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où il est difficile d’apprendre quelque chose, tellement les digressions, la diffusion et le désordre des idées en rendent la lecture fatigante, sinon impossible. Il en fijt de même des cours de culture qu’il faisait à la pépinière du Roule, où il n’eut presque jamais d’auditeurs.

Dupetit-Thouars reprit, développa et transforma l’ingénieuse théorie de Lahire sur la formation des couches annuelles du bois. D’après lui, les bourgeons doivent être regardés comme des embryons germants, et la couche de cambiuin située entre l’écoree et le bois serait pour le bourgeon ce que la terre est pour le grain qu’elle fait germer. Gaudichaud en France, Knight et Lindley en Angleterre ont aussi adopté cette hypothèse ; niais jusqu’à ce jour elle n’a pas été vérifiée par des expériences concluantes. On a de Dupetit-Thouars : Dissertation sur l’enchaînement des êtres (1788, in-8°) ; Histoire (les végétaux recueillis dans les îles de France, de Bourbon et de Madagascar (1804, in-4<>, 4 cahiers avec 30 planches) ; Essai sur la végétation considérée dans le développement des bourgeons (1809, in-8<>) ; Mélanges de botanique et de voyages (1809, in-8», avec planches et cartes) ; Cours de botanique appliquée aux productions végétales, ouvrage inachevé (1815, in-s<> avec planches) ; le Verger français (1S17, in-go) ; Cours de phylologie ou de botanique générale (1819-1820, 2 vol. in-8<>) ; Flore des îles australes de lAfrique ; histoire particu Hère des plantes orchidées recueillies sur les trois terres australes d’Afrique, de France, de Bourbon et de Madagascar (1822, in-8<>), etc. C’est en l’honneur de Dupetit-Thouars que Bory de Saint-Vincent a appelé Aubertia un arbre de l’île de France, de la famille des térébinthacées, et que l’on a donné le nom de

Tlionarea à une graminée sarmenteuse de l’île Buurbon.

DUPETIT-THOUARS (Aristide Aubert), marin français, frère du précédent, né au château de Boumois, près de Saumur, le 31 août 1700, tué glorieusement au combat d’Aboukir le 1er août 1798. Il se fit remarquer, dès sa plus tendre enfance, par une grande indépendance de caractère et par une vocation

irrésistible pour la marine, vocation qui fut développée en lui par la lecture de quelques livres de voyages, celle de Bobinson Crusoé surtout. Au commencement de 1776, il entra, comme cadet gentilhomme, dans le régiment de Poitou-infanterie, où il devint bientôt sous-lieutenant. Cette même année, ayant appris que le capitaine Cook se préparait à partir pour son troisième voyage autour du monde, il fit demander au célèbre navigateur de le prendre comme mousse à bord de l’un de ses vaisseaux. Cette démarche n’aboutit pas. En 1778, Dupetit-Thouars fut plus heureux ; il obtint du ministre de la marine, M. de Sartine, son passage de l’armée de terre dans l’armée de mer, alla subir à Rochefort un examen qu’il passa d’une manière brillante, et fut enfin nommé garde de marine a dater du 1er mars 1778. Il avait alors dix-sept ans. Le nouveau marin débuta par une croisière de quelques mois dans l’Océan, a bord de la frégate la Gloire, puis il s’embarqua sur le Fendant, de l’armée navale du comte d’Orvilliers, et assista au combat que le comte d’Orvilliers livra, sous Ouessant, le 27 juillet 1778, à l’amiral Keppel, et auquel le Fendant prit une part glorieuse. L’année Isuivante, Dupetit-Thouars assista encore, à bord du même bâtiment, k la prise du fort Saint-Louis, au Sénégal, et à plusieurs autres affaires. Dupetit-Thouars passa ensuite sur la Couronne, qui avait pour mission dé conduire aux Antilles, avec deux autres vaisseaux, un convoi de ravitaillement pour le comte de Grasse. La Couronne arriva à sa destination assez k temps pour prendre part au funeste combat du 12 avril 1782, dit bataille de la Dominique. En, 17S4, Dupetit-Thouars, nommé enseigne de vaisseau, s’embarqua sur le bâtiment le Téméraire, qui avait mission de tenir station k Saint-Domingue. Il passa trois années consécutives dans cette colonie, étudiant les mœurs et les usages du pays, explorant les. côtes à bord de la goélette le Pivert, dont le chevalier de Brass lui avait donné le commandement, et faisant de nombreux relèvements. En 1790, Dupetit-Thouars, apprenant la naufrage de La Pérouse et de ses compagnons, écrivit au ministre de la marine pour lui demander le commandement d’un bâtiment destiné à aller à la recherche de l’infortuné navigateur. La réponse du ministre s’étant fait attendre, il recueillit des souscriptions pour subvenir aux frais d’un armement particulier, et vendit, dans le même but, ses propres biens, ainsi que c.eux de son frère, officier au régiment de la Couronne, qu’il avait décidé à partager son entreprise. Le roi Louis XVI s’inscrivit comme souscripteur, et décida en outre que Dupetit-Thouars, ainsi que les officiers qui l’accompagneraient, conserveraient leur grade en activité dans la marine et toucheraient deux années d’appointements a

l’avance. De son côté, l’Assemblée nationale, par un décret du 22 décembre 1791, vota a qu’il serait délivré à M. Dupetit-Thouars, par la caisse do la trésorerie nationale, à titre de gratification, pour subvenir aux frais de son armement, une somme de 10,000 francs, et que j le présent décret serait porté dans le jour à la sanction du roi. « Quelques jours après, le I

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i« janvier 1792, Dupetit-Thouars fut nommé lieutenant de vaisseau. Il mit à la voile le 22 août, à Brest, à bord du Diligent. Au moment de partir, il se vit séparé de son frère, mis en arrestation inopinément par un arrêté du comité de Salut public. Ne croyant cependant qu’à une mesure préventive, il n’en appareilla pas moins, donnant rendez-vous à son frère à l’île de France : il ne devait plus le revoir. Au reste, l’expédition échoua ; ayant voulu aller relâcher sur la côte du Brésil, Dupetit-Thouars y fut’, au mépris des traités et du simple droit des gens, arrêté par les Portugais, et son navire livré au pillage. C’est ainsi que se termina cette

Généreuse entreprise qui avait coûté tant e sacrifices à notre marin. Ce ne fut que longtemps après, à la suite de longues et pénibles démarches, que la famille de Dupetit-Thouars put enfin obtenir, en 1802,

de la cour de Lisbonne, une indemnité de la confiscation du Diligent, indemnité qui fut distribuée proportionnellement à toutes les personnes intéressées dans cet armement. Conduit de Kernambouc à Lisbonne, ainsi que son état-major et son équipage, Dupetit-Thouars y resta prisonnier jusqu’au mois

d’avril 1793. Devenu libre à cette époque, il s’embarqua pour les États-Unis sur un bâtiment de commerce. Toutefois, avant de quitter Lisbonne, il distribua à ses officiers et k son équipage une faible indemnité de six mille francs que le gouvernement portugais lui avait fait remettre, comme produit de la vente des débris de son bâtiment. Dupetit-Thouars resta trois ans en Amérique, où il fit deux tentatives infructueuses pour gagner par terre la côte N.-O., et visita les cataractes du Niagara avec le duc de La Rochefoucauld-Liancourt. En 1796, il revint en

France. Destitué, comme noble, pendant son absence, de son grade dans la marine, il ob- ’ tint d’être rétabli sur les listes avec le grade de capitaine de vaisseau, à dater du mois de mars 1796. En 1798, lors de l’expédition d’Egypte, le capitaine Dupetit-Thouars fut

nommé d’abord au commandement du Franklin, vaisseau de l’armée navale du viceamiral Brueys, puis a celui du Tonnant, vaisseau de 80 canons. L’armée appareilla de Toulon le 19 mai 1793 ; le 9 juin suivant, elle parut devant Malte ; puis, cette île prise, elle se dirigea sur le port d’Alexandrie, où elle mouilla le 1er jui[]et. Elle y débarqua les troupes qu’elle avait à bord, puis alla s’embosser le 3 dans la rade d’Aboukir. Nelson, qui depuis plus d’un mois parcourait la Méditerranée dans tous les sens, sans avoir pu rencontrer la flotte française, arriva le 1er août sur la plage d’Aboukir et y surprit celle-ci qui ne songeait plus au danger. Malgré les avis de Dupetit-Thouars et de Blanquet du Chayla, le vice-amiral Brueys résolut de combattre à l’ancre. L’action s engagea à cinq heures du soir. Dupetit-Thouars, bien que prévoyant l’issue fatale de cette journée, ht des prodiges de valeur. Le Tonnant, qui servait de matelot d’arrière k l’Orient, le vaisseau amiral, força le Bellérophon à amener son pavillon ; puis, attaqué par le Majestie, il se défendit si vigoureusement, qu’il coula ce vaisseau, le désempara presque complètement, lui tua son capitaine et lui mit hors de combat tous les officiers et environ deux cents matelots. Mais, un incendie s’étant déclaré à bord de l’Orient, l’Alexandre et le Swiftsure, qui combattaient ce bâtiment, le quittèrent et réunirent leurs efforts contre le Franklin et le Tonnant. Ces deux vaisseaux soutinrent l’attaque avec une fermeté des plus remarquables, et nul doute que les Anglais n’en eussent pas eu facilement raison, si l’intrépide Dupetit-Thouars n’avait pas été frappé à mort sur son banc de quart. L’infortuné et héroïque capitaine, sous le feu qui couvrait son bâtiment, eut successivement le bras droit, puis le bras gauche, puis enfin une jambe emportés par trois boulets ; à demi-mort, il trouva encore la force, assure-t-on, de se faire mettre dans un baquet de son pour pouvoir donner l’ordre de clouer son pavillon au mât. Nous devons dire que la notice publiée par la sœur de Dupetit-Thouars (dans les Annales maritimes de 1817 k 1820) ne mentionne pas ce dernier fait, qui n’est pas, du reste, nécessaire k la gloire du héros. Ce qu’il y a de certain, c’est que le Tonnant, animé du même héroïsme que son brave capitaine, ne se rendit que le sur lendemain de la bataille. Dupetit-Thouars n’avait que trente-huit ans. Il a laissé plusieurs majiuscrits, que sa sœur, Miîe Félicité Dupetit-Thouars, a réunis en 3 vol. in-8°, sous le titre de : Lettres, mémoires et opuscules d’Aristide Dupetit-Thouars, capitaine de vaisseau, enseveli sous les débris du Tonnant au combat d’Aboukir.

Dupciii-Thouar* (la. mort de), tableau de M. Biard, Salon de 1869. Cette composition est des plus pathétiques : l’intrépide officier, porté dans les bras d’un matelot, n’est plus qu’un tronçon humain d’où le sang ruisselle, d’où la vie est près de s’échapper ; il conserve encore assez d’énergie, cependant, pour donner des ordres à ceux qui l’entourent. Les flammes rougeâtres des navires incendiés se, font jour à travers les tourbillons de fumée et éclairent ce drame de lueurs sinistres. Il y a quelques tons boueux et lourds dans ce tableau, a dit M. Chauraelin (l’Art contemporain), et.il règne un peu trop de confusion ’

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dans les derniers plans ; mais ces imperfections ne doivent pas nous empêcher de reconnaître la vigueur déployée par M. Biarâ, vigueur d’autant plus étonnante, que cet artiste ne s’était guère fait connaître jusqu’ici que par des fantaisies plus ou moins grotesques.

DUPETIT-THOUARS (Abel Aubert), viceamiral français, neveu des deux précédents, né à Saumur (Maine-et-Loire) en 1793, mort à Paris en 1864. Il entra au service en 1804, débuta dans la flottille de Boulogne, et servit jusqu’en 1815 sur les côtes de la Manche et de la Méditerranée. En 1817, 1818 et 1819, il fit trois campagnes hydrographiques à Terre-Neuve et sur les côtes occidentales de Franco ; plus tard il explora les côtes d’Alger et,frappé de l’insuffisance du blocus de cette ville, présenta le projet de débarquement et le plan de campagne qui furent exécutés en 1S30. Il concourut lui-même à l’expédition en qualité de capitaine de corvette, commandant du brick le Griffon, et fut nommé ensuite au commandement de la station des mers du Sud. En 1834, il déploya une énergie remarquable au Cailao et torça te gouvernement péruvien k restituer un navire de commerce saisi illégalement. Le commerce de Bordeaux, à qui appartenait ce navire, offrit à cette occasion à Dupetit-Thouars une épée d’honneur. Nommé la même année capitaine de vaisseau, i) fut chargé, en 1835, de faire avec sa frégate, la Vénus, un voyage de circumnavigation, et, au retour de ce voyage,

en 1841, fut promu contre-amiral. Envoyé ensuite, avec la Heine-Blanche, pour prendre possession des îles Marquises ou de Taïti, il y rencontra un adversaire opiniâtre dans le missionnaire anglais Pritchard, l’expulsa et prit possession de l’Archipel au nom de la France ; mais le gouvernement de Louis-Philippe, pour ne pas entrer en lutte avec

l’Angleterre, désavoua Dupetit-Thouars et rétablit le protectorat ; les Chambres votèrent même l’indemnité Pritchard, restée célèbre dans les fastes législatifs. L’opinion libérale ne partagea pas 1 avis du gouvernement et des Chambres, et offrit par souscription une épée d’honneur au contre-amiral Dupetit-Thouars ; mais celui-ci ne crut pas devoir l’accepter. Il fut ensuite nommé préfet maritime à Lorient, puis, en 1846, viceamiral, et entra, en 1S49, au conseil d’amirauté, qu’il présida jusqu’en 1858. Il siégea en outre a la Législative, où l’envoya, en 1849, le département de Maine-et-Loire. En 1855, l’Académie des sciences l’appela dans son sein, et, peu après, il fut nommé grandcroix de la Légion d’honneur. Indépendamment de la relation du Voyage de circumnavigation de ta Vénus (10 vol. iii-S°, avec atlas de 180 planches in-fol. et des cartes), le vice-amiral Dupetit-Thouars a laissé diverses brochures relatives aux affaires de Taïti.

DUPEUR, EUSE s. (du-peur, euze — rad. duper). Personne qui dupe, qui trompe : Il n’y aurait que demi-mal d’être dupe, si l’on n’était de plus calomnié par le dupeur. (Mme Necker.)

Le monde avec plaisir voit les dupeurs dupés.

Voltaire.

— Fam. Dupeur d’oreilles, Écrivain, poète, orateur j, dont le style ou le langage flattel’oreille, de manière à empêcher qu’on ne s’aperçoive du vide de ses idées : Je me méfie de l’engouement que fait naître un dupeur d’oreilles. (D’Alembert.)

— Antonymes. Dupe, victime.

DUPEUTY (Désiré-Charles), auteur dramatique français, né à Paris le6 février 1798, mort à Saint-Germain en Lave au mois d’octobre 1865. Il était issu d’une famille de robe, originaire de Vervins. Après avoir fait ses études au lycée Impérial, il servit en qualité de volontaire pendant les Cent-Jours, Le licenciement de l’année de la Loire le jeta dans l’administration. Il vécut quelque temps d’un emploi dans un ministère, et s’essaya modestement à la littérature dramatique par un vaudeville intitulé la Fête au village, représenté en 1821. Puis il fonda un journal d’opposition, la Nouveauté, qui lui attira les rigueurs du ministère Corbière. On le vit alors commencer avec un grand bonheur et une inépuisable fécondité ce système de collaboration qui dura quarante ans et lui valut de nombreux succès. Associé aux auteurs dramatiques en vogue, il a mis son nom à une foule d’œuvres théâtrales, parmi lesquelles plusieurs sont restées au répertoire. Déjà, en 1832, on lui attribuait la participation k plus de soixante-dix pièces. Nous citerons, entre autres productions de cet auteur, qui a enrichiles seènesparisiennesde tant de petits chefs-d’œuvre de finesse, de mouvement et de gaieté : le Hussard de Felsheim, vaudeville en trois actes (1827) ; Léonide ou la Vieille de Suresnes, en trois actes (1824, repris en 1852) ; les Poletais, en deux actes (1828) ; Madame Grégoire ou le Cabaret de la Pomme de Pin, chanson en deux actes ; la Femme, le mari et l’amant, en cinq époques (1829) ; la Camargo ou l’Opéra en 1750, comédie en quatre actes (1833) ; Pauvre idiot, drame (1838) ; Bonaueniure, comédievaudeville (1840) ; les Amours de Psyché, féerie (1841) ; Deux dames au violon, en un acte (1341) ; Bavel en voyage, en un acte (1844J ; le Lait d’ânesse (1846) ; les Trois por-

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tiers, en deux actes (1847) ; la Vie de ctifê, pièce en trois actes (1850) ; Un vieux de ta vieille roche, en un acte (1S52) ; Pilbox et Friquet ou Zouave et highlander, en un acte

!1855) ; Une tempête dans une baignoire

1859), etc. Citons encore : Napoléon ou Schanbrunn et Sainte-Hélène, drame en neuf tableaux, avec M. Régnier (1830) ; le Procès du maréchal Ney (1815), drame historique en quatre tableaux, avec Fontan (1831), non représenté, par suite, de l’interdiction de l’autorité supérieure, mais imprimé ; Paris la nuit, drame populaire en cinq tableaux, avec M, Cormon (1842) ; la Fille du paysan, drame en cinq actes, avec MM. P. Deslandes etBourget ; la. Poissarde ou les Halles en 1S04, avec les mêmes (1S52) ; les Carrières de Montmartre, drame, avec Bourget (1855) ; les Gueux de Béranger, en cinq actes, avec M. Jules Moinaux (1856). N’oublions pas : Victorine ou la Nuit porte conseil ; le Chevalier d’Essonne, vaudeville en trois actes, avec M. Anicet-1 Bourgeois (1847) ; le Marquis d’Argencourl, en trois actes (1857) ; enfin N, i, ni ; Marionette ; Cornaro, tyran pas doux ; les Buses graves, parodies des drames de M. Victor Hugo : ffe ?’nani, Marion Delorme, Angelo, les Burgraves.

Décoré de la Légion d’honneur en juin 1S52, Charles Dupeuty avait été l’un dos fondateurs les plus actifs de l’Association des auteurs dramatiques. Appelé presque constamment k faire partie de la commission de cette association, il a en outre exercé pendant six ans les fonctions de vice-président. C’était un de nos plus spirituels vaudevillistes, et il a brillé surtout par sa verve et son originalité. Un journal, pour faire son.éloge en peu de mots, n’a rien trouvé de mieux à dire que ceci : « Charles DupeuCy laisse un théâtre. » Ce complément-là en vaut un autre, car il montre 1 aimable fécondité dont le vaudevilliste était doué.


DUPEUTY (Adolphe), journaliste et auteur dramatique français, fils du précédent, né à Paris en 1828. Il a été, de 1850 à 1S32, secrétaire du Grand-Opéra. Se livrant ensuite au journalisme dramatique, il entra en 183C au Figaro et y rédigea un Courrier des théâtres ; il a écrit depuis au Figaro-Programme et au Charivari ; en 1865, il a reparu au Figaro. Au théâtre, il a donné, en collaboration avec M. Bourget : les Deux pécheurs, opérette (1858) ; avec M. Thiéry : les Canotiers de la Seine, vaudeville en trois actes et cinq tableaux, piquante fantaisie jouée cent dix fois de suite aux Folies-Dramatiques (1858) ; Arsène et Camille, vaudeville (1859) ; le Joli cocher, vaudeville (18C3) ; avec M. deJalais : le Carnaval des canotiers, vaudeville en quatre actes (1864), etc. On lui doit aussi : Ouest la femme ? (in-18, 1864).


DUPHOT (Léonard), général républicain, né à Lyon en 1770, assassiné à Rome le 27 décembre 1797. Sous-ofticier avant la Révolution, il devint adjudant général en novembre 1794, et assista, en cette qualité, à la prise de Figuières. Au plus fort de la mêlée, un général et un officier supérieur espagnols proposèrent à Duphot et à Lannes, alors colonel, de faire cesser le carnage, et de décider du sort de la journée par un double duel. Cette proposition ayant été acceptée, le combat singulier eut lieu en présence des deux armées, comme dans les temps héroïques du moyen âge. Les deux officiers français furent victorieux et prirent possession de la place. Duphot se signala dans la campagne d’Italie en 1796 et en 1797, et reçut le grade de général de brigade, avec la mission d’organiser les troupes de la république cisalpine. À la fin de 1797, il accompagna Joseph Bonaparte, nommé ambassadeur à Rome. Celui-ci, dès son arrivée, vit affluer dans son hôtel des députations de patriotes qui le sollicitaient de les aider de son influence pour le renversement du gouvernement papal. Bien qu’il eût constamment repoussé ces ouvertures, des attroupements ayant le même but se formaient journellement sous ses fenêtres, et des soldats furent envoyés pour les dissiper. Joseph étant sorti pour se jeter entre les troupes et le peuple, Duphot, qui le suivait, tomba frappé d’une balle à la poitrine ; il tenta de se relever, mais les soldats du pape l’achevèrent à coups de baïonnettes. Au mois de janvier 1798, Berthier, pour punir la cour de Rome de cet attentat, s’emparait du château Saint-Ange, et quelques jours après la république était proclamée dans la ville. Les cendres de Duphot furent placées dans une urne, au sommet d’une colonne antique, sur la place du Capitole, d’où on les retira au mois de novembre suivant, après la retraite des Français. Ce jeune général avait été destiné à la belle-sœur de Joseph Bonaparte, Mlle Clary, qui devint l’épouse de Bernadotte. Duphot avait composé, après le 10 août 1792, un hymne Aux mânes des héros morts pour la liberté, mis en musique par Laïs, et qui était, après la Marseillaise, le chant de prédilection des soldats.


DUPIÉRY (Mme), femme savante, un peu do la famille de celles que Molière mit si bien en scène dans cette comédie après laquelle il put se dire : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plaute et Térence et d’éplucher les fragments de Ménandre. » Mme Dupiéry, en effet, n’aurait peut-être pas su distinguer un pourpoint d’avec un haut-de-chausses ; mais elle aurais su discuter à propos des mouvements des