Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 1, Chemin-Cil.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHIE

CniEBlCATO (Jean-Marie), théologien italien né à Padoue en 1633, mort en 1717. Il a laissé, entre autres ouvrages, : Decisiones sacramentelles (1757, 3 vol. in-fol.).

CHIERS, rivière qui prend sa source àMézenci, village du Luxembourg belge, à 7 kilom. de la frontière de France, entre dans le département de la Moselle, passe à Longwy, Longuyon, où elle reçoit la Crusne, pénètre dans le département de la Meuse, y baigne Verneuil et Montmédy, près duquel elle reçoit à gauche l’Ohain. Se dirigeant de là vers le N.-O., elle entre dans le département des Ardennes, passe à La Ferté, à Carignan, à Donzy, et se jette dans la Meuse à 7 kilom. sn amont de Sedan, après un cours de 112 kilom., navigable seulement sur une étendue ie 10 kilom.

CHIERTÉ s. f. (chièr-té). Forme ancienne du mot CHRRTÉ.

CIUESA (della), famille ptémontaise, dont les principaux membres sont les suivants :-Ludovico della Chicsa, né à Saluées en 156S, mort vers 1620, fut conseiller d’État de Charles-Emmanuel Ier. Il a publié : Compendio déliestoriediPiemonte(Turin, l60i, in-4o) ; De vita et gestis marchionum Salucensium (1604). — Son neveu, Francesco - Agostino della Chiesa, né à Saluées en 1593, fut évêque de cette ville et historiographe de Victor-Amédée. On a de lui, entre autres ouvrages : Teatro délie donne letterate (Mondovi, 1620, in-S°) ; /Histoire chronologique des prélats nés dans les États souverains du Piémont (Turin, 1645).

CHIESE, en latin Clusius, rivière d’Italie, prend sa source dans les montagnes du Tyrol, au versant méridional du mont Adamelle, arrose le val Bona, dépendance du Tyrol autrichien, entre dans le royaume d’Italie, traverse le lac d’Idro, baigne le val Sabbia, arrose la province de Brescia, en passant par Montechiari, Asola, et, après un cours de’i30 kilom. du N. au S., se jette dans l’Oglio à 4 kilom. S.-E. de Canneto. La Chiese, très-poissonneuse, au cours rapide et embarrassé de rochers, a une profondeur moyenne de m. 50, et 30 mètres de largeur. Pendant la guerre de la délivrance de l’Italie, l’armée Française campait entre la Chiese et le Mincio, poussant devant elle les Autrichiens qui semblaient vouloir s’enfermer dans leur quadrilatère, lorsque, dans la nuit du 23 au 24 juin 1859, 1 empereur d’Autriche, faisant faire à ses troupes un mouvement rétrograde, repassa le Mincio, attaqua l’armée française pour la rejeter au delà de la Chiese, et se fit battre à Solferino.

CH1ETI, ville du royaume d’Italie, ch.-l. de la province de l’Abruzze Citérieure, à 160 kilom. N. de Naplos, près de la Peseara ; 14,000’hab. Place forte de quatrième ordre ; archevêché, cour de justice supérieure et tribunal civil ; collège royal, séminaire théologique ; société d’agriculture, des arts et du commerce. Fabriques de lainages et de soieries ; commerce important de draps, vins, avoines, huiles, ânes et mulets. Cette ville, située sur | le penchant d’une colline qui domine la Peseara, est bien bâtie et ornée d’édifices somptueux ; nous citerons seulement sa cathédrale, construction d’une architecture très-vantée, un beau théâtre et quelques ruines d’amphithéâtres et de temples romains.

L’origine de Chieti se perd dans la nuit des temps : après avoir été soumise aux Grecs pendant plusieurs siècles, cette ville tomba sous la domination des Romains, qui l’appelèrent Teate Marrucinorum. À la chute de l’empire romain, elle passa au pouvoir des Goths et des Lombards. Ces derniers ayant été défaits par les Francs, Pépin assiégea Chieti, s’en empara et la livra aux flammes. Les Normands la réédifièrent plus tard, et ce fut dès lors qu’elle jouit d’un état florissant. Clément VII l’érigea en archevêché. On assure que l’ordre des théatins, fondé par saint Gaétan, a tiré sa dénomination du nom latin (Teate) de Chieti. Cette ville fut la patrie de Pollion, rival de Cicéron, des historiens Toppi et Jérôme Nicolini, du peintre Antoine Solaro.

CHIECR, EUSE adj. (chi-eur, eu-ze — rad. chier). Personne qui chie ; personne qui chie souvent. Mot très-grossier.

CHIÉVETAIN s. m. (ehié-ve-tain). Forme ancienne du mot capitaine.

CHIEVITZ (Paul), littérateur danois, né en 1817, mort en 1854. Il fut employé pendant plusieurs années dans une maison de commerce ; mais cette occupation n’allant point à ses goûts, il y renonça dès qu’il eut trouvé d’autres moyens d’existence. Sentant l’insuffisance de son instruction, il y suppléa par la lecture, surtout des ouvrages français, dont il se pénétra profondément, et embrassa la carrière littéraire. Ses principaux et ses meilleurs ouvrages sont des romans. Les sujets dont il a fait choix sont assez vulgaires, et ses récits choquent la morale : mais ils sont pleins de vivacité et de naturel, et singulièrement amusants. Chievitz a écrit aussi de petites comédies et des vaudevilles, ces derniers en collaboration avec Adolphe Recke. On y trouve une action bien conduite, un dialogue facile et des airs heureusement choisis.

CHIÈVRE s. f. (chiè-vre). Forme ancienne

du mot CHEVKE.

Cliiùviciuuut (château de). Ce château

CHIE

belge, fameux dans l’histoire du moyen âge, fut bâti sur dos rochers inaccessibles par Dagobert II, roi de France, selon quelques auteurs, ou, selon d’autres, par Clovis II ; mais aucune preuve n’appuie ces deux opinions. Toutefois, il est certain qu’il fut édifié soiîs les rois de la première race. Au xe siècle, il devint le domaine féodal d’un seigneur du nom d’Idriel, qui désolait la contrée, sûr de trouver un abri inaccessible duns sa forteresse, et qui avait, disent les chroniques, pris cette devise : Ennemi de tous, ami de Dieu seul. L’évêque de Liège, Notger, méditait depuis longtemps le projet de s’emparer de Cbièvremont par surprise ; un baptême qui eut lieu au château lui en fournit l’occasion. L’évêque s’y rendit avec une suite de gens qui cachaient des armes sous leurs habits sacerdotaux, et, au moment où tous étaient rassemblés dans l’église, il s’écria : « Au nom du Dieu vivant, dont vous voyez l’image en mes mains, au nom du chef vénérable de l’Église, au nom de l’empereur, au nom de l’Église de Liège, moi, Notger, je prends possession du château de Chièvremont. » Aussitôt ses hommes tirèrent leurs armes et mirent à mort tous ceux qui tentèrent de faire résistance. Idriel et sa fille, avec son enfant, se précipitèrent eux-mêmes du haut des ^murailles.

Ce château eut à subir plusieurs sièges, et finit par s’écrouler. Cependant une chapelle, qu’on désigne encore sous le nom de chapelle du château de Chièvremont, exista longtemps à la place où s’élevait jadis ie sombre manoir, c’est-à-dire à i kilom. de Chaudfontaine.

CHIÈVRES (Cervia), ville de Belgique, province de Hainaut, ch.-l. de cant., arrond. et à 16 kilom. N.-O. de Mons, sur le Hunel, et près de son embouchure dans la Dendre ; 3,500 hab. Fabriques de toiles, brasseries, poteries, raffineries de sel ; commerce de chevaux, de grains et d’huiles de graines. Église fort ancienne, avec de beaux mausolées. Détruit par un incendie en 1391, Ohièvres fut reconstruit et repeuplé, grâce aux secours et aux franchises que lui accorda le duc Albert, gouverneur du Hainaut.

CH1EVHES (Guillaume de Crot, seigneur de), gouverneur, puis ministre de Charles-Quint, né en 1458, d’une maison ancienne originaire, de Picardie, mort en 1521. Il avait tait les guerres d’Italie sous Charles VIII et Louis XII. L’archiduc Philippe le Beau le nomma, vers 1506, gouverneur du Hainaut autrichien, puis tuteur du jeune Charles d’Autriche (depuis Charles-Quint), qui le nomma Sremier ministre à son avènement. Détesté es Espagnols, d’abord comme étranger, en-Suite pour son avidité insatiable, il provoqua l’insurrection de Valladolid (1520), dont Charles triompha.par sa fermeté, suivit ce prince en Allemagne lorsqu’il alla prendre possession de la dignité impériale et mourut peu après à Worms. Varillas a écrit sa vie.

CHIFFA (la), rivière d’Algérie, province d’Alger, prend sa source dans le petit Atlas, sur les pentes abruptes du mont Mouzaïa, roule ses ondes impétueuses dans des gorges sauvages, profondes et de l’aspect le plus pittoresque, reçoit l’Oued-el-Kébir, traverse paisiblement la plaine de la Mitidjah, puis, grossie de l’Oued-Jer, prend le nom de Mazafron, sous lequel elle se jette dans la Méditerranée, à 8 kilom. S.-O. de Sidi-Feroudj, La Chiffa fertilise les environs de Blidah, les territoires des villages de Montpensier, de Joinville et de plusieurs autres, qui chaque jour s’élèvent sur ses bords. Il Cette rivière a donné son nom à un village, fondé à 8 kilom. S.-O. de Blidah, par arrêté du 22 décembre 1846.

CHIFFARDE s. f. (chi-far-de). Argot. Pipe : Bourrer, allumer sa chiffarujs. Il Assignation, mandat de comparution devant les magistrats.

CHIFFE s. f. (chi-fe — du rouchi chife, coupures. Grandgagnage demande si chiffe ne se rapporterait pas au vallon cafu, objet sans valeur, qu’il rattache à ccif, balle de blé, dans le dialecte d’Aix-la-Chapelle, bas écossais cauf, anglais chaff, même sens. Diez rapporte cette opinion sans se prononcer. Gémn voit dans chiffe une forme de chippe, ce qui paraît très-plausible à M. Littré, qui dès lors le rattache à chipper, anglais to chip, couper par morceaux, de sorte que la chiffe serait de la rognure. On a parlé aussi de l’arabe sephen, pelure, ce qu’on balaye ; mais on ne voit pas comment ce mot arabe serait entré dans le français). Vieux morceaux de linge ou d’étoffe employés à la fabrication du papier. Il On dit plus ordinairement chiffon.

— Par dénigr. Etoffe de qualité inférieure : C’est de la chiffe, cette étoffe-là.

— Pop. Être mou comme une chiffe, Être complètement dépourvu d’énergie : On n’a jamais vu de client pareil, dit le clerc indigné ;

VOUS ÊTES MOU COMME UNE CHIFFE. (Baiz.)

CHIFFERTON s. m. (chi-fèr-ton — rad. chiffe). Argot. Chiffonnier. Il On dit aussi chif-

FRETON.

CHIFFLET s. m. (chi-flè). Forme ancienne

du mot SIFFLET.

CHIFFLET, famille de la Franche-Comté, qui a produit un grand nombre de littérateurs et d’érudits, dont les plus connus sont les suivants :

CHIFFLET (Claude), jurisconsulte, né à Besançon en 1541, mort en 1580 à Dole, où il

CHIE

f professait le droit. Il a laissé des traités estimés, réimprimés dans les collections allemandes. On cite surtout : De antiquo numismate liber posthumus, traité des monnaies anciennes ; De Ammiani Marcellini vita et libris (Louvain, 1627).

CHIFFLET (Jean), médecin, frère du précédent, né à Besançon vers 1550, mort vers 1610. Son fils a publié le recueil de ses observations sous le titre de : Singulares ex curationibus et cadaverum sectionibus observationes (Paris, 1612). C’est un livre curieux, malheureusement mêlé de rêveries astrologiques.

CHIFFLET (Jean-Jacques), médecin, fils du précédent, né à Besançon en 1588, mort en 1660. Il fut médecin de l’archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie, gouvernante du comté de Bourgogne, et des Pays-Bas, et du roi d’Espagne Philippe IV, qui le chargea d’écrire l’histoire de la Toison d’or. Il n’en publia qu’un essai curieux sous le titre de : Blason des ar~ moiries des chevaliers de l’ordre de la Toison d’or (Anvers, 1632). On a encore de lui des écrits contre la France et en faveur de la maison d’Autriche et de l’Espagne. Plusieurs ont eu un grand retentissement, notamment Yindiciœ hispanicœ (Anvers, 1643). La plupart ont été réunis sous le titre d’Opéra politica et historica (Anvers, 1652). On estime encore son histoire de Besançon : Vesuntio, civitas impérialis, etc. (Lyon, 1618).

CHIFFLET (ffierre-François), théologien et antiquaire, frère du précédent, né à Besançon en 1592, mort à Paris en 1682. Il entra à dix-sept ans dans l’ordre des jésuites, professa la philosophie, la langue hébraïque et la théologie dans les collèges de la compagnie, et fut appelé à Paris par Colbert, qui lui donna la garde du cabinet des médailles du roi. On a de lui des dissertations estimées sur divers sujets d’érudition et d’antiquité.

CHIFFLET (Philippe), antiquaire et théologien, frère des précédents, né à Besançon en 1597, mort vers 1663. Il fut chanoine de Besançon et grand vicaire de l’archevêque de cette ville. On a de lui, entre autres ouvrages, des notes très-estimées sur le concile de Trente : Concilii Tridentini canones et décréta (Anvers, 1640), souvent réimprimées.

CHIFFLET (Laurent), jésuite, grammairien, frère des précédents, né à Besançon en 1598, mort à Anvers en 1658. Il se fit une réputation comme prédicateur, composa des ouvrages ascétiques, des travaux de grammaire utiles en leur temps, et contribua à la révision du Dictionnaire de Calepin, en huit langues.

CHIFFLET (Jules), historien, fils aîné de Jean-Jacques, né à Besançon vers 1610, mort vers 1676. Il fut chanoine à Besançon, puis chancelier de l’ordre de la Toison d’or. On a de lui une relation latine du siège de Saint-Omer par les Français en 1638 ; un Traité de la maison de liye (1644) ; une histoire de la Sainte-Chapelle des ducs de Flandre : Aula sacra principum Belgii (1650) ; une histoire de la Toison d’or : Breviarium ordinis Velleris aurei (1652), etc.

CHIFFLET (Jean), antiquaire, frère du précédent, né à Besançon vers 1612, mort à Tournay en 1666. Il a écrit un grand nombre de dissertations sur divers sujets d’histoire et d’archéologie. La plus curieuse est celle dans laquelle l’auteur réfute l’histoire de la prétendue papesse Jeanne : Juditium de fabula Johannœ papissa ? (Anvers, 1666).

CHIFFLET (Étienne-Joseph-François-Xavier), jurisconsulte, né à Besançon en 1717, mort en 1782. Il fut successivement président du parlement de sa ville natale (1771) et de celui de Metz (1775). Il a laissé des dissertations et des mémoires publiés dans le recueil de l’Académie de Besançon.

CHIFFLET (Marie - Bénigne-Ferréol -Xavier), homme politique, fils du précédent, né à Besançon en 1760, mort en 1835. Conseiller au parlement de Besançon, il émigra en 1791, porta les armes contre la France, rentra sous l’Empire et devint, en 1811, président à la cour impériale de Besançon. Député sous la Restauration, il soutint la politique ultraroyaliste" et fut nommé pair de France en 1825. À la révolution de Juillet, il rentra dans la vie privée.

CHIFFLEUR adj. (chi-fleur). Se disait au xvii» siècle pour sifflecr, dans les campagnes et parmi le peuple de Paris.

CHIFFON s. m. (chi-fon — rad. chiffe). Lambeau de vieux linge ou d’une étoffe quelconque : Tas de chiffons. Bamasser des chiffons. Brûler des chiffons. Le chiffon ne pourra bientôt plus suffire à la fabrication du. papier. Les chiffons de laine, que l’on peut se procurer partout à un prix modéré, forment un engrais puissant. (Math, de Dombasle.), .. L’aveugle Fortune a, d’un tour de sa roue, Élevé bien des gens qui, vautrés dans la boue, Ont fait pis, en plein jour, qu’amasser des chiffons.

VIENNET.

— Par dénigr. Pièce de linge ou d’étoffe servant a la parure : Une femme trouvera toujours charmant te plus misérable chiffon, si le genre suprême est de porter ce chiffon. (Th. Gaut.) Perdait-on un chiffon, avaiton un amant. Un mari vivant trop au gré de son épouse, Une mère fâcheuse, une femme jalouse, Chez la devineuse on courait.

La Fontaine.

— Par ext. Petit morceau de papier : Excusez le chiffon sur lequel je vous écris. (P.-L. Courier.) N’auries-vous pas aperçu par là un petit chiffon de papier ? (F. Soulié.) Il Manuscrit sans valeur : Tout mon temps à GrandVal s’en va à blanchir les chiffons des autres. (Dider.)

— Fam. Terme d’amitié que l’on adresse à des enfants mignons et éveillés : Viens ici, mon petit chiffon. || Mot injurieux que l’on applique à une personne, surtout à une femme malpropre, qui se tient mal : Oh ! le sale CEif- fon que tu es !

— Pop. Chiffon de pain, Petit morceau de pain : Les soldats de garde, à la vue de mon uniforme, m’offrirent un chiffon de pain de munition. (Chateaub.) Tout goulu qu’il est, Sancho partage avec son âne son dernier chiffon de pain. (J. Janin.)

— Argot. Chiffon rouge, Langue. !i Balancer le chiffon rouge, Parler.

— Techn. Chiffons en garenne, Ceux qui arrivent en fabrique sanS/être triés, les diverses qualités étant mêlées.

— Encycl. Techn. Les chiffons, vieux morceaux d’étoffe, de toile, de coton, de laine ou de soie, sont l’objet d’un commerce très-considérable. Autrefois, on n’utilisait guère que les chiffonslie toile ou de coton pour la fabrication du papier : les chiffons de laine n’étaient employés que comme engrais, principalement pour tumer les terres ou l’on cultive le houblon. L’industrie moderne a su tirer de ces derniers mêmes un parti avantageux : à l’aide de machines spéciales, on les effiloche et on en fabrique des tissus feutrés que l’on emploie pour faire des gants ou des étoffes grossières. On paye les chiffons de laine de 28 à 30 fr. les 100 kilog. Les chiffons de soie sont encore presque sans aucun usage ; ils ne se vendent que 6 à 7 fr. les 100 kilogr. Ce sont les chiffons de chanvre, de fin et de coton qui sont de beaucoup les plus précieux, à cause de l’immense emploi qu’en font les nations civilisées pour la fabrication du papier. Pendant longtemps, l’exportation des chiffons a été interdite, en France, en Espagne et en Portugal. Les chiffons qui servent à la fabrication du papier sont soumis à différentes opérations avant d’arriver aux piles qui les défilent et les raffinent successivement.

Le triage consiste à séparer les chiffons blancs de ceux qui sont gris, écrus ou colorés ; les blancs se divisent eux-mêmes en blancs, demi-blancs de toile et de coton ; ceux de laine et de soie sont réservés pour le papier gris.

Le délissage se fait en coupant les parties les plus dures, telles que les ourlets, les boutons, etc., ainsi que les morceaux qui présentent une surface trop grande, au moyen d’une lame de faux plantée dans un établi devant chaque ouvrière occupée au triage.

Le blutage consiste à débarrasser les chiffons triés et délissés des matières terreuses qui y sont adhérentes, en les faisant passer dans un blutoir dont 1 arbre est armé de palettes placées en hélice, et animé d’une vitesse de 15 a 20 tours par minute.

Le coupage a pour but de diviser mécaniquement les chiffons, afin de les préparer à subir l’action des piles. On y emploie de petites machines composées d’un cylindre armé de couteaux qui, dans leur mouvement de rotation, viennent frotter contre le bord anguleux d’une table distributrice.

Le lessivage est la première opération du blanchiment. Les matières que l’on emploie pour lessiver les chiffons sont le sel de soude, les cristaux de soude, la potasse et la chaux. Un grand nombre de fabricants emploient la chaux seule ; d’autres la mêlent avec du sel de soude, des cristaux de soude ou de la potasse, pour rendre la lessive caustique. Le • lessivage donne de moins bons résultats par le premier procédé que par le second, surtout quand on se sert d’appareils fixes et dans lesquels les chiffons ne sont pas agités. La lessive doit être plus ou moins forte et être appliquée plus.ou moins longtemps, selon la qualité des chiffons sur lesquels on opère ; lorsque ceux-ci sont très-gros, il est préférable de faire le lessivage en deux fois, afin de se débarrasser, au bout de trois ou quatre heures, de la lessive déjà très-brune, et de la remplacer par une nouvelle. La tension de vapeur à laquelle on lessive généralement correspond à une atmosphère ; mais, pour les chiffons grossiers, les toiles d’emballage, on peut la porter à 3 atmosphères ; dans ces conditions, le lessivage produit plus d’effet, les ordures sont mieux dissoutes, sans cependant que le nerf des chiffons soit altéré. Le lessivage s’opère dans des cuviers à circulation continue ou intermittente, dans lesquels on jette les chiffons primitivement humectés avec de l’eau tiède ; 1 opération dure de quatre à six heures.

Le rinçage se fait dans les mêmes appareils, après qu’on a soutira la lessive, et que celle-ci a été remplacée par de l’eau. On se sert, dans les grands établissements, de chaudières verticales en métal, de forme elliptique, chauffées à feu direct ou à la vapeur ; dans ces derniers temps, on a employé avec avantage des chaudières rotatives, dont l’intérieur est armé de bras pour secouer et frotter les chiffons pendant tout le temps que dure cette opération. Quand ils ont été lessivés et rincés, les chiffons sont mis à «goutter dans une caisse, puis