Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 3, Cok-Com.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le cardinai ne tarda pas à ressentir l’effet des rancunes de la cour. Il était à peine installé à son hôtel qu’il fut, par ordre du roi, dépouillé de ses charges et dignités, et exilé à son abbaye de la Chaise-Dieu. Cette mesure, qui réformait un arrêt solennel, était une faute, et elle ne servit qu’à confirmer dans le public l’opinion que Mme de La Motte avait été véritablement l’instrument d’une machination pour perdre le prince de Rohan. Cette opinion fit de nouveaux progrès, quand on vit s’écouler plusieurs semaines sans qu’il fût question d’exécuter l’arrêt à l’égard de la comtesse, toujours détenue à la Conciergerie. Il est certain que le roi et la reine la trouvaient trop sévèrement frappée, et qu’il fut question de commuer sa peine ; mais, sur l’observation que la clémence accréditerait des bruits injurieux pour la reine, on abandonna cette malheureuse à son terrible sort. Elle s’y attendait si peu, que quand on vint pour lui lire sa sentence, le 21 juin, elle entra dans d’inexprimables accès de fureur. L’exécution donna lieu aux scènes les plus hideuses. La condamnée « se déchaîna contre la reine et le baron de Breteuil ; elle prononça leurs noms avec des imputations atroces et des imprécations. » (Georgel.) 11 fallut la lier de cordes et l’accabler de mauvais traitements. Au milieu de ses cris, elle prononça cette parole étrange : « C’est ma faute si je subis cette ignominie ; je n’avais qu’un mot à dire et j’étais pendue. » (Besenval, t. II, p. 173.) Le juge qui présidait à l’exécution mit fin à ses imputations atroces en la faisant bâillonner. On la porta alors sur l’échafaud dressé dans la cour du Mai, devant le Palais de Justice, pour y être fouettée et marquée. Elle poussait des hurlements inarticulés et se débattait avec des mouvements si convulsifs, que le fer rouge glissa sur son épaule et s’imprima presque entièrement sur son sein. Elle fut ensuite conduite à la Salpêtrière, couverte de sang et meurtrie de contusions.

Mais doit-on croire ce que raconte l’abbé Georgel ? « Elle fut, dit-il, renfermée dans une casemate isolée, sans communication qu’avec les personnes chargées de la nourrir et de réprimer, par des châtiments souvent répétés, le flux désordonné de sa langue envenimée. « Ce qui paraît certain, c’est que la supérieure s’intéressa à elle et la regarda comme une victime de la reine.

On rapporte que quelque temps après Mme de Lamballe aurait été envoyée par Marie-Antoinette à la Salpêtrière pour offrir de l’argent à la prisonnière, et que la supérieure s’opposa a cette entrevue.

Cependant le comte de La Motte, du fond de sa retraite, osa menacer la reine et Breteuil de faire imprimer un mémoire, si on ne lui rendait sa digne épouse.

Il semble que de telles menaces, parties de gens flétris, ne dussent inspirer que le mépris. Cependant, quelque temps après, le public apprit avec étonnement que Mme de La Motte s’était évadée de la Salpêtrière, déguisée en homme. Une telle évasion, accomplie en plein jour et qui ne donna lieu à aucune enquête, à aucune punition, fut généralement regardée comme ayant été favorisée par la reine.

Il y a si peu de doute à cet égard, et la chose est si mollement controversée, qu’il nous semble inutile d’entamer une discussion à ce sujet. Mme Campan avoue qu’on laissa évader la comtesse. Seulement, en disant que ce fut peu de jours après son entrée à l’hôpital, elle ajoute une erreur de plus à toutes celles qu’enregistrent imperturbablement tous les historiens de cette affaire. En réalité, Mme de La Motte demeura près d’une année à la Salpêtrière. Plusieurs versions circulèrent dans le public sur les détails de son évasion, et des plaisants prétendirent qu’en la conduisant dehors sous son déguisement d’homme la supérieure ou une sœur de l’hôpital lui aurait dit avec naïveté : « Adieu, madame, et prenez garde de vous faire remarquer. >

Mme de La Motte, quoique persuadée qu’elle devait son évasion à la reine, n’en conservait pas moins un amer ressentiment de la flétrissure qu'elle avait subie. Arrivée à Londres et réunie à son époux, elle s’occupa activement de rédiger ses Mémoires, écrits, assure-t-on, de concert avec M. de Calonne, l’ex-ministre exilé, devenu l’un des innombrables ennemis de la reine.

La nouvelle de cette menaçante publication vint bientôt porter le trouble à la cour de France. Des négociations furent ouvertes pour empêcher à prix d’or l’apparition de ce pamphlet. La duchesse de Polignac, sous le prétexte de prendre les eaux de Bath, passa en Angleterre et remit aux époux La Motte les sommes convenues, pour payer un silence qui ne fut pas gardé.

Le pamphlet fut imprimé un peu plus tard, et l’édition entière vendue à la cour par le libraire Gueffier, au commencement de la Révolution. L’intendant de la liste civile, de Laporte, chargé de la destruction, imagina fort maladroitement de faire brûler le tout dans les fours de la manufacture de Sèvres, moins un exemplaire qui fut saisi chez lui lors de son arrestation, et qui servit aux réimpressions qui ont été faites depuis. Dans ces mémoires, plus ou moins modifiés, suivant les éditions, Mme de La Motte accusait formellement la reine. Que peut-il y avoir de vrai dans ces accusations ? Il serait, croyons-nous, difficile de le vérifier. En tout état de cause, ce n’est point dans de tels livres, manifestement empreints de passions haineuses, que nous irons chercher des renseignements.

Précédemment, à la fin de 1789, on avait appris tout à coup que la fameuse aventurière était à Paris, on ne sait trop dans quel but. On la fit menacer par Mirabeau d’être arrêtée comme relapse, et elle repartit pour Londres. Cette apparition inattendue avait causé à Marie-Antoinette une indicible terreur. L’année suivante, en novembre, Mirabeau apprend ou feint d’apprendre que cette femme est revenue ; il fait passer à la cour des notes à ce sujet (v. sa Correspondance avec le comte de La Mark), et il insinue que La Fayette, d’Orléans, d’Aiguillon, etc., pourraient bien être les fauteurs de quelque nouvelle machination. M. de La Mark écrit de son côté au comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur autrichien et le mentor de Marie-Antoinette, que Mme de La Motte devait s’adresser à l’Assemblée pour la révision de son procès, et que cette intrigue se lie à des projets des ennemis de la reine, qui veulent soulever dans l’Assemblée la question de la régence et celle du divorce du roi. Mais on mit inutilement la police sur pied, et il est fort probable que ce retour de Mme de La Motte n’était qu’une fable de Mirabeau, qui voulait exploiter les terreurs de la reine dans l’intérêt de son influence et de son ambition. Cette princesse lui sut gré, en effet, du zèle qu’il affecta, et son épouvante se trahit dans ses lettres à son frère Léopold, auquel elle écrit : « La révision de cet abominable procès aurait mis le feu aux poudres. » (Recueil d’Hunolstein.)

Quoi qu’il en soit, il ne fut plus question de Mme de La Motte, qui mourut à Londres en 1791. (V. dans ce Dictionnaire l’article qui lui est consacré.)

Le comte de La Motte, lui, prolongea son aventureuse existence jusqu’en 1831. Chose étrange, s’il faut en croire un royaliste fervent, Lafont d’Aussonne (Mémoires secrets et universels des malheurs et de la mort de la reine de France, t. II, p. 129 et suiv.), il recevait de Louis XVIII une pension de 4,000 fr., plus 200 fr. par mois sur les fonds secrets de la police. À l’instigation du gouvernement d’alors, il écrivit ses propres mémoires, dans lesquels il accuse également la reine, et dont le manuscrit demeura enfoui dans les archives de la police jusqu’en 1858, époque où il fut imprimé pour la première fois par un érudit estimable, M. Louis Lacour, qui, dans sa préface, admet positivement la complicité de Marie-Antoinette dans l’affaire du collier.

On sait que cette interminable affaire s’est perpétuée jusqu’à nous, par une série de procès intentés aux héritiers du cardinal par les ayants droit des joailliers.

Peut-être nos lecteurs trouveront-ils cet article beaucoup trop long pour une affaire tant de fois ressassée par les compilateurs. Mais qu’on nous permette de faire remarquer que la plupart des résumés qui en ont été donnés sont pour ainsi dire calqués les uns sur les autres, et que nous avons dû n’en pas tenir compte, parce qu’ils fourmillent d’erreurs. Les auteurs de ces résumés agissent avec ce problème d’histoire comme avec un libretto d’opéra ; ils éliminent les choses qui embarrassent l’action, qui les embarrassent eux-mêmes ; ils retranchent, ils modifient, ils interprètent, ils expliquent, ils expurgent, de manière à amener un dénoûment favorable ; et, quand cette besogne plus littéraire qu’historique est terminée, ils s’écrient que rien n’est plus limpide que l’affaire du collier, et que l’esprit de parti seul peut y trouver des obscurités ; ils échappent à la critique en se jetant dans les fantaisies déclamatoires et les raisons de sentiment.

Nous avons indiqué quelques-uns des motifs qui nous empêchent d’être aussi affirmatif ; qu’on nous permette, avant de terminer cette notice, d’ajouter quelques observations à celles que nous avons déjà présentées. D’abord, on est réduit à tout expliquer par cet argument vraiment trop facile, que la comtesse de La Motte était le génie même de l’intrigue, et le cardinal de Rohan un prodige d’imbécillité. Or, il est assez connu que le prince avait un esprit vif et cultivé. Dans son ambassade de Vienne, il avait montré beaucoup d’intelligence et d’habileté, et ses opérations diplomatiques n’avaient pas été sans quelque éclat. Dans ses interrogatoires, il est digne, habile, sagace, prudent, et ne s’écarte jamais par un seul mot du plan général de sa défense. Mme de La Motte, au contraire, est pitoyable par ses assertions absurdes, ses invraisemblances grossières et ses contradictions, et elle ne donne en aucune manière l’idée d’une intrigante supérieure. Elle est audacieuse, mais inepte ; cynique, mais inhabile ; et l’on a vraiment peine à admettre qu’avec aussi peu de moyens une telle créature ait obtenu de si étonnants résultats.

Lors de l’arrestation de M. de Rohan, le roi lui avait dit en l’interrogeant : « Comment un prince de la maison de Rohan et un grand aumônier de France a-t-il pu croire que la reine signait Marie-Antoinette de France ? Personne n’ignore que les reines ne signent que leur nom de baptême. » Il lui fit en même temps observer que l’écriture de la reine, pas plus que sa signature, n’avait été même imitée.

Si Louis XVI s’étonnait que son grand aumônier ne connût pas l’écriture de Marie-Antoinette ni sa signature officielle, nous pouvons bien nous en étonner aussi ; si personne n’ignorait que les reines n’ajoutaient jamais de France à leur nom, comment l’un des plus grands personnages de la cour l’ignorait-il ? Comment a-t-il pu engager sa fortune et son honneur sous la seule garantie de cette fausse signature, sans prendre la peine de la vérifier ? Avait-il donc d’autres motifs de conviction, et faudrait-il croire que cette signature n’était qu’un expédient concerté en commun pour décider les joailliers, comme l’a écrit Mme de La Motte ?

La reine, de son côté, dit elle-même au cardinal : « Vous n’auriez pas dû vous méprendre à mon écriture, que sûrement vous connaissez. » (Besenval, t. II, p. 168.) Et Besenval ajoute en note : « Comment le cardinal s’est-il mépris à l’écriture ? Comment la dénomination d’Antoinette de France ne l’a-t-elle pas frappé ? » Cette ignorance d’un usage immémorial, que le dernier des valets connaissait, est en effet inadmissible, et personne alors ne voulut y croire.

On ne saurait aussi trop s’étonner que Mme de La Motte n’ait jamais craint qu’un ordre réel de la reine, une ligne de son écriture, ne tombât sous les yeux du cardinal et ne dévoilât la fraude ? Nous l’avons dit, elle demeura jusqu’à la fin dans un calme parfait et dans la plus complète sécurité. L’événement la trouva occupée de grands préparatifs d’établissement, et elle refusa dédaigneusement de s’enfuir. Comment cette femme, qui, dit-on, n’approchait pas de la cour, a-t-elie pu persuader à sa dupe qu’elle était dans l’intimité de la reine ? Comment a-t-elle pu le persuader à tant de personnes distinguées, parmi lesquelles il en était qui touchaient à la famille royale ? N’est-il pas merveilleux aussi qu’une intrigue aussi laborieuse, aussi sujette aux chances d’avortement, ait si exactement réussi, sans jamais rencontrer le grain de sable qui eût suffi à paralyser les rouages de cette machine compliquée ?

En effet, répétons-le, le hasard fut le coopérateur de Mme de La Motte. Que le cardinal, convaincu comme il l’était de l’authenticité des lettres d’amour et d’affaires, de la réalité de la scène nocturne du parc, eût cédé à une impatience bien naturelle en faisant un signe ou en adressant un mot à Marie-Antoinette, et tout le charme était détruit. N’est-il pas permis de s’étonner qu’une situation aussi invraisemblable se soit prolongée pendant si longtemps ? N’est-il pas permis de demander aussi pourquoi Breteuil a fourni un défenseur à Mme de La Motte et donné l’ordre d’arrêter Ramon de Carbonniéres lorsqu’il se rendit à Londres pour y chercher des preuves légalisées que le comte de La Motte avait vendu des diamants du collier ; pourquoi Marie-Antoinette a si ardemment sollicité les juges, pourquoi toute sa colère est tombée sur le cardinal, reconnu généralement pour dupe, tandis qu’elle réserve son indulgence pour l’auteur de la machination ? etc., etc.

Mais nous n’irons pas plus loin dans l’analyse de cette intrigue inextricable, et nous n’insisterons pas sur un grand nombre d’autres invraisemblances et contradictions du récit convenu et des témoignages qui lui servent de base. Aujourd’hui qu’une réaction si vive se manifeste en faveur de la reine et qu’on travaille sa légende avec un zèle si ardent, ceux qui recherchent froidement la vérité peuvent craindre d’être accusés de manquer de respect au malheur ; la critique est désarmée par les partialités du sentiment, par les attendrissements de la pitié ; il est difficile d’argumenter contre ceux qui invoquent les souvenirs d’une destinée tragique. Cependant, on accordera que les faits n'ont pas moins de valeur que des émotions, et nous croyons avoir signalé un assez grand nombre de circonstances inexplicables, ou tout au moins mal expliquées, pour pouvoir conclure que cette affaire du collier n’est pas aussi claire que des enthousiastes voudraient nous le persuader. Il nous parait évident que le public n’en a pas connu tous les détails ; et probablement que ceux qu’on lui a dérobés étaient les plus caractéristiques. Nous pensons donc qu’il y aura toujours là une pâture abondante pour ceux qui aiment à déchiffrer les énigmes bizarres de l’histoire. Nous sommes, en présence de cette affaire, comme un mécanicien qui voudrait monter une machine dont les pièces principales lui manqueraient. On ne connaît pas tout ; cela nous paraît de la dernière évidence. Une certaine réserve est donc imposée. Cependant, si l’on nous pressait de conclure, voici sommairement la conjecture que nous proposerions à l’examen et à la discussion.

Nous admettons comme possible que Marie-Antoinette, dont on connaît l’esprit caustique et dont la vie est pleine d’imprudences de conduite et de caprices d’enfant, ait ébauché, peut-être e compte à demi avec Breteuil, quelque mystification cruelle contre son mortel ennemi le cardinal de Rohan, qui la poursuivait de ses obsessions. Dans cette hypothèse, Mme de La Motte aurait servi d’instrument, et aurait ensuite poursuivi l’intrigue pour son propre compte, à la faveur de la position acquise, greffant sa grosse affaire de vol sur cette petite comédie de cour.

Envisagée à ce point de vue, l’affaire du collier se simplifierait, et beaucoup de circonstances qui nous paraissent inexplicables rentreraient sans effort dans cette donnée. Le cardinal n’aurait plus besoin d’être le dernier des idiots, et la comtesse de La Motte un monstre d’habileté, un phénomène d’intrigue, qualités dont ne donne nullement l’idée ce qu’on connaît d’elle. On s’expliquerait aussi son imperturbable tranquillité, ses menaces, sa confiance qu’on n’oserait la frapper ; et le redoublement de haine dont le cardinal sentit les effets ; et ses manœuvres secrètes dont la trace est partout (car il fallait bien couvrir les premières imprudences) ; et le silence gardé par la reine après les confidences de Éœhmer ; et la peine dérisoire appliquée à Villette, pour un crime de faux et de lèse-majesté ; et l’incroyable facilité que trouva la conltesse pour l’agencement et le développement de son intrigue, etc.

Cette conjecture, qui nous est inspirée par une étude attentive de tous les détails de cette affaire, nous paraît très-vraisemblable, et on ne peut l’accuser d’être empreinte d’esprit de système et d’esprit de parti. On trouverait facilement des exemples de mystifications de cette nature dans l’histoire de l'ancienne cour ; et Marie-Antoinette elle-même n’a-t-elle pas assez souvent berné jusqu’à son époux ? Il y a à ce sujet des anecdotes authentiques si bien connues que nous n’avons pas besoin de les rappeler ici.

En résumé, une opinion s’est imposée de plus en plus à notre conviction dans l’examen de cette intrigue, et nous l’exprimons ici sans aucune passion, mais dans une complète indépendance d’esprit :

Marie-Antoinette a joué un rôle datis l’affaire du collier.

Ce rôle, nous ne l’exagérons pas, comme on le voit par notre hypothèse, mais il nous parait impossible qu’on puisse le nier raisonnablement.

Collier précieux (LE), titre d’une collection de proverbes arabes recueillis par un curieux nommé Meïdani, collection fort estimée en Orient. On sait que les imprimeries sont chose encore inusitée chez les Orientaux, et que c’est en France, en Angleterre et en Allemagne qu’on imprime le plus de livres arabes. Celui-ci n’a jamais été imprimé, mais il en a été fait beaucoup de copies à la main, et la Bibliothèque impériale en possède une excellente.

Voici quelques-uns de ces proverbes, qui expriment avec originalité des vérités générales dont l’observation appartient à tous les temps et à tous les lieux :

71. Hais ton ennemi avec modération.

193. Celui-là marche plus hardiment à la rencontre d’un lion, qui en a déjà vu.

239. Les excuses sont rarement exemptes de mensonge.

249. Mettez un fou à cheval, il prend le galop.

351. L’ormeau ne peut donner des poires.

Mais ces sortes d’adages, fort nombreux d’ailleurs, ne forment que la moindre portion des proverbes recueillis par Meïdani. La plus grande partie du recueil consiste en des proverbes populaires qui doivent leur origine à quelque aventure particulière, ou qui font allusion soit aux qualités du corps ou de l’esprit de quelque personnage souvent peu connu, soit aux habitudes ou à l’instinct qui caractérisent certains animaux. C’est la partie la moins facile à comprendre dans le Collier précieux. On en jugera par quelques exemples.

95. Il est cousin du prophète par Doldol.

96. Il est cousin du prophète par Yafoiir.

Doldol est le nom d’un mulet, et Yafour celui d’un âne dont Mahomet se servait quelquefois pour monture. On emploie encore ce proverbe, parmi les Arabes, pour marquer la sotte vanité de ceux qui se vantent de descendre d’une famille illustre à laquelle ils n’appartiennent point.

107. Mon père combat, et ma mère raconte.

Un homme revenant du combat, ses voisins s’empressèrent de l’interroger sur les incidents de la bataille. Aussitôt sa femme prit la parole, et leur raconta très-longuement les détails de l’affaire. Son fils, qui était présent, fatigué de la loquacité de sa mère, ne put s’empêcher de le témoigner par ces mots qui sont passés en proverbe. On s’en sert quand quelqu’un, sans être interrogé, s’empresse de raconter des faits auxquels il n’a eu aucune part, ou qui ne le regardent point.

Collier de perles (le), comédie en trois actes et en prose, de Mazères, représentée pour la première fois sur le théâtre du Gymnase, la 4 février 1851. Ce collier appartient à Louise, fille unique du banquier Delpierre. Le vicomte de Montgeron, jeune homme sans fortune, est aimé de Louise, qui, pour le tirer d’embarras, fait vendre le collier qu’elle tenait de sa mère. Richardson, un original très-riche, qui aspire à devenir l’époux de Louise, achète le collier, avec l’intention de l’offrir à celle qu’il considère déjà comme sa fiancée. Au dénoûment, Delpierre, instruit de tout, consent au mariage de Louise avec le vicomte. Richardson, qui a un noble cœur, se console en songeant qu’il a contribué, involontairement il est vrai, au bonheur de Louise. Cette pièce, qui avait été refusée aux Français, fut très-bien accueillie par le public du Gymnase.


COLLIER (Jérémie), théologien, moraliste et sectaire anglais, né dans le comté de Cambridge en 1650, mort en 172G. Il était fils d’un ministre anglican professeur au collège d’Ipswich, où lui-même fit ses études qu’il alla ter-