DUMANOIR LE PELLEY (Pierre-Étienne-René-Marie, comte), vice-amiral, né à Granville en 1770, mort à Paris en 1829. Il fit la campagne d’Égypte, commanda la frégate sur laquelle s’embarquèrent Lannes, Murat et Marmont pour revenir en France, tandis que Bonaparte revenait sur la Muiron ; il reçut bientôt le grade de contre-amiral, laissa écraser Linois au combat d’Algésiras, eut, le 20 août 1804, le commandement de la flotte de Toulon, qui devait jouer le principal rôle dans la descente en Angleterre ; mais, jugé incapable de remplir une telle mission, il se vit remplacé par Villeneuve. On l’a accusé d’avoir contribué, par son inaction, à la défaite de Trafalgar. Au combat du cap Villano, toute son escadre fut prise, et lui-même blessé grièvement. Chargé, en 1811, du commandement de la marine de Dantzig, il rendit de grands services pendant le siège que soutint cette place, tomba blessé entre les mains des Russes, revint on France en 1814, et mérita, par la chaleur de son dévouement aux Bourbons, d’être élevé au rang de vice-amiral (1820).
DUMARAN, île de l’Océanie, dans l’archipel
des Philippines, à l’E. de l’île Paragua,
dont elle est séparée par un bras de mer de
20 kilom. de largeur, par 10° 35’de lat.
moyenne N. et 117° 30’de long. E. ; superficie,
85 kilom. carrés. Côtes élevées, rocheuses
et n’offrant qu’un petit nombre de criques.
La pêche constitue à peu près l’unique
ressource des habitants.
DUMARESQ (Armand), peintre français, né
à Paris en 1826. Il montra de bonne heure de
remarquables dispositions pour la peinture,
et, après avoir étudié à Paris les principes de
cet art, visita l’Italie, la Hollande et la Belgique, où les chefs-d’œuvre de la peinture
religieuse furent presque exclusivement l’objet
de ses études. Aussi l’influence de cette
préoccupation se fait-elle sentir dans ses premières œuvres, parmi lesquelles il faut citer : un Christ pour l’église de Dôle (1850) ; Saint Bernard prêchant la croisade (1852) et le Martyre de saint Pierre (1853), pour la cathédrale de Caen, qui ont tous les trois figuré
au Salon. Il exposa ensuite d’autres toiles de
genres variés, telles que : un Boucher, la Lecture, étude, Fruits, Attributs des arts et des sciences, portrait de Provost, de la Comédie-Française.
Comme on le voit, M. Dumaresq n’avait pas encore adopté une direction bien tranchée ; il cherchait sa voie, et quelques-unes de ses premières œuvres, tout en témoignant d’une grande facilité, portent la trace de cette indécision ; on voit que l’artiste tâtonne encore et n’est pas entièrement sûr de lui-même. Il en fut tout autrement lorsque M. Dumaresq eut abordé les sujets militaires, genre auquel il est depuis lors resté fidèle. Dès son début il se plaça au rang des maîtres. Ses deux toiles : la Mort du général Kirgener et l’Embuscade du 2e zouaves, épisode de Crimée, qui furent exposées en 1855, attirèrent l’attention sur leur auteur, qui fut chargé d’exécuter une collection des Uniformes des différents corps de la garde impériale et de l’armée de ligne. Ce recueil, qui se compose de 112 lithographies exécutées d’après les aquarelles originales de M. Dumaresq, que l’on conserve au musée de Versailles, fut tiré seulement à 150 exemplaires et destiné aux bibliothèques des souverains de l’Europe. Il coûta plusieurs années de travail à l’artiste, qui trouva cependant encore le temps d’exécuter dans l’intervalle de nouveaux tableaux.
Afin d’étudier de plus près, de prendre sur la vif les sujets qu’il aimait à retracer, M. Dumaresq prit part à quelques expéditions de l’armée française dans l’Algérie méridionale, et fit toute la campagne d’Italie avec l’état-major du maréchal Vaillant. Ces excursions guerrières ont fourni à l’artiste une ample moisson d’esquisses, d’études et d’observations qui l’ont décidé à persister plus que jamais dans le genre qu’il avait embrassé. « M. Dumaresq, dit Louis Enault, est depuis longtemps le peintre autorisé des victoires et conquêtes du XIXe siècle. Il aime à faire manœuvrer les escadrons nombreux et précipiter les héros dans ces mêlées furieuses, où l’on triomphe, où l’on meurt. »
Outre les toiles que nous avons mentionnées ci-dessus, M. Dumaresq a encore envoyé au Salon depuis 1857 : Prise de la grande redoute à la bataille de la Moskowa, 7 septembre 1812 ; portrait du général Hecquet (1817) ; Mort du général Bizot (Crimée), aujourd’hui au musée de Versailles (1859) ; Épisode de la bataille de Solferino, au même musée (1861) ; Charge de la division Desvaux (1862) ; Promenade de S. A. monseigneur le prince impérial ; Vive l’empereur ! souvenir de la campagne d’Italie (1864) ; la Garde du drapeau ; l’Aumônier du régiment ; Bataille de Solferino, attaque et prise du mont Fontana, aquarelle ; Passage de l’Adda le 12 juin 1859, aquarelle (1865), etc. Depuis 1859, M. Dumaresq est chevalier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare.
DUMAREST (RAMBERT), habile graveur de
médailles, né à Saint-Étienne (Loire) en 1750,
mort en 1806. D’abord simple ouvrier de la
manufacture d’armes de sa ville natale, il se
fit bientôt remarquer comme ciseleur, fut
emmené à Birmingham par Boulton, revint
en Franco après 1789, et remporta le grand
prix pour les médailles de J.-J. Rousseau et
de Brutus. Les autres ouvrages qu’il fit ensuite
le placèrent au premier rang des artistes
et le firent entrer à l’Institut en 1803.
On cite surtout de lui : deux médailles de
Poussin ; celle du Conservatoire de musique
représentant Apollon, d’après Lemot ; la médaille des membres de l’Institut, Minerve ;
les jetons de présence de l’École de médecine,
à l’effigie d’Esculape ; enfin une médaille
commémorative de la Paix d’Amiens.
DUMARSAIS (César CHESNEAU), grammairien
français, né à Marseille en 1676, mort
en 1756. Il perdit son père étant encore enfant,
et sa mère dissipa par son insouciance
romanesque le peu de bien que lui avait laissé
son mari ; elle vendit jusqu’aux livres légués
par les deux oncles Chesneau à Dumarsais,
ce qui fut pour lui une perte des plus sensibles.
Il n’en reçut pas moins une excellente
éducation chez les Pères de l’Oratoire ; il entra
même dans leur congrégation, de laquelle
il se retira volontairement à trente-cinq ans.
À partir de ce moment, sa vie n’offre plus
qu’une suite de malheurs et de déceptions.
Il vint à Paris et s’y maria ; il étudia le droit
et fut reçu avocat le 10 janvier 1704. Mais
il ne pouvait attendre les résultats tardifs de
cette profession ; d’ailleurs Dumarsais était
loin d’être heureux en ménage. Sa femme
était une sorte d’Honesta, d’un caractère
des moins aimables ; et le P. Norjeu, vieil
oratorien qui regardait Dumarsais comme un
transfuge, disait charitablement : « Dieu l’a
bien puni en lui donnant une femme acariâtre
et méchante qui fait le désespoir de toute
sa vie. » Dumarsais quitta cette vertueuse
mégère en lui abandonnant tout ce qu’il possédait, et entra chez le président Desmaisons
pour faire l’éducation de son fils. Ce fut
le premier élève de Dumarsais et le plus remarquable : à vingt-Sept ans, il était membre
de l’Académie des sciences ; malheureusement
il mourut fort jeune. De là, Dumarsais entra
comme précepteur chez le fameux financier
Law, et il fut sur le point de faire fortune.
Il reçut du contrôleur, à titre de gratification,
un certain nombre de billets de la célèbre
banque ; mais il ne sut pas les convertir
assez tôt en espèces, et sa fortune s’évanouit
aussi promptement qu’elle était venue.
Après le désastre de Law, il entreprit l’éducation des fils du prince de Bauffremont, pour lesquels il composa sa Nouvelle méthode pour apprendre la langue latine, après quoi il ouvrit une institution à Paris au faubourg
Saint-Victor ; il échoua, et cet insuccès est
dû sans aucun doute à sa profonde incapacité
administrative. Dumarsais se trouvait réduit
à l’état le plus précaire, quand Diderot et
d’Alembert vinrent à son secours en lui confiant
la rédaction des articles de grammaire
de leur Encyclopédie. Cependant nous le
trouvons, en 1756, âgé de quatre-vingts ans et
chargé d’infirmités, dans le plus triste dénûment. Une pension sollicitée pour lui fut
durement refusée par une cour indigne qui
n’avait pas assez d’argent pour alimenter ses
vices, et il mourut après une longue carrière
qui avait été aussi douloureuse qu’honnête.
Il y a deux hommes dans Dumarsais, le grammairien et le philosophe. Le grammairien touche au génie. Son Traité des tropes est resté classique, malgré quelques erreurs qui ont été trop amèrement critiquées. Sa Nouvelle méthode pour apprendre la langue latine a donné lieu à beaucoup d’objections, malgré les choses excellentes qu’elle renferme. Beaucoup d’habiles professeurs préfèrent aux innovations de Dumarsais la tradition universitaire des Rollin et des Lebeau. Il leur semble dangereux de rendre le travail des enfants trop facile ; c’est endormir l’intelligence et la réflexion, qu’il convient au contraire d’éveiller. Ajoutons que la déplorable industrie des faiseurs de bacheliers a singulièrement contribué de nos jours à discréditer les idées de Dumarsais. Les questions de grammaire, si habilement traitées dans les sept premiers volumes de l’Encyclopédie, quoiqu’elles ne forment pas un corps de doctrine, sont le titre le plus réel du grammairien à notre estime. C’est là qu’il se montre l’héritier des Buffier et des Arnauld et le précurseur de Condillac. Ce ne fut qu’après sa mort qu’on publia sa Logique ou ses Réflexions sur les opérations de l’esprit. La logique est le lien qui unit la grammaire et la philosophie, et Dumarsais, mieux que personne, a su éclairer ces matières délicates qui donnent à l’étude du langage un caractère tout à fait élevé.
Comme philosophe, Dumarsais a été diversement apprécié ; les uns ont vu en lui un athée décidé, les autres un sceptique indifférent. Ce qui est certain, c’est que, tout en partageant quelques-unes des idées de la philosophie du XVIIIe siècle, il se tint à l’écart du combat qu’elle livra aux vieilles croyances. On lui a attribué à tort l’Essai sur les préjugés, qui est dû à la collaboration du baron d’Holbach et de Naigeon. Le ton déclamatoire et violent de ce livre répugne aux habitudes littéraires de Dumarsais. Ce qui est vraiment de lui, c’est l’Exposition de la doctrine gallicane par rapport aux prétentions de la cour de Rome, ouvrage excellent, inconnu aujourd’hui, et qui serait consulté avec fruit par ceux qui s’occupent de cette question du pouvoir temporel de la papauté qui tient depuis quelques années toute l’Europe en suspens. Dumarsais s’y montre un jurisconsulte de premier ordre et donne à regretter qu’il n’ait pas persévéré dans la carrière du barreau. Il a composé aussi une Réponse à la réfutation du livre des oracles de Fontenelle par le père Baltus, Cette réponse, pleine de sens et de sagesse, déplut aux fanatiques et aux dévots, et peut être regardée comme la cause des calomnies et des dégoûts que l’auteur eut à subir dans la suite. Dumarsais était la simplicité même, et d’Alembert l’avait surnommé le La Fontaine des philosophes. Il ne connaissait point les hommes ; il allait peu dans le monde, où il était gauche et embarrassé. Incapable de s’occuper de ses propres affaires, il vécut toujours pauvre. Son désintéressement et sa fierté étaient poussés à l’excès. Un riche avare disait en parlant de lui : « M. Dumarsais est un fort honnête homme. Je suis son ami depuis quarante ans ; je suis riche, il est pauvre, et jamais il ne m’a rien demandé. » Il fut méconnu de la plupart de ses contemporains. Duclos en parle avec la légèreté dédaigneuse d’un homme de lettres parvenu à la fortune jugeant un confrère resté dans la misère. Voltaire lui a écrit, en passant, une lettre fort aimable et l’a oublié. D’Alembert seul lui a rendu pleine justice et l’a soutenu contre ses détracteurs. Après sa mort, Dumarsais a été mieux goûté ; on a compris quels progrès avaient accompli, grâce à lui, les études de logique et de grammaire générale. En 1805, l’Institut mit son éloge au concours ; ce fut M. de Gérando qui fut couronné. M. Damiron a lu à l’Académie des sciences morales et politiques un Mémoire sur Dumarsais considéré comme philosophe sensualiste, où le grammairien ne nous semble pas avoir été estimé à sa valeur. Enfin, M. F. Tamisier, proviseur au lycée impérial de Marseille, dans une notice ayant pour titre : Dumarsais, sa vie et ses écrits, a réuni et présenté d’une manière concise et substantielle tout ce qui pouvait être dit sur cet homme éminent et trop peu connu. Les œuvres de Dumarsais ont été rassemblées par Duchosal et Milon, et publiées en 1797. Elles forment 7 volumes in-8o.
DUMAS (Jean), littérateur français du
XVIIe siècle. Il a composé, sous le titre de : le Cocu en herbe et en germe, une comédie en cinq actes et en vers (Bordeaux, sans date,
mais publiée vers 1686), qui est à peu près
introuvable aujourd’hui.
DUMAS (Louis), littérateur et musicographe
français, né à Nîmes on 1676, mort en
1744. Il était fils naturel de Jean-Louis de
Moncalm. seigneur de Candiac. Doué d’une
vive intelligence, il étudia successivement la
jurisprudence, les sciences exactes, la philosophie, dont son ami, le P. Malebranche, lui
inspira le goût, les arts, et particulièrement
la musique. On lui doit l’invention du bureau
typographique, ingénieuse imitation des procédés
de l’imprimerie pour la composition,
qui a pour objet, dit Vincens Saint-Laurent,
« de familiariser les enfants de l’âge le plus
tendre avec les signes du langage et de l’écriture, de les accoutumer à en former des
mots, à en décomposer l’assemblage, et de leur
apprendre, avant même qu’ils puissent manier
une plume et en se jouant, l’orthographe
et les premiers éléments de la grammaire. »
Dumas essaya sa méthode avec le jeune Candiac,
dont la mort prématurée lui causa la plus vive douleur.
Nous citerons parmi ses écrits : l’Art de composer toutes sortes, de musique sans être obligé de connaître ni le ton ni le mode (1711, in-4o) ; la Bibliothèque des enfants, ou les Premiers éléments des lettres (1733, in-4o) ; l’Art de la musique enseigné et pratiqué par la méthode du bureau typographique (1753) ; l’Art de la musique enseigné sans transposition (1758).
DUMAS (Hilaire), controversiste français,
mort en 1742. Il se fit recevoir docteur en
théologie à la Faculté de Paris, et écrivit
contre les jansénistes les ouvrages suivants :
Histoire des cinq propositions de Jansénius
(Liège, 1699, in-12) ; Défense de l’histoire des cinq propositions de Jansénius (Liège, 1701) ; Lettres d’un docteur de Sorbonne à un homme de qualité, touchant les hérésies du XVIIe siècle (1711-1715, 4 vol. in-12).
DUMAS (Charles-Guillaume-Frédéric), littérateur hollandais, vraisemblablement d’origine française, né à Kloster-Heilsbron vers
1725, mort vers 1780. Outre de nombreux articles,
publiés dans la Bibliothèque des sciences
et des arts de 1750 à 1780, on a de lui la traduction d’ouvrages allemands et anglais :
Voyages et découvertes faites par les Russes,
de Fréd. Muller (Amsterdam, 1760, 2 vol.) ;
Relation historique de l’expédition contre les Indiens de l’Ohio en 1764 (Amsterdam, 1769) ; Examen de la doctrine touchant le salut des
païens (Amsterdam, 1773, in-8o).
DUMAS (Jean), pasteur protestant français,
né à Montauban en 1725, mort à Leipzig
en 1799. Il exerça le ministère évangélique
dans cette dernière ville, après avoir été
ministre à Amsterdam et à Ter-Veer, près de
Middlebourg. Il a souvent été confondu avec
Louis-Alexandre Dumas, qui desservait à la
même époque l’église réformée de Dresde. Ses
ouvrages sont : Lettres philosophico-théologiques sur l’éternité des peines (Amsterdam, 1771, in-8o) ; Traité du suicide (Amsterdam, 1773, in-8o) : c’est une savante réfutation des principes avancés par quelques philosophes du XVIIIe siècle, entre autres par Rousseau dans la Nouvelle Héloïse ; Cantiques tirés en partie des psaumes et en partie des poésies sacrées des meilleurs poètes françois, avec des airs notés (Leipzig, 1774, in-8o). Voici les ouvrages qu’on croit dus à Louis-Alexandre Dumas : Sermons sur le christianisme moral (Dresde, 1779, in-8o) ; Exercices de piété à l’usage des chrétiens fidèles et raisonnables (Leipzig, 1787, 2 vol. in-8o) ; Essai sur le plan formé par le fondateur de la religion chrétienne, traduit de l’allemand (Dresde, 1799, in-8o).
DUMAS (Matthieu), lieutenant général, député et écrivain militaire français, né à Montpellier en 1753, mort en 1837. Il est un des
meilleurs organisateurs et administrateurs
militaires qu’aient eus les armées françaises.
Entré au service à vingt ans, il fit la guerre
d’Amérique en qualité d’aide de camp de
Rochambeau, fut chargé, après la paix de
1783, de reconnaître les positions militaires
du continent et des îles de la Grèce, remplit
une mission délicate auprès des insurgés des
Pays-Bas et de la Hollande, devint directeur
du dépôt de la guerre, et, en 1789, seconda
La Fayette dans l’organisation des gardes nationales du royaume. Lors de l’arrestation
de Louis XVI à Varennes, c’est à Matthieu
Dumas que l’Assemblée nationale confia le
commandement des forces destinées à ramener
ce prince à Paris. Promu maréchal de
camp, et nommé, peu après, député à l’Assemblée
législative, il y fut un des orateurs
les plus remarquables de la droite, et ne dut
qu’à son caractère de député de ne pas être
mis en arrestation après le 10 août 1792. Le
comité de surveillance de la Commune, le
soupçonnant d’intelligence avec La Fayette,
fit une perquisition chez lui et saisit ses papiers ; aussi à l’expiration de son mandat se
hâta-t-il de quitter la France. Il y rentra
après le 9 thermidor, fut élu au conseil des
Anciens, fit partie de la fraction modérée
dite de Clichy, et, enveloppé dans la proscription du 18 fructidor, dut regagner la frontière. Le coup d’État du 18 brumaire lui
ayant rouvert les portes de la patrie, il organisa à Dijon, en qualité de général de brigade, l’armée de réserve qui devait franchir
le mont Saint-Bernard pour triompher à Marengo,
entra ensuite au conseil d’État, obtint
le grade de général de division en 1805, rendit
de grands services dans l’état-major de
l’armée pendant la campagne d’Autriche, fut
ministre de la guerre de Naples sous le roi
Joseph (1806-1808), combattit de nouveau en
Autriche en 1809, remplit les importantes
fonctions d’intendant général de la grande
armée pendant la guerre de Russie (1812), et
tomba entre les mains de l’ennemi par suite
de la capitulation de Dresde (1813). Redevenu
libre à la paix, il s’occupa, sous
Louis XVIII, d’apurer la comptabilité de
l’armée, et sous Napoléon, pendant les Cent-Jours, de la mobilisation des gardes nationales
de l’Empire. La deuxième Restauration
le mit à la retraite. En 1818, on fit pourtant
appel à sa vieille expérience. Il eut alors une
grande part aux travaux de la commission
pour la défense générale du royaume ; mais,
son indépendance l’ayant fait exclure du
conseil d’État en 1822, les Parisiens l’élurent
député en 1828.
Le général Dumas est un de ceux qui contribuèrent le plus à l’avènement de Louis-Philippe dans la réunion des 221. Pour la troisième fois il présida à tous les détails de l’organisation des gardes nationales de France. Il rentra au conseil d’État comme président du comité de la guerre et fut élevé à la pairie. Ami de La Fayette, Dumas suivit toujours en politique les traces de cet illustre citoyen, mais avec des convictions moins accusées. On a de lui les ouvrages suivants, qui sont fort estimés : Précis des événements militaires, ou Essai historique sur les campagnes de 1799 à 1814 (Paris, 1816-1826, 19 vol. in-8o et 8 atlas in-fol.), livre, qui, malgré son titre, ne va pas au delà de 1807 ; Histoire de la guerre de la Péninsule et dans le midi de la France, de 1807 à 1814, trad. de l’anglais de Napier, avec des notes du traducteur, pour faire suite au Précis. Il a laissé des Souvenirs, publiés après sa mort par son fils Christian-Léon, général de brigade, ancien aide de camp de Louis-Philippe.
DUMAS (Jean-François), littérateur français, né vers 1753, mort en 1795. Il suivait la carrière du barreau lorsqu’il devint, pendant
la Révolution, président de l’administration
du Jura. Il se montra aussi modéré que son
frère René-François était exalté et sanguinaire,
fut décrété d’accusation, échappa à la
mort par la fuite et alla finir ses jours à
Trévoux. Il a publié : l’Esprit du citoyen
(1783, in-4o) ; Discours sur cette question : Quels sont les moyens de perfectionner l’éducation des jeunes demoiselles ? (1785, in-8o) Adresse aux états généraux et particuliers sur l’origine de l’impôt (1789, in-8o).
DUMAS (René-François), président du tribunal révolutionnaire, frère du précédent,
né à Lons-le-Saunier en 1757, décapité le
10 thermidor an II (28 juillet 1794). Il était
homme de loi avant la Révolution, dont il
embrassa les principes avec une extrême
chaleur. Son exaltation lui ayant attiré de