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de se faire accompagner à leur dernière demeure par des prêtres chargés de réciter les prières des morts et de bénir la fosse. Quiconque n’avait pas d’argent pour les payer était enterré sans que la religion consacrât son dernier asile. Frappée de cet état de choses, la commission municipale de Paris, sur les instances du président de la république et de l’archevêque de Paris, adopta, eu 1852, un projet qui attache à chaque cimetière de la capitale deux aumôniers, dits des dernières prières, spécialement chargésd’accompagner les convois gratuits et de bénir la fosse qui leur est destinée. Ils sont logés, ainsi qu’un sacristain, dans les bâtiments de l’administration. Des chapelles durent être élevées dans les cimetières qui en étaient dépourvus, de manière que des messes pussent être dites dans l’enceinte même du champ des morts.

— Administr. La police des cimetières est aujourd’hui régie par le décretdu 12 juin 1804, qui a beaucoup emprunté à la déclaration royale du 10 mars 177G, et par l’ordonnance royale de 6 décembre 18-13. D’après la nouvelle réglementation, aucune inhumation ne peut avoir lieu dans un édifice clos et fermé, consacré à la célébration du culte, ni dans l’enceinte des villes et bourgs. Chaque ville ou bourg doit avoir, à une distance d’au moins 35 à 40 mètres de son enceinte, des terrains consacrés aux inhumations. Les ter- ’ rains les plus élevés et exposés au nord doivent être choisis de préférence. Il doivent être clos de murs de 2 mètres au moins d’élévation. On doit y faire des plantations, en prenant des précautions convenables pour ne

Eas gêner la circulation de l’air. Chaque inumation a lieu dans une fosse séparée, d’une profondeur et. d’une largeur déterminées, et cette fosse doit être ensuite remplie de terre bien foulée. Les distances entre ces fosses, tant sur les côtés que de la tête aux pieds, sont aussi déterminées. Cependant, à Paris, la nécessité de ménager le terrain a obligé d’ouvrir dans chaque cimetière une fosse commune. Les fosses ne doivent être reprises pour de nouvelles inhumations que de cinq années en cinq années ; en conséquence, les terrains destinés à servir de lieu de sépulture doivent être cinq fois plus étendus que l’espace nécessaire pour y déposer le nombre présumé des morts qui peuvent y être enterrés chaque année. Les translations de cimetières et le choix des emplacements de nouveaux cimetières sont ordonnés par les préfets, après que ceux-ci ont pris l’avis des conseils municipaux et fait une enquête de commodo et incommoda. Les frais d’acquisition des nouveaux terrains sont à la charge des communes.

Après leur fermeture, les cimetières restent pendant cinq ans dans l’état où ils se trouvent, sans qu’on puisse en faire aucun usage. Les terrains peuverft ensuite être affermés par les communes, à condition de les ensemencer ou de les planter, et de n’y faire aucune fouille ou fondation pour des constructions de bâtiments, a moins d’une autorisation spéciale. Aucune habitation ne peut être élevée ni aucun puits creusé, sans autorisation, à moins de 100 mètres des cimetières. Les bâtiments existants ne peuvent être augmentés ni restaurés sans autorisation. Les puits existants peuvent, après expertise, être comblés en vertu d’un arrêté du préfet. Ces dispositions sont en contradiction avec celles du décret du 12 juin ]80-(, qui prescrivent d’établir les nouveaux cimetières k une distance minimum d’environ 35 a 40 mètres de l’enceinte des habitations ; elles ont l’inconvénientgrave d’amener, dans un temps donné, l’abandon d’une portion plus ou. moins considérable des maisons d’habitation, au préjudice de nombreux intérêts. Des administrateurs éminents ont manifesté le désir que l’on établît sur ce point une règlement uniforme, qui exigerait le transfert des cimetières à 100 mètres des communes.

Lorsque l’étendue des lieux consacrés aux inhumations le permet, on peut y faire des concessions de terrains aux personnes qui désirent y posséder une place distincte pour leur sépulture ou celle de leurs parents et amis, et y construire des caveaux, des monuments ou des tombeaux. Le produit de ces ventes de terrains fait partie des recettes communales. Les fondateurs et bienfaiteurs des hôpitaux qui, dans leurs actes de fondation, de donation ou de dernière volonté, ont manifesté le désir d’avoir leur sépulture dans l’enceinte de ces établissements, peuvent y être enterrés ; mais les maires doivent auparavant prendre l’avis des administrations de ces maisons. Toute personne peut être enterrée sur sa propriété, pourvu que cette propriété soit à 35 ou 40 mètres de distance des villes et bourgs.

Les inscriptions à placer sur les pierres tumulaires ou monuments funèbres doivent être préalablement soumises à l’approbation du maire. Dans les communes où l’on professe plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier. S’il n’existe qu’un seul cimetière, on doit le partager, par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents, avec une entrée particulière pour chacune, et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte. Cette disposition réglementaire n’est pas d’une exécution générale ; elle a d’ailleurs le tort de supposer que toute personne appartient à un culte déterminé, ce

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qui n’est pas toujours vrai. Aussi en résultet-il très-souvent des conflits et des désordres, lorsque des ecclésiastiques intolérants Se croient en droit d’interdire ce qu’ils appellent la terre sainte aux juifs, aux hérétiques, aux suicidés, et même a tous les pécheurs impénitents. Peut-être serait-il à la fois plus sage et plus conforme à la vérité de considérer que la dépouille mortelle de tous les hommes n’est plus qu’un amas de pourriture qui ne conserve aucune trace des vertus de l’âme qui l’a animée, et qu’il ne saurait être déshonorant pour le mort le plus huppé, le plus instruit, le plus honnête, le plus religieux, de pourrir côte à côte avec un rustre, un scélérat ou un impie. Vouloir conserver après la mort la distinction des rangs et des mérites, c’est une des plus singulières aberrations de la vanité humaine. Avouons cependant que le préjugé que nous combattons est encore général, et que le législateur, à ce point de vue, est peut-être tenu d’en tenir compte.

La police des cimetières, tant publics que privés, appartient exclusivement aux autorités locales, sous la surveillance des préfets. C’est à ces autorités qu’il appartient de veiller à l’exécution des règlements qui prohibent les exhumations non autorisées, et d’empêcher qu’il se commette dans les lieux de sépulture aucun désordre ou aucun acte contraire au respect dû aux morts.

En Angleterre, les cimetières sont placés sous l’administration des autorités locales, mais toutes les mesures relatives à leur établissement ou à leur déplacement doivent être validées par acte du parlement.

Cimchére de campagne (le), élégie de Gray. Ce morceau, d’un mérite supérieur, a immortalisé le nom de Gray. Il n’existe peut-être dans aucune langue une pièce de vers qui surpasse celle-ci par la beauté des pensées, l’énergique précision et l’harmonie imitative du style, la solennité du sujet, la tainte sombre, religieuse et touchante des sentiments et des images. Letourneur, Chateaubriand, Hennel, M.-J. Chénier, Fontanes, en ont donné des traductions ou imitations en vers, mais aucun d’eux n’a réussi à reproduire le charme de l’original. Le Cimetière de campagne a paru pour la première fois en 1749.

Cimotièro j»ir (us), chef-d’œuvre de Ruysdael ; galerie de Dresde. Des dalles tumulaires et des mausolées en marbre noir et en marbre jaunâtre sont groupés sur les deux rives d’un torrent qui tombe en cascade, au premier plan. Un coteau couronné de ruines pittoresques domine ce cimetière, et de grands arbres, parmi lesquels un hêtre desséché, s’élèvent sur la droite. Cet ensemble se détache pour ainsi dire du fond obscur d’un orage. De lourdes et sombres nuées, tourmentées par le vent, couvrent le ciel et semblent prêtes à s’abattre sur la terre. On croit entendre le bruissement des arbres qui ombragent les tombes se mêler aux grondements du torrent. Le soleil, perçant les nuages, éclaire d’une pâle lueur les ruines et les pierres funèbres, et, dans le lointain, un double arc-en-ciel se déploie au-dessus d’une haute montagne. « Aucune description, dit M. Waagen, ne saurait donner une idée de la mélancolie de cette page ; » et, si nous en croyons M. Viardot, o Poussin lui-même n’aurait pas trouvé plus de profondeur, de tristesse austère et religieuse, d’éloquente désolation pour peindre la dernière demeure d’une race désolée et maudite. Nous ne savons pas d’ailleurs pourquoi ce tableau est intitulé le Cimetière juif : estce simplement parce qu’on n’y voit pas de croix ? ou bien a-t-on reconnu que l’inscription

pie

élirt

mulaire est tracée en caractères hébraïques" ; La signature du maître se lit nettement sur une autre dalle, à droite près de la cascade. Deux petits personnages que l’on n’aperçoit pas tout d’abord, et que l’on ne s’attend guère d’ailleurs à trouver en ce lieu, par un pareil temps, se tiennent, l’un debout, l’autre prosterné, près d’une tombe assez éloignée des autres. Cette admirable peinture a été lithographiée par Hanfstaengl et gravée sur bois par J.-W. Wymper.

CIMETTE OU CYMETTB S. f. (si-mè-tedimin. du lat. cyma, rejeton de chou). Hortic. Nom donné par les jardiniers à des rejetons qui poussent sur la tige de certains choux, et qui se vendent sous le nom de choux de Bruxelles.

CIMEUX, EUSE adj. Bot. V. cymeux, euse.

CIMEX s. m. (si-mèkss — mot lat.). Entom. Nom scientifique du genre punaise.

CIMICAIRE s. f. (si-mi-kè-re — du lat. cimex, punaise). Bot. Genre de plantes, de la famille des renonculacées, tribu des péoniées, formé aux dépens des actées et comprenant une dizaine d’espèces, qui croissent dans le nord des deux continents. Leur odeur passe pour chasser le3 punaises, et on les désigne ordinairement sous le nom vulgaire de chassepunaise.

— Encycl. Le genre cimicaire renferme des plantes herbacées, vivaees, à feuilles très-découpées. Les fleurs, blanches, disposées en grappes terminales, ont un calice à cinq Sépales égaux, pétaloïdes, une corolle à cinq pétales (quelquefois moins) urcéolés et neetarifères, des étamines en nombre indéfini, trois à huit ovaires libres, à une seule loge pluriovulée. Le fruit se compose de trois à huit

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follicules, surmontés par les styles mucronés. Ce genre comprend trois espèces, qui habitent les régions boréales des deux continents. La mieux connue est la cimicaire fétide (cimicifuga fœtida), vulgairement nommée chassepunaise ou actée fétide. C’est une plante vivace, dont la tige, rameuse et striée, atteignant la hauteur de 2 m., porte des feuilles découpées, et se termine par une grappe rameuse de fleurs blanches. Elle croit en Sibérie, dans les fonds humides, et fleurit en été. Son nom lui vient de l’odeur fétide et pénétrante qu’elle exhale, du moins quand elle a crû à l’état sauvage, et qui fait fuir les punaises et les autres insectes. Elle paraît d’ailleurs posséder, comme la plupart des renonculacées, des propriétés médicales énergiques, et agir, à forte dose, comme les poisons éméto-cathartiques. Mais elle a été fort peu expérimentée en Europe. Elle mériterait, vu l’élégance de son port, d’être plus répandue comme plante ornementale ; c’est une espèce rustique, qui se platt dans tout terrain frais et un peu ombragé.

CIMICICIDE adj. (si-mi-si-si-de — du lat. cimex, cimicis, punaise ; ccedo, je tue). Qui tue les punaises, il On dit moins bien cimicide.

CIMIGIDE adj. (si-mi-si-de — du lat. cimex,

cimicis, punaise, et du gr. eidos, aspect).

1 Entom. Qui ressemble aux punaises. Il On dit

! aussi CIMICÉ, CIMICIEN, IENNE, CIBIICULIEN,

I IENNE.

! — s. m. pi. Famille d’insectes hémiptères,
! ayant pour type le genre cimex ou punaise.

Il On dit aussi cimicÉs et cimiciens.

CIMICIFUGE adj. (si-mi-si-fu-je — du lat.

1 cimex, cimicis, punaise ; fugo, je mets en fuite). Qui est propre à chasser les punaises : Préparation cimicifuge. Il On dit moins bien cimi-

FUGE.

CIMICOÏDE adj. (si-mi-ko-i-de — du lat. cimex, cimicis, punaise ; eidos, aspect). Entom. Qui a l’apparence, la conformation extérieure d’une punaise, sans appartenir à ce genre ni à la famille dont il est le type.

—, CIMIER s. m. (si-mié — rad. cime). Ornement qui forme la partie supérieure d’un eas’. que : Les bannières ondoyantes flottent dans ' les airs, et le vent agite les panaches sur les

! hauts CimibkS. (Chateaub.) On attribue l’in-

1 vention des cimiers aux Carietts. (De Ûhesnel.) Pyrrhus portait pour cimier un grand panache entre deux cornes de bouc. (Bachelet.)

’, Mais quel pouvoir brise sous, son épëe

Les cimiers d’or et les casques d’airain T

C. Delavique.

— Blas. Figure quelconque qui surmonte le timbre ou casque :

Aussitôt maint esprit fécond en rêveries Inventa le blason avec les armoiries, De ses termes obscurs fit un langage h part, Composa tous ces mots de cimier et d’écart, De pal, de contre-pal, de Iambel et de l’asce.

Boilëau.

— Véner. Croupe du cheval et des bêtes fauves : Le cimier du cerf revient de droit au maître d’équipage. Le faon, en 7iaissatit, adéjà les pieds de devant plus forts que ceux de derrière ; mais, comme ils doivent supporter le poids du corsage et des bois, qui est plus considérable que celui du cimier, ils prennent roi accroissement plus rapide. (J. Lavallée.)

— Bouclier. Pièce de bœuf charnue, prise sur le quartier de derrière : Une pièce de cimier. Du bœuf de cimier.

— Sylvie. Terme employé dans les forêts pour désigner la cime, la partie supérieure d’un arbre.

— Epithètes. Riche, brillant, éclatant, fier, orgueilleux, superbe, flottant, ondoyant, balancé, terrible, menaçant.

— Encycl. Hist. et Blas. Le cimier est l’ornement du timbre, comme le timbre est celui de l’écu. Son usage remonte à l’antiquité la plus reculée. Presque tous les guerriers, pour se rendre plus redoutables à leurs ennemis par les figures effrayantes dont ils chargeaient leurs casques, ou pour paraître d’une taille plus avantageuse ; presque tous les chefs, pour se distinguer, pour se faire reconnaître dans la mêlée et donner à leurs soldats la facilité de se rallier autour d’eux, ont fait usage du cimier. Cet usage appartient même aux temps fabuleux. Selon Virgile, Hercule portait pour cimier la tête du lion qu’il tua dans la forêt de Némée :

Jpse pedes tegmen torquens immane leonis, Terribili impexum sela cum daitibus albis, Indulvs capili sic regia tecta subibat. Alexandre portait sur son casque la tête d’un bélier, pour signifier qu’il était le fils de Jupiter Ammon ; Pyrrhus portait des cornes de bouc, et Persée deux ailes d’aigle ; Turnus, ainsi que le rapporte Virgile dans le douzième livre de l’Enéide, avait pour cimier une chimère lançant des flammes par la bouche et les narines :

Galea ttïta chimeeram

Suslinel œtneos effîantem nasibus ignés.

Les premiers chrétiens, dit Prudentius, avaient sur leurs cimiers une croix rayonnante. Au moyen âge, le cimier était une grande marque de noblesse que l’on portait dans les tournois, où l’on ne pouvait être admis qu’après avoir fait ses preuves. Le gentilhomme qui avait assisté deux fois à un tournoi solennel était suffisamment blasonné et publié, c’est-à-dire reconnu pour rioble.

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Alors il portait deux trompes en cimier sur son casque de tournoi : de là viennent tant de cimiers a deux cornets, que plusieurs auteurs ont pris mal à propos pour des trompes d’éléphant. Le cimier de plumes où de crins de cheval a été le plus fréquemment employé chez les différents peuples ; l’usage même du dernier a été renouvelé dans la guerre de 1741 par le maréchal de Saxe, pour ses dragons volontaires. Ceux-ci, en effet, portaient sur le sommet de leurs casques des aigrettes flottantes de crins de cheval. De nos jours, le casque des cent-gardes et des dragons est décoré aussi de cette espèce d’ornement. Les cimiers ont quelquefois été des signes de convention entre un chevalier et sa dame, afin qu’elle pût plus facilement le reconnaître dans les tournois. Ce n’était, à proprement parler, qu’un ornement facultatif, que l’on pouvait changer selon.les circonstances.

Les pièces honorables ne peuvent jamais se placer en cimier : le fait contraire est toujours une dérogation aux règles de la science héraldique. En France, on ne fait guère usage du cimier ; mais, en Allemagne, il est presque de rigueur. Les Allemands s’en servent pour opérer une brisure. Ils distinguent aussi leurs quartiers par leurs cimiers ; aussi, au lieu a’ècarteler l’écu suivant l’usage reçu chez nous, on le surmonte des cimiers des familles alliées, et il n’est pas rare de voir des armoiries surmontées de cinq ou six de ces ornements.

Le cimier représentait souvent, sous un sens allégorique, une action mémorable. Le gentilhomme qui voulait prendre de nouvelles armes conservait, la plupart du temps, les plus anciennes sur son timbre ; alors les cimiers devenaient en quelque sorte héréditaires. On trouve des cimiers très-curieux, par leurs formes et par leur ornementation. Les rois de France, avant François Ier, qui prit la couronne fermée à l’imitation de Charles-Quint, portaient la couronne d’or rehaussée de huit fleurs de lis, avec la double fleur de lis pour cimier, et leur manteau ro’al entourant le casque, l’écu et les armes. Les rois d’Espagne portaient pour cimier la tour d’or de Castille, du haut de laquelle sort un lion de pourpre naissant, qui est de Léon, tenant à la patte dextre une épée d’argent croisée et pommettée d’or, et à sénestre un bouclier de gueules, quelquefois un inonde d’or. Les rois dAngleterre portent encore un léopard d’or couronné, assis sur le casque au milieu da la couronne. Les rois de Danemark portenl huit banderoles d’azur, à la croix dVrgent, les lances d’or, quatre tournées à droite et quatre à gauche. Les anciens ducs de Bretagne portaient leur casque couronné ; et quelquefois, au lieu de couronne, ils avaient un bonnet d’écarlate rebrassé d’hermines, timbré d’un lion d’or levant la patte dextre, assis entre deux grandes cornes d’hermines. Les ducs de Bourbon portaient ordinairement pour cimier la double fleur de lis d’or. Dans certaines miniatures, ils ont pour cimier une double queue de paon, sortant de la couronne qui est sur leur casque, partie d’azur et d’argent, les yeux de la queue de l’un en l’autre ; et, au lieu d’un lambrequin, des bandelettes ou ceintures d’argent et d’azur, chargées do croissants de l’un en l’autre. Les anciens ducs’d’Anjou, rois de Sicile et de Jérusalem, portaient une tête d’éléphant d’argent issant de la couronne du casque. Les ducs de Bourgogne portaient une tête d’autruche d’argent, couronnée d’or, tenant au bec un fer de cheval du même, et deux plumes du même oiseau, sortant l’une adroite et l’autre à gauche, malgré leur origine qui les obligeait de porter pour cimier la double fleur de lis d’or. Les anciens comtes de Champagne, pairs de France, portaient leur casque surmonté d’une couronne à l’antique, et pour cimier le buste d’un roi maure en profil, portant un turban et une couronne du même émail que celui du casque, etc., etc.

CIMIN1EN (mont), montagne de l’ancienne Italie, dans l’Etrurie, couverte d’une forêt appelée Ciminienne, C’est aujourd’hui le mont Cimino, près de Viterbe. Les Romains furent longtemps sans franchir cette montagne couverte d’une forêt impénétrable, et sur le compte de laquelle Tite-Live s’exprime ainsi : « La forêt Ciminienne était alors plus impénétrable et plus effrayante que ne Vont été de mon temps les forêts de la Germanie, et jusque-là l’amour du gain n’avait pu déterminer aucun marchand à y pénétrer. • Ce ne fut qu’au y" siècle delà fondation de Rome que les Romains osèrent affronter ce lieu plein de terreur, et encore ce fut le hasard qui les guida sur cette route, qui devait les mener à la conquête du monde. L’an 444 de Rome, le consul Fabius Maximus Rullianus volait au secours de Sutrium, colonie romaine assiégée par l’armée de la confédération étrusque. Les Etruriens, défaits dans une grande bataille, se retirèrent sur les hauteurs du mont Ciminien comme dans une retraite inaccessible. Une végétation dense et sauvage, de sombres défilés, des rocs de basalte aux pics dénudés, des vallons obscurs et tourmentés, étaient bien faits pour justifier cet effroi instinctif qui arrêtait l’armée romaine. Le frère du consul s’offrit cependant pour aller affronter les périls que présentait la traversée de la montagne ; accompagné d’un esclave, il franchit le mont sans encombre, pénètre chez les Camertes Ombriens, et les décide à faire alliance avec le consul. L’armée, encouragée par son récit, a bientôt franchi ces monts, hier encore objet de sa