Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 4, Chao-Chemin.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAR

véaïents, que Mme Dacier s’est attachée à faire ressortir. « Je ne comprends pas, ditelle, comment les Grecs, qui étaient si sages, se soot servis longtemps de chars au lieu de cavalerie, et comment ils n’ont pas vu les grands inconvénients qui en résultaient. Je ne parle point de la difficulté de manier un char, bien plus grande que celle de manier un cheval, ni du terrain que les chars occupaient ; je dis seulement qu’il y avait deux, hommes sur chaque char ; ces deux hommes étaient des gens considérables, et tous deux propres ou combat ; il n’y.en avait pourtant qu’un qui combattait, l’autre n’était occupé qu’à conduire les chevaux. De deux hommes, en voilà donc un en pure perte. De plus, il y avait des chars non-seulement à deux, mais à trois et à quatre chevaux pour un seul homme de guerre ; autre perte qui méritait quelque attention. Il me semble qu’on ne voit la cavalerie proprement dite distinguée des chars que vers le temps de Samuel et de Saûl, cent vingt ans après le siège de Troie. Ce qu’il y a encore de plus étonnant, c’est qu’après que l’expérience eut fait connaître l’avantage de la cavalerie proprement dite, on ne la substitua pas entièrement à l’usage des chars de guerre, p Ce fut Cyrus, qui, le premier, frappé des désavantages de 1 emploi des chars, en changea la forme et doubla le nombre des combattants, en mettant le conducteur en état de pouvoir prendre part à l’action. Il imagina aussi d’y adapter des faux, ce qui rendait le passage d’un char au milieu d’une cohorte excessivement meurtrier, mais devait singulièrement gêner la manœuvre. Il avait remarqué aussi que les roues se brisaient facilement, et il les lit faire plus fortes. Il allongea les essieux de façon à leur donner plus d’assiette. C’était à chaque bout de l’essieu que se trouvaient les faux horizontales et fixes, tandis que, au-dessous, d’autres étaient disposées la pointe contre terre. Plus tard, on ajouta encore au char un nouvel engin de destruction mieux entendu : ce furent deux longues pointes fixées à l’extrémité du timon pour percer tout ce qui se présentait de face. Enfin on munit le derrière du char de lames tranchantes et aiguës, pour empêcher qu’on y pût monter. Après avoir imaginé tout ce qu’il était possible pour rendre le char offensif, on chercha le moyen de se saisir de ceux que l’ennemi armait de la même manière ; on le trouva ; ce qui fit qu’après avoir constaté l’inutilité des chars armés on finit par renoncer complètement à leur emploi dans les combats.

Mais si le char disparut du champ de bataille, il continua à être en grand honneur dans la vie civile des Grecs, C’était, selon eux, un grand mérite chez un homme que celui de posséder l’art de bien conduire un char. Il y avait, pour ceux qui se distinguaient dans ces exercices, de grands honneurs et des prix vivement disputés dans les jeux Olympiques et dans la plupart des cérémonies accompagnées de jeux publics.

Ces courses de char passèrent d’Olympie à Rome. Les chars couverts, dont se servaient les ilamines chez les Romains, ne différaient des autres que par la capote placée au-dessus. Quant aux chars qui paraissaient dans les spectacles du cirque, ils étaient très-légers, ouverts par derrière, le devant relevé en demi-cercle presque jusqu’à hauteur d’appui. Quatre chevaux vigoureux, attelés de front à un de ces chars, l’entraînaient avec une rapidité merveilleuse, qui n’était pas exempte de dangers ; car, comme le mouvement des roues était très-rapide, en tournant, pour peu qu’on manquât à prendre le tour au bout de la carrière, le char heurtait la borne et volait en éclats. On se rappelle l’ode d’Horace, A Mécène, dont les premiers vers constatent en quel honneur étaient, au commencement du siècle d’Auguste, les courses de char,

Sunt quos curriculo pulverem Olympicum

Colleyissc juvat, metaque fervidis

Evitala relis, imlmaque nobilis

Temnim dominos evehit ad deos.

On se servait également du char dans les triomphes, et cet usage fut introduit par Tarquin 1 Ancien, d’autres disent par Romulus. Ce char était doré et de forme ronde ; le triomphateur tenait lui-même les rênes des chevaux.

Les Romains avaient seize ou dix-sept espèces de chars, qui avaient chacune une dénomination particulière et une différence marquée ; c’étaient : le char simple ou carrus ; le char à deux chevaux, nommé bitja ; le quadrige ou char à quatre chevaux ; le petorilum, char à quatre roues ; le carpentum ou char léger ; la rheda, qui était une variété du carpentum, tous deux à quatre roues ; le çisium, le biroium et le synoris, qui formaient trois espèces différentes de petits chars à deux roues ; le carruca, grand char en usage à la campagne ; le sarracum, char solide, grossièrement établi, pour le transport des fardeaux pesants ; le plaustrum, char dont on se servait aux champs ; 'arcimar petit char ; Vepichedium et Yarcera, chars couverts ; lecovinus, char emprunté aux Celtes et qu’on munissait de faux, quand il était employé pour la guerre ; le theusa, char plat sur lequel on portait les statues des dieux, et le cantherium ou cantherinum, char de forme particulière consacré à Dacchus. Aucun de ces chars n’était suspendu. Sous les consuls, les chais dont on Se servait, soit pour le triomphe, soit pour les grandes cérémonies, étaient dorés ; sous les empereurs, ils étaient d’ivoire ou même d’or. On les arrosait

CHAR

de sang pour leur donner un aspect martial. Quelques guerriers les ornaient des dépouilles des vaincus, et quelquefois même de leurs têtes. Ce fut ainsi que Turnus attacha à son char les têtes d’Amicus et de Diorès, ses deux frères.

On donna aussi le nom de char à de grandes voitures très-longues, montées sur quatre et six roues, couvertes de peintures allégoriques, ornées de feuillage et de trophées, quelquefois remplies de personnages, et qu’on promenait dans certaines fêtes publiques. Cet usage s’introduisit en Gaule, où il s’est maintenu jusqu’à nos jours, particulièrement dans les provinces du Nord, où ce cAar n’a pas cessé d’être le principal accessoire des fêtes populaires. Dès le xinc siècle, on voit figurer dans les processions de Cambrai un appareil de chars qui avaient tous une signification particulière. Le premier était un char de triomphe, représentant l’Assomption. Un immense manteau bleu couvrait les épaules d’une jeune fille assise sur un trône, et soutenue par de grands anges peints ; sur le devant de ce char, on voyait le tombeau de la Vierge et les douze apôtres. Les autres chars représentaient quelques-uns des plus beaux laits racontés dans 1 Écriture. M. Henri Berthoud, dans un travail spécial, relatant les détails d’une de ces processions qui eut lieu à Cambrai en 1833, nous apprend que la marche se composait de quatre grands et de trois petits chars symboliques. Le premier portait comme symbole la hache franque, le cheval gaulois et l’aigle romaine, emblèmes des trois peuples qui, après l’invasion romaine, se réunirent pour n’en former qu’un seul. Le second contenait, comme symbole de la seconde époque, l’oriflamme de Charlemagne ; le troisième montrait le retour des croisés ; le quatrième symbolisait la Bulle d’or ; le cinquième représentait le siège de Cambrai en 1581 ; le sixième la réunion définitive de Cambrai à la France en 1077 ; enfin, sur le dernier char, des jeunes tilles chantaient des strophes nationales. C’est également en Flandre que les chars forment, dans ces sortes de cavalcades historiques, ce qu’on appelle la roue de fortune, train de chars sur lequel se trouve une plate-forme mobile et inclinée, portant des mannequins costumés. Le mouvement de rotation imprimé aux chars par les chevaux communique un second mouvement à la plate-forme qui, posée obliquement, présente les personnages, tantôt en haut, tantôt en bas, pour marquer l’inconstanee et la mobilité des caprices de la fortune, dont la statue est fixée debout au centre de la plate-forme. Quelquefois, quatre chars de triomphe étaient promenés dans les rues de la ville, et toujours ils représentaient des emblèmes philosophiques ou religieux.

L’emploi du char fut d’ailleurs très-commun en France sous les rois de la première et de la seconde race. Il était alors attelé de bœufs, tandis que dans l’antiquité les monuments grecs ou romains nous ont légué la figure de chars traînés par des chevaux, des mules, des éléphants, des panthères, des lions, etc. Il va sans dire que ces derniers attelages sont de pures fantaisies dues à l’imagination des artistes et des mythologues.

Les chars qu’on voit figurer à notre époque dans les cavalcades historiques, les cortèges de fêtes, sont généralement d’assez piètres équipages. Depuis quelques années toutefois, le char du cortège du bœuf gras, qui ne fut pendant des siècles qu’une sorte de tombereau couvert de toiles peintes et surmonté d’un pavillon sous lequel se tenait un Amour transi, est devenu un char allégorique. Au carnaval de 1852 apparurent plusieurs chars d’une forme nouvelle à Paris : c’était d’abord le char symbolique de l’Industrie, attelé de quatre chevaux de front, conduit par la France, ayant à sa droite les Sciences, à sa gauche les Arts ; puis le char de l’Agriculture, représentant la fête de l’Agriculture du temps des Gaulois, qu’avait inspiré le tableau de M. Debon. Ce char, attelé de trois bœufs aux cornes dorées, dirigé par Varchidruidesse Velléda, était précédé du grand prêtre en costume sacerdotal et accompagné des druides.

Il est un autre char, dont le souvenir est resté profondément gravé dans la mémoire de tous ceux qui le virent passer au milieu d’une population émue, le 15 décembre 1840 : c’est celui qui se.rvit à la translation des restes mortels de l’empereur Napoléon aux. Invalides. Ce char, monté sur quatre roues massives et dorées, se composait d’un soubassement et de panneaux encadrés dans des colonnettes à chapiteaux, surmontés du mausolée. Le socle était revêtu jusqu’à terre d’une draperie de velours violet et or, parsemée d’abeilles et d’étoiles, avec des aigles dans des couronnes. Il était rehaussé d’un aigle à chaque angle de l’entablement. L’avant et l’arrière-train étaient décorés de quatre trophées de drapeaux de toutes les nations. Le mausolée, supporté par quatorze figures entièrement dorées, représentant nos grandes victoires, était décoré du manteau impérial, du sceptre et de la couronne. Le char, tout entier couvert d’un crêpe, était traîné par seize chevaux richement caparaçonnés de housses aux armes de l’empereur.

Il faut encore citer, parmi les chars funèbres, ceux qui servirent à la translation, dans les caveaux de la colonne de Juillet, des restes des combattants de juillet 1830, de février et de juin 1848.

CHAR

— Physiq. Char magnétique. Au nombre des plus anciennes et des plus curieuses applications que firent les Chinois de l’action directrice de l’aiguille aimantée, il faut placer celle des chars magnétiques. Les propriétés de l’aimant étaient, on le sait, connues des Chinois dès la plus haute antiquité. Ainsi que nous l’apprend Klaproth dans son savant mémoire sur la boussole, l’invention des chars magnétiques ou tchi-nan-kiu est attribuée par les traditions chinoises à l’empereur Hoang-ti ; mais les détails donnés sur les circonstances de l’invention ont un caractère tellement fabuleux, qu’il faut rejeter cette tradition et la classer parmi les légendes. Cependant, d’autres documents très-nombreux et d’une authenticité incontestable permettent d’assigner à cette invention une date très-ancienne. En tout cas, les chars magnétiques furent certainement introduits au Japon dans le milieu du vue siècle. La plupart des historiens chinois donnent des descriptions asssez divergentes du tchi-nan-kiu. L’encyclopédie chinoise, Santhsai-thou-hoei, section des ustensiles, en donne une figure gravée, reproduite par Klaproth, et accompagnée de l’explication que voici : « Ceci est un ornement de char dont les dimensions sont les suivantes : il a un pied quatre pouces deux lignes de hauteur ; en bas, sa largeur est de sept pouces et quatre lignes. À l’extrémité du bois de l’essieu du char est pratiqué un trou rond de sept pouces sept lignes de diamètre. Dans ce trou se meut une goupille de la même grosseur, sur la ■ quelle est placée la figure d’un homme sculptée en jade, et dont la main montre toujours le sud. » Un autre auteur dit : « Il y avait un petit pavillon aux quatre angles duquel étaient des dragons sculptés en bois ; sur ce pavillon était placée la figure d’un génie, également en bois. De quelque manière que le char se tournât ou se retournât, la main de cette figure montrait toujours’le sud. « Cette dernière description nous semble la plus claire et la plus vraisemblable.

— Allus. hist. Char de fou d’EHe, Allusion au char enflammé sur lequel le prophète Élie fut enlevé au ciel, et qui se dit, dans l’application, de l’enthousiasme qui nous emporte hors des limites ordinaires assignées à l’intelligence :

« Dans un inexprimable et pitoyable orgueil, nos contemporains se sont jugés trop forts pour suivre la religion de leurs ancêtres. Emportés sur les ailes de la science, comme Élie sur son char de feu, ils ont vu les plus lointains horizons, et l’immense étendue n’a plus eu de mystères pour eux. » Poujoulat,

Char (rJomphal do l’antimoine (CurrUS

triumphalis antimonii), ouvrage attribué à l’alchimiste Basile Valentin. V. ce nom.

Cbnr de l’Aurore OU le Cbar du Soleil précédé par l’Aurore, célèbre peinture du Guide. V. Aurore.

CHARA s. m. (ka-ra — nom lat. d’un végétal qui paraît être le crambé de Tartarie ou kàtram). Bot. Nom scientifique du genre charagne : Les charas sont des plantes aquatiques. (F. Foy.) De nombreuses expériences ont été faites sur les charas. (F. Dujardin.) La substance calcaire qui accompagne plusieurs charas rend ces plantes rudes au toucher ; aussi les emploie-l-on, dans certains pays, pour écurer tes ustensiles, (Gouas.) V. charagne.

— Astron. Ancien nom de la constellation des Chiens do chasse.

CHARABARAT s. m. (cha-ra-ba-ra). Nom par lequel on désigne, à Lyon, le marché aux chevaux.

CHARABIA s. in. (cha-ra-bi-a — onomatop. à cause des ch et des a que "les Auvergnats multiplient dans leur langage). Pop. Patois auvergnat : Toutes ses affaires se traitaient en patois d’Auvergne dit charabia. (Balz.)

— Par anal. Langage bizarre, burlesque, ou que l’on trouve tel parce qu’on ne le comprend pas ; Quel charabia parlez-vous là ? Il Style, langage tout à fait dépourvu de clarté ou de correction, et qui ressemble à du patois : Les vaudevillistes, avec leur style de rencontre, leurs idiotismes, leur charabia, sont beaucoup plus près qu’on ne pense de ta vérité. (Th. G au t.)

— Par ext. Personne qui parle charabia, Auvergnat : Paris confie aux Charabias le soin de le chauffer et de le désaltérer.

CHARAC s. m. (cha-rak). Syn. de caratch. Il On dit aussi charadj.

CHARACÉ, ÉE adj. (ka-ra-sé — rad. chara, charagne). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte a la charagne ou chara.

— s. f. pi. Famille de plantes cryptogames aquatiques, voisine des algues, auxquelles plusieurs auteurs la réunissent, et composée des genres charagne et nitelle : Les characées ont de l’analogie avec les conferves. (F. Hœfer.)

— Encycl. Cette famille, si curieuse par son organisation, renferme des plantes herbacées, aquatiques, submergées, munies de radicelles très-lines qui les fixent au fond de l’eau. Leurs tiges, cylindriques, articulées, Èubuleuses, dépourvues de véritables feuilles, présentent à chaque articulation des rameaux verticales, portant les organes de la fructification. Ceux-ci sont de deux sortes, anthéri CHAR

971

dies et sporanges, et portés^ tantôt sur un même individu, tantôt sur des pieds différents. Les anthéridies, qui paraissent les premières, sont globuleuses, d’un beau rouge, composées de deux tuniques, l’extérieure membraneuse, mince, transparente et continue, l’intérieure coriace, opaque, rouge et articulée, renfermant huit corps cylindroïdes opaques, entourés de tubes cloisonnés, dont chaque cellule contient un animalcule filiforme muni de deux appendices à l’une de ses extrémités. Les sporanges, ovoïdes ou arrondis, sont constitués par deux tuniques analogues à celles des anthéridies, et renferment chacune une seule

spore, dont la cavité contient un très-grand nombre de granules striés. Cette famille a des affinités, d’une part avec les cryptogames les plus élevés, notamment avec les prêles et les lycopodes, de l’autre avec les algues, auxquelles plusieurs auteurs les ont réunis comme simple tribu. Les characées habitent les eaux stagnantes, douces et saumâtres. La plupart de leurs espèces sont incrustées de matière calcaire et répandent une odeur fétide. Cette famille renferme deux genres, charagne et nitelle, auxquels nous renverrons pour plus amples détails.

CHARACHÈRE s. f. (ka-ra-kè-re). Bot. Syn. de lantane, genre de verbénacées.

CHARACHO s. m. (cha-ra-cho). Mamm. Espèce de rat de la Mongolie,

CHARACIN.s. m. (cha-ra-sain). Ichthyol. Sous-genre de saumons, comprenant ceux qui n’ont pas plus de cinq rayons aux ouïes.

— Encycl. Le groupe des characins constitue une section du grand genre saumon, caractérisée comme il suit : langue dépourvue de dents ; quatre ou cinq rayons au plus aux ouïes ; vessie divisée par un étranglement ; cœcums nombreux. Les characins présentent, dans la forme de leur corps et dans leur système dentaire, des différences qui les ont fait diviser en plusieurs sous-genres. Les anostomes ont la mâchoire inférieure relevée au devant de l’autre et bombée, de telle sorte que la bouche est très-petite, et semble consister’en une simple fente au bout du museau. Chaque mâchoire a une rangée de dents tranchantes, dirigées en avant, les extérieures plus longues. Les curimates ressemblent beaucoup aux ombres par leur forme extérieure, et quelquefois même par leurs dents, visibles seulement à la loupe ; leur bouche est très-peu fendue, et la première dorsale est au-dessus des ventrales. Ils habitent les eaux douces de l’Amérique du Sud, et se trouvent surtout dans les rivières ; leur chair est blanche, feuilletée et très-délicate. Les serpes ressemblent aux anostomes par leur boucho dirigée vers le haut ; mais la mâchoire supérieure a des dents coniques, l’inférieure les a tranchantes et dentelées ; le ventre, soutenu par des côtes qui aboutissent au sternum, est comprimé, saillant et comme tranchant ; les ventrales sont petites et situées fort en arrière ; la première dorsale est sur l’anale, qui est assez longue. Les piabuques ont la tête petite et la bouche peu fendue, comme les curimates, le corps comprimé, le ventre à carène tranchante, la nageoire anale tièslongue. Ils habitent les rivières de l’Amérique du Sud, où on les prend facilement à l’hameçon, en employant comme appât un ver ou un mélange de sang et de farine ; leur chair est blanche et délicate. Les serra-salmes ressemblent aux clupes par leur ventre à carène dentelée, aux salmones par leur nageoire dorsale adipeuse, en avant de laquelle on trouve souvent une épine couchée ; leur maxillaire, dépourvu de dents, est obliquement transverse sur la commissure. Les serrasalmes habitent les rivières de l’Amérique du Sud, et notamment celles de la Guyane. Le serra-salme rhomboïde, qui est l’espèce la mieux connue, doit son nom à la forme de ses écailles, qui sont molles, petites et arrondies aux angles. Ce poisson atteint de grandes dimensions ; il est brunâtre en dessus, argentin sur les côtés et jaunâtre en dessous, avec des nuances rougeâtres relevées de points noirs. Sa bouche est grande, et ses mâchoires sont armées de dents fortes et pointues, surtout l’inférieure, qui est un peu proéminente ; la langue est mince, unie et lisse. L’abdomen est fortement dentelé. Les nageoires sont grises, à l’exception de l’anale, qui est noire. Le rhomboïde vit dans les rivières de la Guyane. Il est d’une voracité extrême ; d’après Linné, il poursuit les jeunes oiseaux aquatiques, notamment les canards et leur mord les pattes de manière à leur emporter la peau avec ses dents tranchantes ; on dit même qu’il ne craint pas d’attaquer les hommes qui se baignent. Sa chair est blanche, grasso et délicate. Les tétragonoptères ont la bouche peu fendue, le maxillaire obliquement transverse sur la commissure, les dents tranchantes et dentelées ; mais leur ventre n’est ni caréné ni dentelé. Les chalcées ont le corps oblong, la bouche et les dents comme chez les tétragonoptères, celles de l’intermaxillaire comprimées et tranchantes, celles du maxillaire petites, roudeset grenues ; le ventre arrondi. Le petit nombre d’espèces de ce genre connues jusqu’à ce jour vivent dans le Nil ou ■ dans les grands neuves de l’Amérique équatoriale. Les citharines ont la bouche déprimée, petite, fendue en travers sous la saillie du museau ; son bord supérieur est formé presque en entier par les intermaxillaires, qui