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CHÀU

et ferme et d’un coloris très-vigoureux, porte la signature du maître : M. Hobbema. Elle a figuré à l’exposition rétrospective, au palais de l’Industrie, en 1866.

Chaumière (la Grande-). La Chaumière, le plus célèbre des bals publics de Paris, a vu naître la Révolution de 17S9 et mourir la République de 1848. Fondée en 1787, elle a jeté son plus grand éclat sous le règne constitutionnel de Louis-Philippe et sous la direction dictatoriale du père Lahire. On se souvient encore de ce refrain :

Messieurs les étudiants S’en vont ù la ChaumUn I*our danser le cancan Et la Itabert-Macaire, Toujours, toujours, toujours, I La nuit comme le jour. °u’

Eh 1 ioup ! en ! ioup ! tra la la la ta. (bis) Les rimes n’étaient pas riches, mais ceux qui les chantaient ne l’étaient pas davantage.. C’était le bon temps, le temps de la grisette. La grisette, un type disparu ! Disparu aussi te bonnet de six sous — avec des cheveux noirs ébouriffés dessous — qu’on jetait si facilement par-dessus les moulins, sans doute/ parce qu’il était facile de le remplacer. Après les grîsettes, nous avons eu les lorettes. Aujourd’hui, nous avons les cocottes. Qu’auronsnous demain ?

Il faut restituer pour les âges futurs ce temple élevé aux Muses légères, où nos pères en pantalon large et en béret rouge ont folâtré en compagnie des Lisette de Béranger et des Mimi Pinson d’Alfred de Musset.

Sur le boulevard Montparnasse, presqu’à l’angle du boulevard d’Enfer, une maison d’apparence assez pauvre pour justifier ce nom de chaumière, fort à la mode, comme on sait, à la fin du xvine siècle, au temps de Trianoh, portait sur sa’façade le nom de l’établissement. Une grille contigue donnait accès dans un vaste jardin, planté de grands arbres. À peu près au centre du jardin se trouvait l’espace sablé consacré à l’orchestre et aux danseurs. Ajoutez une longue galerie couverte où l’on dansait les jours de pluie, des arbustes et des fleurs sans profusion, un éclairage discret, et vous aurez une idée suffisante de ce lieu de plaisir. Comparée au Jar~ (lin Mabile, la Chaumière était d’une simplicité primitive, et son plus grand charme consistait précisément dans l’aspect inculte de ses bosquets, dans ses vieux arbres non émondés, dans ses pelouses non ratissées. On n’avait pas encore imaginé de mettre des becs de gaz dans les touffes de gazon, on n’embrasait pas les jardins, comme disent maintenant les « friches, il y avait de l’ombre quelque part, et tout le monde ne s’en plaignait pas.

Croirait-on que, pour décrire un endroit si modeste, l’auteur d un long article inséré dans un recueil important ait embouché la trompette épique, si fêlée depuis les Delille et les Ésmenard, et se soit livré a ces débauches de style empire : « L’entrée de ce lieu fameux offre, à la chute du jour, un des aspects les plus agréables qui se puissent voir. On passe sous une espèce de grotte en pierres meulières, tapissée de verdure, longue seulement de quelques pas, et au débouché de laquelle, a droite et à gauche, s’élèvent des talus de médiocre hauteur, tout garnis du gazon le plus frais, entremêlé de fleurs de toute nature selon l’époque plus ou moins avancée de la saison, du printemps, de l’été ou de l’automne, en suivant une allée légèrement sinueuse et sablée ; le tout éclairé par la lumière d’un grand nombre de quinquets adroitement placés et déguisés sous le feuillage des arbres, et qui jettent sur l’ensemble de cet agreste et champêtre vestibule les effets les plus charmants. À droite, vous voyez un carré entouré d’un treillage, et dans lequel figurent quelques arbustes de haute taille, odorants ou inodores, encaissés et entretenus avec soin : grenadiers, orangers, lauriers. Mentionnons en passant que ces lauriers furent donnés par l’empereur au maréchal Masséna après la bataille d’Essling. Quels jeux bizarres de la fortune 1 Napoléon mourant sur le rocher de Sainte-Hélène, les lauriers d’Essling dans une guinguette des boulevards neufs ! Sic transit gloria mundi ?'

Acceptons la légende des lauriers, qui n’est là d’ailleurs que pour amener le fameux Sic transit. Passons sur les quinquets adroitement placés, et sur les arbustes odorants ou inodores (comment échapperaient-ils à cette alternative ? ). Le passage qui suit est à encadrer : « De loin vous avez aperçu de grands ûrbres, enseignes attrayantes de bocages que vous avez hâte de parcourir ; vous avez entendu l’harmonie joyeuse et pimpante d’un orchestre plein d’entrain, de mesure exacte, qui fait retentir l’air des motifs chorégraphiques les plus excitants. C’est le péristyle des Champs Élysées mythologiques, c’est le vestibule du paradis oriental... i

Ne vous y trompez pas, ce lyrisme est destiné à faire ressortir les amères réflexions d’un censeur chagrin. Ce paradis est habité par des sauvages. * Toute cette foule est composée d’êtres auxquels il devient comme impossible de donner le nom d’hommes et de femmes, tant ils sont ou paraissent étrangers aux devoirs, aux règles, aux usages, aux conventions de toute espèce d’association humaine et sociale, aux plus simples égards qu’observent entre eux les moins bien élevés, les moins polis, les moins civilisés. » L’inten CHAU

tion est louable, mais la phrase pourrait être, signée Joseph Prudhomme. Plus loin, l’auteur accuse les habitués de manquer de bijoux, ce qui n’est rien, et de bas, ce qui est grave. Il va jusqu’à les qualifier de «réunion immonde, a expression peu courtoise et que l’on s’étonne de rencontrer sous cette plume fleurie. Mais où il franchit le pas qui est la limite du sublime, c’est quand il s’indigne de yoir les danses prendre une certaine animation. « La* salle du bal présente alors le spectacle do ce qu’on imagine pour le sabbat. On dirait la scène des nonnes de l’abbaye de Sainte-Rosalie, dans Itoberl le Diable. » Il ne peut voir ces choses sans un « dégoût mêlé de quelque horreur. » Où diable la vertu va-t-elle, non pas se nicher, mais se promener ? Et comme l’exemple est heureusement choisi : cette scène des nonnes que tout le monde a vue et admirée sans se douter que la morale y fût outragée !

On dansait donc à la Chaumière, mais sous l’œil vigilant du père Lahire. Ce père Lahire, gros marchand de vin, et marchand de vin en gros, avait épousé la fille de M. Benoiste, propriétaire de la Chaumière, et avait hérité de l’entreprise. Ses commencements avaient été difficiles. Les bausingots qui fréquentaient le bal n’admettaient pas la présence des sergents de ville, milice nouvelle, du moins quant au costume, et souvent les danses dégénéraient en rixes. Le père Lahire, fort de son influence sur les étudiants et comptant aussi un peu sur sa vigueur musculaire, obtint de l’autorité l’ôloignement momentané de la police. On ne demandait pas autre chose ; 1 ordre se rétablit de lui-même, et le père Lahire, concentrant entre ses mains le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, gouverna seul pendant quelque temps son petit État. Plus tard, alors que, les passions calmées, les sergents de ville étaient revenus, le père Lahire dédaignait de faire appel à la force armée. Il cueillait lui-même, au milieu des groupes, les danseurs trop oublieux des bornes qui séparent un aimable cancan d’un chahut écnevelé. Sa surveillance n’était jamais en défaut. Les mains derrière le dos, dans une attitude napoléonienne, l’air pensif, le ventre proéminent, il avait l’aspect imposant et paterne d’un monarque de féerie. Sa sévérité était relative et comportait bien des adoucissements. Mais toujours les turbulents avaient soin d’interroger son visage, et, suivant qu’il marquait beau fixe ou tempête, ils lâchaient la bride à leur fantaisie ou ils refrénaient leurs élans.

Le billard chinois, le tir au pistolet et autres jeux n’étaient pas inconnus à la Chaumière ; mais le divertissement par excellence était la montagne russe. Les Parisiens de nos jours ignorent ce plaisir innocent dont on raffolait jadis. Les graves magistrats qui étudiaient, il y a trente ans, le code civil sous Durunton père, et le cancan sous le père Lahire, peuvent s’en souvenir. La montagne russe s’élevait au fond du jardin, parallèlement au boulevard d’Enfer, longtemps dénommé boulevard noir, parce que, en effet, l’on n’y voyait goutte. On montait par un escalier en bois, on s’installait dans les traîneaux, et l’on était lancé sur une pente rapide qui se terminait par un amas de sable destiné à amortir les chutes ou les secousses. C’était un charmant spectacle : les femmes, en robe de mousseline claire — on n’invoquait pas alors sainte Mousseline comme dans maison neuve, de M. Sardou, maison en portait — glissaient, pareilles à des nuages blancs, en poussant de petits cris de plaisir effrayé ; puis, arrivées au bas de la course, un peu émues, elles tendaient les bras aux jeunes gens impatients de les relever, de les ramasser, suivant l’expression en usage. Voyage court et sans danger, qui finissait par un éclat de rire et un baiser. Aussi celles qui aimaient les émotions douces le recommençaient souvent.

On se lasse de tout : un jour la Chaumière et les montagnes russes elles-mêmes furent délaissées par la jeunesse du quartier Latin au profit de la Closerie des Lihis. Le vide se fit peu à peu sous les vieux arbres qui avaient abrité tant de folies. Vainement le père Lahire lutta contre cette désertion inexplicable, et rivalisa de luxe avec son heureux voisin. Que parlait-on de quinquets I il fit briller le gaz, construisit des kiosques, renforça son orchestre. Tout fut inutile. Enfin il se retira vers 1853, et vendit son établissement à un fabricant de boutons.

Sic fata voluere, dirait l’auteur dont’rmus parlions tout à l’heure. Aujourd’hui, le passant qui lève les yeux sur cette vieille maison peinte en jaune et qui y lit ces mots : Manufacture de boulons, ne soupçonne guère qu’il est devant la vieille et glorieuse Chaumière.

CHAUM1N, INE adj. (cho-main, in-e). Couvert de chaume : Cabane cheumine. ii Vieux mot.

CHAUMINE s. f. (chô-mi-ne — rad. chaumin). Petite chaumière, chôtive maison de paysan : Une pauvre chaumine. Quintius fut contraint de se retirer dans une méchante CHAUMINB, qui était auprès du Tibre. (Vertot.) L’horizon est borna par la triste chaumine, Demeure d’artisan dont s’entend le marteau. Sainte-Beuve. Au détour d’une eau qui chemine A flots purs sous le frais lilas, Vous avez vu notre chaumine.

BlSllANÛER..

CHAU

tjn i uvre bûcheron, tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans, Gémissant et courbé, marchait à pas pesants, Et tachait de gagner sa chaumine enfumée. La Fontaine.

Il Ce mot n’est plus usité qu’en poésie.

CHAUMIR v. a. ou tr. (chô-mir). Argot. Perdre. CHAUMON g. m, (chô-mori). Agric. V. chau-

MET.

CHAESIONOT (Joseph), jésuite et missionnaire italien du xvue siècle. Il remplit pendant plus de cinquante ans une mission apostolique parmi les indigènes du Canada, les Hurons, les Onondagas, etc., et fonda la maison do Lorette, près de Québec. On a de lui une Grammaire de la langue des Hurons.

CHADMONT (Calvus mons), autrefois appelée CHAUMONT-EN-BASS1GN Y, ville de France (Haute-Marne), ch.-l. de départ., d’arrond. et de cant., à 262 kilom. S.-E. de Paris, sur une montagne, au confluent de la Marne et de la Suize ; pop. aggl. 7,679 hab. — pop. tôt. 8,285 h. L’arrond. comprend 10 cant., 195 comm, et 84,439 hab. Tribunaux de ire instance, de commerce et de justice de paix ; lycée impérial ; école normale d’instituteurs ; bibliothèque publique ; ch.-l. de la 5e subdivision de la 7<s division militaire, ainsi que du 31e arrondissement forestier. Industrie assez active ; fabriques de gants de peau, de droguets, de coutellerie ; Blanchisseries de cire, tanneries, chapelleries, teintureries. Commerce de grains, bois, cuirs, peaux, toiles, etc. Cette ville, assise entre la Marne et la Suize, sur un mont pelé (chauve), auquel elle doit son nom, possède peu de monuments remarquables. On y montre cependant avec orgueil : la tour Hautefeuiîle, principal fragment qui reste du palais des comtes de Champagne ; le musée ; l’église Saint-Jean-B’aptiste, construction du xm’ siècle, dont la chaire et le banc d’œuvre ont été sculptés par Bouchardon, et qui est ornée de plusieurs toiles très-estimées, entre autres d’une Décollation de saint Jean-Baptiste, et d’un Saint Alexis, par Andréa del Sartojla promenade du Boulingrin, formée de plusieurs allées plantées de tilleuls, et convergeant vers une place décorée d’une foutuine en bronze et marbre. Mais la curiosité architecturale de Chauraont, c’est le viaduc du chemin de fer, qui aboutit à ia gare. Il est établi sur la vallée

firofonde de la. Suize, qui offre 600 in. dedéveoppement, à la hauteur où passe la voie ferrée. Ce viaduc est supporté, aux deux extrémités, par deux étages d’arcades superposées, et par trois étages au milieu. Les arches sont au nombre de cinquante, en comptant pour une seule arche les deux ou trois voûtes qui séparent létablier du sol ; les piles les plus élevées atteignent 50 m. de hauteur. Pour se faire une juste idée de cette prodigieuse construction, calquée sur le célèbre pont du Gard, il faut descendre dans la vallée de la Suize, ou admirer ce travail gigantesque de la route de Châtillon.

L’origine de Chaumont est inconnue ; on sait seulement qu’elle portait le nom sous lequel on la connaît aujourd’hui dès 961, époque où Lothaire, roi de France, y passa à son retour de Bourgogne. Ce n’était alors qu’un bourg défendu par un château fort ; i. ne commença a prendre quelque importance qu’à partir du xn« siècle. Louis XII fit entourer la ville de murailles ; François Ier et Henri II y ajoutèrent quelques bastions et un large iossé. Il ne reste presque plus de traces de ces vieilles fortifications. Chaumont a donné son nom au traité de la quadruple alliance, qui y fut signé le 1er mars 1814 par les plénipotentiaires des puissances étrangères, pour le renversement de Napoléon I<=r. Il est la patrie de Bouchardon et du général Darnremont.

Chaumout (tbaité de), signé dans cette ville le 1er mars 1814, entre les puissances ennemies de la France. Ce fut lord Castlereagh qui en conçut la première idée, et ses ouvertures à cet égard furent d’autant plus favorablement accueillies, que la coalition sentait impérieusement le besoin de resserrer les liens qui unissaient tous ses membres ; car, devant un homme tel que Napoléon, la moindre mésintelligence pouvait faire succomber la cause commune sous d’irréparables désastres. Le plénipotentiaire anglais, .saisissant donc le moment où les souverains alliés se trouvaient à Chaumont, rédigea un traité en vertu duquel une alliance solennelle était conclue entre l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Prusse. Chacune de ces puissances s’engageait à tenir sur pied un contingent permanent de 150,000 hommes, ce qui formait 1 effectif formidable de G00,000 soldats, et cela jusqu’à la fin de la guerre actuelle. Mais comme la paix pouvait être conclue sans que Napoléon lut abattu, puisqu’on négociait en ce moment à Châtillon, lord Castlereagh, en Anglais prévoyant, eut la prudence de lier entre elles les parties contractantes pour vingt années. Aucune des quatre puissances ne pourrait adhérer a des propositions particulières ou traiter avec l’ennemi commun, sans que les conditions eussent été préalablement arrêtées entre toutes, de sorte qu’en attaquant une d’entre elles Napoléon se heurtait à la fois contre l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Prusse. Les coalisés avaientà redouter, en effet, moins l’Angleterre peut-être, que, si la paix venait à se conclure, Napoléon ne les écrasât succès . CHAU

sivement, et lord Castlereagh voulait parer à cette éventualité, presque aussi certaine que redoutable. En conséquence, d’après cette dernière hypothèse, la puissance attaquée avait droit d’exiger de la part de chacune des autres un secours de 60,000 hommes. On voulait ainsi écraser la France et l’enfermer dans un cercle de fer, ce qui laissait entrevoir à eh. cun la satisfaction de ses convoitises particulières. Chacun se promettait bien de tirer de ces arrangements tous les avantages possibles : l’Angleterre, la création d’un royaume des Pays-Bas qui nous ôterait Anvers, et d’un royaume du Piémont qui nous enlèverait Gènes ; les autres puissances a l’avenant. Lord Castlereagh assumait ainsi des charges énormes pour son pays, mais en même temps d’immenses avantages, et il ne craignait pas d’être désavoué, car si l’Angleterre n’a pas toujours été assez riche pour payer sa gloire, comme nous disons en France un style creux et niais, elle a toujours su prodiguer les millions pour assurer su force et sa grandeur.

Ce fut donc sans grande difficulté que les souverains alliés accueillirent les propositions de lord Castlereagh et les signèrent à Chaumont (1er mars 1814). Ce traité est Surtout demeuré célèbre en ce qu’il servit depuis de fondement à la Sainte-Alliance, qui a dominé toute la politique européenne pendant quarante ans. Les souverains ne cachèrent pas la joie qu’ils en ressentaient, car ils y trouvaient leur compte, le compte de leur orgueil et de leur ambition. Quant aux peuples, qui avaient tant souffert pendant vingt ans, on n’en parla que pour se les partager ; ce furent eux qui payèrent tous les fruis de ces arrangements. Ah ! le poète a exprimé une pensée plus profonde que tous les politiques, quand il a dit :

Quidquid délirant reges pleciuntur Aekivi,

Ce n’est pas une de ces vérités dont parla Pascal : « Vérité eu deçà, erreur au delà ; » c’est une vérité de tous les temps et de tous les pays ; nous le voyons bien encore aujourd’hui.

CHAUMONT-EN-YEX1N, bourg de France (Oise), ch.-l. de cant., arrond. et à 27 kilom. S.-O. de Beauvais, sur la Troène ; pop. aggl. 8S0 hab. — pop. tôt. 1,304 hab. Fabriques de blondes, tanneries, mégisseries, fours à chaux. Vestiges d’un ancien château fort, et restes de vieilles fortifications. Belle église paroissiale d’architecture gothique, très-délicate et très-légère. Ce bourg, bâti a l’origine sur un mamelon, au nord du plateau cjui s’étend vers Gisors, était autrefois une ville assez forte, qui joua un rôle important dans les guerres que la France soutint contre les Normands et contre l’Angleterre jusqu’en 1200. Brûlée par ’ les Normands en 1140, et par les Anglais en 1167, la ville ne fut plus rebâtie sur la coteau, mais s’étendit dans la vallée, sur le bord de.la Troène. Elle fut alors fermée par trois portes, dont une existait encore il y a quelques années.

Cette ville avait des seigneurs particuliers, qui en avaient pris le nom, et qui descendaient de Henri, troisième fils de Hugues de France, comte de Vennandois, mort en 1130. Gui de Chaumont, issu au quatrième degré du même Henri, vendit son. patrimoine à Gautier de Marisis, en 1250.

CHACMONT-SUÏI-LOIRE. bourg et commune de France (Loir-et-Cher) ; arrond. et à 20 kilom. S.-O. de Blois, sur- la rive gauche de la Loire ; 1,000 hab. Ce bourg est bâti au pied d’un joli coteau boisé, dont le sommet est couronné par un vaste et antique château d’un aspect on ne peut plus pittoresque. Ce fut un comte de Blois, Eudes Ier, fils aîné du célèbre ThibuutleTricheur, qui éleva, dit-on, versûSG, ia première construction féodale que les anciennes chartes désignent sous le nom de Chaumont (Calidus ou Calvus mons, le ment chaud ou chauve). Eudes II, son frère et son successeur, concéda la terre de ChiUimont, à titre de fief, à Gilduin, seigneur do Pont-Levoy, pour le dédommager de la perte de Saumur, tombé au pouvoir du comte d’Anjou, Foulques Nerra, leur ennemi commun. Un des successeurs de ce Gilduin, Sulpice II, ayant refusé de rendre hommage à Thibaut V, ce dernier réussit à s’emparer du rebelle, qu’il fit périr. dans les plus affreuses tortures (U54), battit Henri II, comte d’Anjou, venu pour secourir Sulpice, et se fit livrer le ehâteau do Chaumont, qui fut rasé. Battu à son tour (1158) par Henri II, devenu roi d’Angleterre, Thibaut V n’en releva pas moins les fortifications de Chaumont, 1 année suivante ; mais il fut bientôt obligé de rendre cette place à Henri, qui la restitua à son véritable propriétaire, Hugues II, fils de Sulpice. C’est pendant que ce dernier était seigneur de Chaumont qu’eut lieu dans cette forteresse une entrevue entre Henri II et Thomas Becket, quelques jours après l’entretien un peu aigre que ces deux personnages avaient eu au château d’Amboise. Augustin Thierry, qui a raconté cet entretieïi dans le troisième volume Je son Histoire delà conquête d Angleterre* ; a prétendu à tort qu’il avait eu lieu à Chaumont. M. Loiseleur, dans son livre sur les Résidences royales de lu Loire, a prouvé, à l’aide de documents irrécusables, que l’entrevuede Chaumont, qui suivit de près celle d’Amboise, fut beaucoup plus pacifique. « Le roi reçut l’archevêque avec convenance et même avec affection ; au milieu de propos familiers et même enjoués, il laissa échapper