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naire. Courrier extraordinaire. Le départ, l’arrivée du courrier. Béoaliser le courrier. Et depuis jusqu’ici chaque jour ses courriers M’apportent en tribut ses vœux et ses lauriers.

Corneille.

Il Homme dépêché par des moyens rapides ; Envoyer un courrier à son correspondant. Un de nos fameux financiers avait des courRikrs gui lui apportaient chaque jour cent écu$. demarée à Paris. (Volt.)

Par votre ordre en courrier j’ai précédé la chaise.

0. Délavions.

Il Valet de pied, coureur. V. Ce dernier mot. Courrier n’est plus usité aujourd’hui en ce sens.

— Employé qui précédait le parlement et la chambre des comptes dans les cérémonies.

— Par anal. Moyen de transport de dépêches : Le télégraphe est le plus diligent de tous les courriers.

Tu -viens, comme autrefois les blanches tourterelles,

Discrets courriers.

Portant un peu d’amour suspendu sous leurs ailes

Aux prisonniers.

M. St-AGOET.

— Par ext. Voiture qui porte les dépêches : Autrefois on prenait le courrier lorsqu’on voulait voyager rapidement.

— Ensemble des lettres envoyées, reçues, portées par le même ordinaire : Écrire, expédier son courrier. Le courrier des Indes est attendu.

Courrier par courrier, par le retour du courrier, par le départ du plus prochain courrier, par le courrier qui part le premier après le courrier qui est arrivé : Répondez COURRIER

PAR COURRIER.

— Hist. eeclés. CeUerier, procureur ou intendant d’une communauté, d un évoque, d’une église. Il Religieuse qui faisait les commissions hors du monastère. Il Nom donné autrefois au second magistrat de la ville de Vienne en Dauphiné, lequel était nommé par l’évêque, et était chargé des affaires ecclésiastiques.

Courrier apostolique, Envoyé qui, à l’époque des persécutions, était chargé de porter aux fidèles les ordres des évoques, et aujourd’hui, Officier que le pape envoie aux cardinaux pour les prévenir des réunions qu’il doit tenir en consistoire ou en chapelle.

’ — Administr. Courrier de cabinet, Agent que le souverain ou le ministre charge de porter les dépêches qu’il envoie aux ambassadeurs.

— Littér. Nom donné à un grand nombre de journaux français et étrangers : Le COUR-RIER français. Le courrier des théâtres.

Courrier de Paris, Nom donné à certains articles de journaux qui, chaque semaine ou chaque jour, donnent la chronique de Paris : Qui ne se souvient des courriers de paris du vicomte de Launay ?

— Mar. Petit bâtiment armé.

— Pêch. Nom de l’un des deux piquets de la pantière.

— Artill. Courrier volant, Projectile creux dans lequel une missive est renfermée. Il On dit aussi boulet messager.

— Ornith. Nom vulgaire du chevalier à pieds rouges.

— Encycl. Antiq. On appelait un courrier public ou privé, chez les Romains, angarius ou angarus. Ce nom leur venait des Grecs, mais il était d’origine barbare. Bochart le dit arabe ; d’autres le croient persan. Les relations qui s’établirent par la guerre et le commerce entre les Grecs et les Perses firent adopter aux premiers les meilleurs usages des seconds, entre autres ce que nous appelons la poste. Les Grecs, en instituant des courriers publics à l’imitation des Perses, transportèrent dans leur langue un terme dont ils avaient besoin, et reçurent ainsi de la Perse le nom et la chose. Ce fut de la Grèce que ce nom passa aux Latins, quand ils adoptèrent l’usage des courriers à l’imitation des Grecs. La politique des rois de Perse leur avait fait imaginer ces sortes d’officiers à cheval, messagers de leurs ordres, par lesquels ils étaient promptement informés de ce qui se passait dans les provinces les plus éloignées de leur vaste empire. Le besoin de communiquer entre eux a naturellement suggéré aux hommes des moyens de transmission très-divers. Cyrus, ou Xerxès, selon Hérodote, établit des courriers et des chevaux de distance en distance, et fut le premier instituteur de ce mode de communication. Ce serait donc au plus tôt vers l’an 536, et’au plus tard vers lan 485 avant notre ère, qu’on aurait commencé à avoir des courriers régulièrement établis, seulement toutefois pour le service particulier des rois. L’usage était de faire courir ces messagers à cheval durant toute une journée ; le premier courrier remettait ses dépêches à un autre, qui courait le jour suivant, et ainsi de suite jusqu’à destination. C’est ce qui leur fit aussi donner par les Grecs le nom d’hémérodromes, coureurs d’un jour. Suidas dit qu’ils parcouraient d’un trait 1,500 stades. On voit là, à l’état rudimentaire, l’origine et la première idée des postes.

La difficulté de charger un homme et un cheval de tablettes quelquefois assez lourdes suggéra aux Romains l’idée d’atieler le cheval à un léger véhicule. Les courriers du temps de l’empire avaient le droit de forcer les particuliers ou les villes à leur fournir des

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chevaux ou des bêtes de somme, quelquefois des voitures, comme on l’apprend par le jurisconsulte Paulus, au mot Angaria. Cette obligation excita des plaintes réitérées de la paît des provinces, et l’on dut à l’empereur Adrien l’abolition de cette servitude. La poste, si l’on peut ainsi parler, fut dès lors •entretenue aux frais de l’État. Louis XI est le premier, dans les temps modernes, qui ait établi, par un édit de 1464, l’usage des postes, jusqu’alors inconnu en France. Il y ordonna le changement des chevaux de deux en deux lieues, à la différence des anciens qui n’en plaçaient qu’au bout de l’espace de chemin qu’un cheval pouvait faite par jour, et il fut ainsi le véritable inventeur des relais à court intervalle.

— Admin. Courriers de cabinet. Les courriers de cabinet sont des employés chargés de faire le service des dépêches diplomatiques. Ils reçoivent directement la dépêche de l’ambassadeur ou du ministre plénipotentiaire, et la remettent personnellement au ministre des affaires étrangères auquel elle est destinée, et réciproquement. Ils sont distingués d’ordinaire par un costume, ou du moins par un écusson qu’ils portent sur la poitrine. On emploie aussi au même usage d’autres fonctionnaires publics, militaires ou civils, et même <Jes personnes qui ne sont pas au service de l’État. Partout en Europe les courriers qui font connaître leurqualitè et la prouvent jouissent, dans leurs voyages officiels, même hors du territoire national, non-seulement de l’avantage d’une prompte expédition par les postes et même de la préférence, mais aussi du plus haut degré d’inviolabilité. Des stipulations en ce sens sont insérées dans un très-grand nombre de traités de paix. Le bagage de ces courriers n’est que rarement soumis à la visite des douanes, et dans quelques pays ils sont exempts des impôts de péage, passage de pont et droits de barrière. La violation de leur sûreté est regardée comme une véritable infraction au droit des gens. Le fameux meurtre commis en Silésie, près du village de Zoucha, le 17 juin 1739, sur la personne du major suédois Sinclair, envoyé en courrier de Constantinople à Stockholm, fut allégué comme une des raisons de la déclaration de guerre, dans le manifeste publié en 1742 par la Suède contre la Russie. Des usages plus conformes à la civilisation moderne ont amené de nos jours les puissances, même en état de guerre, à respecter scrupuleusement l’inviolabilité des courriers qu’elles s’envoient réciproquement, ainsi que ceux qui sont députés pour un congrès ou qui en viennent. Lorsque les courriers traversent un pays occupé par des troupes, le respect que le droit des gens veut qu’on leur accorde est le plus souvent assuré par une escorte.


Courrier (LE). Outre les feuilles qui ont dans ce Dictionnaire un article spécial (v. ci-après), une infinité de journaux et de recueils ont été publiés sous ce titre. Comme la liste en serait fort longue et n’aurait pas un grand intérêt, nous nous bornerons à indiquer sommairement les suivants : le Courrier (Amsterdam, 1723-1724, in-s°) ; le Courrier véridique (1743, jin-8°), fondé pour réfuter le Mercure historique-et politique ; le Courrier véritable des Pays-Bas (Bruxelles, 1649-1791), grande publication qui a souvent changé de titre durant sa longue existence, et dont nous possédons plusieurs années dans nos grandes bibliothèques ; le Courrier d’Avignon (1733-1794), par Morénas, feuille écrite sous l’inspiration des jésuites, fort influente dans le Midi et en Italie-, à l’époque de la Révolution, les patriotes en continuèrent la publication ; Courrier de la mode (1768), curieux pour l’histoire du costume et des futilités du luxe ; le Courrier national (1789) ; Courrier de Madon (1789-1791, 19 vol. in-S°) ; cette feuille politique, qui eut une certaine vogue, était rédigée par Dinocheau, député de Loir-et-Cher ; Madon est une commune.de ce pays dont le cahier, en 1789, avait eu une certaine célébrité ; Courrier français (17S9-an V), parPoncelin, avec des interruptions et des changements de titre (Courrier républicain, Courrier des Français, etc.). Poncelin fut proscrit comme royaliste au 18 fructidor et son journal fut supprimé. On sait que ce titre a été souvent repris depuis ; Courrier de Strasbourg (1791-1793), par Ch. Laveaux, feuille assez intéressante pour les nouvelles des frontières ; Courrier universel (1792-an VIII), par Husson ; a souvent changé de titre ; Courrier de Paris (an IIIan V), par Imbert, Labatut et La Plâtrière ; Courrier de l’armée d’Italie (Milan, an Van Vil), fondé et rédigé sous l’inspiration de Bonaparte ; Courrier de Londres (1802, 36 nosl par le comte de Montlausier ; le Courrier de l’Europe (1831-1S33), fondé par M. Laurentie, journal légitimiste ; Courrier de la Ckam- ûré(1848) ; Courrier de Paris (1848,1851,1857), rédacteur en chef, Félix Mornand, etc., etc.


Courrier de la Nouvelle-Angleterre (LE), journal américain, qui tire sa principale importance de la longue collaboration de Franklin. Ce fut le 17 juillet 1721 que parut le premier numéro de ce journal. Dès le premier jour, la nouvelle feuille différa sensiblement de ses devancières. Celles-ci ne contenaient que des nouvelles locales, des extraits des lettres d’outre-mer, les prix des marchés et quelques annonces, jamais aucun article de fonds. Le Courrier, au contraire, fut exclusivement composé d’articles originaux, de courtes dissertations de morale et de littérature. L’Angleterre avait vu fleurir le Babillard, le Spectateur, le Tuteur, etc. ; ce fut un journal du même genre que voulurent faire Franklin, son frère et son oncle. Le jeune Benjamin contribua sans doute à faire donner au Courrier ce caractère didactique. Il devint bientôt, en effet, un des principaux rédacteurs du Courrier. Cependant rien ne permet aujourd’hui de distinguer la part qui revient à Franklin dans les essais sous forme d’articles ou de lettres et dans les courts paragraphes qui remplissent les premiers numéros du Courrier. Cette égalité de ton tourne à l’éloge du journal autant qu’à celui du jeune auteur : ni l’esprit, ni même le talent d’écrire ne manquaient aux collaborateurs de Franklin. Le Courrier contient, sur les poëtes du temps, des appréciations où un jugement sévère est assaisonné de gaieté ; ce sont de bons articles de critique anglaise ; mais la morale y tient beaucoup plus de place que la littérature ; les vices du temps sont censurés avec verve, quelquefois avec brutalité, et le ton est le plus habituellement celui de la satire. Ni le gouvernement ni le clergé puritain ne sont ménagés ; toutefois on évitait avec quelque soin les personnalités, et il est rare de rencontrer un nom propre dans le Courrier ; la critique demeure presque toujours générale, mais elle arrive parfois à la rudesse et à la violence et même ne hait pas les gros mots. Nous citerons, entre autres polémiques, celle qui eut lieu avec la Gazette de Boston, à propos de la pratique de l’inoculation. Cette querelle dégénéra en une affaire politique et valut un mois de prison à James Franklin. Durant cet intervalle le Courrier fut dirigé par Benjamin, dont la vivacité mit en émoi toute la ville de Boston et souleva la colère de la législature du Massachusets. Une nouvelle peine vint frapper James Franklin, comme propriétaire du journal : il lui fut défendu d’imprimer le Courrier ni aucun pamphlet, avant de l’avoir soumis à la révision du secrétaire de la province. C’était un essai de censure préventive. James Franklin sortit d’embarras en mettant son journal sous le nom de son frère, qui en resta l’éditeur nominal tant que le journal vécut, c’est-à-dire jusqu’à la fin de 1727, époque à laquelle James Franklin, qui faisait de médiocres affaires à Boston, émigra dans la colonie de Rhode-Island.


Courrier de l’Europe, gazette anglo-française, par Serre de Latour, Morande, Brissot, le comte de Montlausier (Londres et Boulogne, 1776-1792,32 vol. in-4o). C’est un des recueils les plus importants du siècle dernier. Il fut fondé par Serre de Latour, avec les fonds d’un spéculateur anglais, Swinton. Il donnait le résumé des innombrables gazettes de l’Angleterre, les nouvelles politiques de ce pays et tout particulièrement des colonies anglaises de l’Amérique, alors en lutte contre la métropole. Il eut un succès considérable, quoique souvent troublé par des interdictions et des saisies en France, car on en faisait une édition pour ce pays, réimprimée à Boulogne.


Courrier de Provence, par Mirabeau. Quelques jours avant la réunion des états généraux, Mirabeau, sautant par-dessus les lois restrictives de la presse, lança le prospectus d’un journal, dont il fit paraître en effet le premier numéro le 2 mai 1789, sous le titre d’États généraux. Le numéro 2, portant la date du 5 mai, qui contient une critique amère du discours de Necker à l’ouverture des états généraux, amena la suppression du journal, par arrêt du conseil. Mais l’assemblée des électeurs de Paris protesta, l’opinion publique se prononça fortement dans le sens de la liberté de la presse, et l’audacieux tribun put continuer son journal, en se couvrant en quelque sorte de l’inviolabilité parlementaire et en donnant à sa feuille le titre de Lettres du comte de Mirabeau à ses commettants (10 mai-25 juillet, 19 nos in-8o), publication qui, après la prise de la Bastille, devint un journal régulier sous le titre de Courrier de Provence. Ces Lettres, dont l’autorité n’osa entraver la publication et qui affranchirent la presse de fait, offraient le compte rendu des séances de l’Assemblée, accompagné de réflexions et de critiques. Chacune se composait de 16, de 24, de 40 et même de 50 pages. Cette série, qui présente un grand intérêt, a été plusieurs l’ois réimprimée.

Le Courrier, qui se publia jusqu’au 30 septembre 1791 (350 nos, 17 vol. in-8o), embrasse toute la durée de l’Assemblée constituante, ayant survécu six mois à son fondateur. Il contient également les séances de l’Assemblée, ainsi que des dissertations sur les questions politiques à l’ordre du jour. Naturellement il est plein de Mirabeau. On y trouve ses discours et ses-motions, souvent avec des développements nouveaux. Aussi le nombre des pages de chaque numéro était-il souvent triple et quadruple de celui que promettait le prospectus. À part ses discours, Mirabeau écrivait peu pour le Courrier, mais il inspirait, il dirigeait un grand nombre de collaborateurs, Duroveray, Clavière, Dumont, Chamfort, Cuzaux, Méjan, Lamourette, etc. À partir du 103e numéro, il cessa même à peu près complètement d’y écrire, mais sans cesser de le patronner de son nom. Ce journal était fort répandu, mais il n’exerça jamais une grande influence sur la marche des événements. C’était l’organe d’une personnalité bien plutôt que le drapeau d’une opinion. Des résultats semblables se sont produits de nos jours : l’auteur d’un livre doit être un, l’auteur d’un journal doit être mille.

Il y a beaucoup de ressemblance entre le style de Mirabeau journaliste et le style de Mirabeau orateur. Donnons un extrait, tiré d’un article où il reprend son discours sur le veto du roi. L’écrivain y prévoit, faute de frein et d’équilibre dans les pouvoirs publics, l’avènement d’un despotisme niveleur, fils adultérin ou bâtard de l’anarchie. « Quand le pouvoir exécutif, dit-il, livré à ses propres excès, sans frein et sans règle, en est à son dernier terme, il se dissout de lui-même ; il retourne à la nation qui l’a départi. Tous réparent alors les fautes d’un seul ; la machine politique se recompose et la liberté naît soudain ou se rajeunit dans cette crise. Nous n’irons pas loin en chercher l’exemple. Mais si la Révolution était inversée, si le Corps législatif, avec de grands moyens de devenir ambitieux et oppresseur, le devenait en effet, des factions terribles naîtraient de ce grand corps décomposé ; les chefs les plus puissants seraient le centre de divers partis, qui chercheraient à se subjuguer les uns les autres ; l’anarchie anéantirait tout gouvernement. Et si la puissance royale, après des années de division et de malheurs triomphait enfin, ce serait en mettant tout de niveau, c’est-à-dire en écrasant tout. La liberté publique resterait ensevelie sous les ruines. On n’aurait qu’un maître absolu sous le nom de roi, et le peuple vivrait tranquillement dans le mépris, sous un despotisme presque nécessaire. » Mirabeau, on le voit, fut prophète à un mot près.


Courrier de Versailles à Paris et de Paris à Versailles, par Gorsas, journal dont le titre fut plusieurs fois modifié : Courrier de Paris dans les provinces et des provinces à Paris ; Courrier de Paris dans les 83 départements ; Courrier des 83 départements, etc. Commencé le 5 juillet 1789, il fut continué jusqu’à la chute des girondins (31 mai-2 juin 1793) ; il forme 48 volumes in-8o. Il paraissait tous les jours. Rien n’égale au début l’insignifiance et la platitude de cette feuille, qui ne commence à présenter un peu d’intérêt qu’à partir de 1791, et qui devint un des organes les plus violents du parti girondin, auquel s’était rallié Gorsas.


Courrier de l’Égypte, journal publié au Caire et qui fut comme le moniteur de l’expédition française. Il vécut du 12 fructidor an VI (29 août 1798) au 20 prairial an IX (9 juin 1801). Dans l’origine, il paraissait tous les quatre ou cinq jours ; mais ensuite les numéros se succédèrent à des intervalles de plus en plus irréguliers, en sorte que la collection ne se compose que de 116 numéros. Les exemplaires complets sont rares et recherchés, ce qui s’explique doublement et par le lieu de la publication et par le caractère officiel de cette feuille. Cependant, suivant M. Hatin (Histoire de la presse et Bibliographie de la presse française), bien qu’on ne puisse nier l’importance du Courrier de l’Égypte au point de vue des faits de l’expédition, ce journal est moins curieux qu’on ne serait porté à l’imaginer. « C’est, dit-il, une petite gazette donnant d’une façon assez sèche, avec les actes officiels, les nouvelles locales et quelques nouvelles étrangères ; mais on n’y trouve point de ces articles de fond, de ces sortes de manifestes où l’on pourrait chercher la pensée de Bonaparte. »

Toutefois c’est une source que l’historien ne saurait négliger. Il y a, notamment dans les premiers numéros, un récit détaillé de la prise de Malte, et l’on y trouve de petits faits intéressants, comme l’arrêté de Bonaparte qui impose la cocarde tricolore à tous les habitants de l’Égypte.


Courrier français (LE), ancien journal quotidien, et l’un des principaux organes du parti libéral sous la Restauration et le gouvernement de Juillet. Fondée le 21 juin 1819 avec les débris des Annales politiques, morales et littéraires de MM. Willenave, Depping et J. Pierrot, cette feuille parut jusqu’au 1er février 1820 sous le simple titre de Courrier ; elle était l’organe du parti appelé doctrinaire, et avait pour principaux rédacteurs MM. de Broglie et Kératry. En décembre 1819, elle se fusionna avec la Renommée, que rédigeaient Benjamin Constant, Jouy, Pagès, etc., et elle eut alors pour rédacteurs tous les publicistes distingués. Le 1er février 1820, le Courrier français (c’est désormais ainsi qu’il se nomme) subit une transformation complète : titre, rédaction, abonnés, tout se trouve renouvelé. Laffitte, Casimir Périer, Valentin de La Pelouze, Benjamin Constant, Pagès (de l’Ariége), Aignan, de Jouy, Lebrun, Gohier, ex-directeur ; Bavoux, Labbey de Pompierre, etc., en devinrent bientôt les principaux actionnaires. L’administration en avait été confiée dans le principe à Willenave sous la surveillance des rédacteurs qui se relayaient de semaine en semaine. Châtelain et Guyet remplacèrent Ferdinand Flocon. Les autres écrivains qui prirent part, dans les premiers temps, à la rédaction du journal furent Augustin Thierry, Paganel, Mahul, de Villemarest, Bory de Saint-Vincent, Moreau, Ulpian, Le Hodey. Le 22 juin 1820,1e Courrier français recueillit la succession du journal le Censeur, feuille très-influente, dirigée par MM. Comte et Dunoyer, et que le rétablissement de la censure faisait disparaître. Le 4 avril 1821, l’administration du Courrier français fut changée,