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prema romani pontificis in Ecclesiam poteslate disputatio (Paris, 1GH) ; Tractatus de summi pontificis bulhoritaie (1622).

DUVAL (Guillaume), philologue-et médecin français, né à Pontoise vers 1572, mort à Paris en 1646. Il professa la philosophie successivement au collège de Calvi, à celui de Lisieux et au Collège royal de France, puis se fit recevoir docteur en médecine, devint doyen de la Faculté de Paris et reçut lo titre de médecin ordinaire du roi. On lui doit de nombreux ouvrages dont nous mentionnerons les deux principaux, qui, du reste, sont complètement oubliés : Historia monogramma sive pietura linearis sanctorum medicorum et medtcarum, etc. (Paris, 1643, in-4o) ; Phytoloyia sive philosophia Plantarum (Paris, 1647, in-S°).

DUVAL (Jean), médecin français, né à Pontoise ; il vvivait au commencement du xviio siècle. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé : Aristoeratia corporis humani (Paris, 1615, in-S°). On lui doit une traduction de Y Antidotaire général et spécial de 3.-3. "Wecker (Genève, 1609).

DUVAL (Jacques), médecin français, né à Evreux ; il pratiqua son art à Rouen au commencement du xvuo siècle. Il publia des ouvrages qui sont loin de justifier la grande réputation qu’il eut de son temps. Nous nous bornerons à citer : Méthode nouvelle de guérir les catarrhes et toutes les maladies qui en dépendent (Rouen, 1611) ; Des hermaphrodites, accouchements des femmes, signes de pucelage, défloration, conception et belle industrie dont use nature en la promotion du concept et plante prolifique (Rouen, 1612, in-8o), traité rempli de puérilités, mais où l’on trouve cependant des observations curieuses.

DUVAL (Jean-Baptiste), orientaliste et antiquaire français, né à Auxerre, mort à Paris en 1G32 ; il devint secrétaire interprète du cabinet du roi pour les langues orientales. En 1608. il fit un voyage à Rome, où il entra en relation avec J.-B. Raimondi et avec Ga^ briel Sionite, savant maronite. Duval était beaucoup plus versé dans la connaissance des médailles et des antiquités que dans celle des langues. Il cultiva avec succès la

Foésie latine. Ses principaux ouvrages sont : École française pour bien apprendre à parler et à écrire selon l’usage du temps (Paris, 1604) ; Recueil de poésies latines (Paris, 1616) ; Dktionarium latino-arabicum Davidis régis (Paris, 1532, in-4").

DUVAL (Jean), poète français, né à Paris au commencement du xviie siècle, mort en 1680. Il entra dans les ordres, obtint la réputation d’un excellent prédicateur, prit part aux troubles de la Fronde et fit paraître, sous le voile de l’anonyme, plusieurs écrits contre Mazarin. Duval était d’un caractère bizarre et d’un extérieur presque repoussant. Vers la fin de sa vie, il tomba dans une mélancolie profonde, se laissa manger de vermine, dit Goujet, et mourut presque de faim. Nous citerons de lui : Soupirs français sur la paix italienne (1649, in-12) ; Triolets du temps (1649, in-12) ; le Parlement burlesque de Pontoise (Paris, 1652) ; le Calvaire profané (Paris, 1664, in-4o), poëme sur la prise de possession du Mont-Valérien par les Jacobins, etc.

DUVAL (Pierre), géographe français, né à Abbeville en 1618, mort à Paris en 1683. Il reçut des leçons de géographie de son oncle, Nicolas Samson professa lui - même cette science et reçut le titre de géographe royal. Ses cartes sont encore estimées pour leur fidélité, et il a laissé un assez grand nombre d’ouvrages. Nous citerons : Recherches curieuses des annales de France (Paris, 1646) ; Abrégé du monda (1048-1650, 2 vol.) ; Tables géographiques de tous les pays du monde (Paris, 1051) : le Monde ou Géographie universelle (1658) ; la Sphère ou Traité de géographie (1659) ; Cartes et tables pour la géographie ancienne (1G05) ; la France depuis son agrandissement par les conquêtes du roi (1601, 4 vol. in-12 ayee cartes), ouvrage souvent réimprimé.

DUVAL (François), littérateur français, né à Tours vers 1690, mort vers 1740. Il se lit recevoir licencié en droit, puis suivit la carrière des lettres, se lia avec Destouches, Crébillon, La Mothe, et obtint un modeste emploi du garde des sceaux. Il a publié, entre autres ouvrages : Mémoires historiques de la révolte des Cévennes (1712) ; Histoire de l’enlèvement des fanatiques dans les Cévennes (1713) ; Nouveau choix de pièces de poésie (1715, 2 vol.), etc.

DUVAL (Valentîn Jambrav), numismate français, né à Arthonnay (Champagne) en 1695, mort à Vienne (Autriche) en 1775. Il était, a dix ans, gardeur de dindons chez un fermier, qui le chassa pour une espièglerie. C’était pendant le rigoureux hiver de 1709. Le%pauvre enfant erra au hasard, vécut d’aumônes, garda, pendant deux ans, les troupeaux d’un paysan des Vosges, puis fut successivement accueilli par les ermites de La Rochette.près de Denneuve, et de Sainte-Anne, près de Lunéville. Là, il apprit à lire, k écrire, étudia l’astronomie, la géographie, l’hydrographie, ot rencontra fortuitement le jurisconsulte anglais Forster, qui, frappé de l’intelligence de l’enfant et des connaissances si étrangères à sa profession qu’il possédait, lui fournit des livres et des cartes de géogra DUVA

phie. Un hasard non moins heureux fit rencontrer Duval par le duc de Lorraine, qui le prit sous sa protection, l’envoya faire son éducation chez les jésuites de Pont-à-Mousson, puis le conduisit à Paris (1713) et lui donna l’argent nécessaire pour visiter la France, l’Italie et les Pays-Bas. Pendant ce temps, Duval s’était particulièrement attaché à l’étude des antiquités et de la numismatique. De retour en Lorraine, il devint professeur d’histoire à Lunéville, fit des cours qui eurent le plus grand succès et- fut mis à la tête de la bibliothèque de son protecteur. Après la mort du duc Léopold, il suivit son fils, le duc François, à Florence, eu 1729. Lorsque ce prince, qui avait épousé Marie-Thérèse (1736), devint empereur d’Allemagne, Duval continua à rester en Italie, où il se livra, avec une ardeur toujours croissante, à sa passion pour l’étude des antiquités ; puis, à l’appel de l’empereur, il se rendit a Vienne, en 1748, en qualité de directeur et conservateur du cabinet des médailles et de la bibliothèque impériale. C’est là qu’il vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans, conservant, au milieu des cours, son amour pour l’indépendance, son goût pour la vie active et sobre, sa franchise de langage et son inaltérable gaieté. Il lui arrivait souvent de répondre : « Je ne sais pas, » aux questions qu’on lui faisait. « L’empereur vous paye pour savoir, • lui dit un jour quelqu’un. « L’empereur, répondit Duval, me paye pour ce que je sais. S’il me payait pour ce que j’ignore, tous les trésors de l’empire ne suffiraient pas. » Ses principaux ouvrages sont : Numismata cimelii cœsarei-regii austriaci Vindobonensis (Vienne, 1544-1555, 2 vol. in-fol.) ; Monnaies en or et en argent qui composant une des parties du cabinet de l’empereur (Vienne, 1759-1769, 2 vol. in-fol.) ; Œuvres de Duval (1784, 2 vol. in-8o).

DUVAL (M’ie...), actrice de l’Académie royale de musique de Paris, où elle jouissait d’une véritable réputation de chanteuse. Elle lit représenter sur ce théâtre, en 1730, un opéra en quatre actes et un prologue, intitulé les Génies, dont Fleury avait écrit les paroles et dont elle avait composé la musique. De Léris, dans son Dictionnaire portatif des théâtres (Paris, 1763), en parle ainsi : « Cette jeune personne accompagna elle-même tout son opéra sur le clavecin de l’orchestre, où le public la vit avec plaisir et étonnement. Le prologue se passe entre Zoroastre, l’Amour et les Génies élémentaires. La première entrée (on sait qu’à cette époque les actes des ballets portaient le nom d’entrées) a pour titre : les Nymphes ou l’Amour indiscret ; la seconde, les Gnomes ou l’Amour ambitieux ; la troisième, les Salamandres ou l’Amour Biolent ; et la quatrième, les Sylphes ou l’Amour vengé. On ne donna que neuf représentations de cet opéra, dont la première se fit le 18 octobre 1736, et il n’a pas été repris. 11 est gravé in-quarto en musique. »

MU" Duval est la première femme qui se soit produite en France comme compositeur dramatique. Ce n’est que plus d’un demi-siècle après que Florine Dezëdes et Lucile Grétry, filles des deux compositeurs de ce nom, s’essayèrent dans quelques petits ouvrages a la Comédie-Italienne, ainsi que Mme Louis, femme du fameux architecte qui construisit le Grand-Théâtre de Bordeaux. Plus tard, Mme de Vismes, femme du directeur de l’Opéra, donna aussi un ouvrage à ce dernier théâtre, où l’on vit se produire, dans la suite, M»« Louise Bertin, rille du directeur du Journal des Débats, qui écrivit, sur un poème de Victor Hugo, un opéra intitulé : Esméralda. À l’Opéra-Comique, plusieurs compositeurs féminins se révélèrent aussi : M’o Le Sénéchal de Kercada, M»16 Sophie Gail, M’ie Loïsa Puget, etc., etc.

M110 Duval, qui avait publié une Méthode agréable et utile pour apprendre facilement à chanter juste et avec goût (Paris, 1741, in-fol. oblong), est morte à Paris, si l’on s’en rapportera M. Fétis, en 1769.

DUVAL (PYRAU-), littérateur belge, ne dans le pays de Liège vers 1730, mort vers 1800 ; il fut conseiller du landgrave de Hesse-Hombourg. Il a publié plusieurs ouvrages,

notamment : Accord de la religion et des rangs (Francfort, 1775, in-S<>) ; Catéchisme de l’homme social (Francfort, 1776, in-S°) ; l’Éducation virile (1777) ; Aristide (1777, in-8"), ouvrage dans le genre du Bélisaire de Marmoutel ; Agiatis (1778, in-8o).

DUVAL (Pierre), moraliste français, né à Bréauté en 1730, mort en 1797.11 professa la philosophie, puis devint proviseur du collège d’Harcourt, et recteur de l’Université en 1777 et.1786. C’était un prêtre tolérant, k qui l’on doit quelques ouvrages, entre autres : Essais sur différents sujets de philosophie (Paris, 17G7, in-12), où il réfute quelques opinions des philosophes de son temps ; Réflexions sur le livre intitulé le Système de la nature, (Paris, 1770).

DUVAL (Pierre-Jean), économiste français, né au Havre en 1731, mort dan3 cette ville en 1800. Il acquit une grande fortune dans la fabrication de la bière et dans le raffinage du sucre. On a de lui : Mémoire sur le commerce et la navigation du Nord (Amiens, 1760, in-12), ouvrage qui fut couronné par l’Académie d’Amiens en 1758.


DUVAL (François-Raymond), général français, né en Picardie en 1736, mort vers le commencement du XIXe siècle. Il avait fait la guerre de Sept ans et pris sa retraite lorsque la Révolution éclata. Chaud partisan des idées nouvelles, il se mit, en 1791, à la tête d’un bataillon de volontaires, fit partie, l’année suivante, en qualité de lieutenant général, de l’armée de Champagne, commandée par Dumouriez, prit part à l’invasion de la Belgique, reçut le commandement de Bruxelles, où il se conduisit avec une grande modération, se retira du service après la fuite de Dumouriez et alla terminer ses jours à Montreuil.


DUVAL (Charles-François-Marie), conventionnel montagnard, né à Rennes en 1750, mort à Huy (Belgique) en 1829 : il était avocat avant la Révolution. Député a l’Assemblée législative, il prit part à l’insurrection du 10 août 1792 ; réélu à la Convention, il y vota la mort de Louis XVI, contribua à la chute des girondins, puis à celle de Robespierre, mais combattit avec vigueur le système de réaction adopté par les principaux thermidoriens. Il continua, avec Antonelle et Vatar, à soutenir les institutions républicaines dans le Journal des hommes libres, qui fut supprimé au 18 brumaire. À partir de cette époque, il vécut d’un modeste emploi dans les droits réunis. La loi de janvier 1816 l’obligea à s’expatrier.


DUVAL (Jean-Pierre), conventionnel girondin, ministre de la police, mort en 1819. Il était avocat à Rouen lorsque, en 1792, le département de la Seine-Inférieure l’envoya siéger à la Convention. Il y vota la mort de Louis XVI, fut enveloppé dans la proscription des girondins, parvint à se soustraire aux poursuites dirigées contre lui, passa au conseil des Cinq-Cents, reçut le portefeuille de la police générale le 29 octobre 1798, dut le céder, l’année suivante, à Bourguignon, fit partie du Corps législatif après le 18 brumaire, et occupa successivement les emplois de commissaire général de police à Nantes (1803), de préfet des Basses-Alpes (1805-1815), puis de la Charente pendant les Cent-Jours.


DUVAL (Jacques-René), chirurgien français, né à Argentan (Normandie) en 1758, mort à Paris en 1854. Il se fit recevoir maître en chirurgie en 1786 et devint membre de l’Académie de médecine. Ses principaux ouvrages sont ; Recherches historiques sur l’art du dentiste chez les anciens (Paris, 1791, in-8«) ; l’Odontalgie considérée dans ses rapports avec d’autres maladies (1803, in-8<>) ; De l’arrangement des secondes dents ou Méthode pour diriger la deuxième dentition (1820, in-s°) ; Propositions sur les fistules dentaires (1814, in-8o).

DUVAL (Amaury Pineux), archéologue français, né à Rennes en 1760, mort à Paris en 1838. Il commença par suivre la carrière du barreau et obtint au parlement de Bretagne des succès exceptionnels, ce qui ne l’empêcha pas d’abandonner sa position pour se livrer entièrement à la science et aux arts. En 1785, il fut nommé secrétaire de l’ambassade de France à Naples, et sut utiliser son séjour en Italie au profit de ses études. La révolution de 1789 le rappela en France ; mais l’Italie avait pour lui un attrait irrésistible, et il ne tarda pas h y retourner en qualité de secrétaire attaché à la légation de la République française à Rome. Il faillit y être massacré dans l’émeute où Basseville perdit la vie, alla à Malte, et enfin abandonna fa diplomatie pour se livrer entièrement à ses travaux de prédilection. Trois fois lauréat de l’Institut, il devint (1803) chef du bureau des beaux-arts au ministère de l’intérieur, membre de l’Institut (1811) et de l’Académie des inscriptions (1816). Il avait créé précédemment, avec Ginguené et Chamfort, la

Décade philosophique, réunie ensuite au Mercure de France. Ses principaux ouvrages sont : Mémoires pour des affaires criminelles ; Relation de l’insurrection de Rome en 1793 et de lu mort de Basseville (Naples, 1793) ; Traduction du voyage de Spaltansani dans les Deux-Siciles et les Apennins (1796, 6 vol. in-8»), en collaboration avec Toscan, bibliothécaire du Muséum d’histoire naturelle ;

Observations sur les spectacles ; Des sépultures chez lesancienset les modernes (l&Ol), ouvrage couronné par l’Institut ; Précis de la méthode d’éducation de Peslaloszi, avec des observations (1804, in-S») ; Paris et ses monuments (25 livraisons, 3 vol. in-fol.) ; les Fontaines de *-Paris, anciennes et modernes (1813, in-fol.) ; le Mercure étranger ou Annales de la littérature (4 vol.) ; Collection des moralistes français, avec commentaires et notices (Paris, 1820, 15 vol.) ; Dissertations et notes sur le théâtre des Latins, en collaboration avec son frère Alexandre (15 vol.) ; Notes et additions aux mémoires sur Naples par le comte Orloff (Paris, 1820, 5 vol. in-8») ; Opuscule sur la cession de Parga aux Turcs ; avec Daunou : continuation de l’Histoire littéraire de la France, commencée par les bénédictins ; Lettres écrites de Rome sur la science des antiquités (l vol. in-8<>) ; Monuments des arts du dessin chez les anciens et les modernes, recueillis par Denou et expliqués par Am. Duval (1829, 4 vol. in-fol).

11 avait pris part k la rédaction de l’Athenwum et de VAbeille, et fait imprimer dans l’Almanach des Muses (de 1780 à 1784) quelques poésies fugitives. On remarqua surtout

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celle qui avait pour titre : les Amours des boimes gens.

DUVAL (Alexandre-Vineent Pineux), auteur dramatique français, frère du précédent, né à Rennes le 6 avril 1767, mort k Paris le 9 janvier 1842. Il eut une vie agitée qui donne la clef de son talent d’observation. Élève du collège de Rennes, il eut pour condisciples le futur chanteur Elleviou et le fu-tur ministre de Corbière ; mais aventureux, impatient de tout frein, il sortit du collège et voulut aller tenter an loin la fortune. Muni d’une légère pacotille, il arriva k Brest, où, trompé par un faux ami, il se trouva sans ressources avant qu’on eût levé l’ancre. On était en 1780, c’est-à-dire à l’époque où la jeune Amérique, s’agitant pour l’indépendance, poussait d’une voix unanime ce puissant cri de liberté qui allait ébranler les deux mondes. Cédant k l’enthousiasme général, Duval s’engagea dans la marine en qualité de volontaire d’honneur. À la paix, n ayant pas de position, il joua la comédie dans les théâtres de société. Pour l’arracher aux désordres de la vie qu’il menait en compagnie d’Elleviou, alors étudianten médecine, do Moreau, le futur vainqueur de Hohenfinden, alors étudiant en droit, et d’une douzaine d’autres jeunes gens, ses parents le firent admettre dans le corps du génie des ponts et chaussées. Mais Paris était toujours le point de mire de son ambition. À l’insu de sa famille, il sollicita et obtint la place de secrétaire da la députationde Bretagne ; ses fonctions furent de courte durée ; les troubles de cette province, en 1788, amenèrent le rappel des députés, et Duval, encore une fois forcé de changer d’état, alla travailler en qualité d’ingénieur au canal de Dieppe. Paris l’appelait toujours ; il y vint étudier l’architecture, comme élève de l’École des beaux-arts, et obtint une place dans les bâtiments des domaines du roi, La Révolution ne l’y laissa pas longtemps. Ce fut alors que, pendant quelque temps, en compagnie de Gérard, de Gros et d’Isabej ;, et pour le compte du graveur Messard, il fut occupé à dessiner les portraits des députés de l’Assemblée nationale, moyennant deux écus par tête. Las de lutter, à bout de ressources, poussé par un instinct secret, il entra comme acteur au théâtre du Palais-Royal, qui allait bientôt devenir le théâtre de la République. Il croyait avoir enfin trouvé un peu de repos et de sécurité ; mais, dès que les armées coalisées se levèrent insolemment contre la République, le comédien se rappela qu’il avait combattu pour la liberté américuine, et il vola aussitôt à la défense de nos frontières menacées. Volontaire de ce bataillon des artistes de toutes les» Académies du Louvre, qui marchait aux combats en déployant une enseigne à la romaine, il versa son sang dans les belles campagnes de l’Argonne, do Jemmapes, de Valmy, et ne quitta les aimes que quand le sol français fut affranchi de l’étranger. Alors seulement il revint à Paris et rentra comme acteur au Théâtre-Français du faubourg Saint-Germain. C’était en 1793. Lors de l’installation des comédiens français à la salle de la rue de Richelieu (rue de la Loi), il prit rang dans la troupe à titre de secrétaire ; nous le voyons figurer à l’acte constitutif du 17 avril 1804, mais déjà il ne jouait plus, ayant dû fuir Paris, ainsi qu’on le verra ci-après. Vers cette époque, il se retira définitivement, sa santé ne lui permettant pas de continuer un métier où d ailleurs il s’était peu fait remarquer. Si, comme comédien, il n’avait jamais pu s’élever au-dessus de l’ordinaire dans les rôles d’utilité, il s’était déjà distingué à plusieurs reprises comme auteur dramatique ; il prit dès lors exclusivement la plume et poursuivit, à titre de créateur, des triomphes que jamais il n’avait pu obtenir comme interprète.

11 avait depuis plusieurs années débuté par des pièces de circonstance, pour la plupart. Ces pièces, il n’a jugé à propos d’en admettre qu’un petit nombre dans ses œuvres ; telles sont : le Maire (1791) ; le Diner des peuples (1792) ; la Jleprise de Toulon, à-propos patriotique (1794) ; Andros et Almona ou le Philosophe français à Stirate (1794) ; le Défenseur officieux (1795). Le produit de cette dernière comédie l’aida à sortir de l’affreuse misère qui attristait la première semaine de sou mariage. Deux autres ouvrages, écrits en société avec Picard, avaient réussi complètement : la Vraie bravoure, dirigée contre le barbare préjugé du duel, et les Suspects, qui malheureusement prêtaient des armes a la réaction thermidorienne en ridiculisant un commissaire de la République, le citoyen Gracchus Courantin. La Fraie bravoure fut jouée au Théâtre-Français le 10 décembre 1793 ; les Suspects, représentés au théâtre Louvois, sont de l’année 1795. Mais une pièce surtout, la première qui marque véritablement dans sa carrière, les Héritiers ou le Naufrage, de meurée au répertoire, l’avait fait distinguer. Ce simple acte en prose, donné en novembre 17S6, méritait et obtint un succès brillant. Le sujet en avaîf été fourni à Duval Ear une phrase de La Bruyère ; « Ah 1 comien de testateurs regretteraient en mourant et leur vie et leurs biens, s’ils pouvaient voir après leur mort les figures de leurs héritiers ! » Cette pièce a tourni le mot devenu proverbe : « Grand scandale dans Landerneaul » Elle avait été précédée, la même an-