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sèche, se sont vus engloutis par des déluges ; les autres, qui peuplaient le sein des eaux, ont été mis a see avec le fond des mers subitement relevé ; leurs races mêmes ont fini pour jamais et ne laissent dans le monde que quelques débris à peine reconnaissables pour le naturaliste.

Cuvier termine son Discours sur les révolutions du globe par la conclusion suivante : «Je pense, avec MM. Deluc et Dotomieu, que, s’il y a quelque chose de constaté en zoologie, c’est que la surface de notre globe a été victime d’une grande et subite révolution, dont la date ne peut monter beaucoup au delà de cinq ou six mille ans ; que cette révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu’habitaient auparavant les hommes et les espèces des animaux aujourd’hui les plus connus ; qu’elle a, au contraire, mis à sec le fond de la dernière mer, et en a formé les pays aujourd’hui habités ; que c’est depuis cette révolution que le petit nombre des individus épargnés par elle se sont répandus et propagés sur les terrains nouvellement mis a sec, et par conséquent que c’est depuis cette époque seulement que nos sociétés ont repris leur marche progressive, qu’elles ont formé des établissements, élevé des monuments, recueilli des faits naturels et combiné des systèmes scientifiques. Mais ces pays aujourd’hui habités, et que la dernière révolution a mis à sce, avaient déjà été habités auparavant, sinon par des hommes, du moins par des animaux terrestres ; par conséquent, une révolution précédente, au moins, les avait mis sous les eaux ; et, si l’on peut en juger par les différents ordres d’animaux dont on y trouve des dépouilles, ils avaient peut-être subi jusqu’à deux ou trois éruptions de la. mer. Ce sont ces alternatives qui me paraissent maintenant le problème géologique la plus important à résoudre, ou plutôt à bien définir, à bien circonscrire : car, pour le résoudre en entier, il faudrait découvrir la cause de ces événements, entreprise d’une tout autre difficulté. »

Ainsi la pluralité des déluges est nettement établie par Cuvier. Il est acquis que les continents aujourd’hui habités ont été plusieurs fois mis à sec et ensuite submergés. Découvrir les causes de ces alternatives, tel est, comme l’a fort bien vu Cuvier, le problème général de la géologie ; car ces causes dominent tous les phénomènes du développement terrestre. Parmi les savants dont l’esprit s’est exercé sur ce sujet, les uns ont attribué le phénomène à des. causes extraordinaires et en dehors de celles qui agissent d’une manière permanente comme condition de l’existence du globe. Par exemple, ils ont supposé qu’à diverses reprises des comètes avaient pu heurter le globe, le faire pirouetter sur lui-même et lancer les mers sur les continents. Or, il paraît aujourd’hui démontré que la masse des comètes, et surtout la constitution de cette masse, sont impuissantes à produire ces résultats. D’autres ont mis cas révolutions, ces déluges, sur le compte du soulèvement des montagnes. Mais on leur a objecté que c’était là une cause absolument insuffisante, dont le hasard seul déterminerait l’impulsion, et dont l’effet aurait dû être instantané,

— chose contredite par les faits, — pour produire un trouble appréciable dans létat statique des mers. D’autres, refusant d’admettre ces catastrophes dues à des causes extraordinaires ou fortuites, ont nié d’abord en partie l’étendue et la grandeur des phénomènes, afin d’atténuer la difficulté ; puis ils ont tenté de les expliquer simplement par l’action des causes que nous voyons pour ainsi dire agir chaque jour sous nos yeux. Cependant ils ont été obligés de confesser qu’on ne peut mettre en doute les périodes de bouleversement et de tranquillité ; et alors il leur reste toujours à nous expliquer clairement ce qui a causé ces périodes de bouleversement. « Il est certain, dit M. de Jouvencel, que tout fait d’accumulation, de déchirement ou de creusement peut, dans la plupart des cas, être aussi bien le résultat d une cause médiocre agissant longtemps, que d’une causa puissante agissant peu de temps ; mais le problème no consiste pas seulement à expliquer les retours alternatifs et les retraites des mers : il est bien autrement vaste et compliqué. Certes, un grand nombre de faits sont dus aux causes qui agissent à chaque instant pour ainsi dire ; mais comment se tait-il qu’après chaque retour et chaque retraite des mers les formes vivantes aient éprouvé des changements si profonds, si incontestables ? comment se fait-il qu’après chaque alternative certaines espèces aient disparu, pendant que d’autres très-différentes ont apparu tout à coup comme une invasion venue d un autre monde ? Voilà la question secondaire, mais immense, que la solution du problème géologique doit résoudre comme conséquence nécessaire do la solution proposée. »

Ici se présente l’ingénieuse hypothèse de M. Adhémar. Les submersions et les émergions successives des continents ne pouvant être mises en doute, le problème géologique comporte les deux questions suivantes : loues submersions sont-elles produites sans règle, au hasard, ou, au contraire, sont-elles assujetties à une loi ? 2° Quelles sont les causes de ces phénomènes ? À la première question, M. Adhémar répond que les submersions reconnaissent une loi de périodicité et qu’elles sont alternatives d’un pôle à l’autre. Il ré DELU

pond à la seconde question que la périodicité des déluges dépend d’une cause astronomique, de la précession des équinoxes.

La théorie de M. Adhémar peut se résumer dans les propositions suivantes, qu’il prétend avoir démontrées : l° par suite de la précession des équinoxes, il y a inégalité entre les sommes des heures de jour et do nuit des deux hémisphères ; 2» cette inégalité produit une différence dans les températures correspondantes, et c’est à cette différence que l’on doit attribuer celle des glaces des deux pèles ; 3« l’inégalité qui existe entre les poids des deux masses glacées déplace nécessairement le centre de gravité ; 4° du déplacement du centre de gravité résulte le déplacement des eaux ; 5» ce déplacement des eaux doit avoir lieu tous les dix mille cinq cents ans. « Je n’affirme pas, dit M. Adhémar, que les principes énoncés dans ces propositions soient les seules causes de tous les changements qui ont modifié la surface du globe, mais on sera sans doute forcé de leur accorder une large part dans la formation des produits géologiques. »

L’hypothèse de M. Adhémar est basée sur des données simples empruntées à l’astronomie et à la mécanique. Nous allons exposer ces données aussi succinctement que possible.

11 faut d’abord se rappeler que le printemps et l’été des peuples qui habitent l’hémisphère boréal correspondent à l’automne et à l’hiver de ceux qui habitent l’hémisphère opposé, tandis que le printemps et 1 été de ces mêmes peuples a lieu pendant l’automne et l’hiver de notre hémisphère. Un second fait astronomique qui appelle l’attention, c’est que la durée totale du printemps et de l’été réunis do notre hémisphère surpasse de près de huit jours la durée totale de l’automne et de l’hiver. Ce fait tient à la précession des équinoxes, laquelle consiste dans une rétrogradation continuelle des noeuds de l’équateur terrestre sur l’écliptique. La précession des équinoxes s’explique par la combinaison du mouvement de rotation do la terre autour de son axe avec l’action perturbatrice du soleil et de la lune sur les couches matérielles accumulées autour de l’équateur terrestre sans lesquelles la terre aurait une forme parfaitement sphérique. De la précession des équinoxes, il résulte que la durée relative des saisons varie continuellement, pour chacun des points de l’orbite terrestre ; qu’après un intervalle d’environ 10,500 années l’ordre qu’elles présentent sera renversé relativement aux deux hémisphères ; de sorte que la durée totale de l’automne et de l’hiver réunis de notre hémisphère surpasse d’environ huit jours la durée totale de l’automne et de l’hiver réunis de l’hémisphère austral.

Ainsi l’astronomie nous apprend qu’en 1248 la durée totale du printemps et de l’été au pôle de notre hémisphère surpassa de près de trois jours la durée totale do l’automne et de l’hiver comptés au même pôle. Au contraire, la durée totale de l’automne et de l’hiver comptés au pôle austral surpassa de huit jours environ la durée4otaIe du printemps et de l’été comptés à ce pôle. Environ 10,500 années auparavant, par suite d’un changement très-lent et démontré dans les conditions du mouvement de translation de la terre autour du soleil, les phénomènes étaient inverses. 21,000 ans avant 1248, les phénomènes étaient inverses de ce qu’ils furent 10,500 ans avant 1248, c’est-à-dire qu’ils étaient dans le même état qu’en 1248. D’une manière générale : on peut dire que, par suite de modifications alternatives très-lentes et périodiques dans les conditions du mouvement de translation de la terre, lorsque cet astre est parvenu à une certaine situation, l’un des pôles jouit d’une saison chaude plus longue que la saison froide, pendant que l’autre pôle subit une saison froide plus longue que la saison chaude ; et, après un décaissement lent de cette différence, une différence égale s’établit en sens contraire. Ces états contraires Sont séparés par un intervalle d’environ 10,500 ans, de sorte que la période totale, à l’expiration de laquelle les choses se retrouvent dans le même ordre, est de 21,000 ans. Dans les moments extrêmes de cette période, c’est-à-dire lorsque la différence entre la longueur de l’été aux deux pôles est la plus grande, celui des deux pôles où la saison chaude est la plus longue obtient en un an 4,464 heures de jour et 4,296 heures de nuit, tandis que le pôle contraire subit 4,4S4 heures de nuit et ne jouit que de 4,296 heures de jour. À ce moment, la durée totale des heures de jour à l’un dos pôles surpasse donc de 168 heures la durée des heures de nuit, tandis qu’à l’autre pôle, c’est le contraire. On tient pour certain que la quantité moyenne de chaleur reçue pendant un certain nombre d’heures de jour est perdue par rayonnement vers l’espace pendant un nombre égal d’heures de nuit. La température d’un lieu dépend de la différence qui existe entre la chaleur reçue et celle qui est perdue dans un temps donné. Un lieu se refroidira lorsque la chaleur provenant du soleil sera moindre que celle qui est perdue par le rayonnement, et, dans le cas contraire, il s’échauffera. Or, de l’inégalité indiquée plus haut, il résulte qu’actuellement le pôle austral doit perdre, dans une année, plus de chaleur qu’il n’en reçoit, puisque la durée totale de ses nuits surpasse celle des jours de 168 heures.

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Le contraire doit avoir lieu pour le polo boréal. Si, par exemple, nous prenons pour unité la quantité moyenne de chaleur que le soleil envoie dans une heure, la chaleur accumulée au bout do l’année au pôle boréal sera exprimée par 168, tandis que la chaleur perdue par le pôle austral sera égale à 168 fois celle que le rayonnement enlève dans une heure ; de aorte qu’au bout de l’année la différence de chaleur des deux hémisphères

sera représentée par 336 fois celle que la terre reçoit du soleil ou perd dans une heure par le rayonnement. Des raisonnements analogues peuvent être appliqués à tous les points des deux hémisphères.

Voyons maintenant quels phénomènes doivent résulter de cette différence alternative de température que présentent les deux hémisphères. Concevons pour un moment le

globe terrestre enveloppé d’eau de toutes parts : il est évident que, pendant un hiver du pôle antarctique, il se formera plus de glaces vers ce pôle qu’il no s’en formera au pôle arctique pendant l’hiver correspondant, et cette différence répétée pendant plusieurs milliers d’années finira par devenir considérable. Tant que les masses de glace formées aux pôles seront flottantes, elles ne produiront aucun changement appréciable dans l’équilibre des mers, parce qu’en vertu du principe d’Archimède leur poids sera égal à celui du volume d’eau déplacé par les parties plongées dans la mer. Mais H viendra un temps où la surface inférieure du glaçon touchera la terre, et, l’augmentation ne pouvant plus avoir lieu de ce côté, le centre de gravité se déplacera en s’éloignant du centre de figure. Or, les glaces de l’hémisphère boréal étant beaucoup moins considérables que celles du pôle austral, le centre de gravite du globe et des deux masses de glaces polaires se portera nécessairement sur le rayon qui aboutit au pôle antarctique, en entraînant avec lui les eaux répandues sur la surface de la terre et découvrant une grande partie des continents de l’hémisphère boréal. Ce déplacement du centre de gravité explique suffisamment la présence de la presque totalité des mers dans l’hémisphère austral. Depuis l’année 1248, notre hémisphère commence à sa refroidir, tandis que l’hémisphère austral se réchauffe ; et lorsque les glaces du pôle boréal surpasseront celles du pôle austral, le centre de gravité du système traversera le plan de l’équateur, la masse des eaux sera entraînée d’un hémisphère à l’autre, et les continents voisins du pôle antarctique seront abandonnés par la mer, tandis que ceux que nous habitons seront submergés.

Mais si le déplacement du centre de gravité s’accorde avec la théorie de l’évolution des changements amenés lentement, elle ne parait pas expliquer les révolutions subites. Cuvier, notamment, se refuse à voir dans la dernière des révolutions du globe le produit d’une action aussi lente que le serait le mouvement de la masse fluide entraînée par le déplacement régulier et insensible du centre de gravité. Cette objection, répond M. Adhémar, serait concluante si le déplacement de la masse des eaux avait dû être produit seulement par l’accumulation des glaces du pôle antarctique. Mais, à cette première cause, il faut en joindre une seconde. Après avoir considéré les effets qui doivent résulter de la différence du froid dans les deux hémisphères, il faut examiner ce qui doit arriver par suite de la différence de chaleur. Or, dès l’instant où la somme des heures de nuit commence à diminuer pour l’un des deux hémisphères, la somme des heures de jour augmente d’autant. Une grande partie de l’immense calotte de

flace qui s’était formée vers l’un des pôles oit donc s’amollir ; et, lorsque l’élévation de la température détermine la rupture de cette calotte, il se produit une grande débâcle, par suite de laquelle le centre de gravité, traversant brusquement le plan de l’équateur, entraîne avec lui la presque totalité des eaux, qui se précipitent alors comme un torrent au-dessus de la zone torrida pour aller submerger l’autre hémisphère. Ainsi, le mouvement des eaux commence lentement lorsque la calotte glacée de l’un des pôles excède celle de l’autre, et l’irruption a lieu au moment de la débâcle des glaces ou d’une partie des glaces de cette dernière calotte. L’irruption est donc le résultat de la débâcle des glaces de l’un des pôles, combinée avec l’augmentation des glaces du pôle opposé.

M. Adhémar trouve dans la science un grand nombre de faits intéressants qui, s’expliquant comme conséquences de son hypothèse, viennent la confirmer. On a reconnu que, depuis quelques siècles, les contrées que nous habitons se refroidissent d’une manière sensible. De plus, à une époque beaucoup plus reculée, 1 hémisphère boréal paraît avoir été couvert d’une immense calotte de

flace, semblable à celle qui occupe aujour-hui une grande partie de l’hémisphère austral. L’opinion des géologues à cet égard est fondée sur un grand nombre d’observations. En parcourant les contrées septentrionales de l’Europe, on reconnaît partout les traces d’une immense catastrophe qui a reçu le nom de diluoium du Nord. Les témoins irrécusables de ce grand phénomène sont les masses énormes de débris arrachés aux montagnes de la Suède et de la Finlande, débris qui couvrent une étendue considérable de 1 Allemagne, de la Pologne et de la Russie.

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Les mêmes phénomènes se sont produits dans l’Amérique septentrionale, où le sol est jonché de fragments de rochers provenant des régions polaires. Enfin, les plaines de la Lombardie sont couvertes d’un nombre immense de blocs de toutes grandeurs, qui doivent évidemment leur origine aux montagnes de la Suisse. Les terrains et les blocs transportés ainsi à une grande distance de leur position primitive ont reçu le nom de terrains ou blocs erratiques.

Ces dépôts, recouvrant des contrées immenses, ont quelquefois 60 mètres d’épaisseur ; les uns ont la forme de collines allongées dans la direction du nord au sud ; les autres forment de vastes plaines d’une horizontalité presque parfaite. Enfin, les fragments de rochers erratiques se trouvent disséminés à la surface et dans l’épaisseur de ces couches où ils se sont enfoncés à toutes les profondeurs. La nature de ces débris indique d’une manière incontestable les points d’où ils ont été arrachés ; leur nombre immense et leur grandeur prouvent que la force qui les a transportés devait avoir une grande énergie. La route parcourue est indiquée pnr la ligne qui joint la position actuelle des blocs avec la place qu’ils occupaient dans l’origine. Or, les débris qui couvrent la Lombardie venant des Alpes, et ceux du nord de l’Allemagne étant do mkain nature que les rochers de la Suède, il est évident que la direction principale du courant était du nord au sud. Les savants qui ont parcouru les contrées sur lesquelles a passé lo diluvium ont trouvé partout la surface des rochers usée, polie et profondément rayée par un nombre immense de stries et de sillons ayant presque tous une direction commune. Les obstacles opposés par la masse des montagnes ou le rétrécissement des vallées ont pu détourner quelques courants secondaires ; mais la direction moyenne de tous les sillons se rapproche de la ligne nord-sud.

Pour montrer que las faits s’interprètent tout naturellement dans le sens de sa théorie, M. Adhémar cite le passage suivant du rapport de M. Élie de Beaumont sur un mémoire présenté à l’Institut par M. Durocher. « Ce qu’il y a de certain, dit M. Élie de Beaumont, c’est que, quelque conjecturale qu’en soit encore la cause, un phénomène des plus extraordinaires a sillonné cette contrée septentrionale avant la naissance du genre humain, et que ce phénomène a été immense ; peut-être même a-t-il embrassé un champ beaucoup plus vaste que celui que nous venons de parcourir ; car les traces d’un phénomène tout semblable, peut-être d’une seconde branche du même phénomène, s’observent sur la surface du Canada et de la plus grande partie du sol des États-Unis d’Amérique, se dirigeant du nord au sud, et dérivant par conséquent des régions voisines du pôle ooréal, ainsi que cela s’observe dans le nord de l’Europe. Quant à la manière dont l’impulsion une fois produite aurait donné naissance aux effets observés, M. Durocher conçoit qu’une grande masse d’eau, partie des régions polaires, et probablement accompagnée de glaces, est venue inonder les contrées septentrionales depuis le Groenland jusqu’à la chaîne des monts Ourals. Le courant s’est précipité du nord vers le sud, envahissant la Norvège, la Suède et la Finlande, démantelant les montagnes et les rochers qu’il trouvait sur son passage, polissant leur surface et y traçant de3 sillons et des stries au moyen de détritus qu’il en arrachait. Les mêmes masses d’eau qui avaient passé sur la Scandinavie et la Finlande ont dû se répandre sur l’Allemagne, la Pologne et la Russie, et y produire encore des phénomènes d’érosion et de transport. L’état parfait de conservation des blocs erratiques est une preuve incontestable de la présence d’énormes glaçons dans le torrent qui traversa notre hémisphère. En effet, dans 1 origine, on avait de la peine à comprendre comment il était possible qu’après avoir parcouru des distances égales quelquefois à plusieurs centaines de lieues, ces blocs eussent conservé la vivacité de leurs arêtes. Leur poids énorme ne permettait pas de supposer qu’ils eussent pu rester suspendus dans la masse fluide, et, par conséquent, ils auraient dû être émoussés et arrondis par le frottement sur la surface des rochers. »

Un autre témoignage scientifique important en faveur de la périodicité des déluges et de la théorie qui en place la cause immédiats dans les glaces polaires est celui de M. d’Archiao. > Il est remarquable, dit cet éminent

féologue au sujet du terrain erratique, que ans l’hémisphère sud, depuis le 41e degré jusqu’au cap Horn, on trouve ie même phénomène que dans les parties septentrionales de l’ancien et du nouveau monde, et de plus avec des limites semblables. À mesure qu’on se rapproche des régions tropicales, les blocs erratiques disparaissent, et 1 on n’en a guère constaté dans la bande immense comprise entre le 35e degré de latitude nord et le même degré de latitude sud. On sera donc obligé d’admettre que le fait erratique européen n’est rias un fait unique et isolé, mais bien un phénomène alternatif et périodique, propre aux deux pâles de la terre ; à moins que l’on ne prétende que les blocs du Nord ont franchi l’équateur pour se déposer sur les régions de l’autre hémisphère. > Il est remarquable que M. d’Archiac est conduit, par l’ob-