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DÉMO

tous les orateurs qui ont écrit ; mais ce n’est ni l’éloquence personnifiée, comme quelques-uns le prétendent, ni l’idéal de l’orateur.... On a comparé l’orateur politique à cet homme qu’une main irrésistible pousse en avant, qui marche sans cesse, qui ne peut s’arrêter, qui no peut que respirer, en passant, le parfum des fleurs. C est bien à Démosthène que s’applique cette image. Il s’abandonne quelquefois à des mouvements hardis, ou fait des peintures brillantes ; mais toujours et partout on sent que c’est une démonstration qu’il poursuit, et que ces peintures, que ces mouvements sont des arguments dans leur genre et concourent à la grande œuvre de la persuasion. Le style de Démosthène n’a pas

même, comme celui d’Eschine, ces ornements demi-poétiques qui.visent surtout à charmer. C’est par le tour, j>ar l’élan de la pensée, par le choix et la position des mots, qu’il se rapproche de la poésie ; l’on sent en lui quelque chose du maître qu’il s’était donné, de ce Thucydide à la puissante manière. Démosthène, c’est Thucydide devenu orateur politique, et avec les différences profondes de caractère, d’idées, et même de diction, que suppose ce passage des temples sereins de la sagesse au monde orageux des passions et des rivalités jalouses. •

— Iconogr. Les Athéniens élevèrent une statue de bronze à Démosthène, après sa mort ; elle fut exécutée par Polyeucte, la première année de la cxxve olympiade : elle représentait le grand "orateur avec 1 épéy au côté, parce que ce fut ainsi armé, dit 1 hotius, qu’il prononça son discours contre Antipater, lorsque ce prince demanda qu’on lui envoyât des ambassadeurs athéniens. Par la suite, les images de Démosthène se multiplièrent ; ses bustes étaient exposés dans une foule d’endroits, en public et chez les particuliers. Deux petits bustes de bronze, découverts à Herculanum, nous ont conservé les traits de cet homme illustre ; le plus petit de ces bustes porte le nom de Démosthène gravé sur le socle en lettres grecques. Ces deux têtes, qui ont de la barbe et dont l’expression est pleine de gravité et de noblesse, n’ont aucune ressemblance avec un buste sans barbe trouvé à Turragone, en Espagne, et publié parFulvio Orsini, comme étant le portrait do l’orateur. On a découvert depuis plusieurs statues dont les têtes ont plus ou moins de ressemblance avec les bustes d’Hereulanum, : une des plus remarquables se trouve en Angleterre ; elle.appartenait, à la fin du siècle dernier, au duc de Dorset ; elle est de marbre et représente Démosthène faisant une harangue ; il avance le bras et fait un geste oratoire. Il a raconté lui-même (In Timarch.) que de son temps les orateurs n’épargnaient pas les gestes, tandis que, précédemment, Périclès, Thémistocle, Aristide, par exemple, tenaient la main sous leurs vêtements en prononçant leurs discours. Le Louvre possède aussi une statue antique de Démosthène haranguant ; elle était autrefois à la villa Montalto et devint ensuite la propriété de Th. Jenkins, qui la céda au musée Pio-Clémentin, d’où elle est venue en France : le personnage est assis, les épaules couvertes d’un manteau, la poitrine et les bras nus, les deux mains tenant un volume. À la villa Montalto, cette statue n’avait pas de tète ; celle qui lui a été donnée est antique et convient bien au corps, suivant Visconti. Au musée du Vatican, se voit une statue de Démosthène qui était autrefois à la viila Aldobrandini et qui a appartenu ensuite au baron Camueeini : l’orateur est debout, le corps enveloppé d’un manteau roulé, les deux mains abaissées et tenant un volumen ; ces mains sont modernes ; l’attitude est excellente, mais la tête ne vaut pas celle de la statue du Louvre. Une statue de Démosthène, qui appartient au musée fie Mantoue, a le corps presque entièrement couvert du manteau, d où sort la main droite ; la tête est antique. Dans ces divers portraits, la lèvre de dessous est retirée en dedans, sans doute pour exprimer le bégayement, défaut que beaucoup d’auteurs anciens donnent à Démosthène.

Un petit monument des plus précieux, qui se trouvait en Angleterre, dans la collection du docteur Mead, à la fin du siècle dernier, et qui a été gravé dans l’édition de Winckelmann annotée par Carlo Fea {II, p. 00), c’est un bas-reiief de terre cuite, de 40 à 45 centimètres de hauteur, qui représente Démosthène sur te point de se donner la mort : l’orateur, à demi nu et la tête penchée, est assis sur une pierre cubique ; il tient de la main gauche, posée sur cette pierre, un écrit en torme de rouleau et il appuie la main droite sur son genou gauche ; il paraît enseveli dans une méditation profonde. La pierre porte cette inscription :

AHMOïeENIÏS

E11IBQMIOZ

Ce qui peut se traduire ainsi : « Démosthène assis sur l’autel. » Or, on sait que le grand citoyen, au moment de s’empoisonner, s’assit sur l’autel du temple de Neptune dans l’île de Calaurie.

Démosthène (LANTERNE DE). V. ATHENES et CHORA.GIQUE.

DÉMOSTHÈNE, médecin grec, né à Marseille au ier siècle de notre ère. Galien nous R transrais de lui quelque formules médicales ^ue C.-Gr. Kilhn a recueillies et publiées.

DEMO

DÉMOSTHÈNE DE B1THYNIE, historien grec qui vivait antérieurement à Polybe, à une époque incertaine. Il avait écrit un ouvrage sur la Bithynie, et un autre sur les fondations des vilfes.

DÉMOSTHÈNE PHILALÈTHE, médecin

grec du icr siècle de notre ère. Il avait eu pour maître Alexandre Philalèthe. Il a écrit, sur le pouls et sur les maladies des yeux, des ouvrages dont Aétius et Paul d’Egine nous ont conservé des fragments.

DÉMOSTHÉNIEN, IENNE adj. (dé-mo-sténiain, iè-ne). Qui appartient, qui est propre à Démosthène, à son style, à son éloquence : Il y a chez cet orateur quelque chose de démosthénien. il On dit aussi démosthénique.

DEMOTICA ou DEMOTICOS, ville de la Turquie d’Europe, dans la Roumélie, à 41 kilom. S.-O. d’Andrinople, sur la rive gauche de la Maritza {l’Hebrus des anciens), qui est navigable jusque-làpour de petits bâtiments ; 8,000 hab. Archevêché grec ; fabriques de tissus de soie et de laine. Château fort qui servit de résidence aux sultans avant la prise de Constantinople, et à Charles XII après la bataille de Pultawa.

DÉMOTIQUE adj. (dé-mo-ti-ke — du gr. démos, peuple). Qui concerne le peuple, qui est à son usage ; se dit particulièrement d’une écriture égyptienne cursive, qui était réservée aux usages généraux et populaires de la nation, par opposition à l’écriture hiératique, dont les prêtres seuls se servaient : Écriture dkmotique.

— s. m. Caractère, écriture démotique : Champollion regardait le démotique comme une dégénérescence de l’écriture hiératique.

— Encycl. D’après Champollion, le caractère démotique est une altération et une simplification cursive du caractère hiératique, qui lui-même abrège et altère les hiéroglyphes proprement dits. L’écriture démotique fut usitée pour les usages civils depuis le vue siècle avant notre ère, selon M. de Rougé. D’après Wilkinson, les plus anciennes’ inscriptions en ce caractère ne dateraient que de l’établissement des Ptolémées en Égypte. Les textes rédigés dans la langue vulgaire, fort différente de la langue sacrée et antique, s’écrivaient en caractère démotique. C’étaient néanmoins encore des gens d’une assez haute instruction que ceux qui pouvaient faire usage de l’écriture démotique. Cette écriture, qui se lit de droite à gauche, est la plus difficile à déchiffrer pour les savants modernes. Néanmoins M. Brugsch de Berlin en a rendu l’étude accessible dans son ensemble, en préparant une grammaire de la langue et de l’écriture vulgaires des anciens Égyptiens. Tandis que l’écriture hiéroglyphique employait à la fois les caractères figuratifs, symboliques et phonétiques, l’écriture démotique ne conserve presque plus que ces derniers. Un certain nombre de documents administratifs de l’époque des Ptolémées sont

écrits en langue démotique.

— Antonyme. Hiératique, hiéroglyphique. DEMOTZ DE LA SALLE, musicographe, né

à Rumiily (Savoie), mort à Paris en 1742. Il fut curé dans le diocèse de Genève. Il s’occupa beaucoup de musique religieuse, et fut amené à chercher une méthode nouvelle propre à en faciliter l’étude. Il exposa ses idées dans le Mercure, puis présenta à l’Académie des sciences (1726) son système, qui fut approuvé, et qui consistait a supprimer la portée et à employer un seul caractère de notes, dont la position horizontale, verticale ou inclinée indiquait la valeur du son. La méthode de l’abbé Deinotz n’était pas nouvelle ; elle avait été imaginée en 1GOI par Burmeister. Elle fut vivement attaquée, notamment par Brossard, chantre de Meaux, qui montra qu’elle était plus difficile à apprendre que l’ancienne. Les principaux

écrits de l’abbé Demotz sont : Méthode de plain-ckant selon un nouveau système (Paris, 1728) ; Méthode de musique selon un nouveau système (Paris, 1728, in-S°).

DÉMOUCHETÉ, ÉE (dé-mou-che-té) part, passé du v. Démoucheter : Fleuret démoucheté.

DÉMOUCHETER v. a. ou tr. (dé-mou-cheté

— du préf. privât, , et du v. moucheter. Prend deux t devant une syllabe muette : Je démouchette, qu’ils démouchettent). Enlever le bouton qui garnit la pointe d’un fleuret : Démoucheter un fleuret.

Se démoucheter v. pr. Être, devenir dé-, moucheté : Ce fleuret s est démoucheté.

DÉMOULAGE s. m. (dé-mou-la-je — rad. démouler). Action de démouler, d’enlever d’un moule : Démoulage d’une statue, d’une cloche.

DÉMOULÉ, ÉE (dé-mou-lé) part, passé du v. Démouler : Statue démoulée.

DÉMOULER v. a. ou tr. (dé-mou-lé — du préf. privât, , et de mouler). Retirer du moule : Démouler une pièce après l’avoir moulée.

Se démouler v. pr. Être enlevé du moule : Ces pièces se démoulent aisément.

DEMOURS (Pierre), chirurgien français, né à Marseille en 1702, mort à Paris en 1795. Il se fit recevoir docteur en médecine à Avignon, puis se fixa à Paris, où il fut successivement l’aide de Duverney, démonstrateur

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et garde du cabinet d’histoire naturelle du Jardin du roi, puis aide d’Antoine Petit pour les recherches anatomiques. Demours acquit une grande réputation comme oculiste, fut reçu membre de la Société royale de Londres, associé de l’Académie des sciences de Paris ert 1769, et enfin devint médecin ordinaire oculiste du roi et censeur royal. On lui doit, entre autres découvertes, celle de la membrane de l’humeur aqueuse. Ses principaux ouvrages sont : Méthode de traiter les blessures d’armes à feu (Paris, 1745) ; Lettre à M. le docteur Petit, contenant de nouvelles observations sur la structure de l’œil, etc. (Paris, 1767) ; Nouvelles réflexions sur la lame cartilagineuse de la cornée (Paris, 1770), etc. On lui doit en outre plusieurs traductions d’ouvrages anglais, entre autres : Essais et observations sur la Société de médecine d’Édimbourg (Paris, 1740, 7 vol. in-12).

DEMOURS (Antoine-Pierre), médecin, fils du précédent, né à Paris en 1762, mort en 163S. Il fut un praticien distingué. Il devint oculiste de Louis XVIII et de Charles X, et a laissé un Traité des maladies des yeux (Paris, 1818, 3 vol. in-8<>). C’est lui qui a fait la première opération de la pupille artificielle, opération qui a rendu la vue à un certain nombre d’aveugles-nés.

DEMOUSTIEB (Charles-Albert), littérateur français, né àVillers-Cotterets en 1760, mort en 1801. Cet écrivain, fort peu lu aujourd’hui, bien qu’il ait fait les délices de nos mères, descendait, par son père, de Racine, et par sa mère de La Fontaine, mais ce mélange de deux origines illustres fut loin de produire un poète remarquable ; toutefois on comprend que Demoustier, tenant par le sang à de pareils génies, se soit lancé dans la carrière scabreuse des lettres. Après avoir fait ses études à Paris, au collège de Lisieux, il fut quelque temps avocat ; mais, de toutes les professions, c’était celle qui convenait le moins à son caractère aimant et mélancolique. Aussi renonça-t-il bientôt au barreau pour se consacrer sans retour au culte des Muses. En 1786 il publia ses Lettres à Emilie sur la mythologie, qui obtinrent un prodigieux succès, malgré le ton maniéré et le clinquant qu’on y remarque souvent. Cependant on ne peut refuser aux Lettres à Emilie une certaine grâce inignarde qui contribua à en assurer le succès, surtout auprès des femmes, et, avec cette grâce, des idées ingénieuses et des tableaux piquants. Encouragé par cet engouement, Demoustier publia en 1790 les six premiers chants du Siège de Cythère, poSme qui devait en compter dix - huit ; mais le peu de faveur qu’obtint cette œuvre empêcha l’auteur de la terminer, sans que toutefois il se décidât à quitter la fausse route dans laquelle il s’était engagé ; seulement, au lieu de composer des poèmes, il écrivit des pièces de théâtre, dont quelques-unes obtinrent un certain succès, mais qui sont tombées dans un oubli encore plus profond que les premières œuvres de l’auteur ; car, à l’exception de deux ou trois, d’un mérite littéraire des plus modestes, c’est à peine si les titres des autres nous ont été conservés.

Demoustier était doué d’un caractère aimable. On raconte qu’à la représentation d’une de ses pièces, les Trois fils, il se trouvait à côté d un jeune homme qui, mécontent de l’œuvre et ignorant qu’il avait pour voisin l’auteur lui-même, lui demanda une clef pour siffler. Demoustier conserva l’incognito et prêta fort obligeamment la clef. Se non e vero...

Maintenant, un tout petit échantillon des vers de notre auteur. Nous ne choisissons pas les plus mauvais. Ceci s’appelle les Caprices de l’amour :

11 est aimable quand SI pleure, Il est aimable quand il rit ;

On le rappelle quand il fuit,

On l’adore quand il demeure.

C’est le plus aimable boudeur

Qui soit de Paris à Cythère ;

C’est le plus aimable imposteur Qui soit né pour tromper la terre ; Il fait vingt serments aujourd’hui. Et demain il les désavoue ;

On sait qu’il blesse quand il joue Et l’on veut jouer avec lui.

Terminons par la nomenclature des ouvrages de Demoustier : Lettres à Emilie sur la mythologie (ire partie, 1786, in-8° ; 2e partie, 1788 ; 6<s et dernière, 1798 ; réimpress. et contrefaçons, notamment en 1809, 6 vol. in-18, in-12 et in-8<>) ; le Siège de Cythère (ire partie, 1790, in-S°) ; la Liberté du ctoitre, poème (1790, in-8") ; le Conciliateur ou l’Homme aimable, comédie en cinq actes et en vers (1791, in-8°) ; les Femmes, comédie en trois actes et en vers (in-8°) ; Alceste ou le Misanthrope corrigé, comédie en trois actes et en vers (in-8») ; le Divorce, comédie en deux actes (1795, in-8°) ; la Toilette de Julie, comédie en un acte et en vers ; les Deux Suisses, ou la Jambe de bois, opéra en un acte, musique de Gaveaux (1792, in-8°), tiré d’un conte de Gessner ;■ l’Amour filial lui a aussi été donné pour titre ; le Paria, opéra-comique en un acte ; fa Chaumière indienne, opéra-comique en un acte : ces deux pièces ont été inspirées par les jolis contes de Bernardin de Saint-Pierre, que tout le monde connaît ; Apelle et Campaspe, grand opéra en un acte,

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musique d’Eler (1798, in-8») ; le Tolérant, comédie en cinq actes et en vers (1794, in-8°) ; les Trois fils, comédie en cinq actes et en vers (1796), inédite ; Constance, coméilie en deux actes (1792), inédite ; Agnès et Félix ou les Deux espiègles, opéra on trois actes, musique de Devienne (1795), inédit ; Épicure, opéra en trois actes, musique de Méhul et de Cherubini (iSOO, in-8<>) ; Sophronyme ou la Reconnaissance, opéra en un acte (1795, in-8°) ; Cours de morale et opuscules (1804, in-8o, et 1809, 3 vol. in-18). Il y a là des poésies fugitives : les Consolations, des fragments de la Galerie du xviuc siècle, etc. À ce recueil manquent beaucoup de pièces rejetées avec intention, deux opéras qui ne, furent ni représentés ni imprimés (Paris et Macbeth), et "une comédie en cinq actes et en vers, également inédite : Caroline de Lichlfield, imitée du roman qui passe pour le chef-d’œuvre de la baronne de Montolieu ; mais la comédie de Demoustier est loin d’être un chef-d’œuvre. L’édition de ses Œuvres complètes a été publiée à Paris en 1804, en 2 vol. in-8", 5 vol. iu-8<> et 5 vol. in-12.

DÉMOUVOIR v. a. ou tr. (dé-mou-voirdu préf. , et de mouvoir). Pratiq. Débouter : Démouvoir le plaignant de sa demande. Il Peu usité et seulement à l’infinitif.

Se démouvolr v. pr. Se désister : Se démouvoir d’une prétention.

DEMPSTER (Thomas), savant écossais, né à Clifsbog (comté d’Aberdeen) en 1579, mort en 1625. Il était le vingt-quatrième de vingt-neuf enfants delà même mère, et donna, à l’ago de trois ans, une preuve de son intelligence précoce en apprenant l’alphabet en une heure. La mort infamante de son frère aîné, James, écartelé en Flandre pour insubordination militaire, ayant discrédité sa famille en Écosse, Dempster se rendit d’abord à Cambridge, puis en France. Pendant quelques années il erra d’université en université, et, en 1596, à l’âge de dix-sept ans, ayant été reçu docteur en droit civil, il fut nommé régent du collège do Navarre à Paris. Dès cette époque, il commença à donner carrière à une violence de caractère et à une humeur querelleuse qu’il ne sut jamais vaincre, que l’âge même ne put amortir et qui le rendit aussi célèbre que son immense savoir. Perpétuellement en lutte avec les professeurs aussi bien qu’avec les étudiants, il était aussi prompt à tirer son épée qu’à aiguiser sa plume. Il eut bientôt cessé toutes relations avec le collège de Navarre et fut successivement, et pendant de courtes périodes, professeur à Toulouse et à Nîmes. Dans le commencement du xvno siècle, il retourna en Écosse pour y recueillir une partie de l’héritage paternel. Antérieurement il s’était converti au catholicisme ; aussi fut-il assez mal accueilli dans sa patrie et se hâta-t-il do revenir à Paris, où, pendant sept ans, il resta attaché à divers collèges et universités. Pendant qu’il occupait l’emploi de principal du collège de Beauvais, a Paris, il donna une preuve de l’indépendance de son caractère et de sa volonté de maintenir la discipline, en faisant fustiger devant tout le collège un élève récalcitrant appartenant à une grande famille. Mais, à la suite de cet acte rigoureux, il jugea prudent de quitter la France et passa en Angleterre, où Jacques Ier ]Q nomma historiographe de la couronne. En 1G15, le roi lui fit présent d’une forte somme d’argent. Toutefois, se voyant en butte aux persécutions du clergé en raison de ses opinions religieuses, il se rendit, en 1610, à Pise où durant quelques années il professa le droit civil. De la il s’établit à Bologne, et il y acquit bientôt une grande notoriété comme professeur d’humanités ; le pape le fit chevalier et l’accabla de distinctions honorifiques. Il avait atteint l’apogée de la prospérité lorsqu’il fut frappé au cœur par un violent chagrin de famille. Sa femme, qui était d’une grande beauté, se fit enlever par un étudiant. Les souffrances morales et physiques qu’il endura dans une tentative qu’il fit pour atteindre les fugitifs brisèrent les ressorts de cette vigoureuse organisation. Il mourut littéralement de chagrin (1625), n’ayant encore que quarante-six ans. D’après Bayle, il se consola très-facilement au contraire de l’enlèvement de sa femme. Les ouvrages de Dempste^ fort nombreux (on en connaît au moins cinquante), embrassent une multitude de sujets. Il pariait et écrivait couramment lalangué grecque et la langue latine, était profondément versé dans la philosophie, le droit civil et l’histoire, et, dans des ouvrages très-étudiés, comme son Antiquitatum romanarum corpus absolutissimum"(Paris, 1613, in-fol.), De Etruriarégali, publié à Lucques par Passer ! (1767. in-fol.), Apparatus ad historiam (1622, in-4»), il a déployé une habileté et une érudition remarquables. Son Histaria ecclesiastica gentis Scotorum (1627, in-4»), ouvrage par lequel il est le mieux connu de nos jours, est une sorte de dictionnaire biographique des Ecossais illustres ; la vérité et la fable s’y mêlent dans une proportion à peu près égale. De nombreux auteurs qui n’ont jamais paru en Écosse sont indiqués comme d’origine écossaise ; l’histoire d une foule d’autres qui n’ont jamais existé est donnée avec dos détails tellement circonstanciés qu’il en faut conclure, ou que Dempster a fabriqué ces documents dans leur entier, ou qu’on a étrangement