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gènes, qui savent conduire avec habileté des canots de 15 à 20 mètres de long.


DARNLEY (Henri Stuart, lord), époux de Marie Stuart, reine d’Écosse, né en 1541, mort la nuit du 9 février 1567. Fils de Marguerite Douglas, nièce de Henri VIII, il épousa Marie Stuart le 29 juillet 1565, au grand mécontentement des protestants, qui allèrent jusqu’à l’insulter. Jeune et beau, il inspira d’abord un amour très-vif à Marie ; mais il ne tarda pas à tuer lui-même cette affection en se livrant au plus grossier libertinage. Le refroidissement de la reine à son égard et la faveur croissante dont jouissait près d’elle le musicien Rizzio lui firent croire que ce dernier excitait Marie contre lui et était son amant. Il résolut sa mort et promit l’impunité à ses assassins. Rizzio fut frappé en sa présence, et avec sa propre épée, aux pieds de Marie Stuart. L aversion de celle-ci pour Darnley ne fit que s’accroître ; cependant elle refusa de demander le divorce, et il y eut même entre les deux époux une réconciliation apparente. Darnley consentit à rompre avec les conjurés, restés à Édimbourg, ce qui lui attira le mépris universel. Il se retira à Glascow, où il eut une maladie étrange, qui présentait tous les caractères d’un empoisonnement. Marie se rendit près de lui, le ramena à Édimbourg, le fit loger, sous prétexte de le guérir plus parfaitement de son indisposition, dans une maison isolée, à Kirk-of-Field, et passa plusieurs nuits dans un appartement situé au-dessous du sien. Une nuit, où elle s’était rendue à Holy-Rood, la maison sauta et, le lendemain, on trouva dans le jardin le cadavre de Darnley et celui de son écuyer. Bothwell, qui était alors l’amant de Marie Stuart, et qui, selon toute évidence, était l’auteur du crime, voulut faire croire que le tonnerre était tombé sur la maison du roi ; mais cette version ne trompa personne. Accusé par le père de la victime, il passa en jugement, fut acquitté et, peu de temps après, devint le mari de la reine.


DAROCA, ville d’Espagne, province et à 90 kilom. S.-O. de Saragosse, à 32 kilom. S.-E. de Calatayud, sur la rive droite du Xiloca, Oh.-l. de juridiction civile ; 3,000 hab. Récoltes et commerce de blé, vins, fruits. Cette ville est entourée d’anciennes murailles flanquées de tours ; elle fut prise sur les Maures, par Alphonse Ier, en 1123.


DAROCZ, bourg de l’empire d’Autriche, en Hongrie, comitat et à 27 kilom. S.-O. de Szatmar-Nemettri, sur la Krasna, près des frontières N.-O. de la Transylvanie ; 2,200 hab. Céréales ; élève de bétail.

DARODE, poste français, né à Lillebonne (Seine-Inférieure). Il est l’auteur d’un poëme héroïque en 24 chants, intitulé la Clovisiade ou le Triomphe du christianisme en France, dédié à la France catholique et guerrière, sous les auspices de la Reine des anges. De cet ouvrage, qui devait faire la matière de 2 vol. in-8°, il n’a paru que quelques livraisons (Paris, 1826).

DARON s. m. (da-ron — L’origine de ce mot est inconnue, mais peut-être se rattache-t-il, de près ou de loin, à la racine sanscrite dar, déchirer, diviser, et daron aurait ainsi désigné primitivement celui qui prépare et divise les portions aux serviteurs, c’est-à-dire le maître de la maison). Maître de la maison, il Maître homme ; vieux rusé, il Vieux mot.

— Argot. Père, ainsi appelé à cause de son autorité. Il Daron de la rousse ou de la raille, Préfet de police.

DARONATSI (Paul), théologien arménien, né en 1043, mort en 1123. Il acquit une grande réputation, et fut un des plus grands adversaires de l’Église grecque. On a de lui une Lettre contre les monophysites, imprimée à Constantinople (1752, in-fol.) ; un Traité contre l’Église grecque, etc.

DARONDEAU (Henri-Benoît-François), musicien français, né à Strasbourg en 1779, mort à Paris le 30 juillet 1865. Il vint très-jeune dans cette ville, où il se livra sérieusement à l’étude de l’harmonie et de la composition. Son esprit, sa gaieté, son caractère aimable lui gagnèrent^ les sympathies et l’affection de tout ce que l’on comptait de compositeurs et d’artistes en réputation dans les premières années de ce siècle. Il fit à cette époque la musique à’Acis et Galatée, ballet représenté à l’Opéra le 10 mai 1805. Mais c’est principalement par ses romances, qu’il chantait lui-même avec un goût parfait, que son nom s’est répandu, et l’on entend fréquemment encore aujourd’hui les charmants petits airs de sa composition, stéréotypés dans la plupart de nos vaudevilles, tels que : Colalto, 1 air du Verre (Désaugiers) ; le rondeau des Petites Danaïdes (Désaugiers) ; l’air de Préville et Taconet (Brazier) • la romance : En amour comme en amitié (Moreau) ; le Retour de la sentinelle (Debraux) ; les Petites poisionnaires (Brazier), et cent autres qui sont indiqués dans la Clef du Caveau sous cette simple dénomination : Air de Darondeau. Excellent professeur, il a formé des élèves distingués. En 1836, il était allé chercher le repos à Bourges ; mais, vers 1860, il revint à Paris pour se rapprocher des siens. Il s’est éteint près d’eux, âgé de quatre-vingt-six ans, toujours gai, toujours souriant, sans que jamais les infir DARR

mités, qui l’ont à la fin visité, aient pu altérer l’aimable caractère que ce contemporain et cet ami de Désaugiers a conservé jusqu’à ses derniers moments.

darondeau (Benoît-Henri), dit Benoni, ingénieur, fils du précédent, né à Paris en 1805, mort dans la même ville en 1869. Élève de l’École polytechnique, il en sortit en 1826, en qualité d’élève hydrographe, prit part, en 1828 et 1829, au travail des sondes d’atterrage des côtes occidentales de la France, Euis, de 1831 à 1835, à la reconnaissance ydrographique des côtes septentrionales, fut nommé, en 1835, ingénieur de 3« classe, fit sur la Bonite, en 1836-1837, un voyage de circumnavigation, continua, en 1838, ses travaux hydrographiques des côtes de France, et fut chargé, en 1840, de reconnaître les Esquerquis, dangereux récifs situés entre la Sicile et l’Afrique. Après avoir concouru à la reconnaissance des côtes méridionales de la Sardaigne, Darondeau, devenu ingénieur de l" classe (1S50), reçut l’ordre d’exécuter des travaux semblables sur les côtes de l’Italie, et en constata les résultats dans douze cartes particulières, grand aigle, et quinze plans. Lorsqu’on voulut établir une ligne télégraphique électrique entre la France et l’Algérie, ce fut cet habile ingénieur qui fut chargé d’examiner les profondeurs et la nature des fonds de la mer dans les lieux où devait passer le câble (1854-1855). Depuis lors il fit, à l’Ecole impériale du génie maritime, et d’après l’ordre du ministre de la guerre, un cours sur la régulation des boussoles des bâtiments de la flotte, prit la direction des travaux d’hydrographie générale au département des cartes et plans de la marine, devint successivement membre du bureau des longitudes (1865), ingénieur hydrographe en chef de la marine, cette même année, membre de la commission des phares, membre fondateur de la Société centrale de sauvetage des naufragés (1866), et reçut la croix de commandeur en 1867. L’année suivante, Darondeau fut nommé membre de la commission chargée d’étudier à Saïgon l’éclipsé totale de soleil du 18 août. Outre quatre volumes d’observations faites pendant le voyage de la Bonite, on lui doit : Note sur les Esquerquis ; Notice sur les erreurs des compas dues aux attractions locales à bord des naoires de bois et de fer ; Cours de régulation des compas ; Sur l’emploi du compas étalon, etc. En outre, il a publié la traduction de plusieurs ouvrages anglais, parmi lesquels nous citerons : Description nautique des côtes de Palagonie et du détroit de Magellan, par le capitaine King ; Instructions nautiques sur la mer Rouge, par les capitaines Elson et Moresby ; Description nautique des côtes de Chine ; Instructions nautiques sur la mer de l’Inde, par Horsburgh (3 vol.. in-4°), etc. Enfin Darondeau a rédigé, de 1842 à 1848, la partie hydrographique des Annales maritintes ; et, de 1849 à 1853, les Annales hydrographiques.

DARONDEAU (Stanislas), peintre français, né vers 1800, mort en 1842, en revenant d’un voyage en Italie. Il a exposé, de 1827 à 1841, plusieurs tableaux dont les principaux sont : Jésus enseignant dans le temple ; trançoise de Rimini ; Charles i" et sa famille ; Henri IV et sa famille ; Un vieillard et ses enfants ; Jeanne Darc, etc.

DARONNE s. f. (da-ro-ne-fém. de daron).

Argot. Mère.

DAROU s. m. (da-rou). Bot. Syn. de doura.

DAROUAR ou DARWAR, ville de l’Indoustan anglais, présidence de Bombay, dans l’ancienne province et à 154 kilom. S.-O. de Bedjapour ; 4,207 hab. Place forte, prise sur les Mahrattes, en 1784, par Tippoo-Saëb ; reprise par eux, aidés des Anglais, en 1791, après un siège de sept mois. Elle appartient à ces derniers depuis 1825. il Le district de Darwar, compris entre 140 et 16° de lat. N-, a une superficie d’environ 248 myriam. carrés, et renferme une population de 833,000 hab. Il faisait autrefois partie de l’État de Rishwa. En 1818, les Anglais le réunirent à leurs possessions.

DAROUDJ (da-roudj). Mythol. Nom des mauvais génies dans la mythologie persane.

V. DEVS et AMSCHASPANDS.

DARQUIER DE PELLEPOIX (Augustin), astronome français, né à Toulouse en 1718, mort en 1802. Il éprouva un goût si vif pour les études astronomiques, qu^l fit construire un observatoire dans sa maison, eut des calculateurs à ses gages, et forma des élèves. Il devint membre associé de l’Institut. Outre des mémoires insérés dans le recueil de l’Académie des sciences, et des traductions d’ouvrages anglais et allemands, on a de lui : Uranographie (Paris, 1771) ; Observations astronomiques faites à Toulouse, et Lettres sur l’astronomie pratique (1786).

DARRACQ (François-Balthazar), homme politique français, né à Mont-de-Marsan vers 1750, mort vers 1808. Il exerçait îa profession d’avocat au moment où éclata la Révolution. Nommé en 1795 membre du conseil des Cinq-Cents, il attaqua vivement les dilapidateurs de tout genre, demanda la libre exportation de tous les produits du sol, un impôt sur les spectacles et les bals au profit des indigents, 1 abolition du serment politique, la cessation de toute poursuite contre les prêtres insermentés, le rétablissement de la contrainte

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par corps, le maintien du divorce, épuration heureuse des séparations de corps, disait-il ; enfin, tout en voulant une liberté illimitée pour toutes les manifestations de la pensée, il proposa d’assimiler les journalistes aux prostituées, que la police doit seule règlementer. Après le 18 brumaire, Darracq devint membre du Corps législatif, y siégea jusqu’en 1804, et vécut depuis cette époque dans la retraite.

DARRAGON (François-Louis), littérateur français, né vers 1750, mort en 1814. Il était attaché à la maison du roi sous Louis XVI. Atteint d’une sorte de maladie écrivassière, il publia à ses frais un grand nombre d’écrits en vers et en prose, qui sont même au-dessous du médiocre, et qu’il est plus qu’inutile d’énumérer ici.

DARR1CAU (Rodolphe - Augustin, baron), contre-amiral français, né en mars 1807. il se voua à la carrière maritime, et, a l’âge de vingt ans, entra à l’École navale. Au mois de novembre 1836, il était embarqué comme officier à bord de l’Andromède, qui emportait aux États-Unis le prince Louis-Napoléon, à la suite de la tentative de Strasbourg. En 1S53, il était capitaine de vaisseau et fit en cette qualité et avec distinction l’expédition de Crimée. En 1858, il fut nommé gouverneur de l’île de la. Réunion, puis commandeur de la Légion d’honneur. Depuis le mois de janvier 18G4, il a le grade de contre-amiral.

DARRICAU (Daniel-Charles-Auguste, baron), conseiller d’État français, frère du précédent, né à Saint-Denis en 1808, mort en 1868. Fils d’un général baron de l’Empire, il se voua à la carrière militaire. Parvenu au grade de capitaine dans l’infanterie, il passa dans l’intendance en 1837. À la fin de 1850, il fut nommé intendant ; en 1852, commandeur de la Légion d’honneur et conseiller d’État ; en 1855, grand officier de la Légion d’honneur ; en 1856, inspecteur général de l’intendance ; enfin, au mois d’août 1862, directeur de la comptabilité générale au ministère de la guerre.

DAltRIGOL (Jean-Pierre), linguiste français, né près de Bayonne en 1790, mort en 1829. Il devint supérieur du grand séminaire de cette ville, et composa une Dissertation critique sur la langue basque (Bayonne, in-8°), qui lui fit décerner le prix Volney en 1829. Cet ouvrage est regardé comme la meilleure analyse raisonnée que nous possédions du système grammatical de la langue basque.

DARRIULE (Jean, baron), général français, né à Arudy (Béarn) en 1774, mort en 1850. Il fit les campagnes de la République et de l’Empire, se distingua surtout à la bataille de Tudela, au siège de Saragosse (1808), pendant la campagne de France (1813), et fut nommé à cette époque général de brigade et baron. Mis en non-activité sous la seconde Restauration, Darriule reçut, en 1831, le commandement de Paris, en 1S32 le grade de

lieutenant général, et en 1837 un siège à la chambre des pairs.

DARSE ou DARCE s. f. (dar-se — de l’espagn. darsena, qui se rapporte lui-même à l’arabe ddr çanah, maison de travail, atelier : dur signifie proprement une tente, un abri ; dàr çanah s’applique en particulier à certains ateliers provisoires établis dans les ports, ce qui répond parfaitement à la signification de notre mot darse). Mar. Nom que l’on donne à la partie d’un port que l’on ferme avec une chaîne, et où l’on a coutume d’abriter les petits bâtiments : La darse de Marseille, de Toulon, .d» Barcelone, d’Ancâne. Entrer dans la darse. Il Nom des ports militaires, particulièrement de celui de Toulon.

— Encycl. Devenu un nom propre, le mot Darse est l’expression la plus usitée, à Toulon, pour désigner le port militaire. Nous n’avons pas à nous occuper ici des usines, magasins et autres établissements qui constituent plus spécialement ce qu’on nomme l’Arsenal ; mais nous dirons quelques mots de la Darse proprement dite, c est-a-dire de l’espace compris entre la jetée qui ferme le port du côté de la rade et le quai. Cet espace, relativement très-grand, a de 40 à 50,000 mètres carrés de superficie. Il se divise en deux parties, la nouvelle Darse et la vieille Darse. Les deux jetées ont plus d’un kilomètre de long. Ce fut Henri IV qui en fit commencer les travaux. Dans les deux Darses, on conserve, on arme, on répare les bâtiments. C’est aussi dans cette enceinte que se trouvent les vieux navires servant de bagne flottant, la patache, l’amirale. Les bâtiments y sont divisés en deux catégories : les navires désarmés et les bâtiments en commission de port, c’est-à-dire prêts à prendre la rade dans quelques jours, en cas de besoin. Les uns et les autres sont amarrés au quai, à d’anciennes pièces de canon enfoncées dans la maçonnerie.

La partie la plus importante et la plus curieuse de la Darse est celle qui contient les bassins de carénage ou bassins de radoub. Duquesne, le premier, eut l’idée de ces bassins pour éviter le halage sur la cale, toujours très-pénible, et l’abatage en carène, qui fatigue beaucoup la membrure. L’idée du célèbre amiral fut reprise par un ingénieur nommé Groignard, qui construisit le premier et le plus petit des bassins de la vieille Darse. Nous ne saurions décrire tous les détails de ce gigantesque travail ; disons

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seulement que, pour arriver à son but, Groignard fut obligé de couler une immense caisse de bois, qu’on vida ensuite au moyen de pompes. Dans l’intérieur de cet appareil descendirent les ouvriers chargés de construire la maçonnerie. Grâce aux progrès des travaux hydrauliques, ce procédé trop primitif a été abandonné depuis longtemps.

Les bassins de radoub, ou formes, sont des enceintes maçonnées destinées à recevoir les navires dont on doit doubler ou réparer la carène. Ces formes sont assez profondes pour qu’on puisse y amener à flot les navires du plus fort échantillon. La maçonnerie, tout entière de pierre de taille, est parfaitement étanche. Le bassin a une forme un peu évasée ; sa section horizontale est à peu près semblable à celle d’un navire. Des escaliers latéraux assurent la circulation. Le fond est muni d’un canal longitudinal, légèrement incliné vers l’entrée, et qui communique avec un autre canal transversal, qui conduit l’eau aux pompes d’épuisement établies dans l’épaisseur des murailles latérales. Sur le fond du bassin reposent les tins ou chantiers, destinés à supporter le navire quand le bassin sera vidé. Une corniche de fonte ou de bois, appelée sablière, règne tout autour du bassin ; de nombreux et forts anneaux de fer y sont fixés, pour servir de points d’appui aux apparaux nécessaires à i’étayageou a la réparation du bâtiment. Il existe deux systèmes de fermeture : les portes busquées, en tout semblables à celles qu’on emploie pour les écluses, et le bateau-porte. Un bateau construit ad hoc, muni de deux étambots saillants, monte et descend dans deux rainures pratiquées dans la maçonnerie de l’entrée du bassin. Sur chacun de ses flancs est adapté un soufflage muni d’un clapet à tige, au moyen duquel on peut le remplir d’eau de mer. Quand ces réservoirs sont vides, le bateau, plus léger que l’eau, flotte à la surface, où, grâce à i’inclinaison ou quête des deux étambots et des deux parois de l’entrée, on le dégage des rainures et on rend libre l’entrée du bassin. Quand, au contraire, les réservoirs sont plein3, le bateau coule entre les rainures, sa quille va reposer sur le radier, et l’entrée étant hermétiquement fermée, on peut vider le bassin.

On comprend déjà toute l’opération de l’entrée d’un bâtiment dans le bassin et de sa sortie. On commence par débarrasser le navire de tous les corps lourds qui pourraient fatiguer la coque, tels que l’artillerie, les armes, les approvisionnements de toute espèce ; on dépasse les mâts supérieurs, on prend, en un mot, toutes les précautions nécessaires pour éviter de compromettre la solidité des œuvres vives. Parfois, dans un cas pressé, on néglige quelques-unes de ces précautions ; mais alors le séjour dans le bassin doit être de très-courte durée. Le-navire étant ainsi allégé, on prépare les chantiers qui le supporteront quand il sera à sec. Cette opération est très-délicate. Tous les bâtiments s’arquant plus ou moins à la mer, on est forcé d’avoir la courbure exacte de la quille, pour que toutes ses parties reposent sur les tins. On met le bâtiment parfaitement droit, au moyen d’un fil à plomb suspendu dans le plan longitudinal,

Suis on passe sous le bâtiment un grand cadre e bois composé de deux branches verticales parallèles, réunies par une traverse horizontale, que l’on fait courir d’un bout à l’autre du navire. En maintenant l’appareil dans une série de plans parallèles au plan latitudinal, en notant exactement les divers tirants d’eau, on arrive à avoir la courbe que présente la quille. On dispose alors les tins. Ces préparatifs terminés, le navire est halé dans le bassin au moment de la pleine mer ; on le place directement au-dessus des chantiers destinés à le recevoir, au moyen de points de repère pris à l’avance. Pour bien le maintenir dans le plan longitudinal, on se sert de règles graduées, placées au milieu du bassin, en ayant soin d en établir également sur l’étrave et sur l’étambot. Des taquets sont cloués sur le navire pour recevoir l’extrémité des clefs ; les autres extrémités reposent sur des chevalets mobiles, suspendus aux boucles de la sablière. Il doit y en avoir environ une par sabord. Lorsque le bassin se vide par le retrait de la marée ou par l’action des pompes, la quille du navire finit par porter sur ses chantiers ; c’est à ce moment qu on fixe définitivement les clefs, en les souquant à l’aide de taquets chassés à contre, entre la muraille du bassin et la clef. Pendant la durée de cette opération, on s’assure constamment de la verticalité du plan longitudinal, au moyen du fil à plomb. On met les accores en place quand le bassin est à sec.

La sortie du bassin n’exige aucun préparatif : l’eau est introduite par les aqueducs, le bateau-porte enlevé, puis, dès que le bâtiment est à flot, on le haie hors du bassin.

Les deux Darses de Toulon n’avaient autrefois que trois bassins ; deux bassins nouveaux ont été construits dans Castigneau. On se ferait difficilement une idée de l’activité avec laquelle or>y répare une avarie, surtout en cas de besoin pressant. En 1859, dans les premiers jours delà guerre d’Italie, YAlgësiras, de 90 canons, portant le pavillon de l’amiral Jurien de la Gravière, cassa une branche de son hélice en revenant de Gênes. Le bâtiment, arrivé à Toulon, fut désarmé entièrement, réparé et réarmé en trois jours. L’artillerie, le charbon, les vivres, l’eau, tout fut débarqué avant l’entrée au bassin. 1,200 ma-