants, Jean d’Estrées, seigneur de Cœuvres, maître et capitaine général de l’artillerie de France sous Henri II, marié à Catherine de Bourbon, fille de Jacques, bâtard de Vendôme. Jean d’Estrées fut père d’Antoine d’Estrées, vicomte de Soissons, marquis de Cœuvres, gouverneur de Paris et de l’Île-de-France, grand maître de l’artillerie, qui eut, entre autres enfants : François-Louis d’Estrées, tué au siège de Laon en 1594 ; François-Annibal, qui a continué la filiation ; Diane d’Estrées, mariée au maréchal de Montluc, et la belle Gabrielle, maîtresse du roi Henri IV. François-Annibal d’Estrées, d’abord destiné à l’état ecclésiastique et pourvu de l’évêché de Noyon, quitta cette carrière à la mort de son frère aîné, embrassa l’état militaire, fut fait maréchal du France et obtint, en 164S, l’érection en duché-pairie du marquisat de Cœuvres, sous le nom d’Estrées. Il mourut en 1670, âgé de près de cent ans. Il avait eu, entre autres enfants : 1° François-Annibal, qui a continué la ligne ; 2" Jean, comte d’Estrées, maréchal et vice-amiral de France, vice-roi d’Amérique, dont la descendance s’est éteinte avec ses deux fils : Victor-Marie, maréchal de France, connu sous le nom de maréchal de Cœuvres, membre de l’Académie française, de l’Académie des sciences et de celle des inscriptions ; et Jean d’Estrées, nommé archevêque et duc de Cambrai, mort en 1718, sans avoir été sacré ; 3° César d’Estrées, cardinal, évêque et duc de Laon ; 4° Louis, marquis d’Estrées, tué devant Valenciennes en 1650. François-Annibal II, duc d’Estrées, gouverneur de l’Île-de-France, ambassadeur à Rome, fut père de François-Annibal, dont nous allons parler, et de Jean d’Estrées, évêque-duc de Laon. François-Annibal III, duc d’Estrées, mort en 1698, laissa deux fils, dont le cadet ne lui survécut que de quelques années. L’aîné, Louis-Armand, duc d’Estrées, marquis de Cœuvres, gouverneur de l’Île-de-France, épousa, en 1707, une nièce de Mazarin, dont il n’eut pas d’enfants, et mourut en 1723, laissant le titre de duc et pair au maréchal de Cœuvres, qui mourut lui-même peu de temps après sans postérité. Nous allons compléter cette notice par la biographie des principaux membres de cette famille.


ESTRÉES (Jean, marquis D’), grand maître de l’artillerie de France, né en 1486, mort en 1571. Il servit successivement sous François Ier, Henri II, François II et Charles IX. Le marquis d’Estrées donna de nombreuses preuves de sa valeur à Marignan (1515), pendant la conquête du Milanais, et à la bataille de Pavie (1525), auprès de François Ier qui le nomma gentilhomme de son hôtel en 1533 ; puis il assista à l’affaire de Cérisoles et à la conquête du Montferrat. Sous Henri II, il devint grand maître et capitaine général de l’artillerie de France (1550), et capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances (1556). Maintenu dans ses fonctions par François II et par Charles IX, il fut nommé par ce dernier prince lieutenant général à Orléans. Brantôme fait de la capacité et de la bravoure de d’Estrées l’éloge le plus pittoresque. « Il alloit, dit-il, à la tranchée tête levée, la plupart du temps à cheval, monté sur une grande haquenée alezane qui avoit plus de vingt ans, et qui étoit aussi assurée que le maître ; car, pour les canonnades et arquebusades qui se tirassent dans la tranchée, ni l’un ni l’autre ne baissoient jamais la tête, et ils se montroient par-dessus la tranchée la moitié du corps, car il étoit grand et elle aussi. » Jean d’Estrées fit faire de grands progrès à la fabrication des bouches à feu. Il avait embrassé la Réforme calviniste. — Son fils, le marquis Antoine d’Estrées, était gouverneur de Noyon lorsqu’il fut assiégé dans cette ville par le duc de Mayenne en 1593. Il s’y conduisit de la façon la plus brillante, défendit la place pendant trois semaines et fit subir de telles pertes aux assiégeants que, après la capitulation de Noyon, le duc de Mayenne se trouva dans l’impossibilité d’aller secourir les Parisiens. En récompense de sa belle conduite, Henri IV donna à d’Estrées le gouvernement de l’Île-de-France et de La Fère, puis lui conféra, en 1597, la charge de grand maître de l’artillerie, dont d’Estrées se démit en faveur de Sully en 1600.