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CLOFICHER v. a. ou tr. (klo-fi-ché — de clou et ficher). Clouer, Il Vieux mot.

CLOGHEEN, ville d’Irlande, comté de Tipperary, à 22 kilom. O. de Clonmel, près de la Suîr ; 2,100 hab. Nombreux moulins il blé ; commerce considérable en grains.

CLOGHER, ville d’Irlande, comté deTyrone, à 22 kilom. S.-E. d’Omagh, dans une jolie vallée arrosée par un des premiers tributaires du Blackwater ; 1,200 hab. Cette ville, aujourd’hui sans importance, possède une belle cathédrale et un palais episeopal entouré d’un beau parc. Titre d’un éveché catholique fondé au vo siècle par saint Patrick, et dont le siège est maintenant à Carrickmacross.

CLOGIINAKILTY, ville d’Irlande, comté et à 30 kilom. S.-O. de Cork, sur la petite baie de son nom formée par l’océan Atlantique ; 6,400 hab. Exploitation de blé et de pommes’ de terre. Ruinée en 1641, elle n’a pas encore repris son ancienne importance.

CLOHAUS-CARNOËT, bourg et commune de France (Finistère), cant., arrond. et à 10 kilom. S.-O. de Quimperlé, près de l’Océan ; pop. aggl. 91 hab. — pop. lot. 3,466 hab. Minoterie, pèche de la sardine. Dans la forêt de CarnoGt se trouvent les ruines du château de môme nom ayant appartenu à Comorre, comte de Cornouailles, le Barbe-Bleue de la basse Bretagne.

CLOIGHE s. f. (kloi-che). Forme ancienne du mot CLOCHE.

CLOIKRE v. a. ou tr. (kloi-re). Forme ancienne du mot CLORE.

CLOISON s. f. (kloi-zon — du lat. clausus, fermé). Constr. Mur peu épais de bois ou de maçonnerie qui sépare deux pièces continues • Cloison en brique. Cloison en bois, en menuiserie. Abattre une cloison. Ma chambre n’est séparée des autres que par une cloison fort mince. (Montesq.) Vous savez combien sont minces les cloisons gui séparent les cabinets particuliers dans les plus élégants cabarets de ■Paris. (Balz.)

Un vieux mur entr’ouvert séparait leurs maisons ; Le temps avait miné leurs antiques cloisons. La Fontaine.

Il Les constructeurs disent souvent murs du cloison, par opposition aux murs de refend.

Il Cloison d’ais, Cloison en planches de bateau, lambrissée, il Cloison de maçonnerie, Cloison bâtie, fait de matériaux liés’avec du mortier. Il Cloison pleine, Celle dont la charpente est apparente et hourdée de plâtre ou maçonnée.

— Par anal. Mince paroi établissant des divisions intérieures : La cloison d’une giberne. La cloison d’un havre-sac. Les cloisons d’un casier.

— Fig, Légère différence, distance peu considérable :

Avez-vous mesuré cette simple cloison Qui semble séparer l’instinct de la raison 1

Voltaire.

— Ane. coût. Cloison d’Angers, Subside que payaient, dans l’Anjou, les marchands qui fréquentaient la Loire.

— Métriq. Petite cloison, Cinquième élément des pieds dans les vers arabes, il Sixième cloison, Sixième et dernier élément des mêmes pieds.

— Archit. hydraul. Lame de métal qui sert de séparation dans une cuvette de fontaine.

Il Cloison de calme, Celle que l’on place près de l’endroit où tombe l’eau, pour en arrêter le mouvement sans interrompre la communication. Onl’appelleaussiLANGtJETTE, il Cloisondu bord, Celle où s’arrêtent les bassinets pour la distribution de l’eau.

— Min. Cloison d’aérage. Cloison en bois, en brique ou en remblai, qui est établie dans une galerie de mine pour diriger la circulation du courant d’aérage.

— Techn. Petite muraille en brique dans l’intérieur d’un poêle, il Pièce de tôle qui réunit le palastre et la couverture d’une serrure : Le côté à travers lequel passe, le pêne se nomme le rebord ; les trois autres côtés forment la cloison proprement dite.

— Hist. nat. Mince paroi servant à diviser une cavité ou à la séparer d’une autre : Les cloisons du cœur, d’une coquille. Le diaphragme est une cloison, un plancher, qui partage notre corps en deux étages. (J. Rincé.)

— Bot. Lame membraneuse, ordinairement verticale, quelquefois horizontale, qui divise la cavité du fruit et de l’ovaire en plusieurs loges ^ La position des cloisons relativement aux valves est d’une étude importante. (C. d’Orbigny.)£es cloisons sont complètes ou incomplètes. (A. Richard.)

— Encycl. Constr. Les cloisons sont des murs de refend d’une faible épaisseur que l’on élève sur les planchers pour distribuer un appartement en un certain nombre de pièces. Elles se divisent en plusieurs espèces, suivant les matériaux que l’on emploie à leur construction. Les cloisons légères en menuiserie, à claire-voie, lattées, hourdées et ravalées en plâtre des deux côtés, se composent de poteaux d’huisserie, de linteaux, de poteaux de remplissage, d’entretoises, de coulisses et de planches en bois de bateau grossièrement refendues, posées à claire-voie, clouées sur les entretoises et retenues dans des coulisses ou scellées dans les planchers. Les cloisons en

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planches jointives, lattées et recouvertes d’un crépi et d’un enduit en plâtre de chaque côté, sont composées des mêmes pièces que précédemment. Les cloisons en carreaux de plâtre pleins ou creux se font avec des carreaux moulés à l’avance à l’aide de moules en bois, et ayant une épaisseur égale à celle des poteaux de cloisons, c’est-à-dire de o m. 05 à 0 m. og, et parfois 0 m. 12 ou même 0 m. 16. Leurs dimensions en longueur et en largeur varient de 0 m. 25 à 0 m. 45. Une rainure circulaire, qui règne sur leur pourtour, sert à les lier ensemble en remplissant les vides deplâtre, lors de la pose. Afin d’alléger les cloisons et de les assourdir, on fait les carreaux creux, en réservant, au moulage, un vide dans leur milieu. Les cloisons en briques de champ ont, comme ces briques. o m. 055 d’épaisseur. Celles en briques panneresses ont l’épaisseur égale à la largeur (0 m. Il) des briques. Celles en briques boutisses ont l’épaisseur égale à la longueur (0 m. 22) d’une brique. Ces différentes cloisons sont jointoyées ou ravalées en plâtre.

D’après Rondelet, l’épaisseur à donner à une cloison doit être le quart de celle qu’aurait le mur qu’elle remplace ; si l’on modifie dans ce sens la fermule empirique des murs de refend, on trouve pour cette épaisseur

L + H

e =,

146 ’

L étant la longueur de l’espace que le mur doit diviser, H la hauteur de l’étage.

— Bot. Les vraies cloisons des fruits sont formées par l’endocarpe ; elles sont constituées par la soudure des deux faces rentrantes de deux Carpelles contigus. Les fausses cloisons doivent leur origine à une saillie plus ou moins considérable du placenta, ou sont formées par les bords rentrants des valves du péricarpe. Les cloisons sont complètes ou incomplètes. Leur position par rapport aux

valves est importante à étudier ; elle fournit des caractères de genres et même de familles.

CLOISONNAGE s. m. (kloi-zo-na-je — rad. cloisonner). Constr. Ouvrage de cloison : Un simple cloisonnage suffira pour séparer ces deux chambres. Ce cloisonnage est solide. Il Se dit particulièrement d’une cloison de charpente.

CLOISONNAIRE adj. (kloi-zo-nè-re — rad. cloison). Anat. Qui appartient a la cloison, qui forme cloison : Les loges comprises entre les lames cloisonnaires sont tantôt libres, tantôt fermées. (Milne Edwards.)

— Moll. Genre de tubicolés voisin des tarets, dont le tube, qui est seul connu, dépasse quelquefois 1 m. de longueur : Dans Certains parages de Vile d’Amboine, lorsque la marée est très-basse, on aperçoit les tuyaux des ci.oisonnmrks enfoncés perpendiculairement dans le sable, pressés comme des tuyaux d’orgue entre les racines des mangliers. (Deshayes.)

— Encycl. Ce genre de mollusques acéphales se place, dans la famille des tubicolés, a côté des tarets et des flstulanes. Ni sa coquille ni l’animal qui l’habite n’ont encore été observés ; on ne le connaît que par son tube, qui est calcaire, épais, solide, en forme de cône très-allongé, irrégulièrement flexueux, muni intérieurement de petites cloisons incomplètes, en forme d’anneau, terminé à, l’une de ses extrémités par un renflement, et à l’autre par deux tubes grêles et séparés. Ce genre n’a compris pendant longtemps qu’une seule espèce, qui habite les mers de l’Inde, où elle vit enfoncée dans le sable. On en a trouvé récemment une seconde dans la Méditerranée, et l’on assure qu’il en existe une troisième dans la mer Rouge. On connaît peu de chose sur la manière de vivre de ces singuliers mollusques, qu’on avait pris d’abord pour des serpules. Rumphius (traduit par Deshayes), qui parle de deux osselets trouvés dans le corps de l’animal, dit que dans certains parages de l’île d’Amboine, lorsque la marée est très-basse, on aperçoit les tuyaux des cloisonnaires enfoncés perpendiculairement dans le sable, pressés comme des tuyaux d’orgue entre les racines des mangliers. On pense que l’intérieur de ce tube doit renfermer une petite coquille bivalve analogue à celle des tarets ou des fistulanes.

CLOISONNÉ, ÉE (kloi-zo-né) part, passé du v. Cloisonner. Divisé par des cloisons : Logement CLOISONNÉ.

— Techn. Se dit des objets émaillés dans lesquels les traits des figures ou dessins sont formés par des bandelettes de métal soudées de champ sur le fund : VItalie rivalisa bientôt de luxe avec la cour de Consiantinople, et, comme elle, aux pierres précieuses elle associa les émaux cloisonnés. (De Laborde.) Le procédé des émaux cloisonnés ne me semble avoir été pratiqué en France qu’accidentellement. (De Laborde.) La plupart des ornements de la couronne et de l’épée de Charlemagne, qui font partie du trésor impérial de Vienne, sont exécutés en émail cloisonné. (Maigne.)

— Miner. Se dit d’un corps ou d’un terrain séparé en compartiments formés par une matière étrangère qui a coulé dans des fissures.

— Bot. et conchyt. Qui est pourvu d’une ou plusieurs cloisons ou séparations intérieures : Fruits cloisonnes. Coquilles cloisonnées. Les filaments de certaines conférées sont cloisonnés. (Acad.)

— Encycl. Le procédé des émaux cloisonnés

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est très-facile à comprendre. Nous en emprunterons la description à une notice de M. le comte de Laborde : «On prend une mince feuille de métal sur laquelle on trace à la pointe le dessin ; on découpe des lames du même métal d’une hauteur proportionnée à la grandeur de la pièce (de 0 m. 001 à 0 m. 004), et l’on fait suivre à ces lames tous les contours du dessin en les arrêtant avec de la cire ; puis, quand le dessin est ainsi hérissé’ de ce relief en traits déliés, on soude à lu plaque toutes ces lames. De ce moment, la plaque est cloisonnée, c’est-à-dire qu’elle présente un réseau, et dans ce réseau autant de cloisons qu’en exigeaient le dessin et les nuances d émaux dont on disposait. On distribue dans chacune de ces cloisons de la poudre d’émail, je veux dire le fondant et les oxydes métalliques colorants pulvérisés ensemble ; on passe la plaque dans le four pour obtenir la fusion, et quand elle est refroidie, au moyen du polissage on unit le tout comme une glace-mosaïque, dans laquelle les cloisons viennent affleurer en traits effilés et brillants, de manière à tracer les limites des émaux en même temps que les contours du dessin. La dorure donne plus d’éclat à ces traits du visage, à ce3 plis des vêtements, à ces fines inscriptions, qui ressortent en or brillant au milieu des vives couleurs d’un émail translucide. »

Les émaux cloisonnés figurent parmi les produits les plus remarquables des arts au moyen âge. Malheureusement, ils sont excessivement rares, parce que, fabriqués le plus souvent sur fond d’or et avec des cloisons également en or, ils n’ont pu qu’en très-petit nombre échapper au creuset de i’orfévre, lorsque les caprices de la mode ont fait abandonner l’émaillerie. Du reste, ils étaient presque toujours exécutés en petites pièces destinées à être fixées sur des objets de plus grandes dimensions, tels que vases et vêtements sacrés, couvertures de livres, parties du costume civil, armes et armures, articles de bijouterie et d’orfèvrerie, etc., à l’ornementation desquels ils contribuaient concurremment avec les pierres fines. Le musée du Louvre en possède plusieurs ; nous citerons surtout les vingt-deux que porte une boîte du xie siècle. Quatre, qui sont de forme rectangulaire, représentent les symboles des quatre évangélistes ; tous les autres, les uns triangulaires curvilignes, les autres circulaires ou rectangulaires, n’offrent que des motifs et ornements. La même collection renferme un autre spécimen d’émaillerie cloisonnée, qui est à peu près de la même époque que la précédente : c’est une bande d’ornements qui a fait partie d’un reliquaire de travail allemand. À la Bibliothèque impériale, outre un petit médaillon contenant un buste du Christ, on voit des émaux cloisonnés sur la panse du calice dit de saint Hemi, que l’on rapporte au xno siècle, et sur la couverture de deux évangéliaires écrits, l’un au ix." siècle et l’autre au ixe ou au XC siècle, mais tous deux reliés dans le xie siècle.

Hors de France, les principaux objets sur lesquels ou remarque des ornements émaillés par le système du cloisonnage mobile sont les suivants. En Angleterre, il existe un petit médaillon du xie siècle, trouvé en 1840 dans Thames-Street, à Londres, et qui appartient a un amateur du nom de Smith, et une croix du xne siècle, -qui, après avoir longtemps figuré dans la collection de notre compatriote Debruge-Dumesnil, est devenue la propriété de M. A.-J. Beresford-Hope. En Belgique, on voit une croix, aussi du xn° siècle, qui provient de l’ancienne abbaye d’Ognies, et se trouve actuellement chez les religieuses de Notre-Dame, à Namur. En Sutnche, le trésor impérial de Vienne possède une épée que l’on suppose avoir appartenu à saint Maurice, et dont les émaux sont du xiii° siècle-, la couronne, l’épée et les gants de Charlemagne, qui ont été enjolivés d’ornements émaillés dans le courant du xue siècle. En Danemark, au musée royal de Copenhague, on montre une croix du xme siècle, trouvée dans le tombeau de la reine Dagmar. Dans diverses parties de l’Allemagne, on peut voir : la châsse de Notre-Dame, du xiie siècle, que l’on conserve à Aix-la-Chapelle ; la châsse des trois rois, à Cologne, qui est également du xne siècle ; la couverture d’un évangéliaire du xi» siècle, et une boite renfermant un autre évangéliaire du siècle suivant ; tous deux à la bibliothèque royale de Munich. Enfin l’Italie possède le devant d’autel, dit la Palla d’oro, de l’église Saint-Marc, à Venise, qui date du xic siècle.

Quelques archéologues placent, parmi les émaux cloisonnés, l’épée et les abeilles trouvées en 1653 dans un tombeau mérovingien, près de Tournay, ainsi qu’un petit plateau provenant de ce qu’on appelle le trésor de Gourdon, et-quelques autres menus objets (une agrafe ou bouton, une plaque de manteau) ; mais, dit le comte de Laborde, l’émail n’a joué aucun rôle dans l’exécution de ces produits, qui sont tout simplement ornés de verres colorés, sertis dans de l’argent et placés sur des morceaux d’étoffe de soie en guise de paillon.

Si maintenant nous nous demandons qui a créé les émaux à cloisons mobiles, le savant écrivain que nous avons déjà mis à contribution nous aidera à résoudre cette question. On sait a quel degré de perfection les verriers de l’antiquité avaient porté leur art,

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dans quelles voies ingénieuses ils l’avaient dirigé. Or, parmi les chefs-d’œuvre qu’ils nous ont transmis, il s’en trouve plusieurs dans lesquels des dessins sont formés par du verre de couleur encadré dans un léger filigrane d’or, et appliqué, au moment de sa fusion, dans une pâte de verre d’une nuance différente. Nous citerons, entre autres, une feuille de vigne d’un beau vert, entourée d’un filet d’or qui vient s’enfoncer dans un verre bleu avec lequel elle fait corps. « Les difficultés des travaux de ce genre en réduisaient l’application à de si petites dimensions, dit M. de Laborde, qu’on dut chercher le moyen d’en étendre 1 emploi, et les mosaïques en cubes de verre de toutes nuances, fixés sur un fond solide, conduisaient à l’idée de disposer des cloisons avec les linéaments du dessin, et de remplir les petites cuves qu’ils formaient avec ces mêmes cubes de verre, mais pulvérisés cette fois et de nouveau mis en fusion par la chaleur de la moufle ou du four. Les artistes du Bas-Empire avaient sous les yeux les plus belles mosaïques rie l’antiquité ; ils cherchaient à flatter les goûts d’une société qui avait poussé jusqu’à 1 abus le luxe de l’orfèvrerie et des pierres précieuses. Il est donc naturel de leur supposer l’ambition d’associer à ces belles matières les émaux, leurs rivaux en éclat, pour varier la décoration des ornements sacrés, des bijoux de toilette et, de tous les objets de luxe. « On ne connaît pas l’époque précise où cette innovation commença, mais ce dut être, au plus tard, au commencement du vie siècle, car les descriptions de l’autel principal de Sainte-Sophie, après la reconstruction de cette église sous Justinien, ne peuvent se comprendre qu’en admettant l’emploi général des émaux cloisonnés. Quoi qu’il en soit, les textes nous apprennent que l’Italie rivalisa bientôt de luxe avec la cour de Byzanee, et elle associa aux pierreries les émaux à cloisonnage mobile. Dans le principe, elle les tira de la capitale grecque. Nous avons la preuve de ce fait dans l’histoire de la Palla d’oro, dont l’exécution fut demandée par le doge Pierre Orseolo Ier aux plus habiles artistes de cette ville. Par la suite, probablement à la fin du Xe siècle ou dans les premières années du xi» siècle, des émailleurs byzantins vinrent s’établir dans plusieurs parties de l’Italie et y apportèrent leur art. Rome, Venise et Florence produisirent alors une masse énorme de pièces émaillées, dont l’usage, d’abord restreint à la Péninsule, pénétra ensuite en France et en Allemagne, et qui, malgré leur origine occidentale, conservèrent toujours un air oriental des plus prononcés, ainsi que le montre d’ailleurs l’examen de toutes celles qui sont parvenues jusqu’à nous. Toutes ces pièces, en effet, même lorsqu’elles portent des inscriptions latines, ou qu’elles trahissent, par l’incorrection des inscriptions grecques, une main italienne, française ou allemande, ont le caractère et le cachet byzantin. On admet généralement que les émaux cloisonnés cessèrent d’être fabriqués vers le milieu du xih« siècle, époque à laquelle ils cédèrent la place aux émaux dits de basse taille, qui en étaient un magnifique perfectionnement.

CLOISONNEMENT s. m. (kloi-zo-ne-man

— rad. cloisonner). Action de faire une cloison ; ouvrage de cloison, il On dit plus ordinairement cloisonnage.

— Bot. et conchyl. État d’un fruit cloisonné, d’une coquille cloisonnée : Chacune des loges provenues de ce cloisonnement grandit, s’arrondit sur ses faces libres. (Encycl.)

CLOISONNNER v. a. ou tr. (kloi-zo-né). Séparer par des cloisons : Cloisonner une grande salle pour en faire des chambres.


CLOÎTRE s. m. (kloî-tre — du lat. claustrum, barrière ; de claudo, je ferme, verbe qui se rattache à la racine sanscrite klu, fermer, cacher, couvrir, d’où tout un groupe européen des noms de la serrure et de la clef. V. clef). Partie d’un monastère ou attenance d’une église, formée de galeries couvertes, entourant une cour ou un jardin : Se promener sous le cloître. Faire une procession autour du cloître. Les solitaires qui peuplèrent les déserts de la Thébaïde introduisirent dans les églises, dans les monastères et jusque dans les palais, ces portiques dégénérés appelés cloîtres, où respire le génie de l’Orient. (Chateaub.)

— Par ext. Monastère : S’enfermer dans un cloître. La perfection n’est pas de se jeter dans un cloître. (Boss.) Si j’avais à trouver le plus heureux ou le plus malheureux des hommes, j’irais le chercher dans un cloître. (L’abbé Trublet.) Trois causes générales peuplèrent les cloîtres : la religion, la philosophie et le malheur. (Chateaub.) Il y a peu de distractions au cloître. (Alex. Dum.) Le cloître est le dernier refuge des chrétiens. (Balz.) Il y a moins de courage à s’enfermer dans un cloître qu’à vivre dans la foule, quand on ne partage plus ni ses joies ni ses illusions. (Laboulaye.) Un cloître est fort bien situé auprès d’une église. (Th. Gaut.)

La piété cherche les déserts et les cloîtres.
                            Boileau.

Au cloître on souffre pour jouir.
                            V. Hugo.

Dans l’abîme d’un cloître à jamais descendue,
J’ai supplié le ciel d’abréger mes instants.
                            Millevoye.