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DUI’ARQUET (Jacques), "gouverneur des Antilles. V. Diel bu Parquet. *

DUPASQDIER (Gérard-Alphonse), chimiste français, né à Ghassy (Rhône) en 1793, mort à Lyon en 1848. Il se fit recevoir à Paris pharmacien, puis docteur en médecine (1S21), et alla s’établir à Lyon, où il devint successivement médecin a l’IIôtel-Dieu, professeur de chimie à l’école La Martinière et professeur de la même science h l’école secondaire (1834). Doué d’un esprit mobile, qui le portait sans cesse d’un objet à un autre, Dupasquier s’occupa quelque temps de littérature, d art, de pol. tique, fonda la société Linnéenne de Lyon e, ! un journal de médecine, puis tourna ses études vers les questions do médecine légale et de chimie industrielle. Consulté sur la valeur thérapeutique de certaines eaux minérales, et devenu inspecteur des eaux d’Allovard, il inventa un instrument ingénieux, le sulfhydrométre, au moyen duquel on peut déterminer avec une grande précision la quantité de soufre contenue dans une eau quelconque. Il analysa les eaux potables de Lyon, et signala comme devant être préférées, a cause du bicarbonate de chaux qu’elles renferment, les eaux, des sources de Fontaine et de Roye. Dupasquier devint membre de plusieurs sociétés et de diverses institutions médicales. A des formes d’une certaine aménité il joignait une âme affectueuse, mais irritable, et un esprit passionné. Nous citerons parmi les écrits de ce savant : Sur l’emploi du proto-iodttre de fer dans la phlhisie pulmonaire (Lyon, 1837, in-S°) ; l’Art à Lyon (1837) ; Des eaux de sources et des eaux de rivières (1840) ; Mémoire sur la construction et l’emploi du sulfhydrométre (1841) ; Recherche sur l’action thérapeutique de l’hyposutfite de soude (1843) ; Traité de chimie industrielle (1844), etc.

DUPATY (Charles-Jean-Baptiste Mercier), né à Saint-Domingue en 1720, mort en 1707 à La Rochelle, où il avait été longtemps employé à la trésorerie. 1.1 a laissé quelques ouvrages que l’on a attribués à. son fils. En voici la liste : Mémoires relatifs à la marche des insectes sur les corps polis (1745) ; Mémoire sur la rareté du bois dans l’Aunis et sur les moyens d’y suppléer (1747)- Dissertation sur la nature de la comédie relativement à l’état du théâtre (1748) : Mémoire sur les moules et les bouchots (1750) ; Mémoire sur ta fabrication du sucre brut et du sucre terré (1758) ; Mémoire sur l’agriculture dans l’Aunis (1763) ; Dissertation au sujet du Commentaire de Voltaire sur Corneille (1765).

DUPATY (Charles-Marguerite-Jean-BaptistéMKRCiER, ordinairement appelé le président), magistrat et écrivain français, né à La Rochelle en 1740, mort à Paris en 1788. L’impétuosité de son caractère lui attira de bonne heure les remontrances paternelles, commo elle devait plus tard le mettre aux prises avec ses supérieurs dans la magistrature. De brillantes études, une extrême irapressionnabilité, une grande vivacité d’imagination l’entraînèrent d’abord dans la carrière littéraire, qui semble s’ouvrir si facilement aux jeunes ambitions. À peine âgé de vingt ans, il fut admis dans l’Académie de sa ville natale, et il ne tarda pas à en être nommé directeur, dignité précoce que lui avaient value un Discours sur l’utilité des lettres et VÉloge du chancelier de L’Hôpital. Dès ce moment, tourmenté par les aspirations généreuses et le besoin de réformes qui caractérisent cette époque, il s’associa au mouvement intellectuel et philosophique de son siècle et se trouva en communauté d’opinions avec ses plus illustres contemporains. Une circonstance vint alors changer le cours de ses études et de ses travaux : son père résigna en sa faveur ses fonctions de président trésorier de la marine. Il ne tarda pas, néanmoins, à secouer le joug de la comptabilité administrative, vers laquelle ne le portaient ni ses goûts ni ses aptitudes, et il se lança dans la magistrature, où il entrevoyait un noble débouché à ses idées réformatrices. Dans les premiers mois de l’armée 1768, il fut nommé avocat général nu parlement de Bordeaux ; mais ces nouvelles fonctions ne lui firent point abandonner la culture des lettres, et bientôt il vit l’Académie de Bordeaux lui ouvrir ses portes. Il y marqua sa place par la fondation^ un prix pour le meilleur éloge de Montaigne, comme déjà, en 1707, il avait fourni les fonds pour une médaille de 600 fr. à décerner à l’auteur du meilleur éloge de Henri IV. À cette époque (1770) eut lieu le procès célèbre de La Chalotais. Dupaty ne dissimula point là sympathie que lui inspirait l’illustre accusé et prit une part ardente a la querelle qui éclata à ce sujet entre les parlements et le chancelier Maupeou. Il publia contre les cours souveraines du royaume divers écrits empreints d’une polémique si ardente que le ministre, après avoir vainement essayé de le séduire, se vengea à la fois de la résistance et de l’intégrité du jeune avocat général en le faisant enfermer, par les soins du maréchal do Richelieu, intendant de la Guyenne, au château de Pierre-Encise, près do Lyon. Le prétexte do son emprisonnement portait sur l’opposition qu’il avait formée aux lettres patentes qui arrachaient La Chalotais aux tribunaux ordinaires. Il ne tarda pas, néanmoins, à se voir rendu à la lioerté ; mais il dut se retirer à Roanne, où il passa plusieurs années qu’il consacra a tra DUPA

duire et à commenter Beccaria. Sur les instantes réclamations du parlement de Bordeaux, qui tenait a honneur de posséder dans son sein le courageux et intègre magistrat, Dupaty fut réintégré dans la charge d’avocat général et nommé, en 1778, à celle de président à mortier. Mais cette distinction, si bien méritée par son caractère, ses talents, les persécutions dont il avait été l’objet, lui attira une foule de tracasseries de la part des vieux conseillers, qu’aveuglaient la jalousie, la routine et 1 esprit de parti. Ils s’opposèrent avec un acharnement scandaleux à l’installation du nouveau président, qui, à leurs yeux, « était un ennemi de la religion et de l’État ; sa noblesse ne remontait fias assez haut ; il avait attaqué les priviéges des parlements ; enfin, pour tout dire, il était philosophe... » La majorité l’écrasa donc de ses votes hostiles, et il fallut que le roi interposât enfin son autorité pour qu’il fût admis ; mais les cabales ne s’arrêtèrent point pour cela. Dupaty les dédaigna d’abord, et, en dépit des criailleries de ses ennemis, se voua courageusement a la défense des malheureux. Dégoûté enfin d’une position où l’application de ses idées généreuses en procédure criminelle se brisait constamment contre des résistances de parti pris, il donna sa démission de président afin de se vouer plus librement au triomphe de ses théories réformatrices. Il se rendit alors à Paris, s’y

lia avec d’Alembert et épousa la sœur du célèbre jurisconsulte Frôteau. Affranchi de toute attache, il eut bientôt achevé ses Réflexions historiques sur les lois criminelles (1788), celui de ses ouvrages que les jurisconsultes estiment le plus. « Ce n’est là,

dit M. de Monglave, que l’esquisse d’un ouvrage immense ; mais cette simple esquisse, en signalant les défauts des lois existantes, n’a pas médiocrement contribué à leur réforme : elle a montré à nu l’immoralité d’une jurisprudence occulte, qui, par la férocité de ses arrêts, encourage la férocité du crime, et qui, de peur d’absoudre, juge dans les ténèbres, d’après des règles incertaines. » En 1785, Dupaty entreprit un voyage, au retour duquel il publia ses Lettres sur l’Italie, qui eurent alors un grand retentissement. Nous n’avons pas à les apprécier ici, puisque nous leur consacrons un article spécial’(V. Italie (Lettres sur l’])  ; nous en citerons toutefois un court extrait, pour donner une idée du style de l’auteur : « D’autres rapporteront de Rome des tableaux, dos marbres, des médailles, des productions d’histoire naturelle ; moi, j’en rapporterai des sensations, des sentiments et des idées ; surtout les idées, les ■sentiments et les sensations qui naissent au pied des colonnes antiques, sur le haut des arcs de triomphe, dans le fond des tombeaux en ruine, sur les bords inconnus des fontaines. » C’est la phraséologie de l’époque ; aussi ces Lettres firent-elles alors à Dupaty une réputation d’écrivain plus brillante que celle qu’il devait à ses meilleurs ouvrages. Une occasion se présenta bientôt, cependant, de donner à ces derniers une consécration éclatante. Trois habitants de Chaumont, Lardoise, Simare et Bradier, accusés et par conséquent convaincus d’avoir commis un vol dans une ferme et exercé des violences contre le mari et la femme, avaient été condamnés à la roue. Dupaty, après avoir soigneusement étudié les pièces du procès, entreprit la justification de ces malheureux et prouva que c’étaient les cavaliers de la maréchaussée eux-mêmes qui s’étaient rendus coupables du Crime. Son mémoire fut condamné par le parlement de Paris à être lacéré et brûlé de la main du bourreau : vaine iniquité de plus ; la lumière s’était faite dans la conscience des juges, et les trois hommes, déclarés innocents, furent élargis aussitôt. Dupaty avait été surtout soutenu dans cette lutte judiciaire par les encouragements de Condorcet et ceux de Lally-Tollendal, dont les affections filiales avaient été"si rudement éprouvées par une erreur de ce genre. Dupaty mourut quelque temps après, dans toute la force de l’âge et du talent, à la veille de voir se réaliser les idées de Beccaria et ses propres aspirations en matière de législation criminelle.

Outre les ouvrages que nous avons cités, on doit encore à Dupaty quelques discours de rentrée ou académiques et des vers où l’on remarque du feu poétique, mais qui ne valent ni plus ni moins que ceux des riraeurs de ce temps, les Bernis, les Bertin, les Demoustier, etc. Il existe un Éloge de Dupaty (Paris, 1789), qu’on attribue à Robespierre.

DOPATY (Louis-Marie-Charles-Henri Mercier), statuaire français, fils du précédent, né à Bordeaux en 1771, mort à Paris en 1825. Destiné à la magistrature, il se fit recevoir avocat ; mais déjà son goût pour les arts s’était manifesté en plus d’une circonstance. Jamais, cependant, il n’avait osé s’y livrer ouvertement, tant était grande l’aversion de ses parents pour la carrière d’artiste. La mort de son père lui laissa la pleine liberté de ses actions, et il en profita pour entrer, à la fin de 1788, dans l’atelier de Valenciennes, qui était alors un paysagiste en grand renom ; mais, après quelques mois d études, il fallut quitter les pinceaux, prendre le fusil et défendre la patrie. Après avoir vaillamment combattu dans les rangs de nos glo-I rieuses cohortes, il quitta l’armée (1795), fut

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quelque temps employé comme dessinateur géographe dans le département du Mont-Terrible et se rendit bientôt après à Paris. Admis dans l’atelier du peintre Vincent, il y étudia la figure et alla ensuite prendre les conseils du statuaire Lemot. Ce maître dirigea ses études avec tant d’intelligence, qu’en fieu de temps Dupaty put entrer en lice pour e grand prix de Rome. Il fut couronné a son premier concours, en 1799. Mais l’État avait en ce moment des charges si lourdes, le département des beaux-arts surtout était si

pauvre, qu’on ne put envoyer le jeune lauréat en Italie. Il lui fallut dque rester à Paris. Deux ans plus tard, cependant, le gouvernement trouva les fonds nécessaires pour payer au sculpteur un Buste de Desaix. Presque en même temps, Dupaty exposa l’Amo»r présetitant des fleurs et cachant des chaînes (modèle de plâtre). Cette figure, d’un goût douteux, d’un dessin lourd et vulgaire, fut soumise, dit-on, à David, qui donna a l’auteur l’excellent conseil de la briser. Plusieurs autres productions de même genre suivirent celle-là ; c’étaient des pastiches de l’antique avec les procédés modernes de David*. Rien encore, on le voit, ne présageait le talent qui devait signaler un peu plus tard le nom de Dupaty. Il fallait le soleil d’Italie, les grands enseignements puisés dans les chefs-d’œuvre des maîtres anciens, pour faire éclore le germe des qualités éminentes qu’il avait en lui. Il fit donc le voyage de Rome. Après un séjour de plusieurs années dans la ville éternelle, le statuaire revint complètement régénéré. Entre autres morceaux remarquables qu’il exposa alors, une Tête de Pomone surtout fut admirée sans réserves et fit une véritable sensation. Dupaty était célèbre désormais ; un brillant avenir venait de s’ouvrir devant lui ; le gouvernement et les amateurs l’accablèrent de commandes. Citons seulement : la Statue du général Lecterc, Biblis, Cudmus, Philoctète blessé, Jeune bergère jouant avec un chevreau, morceau plein de charme et de naïveté ; enfin, son chef-d’œuvre, Ajax poursuivi par la colère de Neptune. Cette belle sculpture, restée célèbre, marqua l’apogée de son talent. Depuis ce morceau hors ligne, il n’a rien produit qui puisse lui être comparé, car son Oreste poursuivi par les Furies, qu’on a voulu placer au même rang, ne mérite en rien cet excès d’horineur. Bien qu’elle soit exécutée convenablement, c’est une œuvre médiocre, sans

caractère, sans intérêt, sans défauts saillants, mais aussi sans qualités frappantes. Il en est de même de la Vierge de l’Église Saint-Germain des Prés et de la Venus se découvrant à Paris. Dupaty avait’été chargé de la Statue équestre de Louis XIII, dont le modèle seul est de lui, la mort l’ayant empêché de l’exécuter en marbre. Cette œuvre, terminée par Cortot, figure sur la place Royale à Paris. Dupaty était membre de l’Institut depuis 1816 et chevalier de la Légion d’honneur depuis 1819. Vers la même époque, il fut nommé professeur à l’École des beaux-arts et conservateur adjoint de la galerie du Luxembourg. Dans la carrière de cet artiste, trop vanté peut-être, Y Ajax est un éclair qui révèle ce que l’auteur eût pu faire si des. circonstances fâcheuses n’avaient souvent suspendu ses travaux et retardé ses progrès. En somme, Dupaty fut un des derniers représentants de l’école classique. Ses œuvres

sont remarquables au point de vue de la correction, mais elles manquent de cette qualité suprême qui fait les grands artistes : 1 originalité.

DUPATY (Louis-Emmanuel-Félioité-Charles Mercier), poste et auteur dramatique, membre de l’Académie française (1835), frère du précédent, né à JBlanquefort (Gironde) en 1775, mort en 1851. Il assista, comme marin, au combat dans lequel périt le Vengeur (2 juin 1794), fut quelque temps ingénieur hydrographe, et vint à Paris, où l’attirait son goût pour la littérature dramatique. Les Valets dans l’antichambre, opéra-comique qu’il fit représenter en 1802, obtinrent beaucoup de succès. C’était une critique piquante à l’endroit des adulateurs du premier consul. Le gouvernement fit subir à l’auteur une courte détention, suspendit la pièce et ne permit de la reprendre que sous un autre titre, Picaros et Diego. Il donna, l’année suivante, la Prison militaire, comédie que l’on regarde comme la plus fortement intriguée du théâtre moderne. On cite, parmi les autres pièces de Dupaty : Ninon chez M'me' de Séoigné, la Jeune prude, le Chapitre second, la Leçon de botanique, le Jaloux malade. Sous la Restauration, il se fit remarquer dans la presse libérale, particulièrement par ses articles dans la Minerve. Les Délateurs, poème iambique qu’il publia en 1S19, eurent un grand retentissement. Le style de cet écrivain est correct, ingénieux, mais un peu affecté.

DUPATY DE CLAM (Louis-Charles Mercier), écrivain français, né à La Rochelle en 1744, mort vers 1790. Il était le frère aîné du célèbre magistrat Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty. Il embrassa la carrière militaire, entra dans les mousquetaires et quitta le service en 177p pour aller s’établir dans la Guyenne. Ecuyer consommé, il lit sur l’équitation de profondes études et publia sur cette science un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : la P<ratique de l’équitation (Paris, 1769, in-8») ;

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Traité de la cavalerie, traduit de Xénophon (Paris, 1771, in-8<>) ; Traité sur l’équitation (Paris, 1771, in-8o) ; la Science et l’art de l’équitation démontrés d’après nature (Paris, 1775, in-4o), celle de ses œuvres qu’on estime le plus ; les Différentes parties de l’équitation (Paris, 1781), etc.


DU PAYS (Joseph-Augustin), littérateur, né à Paris en 1804. Il entra, en 1845, à la ré.daction de VIllustration, où il a publié un grand nombre d’articles de critique artistique et littéraire. M. Du Pays a fait paraître : Peinture, sculpture, gravure, dans les Cent traités (1850) ; VItinéraire descriptif, historique et artistique de l’Italie et de la Sicile (1855) ; Itinéraire descriptif, historique, artistique et industriel de la Belgique (Paris, • 1860, in-18, avec cartes) ; Itinéraire descriptif, historique et artistique de la’Hollande (1861, in-18), faisant, ainsi que les précédents, partie de la collection Joanne ; Y Italie et la Sicile (18G6, in-32) ; la Belgique et la Hollande (1867, in-12), avec cartes et plans, M. Du Pays a, en outre, revu et publié les Edifices de Dôme moderne (1857), ouvrage laissé inachevé par" Paul Létarouilly.


DUPE s. f. (du-pe. — L’origine de ce mot n’est pas certaine. Frisch a proposé de le rapporter au souabedüppel, imberbe ; Chevallet et Littré remarquent que dupe est du féminin et a été le nom de la huppe, oiseau qui passe pour un des plus niais ; de sorte que la"huppe ou la duppe aurait été prise, dans le jargon ou argot du temps, pour une personne facile à tromper. C’est ainsi qu’aujourd’hui nous disons un pigeon pour désigner une personne de ce genre. Quant à l’origine du mot duppe ou dupe, dans le sens de huppe, il est possible qu’il soit une altération du mot huppe lui-même, mais cela n’est nullement certain). Personne qui a été trompée, jouée, ou qui est facile à tromper : C’est une DUPE, une vraie, une bonne, une franche dupe. C’est sa dupe. Il en a été la dupe. Passer pour dupe. Être pris pour dupe. Il n’a pas trouvé sa dupe. Il fut la dupe de leurs mensonges. Les plus fins sont toujours de grandes dupes du côté de la flatterie. (Mol.) Je ne veux plus être la dupe des ingrats ni mettre les hommes à portée d’être injustes. (Volt.) Le temps des prophètes est passé ; celui des dupes ne passera point. (Grimm.) On n’est pas tout à fait la DUPE d’une femme tant qu’elle n’est point la votre. (Chamfort.) Tout homme, et un Français plus qu’un autre, abhorre d’être pris pour dupe. (H. Beyle.) En amour, il peut y avoir une dupe, jamais deux. (A. Fée.) Une vieille coquette ne fait plus qu’elle de dupe. (La Rochef.-Doud.) Les peuples ont plus d’une fois été dupes et victimes d’une reconnaissance et d’une admiration imprudentes. (Fr. Pillon.) Le masque de la bonté est celui avec lequel les hypocrites font le plus de dupes. (Boitard.) N’est-ce pas notre faute à tous, quand nous sommes dupes de notre vanité ? (G. Sand.)

Lui qui connaît sa dupe et qui veut en jouir,
Par cent dehors fardés a l’art de l'éblouir

Molière.

 Oncque il ne fut plus forte dupe
Que ce vieillard, bonhomme au demeurant.

LA FONTAINE.

S’il faut opter, si, dans ce tourbillon,
       Il faut choisir d’être dupe ou fripon,
Mon choix est fait ; je bénis mon partage :
Ciel ! rends-moi dupe, et rends-moi juste et sage.

VOLTAIRE.

Le désir de gagner, qui nuit et jour occupe,
    Est un dangereux aiguillon ;
Souvent, quoique l’esprit, quoique le cœur soit bon,
    On commence par être dupe,
On finit par être fripon.

Mme  Deshoulières.

— Faculté de l’âme qui est trompée par une autre : L’esprit est toujours la dupe du cœur. (La Rochef.) L’esprit et le cœur sont tour à tour dupes de l’imagination. (P. Bacon.)

— Adjectiv. : Il n’est pas si dupe que vous le pensez. Celui qui ne prévoit rien est souvent dupe ; celui qui prévoit trop est toujours malheureux. (La Bruy.) Les hommes sont plus dupes d’eux-mêmes qu’ils ne le croient. (Beaumarch.) L’orgueil, dans un jeune homme, n’est bon qu’à le rendre dupe. (J. Droz.)

La vanité nous rend aussi dupes que sots

Florian.

Être la dupe d’une affaire, d’un marché, N’y pas trouver son compte, y avoir son intérêt sacrifié.

Être sa dupe, sa propre dupe, Se tromper soi-même, se faire illusion : Nous sommes plus souvent dupes de nous-mêmes que des autres. (Beauchène.)

— Rem. On met ordinairement ce mot au singulier lorsqu’il se rapporte à un nom ou pronom au pluriel qui désigne plusieurs personnes trompées en même temps par le même moyen : Nous en fûmes la dupe. Les personnes de bonne foi sont souvent la dupe des gens intéressés. (Acad.) C’est là un des artifices de la gloire véritable, les médiocres seuls en sont la dupe. (E. Quinet). Mais s’il s’agit de tromperies successives, l’emploi du pluriel est préférable : De tout temps les hommes furent dupes les uns des autres.

- Antonymes. Dupeur, fripon, trompeur.

Dupes (journée des). On a donné ce nom à un petit événement du règne de Louis XIII (11 novembre 1630), qui, par ses péripéties