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membres des chambres d’agriculture. Le décret du 25 mars 1852 a chargé les préfets tle procéder à. ces nominations.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, les comices agricoles sont des institutions libres. Aussi les administrateurs des départements laissent-ils à ces assemblées la latitude la plus grande en ce qui concerne la rédaction de leurs règlements. Leur rôle se borne à constater que les dispositions de la loi sont fidèlement exécutées, que l’intérêt agricole est réellement le seul objet des travaux de l’association, que la circonscription est bien celle qui a été déterminée par le conseil général, que l’entrée du comice est ouverte à toutes les personnes désignées par la loi, ut enfin que le chiffre de la cotisation n’est pas trop élevé. Les comices agricoles reçoivent pour la plupart une subvention de l’État, à laquelle le département joint quelquefois la sienne.

Dans un bulletin signé par le président et visé par le préfet, qui l’adresse au ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, les comices rendent compte de l’emploi des fonds qu’ils ont reçus à titre d’encouragement. De cette justification dépend, en général, le maintien ou le retrait de leur subvention. Le chiffre de ces allocations varie naturellement avec les ressources du budget et se règle habituellement sur l’importance des associations etjes services qu’elles rendent a l’agriculture^ D’un autre côté, les inspecteurs généraux ont mission, dans leurs tournées, de se.mettre en rapport avec les membres des comices, de vérifier sur les lieux l’effet des encouragements donnés par leurs soins, de s’assurer que les primes et les prix ont été judicieusement distribués et de faire connaître aux associations quelle est, sur les questions agricoles a l’ordre du jour, la pensée du gouvernement.

Les rapports des inspecteurs sont unanimes à constater l’heureuse influence exercée par les comices. Aussi trouverions-nous toujours justifiés les sacrifices que l’État s’imposerait pour en faciliter le développement.

COMIGtAL ou COMITIAL, ALB adj. (komi-si-al, a-le). Antiq. rom. Qui a rapport aux comices : Assemblée comiCIale, Jours coMiciaux. Les jours comiciaux, au nombre de 184. étaient marqués d’un C dans le calendrier, et ils étaient remis quand il tonnait. (Dumersan.)

— Hist. Délibération comiciale, Délibération prise en diète de Ratisbonne.

— Pathol. Maladie comiciale, Epilepsie, ainsi nommée par les Romains parce qu’un accident d’épilepsie survenu pendant la tenue des comices faisait séparer 1 assemblée.

COM1EHS (Claude), savant français, né à Embrun (Hautes-Alpes), mort à Paris en 1693.11 professa les mathématiques dans cette dernière ville et devint chanoine d’Embrun. Ayant perdu la vue en 1690, il entra aux Quinze-Vingts, où il passa les trois dernières années de sa vie. Comiers a publié un grand nomble d’écrits, soit en volumes, soit dans les recueils du temps, le Mercure et le Journal des savants. Ses principaux ouvrages sont : la Nouvelle science de la. nature des comètes (1665) ; la Duplication du- cube, la trisection de l’angle, etc. (1677) ; Traité de la parole, des langues et écritures, et l’art de parler et d’écrire occullement (1690, in-12) ; la Médecine universelle ou Y Art de se conserver en sauté et de prolonger sa vie (1687, in-12), etc.

COM1FERE adj. (ko-mi-fè-re— du lat. coma, chevelure ; fero, je porte). Bot. Qui ne porte qu’une rosette ou un cowsoii ; Bourgeons comifères.

COM1LLAH, ville de l’Indoustan anglais, présidence du Bengale, chef-lieu du district de Tipperah, à 75 kilom. S.-K. de D^-ccn, sur le Gomoul, affluent gauche du Brahmapoutra ; 21,000 hab. Cour de justice ; manufactures do coton.

COMIN s. m. (ko-main). Bot. Forme ancienne du mot cumin,

COMINES, ville de France. V. Commises.

COMINES, célèbre chroniqueur français. V. Commises.

COMINGE s. f. (ko-maiu-je), ArtUl. V. COM MINGE.

COMINGEOIS, OISE. Géogr. V. CommiN- GEOIS, OISE.

COMINGES (pays de). V. Commisgés. COM1NGES (comtes de). V. Commisges.

COMINO, petite lie de !a Méditerranée, dans le groupe et a 3 kilom. N.-O. de Malte, entre cette lie et celle de Gozzo. Elle est défendue par un fort et fait paitie des possessions méditerranéennes de l’Angleterre.

COMINO (Joseph), typographe italien, né à Citadella, dans le Padouan, mort en 1762. Mis par les frères Volpi à la tête de leur imprimerie de Padoue (1717), il contribua puissamment à la célébrité de cet établissement.-Son fils, Angelo Comino, mort en 1814, fit l’acquisition de cette imprimerie, et publia plusieurs éditions d’auteurs classiques, en mettant au frontispice le nom de son- pore. Le catalogue des ouvrages imprimés avec autant d’élégance que de correction dans ce célèbre établissement a paru sous le titré de : Annali de la tipografia Volpi-Cominiana (Padoue, 1809), avec un Appendice (1817).

COMIQUE adj. (ko-mi-ke — du lat. comicus, gr. kômi/cos, de /camé, village. On a rap COMI

proche depuis longtemps du grec Itômê, village, le gothique, haims ; l’anglo-saxon, liàm ; le Scandinave, heim ; l’ancien allemand heim, d’où notre hameau, ainsi que le lithuanien /calmas, kemas, village. La racine grecque est ki dans keimai, en sanscrit ci, se reposer. Comparez kâma, sommeil ; koimaâ, je suis couché ; koitê, lit, et différents noms du lit et de la chambre qui, dans les langues congénères, proviennent de la même racine sanscrite ci. Le village désignerait ainsi le lieu du repos). Propre & la comédie, qui appartient à la comédie ou aux comédiens : Œuvre comique. Auteur comique. Genre comique. Verve comique. Troupe comique. La vie comique n’est pas si heureuse qu’elle parait (Scarron.) Molière est le plus parfait auteur comique dont les ouvrages ?tous soient connus. (J.-J. Rouss.) Pensez-vous qu’une pièce comique soit plus difficile à composer qu’une tragédie ? (Le Sage.) Les jaloux, chez le peuple comique, passent pour ridicules. (Le Sage.) Trois grandes ressources restent au latent comique.■ l’intrigue, (êSMtturs et la gaieté. (La Harpe.) Il ne faut jamais que les caractères comiques soient dessinés à demi. (La Harpe.) Avant le régime de Doileau, Corneille avait mêlé le vers comique au tragique, comme dans le Cid et Nicoméde. (Ste-Beuve.)Reprenons au plus tôt le brodequin comique.

B011.EAU.

L& Molière, esquissant ses comiques portraits. De Chrysale et d’Arnolphe a dessiné les traits.

A. CHÉN1ER.

— Par anal. Qui reproduit des scènes propres à. la comédie ;

Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique. J.-B. Rousseau.

— Par ext. Qui fait rire, plaisant, plein de sel : Un récit cojiiQUE. Une gravité comique. Les scènes imitées du latin sont bien autrement comiques «n français. (La Harpe.) Le vrai a besoin, au théâtre, pour être comique, de quelque charge bouffonne qui l’accentue et lui prête du caractère. (Th. Gaut.)

3’aime mieux l’Ariosle et ses fables comiques.

Boileau.

Il Original, bizarre, singulier : Il est comique que le bien d’un Parisien soit en Souabe ; mais la chose est ainsi. (Volt.) Il Ridicule, qui prête it rire : Un emportement comiques. Une gravité trop étendue devient comique ; cela nes’ajjpelle pas être grave, mais en jouer le personnage. (La Bruy.) Théodore, aoec un air austère, a un visage comique. (La Bruy.) Les Académies sont des sociétés comiques oi l’on garde son sérieux. (Mme do Linange.)

Masque comique, Visage propre à la comédie : Cet acteur serait bon s’il avait le masque comique.

— Littér. Chanson, Chansonnette comique, Petite pièce de chant écrite etmiseen musique pour exciter le rire, il Chanteur comique, Musicien qui chante des chansons de ce genre ou des rôles bouffons dans les pièces de théâtre.

— s. m. Caractère de la comédie ou des divers genres de comédies : Le comique. Le vrai comique. L’ivrogne fournit quelques scènes à un farceur ; il n’entre qu’à peine dans le vrai comique. (La Bruy.) Je n’approuve que le co.vique qui est épuré des obscénités et des équivoques, qui est pris dans la nature, qui fait rire les sages et les honnêtes gens. (La Bruy.) Les poètes tragiques trouvent quelquefois le comique, les poètes comiques s élèvent rarement au tragique. (Chateaub.)

Que la nature donc soit votre étude unique, Auteurs qui prétendez aux honneurs du comique

Boileau.

Il Haut comique ou comique noble, Celui qui est inspiré par un goût cultivé et fondé sur des plaisanteries fines et délicates. Il Bas comique, Celui qui résuite de plaisanteries ou de moyens plus ou moins bas et grossiers : Chrysale, Ariste, Orgon,

Pour être des bourgeois, sont-ils d’un bas comique ? C. Delavigne.

Il Comique bourgeois, Celui qui résulte de la peinture des mœurs bourgeoises. Il Comique de caractère, Celui qui est produit par le développement plaisant donné aux caractères

des personnages. Il Comique de situation, Celui qui résulte de la position comique dans laquelle on amène les personnages. Il Comique de mois, Celui qui est du à l’assemblage ou au caractère plaisant, bizarre, inattendu des mots dont on se sert.

— Caractère de ce qui est plaisant ou ridicule : Ce récit est d’un comique achevé. L’élégance semblerait faire tort au comique ; on ne rit point d’une chose élégamment dite. (Volt.) Le cojiiquj ; est le ridicule de la faiblesse, de l’erreur, des travers de l’esprit ou des vices dit caractère. (Marmontel.) Les gens du monde qui n’ont pas vu Deburau ne peuvent s’en faire une idée qu’en songeant au comique si cruel de Daumier. (Th. de Banville.) Il Chose comique, côté comique : Le comique d’une aventure, d’un récit. Il y a des gens qui voient du comique partout et qui rient de tout.

— Auteur comique : Pour bien juger des comiques grecs, il faudrait connaître à fond les défauts des Athéniens. (Rigault.) Pas un co.miquk n’a pu faire une tragédie passable. (La Harpe.)

Le comique, ennemi des soupirs et des larmes, N’admet point en ses vers de tragiques douleurs.

Boileau.

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Il Acteur ou chanteur comique : Cet acteur ferait aussi bien un- comique pour l’Opéra que pour les Français. Il Comique grime, Acteur qui joue les rôles comiques de vieux et de grimaciers, pour lesquels il est nécessaire de se grimer le visage : Un rôle de vieux procureur est joué-par un comique grime, il Personne qui amuse, qui fait rire les autres : C’est le comique de la troupe. Il Rôle d’acteur comique ; Il deaait jouer, non sans quelque succès, les seconds comiques et les queues-rouges. (X. de Montépin.)

— Antonymes. Dramatique, tragique, grave, imposant, sérieux, attendrissant, émouvant, intéressant, onctueux, pathétique, touchant.

— Encycl. Du comique en général. Le vrai but de. la littérature est d’émouvoir et d’ennoblir les sentiments par le beau, le merveilleux et le sublime. Mais si l’homme représente d’un côté tout ce qu’il y a de plus grand et de plus noble dans l’univers, il tient de l’autre a toutes les imperfections, à toutes les infirmités d’une nature faible et misérable, et ce qui est digne de remarque, c’est qu’il se complaît peut-être moins encore aux tableaux qui lui rappellent Sa grandeur et sa dignité qu’à la représentation de ses vices et de ses faiblesses, pourvu qu’elle soit tracée de manière à intéresser sa malice et à ménager sa vanité. Telle est la cause qui a donné naissance au genre comtoue en littérature, moins élevé, moins moral surtout que le sublime, mais bien autrement fécond. D’ailleurs si, comme l’a dit Voltaire,

Tous les genres sont bons hors le genre ennuyeux,

il faut reconnaître que le comique a toutes les conditions voulues pour jouir du droit de cité en France principalement, dans ce vieux pays gaulois où le rire a toujours tenu une si large place. Et puis, en dehors du caractère particulier d’une nation, n’y a-t-il pas cette malignité instinctive qui appartient à tous les hommes ? Est-ce que la vue de certains accidents, de certaines difformités physiques ou morales ne suffit pas à provoquer nos risées ? Sans doute il serait blâmable de rire de tout sans distinction, de parti pris, à la façon de Démocrite ; de ne voir chaque chose que par ses côtés plaisants : le rire immodéré ne se pardonne qu’aux enfants ; dans un âge plus avancé, c’est une infirmité ou un défaut d’esprit. Ces réserves fuites, nous croyons que la sagesse elle-même peut se concilier avec un innocent badinage, et qu’il est des circonstances où le front le plus austère est forcé de se dérider. Le genre comique est donc fondé, comme les autres, sur la nature et les besoins de l’esprit humain, et la littérature, tout en s’occupant des moyens d’élever l’âme, de toucher le cceur et d’enchanter l’imagination, n’a pas dû négliger ceux d’égayer l’esprit et de faire naître le rire sans blesser la décence. Homère, qui est le père de la poésie, n’a pas dédaigné décomposer un ouvrage badin, et le sévère Boileau’ nous a donné dans le Lutrin un chef-d’œuvre de gaieté et de bonne plaisanterie.

Au point de vue exclusivement littéraire, les auteurs reconnaissent trois genres de comique : le haut comique, ou comique noble, le comique bourgeois et le bas comique. Le premier peint les mœurs des grands, lesquelles diffèrent de celles du peuple et de la bourgeoisie, moins toutefois par le fond que par la forme. Les classes élevées laissent percer moins de grossièreté dans leurs vices, moins de choquant dans leurs ridicules. La politesse et les manières raffinées les colorent même si bien, qu’ils semblent faire partie du caractère de l’homme. Le Misanthrope présente des modèles achevés de ce genre, surtout les personnages d’Alceste et de Célimène. Les prétentions déplacées et les faux airs constituent le domaine du comique bourgeois, que les progrès de la politesse et du luxe ont rapproché du comique noble, mais sans les confondre. La vanité qui s’est glissée dans la bourgeoisie la porte à, dédaigner tout ce qui ne ressemble pas aux airs du beau monde ; mais c’est un ridicule de plus qui ne doit pas empêcher l’écrivain de peindre cette classe avec les mœurs bourgeoises. Le chef-d’œuvre du genre est le Bourgeois gentilhomme : M, Jourdain est un type impérissable. Enfin, le bas comique peint les mœurs du peuple, dont les vices et les ridicules, moins palliés par l’éducation, tranchent sur un ton vif et accentué. Mais ici il y a un écueil a redouter, c’est de tomber dans le comique grossier, qui n’est point un genre, mais un défaut de tous les genres. Ainsi J’ivresse d’un marquis serait du cotnt’çtte grossier, comme tout ce qui blesse le goût et les mœurs. Le bas comique, au contraire, est susceptible de délicatesse et d’honnêteté ; il peut charmer par la peinture de caractères n»ïfs, de mœurs simples et ingénues, et, à l’imitation des tableaux flamands, briller par le coloris et offrir le mérite de la vérité et de la gaieté. Le Médecin malgré lui, de Molière, est un modèle de ce genre, qui exige une grande connaissance de la nature.

Mais cette division du comique en trois catégories est purement arbitraire. Admissible peut-être à l’époque où les écrivains du xvine siècle Tout formulée, alors que les diverses classes de la société offraient des distinctions tranchées et qu’il y avait réellement. des nobles, des bourgeois et des hommes du peuple, elle est devenue tout à fait inapplicable aujourd’hui que le contact perpétuel des diverses classes entre elles a réagi sur les

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mœurs, le caractère et les habitudes, et qu’il les a fait entrer dans un courant uniforme, malgré les différences profondes que l’observateur y saisit encore. L’auteur qui aurait la naïveté de produire sur la scène un marquis, un bourgeois ou un homme du peuple avec la prétention d’en f»ire un type particulier se couvrirait lui-même de ridicule. Aussi les littérateurs ont-ils compris la nécessité d’introduire dans le comique une division basée sur la nature même de ce genre, et non sur des conventions plus ou moins arbitraires, dont quelques années seulement suffisent a démontrer le peu de vuleur. De là une seconde classification en comique de caractère, comique de situation, et ce qu’on pourrait appeler comique de mots. Dans le premier cas, le poëte provoque le rire par la représentation exacte d’un vice on d’un travers. Alecsie et Tartufe ne disent pas un mot capable d’égayer, et cependant leur seule apparition sur la scène amène le sourire sur les lèvres. Le premier a. beau s’écrier dans un moment d’humeur i

Par la sambleu ! messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suisl

il est plaisant de par son caractère, ou plutôt de par le génie de Molière. Et quand le second apparaît pour la première fois aux spectateurs en disant à son valet :

Laurent, serrez ma haire avec ma discipline, Et priez que toujours le ciel vous illumine,

il révèle d’un seul coup le vice que l’auteur a voulu flétrir. C’est le comique de caractère. D’autres fois, le personnage se montre à nos yeux dans des situations plaisantes qui nous égayenf, indépendamment de ce qu’il peut dire ou faire : c’est lu comique de situation. Sosie, rencontrant un homme qui a son nom, sa taille et ses traits, et qui se dit comme lui valet d’Amphitryon, en vient à douter de sa propre personnalité-, Béline, dans le Malade imaginaire, sa réjouit d’être enfin délivrée do son mari, qui fait le mort pour l’éprouver et se lève tout à coup pour lui reprocher sa perfidie lorsqu’il a entendu la belle oraison funèbre qu’elle a faite de lui ; Harpagon usurier va prêter à gros intérêts à un jeune dissipateur qui se trouve être son propre fils : voilà c comique de situation. De toutes parts’le rire éclate, avant même que les acteurs aient prononcé un seul mot. Mais ces situations plaisantes, il n’appartient qu’au génie de les faire naître et d’en tirer des effets saisissants. Quant au troisième genre, le comique de mots, on l’a ainsi appelé parce qu’il résulte d’un mot qui provoque le rire, quelquefois même dans la scène la plus sérieuse. Dans la comédie de Regnard, le ménechme provincial, impatienté des poursuites d’un créancier qui le prend pour son frère et qui se dit marguillier, s’écrie :

Laissez-moi lui couper le nez.

Et Valentin, valet du chevalier, lui répond avec un grand sang-froid :

Laissez-le alltr ;

Que feriez-vous, monsieur, du nez d’un marguillier ?

Patelin, contrefaisant le malade et feignant de prendre pour son apothicaire M. Guillaume auquel il a subtilisé six aunes de drap, lui dit : • Ne me donnez plus do ces vilaines pilules ; elles ont failli nie faire rendre l’âme. » Et M. Guillaume de lui répondre brusquement : « Je voudrais qu’elles t’eussent fait rendre mon drap. » Voilà du comique de mots.

Certains critiques ont établi une distinction entre le comique et le plaisant. Selon eux, le comique est le ridicule qui résulte de la faiblesse, de l’erreur, du travers de l’esprit et des vices du caractère. Le plaisant serait l’effet d’une surprise réjouissante que nous cause un contraste frappant, singulier- et nouveau, aperçu entre deux objets ou entre les diverses qualités d’un même objet ; c’est une rencontre imprévue qui excite le rire. Un modèle dans le premier genre est Molière, et, dans le second, Regnard, qui, au jugement de Boileau, n’est pas médiocrement plaisant. Ajoutons que cette distinction ne nous paraît pas motivée par des distinctions bien caractérisées ; souvent le comique et le plaisant ressemblent à ces frères jumeaux dont parle Virgile, frères que leur mère elle-même prenait souvent l’un pour l’autre, et qui lui occasionnaient de douces et charmantes confusions, suivant la délicate réflexion du poëte.

L’écueil à éviter dans le comique est le grotesque, qui charge tellement un ridicule que celui-ci sort évidemment des limites de la nature réelle. Le grotesque uni au trivial engendre le bouffon. C’est ainsi que Sganarelle, fait médecin à coups de bâton, de fagotier qu’il était, débite des impertinences à tout venant, et, en abordant Géronte, commence par le battre pour lui faire avouer qu’il est médecin lui-même. Quant au burlesque, dont Scarron a tiré des effets si amusants, il consiste dans le mélange du noble et du bas, soit qu’on rapetisse les grandes choses par des expressions triviales, soit qu’on exprime les choses les plus familières avec une noblesse affectée. Nous ne dirons rien du comique obscène, délire de l’imagination, égarement de l’esprit auquel un écrivain qui se resptecte ne se laisse jamais entraîner, même dans ces réunions intimes où des libations répétées semblent autoriser la licence.

Nous n’avons jusqu’ici envisagé le comique qu’au point de vue exclusivement littéraire ;