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das ae nom d’Astérie, et tu ne portais point encore celui de Délos. Souvent les matelots qui, du port de Trézène, s’embarquaient pour Kphyre, t’aperçurent dans le golfe Saronique et ne te virent plus au retour ; déjà, dans ta course légère, tu avais atteint le rapide détroit de PEuripe qui roule des flots mugissants. Le même jour, dédaignant la . mer de CJialcis, tu t’étais avancée jusqu’aux rochers de Sunium, jusqu’à Chio, ou jusqu’aux bords de l’humide Parthénie, qui depuis fut nommée Samos. C’est là que les nymphes de Mycale, voisines du royaume d’Ancee, te donnèrent l’hospitalité. Mais quand ton île fut devenue le berceau d’Apollon, les nochers l’appelèrent du nom de Délos, parce quetu cessas d’errer et de disparaître a leurs yeux, et que tu fus fixée au milieu des flots égéens. » C’est-à-dire que l’île errante demeura stable, apparente, visible, car dêlos en grec signifie apparent, visible.

Nous ne pouvons nous contenter de l’explication de Callimaque qui est basée tout entière sur le mythe de Latone. Ce qui est vraisemblable, c’est que la qualification de dèlios, appliquée d’abord à Apollon, a seule donné lieu à la fable qui fait naître ce dieu dans une île du nom de Délos.

Suivant la tradition primitive de Délos même, les rites de cette île célèbre proviennent des rites hyperboréens. Des prè—’ tresses hyperboréennes sont arrivées à Délos en même temps que les deux enfants de Latone, et Latone-eïle-même est issue de la terre des Hyperboréens. Les anciens Grecs’ paraissent désigner par ce nom d’Hyperboreens à la fois les Gaulois d’Occident et ceux. d Orient, les Gaëls et les Kymris. Ils prétendent avoir reçu d’eux leur dieu solaire, Apollon, dont le nom est resté jusqu’ici inexpliqué. Leurs plus anciens historiens disent avoir appris a qu’Apollon estisouverainement honoré par les habitants d’une grande île située en face de la Gaule, au nord, dans 1 Océan, île habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu’ils sont au delà du vent du nord. Ce dieu y possède une forêt et un temple magnifique, de forme circufaire. La ville voisine est consacrée aussi à ce dieu, et la plupart des habitants sont des musiciens qui jouent de la harpe dans son temple et chantent des hymnes à sa gloire. Les bardes ifioreadai) ont le gouvernement de la cité et la garde du temple. » C’est Diodore de Sicile, contemporain de César et d Auguste, qui nous fait ce récit d’après Héçatée et d’autres anciens. La divinité gauloise, dans laquelle les Grecs ont reconnu de loin leur Apollon, est sans doute Bel— Heol, le dieu-soleil des Gaels et des Kymris. C’est Belen, guerrier aux cheveux d’or, le brillant Heol aux rayons de flamme, le roi du soleil qui réchauffe le cœur des braves, qui fait croître le blé, la vigne et les plantes salutaires au cœur de l’homme affaibli par la souffrance. Selon quelques-uns, le Bel ou Belen gaulois correspond.au Bel ou Baal chaldéen ou phénicien ; d’autres le rattachent au même radical que le latin bellum, guerre, Bellona, Bellone, la déesse de la guerre et le cymrique bel, beli, guerre, ravage, bêla, combattre, belu, ravager, dévaster, irlandais bal, combat, et, comparant le cymrique bala, peste, le gothique baheius, tourment, anglo-saxon batem, halo, destruction, ruine, mal, Scandinave bolo, bol, calamité, ancien allemand palo peste, ruine, 1 ancien slave boli, malade, bolesti, maladie et le persan bald, violence, mal, ils le ramènent a la racine sanscrite bhai ou bhall, frapper, tuer. Quant à Heol, c’est exactement fo latin sol, et le grec hêlios, soleil (v. soleil). Le Bel-Heol des Gaulois est donc une sorte de Mars Apollon. Les guerriers, en effet, l’invoquent en allant à la bataille. La plupart des dolmens et des alignements sont orientés vers l’orient où se lève le soleil, et le 1er mai des feux sont allumés de montagne en montagne dans toute l’étendue des Gaules, célébrant le triomphe annuel du radieux Bel sur le sombre hiver, « le père feu allumé au mois de mai sur la montagne de la guerre, » dit le curieux chant des Séries. C’est de là que nous est venue la vieille coutume des feux de la Saint-Jean. On a cru retrouver le temple dont parie Diodore de Sicile, d’après les vieilles traditions grecques, dans le monument de Stone-Heuge, non loin de Salisbury (Angleterre). Il se composait, quand il était intact, de trois cercles concentriques, dont la troisième, à ce qu’on croit, était inscrit dans une enceinte décagonale. Le tout était entouré d’un immense fossé circulaire. On y célébrait de grandes fêtes druidiques au 1 « mai et aux équinoxes. L’Apollon des Grecs viendrait donc du Bel-Heol des— Gaulois. Il est possible que les Doriens aient reçu ce dieu de nos ancêtres durant quelque voisinage primordial aux bords du Pdnt-Euxin, alors que les Kymris s’étaient arrêtés sur ces parages dans leur migration des plaines de rAsie centrale vers les pays de l’Occident. Les femmes chantaient à Délos, en mémoire des antiques voyageuses hyperboréennes arrivées avec les enfants de Latone, un hymne attribué à Olen de Lycie, poète antérieur à Homère et à Orphée même. Le voyage mythologique de l’Hyperboréen Abaris en Grèce se rattache aux mêmes légendes. Abaris semble signifier, en celtique, le voyageur : comparez le cymrique aberes, voyage, abred, migration.

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La plupart des termes créés au moment de 1 épanouissement de la poésie primitive étaient basés sur des métaphores hardies. Ces métaphores ayant été oubliées, et la signification des racines s’étant obscurcie et altérée, beaucoup de mots perdirent, non-seulement leur sens poétique, mais encore leur sens radical, et, après que la véritable signification étymologique d’un mot eut été oubliée, il arriva souvent que, par une sorte d instinct étymologique, qui existe même dans les langues modernes, un sens nouveau s’y attacha. C’est ainsi que de dêlios, le brillant, epuhète qui servait a désigner Apollon, vint le mythe de la naissance de ce dieu à Délos.

Les Grecs modernes appellent aujourd’hui Delos Sdili, en dialecte dorique Sdilo.

DÉLOSTOME s. m. (dé-Io-sto-me — du gr. délos, apparent ; stôma, bouche). Bot. Genre d’arbres, de la famille des bignoniacees, tribu des bignoniées, comprenant trois espèces, qui croissent au Pérou.

DÉLOSTVLE s. m. (dé-lo-sti-le — du gr. dêlos, apparent ; stulos, colonne, style). Bot. Syn. de trille, genre de liliacées. Il On dit

aussi DÉLOSTYLIS et DÉLOSTYLIDE S. f.

DÉLÔT s. m. (dé-lô — rad. dé). Mar. Garniture de cuir dont les calfats s enveloppent le petit doigt pour travailler.

— Techn. Doigtier de cuir dont se servent quelques couturières.

DÉLOVÉ, ÉE (dé-Io-vé) part, passé du v. Delover. Déroulé : Câble délov£ Cordaqes.

DELOVES.

DÉLOVER v. a. ou tr. (dé-lo-vé — du privât, , et de lover). Mar. Dérouler, en pariant d’un câble qui était lové ou plié en cercle : Délover un cordage.

Se délover v. pr. Être délové, se dérouler : Le câble s’est delové.

DELOY (Michel), jurisconsulte français, ne à Caen en 1625, mort à Paris en 1710. ïl est 1 auteur d’un ouvrage latin sur le droit, intitulé ; De paetuum et contractuurn idea méthodica, et d’un éloge de Pierre Halley, également écrit en latin. C’était un des plus savants docteurs en droit de son temps,

DELOY (Jean-Baptiste-Aimé), écrivain et poète français, né à Plancher-Bas, près de Lure (Haute-Saône) en 1798, mort à Saint-Étienne en 1834. Son père, honnête fabricant de papier à Plancher-Bas, n’épargna rien pour lui faire donner une éducation solide et brillante. MM. de La Boissière et Genisset, alors professeurs à Besançon, avaient fait du lycée de cette ville une des meilleures écoles de France. C’est là que fut envoyé le jeune Deioy, et sous de tels maîtres il fit de rapides progrès. Ses humanités achevées, « plein de ■grec et de latin, d’Horace et de Phiiétas, si Philétas il y a, » comme dit M. Sainte-Beuve, il se rendit à Strasbourg pour se livrer à l’étude de la jurisprudence. De Strasbourg il passa à Toulouse, et là, après de brillants examens, il obtint le grade de docteur en droit. Ces succès précoces (il n’avait que vingt-deux ans) l’amenèrent à Paris, où alors, comme aujourd’hui, tout talent devait recevoir sa consécration. Les dépenses folles auxquelles il se livra dans cette capitale le forcèrent bientôt à s’en éloigner, et, son humeur aventureuse le poussant à des voyages lointains, il partit un jour pour le Brésil (1822). Dom Pedro, alors gouverneur de cette contrée, et oui devait en devenir empereur bientôt après, 1 accueillit avec bienveillance et lui confia la rédaction de ses projets libéraux. Deloy dirigea, mais pendant quelques mois seulement, 1 Estrella Brasileira, journal officiel de l’empire brésilien. Si l’on en croit ses amis, il serait l’auteur de la constitution que dom Pedro, en montant sur le trône de Jean VI, octroya à ses sujets. Devenu confident de l’empereur, qui le créa commandeur de l’ordre du Christ et le fit gentilhomme de la chambre, bien vu surtout de l’impératrice, qui lui récitait les vers composés par lui, sous les bananiers de Rio-Janeiro, son séjour dans le Brésil semble marquer l’époque la plus heureuse de sa vie, et en même temps la période la plus brillante de son talent poétique. Malheureusement Deloy dut fuir bientôt devant la réaction populaire qui se préparait contre tous les Européens, et surtout contre les Français, dont 1 empereur s’était enlouré. Il revint en France, séjourna quelque temps à Paris, et la fièvre des voyages l’ayant bientôt repris, il promena tour à tour en Belgique, en Angleterre, en Suisse, en Hollande, une existence inquiète et malheureuse. C’est alors que commence pour lui cette vie que M. Sainte-Beuve a appelée une longue école buissonnière. Regardant la vie comme un pèlerinage « partout où il sentait un poète, il y allait ; partout où il trouvait un Mécène, il y séjournait. » Il voyageait presque toujours à pied et dans un dénûment absolu, se faisant héberger dans chaque ville par le plus lettré et souvent par 1 unique lettré de 1 endroit, payant son gîte d’une chanson ou d’une séance à l’Athéaée, s il y avait un Athénée. Cette existence de « troubadour décousu » ne semble pas lui avoir pesé ; il l’avait choisie ; nul ne la lui avait imposée, d’où l’on peut conclure qu’elle lui était naturelle et qu aucune autre n’aurait pu lui convenir au même degré ; il est regrettable, cependant, que le poète n’ait pas compris que sa dignité d homme en souffrait. Certes, des amis ne lui manquèrent pas, qui

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auraient voulu fixer sa capricieuse imagination et son humeur voyageuse à des occupations plus sérieuses et plus honorables ; mais, quand ils croyaient le bien tenir, il était déjà loin, sous prétexte qu’il était de ces oiseaux qui ne chantent pas en cage ; et pour le chercher, il eût fallu courir soit en Portugal, où il alla défendre un instant la cause de tiona Maria, par reconnaissance pour dom Pedro, son bienfaiteur, soit partout ailleurs, car il serait difficile de le suivre dans toutes ses excursions, dont personne n’avait connaissance et dont lui-même perdait le souvenir. En 1826, il parut néanmoins s’attacher fortement à l’idée d’une Académie provinciale, qu’il fonda à Lyon, de concert avec quelques jeunes littérateurs, dans un but de décentralisation bien prononcé. Chateaubriand et Lamartine applaudirent chaleureusement à cette protestation de la province contre la centralisation de Paris. L’Académie provinciale avait un organe, l’Indépendant, et Deloy en fut fait rédacteur en chef ; de plus, elle devait publier tous les mois un volume de vers ou de prose ; et le premier ouvrage, le seul qu’elle donna, ce furent les Préludes poétiques, par M. Deloy (Lyon, 1827, in-8 » ), précédés d’une introduction par M. Charles Durand, secrétaire de la société. « Les Préludes, dit M. Sainte-Beuve, n’attirèrent que très-peu l’attention et ne pouvaient la fixer. » Us ne manquent pas cependant d’une certaine verve et d’un certain rhythme lamartinien. Les Six nouvelles pièces que Deloy publia en 1830, à Besançon, ont plus de vie et de grâce. Le projet d’Académie n’ayant pas réussi, Deloy quitta Lyon, recommença sa vie d’aventures et de voyages, ne s’arrêtant dans quelques villes que pour y fonder ou y soutenir un journal, qu’il abandonnait dès que ses articles lui avaient donné de quoi continuer sa route. C’est ainsi qu’il collabora, en passant, à plusieurs feuilles politiques de Hollande, à la Gazette de Franche-Comté, et enfin au Mercure Ségusien, journal de Saint-Étienne. Ses amis ont réunt, après sa mort, toutes ses poésies posthumes en un volume qu’ils ont intitulé : Feuilles aux vents (Lyon, 1840, in-8o), et qui constitue l’héritage des deux filles du poète, car Deloy s’était marié dès l’âge de vingt et un ans ; et si nous avons oublié de le dire jusqu’ici, c’est que lui-même semble ne s’en être souvenu que très-rarement. Le meilleur jugement qu’on ait porté sur Deloy a été formulé par M. Sainte-Beuve ; voici en quels termes : à II a plus de sensibilité que de style, il est de cette première génération de poètes modernes qui n’a pas dépassé la première manière de Lamartine, et sa plus grande gloire, il l’a certainement atteinte le jour où une pièce de vers, signée de ses initiales A. de Ln, put être attribuée par quelques-uns à l’illustre poète. Il y a dans ses vers, souvent redondants, faibles de pensée, vulgaires d’éloges, je ne sais quoi de limpide, de naturel et de captivant à l’oreille et au cœur qui fait comprendre qu’on l’ait aimé. »

DÉLOYAL, ALE adi. (dé-loi-ial, a-ledu privât, , et de loyal). Qui n’a pas de loyauté : Ami déloyal. Il faut être bien déloyal pour tromper son ami, son bienfaiteur. (Acad.} 0"i est déloyal envers la vérité l’est aussi envers le mensonge. (Montaigne.) Le cardinal César Borgia fut l’homme le plus déloyal de son siècle. (L-J. Larcher.) Un ami déloyal peut trahir ton dessein.

Corneille.

Il Qui annonce la déloyauté, le manque de bonne foi ; Conduite déloyale. Procédé déloyal.

Je m’appelle Lojal, natif de Normandie, Et suis huissier a verge en dépit de l’envie.

— Ce monsieur Loyal porte un air bien déloyal.

Mouère.

— Substantiv. Personne déloyale : Voyons, parlez, parlez, j’écoute : apprenez-nous comment vous n’êtes pas un déloyal, et gui pis est, un maladroit. (Al. Dum.)

— Syn. Déloyal, iufldèle, porOde, (rat)re.

Déloyal exprime un défaut de générosité ou de reconnaissance, une infidélité qui a quelque chose de lâche. Infidèle marque l’inconstance, je changement. La perfidie a quelque chose d’odieux ; c’est une infidélité couverte, dissimulée, et qui peut entraîner la perte des autres. Enfin le traître est celui qui commet une perfidie à l’égard de ses associés, qui les livre à leurs ennemis, qui cause leur perte, souvent en tirant de sa mauvaise action un parti avantageux pour lui-même.

DÉLOYALE s. f. (dé-ïo-ia-le — du gr. dêlos, apparent ; ualos, verre, par allusion aux élytres vitreux). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de là famille des cycliques, voisin des cassides, et comprenant une soixantaine d’espèces, toutes étrangères à l’Europe. On l’appelle aussi aspidomorphe.

— Rem. Ce mot est mal formé ; il faudrait écrire délhyale, parce que le grec ualos a l’esprit rude sur 1 u, et que l’o disparaît’en composition devant les voyelles.

DÉLOYALEMENT adv. (dé-loi-ia-le-man

— rad. déloyal). D’une façon déloyale : Il en a usé le plus deloyalement dumonde. (Acad.)

DÉLOYAUTÉ s. f. (dé-loi-iô-té — du privât. , et de loyauté). Manque de loyauté de foi : Insigne déloyauté. Acte de déloyauté.

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(Acad.) La déloyauté est un mce qu’on ne saurait trop attaquer, parce qu’il sape la civilisation à sa base. (Saint-Prosper.) Il Acte déloyal : Commettre une déloyauté.

DELPECH (Jacques-Matthieu), chirurgien français, né à Toulouse en 1777, mort en 1832. Il était fils d’un correcteur d’imprimerie très-distingué et sans fortune, qui comptait d’illustres amitiés, entre autres celle de Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse^ plus tard ministre de Louis XVI. L’archevêque, qui affectionnait le jeune enfant, lui fit donner des leçons de chant et engagea . son père à le faire entrer dans les ordres. Mais un événement particulier en décida autrement. Le père de Delpech était affecté d’une maladie grave de la jambe qui rendait nécessaire la visite journalière do Larrey, oncle du célèbre chirurgien du premier Empire. Retenu chez lui pendant quelques jours par une indisposition, Larrey fut surpris, en revoyant son malade, de trouver le pansement parfaitement exécuté. C’était le jeune Delpech qui, observant attentivement le chirurgien, avait fait le pansement pendant son absence.

À partir de ce jour sa voie était tracée. Larrey se rendit chez l’archevêque pour s’entendre avec lui sur le sort de l’enfant. Le jeune Delpech se prononça pour Larrey, qui, dès lors, le fixa près de l’hôpital de La Grave à Toulouse. Il n avait alors que douze ans. Deux ans après, il remportait un prix à l’ancienne École de chirurgie de Toulouse, et faisait des cours publics d’anatomie.

À la fin de 1793, la France étant menacée de toutes parts, Delpech se rendit à l’armée des-Pyrénées-Orientales sous les ordres d’Augereau, qui le mit à la disposition de Ribes. Après un séjour de cinq années sur les frontièresde France et d’Espagne, Delpech fut pris d’une fièvre grave, et dut alors renoncer à la chirurgie militaire, à l’âge de vingt et un ans.

Revenu-à la santé, il fut attaché à l’hôpital Saint-Jacques de Toulouse. Deux ans plus tard, il subissait à Montpellier, le 9 thermidor an IX (1801), sa thèse inaugurale : Sur la possibilité et le degré d’ulilite de la symphyséotomie. Il exerça alors, avec de grands succès, la médecine à Toulouse. La fortune lui souriait, mais il rêvait d’autres honneurs et un plus vaste théâtre. Il laissa sa vieillo mère dans le Midi, lui remit soixante mille francs, amassés en trois ans, et vint à Paris où il se présenta chez Boyer. Ce grand chirurgien apprécia vite le jeune Toulousain et le fit attacher à la maison civile de l’empereur, aux appointements de six mille francs. En 1812, la chaire de clinique chirurgicale à la Faculté de Montpellier se trouvant vacante, Delpech l’obtint a la suite d’un brillant concours (27 septembre).

Delpech était né professeur, À Toulouse, à Montpellier, comme à Paris, il fit des cours publics qui eurent le plus grand succès. C’était le temps des grands maîtres, des Dupuytren, des Boyer, des Corvisart, des Marjolin, etc. La diction de Delpech était claire, sa parole entraînante, imagée, abondante et brillante, sa main d une adresse remarquable dans l’art d’opérer.

La réputation de Delpech s’était étendue au loin, et sa rare activité lui permettait de suffire atout. Très-recherché comme chirurgien, il ne l’était pas moins comme homme du monde, Bien que la fortune lui ait souri, Delpech n’a laissé à ses quatre enfants qu’un nom illustre : sa bourse était ouverte à toutes les infortunes.

Il avait fondé aux portes de Montpellier, pour le traitement des difformités, une maison de santé qui acquit en peu de temps une haute réputation. C’est là qu’il pratiquait avec succès les sections des tendons qui entretenaient ou occasionnaient ces difformités. Il s’y rendait un jour, en voiture, avec son domestique, lorsqu’une double détonation les renversa tous deux sans vie. L’assassin se donna immédiatement la mort. On n’a jamais su le motif réel de cet assassinat. Le meurtrier, Demptos, avait été jadis soigné par Delpech ; il venait de se voir refuser la main d’une jeune fille qu’il recherchait en mariage. On a supposé qu’il y avait peut-être un acte de vengeance de la part de ce misérable, qui aurait cru avoir été desservi par Delpech auprès de la famille à laquelle il voulait s’unir. Ce savant chirurgien a publié de nombreux travaux parmi lesquels nous citerons : Traité des maladies réputées chirurgicales (1810, 3 vol.), ouvrage écrit un peu à la hâte et qui n’eut pas tout le succès sur lequel l’auteur comptait ; Mémoire sur la complication des plaies, connue sous le nom de pourriture d’hôpital (1815), dans lequel il démontre le danger de la présence de l’air, l’avantage de la réunion d’emblée des parties blessées et l’inutilité delà suppuration : Traité de l’arthomorphie (1828-1829, 2 vol.), avec un atlas in-fol. de 79 planches. C’est l’ouvrage le plus remarquable de Delpech ; il y démontre que la rétraction musculaire est 1 une des causes les plus puissantes des déviations du système osseux, d’où la nécessité des sections des tendons ; Chirurgie clinique de Montpellier (1823-1828, 2 vol. in-4o) t recueil d’observations et de mémoires d’un haut intérêt ; Étude sur le choléra-morbus en Angleterre (1S32) ; il se montra contagionniste, et cette opinion lui valut de grands désagréments de la part de Dupuytren et de l’administration. Outre ses