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métier, il s’embarqua peu après comme second capitaine pour la baie de Biscaye et la côte de Guinée. En 1507, poursuivi comme bien d’autres par la fièvre des aventures, désireux de rivaliser avec les audacieux conquérants du nouveau monde, il vendit son vaisseau et engagea tout ce qu’il avait dans l’expédition que préparait contre le Mexique le capitaine sir John Hawkins. Celui-ci lui confia le commandement de la Judith, l’un des six vaisseaux dont se composait l’expédition ; mais la campagne ne fut pas heureuse. Les Espagnols, ayant attaqué la flotte anglaise dans la baie de Mexico, prirent ou coulèrent trois bâtiments : les trois autres se sauvèrent à grand’peine, et Drake revint en Angleterre complètement ruiné. Cette déception et la vue des cruautés exercées envers les Anglais prisonniers par les Espagnols lui inspirèrent contre eux une telle haine, qu’il ne s’occupa plus que des moyens de faire à leur nation tout le mal possible.

Pendant les années 1570 et 1571, Drake entreprit deux voyages aux Indes occidentales, sans trouver l’occasion qu’il cherchait, mais il employa fructueusement ces deux campagnes en acquérant une connaissance exacte de ces mers, dont il voulait faire le théâtre de ses courses aventureuses. Au mois de mai 1572, il appareilla de nouveau à Plymouth avec deux bâtiments armés en guerre, le Dragon, de 70 tonneaux, et le Cygne, de 25 tonneaux, et se dirigea vers les côtes de l’Amérique du Sud. Arrivé au port du Faisan, le 20 juillet, laissant à l’ancre ses deux vaisseaux, il fit embarquer une grande partie de ses équipages sur les pinasses et opéra une descente dans la Colombie ou Nouvelle-Grenade, à l’isthme de Darien. Il réussit à s’emparer du port de Nombre de Dios et le pilla ; mais, attaqué bientôt par des forces supérieures, assez grièvement blessé, il fut forcé d’abandonner sa conquête. Après avoir rejoint ses bâtiments au port du Faisan, il remit à la mer pour Carthagène, captura en route plusieurs navires d’une très-grande valeur ; puis, ayant gagné la côte espagnole, mit le feu à l’établissement de Santa-Cruz, causant ainsi à ses ennemis abhorrés une perte évaluée à environ deux millions. Après cette expédition, il revint à Plymouth, où il mouilla le 9 août 1573, chargé d’un énorme butin. Ces richesses considérables lui donnèrent les moyens d’armer à ses frais trois grandes frégates, avec lesquelles il seconda Guillaume Dévereux, comte d’Essex, dans ses entreprises contre l’Irlande ; mais le comte n’ayant point réussi dans ses projets et étant mort en 1576, Drake revint en Angleterre avec ses bâtiments. À son retour, présenté à la reine Élisabeth par le vice-chambellan et conseiller, sir Christophe Hatton, Drake exposa à cette princesse le projet qu’il avait conçu de pénétrer dans la mer du Sud par le détroit de Magellan, pour tomber à l’improviste sur les possessions espagnoles et les ravager. La reine, naturellement portée aux grandes entreprises, applaudit à ce projet et lui confia cinq bâtiments avec lesquels il appareilla de Plymouth, le 13 ou le 19 décembre 1577. La traversée fut marquée par un fait qui lui permit de donner à ses matelots la mesure de l’énergie de son caractère. Un de ses capitaines, Jean Dougthy (ou Doughtie), bon marin, brave officier et de haute naissance, ayant conspiré contre lui, Drake fit relâche sur la côte ouest de la Patagonie, au port Saint-Julien (mai 1578), livra Dougthy à un conseil de guerre, le fit condamner et exécuter. Le 20 août suivant, il entrait dans le détroit de Magellan, qu’il mit seize jours à traverser ; assailli à la sortie par une tempête, il y perdit un de ses bâtiments. Le 20 novembre, il mouillait à Mocha, l’une des îles du Grand Océan austral, près du Chili. Continuant alors sa route, il ravagea les établissements espagnols du Pérou et du Chili, captura un talion royal plein d’or et d’argent, puis, gorgé de butin, las de pillage et rassasié de vengeance, il se décida enfin à retourner en Angleterre. En revenant, comme il relâchait par le 38e parallèle boréal, dans une baie située au nord de la Californie, il prit possession de ce territoire au nom de la reine et lui donna le nom de Nouvelle-Albion. De là, ayant réparé ses bâtiments, Drake appareilla le 29 septembre 1579, se dirigeant vers les Moluques, où il parvint le 13 octobre ; il mouilla à Termate, l’une d’elles, et y séjourna jusqu’à la fin de décembre. Après avoir failli se perdre sur un banc de roches, près des Célèbes (9 janvier 1580), il gagna Java, puis le cap de Bonne-Espérance, d’où il fit route directement pour l’Angleterre. Lorsqu’il arriva le 5 novembre à Plymouth, il avait fait en près de trois ans le tour du globe. Le succès de l’entreprise de Drake, les richesses immenses qu’il rapportait, excitèrent aussitôt l’envie. Ses ennemis le traitèrent de pirate, et l’ambassadeur d’Espagne, don Bernardin de Mendoza, se plaignit hautement à la reine. Mais celle-ci fit bientôt cesser les plaintes. Le 4 avril 1581, elle se rendit en grande pompe à Deptford, dans la Tamise, où le bâtiment de Drake était mouillé ; elle dîna à son bord, l’admit à sa table et l’arma chevalier, donnant ainsi publiquement son approbation à tous ses actes. Non contente de ces témoignages, elle ordonna que le bâtiment de Drake fût conservé avec le plus grand soin, comme un monument durable de sa gloire et de celle de l’Angleterre.

En 1585, la rupture qui eut lieu entre Élisabeth et Philippe II permit à Drake de se donner de nouveau carrière. Il appareilla de Plymouth le 15 septembre à la tête d’une escadre de 25 bâtiments de guerre. Après avoir fait quelques prises sur les côtes d’Espagne, il se dirigea vers les îles du Cap-Vert ; arrivé à Santiago, le 16 novembre suivant, il y fit débarquer 1,000 hommes sous le commandement du général Carlisle, et livra la ville au pillage et à l’incendie. Cette expédition achevée, Drake fit voile pour les Indes occidentales, où il s’empara de Saint-Domingue et de Carthagène, qu’il mit à contribution ; de là, faisant route pour la Floride, il détruisit en passant les forts Saint-Antoine et Saint-Augustin, que les Espagnols avaient abandonnés sur le bruit de son apparition dans ces mers. Avant de repartir pour l’Angleterre, il alla visiter la Virginie et recueillit à son bord les survivants de la colonie fondée par Walter Raleigh. De retour en Angleterre, le 28 juillet 1586, après une campagne de dix mois, pendant laquelle il avait fait éprouver à l’Espagne des pertes estimées à environ 600 mille livres sterling, Drake reçut l’ordre, au mois d’avril 1587, d’armer à Plymouth une nouvelle escadre. Il appareilla le 16 avril et se dirigea sur Cadix, où il entra de vive lutte, après avoir forcé la baie ; il prit, coula à fond ou brûla environ 100 bâtiments qui se trouvaient en rade, et dans ce nombre un galion de 1,200 tonneaux ; puis il fit route pour le cap Saint-Vincent, brûlant ou coulant bas tous les pêcheurs qu’il rencontra sur la côte, et s’avança jusqu’à l’embouchure du Tage, où il présenta le combat au marquis de Santa-Cruz, amiral espagnol, sans pouvoir l’y engager. Drake fut nommé vice-amiral au retour de cette expédition. En 1588, il commanda, en cette qualité, sous les ordres de lord Howard d’Effingham, grand amiral d’Angleterre, une des divisions de l’armée navale qui dispersa l’Invincible Armada. Drake prit une grande part à la défaite de la flotte espagnole, et l’on raconte qu’un galion, richement chargé, se rendit à lui à la simple mention de son nom.

L’année suivante, ayant appareillé à Plymouth le 15 avril 1589 avec une escadre forte de 80 bâtiments environ, et de 11,000 hommes de troupes commandés par le général Norris, il se rendit d’abord devant la Corogne, dont il s’empara ; puis il fit route pour Cascaes ; chemin faisant, il rencontra un grand nombre de bâtiments espagnols chargés de munitions, dispersa 20 galères qui voulaient lui disputer le passage, puis alla réduire en cendres Pégu. De retour à Plymouth au commencement du mois de juillet 1589, Drake y séjourna quelque temps. Cette ville l’envoya au Parlement où il siégea en 1592 et 1593. L’année suivante, de concert avec sir John Hawkins, il résolut de recommencer ses incursions dans les Indes occidentales. Avec 6 vaisseaux seulement, ils appareillèrent le 28 août et se dirigèrent vers les îles Canaries, qu’ils abordèrent le 27 septembre. En passant, Drake voulut tenter sur Ténériffe, contre l’avis de sir John Hawkins, un coup de main qui échoua. De là, la petite escadre se dirigea sur la Dominique où elle arriva dans les derniers jours d’octobre, et d’où elle repartit pour aller mouiller le 12 novembre devant Porto-Rico. Sir John Hawkins y mourut : Drake resta dès lors seul commandant de l’expédition. Après une attaque infructueuse dirigée contre la ville, il rappela ses troupes à bord, et remit à la voile. Il avait résolu une descente sur le continent ; ayant débarqué de nouveau ses troupes, il les plaça sous le commandement d’un officier nommé Baskerville, avec ordre de marcher sur Panama pendant qu’il longerait la côte avec ses navires ; il s’empara de Rio de la Hacha, qu’il brûla, et, peu de jours après, de Nombre de Dios, à qui il fit éprouver le même sort. Il était en route pour Puerto-Bello, lorsqu’il apprit que Baskerville avait complètement échoué dans son attaque contre Panama, et qu’il ramenait à la côte le restant de ses troupes battues et harassées de fatigue. Il s’empressa de les rappeler à bord ; mais l’insuccès de cette expédition l’affecta si vivement, dit-on, qu’il contracta une fièvre lente qui, jointe à un flux de sang dont il fut attaqué, l’emporta le 9 janvier 1595. Son escadre rentra à Plymouth au mois de mai suivant, environ huit mois après en être sortie. Samuel Johnson a composé une Vie de Drake insérée d’abord dans le Gentleman Magasine de 1740, et qui se trouve dans les œuvres de ce célèbre philologue. Drake fut l’un des fondateurs de la grandeur maritime de l’Angleterre ; quoiqu’il eût dans le caractère et la conduite quelque chose du flibustier, c’est sans contredit l’un des hommes de mer les plus hardis et les plus heureux qui aient jamais existé.

— Bibliogr. Consultez les ouvrages suivants : Greepe, True and perfect news of the woorthy and valiant exploits performed by the valiant knight sir F. Drake (Londres, 1587, in-4o, très-rare) ; Fitzgeffry, Sir F. Drake, his honorable life and his tragical death (Oxford, 1596, in-16) ; Sir F. Drake revived, etc. (Londres, 1653, in-8o) ; Clarke, Life and death of the valiant and renowned sir F. Drake (Londres, 1671, in-4o, portrait) ; Burton, The english hero, or sir F. Drake (Londres, 1687 et 1739, in-8o, 1756, in-4o) ; Browne, Leben des englischen Helden und Ritters F. Drake (Leipzig, 1720, in-8o, trad. de l’anglais) ; Johnson, Life of sir F. Drake (Londres, 1767, in-12) ; F. Drake’s Leben und Seereisen (Halle, 1815, in-8o) ; Life of sir F. Drake (Londres, 1828, in-4o) ; Barrow, Life, voyages and exploits of admirai sir F. Drake (Londres, 1843, in-8o).


DRAKE (Jacques), médecin anglais, né à Cambridge en 1667, mort en 1707.11 sa fit recevoir docteur à Londres, en 1696, et devint membre du Collège des médecins de cette ville ; mais, se trouvant sans fortune et sans clientèle, il chercha ses ressources dans sa plume, et publia des articles dans les journaux. Une Histoire du dernier parlement, qu’il fit paraître à Londres en 1702, lui valut d’être cité devant la Chambre des lords sous l’inculpation d’insulte à la mémoire du roi Guillaume. Drake lut acquitté ; mais, dans son mécontentement, il se jeta dans le parti opposé à la cour et’écrivit contre les whigs, qui favorisaient les dissidents, un pamphlet intitulé : Mémorial de l’Église anglicane (Londres, 1704). Bien qu’il n’eût pas signe cet écrit, l’auteur fut connu et ses ennemis l’attaquèrent avec un grand acharnement. Quelques articles qu’il publia dans le Mercurius politicus lui attirèrent une poursuite devant le banc de la reine (1706). L’accusation fut abandonnée ; mais 1 animosité dont on fit preuve à son égard lui causa une maladie dont il mourut. Outre les ouvrages précités, on a de Drake : New sTjstem of anatomy (Londres, 1707, 2 vol. in-8o) ; Historia angloscotica (Londres, 1703) ; le Faux homme de loi ou l’Heureux extravagant, comédie jouée en 1697.

DRAKE (Guillaume), médecin anglais, né à York en 1687, mort en 1760. On a de lui un ouvrage remarquable, Bboraeum ou l’Histoire et les antiquités de la ville d’York (York, 1736, in-fol.), que l’on a à tort attribué à un autre médecin, Francis Drake, mort en 1770, et l’un des auteurs de Y Histoire parlementaire d’Angleterre (1751, 24 vol. in-S»).

DRAKE (G.-Samuel), écrivain américain, né à Pittsfîeld (État de New-Hampshire) en 179S. Il fut d’abord instituteur, puis alla s’établir à Boston, où il s’occupa de rééditer divers ouvrages historiques tout en se livrant à des travaux d’érudition littéraire. On lui doit un Dictionnaire biographique des Indiens de l’Amérique du Nord (1833), qui a eu un grand nombre d’éditions ; la Vieille chronique indienne (183G), sur la première lutte des Européens avec les Indiens ; le Martyrologe indien ; une Histoire de Boston, commencée en 1852. Enfin M. Drake a publié depuis 1847, sous le titre de : New England register, un annuaire des États du Nord de l’Union.

DRAKE (Frédéric), sculpteur allemand, né à Pyrmont en 1805. Fils d’un habile mécanicien que son talent n’avait pu arracher à la pauvreté, "il l’aida de bonne heure dans ses. travaux et semblait devoir se consacrer au’ même métier. Dans ses moments de loisir, afin de grossir un peu le chiffre de ses mai § res ressources, il s’occupait à sculpter du ois et de l’ivoire. À dix-sept ans, il devint ouvrier chez le mécanicien Breithaupt, à Gassel, et, après avoir travaillé quatre ans dans cette ville, se proposait d’aller exercer son métier à Saint-Pétersbourg, lorsqu’un incident imprévu vint donner une direction toute nouvelle à ses idées d’avenir : une tête de Christ qu’il avait sculptée attira l’attention d’un marchand d’antiquités, qui lui en offrit un prix élevé. Ce fut là pour Drake une révélation. Il s’appliqua dès lors exclusivement à la sculpture, et, recommandé à Rauch par un des parents de ce dernier dont il avait exécuté le buste à Pyrmont, il se rendit à Berlin ; mais il eut à lutter au début avec les plus grandes difficultés et il ne parvint à vivre qu’en travaillant par intervalles comme mécanicien. Cependant Rauch, qui d’abord l’avait assez mal accueilli et lui avait même durement conseillé de ne pas abandonner son premier métier, ne tarda pas à se convaincre du mérite réel de son nouvel élève et voulut qu’il habitât dans sa propre maison, où il l’associa à ses travaux. Drake produisit bientôt des œuvres originales, dont la première, une Vierge à l’enfant, fut achetée par l’impératrice de Russie. Parmi celles qui suivirent, nous citerons le Guerrier mourant auquel un génie présente la couronne d’honneur et une vendangeuse en marbre, que l’artiste entreprit de reproduire dans des dimensions colossales. Il acquérait en même temps une grande réputation dans le portrait et la statuette. Les plus remarquables de celles qu’il a exécutées à cette époque sont celles de son maître Rauch, de Schinkelet des deux Humboldt. En 1836, il exécuta la statue colossale de Justus- Mceser, qui fut coulée en bronze et qui décore aujourd’hui la place de la cathédrale à Osnabruck. Vinrent ensuite les huit colossales figures assises de la salle Blanche du château de Berlin. Elles furent terminées en 1844, et représentent les Huit provinces de la Prusse ; c’est là une œuvre magistrale sous le rapport de l’ensemble1 et des détails.

Drake exécuta ensuite deux statues colossales en marbre du roi Frédéric-Guillaume III, dont l’une est placée à Stettin, et l’autre dans le jardin zoologique de Berlin. Le piédestal de cette dernière est orné d’un basrelief qui représente différents épisodes du

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bonheilr de l’humanité à tous les âges. C’est lit, croyons-nous, l’œuvre la plus remarquable de Drake. A celle-là succédèrent le Guerrier couronné par la Victoire, qui fait partie des huit groupes du pont du Château, à Berlin ; la statue colossale du naturaliste Oken, à Iéna ; la statue colossale en bronze du prince électeur Jean-Frédéric, dans la même ville (1 S"S) ; la statue en marbre du prince de Malte-Putbus, à Rugen (1859), et la statue équestre du roi Frédéric-Guillaume III, à Cologne (1864). Nous mentionnerons encore la statue colossale en marbre de Rauch, qui est placée dans le vestibule du musée de Berlin ; celle de Melanchthon à Wittemberg, et la grande statue équestre du roi Guillaume Ier, qui est destinée à orner le grand pont du Rhin à Cologne. En 1855, cet artiste obtint une mention à l’Exposition universelle de Paris, à laquelle il avait envoyé un Grand vase, un Héraut, la statuette du professeur Rauch, la Vendangeuse, que nous avons déjà mentionnée, et une autre statuette. M. Drake est aujourd’hui professeur de l’Académie des beaux-arts de Berlin et membre du sénat de cette Académie, ainsi que de l’Académie des sciences de la même ville.

DRAKÉE s. f, (dra-ké — de Drake, navig. angl.). Bot. Genre d’orchidées, de la tribu des aréthusées, qui habite l’Australie.

DRAKENBERG (Christian-Jacobsen), centenaire norvégien, né à Blomsholm en 1626, mort en 1772. Fils d’un capitaine de vajsseau, il entra lui-même dans la marine et passa sa vie sur mer jusqu’en 1694, où, dans un voyage de Hambourg en Espagne, il fut capturé pur des pirates algériens. I ! demeura en Espagne, à Alger, à Tripoli et à Alep jusqu’en 1710. A cette époque, il put, avec laide d’un Anglais nommé Jean Smith, s’échapper d’Alep, en compagnie de cinq autres esclaves, et arriva sain et sauf à Bordeaux sur le bâtiment de Smith. Ayant appris dans cette ville que la guerre avait éclaté entre le Danemark et la Suède, il se hâta de revenir dans Sa patrie pour y prendre part. En 1712, à Christiania, il eut une querelle avec un lieutenant de vaisseau, qu’il avait négligé de saluer ; l’officier l’ayant frappé du plat de son épée, Drakenberg lui arracha l’arme des mains et la lança sur le toit d’une maison voisine. Il fut emprisonné, mais relâchéau boutd’une heure, son adversaire ayant sans doute rougi de s’être attaqué à un vieillard de quatre-vingt-six ans. C est ce lieutenant de vaisseau qui devint plus tard, sous le nom de l’amiral Tordenskigld, l’homme de nier le plus remarquable qu’ait produit le Danemark. Drakenberg se retira du service en 1717, à cause da l’affaiblissement de sa vue ; mais il était encore capable de travailler sur terre, et entra, en 1728, au service du comte de Danneskjold-Samsœ, qu’il accompagna à Copenhague. Au mois d’août 1733, comme il servait à table, dans un grand repas que donnait son maître à différents ministres étrangers, le comte dit à ses hôtes que son domestique était plus que centenaire. Ceux-ci se récrièrent et refusèrent d’ajouter foi aux paroles de leur hôte. La conversation avait lieu en français, langue que Drakenberg comprenait parfaitement ; il fut tellement indigné de voir mettre en doute la véracité de son maître, qu’il sortit à l’instant de la salle et, sans dire un mot à personne, partit pour la Norvège, où il arriva à la fin de novembre. Il s’y procura son acte de naissance, et revint à Copenhague au mois de lévrier suivant, après avjoir lait, également à pied, un long voyage à travers la Suède. En 1735, il fut présenté au roi de Danemark, et en 1737, à l’âge de cent onze ans, il épousa une veuve qui en avait soixante et qui mourut quelques années plus tard. Vers 1759, il vint se fixer à Aarhuus et continua à se livrer à de longues excursions à pied ; mais, quelques années avant Sa mort, il devint complètement aveugle et ne putyplus marcher sans un guide. Il s’éteignit doucement, après une maladie de treize jours, à l’âge de cent quarante-six ans. Il était de taille moyenne, et, quoiqu’il eût le teint très-coloré, avait fort bonne mine ; il était assez gourmand, mais ne se livrait pas à la boisson. Doué d’un caractère irritable et vindicatif, il était en outre grand amateur du beau sexe. Il fut enterré dans la cathédrale d’Aarhuus, où Schytte, qui a donné la description de cet édifice, vit son corps en 1835. Il était en excellent état de conservation et formait une sorte de momie naturelle, qui était montrée comme une merveille à tous les visiteurs.

DRAKENBOKCH (Arnold), célèbre latiniste hollandais, né à Utrecht en 1684, mort dans la même ville en 1748. Il y étudia sous Grievius et Burmann et s’attacha de préférence au second, qui le protégea toute sa vie. Destiné d’abord à la magistrature, il se fit recevoir, en 170G, docteur en droit ; mais il s’occupa presque exclusivement des littératures anciennes et d’antiquités. Dès 1704, il avait publié une dissertation sur les Préfets de la ville [Prœfecti nrbis] (Baireut, 1787, 3e édit.), qui avait eu le plus grand succès. En 1715, le professeur Burmann l’emmena avec lui en France, et, à leur retour, comme il venait d’être appelé à Leyde, il fit donner sa chaire d’Utrecht à Drakenborch. Ce dernier inaugura ses cours par une leçon sur l’utilité des études classiques (De utilitate et fructi, qui ex humanioribus disciplinis in omne hominum et doctrinarum genus redundantt