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— du gr. derma, peau ; spora, semence). Bot. Genre de champignons.

DERMOSYPHIE s. f. {dèr-mo-si-fi — du gr. derma, peau, et de syphilis). Affection syphilitique de la peau.


DERNÉH, la Darnis des anciens, ville de la côte septentrionale d’Afrique, dans l’État de Tripoli, paysdeBarca, àS90kilom. E. deTri Soh et à 238 kilom. N.-E. de Bengazy, au fondune petite baie de la Méditerranée. La population, jadis considérable, n’est plus que de 2,000 hab. environ, par suite des dévastations des Bédouins et des ravages de la peste. Pêche, commerce de cabotage, marchés importants ; port très-peu sûr. Des aqueducs

amènent des eaux, abondantes dans les rues de la ville, qui sont régulières, mais bordées de maisons de terre. La construction la plus remarquable de Dernéh est le palais du gouverneur,


DERNIER, IÈRE adj. (dèr-nié, iè-re.-Ce mot est une contraction du vieux français derrenier, qui est lui-même pour derrainier, lequel est dérivé de l’ancien adjectif derrain, plus anciennement déerrain, daerrain. Les formes romanes corrélatives sont : picard, dérain, darain, derne, dergner ; wallon, diérain ; namurois, dérain ; rouchi, darrain. Ces formes représentent le latin fictif deretranus, fait de de rétro, qui est le type du français derrière, et dont un autre dérivé, derelrarius, a produit le provençal derrier, derrcr, derier, derer, darrier, dernier, et le catalan derrcr, darrer, même sens. Le dernier est donc, étymologiquement, celui qui est placé, qui vient

par derrière ou en arrière). Qui est, qui vient après tous les autres : La dernière année du règne de Louis XIV. /.«derniers beaux jours de la saison. L’avarice est la dernière et la plus absolue de nospassions. (Vauven.) Juvénal est le plus véhément et le dbrnhjr des satiriques latins. (Boissonade.) J’appartiens toujours au dernier caprice qui traverse mon cerveau malade. (G. Sand.)’ Le ciel est la dernière chose qu’un avare cherche à gagner. (Petit-Senn.) Le plaisir est la dernière passion des vieilles sociétés. (St-Marc Gir.)

Mais ce champ ne se peut tellement moissonner Que les derniers venus n’y trouvent à glaner. La Fontaine.

Partout l’on dit ouvertement

’ Que Clémentine est si galante,

Que le premier qui se présente

Devient aussitôt son amant ;

Mais, certes, c’est lui faire injure : Ce n’est point le premier venu

Qui fait succomber sa vertu,

C’est le dernier, je vous le jure.

Damon, connu par mille écarts divers, Vient d’épouser la prude Orphise. Hier, au sortir de l’église,

La dame lui disait : • Enfin de vos travers Vous voilà revenu, mon arai, je l’espère. Vous serez sage désormais.

— J’en conviens, dit Damon, j’eus la tête légère ; Je vais tout réparer, oui, je vous le promets ;

Ne craignez point, charmante Orphise, Que je me démente jamais,

Je viens de faire ici ma dernière sottise. >

il Qui doit venir après tous les autres : Ces événements passeront dans nos annales jusqu’à nos derniers neueua ;. (Mass.) Il Qui reste, qui subsiste après tous les autres : Employer jusqu’à SOn DERNIER SOU.

— Final, qui termine la carrière : Toucher à sa dernière heure. Être à ses derniers moments. La dernière heure de l’aristocratie est sonnée. (Chateaub.) Il Qui achève, qui termine complètement : Mettre la dernière mai» à un ouorage. Faire ses derniers préparatifs. Donner un dernier coup d’ail au dîner.

— Qui précède immédiatement le temp3 actuel : L année dernière. Le mois dernier. La semaine dernières. Dimanche dernier. Lundi dernier. Ces derniers jours. La philosophie entière du dernier siècle est tout à fait athéisiique. (J. de Maistre.) Il Qui est plus récent que tous les autres : La dernière guerre. La dernière assemblée. Il Qui est exprimé après les autres : Le désespoir tient à la fois de la colère et de la crainte, mais davantage de ce dernier sentiment : c’est la frayeur de l’avenir. (Lélut.)

— Suprême, extrême en bien ou en mal : Le dernier degré de perfection. Le dernier avilissement. Une toilette du dernier goût. Faire les derniers efforts pour réussir. Cette proposition est du dernier ridicule. La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité. (La Bruy.) La physionomie slupide des idiots, leur extérieur sale et repoussant, expriment le dbrnier degré de dégradation de l’espèce humaine. (Calmeil.) On jouit de soi-même au milieu de la vie la plus pénible, au sein de la dernière misère. (Prévost-Parndol.) Il Infime, plus petit que tous les autres : Jusque dans les derniers détails, l’économie tout entière des poissons contraste avec celle des oiseaux. (G. Cuv.) Il Décisif, qui l’emporte sur tous les autres : La dernière raison des déterminations libres de la volonté est en elle-même. (Royer-Collard.) L’autorité de la conscience est la derniers autorité dans laquelle vient se résoudre l’autorité de toutes les autres facultés. (V. Cousin.) L’hérédité est l’espoir du ménage, le contre-fort de la famille, la raison derniers de la propriété. (Proudh.j

DERN

Dernier bien, Extrême perfection ; parfaite intimité : Votre coiffure est du dernier bien. Je suis du dernier bien avec Voltaire ; j’ai reçu de lui une lettre de quatre pages aujourd’hui. (Mrae.du Défiant.)

Dernier mot, Conditions, concessions au delà desquelles on est fermement résolu à ne pas aller : Est-ce votre dernier mot ? Dites votre dernier mot. ii Au dernier mot, Sans en rien rabattre ou sans y rien ajouter : J’en veux cent francs, au dbrnier mot.

En dernier lieu, À la fin, la dernière fois : Quand je le vis en dernier lieu, tï était déjà alité.

En dernière analyse, Pour terminer, pour conclure, en résumé, en définitive : La certitude de toutes nos connaissances repose, en dernière analyse, sur la véracité supposée de notre intelligence. (Jouffroy.)

C’est le dernier homme, la dernière femme à qui, C’est à lui, à elle moins qu’à tout autre que : C’est le dbrnier hommb à qui je confierais un secret,

— Ane. coût. Dernier vivant tout tenant, Dans les coutumes d’Artois et de Cambrésis, Epoux survivant qui profitait en totalité d’une acquisition faite en commun pendant le mariage, en vertu d’une stipulation expresse que la coutume autorisait.

—Substanti v. La personne, la chose qui vient après toutes les autres, dans le temps, la place ou le rang : Être le dernier. Arriver le dernier. Si ion ne faisait attention qu’à la figure, on pourrait regarder l’orang-outang comme le premier des singes ou le dernier des hommes. (Buff.) Le dernier des mendiants est un homme comme le roi. (Frédéric II.) Un jour viendra qui sera le dernier de celle terre. (Ballanche.) Il Celui qui survit à tous les autres : Le dernier de sa famille. Le dernier de sa race. Se faire tuer jusqu’au dernier. Le christianisme est la dernière des religions. (Jouffroy.)

— Celui, celle dont on vient de parler, après avoir parié des autres, dans l’ordre du discours : Il y a plus d’outils que d’ouvriers, et de ces derniers plus de mauvais que d’excellents. (La Bruy.) Les bons et les mauvais princes ont été également loués pendant leur vie ; il semble que les basses flatteries ont été plus prodiguées à ces derniers. (Mass.)

Le dernier des, Celui qui met fin à la série des : Brutus et Cassiiis furent les derniers des Domains. Philopœmen fut le dernier des Grecs.

Ce roi que l’Orient, tout plein de ses exploits, Peut nommer justement le dernier de ses rois.

Racine.

Il Le plus vil, le plus méprisable ou le plus misérable : La dernière des créatures. Duclos, pour exprimer le mépris, avait une formule favorite ; il disait toujours : « C’est t’avani-dernier des hommes. — Pourquoi i’ucani-DERNiER ? — Pour ne décourager personne : car il y a presse. »

Le dernier des mortels est maître de son cœur.

Chômer.

— Prov. Aux derniers les bons, Ce qui reste après le choix des autres est souvent le meilleur.

— s. m. Littér. Dernière syllabe ou dernière partie du mot d’une charade :

Mon tout sur mon premier fait ouïr mon dernier.

(Charade sur le mot pinson.) Pour faire mon dernier. Iris prend mon premier. Et quitte mon premier pour faire mon entier. (Charade sur le mot découdre.)

— Jeux. À la paume, Chacune des deux parties de la galerie les plus éloignées de la corde. n-Auoir le dernier, Être touché le dernier, à certains jeux de course, et fig. Avoir" la dernière réplique, parler le dernier. On dit aussi, dans ce dernier sens, avoir lb

DERNIER MOT.

— Antonyme. Premier.

— AlluS. bist. Les derniers Romain*. Le dernier de. Grec», Mots qui s’emploient

tantôt sérieusement, tantôt ironiquement, pour désigner tous ceux qui conservent la tradition d’un passé qu’ils sont presque seuls à représenter. C’est une allusion à Brutus et à Cassius, qui conservèrent dans une société en décadence les mœurs et les vertus des anciens temps. Le dernier des Grecs est le nom que l’on donne souvent à Philopœmen, en qui l’amour de la liberté, chez les Grecs, jeta son dernier éclat. Voici quelques applications de ces allusions :

« Il s’agit d’une étude historique, l’Académie royale de peinture et de sculpture, par M. L. Vitet. M. Vitet est un des derniers Romains, un des hommes les plus compétents pour traiter cette grande question de l’art, si massacrée depuis quelque temps, qu’on peut dire qu’elle a eu, elle aussi, ses journées de septembre. »

Edmond Texier.

■ Le club patriotique se trouvait donc dissous de fait, et les seuls membres qui fussent restés fidèles à ses principes, peut-être parce qu’on n’avait rien fait pour les en détacher, en étaient réduits à se consoler entre eux. « Nous sommes les derniers des Romains de Châteaugiron, ■ disait d’un ton d’amertume

DERN

l’ex-greffier, qui, comme on a pu le voir, se piquait d’érudition littéraire. »

Charles de Bernard.

« On s’accorde depuis longtemps à proclamer que la’ Consolation philosophique de Boece est un beau livre. Ce dernier des Romains, comme l’ont appelé quelques critiques, surpasse tellement Martianus Capella, Cassiodore, Isidore de Se ville, tous les écrivains de son siècle, et païens et chrétiens, qu’il ne peut leur être comparé sans injure. »

(Le Siècle.)


Dernier des Mohicans (LE), roman anglo-américain de Fenimore Cooper, qui parut en 1826. Sous ce titre, nous comprendrons cinq ouvrages qui se font suite et dont le sujet principal est l’agonie de la race indienne disparaissant peu à peu devant la persévérance de la race anglo-saxonne. Ces cinq ouvrages sont le Tueur de daims, le Guide du lac Ontario, le Dernier des Mohicans, les Pionniers et la Prairie. Les deux premiers sont de beaucoup les moins intéressants, aussi n’en donnerons-nous point l’analyse ; ils servent pour ainsi dire d’entrée en matière au Dernier des Mohicans, histoire de 1757. Ce dernier ouvrage, le chef-d’œuvre de Cooper est du plus saisissant intérêt. Un jeune officier anglais, Duncan Heyvard, s’est chargé de reconduire à leur père deux jeunes filles, Alice et Cora. Il a pris pour guide le Renard subtil, Indien perfide oui les égare à dessein. Le jeune officier est obligé de demander son chemin à un chasseur, connu sous le nom d’ŒU-de-faucon ou la Longue carabine, qu’il trouve causant avec deux Indiens-de la tribu des Delawares. Ce chasseur, issu de parents européens, est devenu à moitié Indien ; mais, dans sa loyauté, il n’a pu s’attacher qu’aux Delawares, dont- peu de vices souillent les vertus. C’est avec les chefs de cette tribu, le Grand-Serpent et le Cerf agile, son fils, qu’il conversait lorsqu’il fut abordé par Heyvard. Œil-de -faucon fait comprendre au jeune homme la trahison du Renard subtil et leur sert de guide, accompagné de ses deux amis, qui sont les derniers membres vivants de la famille des Mohicans. L’auteur met alors sous les yeux du lecteur une multitude de scènes tantôt gaies, tantôt terribles, propres à peindre le caractère et les’habitudes des sauvages sous les aspects les plus divers. 1 ! engage plusieurs combats dans lesquels périssent la charmante Cora, le Renard subtil et leCerf agile, et termine le roman par l’union d’Heyvard et d’Alice.

Les Pionniers. Ce roman forme, pour ainsi dire, la seconde partie du roman des Mohicans. La civilisation a fait des progrès, et Marmaduke Temple est juge dans ’la ville de Templetown. Le Grand-Serpent et Œil-defaucon se sont un peu rapprochés des colons ; le premier s’est converti au christianisme et a reçu le nom de John l’Indien. Le second a changé son nom en celui de Bas-de-cuir, qu’il doit sans doute à ses énormes guêtres. Tous les deux sont attachés par une amitié sincère au jeune Édouard Effingham, qui avait autrefois témoigné une grande amitié à la tribu des Delawares et avait même été adopté par elle. Édouard nourrit une haine secrète contre le juge Temple, ce qui ne l’empêche pas d’adorer sa fille, miss Elisabeth. Pendant ce temps Bas-de-cuir, accusé d’avoir tué un daim et d’avoir menacé un constable de son fusil, est condamné à la prison et à une amende qu’il ne peut payer : Édouard le délivre, et, avec John, ils se retirent sur une montagne, où le Grand-Serpent, sentant approcher sa fin, meurt en chantant les louanges de sa nation. Édouard et Bas-de-cuir sauvent miss Temple de la mort ; le premier reconnaît que M. Temple n’avait envers lui aucun tort et il épouse sa fille. Mais Bas-decuir, fuyant toujours devant la civilisation, indigné des défrichements que l’on fait chaque jour, .fait ses adieux, à ses amis, pour s’enfoncer dans les forêts, où il pourra tuer un daim sans craindre d’être arrêté par un constable.

La Prairie. Ce livre est regardé par d’éminents critiques comme égal, si ce n’est supérieur au Dernier des Mohicans, Le sujet en est fort simple. Une caravane d’aventuriers composée de vingt personnes environ, hommes, femmes, enfants, se dirige, à travers les prairies sans fin de l’Amérique orientale, vers un but inconnu et que le romancier ne révèle que d’une façon très-obscure. Parmi les chariots qui servent de demeures à cette espèce de tribu nomade, il en est un qui renferme un objet mystérieux, que le cher de la troupe, Isinasl Buth, cache à tous les yeux : c’est une jeune Espagnole, épouse d’un officier américain, auquel elle a été ravie le jour même de ses fiançailles, parle beau-frère d’Ismael, qui espère obtenir de la jeune femme une riche rançon. L’époux de cette dernière, le capitaine Middleton, s’est mis h sa recherche avec l’aide d’un jeune chasseur d’abeilles, du naturaliste Baltus et de Bas-de-cuir ou le Trappeur. Cette vieille figure, qui a su nous intéresser si fortement dans le Dernier des Mohicans et’dans les Pionniers, est dessinée ici avec une finesse et une simplicité merveilleuses. La vie sauvage l’a endurci ; mais l’Européen reste toujours au fond, avec ses sentiments plus doux, un instinct de justice plus développé. Déjà vieux, dans la dernière partie

DERN

de cette trilogie du désert, on le retrouve errant dans la/Vaine, — ses forces ont décliné, une sorte de tristesse a saisi cet être si ferme et si rude, il se sent plus de respect pour la vie des hommes, il hésite à se défendre contre son ennemi. Une fois il ajuste l’un d’eux, puis, relevant son fusil : « Bah, dit-il, je suis trop vieux pour verser le sang d’un homme, » Il y a là plusieurs pages touchantes, où cette douceur triste qui accompagne la vieillesse chez cette nature primitive produit un grand effet. Après plusieurs tentatives, dans lesquelles il est puissamment secondé par le Trappeur, le capitaine Middleton parvient à arracher son épouse aux mains de ses ravisseurs ; mais ceux-ci la poursuivent et sont au moment de la reconquérir, lorsqu’elle leur est enlevée, ainsi que ses défenseurs, par les Indiens Sioux, dont le chef a été séduit par sa beauté. Ces nouveaux ravisseurs sont rencontrés par une autre tribu d’Indiens, nommés les Pawnies-Loups, aussi doux que les Sioux sont cruels. Un combat s’engage, et, grâce aux miracles d’habileté du Trappeur, Inès est délivrée, ainsi que son époux. L’auteur a principalement emprunté aux mœurs des Indiens

les couleurs dont il a relevé la simplicité de son sujet. Une chasse au buffle, l’incendie d’une prairie, les combats des Indiens les uns contre les autres, leurs mœurs dans leurs camps, voilà les tableaux les plus remarquables qu’il ait tracés, et dans ce nombre, l’incendie de la prairie est de beaucoup supérieur aux autres. Le Trappeur est le principal personnage du roman, celui auquel s’attache tout l’intérêt, sous les divers noms de Tueur de daims, Œil-de-faucon, ia Longue carabine, le Guide, Bas-de-cuir et le Trappeur. Le sangfroid, la patience, l’adresse, la connaissance des lieux sont les traits principaux qui le font et qui déjà l’avaient fait le héros des Pionniers et dés Mohicans. Ce vieux chasseur, dont la création suffit à animer trois romans, n’est pas un misanthrope-, il ne se plaint point de l’humanité ; mais il a si longtemps vécu dans les bois qu’il y reste par habitude, par souvenir de jeunesse. Il aime les dangers qu’il y rencontre, comme les vétérans aiment la guerre, parce que c’est une émotion et un intérêt dans leur vie. Cooper a le premier, dans ces romans, décrit la vie sauvage et la nature vierge de l’Amérique. À ce titre il en est le Christophe Colomb, et c’est lui qui a donné naissance à l’école descriptive dont W. Longfellow est le chef illustre. Cooper égale, s’il ne le surpasse, Walter Scott lui-même, comme exactitude et comme style, et les romans dont nous venons de parler peuvent se comparer aux meilleurs du romancier écossais. Ils ont en plus un avantage sur ces derniers, c’est l’exactitude historique, dont on a fait honneur à Walter Scott, un peu légèrement peut-être. Lorsque la race indienne aura été absorbée par la race anglosaxonne, c’est dans les romans de Cooper

qu’on retrouvera, pour ainsi dire photographiés, les mœurs, les usages, les coutumes de ces antiques peuplades de l’Amérique du Nord.


Dernier jour d’un condamné (LE), par V. Hugo (Paris, 1829). On ne doit pas s attendre à trouver dans les lignes qui vont suivre une discussion à propos de la peine de mort. Que la loi qui tue soit funeste, abominable, impie même, comme l’ont dit Franklin, Beccaria, Montesquieu, Turgot et tant d’autres, ou bien que le bourreau soit en vérité la clef de voûte de l’édifice social, comme l’a. ’ prétendu Joseph de Maistre, nous n’avons pas à le rechercher ici, et nous renvoyons le lecteur, s’il veut étudier cette question, grave entre toutes, à l’article de ce Dictionnaire qui lui sera consacré.

Notre tâche se borne à parler du Dernier jour d’un condamné ; mais nous avons aussi

— car la chose est intéressante à beaucoup d’égards — à raconter comment V. Hugo a été amené à écrire le livre étrange dont le titre est en tête de cet article. Nous puisons la plupart de nos renseignements dans deux volumes intitulés : V. Hugo raconté par un témoin de sa vie. Bien que cet ouvrage ait été

Fublié sans nom d’auteur, le public sait à qui attribuer.

En 1862, la république de Genève révisait sa constitution. M. A. Bost écrivit à V.Hugo, lui demandant de venir mêler sa voix à celle des constituants, dans la plus grave entre toutes les questions qui devaient être agitées, celle de la peine de mort. Nous extrayons l’épisode -suivant de la réponse que de son exil notre grand poète adressa au représentant de l’Église de Genève : « À Paris, en 1818 ou 1819, un jour d’été, vers midi, je passais sur la place du Palais-de-Justiee. Il y avait là une foule autour d’un poteau. Je m approchai. À ce poteau était liée, carcan au cou, écriteau sur la tête, une créature humaine, une jeune femme ou jeune fille. Un réchaud plein dé charbons ardents était à ses pieds devant elle ; un fer à manche de bois, plongé dans la braise, y rougissait ; la foule semblait contente. Cette femme était coupable de ce que la jurisprudence appelle vol domestique, et la métaphore banale, danse de l’anse du panier. Tout à coup, comme midi sonnait, en arrière de la femme et sans être vu d’elle, un homme monta sur l’échafaud ; j’avais remarqué que la camisole de bure de cette femme avait par derrière une fente rattachée par des cordons ; l’homme dénoua rapidement les cor-