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Assurément, rien d’égyptien ni d’ciental dans cette donnée.

t Le nom de Cybèle, dit M. Maury, dans son Histoire des religions de la Grèce antique, KuSlii) etKuSïiÎTi, n’est point grec ; il appartient à la langue phrygienne et répondait dans celle des Hellènes à un sens analogue, à l’expression de inj-rrip ipiin ou iSala, c’est-à-dire la mère des montagnes ou des forêts montagneuses. • Cette étymologie est fort douteuse. Strabon, en effet, voit dans Cybèle le nom d’une montagne, et d’autres auteurs considèrent comme la forme primitive le nom des prêtres de Cybèle, Kû6t, auxquels cette dénomination aurait été donnée a cause de leurs mouvements de tête. Quoi qu’il en soit de ces explications, l’idée de Cybèle n’est jamais séparée de celle de montagne, de forêt sauvage. C’est la nature dans sa beauté inculte, la force inviolée des générations cosmiques, la divinité femelle et mâle, se suffisant à elle-même, éternelle, immense, mère universelle, mais ne produisant aucun fruit qui lui ressemble, capable de faveur et de grâce pour le mâle femelle, Endymion ou Atys, qui, dans son culte enfantin, ne saurait ni lui ravir sa virginité toute féconde, ni l’assujettir à la condition d’épouse ou de mère. Cette conception est étrange, mais elle est donnée par fa sensation que l’homme éprouve en présence des forces de la nature non vaincue ; et partant elle peut être considérée comme universelle et primitive. L’interprétation des poètes en dérive directement.

Une fois la Cybèle phrygienne, —comme la Maîa, la grand mère lydienne, — introduite dans la liturgie grecque, elle dut subir une transformation qui l’éloigna beaucoup de sa conception primitive. Il lui fallut se conformer aux lois de l’Olympe, et, sous la figure de Rhéa, renoncer à son poétique amant pour nouer une union philosophique avec Saturne,

— la Nature avec le Temps. Cette notion est beaucoup plus simple que l’autre, moins dangereuse, moins touchante, plus morale, plus digne d un dogme si pieux et si sévère. On saisit sur le fait le travail du sacerdoce hellénique sur les croyances populaires ou étrangères.

Mais cet effort de la théologie grecque auquel coopérèrent jusqu’aux philosophes, tels que Platon, après les poètes, tels qu’Eschyle, qui fut continué avec une grande persistance, et dont nous retrouvons la trace au temps de Plutarque, pieux observateur des rites, —car durant tout cet intervalle, la théologie n’a pas cessé de lutter contre le débordement des passions et la licence des arts sensuels, ou même contre les libertés, de nos jours les plus acceptées, de la sculpture, de la musique ou du théâtre, —cet effort, disons-nous, n’empêcha pas le développement de la fable immorale d’Atys, ni llnvasion, dans le peuple d’abord et ensuite dans là société tout entière, des superstitions et des pratiques diverses qui se rattachaient au culte asiatique de Cybèle et de son amant.

L’assimilation de Cybèle avec Aphrodite on Astarté, d’Atys avec Adonis, celle des mêmes figures avec lsis et Osiris, avaient, d’une part, prêté à la fable primitive une consécration puisée dans la science, de l’autre, introduit dans le culte les plus malsaines confusions.

On verra, au mot lsis, quelle fut, a cet égard, la théologie égyptienne. Noos n’en retrouvons pas, en Phrygie et en Grèce, la conception savamment conservée, mais une application vague et sensuelle. Les idées astronomiques et philosophiques du dieu qui

s’engendre lui-même et des conjonctions extraordinaires du système avaient donné naissance à une grossière et impure tradition dont l’inceste était le premier terme, et la folie des eunuques volontaires le dernier. Mais on aurait tort de mettre sur le compte d’aucune doctrine raisonné© de tels dérèglements, et l’on ne saurait y voir<jue la pente des civilisations en décadence à saisir toutes les occasions de débordement et de corruption qui leur sont offertes. Cependant M. Michelet, dans son beau livre : la Bible de l’humanité’, s’est efforcé de rattacher le mythe d’Osiris, d’Adonis, d’Atys, comme celui des dieux asiatiques de même sorte, Sabasius, Bacchus, etc., à une idée philosophique dont la portée funeste expliquerait tous ces désordres et qui aurait eu des conséquences ultérieures plus graves encore. Nous reprendrons cette thèse

au mot MÉDIATEUR.

Nous avons distingué, dans ce qui précède, la forme primitive du mythe de Cybèle, ta conception qu’en ont déduite les poètes, celle à laquelle l’ont réduite les théologiens grecs, enfin ce qu’elle est devenue par le mélange des idées de l’Égypte et de la Syrie. Nous avons voulu jeter ainsi quelque jour dans une question des plus compliquées, et que les beaux travaux de M. Guigniaut, d’après Creuzer, dans ses Religions de l’antiquité, et de M. Maury, dans l’ouvrage déjà cité, n’ont pas définitivement résolue. Si réservées que soient nos affirmations, nous pouvons avoir été trompé par des apparences ; aussi croirionsnous n’avoir pas complètement rempli notre tâche si nous ne mettions, d’après les textes, sous les yeux de nos lecteurs, quelques-uns des éléments principaux de la discussion.

« Les Bérécynthes, tribu phrygienne, et en général tous les peuples de la Phrygie, écrit Strabon, comme ceux de la Troade qui habitent autour du mont Ida, rendent à Rhéa un

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culte où entre l’orgie. C’est Rhéa qu’ils invoquent sous le nom de Mère des dieux, A’Agdislis, de Déesse phrygienne, de Grande déesse, ou que, d’après la dénomination de certains lieux dans lesquels on l’honore, ils qualifient i’idéenne, de Éindymène, de Sipylène, de Pessinuntis, de Cybèle (x, p. 579). » Un peu auparavant, Strabon cite Démélrius de Scipsis, d’après lequel le culte de Rhéa aurait été importé de la Troade dans l’île de Crète, où l’auraientaccompagné plusieurs noms de lieux sacrés, tels que Ida, Dicté, Pytna. Virgile appelle Cybèle, dans YEnéide (vu, 39), aima parens ïdœa deum, et Titè-Live (Hist., xxix, 10), mater Idœa. Ce nom d’Ida, «forêt de montagne, » parait tirer son origine de la même racine que l’allemandIVnW. Bérécyntlie (Derecynlhia se trouve aussi dans Virgile, JEn., vu, 784 ; ix, 82) rappelle le grec «%«<■ « tour, ■ l’allemand Berg, ■ montagne.» Strabon place encore le culte de Cybèle au mont Aspordèjie, près de Pergame, et un autre auteur (Nicaud, Alexiph., 7) au mont Lobrine, près de Cyziqtie. Enfin, suivant les traditions de l’Ile, les curetés, prêtres de Rhéa et nourriciers de Zeus, étaient venus de Phrygie en Crète.

« Cybèle, — dit M. Maury (m, p. 80), dont nous nous écartons quelque peu, — était une personnification de la terre, non pas spécialement de la terre cultivée et productrice, comme la Déméter grecque, mais plutôt du sol dans son état rocailleux et abrupt primitif : voilà pourquoi les pierres, les montagnes couvertes de forêts lui étaient consacrées et passaient même pour ses images. À Pessinonte, son simulacre était une pierre tombée, disait-on, du ciel et jadis recueillie sur une des" cimes placées sous sa protection. Au mont Ida, il existait une autre pierre qui lui était consacrée et à laquelle se rattachait la même tradition. » M. Charles Lenormant, dans ses Études de la religion phrygienne de Cybèle, a supposé que la plupart de ces pierres de Cybèle avaient une origine atmosphérique qui les aura fait tenir pour divines.

Sur toutes les montagnes de la Phrygie et des contrées voisines où était répandu le culte de la déesse, s’élevait un sanctuaire en son honneur. On n’a cependant retrouvé dans ces divers lieux aucune représentation de Cybèle remontant à l’époque phrygienne. Celles qui nous sont parvenues, ou dont la description nous a été transmise, ont été conçues sous l’influence des idées grecques, qui confondaient Cybèle avec Rhéa, Toutefois certains attributs lui sont tellement particuliers, qu’on y doit reconnaître ceux qui lui avaient été donnés en Phrygie. Catulle, si précis^ ne sort jamais du cadre phrygien, et il connaissait la valeur de ses termes. Il décrit les mouvements des prêtres de là déesse, son cortège. Il nomme les instruments qui lui sont consacrés :

Tympanum, tubam, Cybèle, tua, mater, initia. Plus loin, il parle des cymbales : Thiasus repente linguis trepidantibua ululai, Levé tympanum remugit, cava eymbala recrepant. Viridem cittu adù Idam properante pede chorus. Furibunda timul, anhelans, vaga vadit, animi egenê, Comitata tympano Atys, per opaca nemora dux, Vcluti juvenca vitans orna indomita jugi. Rapidœ ducem sequuntur gallce pede propero.

Il faut voir dans le texte le reste de la scène liturgique. M. Maury, qui ne cite pas Catulle, s’exprime ainsi : ■ La déesse était figurée debout ou assise sur un trône, ordinairement le bras gauche levé vers la tête. À ses côtes on voyait deux lions, animaux qu’on lui avait consacrés comme des emblèmes de sa force et de sa puissance, et qui jouaient d’ailleurs un grand rôle dans les représentations figurées de l’Asie. Parfois elle était placée sur un char traîné par ces mêmes animaux, circonstance qui pouvait se rattacher à l’usage qu’avaient les Phrygiens de traîner sa statue lors des cérémonies en son honneur. Elle

fiortail sur la tête une couronne tourellée, ou e modius, coiffure qui paraît avoir été celle de toutes les divinités mères de l’Asie, et qui faisait sans doute allusion à ce qu’elles exerçaient leur protection sur les cités et les fruits de la terre. Quelquefois on met dans les mains de Cybèle un fouet auquel sont enlacés de petits osselets ; cet attribut était l’emblème de la puissance et de la royauté. Le pin, qui jouait un rôle dans sa légende mythique, lui était consacré, vraisemblablement parce au’il croit sur les montagnes. On adorait Cybèle dans des autres ou des cavernes, qui avaient été les premiers temples de la Grèce. Son culte était tout orgiastique ; ses prêtres, appelés galles, se livraient, en chantant ses louanges, à des danses frénétiques et bruyantes, au son des cymbales, de la flûte et du tambour ; ils croyaient imiter la déesse, qui, suivant la légende, avait aussi dansé de la sorte, la tête parée de la même coiffure qu’avaient adoptée ses prêtres. Les galles brandissaient encore des épées, agitaient des boucliers. Dans leurs accès de fureur factice, ils allaient jusqu’à se couper les parties génitaies. Cette castration semble, du reste, n’avoir été souvent qu’incomplète. Ils paraissent s’être livrés à d’autres actes d’ascétisme fanatique. Ils s’abstenaientde certains aliments, et se soumettaient à une flagellation pratiquée à l’aide d’une discipline faite avec des cordes garnies d’osselets. ■

Presque tout cela se trouve dans Catulle,

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où l’explication est tirée du récit lui-même.

Ainsi, pour l’abstention du pain : Jtaque, ut domum Cybeles tetigere, lassula Kimio e labore tomnum capiunt tine ccrere.

Il est évident qu’il ne s’agit pas seulement d’abstention de pain, mais de jeûne. Il est vraiment regrettable que M.’Maury, pour compléter son beau travail, n’ait pus connu ce texte. Il donne de ces usages d’autres explications très-vraisemblables : il montre des faits analogues en Asie à toutes les époques. Il s’appuie sur ces détails pour confirmer le rapport du culte de Rhéa avec celui de Cybèle, des corybantes ou curetés avec les galles. Il ajoute que ces derniers prêtres, dans chaque ville où existait le culte de la déesse, étaient organisés en un collège sacré qui avait à sa tête un archigalle. T)e même que les derviches, ils mendiaient de lieu en lieu, débitant pour quelque argent leurs prières et leurs formules purificatoires, promettant de remettre les péchés et joignant à ce commerce simoniaque la vente de philtres amoureux. On appelait ces corybantes vagabonds métragyrtes ; ils portaient un costume particulier, avaient sur la tète une sorte de mitre ou de tiare, coiffure d’origine essentiellement asiatique, étaient vêtus d’une tunique de fin et d’une robe de soie semée de fleurs et brodée d’or. Les actes bizarres et indécents auxquels se livraient ces charlatans, les tours de passe-passe par lesquels ils cherchaient à étonner le crédule public, finirent par inspirer pour eux un sentiment de dégoût et de mépris. Cependant ils conservèrent encore longtemps en Asie une considération qu’ils devaient au respect dont leur divinité protectrice était entourée.

Le culte de Cybèle avait surtout pour objet de représenter d’une manière symbolique la légende mystique de la déesse, et cette légende n’était elle-même, suivant M. Maury, que l’expression des principaux phénomènes naturels qui se rattachent à l’influence du soleil sur la terre, à la production des êtres, à la succession des saisons. • A Cybèle, dit cet auteur, .était associé un dieu nommé Atys, ou plutôt Attès ou A lès, d’un rang inférieur à elle, et qu’on lui donnait pour amant. C<it Atys paraît avoir été une personnification du soleil. Sa fête tombait au commencement du printemps. Le premier jour de la i.olennité, à laquelle les Grecs appliquaient aussi le nom de mystère, à raison de l’analogie qu’elle présentait avec les mystères de Déméter, on pleurait la mort du dieu. Voici comment les Phrygiens racontaient cet événement. Cybèle était devenue amoureuse du bel Atys et l’avait choisi pour son prêtre, sous la condition qu’il garderait sa chasteté ; mais le berger, car c’est ainsi qu’Atys était qualifié, oublia avec une fille du fleuve Sangarius là promesse qu’il avait faite. Pour le punir, la déesse le jeta dans un délire furieux, durant lequel il s émaseula ; il allait même attenter à ses jours, quand Cybèle le métamorphosa en pin. C’était cette mort d’Atys que l’on rappelait par une cérémonie lugubre au commencement de sa fête. Il y a dans tout ce mythe une allusion évidente au passage de 1 été à l’hiver. Atys est un berger, car les peuples de l’Orient ont souvent comparé le soleil à un pasteur qui garde les troupeaux célestes, c’est-à-dire les constellations ou les nuages. Au moment de l’hiver, il perd sa force, ou pour parler le langage symbolique, sa virilité ; il semble même menacé de mort ; alors la Terre, Cybèle, éplorée, regrette son amant. La métamorphose en pin fait sans doute allusion à ce que les conifères sont presque les seuls végétaux qui gardent leur verdure durant l’hiver. Cet arbre joue aussi un rôle mystique dans le culte du dieu persan Mithra. Atys revient à la vie, -et cette renaissance a lieu précisément au printemps. Pendant que l’on se lamentait Sur la perte d’Atys, on promenait un pin sacré en mémoire de sa métamorphose. Le second jour, les galles faisaient retentir l’air des sods de leurs cornes et de leurs trompettes. Le troisième, ils s’enlevaient, dans le paroxysme de leurs exercices orgiastiques, les organes de la génération. Le quatrième, Atys était censé ressuscité, et l’on exprimait sa joie par des danses désordonnées. Enfin le cinquième jour était consacré au repos. > Ainsi se composait l’ordre de la fête, du moins à Pessinonte. Les cérémonies du taurobole et du eriobole constituaient une autre solennité du culte de la déesse phrygienne ; elles se rattachaient à des rites purificatoires qui avaient les inétragyrte3 pour ministres, et que certains dévots accomplissaient tous les mois. Lors de la confusion de la déesse mère de Phrygie avec Déméter, le taurobole fut pratiqué aux mystères d’Eleusis. Quant aux fables qui se rattachent aux assimilations diverses de Cybèle avec d’autres divinités, voyez le nom de ces divinités. Toute signification à part, les circonstances de la cérémonie que nous venons de décrire d’après M. Maury, qui cite un nombre infini de textes à l’appui de chacune de ses propositions, sont remarquables en ce qu’elles noua présentent dès la haute antiquité, en Asie, le culte d’un dieu ressuscité après trois jours.

— Iconog. Cybèle, surnommée la grande mère des dieux, la mère Béréoynlhienne, apparaît ordinairement, dans les monuments antiques, sous les traits d’une femme à l’attitude imposante, à la physionomie sévère, avec une couronne crénelée ou tourellée, d’où

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descend un long voile qui couvre ses épaules ; elle est presque toujours accompagnée do deux lions et a pour attributs des fruits, des fleurs, productions de la terre qu’elle personnifie, et un tympanum ou tambour de basque, instrument dont on lui attribuait l’invention. Les diverses particularités que nous venons de signaler ne se trouvent pus dans toutes les figures que nous a laissées l’art antique. Une des plus charmantes images de Cybèle qui nous aient été conservées est celle de la collection Panlili, qui a été gravée par Barrière et publiée récemment par M. de Clarac. La déesse, dans toute la grâce et la force de la jeunesse, est représentée assise sur un lion ; elle est vêtue d’une tunique à larges manches, qu’une ceinture serre a la taille et que des agrufes fixent sur les épaules. De la main droite, elle relève en arrière son manteau, qu’elle retient de la gauche. Une des statues qui ornaient la spina du cirque Maxime, à Rome, représentait Cybèle portée aussi sur un lion ; elle était encore figurée ainsi dans un tableau du célèbre peintre Nicomaque et sur diverses médailles.

Une statue de marbre du Vatican nous montre Cybèle dans toute la grâce et l’aimable abandon de la jeunesse ; de sa couronne tourellée tombe un long voile qui accompagne sa jolie tête, son cou et sa poitrine gracieuse ; elle est assise, nonchalamment appuyée sur son tympanum, et semble s’abandonner à une douce rêverie. Cette jolie statue, d’un travail très-élégant dans les draperies, a peu souffert ; la tête n’a de restauré 3ue le bout du nez ; les avant-bras sont moernes. Le musée du Capitole possède une statue de marbre grec qui passe pour être une Cybèle, quoiqu’on n’y trouve pas lesj caractères distinclifs de cette divinité. Le vêtement est une tunique à longues manches serrées sur les poignets. Au musée des Studj, à Naples, outre un buste de Cybèle dont la tête est couronnée de tours et qui provient d’Herculanum, on voit une statue de marbre grec qui représente cette déesse assise sur un trône à dossier et à pieds cariés, entre deux lions accroupis, à l’aspect menaçant ; les deux mains sont modernes ; la gauche repose sur le tympanum, la droite ne tient rien ; la tête est couronnée d’une tour ronde à contre-forts. Une inscription tracée sur la face antérieure du marchepied du trône nous apprend que cette statue fut consacrée aux frais de Virius Macarianus, personnage consulaire...

Le Louvre possède deux petites statues de Cybèle, assez semblables sous le rapport de la pose, mais différentes dans les détails. L’une, la meilleure, représente la déesse assise entre deux lions et ayant près d’elle son tympanum ; l’autre-n’est pas accompafnée de lions et se distingue par l’ajustement es vêtements : la tunique est ample, flottante, avec des demi-manches larges ; le manteau, passant sur les épaules, retombe sur le milieu du corps et va couvrir le bras gauche.

Au musée de Florence, il y a un buste de Cybèle. M. de Clarac a publié dans son Musée de sculpture, outre la plupart des figures que nous venons de signaler, quatre intéressantes statues de l’ancienne collection Mattei : l’une nous montre le mère des difeux couronnée de créneaux et enveloppée d’un très-grand manteau double (diploîs) et d’un péplum qui ne laisse apparaître que les mains, appuyées toutes deux sur un lion accroupi, à la crinière épaisse ; le siège où la déesse est assise est un simple cube ou bloc, symbole de ta stabilité de la terre. Les lions, qui, par leur pose, ne semblent pas être vivants, accompagnent ce trône rustique dont ils forment pour ainsi dire les bras Une autre Cybèle, de la collection Mattei, a la tête légèrement penchée en arrière, comme pour interroger le ciel. Elle tient des fruits dans ses deux mains ; sa couronne est une simple tour cylindrique avec une porte cintrée posée sur le manteau-voile. Dans la troisième figure do cette galerie, on remarque la fierté de l’attitude et de la physionomie ; les cheveux ondulent sur le front, s’échappent de dessous le voile et retombent sur les épaules ; la main droite tient des épis et des fleurs, la gauche s’appuie sur le tympanum placé sur un siège en avant duquel est une grande corne d’abondance. La quatrième enfin se rapproche de la première par la pose et l’ajustement des draperies ; mais les lions diffèrent en ce qu’ils sont sans crinière et qu’ils ont la gueule béante. Une statue de marbre qui figurait, il y a quelques années, dans la collection Vescovali, à Rome, et qui a été publiée par M. de Clarac (pi. 395), se distingue de toutes les représentations connues de Cybèle en ce qu’elle l’ait voir cette déesse debout et ayant près d’elle un gros chien ; mais, ainsi que le fait remarquer M. de Clarac lui-même, il est fort probable que celte figure, dont la couronne crénelée et le tympanum sont modernes, n’est devenue une Cybèle que grâce à ces restaurations ; peut-être était-ce une statue de Coronis, la mère d’Esculape ? Elle a été trouvée en 1739 par Canova, dans une fouille faite à la Farnêsine, hors de la porte du Peuple, à Rome. M. de Clarac a publié encore (pi. 396) une statuette antique qui de la villa Mattei, où elle était désignée comme représentant une prétresse deCérès, est passée dans la collection Blundell, k Ince, près de Liverpool, où elle est intitulée Cybèle ; elle est assise, dans une attitude grave, ayant une patère à la main ; auprès