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te museau est allongé comme celai d’un chien : L’orateur était dans sa trente-deuxième année, laid comme un cynocéphale, mais embelli et comme repeint par le succès. (E. About.)

— Bot. Syn. de fégatellb, genre d’hépatiques. Il-Nom donné par les auteurs anciens à une plante que l’on croit être le muflier ou gueule-de-lion.

— Encycl. Mamm. Les cynocéphales forment le degré inférieur de la série des singes de l’ancien continent. Ce sont des animaux a museau très-prolongé, et comme tronqué au bout, disposition qui leur a valu leur nom, qui signifie singes à tête de chien. Les narines sont projetées en avant et au-dessus des lèvres, formant de haut en bas un plan oblique plus ou moins prononcé. Leur museau, comme le fait observer Desmoulins, n’est pas glanduleux et ne constitue pas un mufle comme celui des lémuriens. La taille des cynocéphales peut être comparée a celle d’un grand chien. Leurs membres antérieurs sont assez courts. Leur marche est quadrupède. Ils n’habitent pas tous les forêts. Leurs doigts, réunis par une bride de la peau, sont assez courts. Leuf corps est trapu et lourd. Les uns ont une queue, les autres n’en ont point, et la longueur de cet organe varie avec les espèces. Ils ont des abajoues, et’aux fesses de larges callosités. Comme les habitudes des êtres, ainsi que le remarque Geoffroy Saint-Hilaire, dérivent nécessairement de leur organisation, et comme les fonctions d’un appareil sont toujours déterminées par sa composition organique, autant les cynocéphales se rapprochent des mammifères inférieurs par leurs formes, autant ils s’en rapprochent par leurs habitudes et leurs allures. La tête des cynocéphales est ta partie caractéristique de leur physionomie ; même sur le squelette, elle manque de front. Le frontul, coudé à angle presque droit sur le plan de l’orbite, forme la voûte de cette cavité, et se projette brusquement en arrière, presque dans le même plan que le pariétal. Celui-ci arrive presque sans courbure à l’occipital, qui, n’ayant pas de partie horizontale, coupe aussi brusquement le vertex en arrière que le front à l’avant.-Il en résulte que le vertex est presque plat dans cet intervalle et entre les deux lignes temporales. Ces deux lignes sont, en général, plus écartées l’une de l’autre dans les cynocéphales que dans les autres singes adultes. Dans l’hamadryas surtout, elles restent parallèles, depuis les crêtes sourcilières jusqu’à la crête occipitale ; de sorte que le vertex de cette espèce représente un plan régulièrement quadrilatère dont la longueur et la largeur sont à peu près celles de tout le crâne. Chez les autres cynocéphales, ce plan représente un triangle dont le sommet est plus ou moins tronqué en arrière, à l’occipital. Il résulte de cet élargissement des pariétaux que. malgré la petitesse de 1 angle facial et 1 énorme développement de la face, J’alre du crâne est encore supérieure, quelquefois d’un quart, à l’aire de la face. Cette aire du crâne a même une proportion encore plus avantageuse, si on la compare au volume de ranimai. Les crêtes sourcilières, excessivement avancées, donnent à ces singes un air de férocité tout particulier. La projection de la face en avant dépend surtout de l’agrandissement des palataux et de l’énorme renflement des os maxillaires en deux côtes proéminentes tout le long du nez. Ce renflement agrandit l’espace du sinus nasal et du cornet correspondant ; car, malgré le développement assez faible de la partie ethmoldale de l’organe de l’odorat, sa partie maxillaire est plus prédominante que chez la plupart des mammifères. Le devant de cette crête énorme reçoit l’alvéole de la canine supérieure. L’ouverture des narines est très-dilatée ; dans quelques espèces elles sont séparées en dessus par une échancrure. La langue est douce, très-extensible ; le goût parait très-actif. Les lèvres sont peu proéminentes, mais fort mobiles. On a vu des babouins, buvant avec un verre, l’appuyer sur la lèvre inférieure projetée en cuiller pour le recevoir. Les paupières ressemblent à celles de l’homme ; la pupille est ronde et l’iris est brun. La conque da l’oreille diffère de la nôtre par le grand développement du lobule et par l’allongement en pointe de sa partie supérieure. Leurs mains, comme celles de tous les singes, jouissent de la même organisation et de la même sensibilité tactile que celles de l’homme.

Outre que chaque espèce de cynocéphales paraît circonscrite dans des régions distinctes, sous un même climat, t baque troupe est fixée dans un canton, où elle ne tolère l’établissement d’aucune autre ; elle en défend même le territoire contre les hommes ; s’il en paraît quelques-uns, l’alarme est donnée, les cynocéphales s’appellent, se réunissent, et, par leurs cris, par leurs démonstrations, essayent de faire rebrousser chemin aux envahisseurs. Si ces manœuvres ne produisent aucun résultat, l’ennemi est accablé de pierres, de branches d’arbres et même d’excréments. Seules les armes à feu effrayent les cynocéphales, et ils ne fuient qu’après avoir laissé quelques-uns des leurs sur le terrain. Si même ils sont en nombre, ils n’hésitent pas à attaquer, malgré le feu. Delalande dit avoir cerné, avec des Hottentots, des papions sur des rampes de précipices d’où la retraite leur était impossible ; plutôt que de se laisser prendre, ils s’élancèrent d’une hauteur de près de 100 mètres, et

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se brisèrent dans la chute. Pendant son séjour au Cap, un Anglais, entraîné à la poursuite des papions sur la montagne de la Table, fut cerné par une troupe de ces animauXjSur un rocher, d’où il aima mieux se précipiter que de tomber entre leurs mains ; il se -tua dans la chute. Dans une lutte corps à corps, un grand papion a bientôt terrassé un homme. Ses énormes canines percent et déchirent comme celles des tigres. Dans toute l’Afrique, depuis le tropique du Cancer jusqu’au cap de Bonne-Espérance, ces animaux ravagent les cultures. On sait avec quelle précision d’évolutions et de manœuvres ils dévastent un jardin : échelonnés à distance convenable pour se jeter de main en main les fruits du

Fillage, ils s’étendent, s’il est possible, depuis endroit a piller jusqu’à leur retraite ; ou bien, si la colonne ainsi échelonnée est insuffisante, ils font à l’rtutre bout un entrepôt d’où ils recommencent la manoeuvre. C’est la nuit qu’ils se livrent à la maraude. Des sentinelles veillent à la sûreté de la troupe. On va jusqu’à dire que ces sentinelles payent de leur vie une négligence dans leur service. « Le fait est, dit Kolbe, que s’il arrive que quelqu’un de la troupe soit pris ou tué avant que la garde ait donné le signal, on entend un bruit et un tintamarre furieux dès qu’ils se sont retirés sur la montagne où est le Heu du rendez-vous, et assez souvent on en trouve qui ont été mis en pièces. On suppose que ce sont les sentinelles négligentes qui ont été punies. >

Le tissu érectile de ces singes et les couleurs qui le parent, dans certaines espèces, ne se développent qu’à l’approche de ta puberté. On conçoit quel changement de physionomie cette révolution doit amener dans les espèces à visage peint, indépendamment des modifications de la surface osseuse de la tête. Avant cette époque, toutes les espèces sont à peu près également dociles et susceptibles d’affection pour leurs gardiens ; leurs mouvements’brusques et fantasques ne sont alors que de la turbulence exempte de méchanceté ; mais, une fois pubères, les cynocéphales paraissent ne plus vivre que pour exercer sans cesse leur lubricité et leur méchanceté. Ils font le mal sans nécessité, et par une sorte de caprice féroce. Ennemis instinctifs de tout ce qui a vie, leur cruauté sans objet n’a pas, comme celle des carnivores, sa raison dans la nature des appétits. Du reste, ce besoin de faire le mal est inconstant comme le caractère même du cynocéphale. Des transports de la colère ou de la jalousie ta plus brutale, cet animal passe brusquement à l’expression d’un sentiment affectueux, bientôt remplacé par un accès de fureur. Cette mobilité leur est d’ailleurs commune avec les guenons et surtout avec les macaques. Mais leur excès de lubricité n’appartient qu’à eux. L’aspect d’une femme, que, par l’odorat, ils savent même reconnaître sous un voile qui la rend invisible, suffit pour les mettre hors d’eux-mêmes. Le geste, le regard, les cris, tout exprime une passion brutale. Si un homme, par quelques feintes caresses, cherche à exciter leur jalousie, leur emportement ne connaît plus de bornes. En captivité, ces animaux dégoûtants s’épuisent par des excès solitaires.

Les cynocéphales vivent de fruits, de graines et d’insectes ; ils boivent en humant. Ils habitent les contrées les plus chaudes de l’Afrique et de l’Archipel indien. Les espèces ont entre elles des rapports intimes. Les habitudes du corps, les mouvements de leur physionomie, les proportions et les relations de leurs membres, tout révèle leur proche parenté, qui n’a cependant été reconnue que dans ces derniers temps. C’est Georges Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire qui ont les premiers séparé ces quadrumanes des autres singes. C’est que le caractère de la queue, que Linné employa pour grouper ces animaux, ne pouvait donner de divisions naturelles. Georges Cuvier et Geoffroy Saint-Hifaire prirent l’angle facial pour caractère distinctif des groupes qu’ils formèrent dans la famille des quadrumanes étrangers à l’Amérique. Ce caractère, qui représente en

quelque sorte la capacité du cerveau, et par conséquent l’étendue de l’intelligence, avait toute l’importance désirable, et il serait impossible a’en prescrire un meilleur, s’il ne variait pas avec l’âge, et si les jeunes individus ne différaient pas considérablement à cet égard des individus adultes. C’est chez les cynocéphales que cette difficulté est surtout la plus sensible ; aussi a-t-elle conduit à réunir les jeunes cynocéphales aux guenons, et surtout aux macaques. Pour éviter les erreurs où l’on pourrait être entraîné par la considération exclusive de l’angle facial, Frédéric Cuvier a proposé de joindre à ce caractère la structure des dents et la situation des narines, quiseprolongent, comme on l’a dit, jusqu’à l’extrémité du museau. Il n’y a en effet, parmi les singes, que les cynocéphales et les macaques qui aient un talon à la partie postérieure des dernières molaires de la mâchoire inférieure, et jusqu’à présent les cynocéphales sont les seuls quadrumanes qui aient les narines ainsi prolongées, tout en étant dépourvus de mufles. Quoique ces caractères n’aient été fournis que par l’observation des cynocéphales, ils sont assez intimement liés à l’organisation pour qu’il soit permis de penser qu’ils conviendront aux autres quadrumanes qu’on pourra découvrir parla suite.

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Nous complétons l’histoire de ces singes en mettant à contribution les observations que Frédéric Cuvier a faites sur leur compte. La physionomie de ces animaux annonce à la fois la férocité, l’intelligence et la pénétration. C’est du mélange de ces qualités que se forme leur naturel, dont le trait caractéristique est une extrême mobilité de sentiments. Us offrent, sans contredit, l’exemple du plus grand développement que puisse atteindre cette faculté de l’activité animale qu’on désigne sous le nom de passion, de sentiment. En liberté, leur intelligence corrige ou plutôt empêche ce développement ; ils distinguent bien ce qui peut leur nuire, l’évitent avec soin, et, joignant la pénétration à l’adresse, savent à fa fois reconnaître leur ennemi, éventer ses pièges, et, malgré lui, satisfaire leurs désirs. Aussi, quoiqueféroces, ils n’attaquent jamais que de loin, soit en menaçant par des cris, soit en jetant des branches d’arbre, et ils dévastent une plantation avec une prudence et une promptitude telles, qu’à moins de les surveiller sans cesse on ne peut les en empêcher. Toutefois, lorsqu’un danger les presse, ils savent user de leurs forces et de leurs armes. Ces animaux sont susceptibles de recevoir une éducation assez remarquable. On en rencontre quelquefois, sur les places publiques, qui amusent le peuple par les exercices qu’ils font à la voix de leur maître ; mais ils ne se soumettent guère à ce gen»e d’esclavage que pendant leur jeunesse. Les cynocéphales, ayant l’organisation des quadrumanes, ont été destinés à vivre dans les forêts et à faire des arbres leur habitation ordinaire ; cependant cette destination est bien moins absolue chez eux que chez tes autres singes de l’ancien continent. N’ayant pas le train de derrière aussi élevé, ils marchent avec plus de facilité, quoiqu’ils soient loin d’égaler sous ce rapport les quadrupèdes. Leurs mouvements sur la terre sont toujours gênés ; leur marche est lente, et leur course est une sorte de trot ou de petit galop, c’est-à-dire qu’ils relèvent d’un seul temps le train de devant, nedétachant du sol que successivement leurs jambes de derrière, et qu’ils retombent de même sur celles d’e devant. Ce n’est que très-rarement qu’ils se tiennent debout. Pour les y décider, il faut qu’ils aient besoin d’atteindre à quelque objet, et ils n’avancent jamais ainsi que de quelques pas. Dans leur jeunesse surtout, ils grimpent avec la plus grande agilité et font des sauts prodigieux. En un instant ils ont parcouru un arbre, pris toutes les attitudes, passé de la position la plus difficile en apparence, par les mouvements les plus rapides et les plus extraordinaires, à une position plus difficile encore, sans que la multiplicité des branches et leur entrelacement leur ait causé le moindre embarras. Aussi n’ont-ils que peu d’ennemis qui puissent les atteindre ouvertement. Dans leur vieillesse, ils deviennent épais, trapus et lourds, et se tiennent fréquemment assis sur leur derrière calleux.

Ces animaux lascifs sont toujours disposés à l’accouplement ; les femelles reçoivent les mâles, même après la conception. Lorsqu’elles ne sont pas pleines, elles entrent en rut tous les mois, et cet état se manifeste par un gonflement considérable, causé par l’accumulation du sang dans les organes génitaux et les parties qui les avoisinent. Ce gonflement est accompagné d’une véritable menstruation. On ne connaît encore aucune autre circonstance relative à leur reproduction. Leur développement est lent ; ce n’est guère que vers leur huitième année qu’ils sont entièrement adultes, et ils doivent prolonger leur vie peut-être jusqu’à trente ou quarante ans. Lès femelles sont plus petites et plus douces que les mâles. Lorsque les cynocéphales sont calmes, ils font quelquefois entendre un petit cri assez semblable à un grognement, et qui est pour eux l’expression de la joie ; mais, dans la colère, leur voix devient forte et retentissante.

L’extension du nom cynocéphale n’est pas la même pour tous les naturalistes. Plusieurs l’ont appliqué à une véritable famille, qu’ils divisent en trois tribus : 10 les cynocéphales sans queue, comprenant le genre cynopithèque ; 2q les cynocéphales à queue allongée, comprenant les genres théropithèque et cynocéphale proprement dits ; 3° les cynocéphales à queue très-courte, comprenant le mandrill et le drill. Nous consacrons ici quelques lignes aux cynocéphales proprement dits :

Ce genre a pour caractères ; museau allongé et très-gros à son extrémité antérieure ; narines saillantes, de forme tubuleuse et prolongée jusqu’aux lèvres ; abajoues très-amples ; formes lourdes et trapues ; membres forts et vigoureux, ceux de devant un peu moins développés que ceux de derrière, queue de dimensions variables, suivant les espèces ; callosités larges, très-développées et entourées de surfaces nues. Ce genre comprend les espèces babouin, papion, hamadryade et chacma, dont chacune sera étudiée a part.

Les Égyptiens représentaient sou ventdescynocéphales sur leurs monuments. Ils croyaient que cette espèce de singes sympathisait avec le cours de la lune. « Pendant la conjonction du soleil avec la lune, dit Horapollon, tant que ce dernier astre reste opaque, le cynocéphale mâle ne voit point, se prive de nourriture et, la tête tristement penchée vers la terre, il semble déplorer l’enlèvement de la lune. La femelle est alors aussi privée de la

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vue et éprouve non-seulement les mêmes effets, mais encore est sujette à une perte de sang à cette même époque. •

CYNOCÉPHALES, montagnes de l’ancienne Thessalie, situées entre Pharsate et Larisse, et dont les sommets ressemblaient à des tètes de chien. Elles sont eélèbres par la victoire de Pélopidassur Alexandre de Phères, l’an 365 av. J.-C., et par celle du consul romain Flamininus, sur Philippe V, roi de Macédoine, en 197 av. J.-C.

Cynocéphales (bataillb de). Après la bataille de Zama, la république romaine ne connut plus de rivale en Sicile, en Afrique et sur la Méditerranée. Toutefois, pour asseoir définitivement sa domination en Europe, il lui

restait encore à vaincre un peuple redoutable par sa renommée et ses traditions guerrières ; depuis Alexandre le Grand, les Macédoniens n avaient cessé de passer pour invincibles, et les autres peuples les regardaient encore comme leurs maîtres dans 1 art de la guerre. Mais le moment était arrivé où l’ancien prestige de la phalange macédonienne allait s’évanouir au contact des redoutables légions de la république. Philippe V, roi de Macédoine, était un prince digne de son nom par son courage et ses talents, et, tant qu’il suivit les conseils d’Aratus, général des Achéens, la fortune couronna ses armes. Mais d’imprudents projets de conquêtes renversèrent une puissance qu’il voulait follement étendre. Après la bataille de Trasimène, il se fît l’allié d’Anniljal, et mit à profit les périls de la république pour attaquer ses alliés. Rome, qui n’avait pas trop de toutes ses forces pour soutenir sa lutte gigantesque contre le héros carthaginois, ne put faire à Philippe qu’une guerre inefficace ; mais, dès que la fin de la seconde guerre punique lui eut laissé la libre disposition de ses légions, elle songea à se venger des provocations du rot do 61aeêdoine. Celui-ci s’était aliéné les principales républiques de la Grèce, sur lesquelles il avait essayé d’étendre sa domination ; aussi les Athéniens, les Spartiates, les Illyriens et les Étoliens s’unirent-ils au sénat romain contre lui. Les avantages parurent d’abord partagés ; mais Quinctius Flauiininus, plus habile que les consuls ses prédécesseurs, changea rapidement la face des affaires. Il commença par se concilier l’esprit des Grecs, en déclarant que Rome n’avait pris les armes que pour leur rendre la liberté. En même temps, il forçait Philippe à démasquer ses projets ambitieux en lui proposant la paix, mais à condition qu’il évacuerait toutes les villes de la Grèce et même celles de la Thessalie, que les Macédoniens avaient toujours occupées depuis Alexandre. « Quand vous m’auriez vaincu, s’écria le roi de Macédoine, vous ne m’imposeriez pas de lois plus dures. > Après des né-Sociations inutiles entre les Romains et les recs d’une part, et Philippe de l’autre, Quinctius, campé dans l’Épire, força des défilés qu’on croyait inaccessibles, battit Philippe et le contraignit à se retirer en Macédoine. Sur ces entrefaites, de nouveaux consuls furent nommés à Rome-, suivant l’usage, ils devaient succéder aux anciens dans le commandement ; mais en cette circonstance l’intérêt public l’emporta sur la coutume, et Quinctius Flamininus conserva ses pouvoirs avec le titre de proconsul.

Philippe, ayant réuni toutes ses forces, choisit une excellente position en Thessalie, dans les montagnes de Cynocéphales (197 av. J.-C). Quinctius marcha aussitôt dans cette direction. Les deux armées, à peu près égales en nombre, comprenaient chacune de 25 à 26,000 hommes. Des deux côtés, officiers et soldats souhaitaient avec une égale ardeur d’en venir aux mains. La lutte menaçait d’ê- ■ tre longue et terrible, car la redoutable phalange macédonienne allait se trouver aux prises avec les légions qui avaient vaincu Annibal. Dès que Quinctius fut arrivé près du camp macédonien, il prit ses dispositions pour attaquer l’ennemi. La nuit qui précéda la bataille, la pluie tomba par torrents, et le lendemain matin le temps était encore si sombre qu’à peine chaque armée voyait-elle à quelques pas devant elle. Philippe ayant envoyé un détachement pour s’emparer des hauteurs de Cynocéphales, qui séparaient son camp de celui des Romains, Quinctius, de son côté, lança en ayant dix compagnies de cavalerie et 1,000 soldats armés à la légère pour opérer une reconnaissance de l’ennemi. Ces deux détachements se heurtèrent et engagèrent la bataille, en envoyant demander instamment des secours à leurs chefs respectifs. Philippe, instruit du danger où étaient ses premières troupes, vivement pressées par les Romains, les fit immédiatement appuyer par ses lieutenants Héraclide et Léon, qui commandaient la cavalerie thessalienneet la cavalerie macédonienne, et par Athénagore, qui avait sous ses ordres tous les soldats étrangers et mercenaires, à l’exception des Thraces. Ces renforts ranimèrent le courage des Macédoniens, qui retournèrent a la charge et, à leur tour, chassèrent les Romains des hauteurs. Ceux-ci, vaillamment soutenus par la cavalerie italienne, la meilleure peut-être de cette époque, opérèrent leur retraite en bon ordre et se replièrent sur le camp sans confusion. Les deux armées continuaient cependant à se tenir immobiles derrière leurs retranchements ; chaque adversaire attendait, pour prendre une décision, que l’autre dessinât

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