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Marie-Thérèse, dont il était fort aimé, lui demandait quelle grâce elle pourrait lui accorder. Un jour le bon évêque se trouva fort embarrassé ; il était comblé de bénéfices et de distinctions, ses parents, ses amis étaient tous avantageusement placés, mais son instinct mendiant ne l’abandonna pas : il demanda une pension pour son cheval infirme et aveugle, et l’impératrice la lui accorda.

Si le désintéressement devait se trouver quelque part, ne serait-ce pas dans le clergé, ne serait-ce pas chez ces hommes dont le royaume n’est pas de ce monde, et qui doivent passer ici-bas les yeux levés vers le ciel ? Interrogez l’histoire ; elle vous répondra que chez tous les peuples et dans tous les pays, le corps des prêtres s’est fait le plus remarquer par son avidité, ses immenses richesses et ses injustes usurpations. Que ce soit dans l’Inde, que ce soit en Égypte, que ce soit à Rome, la caste religieuse est la plus riche, la plus ambitieuse, la plus jalouse de ses privilèges. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’avidité de Sa cour romaine est signalée ; c’est un long cri d’indignation qui s’élève depuis les premiers jours du catholicisme ; chaque siècle a produit des satires nouvelles, et de l’époque la plus florissante de la religion date cette définition du pape :

Accipe, cape, râpe : sunt tria verbapapes.

Si le luxe et la splendeur des cardinaux a bien diminué aujourd’hui, c’est qu’ils ne possèdent plus ces riches pensions dont les comblaient autrefois les souverains de l’Europe pour qu’ils eussent soin de leurs intérêts à Rome. Sans doute le clergé a fourni bien des exemples de courage, d’abnégation et de dévouement, mais le sentiment qui faisait accomplir ces actes était un sentiment tout autre que le désintéressement ; l’amour de Dieu, le désir de gagner le ciel sont intéressés à leur manière : « Je leur ai laissé la terre et j’ai gardé le ciel pour moi, » disait saint Bernard en parlant de ses frères qui s’étaient disputé 1 héritage paternel. Il y a là de l’exaltation, de l’enthousiasme, mais on chercherait en vain cette calme et sereine grandeur à laquelle doit s’élever lame vraiment désintéressée lorsqu’elle regarde d’un œil indifférent ces biens a la possession desquels les hommes attachent tant de prix.

Parlerons-nous des médecins et des avocats ? Sans doute on cite Hippocrate refusant les présents d’Artaxerce ; Dexippe, appelé pour guérir le roi Mausole et y mettant pour seule condition que ce prince cesserait la guerre qu’d faisait à l’Ile de Cos, sa patrie. Mais ces faits sont l’exception. La règle, c’est une cupidité d’autant plus grande que plus grande est la réputation. Comme preuve, voici un fait que ne démentira pas l’un de nos plus célèbres chirurgiens, bien connu pour son âpreté ou gain. Il venait de faire une cure brillante et d’arracher à une mort certaine l’enfant d’une grande famille du faubourg Saint-Germain. Le jour de sa dernière visite, la mère s’avança vers lui, et, d’une voix toute pleine d’émotion : « Docteur, lui dit-elle, je ne pourrai jamais reconnaître ce que vous avez fait pour moi et mon enfant ; voici un portefeuille que j’ai brodé de mes mains ; « et elle lui tendait un charmant petit calepin de velours. « Madame, c’est très-beau le sentiment, répondit brusquement le prince de la science ; mais j’aime mieux quelque chose de plus solide : c’est 10,000 francs que vous me devez. — Les voilà, » répondit la cliente, et, ouvrant le calepin, qui contenait vingt billets de 1,000 francs, elle en donna dix au docteur et remit le reste dans sa poche. Les avocats ne sont guère plus désintéressés que les médecins, et, depuis Cicéron, on peut voir que l’indigence n’est pas le partage des célébrités du forum. Quand ils prêtent gratuitement le secours de leur parole, c’est qu’ils retrouvent en influence politique ce qu’ils perdent en espèces sonnantes. Bien peu ressemblent à cet avocat moderne, dont le nom est dans la bouche de tous, et qui donna un jour un bel exemple de désintéressement : un client reconnaissant lui offrant pour payement une assez forte liasse de billets de banque, l’avocat se contenta d’en prendre un seul et rendit les autres, en disant que sa rémunération était suffisante. Bien rares sont de pareils exemples ; le plus grand nombre imite Aristote qui mettait les richesses au nombre des biens, ou montre l’insatiable avidité d’Amyot, le traducteur de Plutarque, auquel Henri III reprochait de toujours demander, et qui lui répondit par cette phrase devenue proverbiale : « Sire, l’appétit vient en mangeant. »

Mais pourquoi chercher le désintéressement quelque part, lorsqu’on le voit exclu du sentiment où il semblerait devoir entrer en première ligne, du sentiment de l’amour. Toutes les aventures inventées par la Fable semblent confirmer ce fait : Junon ne cède à Jupiter que contre la promesse de devenir la reine des dieux ; le mythe de Danaé est le symbole le plus complet de toutes les histoires amoureuses de l’antiquité. Dans le monde moderne il n’en est pas autrement. Le règne des maîtresses des rois de France est déplorable pour la France et pour ses finances ; si les plus nobles dames cherchent à plaire au roi et à être déshonorées par lui, c’est que ce déshonneur se paye bien, c’est que les conditions se débattent d’avance, comme la chose eut lieu pour la duchesse de Chàteauroux. Aussi, quand on voit par exception une femme comme La Vnllière, que le sentiment seul conduit, que la grandeur effraye et dont la richesse blesse la juste susceptibilité, comprend-on ce mot un peu exagéré de Mme de Sévigné : « Tout le devoir ne vaut pas une faute commise par tendresse. » Dans le mariage pas plus que dans l’amour ne se trouve le désintéressement, et la plupart des fiancées ressemblent à Marie de Gonzague, qui n’avait pas besoin, disait-elle, de voir le portrait du roi de Pologne, attendu que c’était sa couronne et non lui qu’elle épousait.

En présence de la rareté du désintéressement, nos aïeux avaient bien raison de dire : « À quoi don Argent n’est-il pas bon ? C’est avec lui qu’on achète peliçons et manteaux d’hermine, chevaux gascons et mulets, abbayes et bénéfices, cités et châteaux, les grandes terres et les jolies femmes. C’est lui qui fait déshériter un orphelin, absoudre un excommunié, rendre justice à un vilain et

Pardonner les injures plus efficacement qu’un eau sermon. Rois ou comtes, bourgeois ou ribauds, il n’est personne qui ne l’aime et personne n’en rougit. Argent fait d’un vilain un homme courtois, d’un mélancolique un homme gai, d’un sot un homme d’esprit. Faut-il vous servira la sourdine ? C’est un ami sûr. Faut-il faire fracas ? Il se montre avec orgueil et parle fièrement. Si vous avez affaire à Rome, n’y allez pas sans lui, vous échoueriez : mais avec lui, je réponds du succès. Montrez-le quelque part, vous verrez aussitôt les boiteux courir, les catins trotter ; vous inspirerez de l’amour, on vous appellera mon cœur ; un prêtre iroit jusqu’à chanter pour vous trois messes par jour. Enfin, il termine les guerres, conduit les armées, illustre les familles ignobles, tire un voleur d’embarras et commande à toute la terre. »

Jusqu’ici nous avons pris le mot désintéressement dans son acception vulgaire, et l’étude des faits nous a forcé de reconnaître que s’il existe quelque part un homme réellement désintéressé, au sens où on l’entend généralement, la chose est si rare que cet homme peut être regardé comme une exception. Aux yeux du philosophe qui étudie la nature humaine en elle-même, le désintéressement devient impossible, parce que la volonté humaine est nécessairement mise en jeu par des mobiles quels qu’ils soient, et ces mobiles, toujours tirés du fonds même de la personne, constituent nécessairement pour elle un intérêt quelconque, sans quoi ils seraient évidemment sans aucune influence sur la volonté. Mais, dans la foule innombrable des mobiles de nature infiniment variée qui peuvent induire l’homme à prendre une détermination, les uns tiennent à la personne seule, les autres, tout en partant de la personne, se rattachent au bien-être, au plaisir, à l’intérêt d’autrui, soit parce que la personne a contracté depuis longtemps l’habitude d’unir son propre intérêt à celui d’autrui, soit parce que des sentiments naturels, dont la force est irrésistible, ne lui permettent pas de séparer son propre intérêt de celui de certains êtres qui lui sont chers. L’avare qui veut gagner de l’argent pour augmenter son trésor, le gourmand qui paye fort cher des mets délicats pour les manger, obéissent à des mobiles exclusivement personnels, toutes leurs pensées sont évidemment intéressées au plus haut degré. Mais le père qui amasse de l’argent pour assurer le bonheur de ses fils ou de ses filles, la mère qui achète un gâteau pour le donner à son enfant, sont déjà moins intéressés ; sans doute, ils veulent par là satisfaire un besoin personnel qui est en eux, celui de voir leurs enfants heureux ; mais ce besoin, qui leur est inspiré par la nature même, se rattache évidemment aux besoins, au bonheur des enfants, et c’est pour cela même qu’on voit déjà apparaître ici une certaine dose de désintéressement.

Quelque fâcheuse idée qu’on se fasse du caractère de l’homme en général, ou de l’abaissement de ce capetère dans le siècle actuel, on ne peut pas nier que certains esprits s’élèvent encore quelquefois jusqu’à chercher des remèdes aux maux qui pèsent sur la société tout entière, au physique comme au moral ; il est évident toutefois que ces esprits-là unissent jusqu’à un certain point leurs intérêts à ceux de tous leurs semblables. Qu’un de ces hommes arrive un jour à réaliser une de ces rares découvertes qui produisent d’heureux résultats pour tous, il sera heureux lui-même du bonheur qu’il aura procuré ; mais il sera pourtant désintéressé, parce que l’intérêt personnel qu’il avait en vue de satisfaire se confondait par ses résultats avec une foule d’autres intérêts. À ce point de vue, le désintéressement n’est point 1 absence de tout intérêt personnel ; c’est tout simplement un intérêt qui, au lieu de rester exclusivement personnel, se confond avec des intérêts étrangers ; et plus ces intérêts étrangers sont nombreux, plus le désintéressement est grand. Il y a donc un véritable désintéressement chez les savants, chez ces hommes qui consacrent toutes leurs veilles, tous leurs efforts à la recherche et à la propagation de la vérité ; car, s’ils aiment la vérité, c’est évidemment parce qu’ils la croient utile, et utile, non pas seulement pour eux, mais pour tout le monde. Il y a pourtant aussi des savants intéressés : ce


sont ceux qui, lorsqu’ils ont découvert quelque vérité, la cachent ou la déguisent s’ils la croient propre à compromettre leur position personnelle, ou prennent un brevet afin de pouvoir l’exploiter pour eux seuls le plus longtemps possible. Mais leur science alors n’est plus qu’une industrie vulgaire, et les vrais savants n’ont que du mépris pour une telle conduite.

Il y a aussi du désintéressement chez ces ouvriers qui, un de leurs camarades tombant malade, se chargent spontanément de nourrir sa femme et ses enfants ; chez ces petits laboureurs qui, voyant l’un d’eux dans l’impossibilité de rentrer ses récoltes ou d’ensemencer sa terre, font ces travaux pour lui afin qu’il ne tombe pas dans la misère. Il y en a encore chez l’homme charitable qui, après avoir amassé par son travail une fortune considérable, en détache une partie pour fonder un hôpital, une maison de retraite pour les vieillards pauvres, etc. On peut toujours supposer que des actes de ce genre sont inspirés par des sentiments de fraternité et d’amour qui commandent l’estime ; et lors même qu’il s’y joindrait quelque espoir lointain d’être secouru un jour par ses camarades ou par ses voisins, quelque pensée vaniteuse si l’on veut, il serait toujours vrai que l’âme obéirait ici à des mobiles où l’intérêt personnel Se fond avec des intérêts étrangers, ce qui est, comme nous l’avons dit, le vrai caractère du désintéressement. Ce désintéressement est plus ou moins grand, selon que la part des intérêts étrangers est reconnue plus ou moins grande elle-même ; mais il existe à un degré quelconque dans tous les actes de cette nature.

DÉSINTÉRESSÉMENT adv. (dé-zain-térès-sé-man

— rad. désintéresser). D’une façon désintéressée, avec désintéressement. || Peu usité.

DÉSINTÉRESSER v. a. ou tr. (dé-zain-térè-sé

— du préf. dés, et de intéresser). Dégager ou satisfaire les intérêts de : Désintéresser un associé. Si vous consentes à rompre notre traité, je vous désintéresserai.

— Fig. Mettre hors de cause : Désintéresser l’amour-propre, c’est délivrer la raison de son plus redoutable ennemi. (Laténa.)

Se désintéresser v. pr. Dégager ses propres intérêts : Chercher à se désintéresser d’une entreprise. || Se dégager de toute préoccupation d’intérêt : Voir les choses telles qu’elles sont et les hommes tels qu’ils ont été est l’affaire d’une intelligence qui se désintéresse. (Ste-Beuve.)

Se désintéresser sur, Ne pas agir en vue de : Un honnête homme se paye par ses mains de l’application qu’il a à son devoir par le plaisir qu’il sent à le faire, et se désintéresse sdr les éloges, l’estime et la reconnaissance qui lui manquent quelquefois. (La Bruy.)

DÉSINTÉRÊT s. m. (dé-zain-té-rê — du préf. dés, et de intérêt). Néol. Absence d’intérêt, indifférence : Il devait au désintérêt parfait qu’il portait en toutes choses une supériorité réelle sur ses rivaux. (H. Beyle.)

DÉSINVERTI, IE (dé-zain-vèr-ti) part, passé du v. Désinvertir : Ordre désinverti.

DÉSINVERTIR v. a. ou tr. (dé-zain-vèr-tir

— du préf. dés, et de invertir). Art milit. Ramener à l’ordre naturel qui avait été interverti : Désinvertir des troupes. Désinvertir des bataillons. Désinvertir l’ordre de la marche.

DÉS1NVESTI, IE (de zain vè sti) part. passé du v. Désinvestir : Ville désinvestie.

DÉS1NVESTI, IE (dé zain vè sti) part. passé du v. Désinvestir : Ville désinvestie.

— du préf. dés, et de investir). Art milit. Débloquer, faire cesser l’investissement de : Désinvestir une place.

Se désinvestir v. pr. Déposer, résigner une fonction ; renoncer à un pouvoir.

DÉSINVESTISSEMENT s. m. (dé-zain-vèsti-se-man

— rad. désinvestir). Art milit. Action de désinvestir : Le désinvestisskment d’une citadelle.

DÉSINVITÉ, ÉE (dé-zain-vi-té) part. passé du v. Désinviter : Convives désinvités.

DÉSINVITER v. a. ou tr. (dé-zain-vi-lédu préf. dés, et de inviter). Retirer l’invitation qu’on avait faite à : Oui, its sont invités ; on ne peut pas les désinviter, n’est-ce pas ? (Alex. Dura.) Après la cérémonie, vous aurez la bonté d’aller sur-le-champ désinviter tout le monde. (Balz.)

DÉSINVOLTE adj. (dé-zain-vol-te — ital. disinvotto ; du préf. nég. dis, et de involto, enveloppé, embarrassé ; de in, en, et de volto, participe du verbe volgere, formé irrégulièrement du latin vohere, rouler [v. volume]. Desinvolto signifie proprement qui n’est pas enveloppé, qui est dégagé). Qui a l’allure leste et dégagée, qui a de la désinvolture : Pour B…, il était aussi gai et aussi désinvolte que s’il était revenu de la comédie. (Volt.) Il conclut l’affaire et me présenta à ma compayne de voyage, marchande de modes leste et désinvolte, qui se prit à rire en me regardant. (Chateaub.) Il Mot vieilli.

— s. m. Désinvolte : Le cardinal de lîokan avait un désinvolte merveilleux, (St-Sim.) || Vieux mot.

DÉSINVOLTURE s. f. (dé-zain-vol-tu-rerad. désinvolte). Allure aisée, libre, dégagée, décidée ou même lâchée : Les jeunes gens de


bonne famille qui fréquentent les bals masqués suspects rapportent nécessairement dans les bals du monde une désinvolture qui trahit toujours un peu leurs études pittoresques. (Th. Gaut.)

— Fig. Aisance, abandon, entière liberté : Une certaine désinvolture dans le style, un façon délibérée, manquent rarement leur effet (L. Re’ybaud.)

DESIO, bourg d’Italie, prov. et à 17 kilom. N. de Milan ; 5, 431 hab. Aux environs, villa Traversi, une des plus belles maisons de plaisance de la Lombardie, célèbre par son parc et ses beaux jardins. En 1277, les Visconti remportèrent à Desio, sur les Torriani, la victoire qui leur assura ta souveraineté du Milanais.

DÉSIR s. m, (dé-zir. L’Académie indiqua que plusieurs écrivent et que beaucoup prononcent désir — lat. desiderium ; de desiderare, désirer). Acte de l’âme qui aspire à la possession ou à la réalisation d’une chose : Exprimer un désir. Former, concevoir un désir. Satisfaire un désir. Le bonheur et le déSir ne peuvent se trouver ensemble. (Epictète.) De nouveaux désirs naissent de ceux que vous venez de voir satisfaits. (Boss.) Rien ne découvre tant le fond du cœur et de la conscience des hommes que leurs désirs. (Fléch.) Les désirs d’un ami malheureux sont des ordres. (Sterne.) Le désir est une espèce de mésaise que l’amour du bien-être met en nous. (Vauven.) Tout désir est un besoin, une douleur commencée. (Volt.) Prévenir tous les désirs n’est pas l’art de les contenter, mais de les étendre. (J.-J. Rouss.) Malheur à celui qui n’a plus de désirs ou qui en a trop ! (J.-J : Rouss.) La privation d’un objet nous donne ce malaise que nous nommons besoin et d’où naissent nos désirs. (Condill.) La soif des désirs s’irrite à mesure qu’on la satisfait. (Guicbardin.) L’homme n’est riche que dans la modération de ses désirs. (De Bônald.) Le désir est un mouvement de l’âme vers un objet qui t’attire. (J. de Maistre.) C’est un grand mal pour. l’homme d’arriver trop tôt au bout de ses désirs, et de parcourir en quelques années les illus : ons d’une longue vie. (Chateaub.) Peu de désirs, peu de déceptions. (Descuret.) Nous rions des Danaïdes ; leur cuve est celle de nos désirs. (Boiste.) Nul être humain ne peut combler les désirs d’un autre. (De Custine.) Le désir croit avec l’attrait. (H. Taine.) Le désir est fils du besoin. (V. Cousin.) Le désir est comme un vide qui se creuse dans notre être, et que la satisfaction vient combler. (Ch. Dollius.) Les désirs sont la richesse du pauvre, et ne ruinent pus les riches. (A. Karr.) Le démon a pour lui ce pouvoir de tenter les âmes par leurs propres désirs ; qui est le plus puissant de tous. (St-Marc Girard.) Le désir d’un meilleur état est la source de tout le mal dans le monde. (Renan.) Le désir entre toujours pour moitié dans te regret. (Toussenel.) Le désir devient passion à mesure qu’il avança dans la voie où il a pris naissance. (Ch. Baiily.) Nos tristesses sont du. même ordre que nos désirs, puisque nos désirs déçus les composent. (Prévost-Paradol.) lin Europe, le désir est enflammé par la contrainte ; en Amérique, il s’émousse par la liberté. (H. Beyle.)

Qui borne ses désirs est toujours assez riche.

Voltaire.0

Le désir est parfois moins grand que le bonheur.

A. de Musset.0

Il faut régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs,
Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs.

{{Alinéa|Voltaire.

La vertu, qui n’admet que de sages plaisirs,
Semble d’un ton trop dur gourmander nos désirs.

L. Racine.0

Un désir bien réglé doit toujours être égal ;
Ce qui combat un bien ne peut être qu’un mat.

Quinault.0

Pour contenter ses frivoles désirs,
L’homme insensé vainement se consume.

Racine.0

Etendre son esprit, resserrer ses désirs.
C’est là le grand secret ignoré du vulgaire.

Lamartine.0

Le désir n’est rien que martyre ;
Content ne vit le désireux,
Et l’homme mort est bien heureux.
Heureux qui plus rien ne désire !

Ronsard.0

|| Objet désiré : La paix est mon seul désir.

Léon seul est ma joie, il est mon seul désir.

Corneille.0

Tous vos désirs, Esther, vous seront accordés.

Racine.0

— Particulièrem. Appétit des sens qui pousse les sexes l’un vers l’autre : On doit s’interdire tes désirs, car les désirs conduisent aux actions. (H. Beyle.) Le désir est une affinité des sens, une loi physique. (Laténa.) Le désir, en amour, veut détruire les obstacles qui l’attirent, et il meurt sur les débris d’une vertu vaincue. (G. Sand.)

Le moindre désir qui l’effleure de l’aile
Met un voile de pourpre à la sainte pudeur.

A. de Musset.0

C’est rabaisser l’hymen au niveau d’un plaisir
Que d’en faire le but d’un amoureux désir.

Ronsard.

Désir de fille est un feu qui dévore.
Désir de nonne est cent fois pis encore.

Gresset.

— Ane. prat. Au désir de, suivant qu’il est


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VI.