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Adieu, voisin grillon, dit-il ; je pars d’ici ; Mes oreilles enfin seraient cornes aussi ; Et quand je les aurais plus courtes qu’une autruche, Je craindrais même encor. Le grillon repartit : Cornes, celai Vous me prenez pour cruche ; Ce sont oreilles que Dieu fit.

La Fontaine.

— Prov. Tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise, Tout finit par s’user j à force de braver un danger, on finit par y succomber. Ce proverbe, qu’on trouve appliqué aux Templiers dans une chronique manuscrite en vers qui est citée par M. Raynouard, paraît être du commencement du xive siècle ; on lit dans cette chronique :

Toîjours (toujours) achetaient sans vendre... Nul riche a, elx (eux) n’estoit de prise ; Tant va pot d eue (eau) qu’il brite.

On connaît la variante grivoise que Beaumarchais a faite k ce proverbe ; Tant va la cruche A. l’eau qu’à la fin... elle s’emplit, a-t-il dit à propos d’une jeune fille très-imprudente. Le président d’une assemblée souveraine buvait beaucoup, mais n’en était pas moins exact aux affaires. II. était tous les jours le premier à l’assemblée, et y travaillait plus que personne. Le prince d’Orange, qui 1 aimait, lui dit un jour que l’excès en tout genre était dangereux, et qu’il craignait que le travail ou le plaisir ne le mit au tombeau. Enfin, président, preneï-y garde, ajouta le prince, tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise. — Monseigneur, dit celui-ci, il n’y a point de risque ; ce n’est pas k l’eau, c’est au vin que va ma cruche. »

— Ane. art milit. Sorte d’artifice de guerre aujourd’hui inusité.

Syn. Crucb«, âne, balourd, bâte, ba*e, butor, ganache, Isuorant, lourdaud, mâcboir«. V. ÂNE.

Cruche en.se’o (la), comédie allemande, par Henri de Kleist, la seule composition dramatique d’outre-Rhin qui puisse rivaliser avec notre farce de VAvocat Patelin. Elle a été inspirée par la gravure du chef-d’œuvre de Greuze, etZschokke nous a révélé son origine. En 1803 Zschokke habitait Berne ; il recevait souvent Louis Wieland et Kleist, et les trois amis discutaient et admiraient la gravure, qui occupait une place d’honneur dans l’appartement. Ils résolurent de traiter le sujet de la cruche cassée, • chacun dans la manière qui lui était propre. Wieland écrivit sur ce sujet une satire qui s’est perdue ; Zschokke en fit une de ses plus jolies nouvelles, et Kleist composa un des chefs-d’œuvre comiques du théâtre allemand. Voici la donnée de cette pièce : la scène se passe en Hollande. Maître Adam, un juge de village, s’est introduit un soir dans la chambre d’une jeune paysanne, et, repoussé par elle, surpris dans l’ombre par le fiancé, il s’échappe plus mort que vif, roule dans l’escalier, perd sa perruque et brise une cruche. Le fiancé, irrité d’avoir surpris un homme chez sa promise, rompt avec elle. D’autre part, la fillette n’ose pas dénoncer le juge h. sa mère, de peur d’attirer quelque vengeance sur la famille, et prétend que c’est son fiancé Ruprêcht qui a cassé la cruche, La mère réclame le prix de sa.cruche à ce dernier, qui refuse ; 1 affaire est portée devant le juge. Mais au même moment arrive un conseiller de justice en tournée d’inspection, et la cause se plaide devant lui. Maître Adam paye d’audace, embarrasse les témoins, embrouille l’affaire et fait tous ses efforts pour prouver que Ruprecht est l’auteur du délit, puis il cherche à charger d’autres personnes ; mais plus il parle, plus il se compromet, et plus les auditeurs acquièrent la preuve de sa culpabilité. Ce qu’il y a de plus original dans l’agencement de la pièce, c’est qu’elle commence au tribunal même, c’est que les spectateurs apprennent par les débats les détails compliqués de l’affaire, en sorte que l’intérêt, concentré sur un même point, augmente progressivement et naturellement jusqu’au dénoùraent. La versification et le style sont excellents ; le dialogue marche vif et rapide. Les buveurs de Teniers, attablés la pipe à la bouche autour d’un pot de bière, se racontent sans doute des aventures de ce genre. Il y a dans cette pièce une verve, une franchise qui font songer aux scènes les plus gaies de YAvocat Patelin. En 1807, Gœthe fit représenter cet ouvrage au théâtre de Weimar ; malheureusement il avait eu l’idée singulière de diviser la pièce en cinq actes ; c’était enlever à l’œuvre de Henri de Kleist son principal mérite, le rapide enchaînement des scènes, et l’effet de ce tableau si animé fut perdu. L’auteur fut tellement irrité de l’échec, qu’oubliant l’âge et la gloire de l’illustre maître, il le provoqua -en duel. En 18*2, M. Th. Boring rendit à la pièce sa forme primitive et la fit jouer à Berlin, avec un succès qui plaça la Cruche cassée au nombre des œuvres classiques.

Cruche ca»£e (la), chef-d’œuvre de Grnuae, musée du Louvre. Une jeune tille, vêtue d’une robe blanche quelque peu chiffonnée et d’un fichu de gaze qui laisse entrevoir ses épaules et le haut de sa gorge, se présente à nous de face, retenant des fleurs dans un pli de sa robe et portant au bras gauche une cruche fêlée. Une rose effeuillée est fixée k son corsage dégrafé. Des fleurs blanches et un ruban violet tbnt mêlés à sa chevelure. Cette adorable fillette, qui a cassé sa cruche, s’inquiète sans doute de l’accueil qui va lui être fait au logis. Sa mine est toute dolente. Et pourtant

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ses yeux, au lieu d’être baissés, nous regardent avec une touchante naïveté. Après tout, cette petite cruche de grès n’était pas d’un bien grand prix. Ne fallait-il pas d ailleurs prévoir qu’elle finirait par se briser ? La jolie fille l’avait oubliée sans doute près de la fontaine, tandis qu’elle butinait des fleurs dans les buissons et dans la prairie. Un méchant sera survenu et l’aura heurtée trop violemment. Rien de plus gracieux et de plus piquant que l’expression et l’attitude de la pauvre enfant désolée. Il ne faut pas chercher à saisir le secret de sa mélancolie. ■ Ce serait aller contre la délicatesse et le charme même de la pensée du peintre, dit M. Ch. Blanc, que de lui enlever précisément ce qu’elle a de divin. On peuplerait un couvent de ces jeunes filles de Greuze qui songent, virginaleinent étonnées. La joie du peintre était de glisser dans une chaste image le soupçon délicat d’une faiblesse, afin dy introduire le reproche sous la forme du regret. Le secret de son génie consistait à arranger toujours les choses de manière que ni la volupté ni la inorale n’y perdissent rien. • La Cruche cassée a été payée 3,001 fr. À la vente du marquis de Verri, en 1785 ; on la payerait vingt ou trente fois plus aujourd’hui. lien a été fait d’innombrables copies à l’huile, à l’aquarelle, en miniature, en émail, en gravure, en lithographie ; parmi ces productions, il en est fort peu de bonnes. La meilleure gravure est celle de Massard.

On a fait aussi beaucoup d’imitations plus ou moins déguisées de la Cruche cassée ; nous citerons, entre autres une statue de inarbre d’un artiste anglais, M. Marshall, qui a figuré h l’Exposition universelle de 1855, et une statue également de marbre, qui a valu à son auteur, M. Emile Cartier, une médaille au Salon de 1868. Ces deux ouvrages n’ont guère d’autre mérite que celui d’une exécution délicate ; mais, au point de vue de l’idée, ils sont bien inférieurs à l’œuvre du peintre. M. Marshall a représenté une petite fille de sept ou huit ans, éplorée devant les morceaux de sa cruche. < Ce n’est pas à cet âge, dit Th. Gautier, qu’on laisse tomber son pot de grès à la fontaine, et vous n’avez pas bien compris votre sujet, monsieur Marshall ; demandez-le plutôt à Greuze, qui s’y connaît ; ces malheurs-là n’arrivent qu’aux fillettes de quatorze ou quinze avrils ; votre baby aura le fouet en rentrant a la maison, et ce n’est pas par la crainte du fouet que pleurent, chez l’artiste français, les filles qui cassent leur cruche. > L’héroïne de M. Carlier est bien d’âge à avoir un pareil accident ; c’est une jeune paysanne qui, la main gauche appuyée sur un rocher, la droite sur le menton et le petit doigt sur les lèvres, contemple d’un œil marri les débris de son pot au lait. Le désir de montrer son habileté à sculpter le nu a poussé M. Carlier à donner & cette jeune villageoise un costume par trop printanier. « Pour être plus agile, dit M. Marius Chaumelin, la Perrette du bon La Fontaine avait mis cotillon simple et souliers plats ; la fillette à la cruche n’a gardé que sa chemise. M. Carlier a donné k cette statue une attitude assez gracieuse, mais il a échoué dans l’expression de la physionomie : sa paysanne est une niaise. Greuze, en pareil cas, a peint une délicieuse ingénue. » La Cruche cassée de M. Carlier faisait partie, en 1868, de la collection de M. Nagelmackers ; celle de M. Marshall appartenait à M. Bennoch,

CRUCHÉE s. f. (kru-ché — rad. cruche). Contenu d’une cruche, quantité de liquide que contient ou que peut contenir une cruche : Va me chercher une cruchée d’eau. Les artichauts doivent être arrosés deux ou trois fois la semaine, à une cruchée d’eau dans chaque pied. (La Quint.) Va-t’en tout à l’heure à la fontaine de Jouvence, et m’en rapporte une crucBÉe d’eau. (La Fontaine.)

CRUCHEFIJD s. m. (kru-che-fl-je). Forme ancienne du mot crucifix.

CRUCHER v. n. ou intr. (kru-ché). Mus. Produire le son particulier au tuyau d’orgue appelé cromorne. Il Vieux mot.

CRUCHERIE s. f. (kru-dhe-rt — rad. cruche). Fuin. Bêtise, ineptie, niaiserie : Vous ne dites i/ue des crucheries. Hélas ! c’est là ma crucherie. (M’"e de Sablé.)

CRUCHETTE s. f. (kru-chè-te — dimin. de crucAe). Petite cruche : Unecrucbettede lait.

CRUCHON s. m. (kru-chon — dimin. de cruche). Petite cruche : Un cruchon de grès. Casser un cruchon’, h Liquide contenu dans le même vase : Boire un cruchon de Hère, de vin.

— Pop, Sot, idiot : Vout n’êtes qu’un cruchon.

Cruchon (ORDRE du), sorte de société de mauvais sujets, comme tout l’indique, et dont l’objet paraît avoir été de donner des charivaris avec accompagnement de cruchons. Ses membres s’appelaient chevaliers de l’ordre du Cruchon. On peut placer la formation de cette singulière société vers la fin du mois de juin 1740. La licence des chansons qu’elle allait chanter la nuit à la porte de certains habitants de Paris, le trouble qu’elle apportait particulièrement dans le quartier où elle s’était formée, et qui menaçait de s’étendre à d’autres, appelèrent l’attention du lieutenant général de police, et l’obligèrent à publier un Avertissement où il les menaçait de prise de corps. Depuis ce jour, on ne trouve plus, ni dans les archives de la police, ni ailleurs, aucune autre mention de l’ordre du Cruchon.

CRUC. *

CRUCIADE s. f. (kru-si-a-de — du lat. crux, erucis, croix). Forme ancienne du mot croisade,

— Hist. ecclés. Bulle accordée par les papes aux rois d’Espagne et de Portugal, pour lever des décimes sur les ecclésiastiques, afin de subvenir aux frais de la guerre contre les infidèles.

CRUCIAIRE s. m. (kru-si-è-re — lat. cruciarius ; de crux, croix). Antiq, rom. Condamné attaché à la croix.

CRUCIAL, ALE adj. (kru-si-al, a-le — du lat. crux, cruéis, croix). Ohir. Fait en croix : Ah ! quel plaisir je vais prendre à faire sur son corps une incision cruciale, et à lui ouvrir le ventre depuis le cartilage xiphoïde jusqu’aux os pubis ! (Hauteroche.)

CRUCIANELLE s. f. (kru-si-a-nè-Ie — dimin. du lat. crux, erucis, croix). Bot. Genre de plantes, de la famille des rubiacées, tribu des aspérulées, comprenant une dizaine d’espèces, qui croissent en Europe et dans le pourtour du bassin méditerranéen : La plupart des crucianeli.es croissent en Europe. (Clàvel.) La cruciankllb maritime est une plante vivace d’un blanc verdâire, (Cîavé.) La crucianelle à longs épis croit aux environs de Montpellier. (V. de Bomare.) « CRUCiBuLUMs.m. (kru-si-bu-Iomm).Moll. Genre de mollusques, de la classe des gastéropodes.

CHUC1BURGUM, nom latin de Kheuzburg.

CRUCIEMENT s. m. (kru-sl-man — du lat. crucio, je tourmente ; de crux, croix). Tourment, torture ; inquiétude. Il Vieux mot.

CRUCIER v, a. ou tr. (kru-si-é — lat. crucire ; de crux, croix). Torturer, tourmenter ; inquiéter. U Vieux mot.

CRDCIFÈRE adj. (kru-si-fè-re — du lat. crux, erucis, croix ; fero, je porte). Archit. Qui est destiné à porter une croix : Colonne

CRUCIFERE.

— Bot. Qui porte des fleurs en forme de croix : Le chou est une plante crucifère,

— s. f. pi. Famille de plantes dicotylédones, caractérisée par des fleurs dont les pétales sont disposés en forme de croix : Les crucifères composent une des familles les plus naturelles du règne végétal. (Lallement.) // faut éviter l’usage des crucifères dans les maladies aiguës. (V. de Bomare.) Aux crucifères 17 faut généralement des murs entre les pierres disjointes desquels elles puissent enfoncer leurs racines. (H. Berthoud.)

— Encvel. La famille des crucifères comprend des végétaux presque tous herbacés, généralement annuels ou bisannuels, à feuilles alternes et dépourvues de stipules. Les fleurs, réunies en grappes ou en corymbes terminaux, ont un calice à quatre sépales alternant sur deux rangs, les deux extérieurs plus ou moins gibbeux à la base ; une corolle à quatre pétales opposés en croix et ordinairement onguiculés ; six étamines tétradynames, quatre longues et deux plus courtes ; un ovaire a deux loges pluriovulées, surmonté d’un style court terminé par un stigmate bifide ; le fruit est une silique ou une silicule quelquefois charnue, renfermant un nombre variable de graines à cotylédons charnus et huileux.

Cette famille, qui a des affinités avec les papavéracées, les fumariacées et les capparidées, a été divisée par les auteurs anciens, d’après la longueur du fruit, en deux grandes sections, les siliqueuses et les silieuleuses. Les modernes, prenant en considération la forme et la structure des cotylédons, la position de la radicule, la largeur de la cloison et d’autres caractères très - naturels, mais d’une observation, souvent difficile, ontétabti cifiq sections, subdivisées à leur tour en vingt et une tribus, dont nous donnerons rémunération, avec l’indication des genres que chacune d’elles renferme.

— A. Pleurorhizées. I. Arabidées : matthiole, parolinie, dicératie, notocère, giroflée, psilostylide, oudneye, cresson, alyssopside, barbarée, streptanthe, tourrette, arabette, stévénie, parrye, phénicaule, niacropode, cardamine, ptéroneure, dentaire.— II. Alyssinées : lunaire, ricotie, farsétie, ménioque, bertéroa, aubriètie, vèsicaire, konige, aurinie, colutèocarpe, psilonème, alysse, clypéole, peltaire, pétrocallis, drave, cochléaria, érophile, tétrapome, sélénie.— III. Thlaspidées : thlaspi, didyinophyse, téesdalie, ibéride, cynocardamon, biscutelte, diastrophis, mégacarpée, crémolobe, menonvillée, crénulaire, morière, brossardie, heldreichie. — IV. Euctidiées : euclidie, ochthodie, pugionie. — V. Anastaticées : anastatique, morettie, — VI. Cakilinées : cakile, ehorispore, cordylocarpe.

— B. Notorhizéks. VIL Sisymbriées : malcolmie, julienne, dontostemon, çachypode, sisymbre, alliaire, vélar, cuspidaire, braye, tétracme, christolée, leptalée, thétipode, stanleye, warée, zerdane, taphrosperme — VIII. Camélinées : syrénie, syrénopsis, caméline, sténopétale, eudème, mathewsie, platypétale, eutrème, aphragme, platysperme. — IX. Lèpidinées : cnpseUe, ionopsidie, bivonée, cunomie, ibéridelle, hutchinsie, lépidie, hyménophyse, campyloptère, éthionème, hexaptère, dispeltophore.— X. Isalidées : ptérolome, glastaire, pastel, tanschérie, thysanocarpe, neslie, myagre. — XI. Anchoniées : auchonie, goldbuchie, stérigme, morisie.

— C. Orthoi’locées. XII. Bracissëes : chou,

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moutarde, ramphosperme, hirschfeldie, douépée, érucastre, moricandie, roquette, diplotaxis, disaccie. — XIII. Vellées ; velle, bolée, carrichtère, succowie, savignye, fortuynie.

— XIV. Psychinées : psychine, schouwie.-XV. Zillée : aille, muricaire, calepine, borève, texière. — XVI. Raphanées : radis, crambè, rapistre, condylocarpe, arthrolobe, didesme, énarthrocarpe.

— D. Spirolobées. XVII. Buniadées : bunias.

— XVIII. Erucariées.-érucaire.

— E. DiPLKCoLOBÉES. XIX. Sénébiérées : sénébière, brachicarnêe. — XX. Subulariées : subuluire. — XXI. Héliophilées : héliophilo, chamire. — Appendice : schizopétale, discovie, etc.

Les crucifères sont répandues surtout dans l’ancien continent ; elles sont plus abondantes dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord. Elles renferment beaucoup d’espèces alimentaires. Leurs graines sont plus ou moins riches en huiles fixes ou volatiles. Eu médecine, elles se placent au premier rang parmi les antiscorbutiques.

CRUCIFÉRINÉ, ÉE adj, (kru-si-fé-ri-nérad. crucifère). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte aux crucifères.

— s. f. pi. Classe de plantes dicotylédones qui, dans la méthode d’Ad. Brongniart, comprend les familles suivantes : crucifères, capparidées et résédacées.

CRUCIFIANT (kru-si-fi-an) part. prés, du v. Crucifier : Les Juifs crucifiant Jésus. On n’arrive à la vertu quen crucifiant le cœur. (Le P. Ventura.)

CRUCIFIANT, ANTE adj. (kni-si-fi-an, an-ta — rad. crucifier). Ascét. Qui crucifie, qui mortifie les sens : Otez de la morale les maximes crucifiantes, la violence, ^humilité. (Mass.)

CRUCIFIÉ, ÉE (kru-si-fl-é) part, passé du v. Crucifier. Mis en croix : Un Dieu crucifié passe pour folie. (Pasc). Je prêche la gloire de Jésus crucifié, (Boss.)

— Fig. Martyrisé, torturé, tourmenté : Ainsi crucifiée pour le rachat des nations, la Pologne a été abandonnée. (Chateaub.) Le duc d’Aiguillon, sous le ministère duquel la Pologne fut crucifiée, était un singulier homme d’État, qui n’aurait plus de succès de nos jours. (L. Ulbach.)

— Ascét. Être crucifié avec Jésui-Cn’rist, Mourir au monde pour renaître à Dieu.

— s. m. Homme crucifié : Les crucifiés de forte complexion ne mouraient que de faim. (Renan.) 11 Absol. : Le crucifié, Jésus-Christ. Le divin crucifié. Le grand l’an n’a rien à faire avec te divin crucifié. (Ste-Beuve.) Arrachons à l’infidèle, qui le souille de sa présence, le tombeau de notre maître Jésus, le divin crucifié. (Kavre.)

Suis du crucifié les douloureuses traces.

Corneille.

CRUCIFIEMENT ou CRUCIFÎMENT s. m. (kru-si-fl-tnan — rad. crucifier). Action de mettre en croix, de crucifier : Le crucifiement de Jésus-Christ. L’action du crucifiement semble avoir élevé Jésus pour être l’objet de l’espérance du monde. (Boss.) il Supplice de la croix : Pour certains crimes, tes juges japonais condamnent au crucifiement.’ (O, Co- mettant.)

— Tableau, image représentant une mise en croix : Un crucifiement devrait à la fois représenter la mort d’un homme et la vie d’un Dieu. (J. Joubevt.) Cette collégiale contient un admirable crucifiement de Van Dyck. (V. Hugo.)

— Fig. Série de cruels tourments : Toute grande mission emporte avec elle ici-bas la nécessité d’un crucifiement. (De Laprade.)

—Ascét. Pratiques austères ; mortifications : L’oraison est le crucifiement de toutes nos passions. (M">e de La Vullière.)

— Encyct. Hist. V. croix et Christ.

— Iconogr. Les artistes emploient à peu près indifféremment les mots Calvaire, Christ en croix, Crucifiement ou Crucifixion pour désigner les tableaux et les bas-reliefs représentant le drame du Golgotha. Pour compléter les renseignements que nous avons donnés au mot Christ (t. IV, p. 210 et suivantes), sur ce genre de représentations, nous devons ajouter que l’horreur qu’inspirait aux Romains le supplice infumant de la-croix dut être un des motifs qui déterminèrent les premiers chrétiens à ne figurer que d’une façon allégorique la mort de Jésus. « L’Église, dit M. I abbé Martigny, eirfprunta tour à tour les éléments de ce langage symbolique aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, ’et, ce qui semblera plus étonnant, h. la mythologie (v. Orphée, Ulysse). Elle se plut surtout h offrir aux yeux de ses enfants l’image de l’agneau, qui est la plus ancienne comme la plus frappante des figures du Sauveur des hommes. Pour rendre l’allégorie plus sensible, on donne à l’agneau les attributs du Rédempteur, et à mesure qu’une somme plus large de liberté était accordée à l’Église, les attributs devinrent de plus en plus significatifs, jusqu’à ce qu’enfin ils reproduisirent ouvertement ceux du Crucifié lui-même, au ive siècle le monogramme, et la croix nue au v». Mais, dès le commencement du vie, ces attributs prennent un caractère tout & fait prononcé. C’est d’abord un agneau portant sur son épaula une croix hastée ; puis un agneau couctie sur un