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tage réel de sa succession entre ses capital nés. Nous assistons à un spectacle pareil. » Lacordaire. « Charles XII venait d’assister a un service divin ; il se promenait sur les remparts quand une balle le frappa. Était-ce le hasard ? était-ce un assassinat ? Cependant il avait eu la force de porter la main sur la garde de son épée, pour mourir dans l’attitude d’un héros. Il tombait sans avoir eu le temps de léguer sa couronne au plus digne, et après lui, ce qui est sa condamnation, le plus digne n’existait pas. »

A. Houssaye.

DIGiVE (autrefois Dinia, ancienne capitale des Dodiontici, peuplade celto-lygienne), ville de France (Basses-Alpes), ch.-I, de départ., a 750 kilom. S.-E. de Paris, sur la rive gauche de la Bléone, qui reçoit la rivière des Bains ou des Eaux-Chaudes, dans une vallée étroite que des montagnes aux sommets jaunâtres dominent de toutes parts ; pop. aggl. 4,553 hab.

— pop. tôt. 7,002 hab. L’arrond. comprend 9 cant., si comm. et 49,024 hab. Evêché suffragant d’Aix ; tribunaux de lre instance et de justice do paix. Collège communal ; çrand et petit séminaire. Bibliothèque publique ; ch.-l. de la 4° subdivision de la 90 division militaire. Manufactures de draps, de chapeaux ; teintureries. Commerce de plâtre, cuirs ouvrés, prunes, pruneaux, pistaches, fruits secs et confits.

Digne est divisée en trois parties, tête, pied et mitan (milieu) ; elle s’élève en amphithéâtre d’une manière pittoresque, sur un mamelon que couronne la cathédrale ; mais ses rues sont généralement étroites, tortueuses, malpropres et mal bâties. La cathédrale offre un mélange de tous les styles. Le tympan du

Fortail est chargé de sculptures. A 1 intérieur, église se compose de trois nefs et de deux bas-côtés servant de chapelles ; les vitraux de l’abside sont assez remarquables. La préfecture, la palais de justice, le collège, les séminaires, la caserne, sont des monuments modernes qui méritent à peine d’être mentionnés. Le boulevard Gassendi, planté de beaux platanes et orné d’une fontaine à colonnes, et le Cours, sont deux belles promenades. Citons encore la statue de Gassendi, par Ramus, sur le Pré-de-Foire. À une petite distance de la ville, sur la route do Barcelonnette, s’élève l’ancienne cathédrale, édifice classe au nombre des monuments historiques ; la tradition fait remonter à. Charlemagne la construction de cette église, mais elle ne date que du xne siècle. Au-dessus du portail, légèrement ogival et décoré de colonnettes élégantes, on voit une belle rosace garnie de ses vitraux ; les murs extérieurs portent encore l’empreinte de peintures murales du xvc siècle.

Le premier nom de cette ville était Dinia, de deux mots celtiques : din, eau, et l’a, chaude, appellation qui se rapporterait aux eaux thermales qu’on trouve encore près de Digne. Les invasions des Barbares dans la Gaule méridionale forcèrent les habitants à fonder sur une hauteur voisine une ville qu’ils entourèrent de murs, dont il reste encore quelques traces. Dès 340, Digne fut érigée en évêché ; au xiis siècle, elle était sous la juridiction deson évêque ; pins tard, elle passa aux comtes de Provence. Au xve siècle, elle était une des plus importantes cités de la Provence. Les guerres de religion commencèrent, en-1562 et en 1591, à arrêter son développement, et la peste de 1629 la dépeupla presque entièrement.

Aux environs, dans un étroit vallon, se trouve un établissement thermal peu fréquenté, mais dont les eaux sont, dit-on, un puissant agent thérapeutique. Pline et Ptoiémée vantent leurs vertus curatives.

DIGNE (Nicolas), poète français. V. Le Digne.

DIGNEMENT adv, (di-gne-man ; gn mil.rad. digne). D’une manière digne, en proportion exacte avec le mérite : Récompenser dignement. Remercier dignement. Traiter dignement.

Puisse le juste ciel dignement te payer !

Racine. Il En termes convenables, dignes du sujet : Toute philosophie ne parle pas dignement de Dieu, de sa puissance. (La Bruy.) Il D’une façon convenable et proportionnée aux exigences des circonstances : S’acquitter dignement de son emploi. Faire dignement les honneurs de sa maison. Se comporter dignement.

J’ai su plus dignement employer ce loisir.

Racine.

Un cœur qui fut toujours fort dans l’adversité

Sait user dignement de sa prospérité.

Morand.

Il D’une façon conforme à ce qu’exigent certains précédents : Achever dignement une journée bien commencée.

Allons ! que ce beau jour, levé sur une fête, Dans un joyeux banquet finisse dignement.

A. de Musset.

— Rem. Cet adverbe ne peut se joindre qu’aux verbes pris en bonne part ; on ne doit pas dire : Il a été puni dignement, mais II a été puni comme il le méritait.

— Antonyme. Indignement,

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DIGNIFIÉ, ÉE (di-gni-fl-é ; gn mil.) part, passé du v. Dignifier : Une personne injustement DIGNIFIÉE.

DIGNIFIER v. a. ou tr. (di-gni-fi-é ; an mil.

— du lat. dignus, dfgne ; facere, faire). Elever en dignité : On vient donc de vous dignifier ? h Peu usité.

— Donner de la dignité à : Croyez-vous pouvoir, comme si te scrutin était entier, laisser au peuple lui-même le soin de dignifier ses comices, et de donner une fois de plus au monde ce grand exemple de calme et de majesté dans un acte solennel de sa vie ? (Ch. Rolland.)

DIGNITAIRE s. m. (di-gni-tè-re ; gn mil.

— rad. dignité). Homme revêtu de quelque dignité : Les dignitaires de l’État. Les grands dignitaires de la cour. Les grands dignitaires de la maison du roi. On amenait une haquenéc bien dressée, un dignitaire de l’empire approchait un escabeau, un autre tenait l’étrier, on soulevait le tzar, et tout se passait gravement et lentement. (Mérimée.) Les gaspillages de la cour, tes gros gages des dignitaires, les bénéfices ecclésiastiques épuisaient l’Espagne. (V. Hugo.)

— Hist. Grands dignitaires de l’Empire, Til’architrésorier, le connétable et le grand amiral.

DIGNITÉ s. f. (di-gni-té ; gn mil. — rad. digne). Majesté, noblesse, grandeur imposante et qui inspire le respect : La dignité du trône. La dignité du magistrat. Manquer de dignité. 5e comporter avec dignité. Montrer beaucoup de dignité. Toute notre dignité consiste dans la pensée. (Pasc.) La dignité des femmes est dans la modestie. (J. — J. Rouss.)

Une gaieté douce tempérait en Fénelon la dignité de son ministère. (La Harpe.) La dignité de la nation anglaise plane au-dessus de tous tes emplois et de tous tes titres. (Mme de Staûl.) Les partisans de l’arbitraire nomment opinions antisociales celles qui tendent à relever la dignité des nations. (Mme de Statil.) Il y a cattse de mort dans tout ce qui blesse la dignité de l’homme. (Chateaub.) Sans dignité, je ne comprends pas la vie. (Chateaub.) La dignité est un sentiment d’honneur et de devoir. (De Fiquelmont.) La dignité de la nature humaine se fonde tout entière sur la liberté morale. (Ancillon.) La vieillesse a moins de dignité chez les femmes que chez les hommes. (M™e Necker.) La régularité des mœurs fait toute la dignité des femmes. (Mm« de Rémusat.) Le plus sûr moyen de relever la dignité de l’homme, éesl de le mettre à l’abri du besoin. (A. Blanqui.) La liberté est l’expression de la dignité humaine et de la justice sociale. (F. Pillon.) L’indépendance seule conserve à l’homme sa dignité. (Custine.) Avant de le nourrir, le travail apaise l’homme et l’élève en lui révélant sa propre dignité. (Parisot.) Le despotisme n’est qu’un abus, le mépris de la dignité humaine et l’oubli de l’équité naturelle. (Laténa.) Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. (Laténa.) £a religion tend à l’avilissement de la dignité humaine. (Proudh.) La pudeur est une forme de la dignité personnelle. (Proudh.) Nous avons une foi entière dans l’impérissable dignité de l’homme. (Pevrat.)

Ma vie est en vos mains, mais non ma diijnité.

Corneille. Il Noblesse et gravité dans l’aspect, dans le maintien ou dans les manières ; Un air de dignité. Un maintien plein de dignité.

Un air de dignité, qui ne trompe jamais,

Décile la naissance et se peint dans les traits.

Riciibr.

— En mauvaise part, Solennité, gravité ridicule dans le ton ou dans les manières : Un petit air de dignité gui déplaît. Embrasser ses enfants avec beaucoup de dignité. Saluer ses égaux avec une dignité plaine de morgue. Une erreur que j’ai déjà combattue, mais qui ne sortira jamais des petits esprits, c’est d affecter toujours la dignité magistrale. (J.-J. Rouss.) Cette folle préoccupation de dignité crispe les plus charmants visages, raidit les tailles les plus déliées. (Mmo E. de Gir.)

On s’enferme avec art dans un noble silence ; La dignité souvent masque l’insuffisance.

Voltaire.

— Par anal. Noblesse d’une matière, d’un sujet : Comprendre la dignité du sujet que l’on traite. Conformer son style à la dignité de la matière.

— Hautes fonctions, charge ou titre éminent : La dignité royale. La dignité souveraine. La dignité suprême. Être élevé en dignité. Être élevé à la dignité de sénateur, d’officier de la Légion d’honneur. Aspirer à ta dignité épiscopale. Rester au-dessous de sa dignité. Renoncer à toutes les dignités. On accuse souvent la dignité, lorsqu’on ne devrait accuser que la personne. (D’Aguess.) Il y a, pour arriver aux dignités, ce qu’on appelle la grande voie ou le chemin battu ; il y a le chemin détourné ou de traverse, qui est le plus court. (La Bruy.) Les dignités ne sont que quelques syllabes de plus pour une épitaphe. (Clément XIV.) Les plus hautes dignités ne sont que de beaux piédestaux où l’on ne doit paraître que fort petit quand on n’y brille pas de sa propre vertu. (Brueys.) Les dignités sont comme les rochers escarpés : les aigles ou

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les reptiles peuvent seuls y parvenir. (M™e Necker.)

De votre dignité soutenez mieuï l’éclat.

Boileau. Jamais un souverain ne doit compte à personne Des dignités qu’il fait et des grandeurs qu’il donne.

Corneille. Toutes les dignités que tu m’as demandées, e te les ai sur l’heure et sans peine accordées.

Corneille. Dans le siècle où nous sommes,

La moindre dignité change le cœur des hommes.

Étienne.

— Relig. Haute fonction exercée par un membre de chapitre ecclésiastique, comme celles d’archidiacre, de prévôt, de grand chantre, etc. Il Officier qui exerce quelqu’une de ces hautes fonctions : Toutes les dignités donnèrent leur démission. || N’est usité qu’au pluriel dans ce dernier sens.

— Hist. Grandes dignités de l’Empire, fonctions exercées par les six grands dignitaires de l’Empire, sous Napoléon Ier. V. dignitaire.

— Astrol. Situation d’une planète dans le signe où elle a sa principale influence.

— Syti. Dignité, gravité, majesté. La dignité est la gravité considérée par rapport à la fonction, au rang qu’on occupe ; c est le sentiment profond des convenances de son état, et le soin avec lequel on évite tout ce oui pourrait affaiblir le respect auquel on a droit. La gravité est relative au caractère ; elle suppose le goût des choses sérieuses et l’habitude d’écarter tout ce qui est frivole ou trop familier. Majesté suppose quelque chose de grand par soi-même ou par l’opinion, qui frappe les 3reux, qui éblouit, qui impose le respect.

— Antonymes. Indignité. — Platitude, trivialité, vulgarité.

— Encycl. Hist. En France, les dignités procédaient de trois sources différentes, savoir ; des offices qui avaient quelque part dans l’exercice de la puissance publique ; des ordres qui conféraient quelque titre honorable, et enfin des seigneuries. Cotte troisième sorte de dignité s’acquérait par la possession des fiefs.

On distinguait autrefois les dignités ecclésiastiques et les dignités temporelles.

Les dignités ecclésiastiques étaient celles du pape, des cardinaux, des archevêques, des évêques, des abbés, des doyens, des prévôts, des chantres, des archidiacres, etc.

La dignité, que l’on distinguait du personnat et de l’office, était une place à laquelle étaient attachés honneur et juridiction ; le personnat, une place honorable sans juridiction ; l’office, une fonction qui n’avait ni prééminence ni juridiction.

Les dignités temporelles procédaient ou de l’épée, ou de la robe, ou des fiefs ; les premières appartenaient au roi ou à l’empereur, aux princes, aux chevaliers, etc.

Les dignités de la robe étaient celles de chancelier d’État, de président, de conseiller de cour souveraine, etc.

Celles qui procédaient des fiefs constituaient les qualités de duc, de marquis, de comte, de baron, de simple seigneur.

Les fiefs qu’on appelait fiefs de dignité étaient ceux auxquels il y avait quelque titre d’honneur attaché, tels que les principautés, les duchés, les marquisats, les comtés, les vicomtes, les baronnies.

Dignités héréditaires. L’institution des dignités héréditaires en France a commencé presque en même temps que la royauté.

Comme ces dignités émanaient de la royauté, plusieurs y sont retournées, par voie de réversion et de réunion.

Mais il en resta encore un grand nombre qui furent toujours héréditaires et inséparables des grands fiefs auxquelles elles étaient attachées.

En Allemagne, les principales charges ou dignités de l’empire furent longtemps possédées par les princes électeurs, qui avaient le droit d’élire eux-mêmes les empereurs et do les choisir parmi eux.

En France, ces charges et dignités étaient considérables, et les premiers princes du sang se sont toujours montrés jaloux d’en être revêtus. La Roque, dans son Traité de la noblesse, p. 119 et 120, dit à propos des dignités : « Les fonctions des pairs, consistaient principalement dans l’investiture qu’ils donnaient au roi de !a royauté, dans 1 habillement des ornements royaux à son sacre et à son couronnement, à juger avec lui les différends qui pouvaient surgir entre leurs vassaux. • En outre, quand ils siégeaient avec le parlement, ils composaient la cour des pairs. Ces dignités étaient ce qu’on appelait alors réelles. Le roi pouvait bien faire des ducs par brevet, mais il ne pouvait faire des pairies que par lettres d’érection : la dignité de pair était donc attachée aux pairies. Ces pairies passèrent même aux femmes, et l’on voit par plusieurs décisions que les femmes, quoique naturellement exclues des offices, ont néanmoins été jugées capables de pairie et en ont conservé le rang ; ainsi, en 1141, on a eu une duchesse d’Aquitaine ; en 1150, une comtesse de Toulouse ; en 1210, une duchesse de Bourgogne et une comtesse de Flandre. En 1299 et en 1313, il fut rendu deux arrêts, confirmés par Philippe de

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Valois, accordant la pairie à une Jeanne de France, duchesse de Bourgogne et comtesse d’Artois, On trouve encore que les érections de Blois, de Dunois, de Soissons, de Vertus et de Coucy furent faites pour Valentinede Milan, duchesse d’Orléans, en 1405.

Les titres de marquisat, comté et baronnie, que portaient plusieurs autres terres après les pairies, dénotaient bien aussi la dignité et le rang qui y étaient attachés et qui demandaient nécessairement dans le possesseur une naissance noble de sang ou, à son défaut, d’autres qualités éminentes, qui le rendissent capable de les posséder valablement.

Toutefois, plusieurs de ces terres titrées furent décorées d’une double dignité, par charge ou office d’honneur et d’ancienne institution, dont l’exercice et les fonctions s’étendaient ou à l’administration de la justice, ou au service militaire, ou bien encore à celui de la couronne. Ces doubles dignités étaient tellement attachées à ces seigneuries qu’elles en faisaient partie réelle, inséparable, essentielle, ce qui ressort des actes de foi et hommage, aveux et dénombrements par lesquels ces doubles dignités se transmettaient conjointement en pleine propriété perpétuelle et héréditaire, par successionet par vente. D’anciens titres manuscrits, conservés à la Bibliothèque impériale et aux Archives, nous montrent qu’il y avait autrefois un office de grand sénéchal de France dont la dignité était annexée à la maison d’Anjou ; qu’un comte de Charny se disait sénéchal héréditaire de Bourgogne ; qu’un Guillaume de Vergy a exercé pareillement en hérédité l’office de maréchal, et qu’un baron de Thil fut fait connétable héréditaire de Bourgogne.

Le Hainaut eut pendant longtemps les seigneurs de Verchin pour sénéchaux héréditaires ; ce fut plus tard un bailliage possédé par le prince duc d’Arenberg, et l’ancien armoriai général de cette province, dressé sous Philippe V, y marque encore huit grands offices héréditaires attachés à des seigneuries. Le Brabant a eu aussi quatre offices héréditaires, possédés par le baron de Rocheclair, sénéchal ; le baron d’Arschot, chambellan ; le marquis de Berg, grand veneur, et les barons de Westmale de Louvain, maréchaux. Dans l’apologie de la maison d’Orange, en 1581, on voit un prince d’Espinoy se donner le titre de sénéchal perpétuel de la province d’Artois. La Roque nous dit, p. 60, qu’un sire de Joinville fut fait sénéchal héréditaire de la province de Champagne.

En Dauphiné, le baron de Clermont s’intitulait connétable héréditaire de cette province ; en Poitou, un vicomte d’Aunay se disait sénéchal héréditaire ; en Navarre, un marquis de Cortais fut fait connétable héréditaire. Le châtelain de Tonnay-Charente était chambellan héréditaire de Saintonge. La Bretagne a eu pour amiral héréditaire lo vicomte du Fou en 1200 ; pour grand écuyer héréditaire, le seigneur de Blazac : et un vicomte de Resey prit la même qualité dans le procès-verbal de réformation de la coutume, en 1580.

En Languedoc, un baron de Mirepoix, de la maison de Lévî, était maréchal héréditaire de Foix, par titres très-anciens de sa famille.

Dans le Laonnais, on trouve, comme officiers héréditaires, un Lancelot de Bossu, maréchal ; un seigneur de Lierval, vidame, et un seigneur de Bligny, prévôt.

Dans le Nivernais, le baron de La Ferté-Chauderon était maréchal héréditaire, et le gouvernement de la Franche-Comté était considéré comme héréditaire dans la maison de Châlons.

Plusieurs seigneuries particulières et titrées ont eu aussi leurs officiers féodaux, perpétuels et héréditaires. Ainsi, le fief de la connétablie de Château-Gontier fut adjugé, par arrêt du parlement du 13 septembre 1578, àMathurin de La Roussardière, à cause de la seigneurie de la Randière, à laquelle cet office avait été héréditairement annexé comme fief.

On pourrait rapporter encore plusieurs autres exemples, pris dans les diverses provinces do la France et à l’étranger, qui montreraient que les dignités de connétable, de chambellan, de maréchal, d’écuyer, de sénéchal, etc., étaient héréditaires et dépendantes des plus considérables fiefs et remplies par les personnages les plus illustres par leur naissance.

V. PRÉSÉANCE.

— Philos, mor. Ou principe de dignité. Une grande école philosophique, l’école criticiste, fait reposer la morale sur le respect de la personne humaine, sur ce qu’on a appelé récemment le principe de dignité. Kant a donné à la loi morale cette formule, très-souvent citée : Agis de telle sorte que ta maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en loi universelle. Cette formule exprime d’une manière remarquable le triple caractère impératif, absolu et universel de l’obligation, du devoir. En séparant ce que liant appelle l’impératif catégorique des impératifs hypothétiques, elle sépare nettement la morale de l’hygiène, de la politique, de l’économie politique. Elle sert à reconnaître la présence d’un devoir ; mais, pour l’appliquer, il faut chercher de nouvelles lumières qu’elle ne saurait donner. En vertu de quoi, peut-on