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été bien souvent décrites comme des espèces distinctes. Nous en citerons quelques-unes : la. delphinite ferrifêre, appelée aussi pistazite, riche en fer, d’un vert île pistache, quelquefois d’un vert d’herbe ou de feuille, d’un vert jaunâtre, d’un vert de serin, se trouve en

fros cristaux dans les mines de fer d’Arenal. La delphinite manganésifère, colorée en noir par l’oxyde de manganèse, passe quelquefois au rouge et au violet. Elle existe à Saint-Marcel, dans la vallée d’Aoste, en Piémont, où elle accompagne la trémolithe, la braunite, la greenovite et la violane. La delphinite cérifère est d’un noir brunâtre. Elle est remarquable en ce que, outre la silice, l’alumine, le peroxyde de fer et la chaux, elle renferme une proportion notable d’oxyde de cerium et des métaux qui l’accompagnent, comme l’yttrium, le lanthane, le didyme, l’erbium, le terbium. On en rencontre au Groenland dans une roche micacée ; à Bastnaës, près de Hiddarhytta ; en Suède, dans une roche feldspathique ; dans l’Oural et dans quelques autres lieux.

11 nous reste à indiquer le gisement de la delphinite. D’après ce qui précède, on voit que ce minéral appartient en général aux terrains de cristallisation, soit granitiques, soit schisteux ou métamorphiques. Ses cristaux sont implantés dans les cavités ou les fentes du granité, du gneiss, du micaschiste, du schiste argileux, dans les fissures des diorites et des amphiboles, des porphyres et des trapps, dans les serpentines, les calcaires grenus, et jusque dans les boursouflures des roches amygdalaires. Les localités qui fournissent les plus beaux échantillons sont : Bourg-d’Oisans, dans le département de l’Isère ; les environs de Baréges, dans les Pyrénées ; Ala Traverselli et Saint-Marcel, en Piémont ; le val de Tavestsch, canton des Grisons ; le Zillerthal, au Tyrol ; Arendal, en Norvège ; les monts Ilmen et les environs d’Achmatowsk, dans l’Oural.

DELPHINIOM s. m. (dèl-fl-ni-omm — gr. delphinion, à cause du voisinage du temple d’Apollon Delphinien). Antiq. gr. Nom donné à un des tribunaux d’Athènes, devant lequel comparaissaient ceux qui étaient accusés d’un meurtre, mais qui prétendaient l’avoir commis involontairement.

— Bot. Nom scientifique du genre dauphinelle, vulgairement appelé pied-d’alouette.

Y. DAUPniNEIAE.

DELPHINORHYNQUE s. f. (dèl-fi-no-rainke

— du gr. delphin, dauphin ; rhugehos, groin, bec). Mamra. Genre de mammifères cétacés, de la famille des delphiniens, formé aux dépens du genre dauphin et comprenant six espèces : Le delphinorhynque couronné est commun dans la mer Glaciale. (Boitard.)

— Enoycl. Les delphinorhynques sont des cétacés voisins des dauphins, auxquels on les réunissait autrefois. Ils ont la tête bombée, le museau prolongé en un bec fort mince et fort long, non séparé du corps par un sillon ; dos mâchoires presque linéaires et garnies de dents nombreuses. Ils n’ont qu’une seule mâchoire dorsale, réduite quelquefois a un pli longitudinal de la peau légèrement élevé et placé un peu en arrière. Ces animaux atteignent quelquefois une très-grande taille. On en connaît six espèces. he delphinorhynque couronné (delphinorhynchus coronatus) atteint ordinairement douze mètres de longueur sur cinq mètres d’épaisseur ; sa couleur générale est d’un noir uniforme em dessus et en dessous ; sa tête, très-petite relativement à ses proportions, présente sur le front deux cercles jaunes concentriques ; ses mâchoires forment un bec très-long et très-pointu. D’après Fréminville, ce delphinorhynque est commun dans la mer Glaciale ; il se plaît surtout entre les grandes îles de glace qui avoisinent le Spitzberg. Il est peu défiant et s’approche fréquemment des navires, autour desquels on le voit jouer en troupes nombreuses, par les temps de calme, en décrivant des ares de cercle comme les dauphins. Ces cétacés viennent jeter le long du bord l’eau qu’ils lancent par leurs évents. Leur jet, qui ne dépasse pas la hauteur de deux mètres, est lancé bruyamment et avec une force tello qu’il se divise aussitôt, au point de n’avoir que l’apparence d’une légère vapeur. Le delphinorhynque de Geoffroy (delphinorhyncus frontatus) n’a guère plus de deux mètres de longueur ; sa patrie n’est pas bien connue ; on croit cependant qu’il vit sur les côtes du Brésil. Le delphinorhynque à long bec (delphinorhyncus rostratus) a une longueur de deux à trois mètres ; il habite l’océan Atlantique et échoue quelquefois sur nos côtes. Le delphinorhynque tacheté (delphinorhynchus maculatus) est long d’environ deux mètres ; on l’a trouvé dans les mers de la Polynésie ; il nage très-vite et respire souvent et avec force. Le delphinorhynque malayon (delphinorhynchus malayanus), à peu près de même dimension que le précédent et d’un gris cendré uniforme, habite autour des Iles de la Sonde. Le delphinorhynque microptère (delphinorhynchus micropterus), de cinq mètres de longueur, doit son nom à sa nageoire dorsale très-petite ; on en a trouvé un individu échoué près du Havre.

DELPHINULE s. m. (dèl-fl-nu-le). Moll. Syn. de dauphinele.

DELPHINUS s. m. (dèl-fi-nuss — mot lat. formé du gr. delphin, dauphin). Manira. Nom scientifique du genre dauphin.

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DELPHINUSIDÉ, ÉE adj. (dèl-fi-nu-zi-dé).

Mamm. Syn. de delphinien.

DELPHIQUE adj. (dèl-fi-ke). Géogr. Qui est de Delphes : La sibylle delphique rendait ses oracles à Delphes. Il Qui appartient à Delphes ou à ses habitants : Le pays dblphiqub. Il On dit aussi delphien, ibnne.

DELPHIS s. m. (dèl-fiss — du gr. delphin, dauphin). Mamm. Nom-scientifique de l’espèce type du genre dauphin.

DEI.PHCS (jEgidius) ou GILLES DE DELFT,

théologien italien. Il occupait une chaire de théologie à Paris vers 1507. Il possédait une érudition variée et une remarquable facilité pour faire des vers. Ses principaux écrits sont : Commentarius in Ovidium de Remedio amoris (Paris, 1495, in-4o), et Septem Psalmi pœnitentiales noviter metrice compilait (Paris, in-4 », sans date).

DELPHYNÉ ou DELPHYNÈS, nom donné par quelques auteurs au serpent Python.

DELPIT (Martial), littérateur français, né ai Cahuzac (Lot-et-Garonne) en 1813, fils d’un médecin. Il suivit les cours de l’École des chartes, puis fut employé quelque temps par le célèbre historien Augustin Thierry, qu’il aida dans ses recherches sur l’histoire du tiers état. On a de lui deux écrits publiés en 1841 et couronnés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres : Notice sur le manuscrit intitulé : Recognitiones…., et Mémoire sur les sources manuscrites de l’histoire municipale de la ville d’Amiens. — Son cousin, Jules Dblpit, a collaboré à la notice que nous avons citée plus haut et publié : le premier volume de la Collection générale des documents français qui se trouvent en Angleterre (1847, in 40) ; Réponse d’un campagnard à un Parisien ou Réfutation du livre de M. Veuillot sur le droit du seigneur (1857, in-4o), etc. Il est membre de l’Académie de Bordeaux.

DELPON DE LIVERNON {Jacques-Antoine), écrivain français, né à Livemon. (Lot) en 1778, mort en 1833. Il entra dans la magistrature, devint successivement procureur impérial à Figeac, secrétaire général du conseil d’État de Murât à Naples, maître des requêtes, député (1830-183 ?), et enfin président du tribunal de première instance de Figeac. Delpon a composé quelques ouvrages écrits en un bon style et qui prouvent de sérieuses connaissances. Les principaux sont : Statistique ancienne et moderne au département du Lot (Cahors, 1821, 2 vol. in-4o) ; Essai sur l’histoire de l’action du ministère public (1830, 2 vol. in-8o) ; Essai sur la liberté des cultes (in-4 » ), etc.

DELPORTE (François), agronome français, né à Boulogne-sur-Mer en 1746, mort en 1819. Il est surtout connu pour avoir amélioré les races ovines du nord de la France par leur croisement avec les moutons anglais et les mérinos. Il fit également l’essai de diverses espèces de prairies artificielles. Enfin il est J’un des premiers cultivateurs de France qui se soit livré en grand à la culture de la pomme de terre. Il a publié un Mémoire sur l’éducation des troupeaux (1791), et la Description topographique du district de Boulogne-sur-Mer, de son agriculture, etc. (1798, in-8o), en collaboration avec M. Henry.

DELPŒCH (Jean — François, marquis de Comeiras), général français. V. Comeiras.

UELU1EU (Étienne-Joseph-Bernard), littérateur et auteur dramatique français, né vers 1763, mort en 1836. Il professa longtemps la rhétorique à Versailles, devint, sous 1 Empire, chef de bureau à l’administration des douanes et reçut une pension de 2, 000 fr., qui fut réduite à 1, 200 après la révolution de Juillet. Sans convictions arrêtées, Delrieu célébra la naissance du roi de Rome (1813), après avoir écrit des stances en l’honneur de la Montagne (1793). Il a composé un grand nombre d’ouvrages dramatiques, tragédies, comédies, drames, opéras, dont quelques-uns ont été applaudis. Delrieu dut sa réputation à deux tragédies, qui eurent du succès lors de leur apparition : Artaxerce (1808), imitée de Métastase, et Démétrius (1815). Outre cesouvrages qui, du reste, ne lui ont pas survécu, nous citerons parmi ses comédies : le Philosophe soldat (trois actes) ; le Jaloux matgré lui (un acte) ; les Ruses du mari (1802, trois actes, 1802) ; la Prévention paternelle (1S04, un acte) ; VEligible (1821, un acte) ; parmi ses opéras-comiques : Jlarmodius et Aristogiton (1794, trois actes) ; les Deux lettres (1796, deux actes) ; Candos (1797, trois actes) ; Michel-Ange (1802, un acte) ; Florestan (1821). Mentionnons enfin Amelia ou les Deux jumeaux espagnols, drame en cinq actes (1798).

DELRIO (Martin-Antoine), savant jésuite néerlandais, né à Anvers le 17 mai 1551, mort à Louvain le 19 octobre 1608. Il étudia la philosophie à Paris, le droit à Douai et à Louvain, publia à vingt et un ans ses notes sur les tragédies de Sénèque (1574), fut, pendant dix ans, sénateur au conseil du Brabant et vice-chancelier, puis, dégoûté des affaires, il retourna en Espagne, où il avait déjà été se faire recevoir docteur en 1574, et entra dans l’ordre des jésuites en 1580. Depuis lors il professa successivement la philosophie, la théologie et l’écriture sainte à Salamanque, à

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Douai, à Liège, où il prononça ses vœux, puis en Styrie, une fois encore à Salamanque, et enfin à Louvain, où il mourut. Il était aussi modeste que savant. Dans son livre lu Senecœ tragœdias adversaria (1574), il cite, près de onze cents auteurs, qu’il a tous lus et comparés ; mais il était aussi très-crédule, comme le prouve son grand ouvrage ùisquisitionum magicarum libri sex (Louvain, 1599, in-4 » ) j traduit en français par André Duchesne (Paris, 1811, 2 vol. in-4o).

DELSAHTE (François-Alexandre-Nicolas-Chéri), artiste lyrique et musicien français, né à Solesmes, le 19 décembre 181U II futadmis au Conservatoire en 1826. Après quatre années d’études, il en sortit en 1830, parut pendant quelque temps sur le théâtre de l’Opéra-Comique et se consacra ensuite à l’enseignement de son art pour lequel il a toujours montré une passion peu commune. On l’a toutefois revu en publie, notamment dans des concerts organisés annuellement par ses soins et très-suivis par les artistes et les amateurs aristocratiques. Au mois de mars 1848", il est remonté sur la scène pour chanter un air patriotique, à. côté de Mlle Chéri Couraud, dans la. Révolution, que représentait alors l’Opéra-National. M. Delsarte, à qui l’on doit comme professeur beaucoup d’élèves parmi nos célébrités dramatiques et dans le monde des salons, choisit de préférence, comme chanteur, la musique ancienne:aussi n’a-t-il pas peu contribué à sauver de 1 oubli un certain nombre de morceaux empruntés aux compositeurs d’autrefois. Il excelle à interpréter les récitatifs par la déclamation musicale, et souvent il a été à même de prouver, comme M. Duprez, qu’un rhythme ajoutait plutôt qu’il ne nuisait à l’expression des passions et des sentiments humains, contre l’opinion générale du public, qui admire surtout les acteurs qui donnent aux vers l’allure et le son de la prose. M. Delsarte a réuni, sous le titre d’Archives de chant, des cahiers de musique historique du vie au xviie siècle. On lui doit en outre la musique de quelques romances.

DEL SARTO (Andréa), peintre italien.

V. ANDREA DEL SARTÛ.

DELSBERG, ville suisse. V. Delémont.

DELTA s. m. (dèl-ta). Quatrième lettre et troisième consonne de l’alphabet grec, ainsi figurée A, H • Un delta majuscule. Un delta minuscule. Le delta se prononce comme le D français. Les Ioniens et les Doriens mettaient un delta à la place du sigma, et quelquefois à la place du gamma; ainsi ils disaient odmê pour osmê, et dâ, dâs, pour gâ, gâs. (B. Barbé.)

— Par ext. Objet quelconque ayant la forme d’un triangle régulier, comme le delta majuscule : Les corsets busqués étaient ornés d’un delta de nœuds et rubans. (Balz.)

— Géol. et géogr. Espace de terre de forme triangulaire compris entre les branches-principales d’un fleuve qui se divisa vers son embouchure en deux ou plusieurs branches : Ledelta du Jfil. Les Etrusques avaient exécuté de grands travaux pour dessécher le delta du Pâ. (Ampère.) L’embouchure du Rhône forme un grand delta sablonneux. (Martins.) Les Zaporogues habitaient le delta formé par le Dnieper. (Mérimée.) La formation des deltas est un des phénomènes géologiques les plus modernes qui se soient accomplis à la surface du sol. (A. Maury.) Dans le delta, au lieu du va-et-vient inutile des flots de la Méditerranée, se balancent au vent les immenses moissons dorées, le blé, le coton, le ris, le maïs, et s’étendent à perte de vue les champs de fèves fleuries, les plaines verdoyantes de Bessim. D’autres fleuves encore, il est vrai, ont leur delta, mais évidemment ce ne sont là que des contrefaçons chétioes ; la nature n’a pris à cœur que le delta du Nil. (Ch. Edmond.)

— Relig. Triangle entouré de rayons, dans lequel on dessine un œil ou les lettres hébraïques qui composent le nom de Jéhovah : L’Orient, où se tenaient les hauts dignitaires de la franc-maçonnerie unitaire, était splendidement éclairé par un delta lumineux. (Aug. Humbert.)

—’Entom. Nom vulgaire d’un papillon de jour, la vanesse gamma, appelée aussi robert-le-diable.

— Hem. Quand il désigne la quatrième lettre de l’alphabet grec, le mot delta reste invariable au pluriel : Des delta majuscules. Dans tous les autres sens, il prend la marqua du pluriel ; Le plus grand des deltas connus est celui du Gange.

— Encycl. Géol. et géogr. Les anciens Grecs avaient donné le nom de Delta à la partie de l’Égypte comprise entre les ramifications du Nil à son embouchure, parce

qu’elle avait la forme de leur D majuscule (a), c’est-à-dire la forme d’un triangle. Les géologues appellent ainsi les dépôts formés par les fleuves à. leur embouchure. Ces dépôts sont fluvio-marins. Ils renferment des corps marins, fluviatiles et même terrestres. Ils se forment, avec les siècles, par l’agglomération des matières que charrient les fleuves et qui s’accumulent à leur embouchure, parce qu’elles sont arrêtées et même refoulées par les vagues de la mer. Ces alluvions, communes à tous les grands cours d’eau, forment des îles ou des groupes d’îles pour la plupart fort remarquables. La première île qui ait porté le nom de delta est celle que forment dans la basse Égypte les embouchures du Nil. La

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pointe du delta égyptien était autrefois plus au S, qu’aujourd’hui ; le palais de Choubra, à 12 kiiom. au N. du Caire, en marque à peu près l’emplacement. C’était non loin de la, un peu plus bas, que la branche Pélusiaque, la plus orientale de l’ancien delta, se détachait du fleuve et tournait au N.-E. vers Bubaste. Maintenant le delta commence a la jonction des branches de Rosette et de Damiette, à 20 kïlom. N. du Caire. L’écartement de ces deux branches à la côte est de 132 kilom., et la distance de la pointe méridionale du delta à la mer est de 142 kilom. ; cette distance s’accroît annuellement de 3 a 4 mètres. Les branches de Rosette et de Damiette sont actuellement les seules qui soient comptées dans le delta ; mais cette vaste plaine, périodiquement fécondée par les inondations du Nil, est traversée en tous sens par une foule de canaux et présente la plus heureuse fertilité. Malheureusement cette belle contrée, où les villes et les bourgs s’élèvent nombreux et riches sur des monticules qui brisent la monotonie de la plaine, manque d’eau potable. Pendant six mois de l’année le Nil ne donne aux habitants du Delta qu’une eau jaunâtre et fangeuse, qu’on ne peut boire qu’en la faisant déposer et en frottant avec des amandes amères les vases qui la contiennent, et pendant trois mois les eaux du fleuve sont si basses qu’elles sont corrompues et remplies de vers. On est alors réduit a boira l’eau conservée dans les eiternes.

Les anciens comptaient dans le delta du Nil sept branches principales ; c’étaient, en partant de l’O., la branche Canopique, qui débouchait à Canope, un peu à l’E. d Alexandrie ; la Bolbitique, qui est la branche actuelle de Rosette ; la Sebennytique, dont on reconnaît encore les traces dans le lac de Burlos ; la Phatnitique, qui est la branche de Daroi ette, et enfin la Mendésienne, la Tatinique ou Saïtique et la Pélusiaque, trois branches dont les faibles vestiges vont se perdre dans le lac Menzaleh. Toutes ces branches prenaient leurs noms des villes principales par où elles passaient. La négligence des temps postérieurs ayant laissé se détruire les canaux et les digues, les eaux du fleuve ont abandonné une partie de ces anciennes bouches et n’ont plus alimenté que les branches de Damiette et de Rosette, qui du reste, même dans les temps anciens, semblent avoir été les deux plus considérables. De plus, d’Alexandrie à Péluse, de grandes lagunes se

sont formées sur la côte ; la plus grande, celle qu’on nomme lac Menzaleh, s’étend sur une longueur de 60 kilom. entre Damiette et Pélusa.

Le delta du Rhône commence près d’Arles et porte le nom d’îlo de la Camargue ; celui du Rhin commence près de Clèves ; le delta du Danube est compris entre les branches do Kilia et de Saint-Georges ; celui du Pô, qui grandit chaque année de 25 mètres, forme une vaste étendue de terrain empiété sur l’Adriatique. Les accroissements de terre ferme sont si rapides aux embouchures du Pô que la villa d’Adria, autrefois sur les bords du golfe qui porte son nom, se trouva aujourd’hui a 20 kilom. dans les terres. Les embouchures de l’Escaut, de la Meuse, de la Vistule et du Niémen présentent aussi des terrains d’alluvion qui constituent de véritables deltas.

En Afrique, le Kouara forme, en se rapprochant du golfe de Guinée, un vaste triangle équilatéral, enveloppé par le vieux et lo nouveau Calabar et la rivière de Noun. En Asie, le Sind ou Indus et le Meinam ont aussi leur delta. Mais celui du Gange est le plus grand de tous ceux à l’égard desquels on possède des renseignements positifs. Sa longueur, depuis sa pointe jusqu’il sa base, qui n’a pas moins de 290 kilom. de large, est de 170 Kilom. ; il divise le fleuve en huit bras, mais telle est l’immense quantité de limon et de détritus que le Gange charria dans ses eaux que celles-ci troublent encore la limpidité de la mer à 50 kilom. des côtes. Terminons enfin en citant la grande île fluviale de Marajo, formée aux embouchures de l’Amazone et du Tocantins.

DELTAÏQUE adj. (dèl-ta-i-ke — rftd. delta). Géogr. Qui appartient au delta du Nil : C’est de la branche de Damiette que partent les principauxcanauxT>BWTK<iUES. (Gér. de Nerv.) Il Qui appartient à un delta quelconque : Les terrains deltaïques sont généralement trisfertiles. (B. Barbé.)

DELTASPIS s. m. (dèl-ta-spiss — de delta, et du gr. aspis, bouclier, par allusion à la forme triangulaire de l’écusson). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, do la famille des longieornes, voisin des cérambyx, • et comprenant deux espèces, qui vivent au Mexique : Les deltaspis sont ornés de couleurs très-brillantes. (Chevrolat.)

DELTOCARPB adj. (dèl-to-kar-pe — de delta, et du gr. karpos, fruit). Bot. Qui a de3 fruits triangulaires ou en forme de delta majuscule.

— s. m. Syn. de myagre, genre de crucifères à fruits triangulaires.

DELTOCHILE s. m. (dèl-to-ki-le — do delta, et du gr. cheilos, lèvre). Entom. Syn. d’HYboma, genre d’insectes.

DELTOÏDE adj. (dèl-to-i-de — de delta, et du gr. eidos, aspect), Qui a la forme triangulaire d’un delta majuscule *. Figure deltoïde.