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reurs que la suite de cet article fera ressortir. Nous nous bornerons, pour le moment, à dire que, dans notre pensée, les constructeurs égyptiens ont été amenés tout naturellement à bâtir des abris assez obscurs

pour protéger les habitants contre l’ardeur du soleil, assez élevés pour ne pas être engloutis par les sables au désert ou par les débordements du Nil, assez épais et assez solides pour résister aux grands vents et aux tremblements de terre, si fréquents en ce pays. Les théories faites après coup, les systèmes au moyen desquels on prétend assigaer à ces constructions des modèles, des prototypes fouraiis par la nature elle-même, ne reposent que sur les conjectures les plus Vagues. M. Ramée en a fait bonne justice : « Il ne peut y avoir d’hésitation sur l’origine des formes de l’architecture égyptienne, a-t-il dit. Cette architecture n’est nullement une imitation des cavernes qu’on suppose avoir été habitées par les troglodytes, peuple tout à fait fabuleux ou imaginaire ; elle résulte du développement et du perfectionnement naturel des constructions primitives de terre et de charpente. » L’explication donnée par M, Ramée n’est pas une pure conjecture ; elle s’appuie sur des exemples de constructions qui figurent dans les bas-reliefs de quelques édifices (le l’antiquité la plus reculée. Dans ces constructions, les angles et le sommet des murs de terre ou d’argile étaient terminés par une sorte de châssis ou bâti composé de roseaux rassemblés et maintenus ensemble au moyen de ligatures transversales. Dans un climat où il ne pleut jamais, on pouvait donner à ces murs, vers l’intérieur delà bâtisse, une légère inclin aison destinée à en augmenter ia force. La couverture de ces constructions primitives était plate, car on n’avait nul besoin de se garantir de la pluie. On plaçait horizontalement, soit en longueur, soit en travers de la maison, selon sa dimension, des pièces de bois formant plancher, et, sur ce plancher, on disposait des joncs, des roseaux ou des branches de dattiers, que l’on recouvrait d’une légère couche de terre réduite en boue. Cette couverture formait une légère saillie sur les murs, de face et de côté. Ce fut de ces constructions primitives que les Égyptiens prirent dans la suite l’ensemble et les parties de leurs temples et de leurs palais, en modifiant toutefois avec talent les détails, pour les approprieraux nécessités du climat et aussi à la nature de la matière dure qui remplaça la terre et le bois. C’est ainsi que, le soleil ardent de l’Égypte exigeant dos habitations où l’on put trouver de ta fraîcheur, on fit des murs et des toits . épais, des fenêtres ne recevant qu’indirectement les rayons du soleil. D’autre part, la nature des matériaux de construction, en Égypte, porta les architectes à couvrir les salles d’immenses et épaisses dalles supportées par des colonnes ; ces dalles demandaient de leur côté des masses verticales capables de les soutenir dans l’espace : de là l’épaisseur des murs et le diamètre considérable des colonnes. Indépendamment des.pièces destinées à l’économie domestique, des chambres d’habitation, des salles d’honneur et de grande réception, il fallait des lieux aérés et cependant abrités de la chaleur, où l’on pût se tenir et se promener. C’est ce que les architectes égyptiens réalisèrent au moyen de la construction de vastes galeries couvertes. D’un autre côté, comme il n’y a point de pluies en Égypte, les toits n’avaient pas besoin de rampants, et ils étaient effectivement plats comme une terrasse. Nous ajouterons, avec M. Ramée, que l’ornementation des plus anciens monuments de l’Égypte paraît avoir été empruntée aux divers dessins employés dans les nattes, fabriquées avec de3 filaments de bois et d’écorce d’arbre. Cette ornementation est toujours rectangulaire dans tous ses détails ; on y trouve le chevron, le damier, le méandre, les étoiles. Plus tard, on introduisit dans la peinture et dans les étoffes la ligne courbe, le cercle, les guiilochés, les enroulements ou volutes, etc. On développa ensuite les divers éléments de cette ornementation primitive, qui n’était pas uniquement due au caprice, mais qu’une imagination saine et brillante métamorphosa à l’imini.

Menés, le guerrier qui s’insurgea contre l’oppression sacerdotale et fut le chef de la ire dynastie (5,800 ans environ avant notre ère), exécuta des travaux considérables dans la basse Égypte. Il déplaça le cours du Nil et construisit Memphis. Le temple de Phtah, qu’il éleva dans cette ville, était grand et magnifique, au rapport d’Hérodote ; il y avait au devant, dit Strabon, une figure colossala monolithe, sans doute celle du fondateur ; cet édifice reçut d’ailleurs, par la suite, des accroissements et des embellissements considérables. Il n’en subsiste aucun vestige. On attribue à Athotis, successeur de Mènes, la construction du palais des rois à Meinphis. Ce monument était déjà en ruine du temps de Strabon.

Les plus célèbres et aussi les plus anciens monuments que conserve l’Égypte sont les pyramides. Les articles spéciaux (v. pyramide, Chéops, Chèphren, Mycéiunus, etc.) que le Grand Dictionnaire consacre à ces constructions colossales nous dispensent d’en donner ici la description ; mais nous devons dire quelques mots du style particulier d’architecture auquel elles appartiennent. Les

trois grandes pyramides de Gizeh (Meinphis)

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ne sont pas, d’ailleurs, les spécimens uniques de cette forme architecturale : on ne compte pas moins de 39 pyramides de diverses dimensions dans la moyenne et dans la basse Égypte. Il est à remarquer que toutes ces pyramides s’élèvent sur la rive gauche ou occidentale du Nil, tandis que d’autres monuments, d’un caractère distinct, les obélisques, dont il sera question tout à l’heure, sont tous placés sur ia rive droite ou orientale. Cette distribution topographique n’est assurément pas fortuite. M. Prisse d Avennes a émis l’opinion que les ’ obélisques étaient consacrés au Soleil, prin : cipe actif, mâle ou générateur, et que les

! pyramides, situées du côté où cet astre se
couche et ou cessent ses rayons vivifiants,

I représentaient le principe passif ou femelle

et étaient consacrées à la Terre. Cette opi- ; nion a été adoptée par M. Ramée, qui, dans

une longue dissertation sur la signification

; et le but des pyramides, est arrivé à conclure
que ces monuments étaient avant tout des
monuments symboliques et religieux qui ser-1

virent d’observatoires astronomiques et ne | furent employés qu’après coup comme tom| beaux royaux. Mais, selon d’autres archéolo| gués, cette dernière destination aurait été la principale, sinon l’unique. Nous inclinons à partager cet avis, qui nous semble, en tout cas, plus admissible que celui des voyageurs qui ont vu dans les pyramides des constructions destinées à arrêter les sables du désert. Philon de Byzance nous apprend que les grandes pyramides de Memphis avaient un revêtement formé des matériaux les plus précieux, tels que le porphyre, le marbre blanc, le basalte, le granit, le vert antique, disposés de manière à former des zones plus ou moins larges de diverses couleurs. Comme l’a dit M. Rainée, > la conception et plus encore l’exécution d’œuvres architectoniques telles que les pyramides laissent supposer qu’à cette époque l’Égypte était déjà en très-grand progrès sur son état social primitif, lorsqu’elle n’était encore gouvernée que par des chefs de famille. Ses gigantesques constructions font encore supposer qu elle possédait une population nombreuse, compacte, habituée aux travaux durs et pénibles, et exercée dans l’industrie et les arts mécaniques. Les rois, de leur côté, devaient exercer un grand ascendant moral pour disposer ainsi de l’activité et des bras de leurs sujets. Ces pyramides indiquent aussi une grande expérience dans l’art de construire et une science de ces règles qui ne peuvent être acquises qu’à la suite d’une longue série d’années de pratique. Ce qui étonne surtout, c’est comment ces blocs immenses de pierre et de granit ont pu être transportés, posés et montés. »

Chéops, Chèphren (Schafra) et Mycérinus, auxquels on attribue la construction des grandes pyramides de Gizeh, étaient des Pharaons de la ive ou de la va dynastie ; ils florissaient environ 4,500 ans avant l’ère vulgaire. Les pyramides de Sakkara et de Dasehour remontent à une époque plus reculée encore : elles passent pour être des ouvrages de lame dynastie. M. Mariette a fait récemment les plus intéressantes découvertes dans les hypogées qui avoisinent ces derniers monuments ; il en a retiré des statues de pierre calcaire et de granit, et des figurines de bronze et d’autres matières, qui lui ont permis de répandre un peu de lumière sur l’art égyptien de cette époque lointaine, À Drah-Abou 1 Neggah, dans une des parties du vaste emplacement de Thèbes, il a exploré aussi des tombes qui lui ont fourni de précieux ouvrages relatifs à la xie dynastie, sur laquelle on n’avait eu jusqu’alors aucun document authentique. A Météhurra, sur la rive droite du Nil, au nord d’Antinoé, se trouvent des hypogées qui datent de la vie dynastie ; on y voit des piliers carrés ornés d’une tige que couronne une touffe de fleurs de lotus. C’est le plus ancien modèle de supports verticaux isolés que nous offre l’architecture égyptienne. Ces piliers sont encore remarquables en ce qu’ils présentent, à leur partie supérieure, une gorge h filets et un tailloir, et qu’ils sont surmontés de triglyphes et de métopes, détails architectoniques qui ont été imités beaucoup plus tard par les Grecs.

La xne dynastie (3700-3400 av. J.-C.) a accompli de grands travaux. Il nous reste de cette époque de remarquables hypogées à Beni-Hassan, et des débris considérables de temples, de palais et de tombeaux, à Harabat-el-Madfouneh (l’antique Abydos). Ces

dernières ruines ont été explorées, il y a quelques années, par M. Mariette, qui y a découvert d’intéressantes sculptures dont il sera parlé plus loin. C’est à Abydos qu’avait été trouvée, en 1818, la fameuse table chronologique à l’aide de laquelle on a pu recoustituer l’ordre de succession des souverains de la xviie et de la xvme dynastie ; monument précieux qui, après avoir appartenu h un Français, M. Mimault, est devenu la propriété du Musée Britannique. Les hypogées de Beni-Hassan, au nombre de 34, ne remontent pas tous à la xtie dynastie ; quelques-uns ont été construits par les rois do la xvio. Ces tombeaux sont remarquables par les peintures qui les décorent et surtout par leurs simples et belles colonnes à cannelures, prototypes de l’ordre dorique. Ces colonnes, surmontées d’une architrave avec denticules, ont quinze cannelures et une bande plane,

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formant un seizième par et qui est couverte d’hiéroglyphes. On voit aussi dans ces hypogées des piliers octogonaux et des colonnes a faisceau, de 4m,80 de hauteur, imitant des tiges de plantes réunies, liées ensemble au sommet et ornées de fleurs en boutons qui forment le chapiteau ; ce sont là, suivant M. Prisse d’Avennes, les premiers spécimens des élégantes colonnes qui jouent un rôle si important dans les monuments de laxvme et de la xxe dynastie. C’est un roi de Sa xvi" dynastie, nommé Labarès par Hérodote, qui

passe pour avoir construit le labyrinthe, immense édifice destiné à recevoir, pendant les grandes assemblées nationales de l’Egypte, les députés sacerdotaux, civils et militaires des provinces du royaume. Bâti en calcaire compacte, le labyrinthe avait 1,110 mètres de longueur de l’est à l’ouest, sur 740 mètres de largeur ; il se composait de 12 palais ayant chacun une grande cour centrale, et comprenait en tout 3,000 salles, dont 1,500 étaient au rez-de-chaussée et 1,500 sous terre. « J’ai vu ce bâtiment, dit Hérodote, et l’ai trouvé au-dessus de toute expression. Tous les ouvrages, tous les édifices des Grecs, ne peuvent lui être comparés, ni du côté du travail ni du côté de la dépense. Le labyrinthe l’emporte même sur les pyramides. Je ne pourrais parler des chamnres souterraines que sur des ouï-dire, le gardien n’ayai.t pas permis qu’on me les montrât parce qu’el.es servaient, me dit-on, de sépultures aux crocodiles sacrés et aux rois qui ont fait bâtir cet édifice ; mais j’ai vu celles d’en haut et je les regarde comme ce que les hommes ont jamais fait de plus grand. On ne peut, en effet, se lasser d’ndmirer la variété infinie des passages et des chambres, dont le toit est fait de pierre, ainsi que les murs, qui sont partout décorés de figures en bas-relief. Autour de chaque cour règne une colonnade de pierres blanches parfaitement jointes ensemble. À un des angles du palais s’élève une pyramide sur laquelle on a sculpté des figures colossales d’animaux ; on s’y rend par un souterrain. » On peut juger, par cette description faite de visu, de ce que pouvait être ce palais immense où, si l’on en croit Pline, tous les dieux de l’Égypte avaient chacun leur sanctuaire. La xVits dynastie, suivant la conjecture qui nous paraît la plus fondée, la xvme, selon quelques auteurs, compta parmi ses gloires le pharaon Osymandias, dont le palais et le tombeau, décrits par Diodore de Sicile, ont été retrouvés à Medinet-AbououMedineh-Thabou (Thèbes). C’est

le Memnonium ou liamseion, reconstruit ou achevé par Ramsès-Meïamoun. Un roi de la xviie dynastie (d’autres disent de la xvic), Osortasen 1er, éleva à Héliopolis un obélisque qui est encore debout, dédia à Thèbes un sanctuaire à Ammon, et construisit, à Béhéni (Ouadi-Halfa), le temple d’Horammon, dans les ruines duquel a été trouvée une stèle, actuellement au musée de Florence, attestant les victoires remportées par ce prince sur les peuples de la Nubie. Ce fut sous la xvne dynastie que les Pasteurs ou Hyksos conquirent et ravagèrent le royaume des Pharaons et arrêtèrent, pendant quelque temps, l’essor de l’art, du moins dans la moyenne et dans la basse Egj’pte, car les souverains légitimes se maintinrent dans la Nubie.

La xvine dynastie ouvre (environ vers l’an 1800 av. J.-C.) une période qui dura près de quatre siècles et qui vit l’apogée de la puissance et de la civilisation de l’Égypte. Beaucoup de savants ont fait hommage à cette dynastie de la n’aissance de l’art égyptien ; le mot de renaissance serait plus exact. ■ Cette renaissance devait naturellement s’opérer après l’expulsion des llyksos, ennemis du travail, des sciences et des arts. Le quatrième roi de cette dynastie, Tothmès ou Touthmosis III, que les Grecs ont appelé Mœris, accomplit des travaux immenses. C’est lui qui transforma les étangs du Fayoum en un lac de 3,600 stades de circuit, destiné à régler les inondations du Nil ; il bâtit les propylées septentrionaux du temple de Phtah, a Memphis, un palais et un sanctuaire d’Ammon à Karnac, le mur d’enceinte circulaire de briques crues et la porte de calcaire blanc de Koum-Ombou (Ombos), le temple de Phré, à Ainada, etc. Esneh, Edfou, Medineh-Thabou, Eléphantine, conservent encore des restes d’édilices élevés par ce pharaon. Les deux obélisques d’Alexandrie, connus sous le nom d’aiguilles de Cléopûlre, ont été enlevés par cette reine au temple d’Héliopolis, où ils avaient été érigés par Mœris. Touthmosis IV acheva le temple d’Amada. Ce

temple est précédé d’un pronaos, que soutiennent douze piliers carrés, couverts de sculptures, et quatre colonnes. À Touthmosis IV succéda Aménophis III, le Memnon des Grecs, qui ouvrit les carrières de Silsili, éleva des palais et des temples splendides à Thèbes, à, Louqsor, à Philse, à Eléphantine. Ses successeurs, Horus et Ramsès 1er, continuèrent les travaux de Louqsor. Menephta 1er, fils de Ramsès Ier, construisit, entre autres monuments, le magnifique palais de Gournah, appelé de son nom le Menepheion. Deux de ses fils, Ramsès II et Ramsès III, régnèrent après lui. L’obélisque de Louqsor transporté à Paris, un petit temple, dédié à Ammon-Ra, à Beit-Oually, et les grottes de Beni-Hassan, conservent le souvenir de Ramsès II et de ses conquêtes en Asie et en Afrique. Ramsès III,

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que les Grecs ont appelé Sésostosis ou Sésostris le Grand, s’illustra par ses travaux non moins que par ses conquêtes. Il creusa des canaux, éleva des chaussées, bâtit une muraille de Péluse à Héliopolis, embellit le temple de Phtah à Memphis, continua la palais de Louqsor, construisit la magnifique salle hypostyle de Karnac, tailla des temples gigantesques dans les rochers d’fpsamboul et de Kircheh, enrichit de colosses et de pylônes Medineh-Thabou, Gournah, Deer, Seboua, fit creuser son tombeau à côté de ceux de ses prédécesseurs, dans la vallée de Biban-el - Molouk, D’autres Ramsès illustrèrent la xixe et la xxe dynastie. Ramsès IV Meïamoun, digne successeur de Sésostris, éleva un temple dédié à Ammon-Ra, à Karnac, un palais et un gynécée splendides à Medineh. Son tombeau et celui de Ramsès V sont au nombre des plus riches de Biban-el-Molouk. Ramsès XV, qui appartient a. la xxe dynastie, construisit le palais de Kous à Karnnc. Parmi les souverains des dynasties suivantes, nous nous contenterons de citer : Sésonch ou Sésonchis (xxno), le Sésac de la Bible, dont les victoires sur les Juifs sont attestées par de nombreux basreliefs à Karnac ; Néchao (xxvio), qui fit creuser un canal pour unir la Méditerranée à la mer Rouge ; Amasis (xxvie), qui, malgré le scepticisme que lui attribue Hérodote, fit construire plusieurs temples et embellit ceux de Phtah et de Neith à Memphis et a Saïs ; Nectanèbe 1er (xxxe), qui, après avoir repoussé les Perses, devenus maîtres de l’Egypte sous Psamménit, fils d’Amasis, éleva, dans l’Ile de Philœ, Un temple hypèthre en l’honneur d’Huthor. Peu de temps après, les Perses s’emparèrent de nouveau de l’Égypte, qu’ils durent bientôt abandonner à Alexandre le Grand.

La domination grecque n’exerça pas une influence aussi considérable qu’on pourrait le croire sur l’architecture égyptienne. Les traditions hiératiques subirent sans douta quelque altération, mais l’esprit resta le même et les formes architectoniques ne reçurent pas l’empreinte étrangère. Il y eut toutefois une décadence : elle est attestée par la richesse excessive de l’ornementation. Les Ptoliimées élevèrent un nombre considérable d’édifices à Philse, à Edfou (Apollinopolis magna), à Hermant (Hermonthis), à Esneh (Latopolis), à Ombos, à Denderah, à Karnac, à Alexandrie, etc. Les empereurs romains n’ont presque rien fait pour l’Égypte ; ils se sont généralement contentés d’achever les monuments commencés par les Ptolémées. Les constructions les plus importantes de Cette dernière période sont le grand temple de Kalabsché, construit sous Auguste, Caligula et Trajan ; le temple hypèthre de Mehavraka ; le temple de Dandour, bâti par Auguste ; le temple d’El-Kab (Elethya), commencé par Claude, etc.

À ce rapide historique de l’architecture égyptienne ajoutons quelques renseignements sur les divers genres de monuments qu’elle a créés.

Raoul Rochette a fait cette observation, qui ne manque pas de justesse : ■ Le temple égyptien, en raison de son aspect lourd, trapu et carré, de son intérieur sombre et mystérieux, de ses portes et de ses rares ouvertures taillées en l’orme pyramidale, de sa façade simple et sévère, de ses nombreux supports ronds, quadrangulaires ou octogones, semble avoir été extrait en entier du flanc d’une montagne, pour être placé, sans aucune transformation, au milieu des plaines. • Certains temples, de l’époque des Ramsès, ont été véritablement taillés dans le roc, et ne se révèlent à l’extérieur que par une façade plus ou moins haute, décorée de figures colossales en guise de contre-forts. On a donné le nom de spéos (grotte) à ces constructions. Le spéos d’ipsumboul ou Ahou-Sembil, dédié à Phré par Sésostris, est des plus remarquables, à La montagne où il s’ouvre est de grès brèche, dit Ai. Du Camp ; elle a été évidée, ciselée, découpée comme une noix. Les statues, les piliers, les corniches, les poutres, les autels ont été pris à même le rocher ; rien dans notre pays no peut donner l’idée du travail qu’a dû coûter cette œuvre gigantesque. • Le roc, coujé à pic, forme une façade haute de 33 mètres environ et large de 35 mètres ; elle est ornée de quatre colosses assis, qui ont une élévation de 21 mètres et qui avancent de 10 mètres à leur base. Entre la seconde et la troisième de ces statues s’ouvre une porte de 5 mètres sur 2m,50, au-dessus de laquelle est une niche contenant l’image du dieu Phré. Des hiéroglyphes, des légendes, des cartouches s’entaillent sur toute cette façade, que termine une corniche de cynocéphales sculptés en relief. Le temple se divise à l’intérieur en trois salles principales : la première (pronaos), haute de 9 à 10 mètres, présente deux rangs de quatre piliers, à chacun desquels s’adosse une statue colossale de Ramsès-Sésostris, prise dans la même masse ; le plafond, coupé transversalement par de fortes poutres de pierre qui s’étayent sur le pilier, est enluminé d’une couleur brunâtre, sur laquelle ressort le vautour sacré éployant ses aile.s-. Les parois de cette pièce sont couvertes de bas-reliefs coloriés retraçant les hauts faits de Ramsès. La seconde salle (sécos), de moindre dimension, est décorée dans le même style ; la voûte s’appuie sur quatro gros pi-