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radin de renoncer à ses droits. Le jeune prince refuse avec indignation ; le tyran met alors le salut de Frédéric au prix de l’abdication de Conradin. C’en est fait, ce dernier va signer, lorsqu’un bruit frappe ses oreilles : le peuple, soulevé par son ami, assiège le palais.

Qu’on me mène à la mort !

s’écrie le héros, mot que rend sublime le vers suivant :

Je lègue à Frédéric le sceptre de Sicile.

Générosité inutile ! Tandis qu’on immole Conradin, Frédéric, frappé à mort dans la lutte, vient expirer sur le théâtre, en prédisant, au moment de la mort et dans une inspiration prophétique, le massacre des Vêpres siciliennes.

Même dans ce dernier acte, le plus beau de la pièce, Frédéric joue partout le premier rôle au détriment de Conradin, dont l’héroïsme purement passif se borne à périr noblement, et qui passe inaperçu à travers les deux premiers actes, remplis par les amours de Frédéric et de Constance. La cruauté de Charles d’Anjou est inexcusable, puisque la clémence serait pour lui sans danger après la victoire. Ce prince semble jeté dans le moule banal des tyrans. L’auteur le comprit, et, pour relever son caractère et réveiller l’intérêt qui faiblissait dans les deux premiers actes, il remania sa pièce dès la seconde représentation. Il transforma Charles d’Anjou en un homme politique, luttant avec une égale énergie contre l’autorité temporelle de Conradin et la puissance spirituelle de Clément IV. Sous ce nouvel aspect, le roi est plus tragique et moins odieux. Le caractère de sa fille n’est pas heureux : elle se montre trop virile, excepté dans la scène pathétique où elle implore la grâce de Conradin.

Ce tableau assez exact des mœurs du xiiie siècle est tracé avec naturel, clarté et correction ; mais le coloris manque d’éclat et de poésie. Les expressions heureuses sont rares, et on rencontre trop peu de ces images frappantes qui rendent la pensée saisissante, et l’immortalisent en la gravant dans la mémoire. Le succès de la pièce est dû à la grandeur des événements, au mouvement du dialogue et à la beauté de plusieurs scènes vraiment tragiques et bien réussies, car à peine peut-on citer quelques vers énergiques.


Conradin ou le Dernier Hohenstauffen, opéra allemand, livret de Reinich, musique de Ferdinand Hiller, représenté à Dresde le 13 octobre 1347. Le sujet est tiré du drame de Raupacb. Le caractère élégiaque domine dans la musique, inspirée par de Hummel.


CONRADIN DE BORNADA, dit le Bienheureux, dominicain italien, né près de Brescia en 1392, mort en 1429. Il s’adonna avec succès à la prédication. Il se trouvait à Bologne, que ravageait la peste, lorsque, cette ville étant entrée en guerre avec le pape, il publia l’interdit lancé contre elle par ce dernier, et accusa les Bolonais d’attirer sur eux, par leur conduite envers le souverain pontife, le fléau qui les décimait. Les Bolonais jetèrent Conradin en prison, et l’y retinrent jusqu’à la conclusion de la paix. Le fougueux interprète des pensées de Dieu fut emporté quelque temps après parla peste. Les écrivains ecclésiastiques, qui lui attribuent plusieurs miracles, l’appellent le Bienheureux, bien que l’Église ne lui ait pas décerné ce titre.


CONRARD (Olivier), poète et moine cordelier français, né dans le Gâtinais. Il vivait au xvi» siècle. Il se fit connaître par des Poésies latines publiées à Paris-en 1530, et dans lesquelles il imitait si habilement la manière de Fausto Andrelini, qu’il reçut le surnom de Faustulus. Le plus curieux de ses ouvrages — !St son Miroir des pécheurs (Paris, 1526, in-8o), écrit d’abord en latin, et qu’il traduisit lui-même en vers français.

CONRART (Valentin), littérateur médiocre, conseiller et secrétaire du roi, né à Paris en 1603, d’une famille bourgeoise et calviniste, mort le 23 septembre 1675. Son père, qui le destinait aux emplois de finances, ne lui fit donner aucune éducation, et ce ne fut qu’après la mort de son père qu’il put se livrer à son Coût pour l’étude et les belles-lettres. Toutelois, s’il devint habile dans sa langue maternelle ets’il appritl’italienetl’espagnol, ilnesut jamais ni le grec ni même le latin. De bonne heure, il se lia avec les écrivains de son temps, et son nom se popularisa d’autant plus parmi eux, que sa table et sa bourse leur étaient libéralement ouvertes. Sa maison était située au cœur de Paris, rue Saint-Martin. Elle devint le centre d’une réunion composée de Godeau, Gombauld, Chapelain, Giry, Habert de Cérizy, commissaire-de 1 artillerie, son frère l’abbé, Serizay, Mulleville et Montmor. C’était un petit cercle d’amis causant littérature à huis clos. Faretprit prétexte de l’hommage de son livre, l’Honnête homme, pour s’y glisser. Desmarets et Boisrobert s’y faufilèrent ensuite : celui-là sous couleur de lire le premier volume de son Ariane, et l’autre comme un homme à qui sa position donne le droit d’entrer partout. Boisrobert dénonça cette société secrète au cardinal de Richelieu, qui’ comprit tout de suite le parti qu’on en pourrait tirer en lui donnant une existence officielle. Mais un obstacle fut suscité par Serizay et Malleville. Le premier, auteur inédit, était intendant de La Rochefoucauld, qui boudait dans le Poitou ; le second, secrétaire

CONR

de Bassompierrc, haïssait Richelieu de toute la haine que Son maître portait au ministre. Entraînés tous deux par le même mobile, ils effrayaient leurs collègues, en montrant l’indépendance de la réunion anéantie. Boisrobert se hâta de parer le coup. Il terrifia Chapelain en lui représentant Richelieu furieux de voir sa volonté contrecarrée. L’auteur de &Pucelte mit en relief, avec l’éloquence de la peur, le danger d’une semblable lutte, et le tour de l’abbé fut joué. À quelque temps de là, Conrart ayant pris femme, on craignit de le gêner et l’on se transporta chez Desmarets, rue Clocheperce, à l’hôtel de Pelvé. De là, on se rendit chez Chapelain, rue des Cinq-Diamants ; puis chez Montmor, rue Sainte-Avoie. L’odyssée académique ne s’arrêta pas en si beau chemin. On alla de nouveau demander l’hospitalité à Chapelain et à Desmarets. Après-un temps d’arrêt de six mois, l’Académie se remit en marche et regagna le domicile de Conrart, pour le quitter derechef et se rendre chez l’abbé de Cérizy, le commensal de l’hôtel Séguicr, qui était situé rue de Grenelle-Saint-Honoré. Enfin Boisrobert prêta son appartement de l’hôtel de Mellusine, que l’on abandonna en 1643, pour retourner chez le chancelier. Les immortels ne se fixèrent qu’au bout de quinze années. Conrart fut le premier secrétaire perpétuel, et remplit ces fonctions pendant plus de quarante ans avec autant de zèle que d’intelligence. Constituée en 1634,1a compagnie reçut, en 1635, ses lettres patentes, qui ne furent enregistrées au parlement que deux ans plus tard. Conrart a beaucoup écrit, et le silence prudent dont le félicitait si cruellement Boileau doit s’entendre seulement du petit nombre de pièces qu’il a publiées et qui se composent de quelques préfaces, ballades, psaumes, rondeaux, lettres, épîtres, etc. Tallemantdes Réaux est, sur les œuvres de Conrart, du même avis que Boileau. ■ Il a voulu faire, dit-il, par imitation, on plutôt par singerie, tout ce que les autres faisaient par génie. A-t-on fait des rondeaux et des énigmes ; il en a fait. A-t-on fait des paraphrases ; en voilà aussitôt de sa façon. Du burlesque, des madrigaux, des satires même, quoiqu’il n’y ait chose au monde à laquelle il faille tant être né. Son caractère est d’écrire des lettres couramment ; pour cela, il s’en acquittera bien ; encore y a-t-il quelque chose de forcé. Mais s’il faut quelque chose de soutenu et de galant, il n’y a personne au logis. Il ne sait rien, et il n’a que de la routine. « Et ailleurs : « Dès qu’on parle de quelque chose : Vous souvient-il, dit-il, du mot que je dis sur cela ? car jamais il n’y eut une plus sèche imagination, et il n’entretient les gens que de mémoire. « Et plus loin enfin : « Chapelain et lui imposent encore à quelques gens ; mais cela se découd fort ; et si celui-ci imprimait comme l’autre, tout cela irait à vau-1 eau. » Linière s’étonnait aussi de la réputation que cet homme avait eu l’art d’acquérir en ne faisant rien, et il fit à ce sujet cette épigramme, qui contrista fort le bonhomme :

Conrart, comment as-tu pu faire

Pour acquérir tant de renom,

Toi qui n’as, pauvre secrétaire,

Jamais imprimé que ton nom ?

Conrart a laissé des manuscrits, que possède la bibliothèque de l’Arsenal, et qui remplissent dix-huit volumes in-fol. et vingt-sept in-4o. Ceux-ci sont, à peu de chose près, la reproduction des précédents. « Ce vaste recueil, en partie double, est, selon les expressions de M. Emile Colombey, une sorte de fosse commune où s’entassent pêle-mêle quantité de lambeaux de prose et de poésie, d’une origine plus ou moins illustre. L éditeur intelligent, ajoute-t-il, qui dirigerait ses fouilles do Ce côté et, après un triage intelligent, entreprendrait une exhumation partielle, rendrait aux lettres un éminent service. « Les érudits. ont tiré de ces manuscrits des renseignements intéressants pour l’histoire littéraire. M, de Monmerqué a publié de lui une relation peu étendue sur les troubles de la Fronde en 1652 (collection Petitot). La seule qualité de Conrart, comme littérateur, est une sobriété assez correcte de style. Boileau et Tallemant des Réaux l’ont traité fort durement ; mais la plupart de ses contemporains font l’éloge de la rectitude de son goût, do sa passion éclairée pour toutes les productions de l’esprit, de la noblesse de son caractère et de la bonté de son cœur. Ce fut lui qui fit connaître Pèlisson et qui procura à Fléchier la protection de M. de Montausier.

Conrart n’était pas encore converti lorsque, en 1067, le chevalier de Cailly publia ses charmantes petites poésiesj épigrammes à la grecque, toutes françaises. On y voit la suivante :

POUR M. CONRART. Je voudrais, dans l’ardeur de mon affection, Que Conrart se dent de la religion

Où père et mère l’ont fait nattre ; Et que, sans trop de gêne en matière de foi,

À tout le moins il voulût être

Catholique comme Mauloi.

Mauloi est ici un nom do l’invention du spirituel chevalier. Il n’y avait pas du tout de Mauloi ; il avait fait d abord le vers ainsi :

Un catholique comme moi, c’est-à-dire peu zélé, croyant à demi, un catholique Dieu sait comme. Mais, sur le point de publier la pièce, il changea le vers comme on le voit, pensant qu’après tout, Mauloi étant

CONS

nécessairement inconnu, on pouvait, sans compromettre personne, le citer comme mauvais catholique.

— AlluS. littér. Imiter de Conrart le silence

prudem, Allusion à un vers de la première

épHre de Boileau •. « Il est fâcheux, grand roi, de se voir sans lecteur Et d’aller du récit de ta gloire immortelle Habiller chez Francœur le sucre et la cannelle. Aussi, craignant toujours un funeste accident, J’imite de Conrart le silence prudent.

o Conrart, dit M. Géruzez, eut la prudence de ne rien publier, et l’habileté de caresser l’amour-propre de ceux qui écrivaient. C’est par là qu’il eut beaucoup de célébrité et de crédit. Sa maison était ouverte aux auteurs, qui trouvaient chez lui des auditeurs bienveillants, qui devenaient des prôneurs empressés. La maison de Conrart fut le berceau de l’Académie française, dont il fut le premier secrétaire perpétuel. »

Ce titre explique l’épigramme suivante, de Linière :

Conrart, comment as-tu pu faire

Pour acquérir tant de renom,

Toi qui n’as, pauvre secrétaire,

Jamais imprimé que ton nom ?

Le silence prudent de Conrart est devenu proverbial, et se dit ironiquement, dans l’application, de ceux qui ont la précaution de peu parler ou de ne pas écrire :

« En ce moment, M. Guizot, M. de Broglie et leurs amis doctrinaires de la Chambre» imitent aussi de Conrart le silence prudent. M. Guizot a failli perdre son portefeuille pour avoir trop parlé en faveur de la Restauration ; M. de Broglie a failli perdre l’esprit pour uu semblable excès de paroles. Il paraît que la leçon a été bonne, et qu’on ne se soucie pas de s’exposer à de pareils dangers. »

(lievue des Deux-Mondes.)

CONRATIER s. m. (kon-ra-tié — de conréer ou conraer). Celui qui accompagne, qui convoie, il Vieux mot.

CONRÉER v. a. ou tr. (kon-ré-é). Accompagner, conduire. Il Soigner ; disposer. Il Vieux mot>On a dit plus anciennement conraer.

CONRÉ1S s. m.(kon-ré-iss). Accompagnement, escorte, troupe. Il Soin, disposition. Il Ordre, état. Il Vieux mot.

CONRING (Hermann), érudit, né à Norden (Ost-Frise) en 1606, mort en 1681. Il enseigna à lielmstsedt la physique, la philosophie, la médecine et le droit. Peu d’hommes ont possédé une plus vaste érudition ; il était instruit à fond sur la médecine, le droit, la théologie, l’histoire, la physique, la philologie, etc., et il a écrit sur toutes ces matières un nombre d’ouvrages prodigieux (deux cents, suivant Niceron), qui ont été réunis en partie sous le titre de : Opéra omnia (Bruns-wick, 1730, 7 vol. in-fol.) — Conring avait deux filles, qui ont cultivé la poésie. L’une, ElisaSophie, morte en ms, devint baronne de Reichenbach, et traduisit en vers allemands la Sagesse, de Salomon ; l’autre, Marie-Sophik, épousa le docteur Schelhammer, composa des poëmes, des ouvrages sur l’économie domestique, et laissa la traduction d’un ouvrage latin de Boceace.

CONROI, CONROIT ou CONROY s. m.

(kon-roi). Ordre de bataille, il Vieux mot.

CONROOX DE PÉPIÎVV.ILLE (Nicolas), général fiançais, né à Douai (Nord), en 1778, mort en 1813. Il fit la plupart des guerres de la République et de l’Empire, reçut le titre de baron en 1807, le grade de général de division en 1800, et se signala particulièrement par sa valeur au passage du Rhin (1796), à la prise de Gradisca, à Mondovi(1799), à Dantzig, k Friedland, à Wagram (1809), et à Bornos (1812), où il battit complètement le général espagnol Ballesteros. L’année suivante, Conroux fut frappé mortellement en se défendant dans le camp de Sarre, et mourut le lendemain à Saint-Esprit, près de Bayonne, où il avait été transporté.

CONROYER v. a. ou tr. (kon-roi-ié — rad. coiiroi). Escorter, il Soigner, choyer, n Vieux. mot.

CONRY (Florent), en latin Confins, prélat et théologien irlandais, né en Connacie en 1560, mort à Madrid en 1629, prit l’habit de franciscain, et fut promu par Clément VIU à l’archevêché de Tuam, en 1603. Après la défaite, à Kingsale, des troupes espagnoles envoyées au secours des catholiques irlandais, Conry se réfugia en Belgique, fonda un couvent d’observantins irlandais à Louvain, puis se rendit en Espagne, où il finit ses jours. On *l a de lui plusieurs ouvrages, entre autres : le Miroir de la vie chrétienne (Louvain, 1626, in-4»), en irlandais ; Peregrinusjerichontinus (Paris, 1641) ; De flagellis iustorum(ii), etc.

CONS s. m. (konss). Ancienne forme du mot COMTE.

CONSABURUM, nom latin d» Consuegra.

CONSACRANT (kon-sa-kran) part. prés. du v. Consacrer : Ce sont des nonnes gracieuses et coquettes, qui, se consacrant à un seul époux, ne sont pas fâchées de donner des re' grels au monde. (Gér. de Nerv.)

CONS CONSACRANT adj. m. (kon-sa-kran —rad. consacrer). Qui consacre : Euêque consacrant.

— Substantif. Evêque qui en consacre un autre : Le consacrant et le consacré. 11 Prêtre qui consacre le pain et le vin : Le consacrant se communie lui-même.


CONSACRÉ, ÉE (kon-sn-kré) part, passé du v. Consacrer. Qui a reçu la consécration religieuse : Lieu consacré. Le jour otïj’ai été consacré prêtre est le samedi de la Passion. (Boss.) Home se uantatt d’être une ville sainte par sa fondation, consacrée dès son origine par les auspices divins. (Boss.)

— Dédié : Un temple consacré à ApollonUne chapelle consacrée à la Vierge. A terre, les grues rassemblées établissent une garde, pendant la nuit, et la circonspection de ces oiseaux a été consacrée dans les hiéroglyphes comme le symbole de la vigilance. (Buti’.) Le serpent était coxskcrk à Apollon. (Chateaub.) Le rose et le blanc sont deux couleurs consacrées au plaisir et à la félicité. (X. de Maistre.)

— Voué, destiné, appliqué, affecté : Des loisirs consacrés à l’étude. Une salle consacrée aux grandes réceptions. Le peuple français veut que ma vie tout entière lui soit consacrée ; j’obéis à sa volonté. (Nupol. Ier.) Les hommes consacrés à ta police sont ordinairement des hommes peu estimables. (Chateaub.) Un grand nombre de mots consacrés à l’agriculture sont bannis du. langage poétique. (Michaud.)

O belle nuit, nuit préférable au jour ! Première nuit a. l’amour consacrent En sa faveur prolonge ta durée, Et du soleil retarde le retour.

Maifilatre.

— Sanctionné, ratifié ; dont la pratique ou le respect est devenu général : Cérémonies consacrées par l’usage. Expression consacrée. La vertu n’est pas une convention ; son nom et son exercice sont consacrés par toutes les langues. (Boiste.) Une fois qu’un livre est consacré par l’usage public, le respect dont il est entouré nous empêche d’y voir ce qui peut s’y rencontrer d’absurde. (A. Maury.)

Gloire au talent divin consacré par vos pleurs. C. Délavions. Cesses de mutiler tous ces grands monuments, Ces prodiges des arts consacrés pnr le temps.

Voltaire.

— Rendre respectable ou solennel :Couverts de noms sublimes,

Ces crimes consacrés en sont-ils moins des crimes ? C. Dclavione.

— Antonvm.es. Profane, profané, déconsacré.


CONSACRER v. a. ou tr. (kon-sa-kre — lat. consecrare ; de cum, avec, et sacrare, sacrer). Bénir avec certaines prières qui rendent une personne ou un objet apte à être voué à un service religieux : Consacrer un prêtre. Consacrer une église, un cimetière, un calice. Il s’en faut peu que la religion et la justice n’aillent de pair dans la république, et que la magistrature ne consacre les hommes comme la prêtrise. (La Bruy.)

Venez, de l’huile sainte il faut vous consacrer.

Racine.

— D’après la doctrine catholique, Transformer, par les paroles sacramentelles, au corps et au sang de Jésus-Christ : Consacrer le pain. Consacrer le vin Consacrer des hosties. C’est du vrai pain et du vrai vin que l’on consacre, et dont on fait, en les cunsacrant, le vrai corps et le vrai sang du Sauveur. (Boss.)

— Rendre saint, auguste, vénérable : Consacrer toutes ses actions par la sainteté du but qu’on leur assigne.

Muses, redites-mor ces noms chers à la France ; Consacrez ces héros qu’opprime la licence.

Voltaire. Je n’osais m’approcher de ce reste adoré, Comme si du trépas la majesté muette L’eût déjà consacré.

Lajmhtine.

— Regarder comme sacré : Il n’y a point de particulier qui ne se voie autorisé, par cette doctrine, à consacrer ses erreurs, à appeler Dieu tout ce qu’il pense. (Boss.) Qui le premier k consacre un enat ? C’est apparemment celui qui était le plus incommodé des souris. (Volt.)

— Fig. Sanctionner, affermir, rendre durable : L’usage consacre l’abus. L’usage A consacré beaucoup de locutions vicieuses. J’ai entendu raisonner le crime ; n’était-ce pas le Consacrer ? (Malésherbes.) Le temps finit par consacrer l’usurpation, dans l’intérêt de l’humanité ; mais rien n’absout l’usurpateur. (La Rochef.-Doud.) Le temps n’a pas reçu la mission impie de consacrer le mal où l’erreur. (Guizot.) Les institutions ne font jamais que consacrer des faits. (Guizot.) La révolution de Juillet a voulu consacrer toutes les libertés. (Dupin.) L’ttr.ùé des lois de la nature nous conduit d l’unité de Dieu, et l’unité de Dieu consacre l’unité du genre humain. (A. Martin.) L’égalité devant la mort finit toujours par consacrer l’égalité dans la vie. (St-Marc Girard.) Le mariage consacre les liens les plus doux. (V. Parisot.)

Sont-ce là ces projets de grandeur et de gloire Qui devaient dans les cœurs consacrer ma mémoire ?

Racine.