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l’exprimer. • M. Th. Gautier a parlé de ce chefd'œuvre avec non moins d’enthousiasme dans la préface qu’il a écrite récemment pour le catalogue de la collection Khalil-Bey, ev, il est assez curieux qu’il* ait eu lui aussi l’idée de comparer l’Allée des châtaigniers à une cathédrale gothique : «Quelle puissance, s’écriet-il, quelle force et quelle luxuriance ! L’allée s’enfonce dans une ombre entrecoupée de soleil, comme une cathédrale de la nature, pour employer le style à la mode sous Chateaubriand et qui en valait bien un autre, entre deux rangées de troncs énormes, semblables à des faisceaux de piliers gothiques, entremêlant, comme des nervures sur une voûte, leurs branches gigantesques aux coudes noueux, aux larges feuilles spatulées. Comme la sève court sous ces rugueuses écorces, dans ces ramures épaisses à la fraîcheur profonde ! Comme la vie secrète de la végétation circule à travers ces masses de verdure et ces herbes drues qui se relèvent sous le pied, secouant leur goutte de rosée et de pluie ! Comme la Rêverie, un livre à la main, aimerait à se promener sous ce dais sombre, étoile ça et là de quelques taches lumineuses, en suivant l’étroite route tracée dans le gazon par les bestiaux et les pâtres ! A quel manoir, écroulé depuis longtemps et disparu, conduisait cette nef immense de feuillages que reprend la pittoresque sauvagerie de l’abandon et que les siècles, qui détruisent l'œuvre de l’homme, ont rendue plus solide, plus majestueuse et plus vénérable encore ? Dans cette œuvre sans rivale, Théodore Rousseau, tout en gardant une incontestable originalité, rappelle un peu la robustesse d’Hobbema. lamais la nature ne fut plus intimement étudiée et plus largement rendue, avec une telle intensité d’effet, une poésie si profonde et si vraie, » Une étude consacrée par M. Chaumetin à la collection Khalil-Bey nous fournit quelques’renseignements intéressants : «C’est dans le département des Deux-Sèvres, près du château de Soulliers, que se voit la magnifique allée de châtaigniers qui a inspiré un des plus beaux chefs-d'œuvre de l’art contemporain. M. Charles Le Roux, député au Corps législatif, à qui cette propriété appartient et qui y a reçu plusieurs fois la visite de son ami Rousseau, est lui-même un paysagiste de grand talent. Peu de peintres aujourd’hui interprètent la nature avec un sentiment plus naïf et la peignent avec plus de vigueur et d’éclat. Nous connaissons de lui une vue de cette même allée de châtaigniers, qui, bien que laissée à l’état d’esquisse, possède cependant des qualités peu communes. Malheureusement pour l’art, M. Le Roux semble avoir renoncé depuis quelques années à des travaux qui pouvaient lui assurer une gloire durable, pour jouir des honneurs éphémères de la députation. » — Au moment où cet article va être livré aux compositeurs (10 janvier 1868), nous apprenons que l’Allée des châtaigniers, de Rousseau, vient d’être adjugée, à ta vente Khalil-Bey, moyennant le prix de 27,100 francs.

CbAtutgnîor (chanson du), àirnsFiord’Alùa, paroles de Lucas et Carré, musique de Massé. Le quintette du Châtaignier est certainement comme morceau d’ensemble, le passage lé mieux réussi de la belle partition de Fior d’Alisa, bien que le tissu mélodique soit toujours un peu lâehe et mou. Malgré cette réserve, qui porte plutôt sur la manière générale du maestro que sur cette composition, nous recommandons cette page comme une des plus complètes qu’ait écrites l’auteur de Galatée.

Allegretto ^ maeatoao

Ar• bre cente -nai-rq, ar-brevé -né m^^^M^é

■ res-pecté de la ha-cheetdu temps, Bever « cu-le en tes rameaux • nis ! Fior d’Aliza

Qua les oi -seaux, trou- pe fi - dèJe,

Soua ton ombre a-brïtent leurs nid» !

plet - ne. Tes fruits mù-ris par le so « #— Vjou n’Ai.ifA

leil ! Que Dieu nous dispense, a, main

plei -ne. Tes fruits mûris par le so ♦ gnier, Ar-breoente - nai-re,

humble et mi-sé -ra • Me, Puis-ses-ti

dir en-cor dans cent an» ; Dans cent

—O-âr^t—rï^—, n f- "p • -f

ans ! dans cent ans !

CHÂTAIGNON s. m. (cha-tè-gnon ; gn mil.dimin. de châtaigne). Agric. Nom donné, dans le midi de la France, aux châtaignes desséchées pour être consommées pendant l’hiver.

CHÂTAIN adj. m. (cha-tam — rad. châtaigne). Qui est de la couleur brune de la châtaigne : Poil châtain. Cheveux châtains.

— s. m. Couleur brune de la châtaigne : Le châtain est la couleur la plus commune pour les cheveux. Elle avait des cheveux d’un beau châtain rosé. (E. Sue.) il Homme qui a les cheveux châtains : Un beau châtain.

— Gramm. Cet adjectif ne peut être employé au féminin ; au lieu de dire : Elle est châtaine, il faut dire : Elle a des cheveux châtains. L’absence du féminin est regrettable ; mais elle est motivée par l’irrégularité de la forme châtaine, qui s’écarterait sans raison du radical, et la répugnance à dire châtaigne, qui est cependant, comme le latin castanea, une vraie forme adjective. Quelques écrivains ont hasardé le féminin châtaine ;

Ma châtains est un oiseau rare.

P. Dupont. On voit tout de suite que l’équivoque n’eût pas permis au poète de dire :

Ma châtaigne est un oiseau rare. L’adjectif châtain devient substantif masculin invariable quand il est suivi d’un autre adjectif servant à modifier la couleur : Des cheveux cuÂtain claie, et non pas châtains

CLAIRS.

— Antonymes. Blond, brun, noir, rouge. CHATAINS s. m. (cha-tè-ne). Forme ancienne du mot CAPITAINE. "

CHATAIRE s. f. (cha-tè-re — rad. chat). Bot. V. CATAIRE.

CHATÀI» s. m. (cha-tal). Forme ancienne du mot CAPTAL.

CHATAM, nom géographique commun à plusieurs localités. V. Ciiatham.

CHATAM, célèbre homme d’État anglais. V. Prrr.

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CHATÀUQUE, ville des États-Unis d’Amérique, État de Ne-w-Yorlt, ch.-l. du comté de son nom, à 45 kilom. S.-O. de Buffalo, près du petit lac du même nom ; 3,000 hab.

CHAT-BHÛLÉ s. m. Hortic. Variété de poira fort pierreuse. Il PI. chats-brûlés.

CHAT-CHATEIL s. m. (cha-cha-tèl ; / mil.).

Art milit. anc. Sorte de machine de guerre,

ou, selon d’autres, Galerie couverte flanquée de tours, u On disait aussi chat-chÂtel et

CHÂTIAU.

CHATÉ s. m.(cha-té). Bot. Espèce de concombre ou plutôt de melon, très-répandue en Orient : Le melon sucrin appartient plutôt à l’espèce du chaté qu’à celle du melon. (Duchesne.)

— Encycl. On désigne sous le nom de chaté et sous celui de concombre d’Égypte une variété de concombre ou plutôt de melon cultivée en Orient sur une très-grande étendue de pays. Le fruit de cette plante est très-estimé dans ces contrées ; il ressemble un peu à nos melons sucrins. Quand il est détaché de sa tige, les Arabes pratiquent dans l’écorce une ouverture dans laquelle ils introduisent un petit bâton avec lequel ils écrasent la pulpe ; au bout de quelques jours, celle-ci est comme fondue, et c est ainsi que les Orientaux la boivent au

—lieu de la manger ; à cet état, ils la trouvent plus agréable et plus salubre. Le chaté est quelquefois cultivé en Europe, mais il n’y acquiert pas les mêmes qualités que dans son pays natal.

CHÂTEAU s. m. (châ-to — du lat, castellum, forteresse ; dimin. de castrum, camp. Ce dernier mot semble se rattacher à la racine védique east, dormir, h. laquelle on rapporte aussi l’irlandais cuiste, lit, et cosair, pour costair^ même sens. Le castrum aurait désigné ainsi, dans l’origine, un Heu de repos et de sommeil, l’endroit où l’armée dort et passe la nuit). Demeure féodale fortifiée-, défendue par un fossé, des murailles et des tours : Le château féodal, situé d’ordinaire sur le sommet de rockers presque inaccessibles, ressemble à l’aire de l’aigle. (Lamenn.) Les plus anciens châteaux furent élevés après Chartemagne, pour défendre le territoire français qu’envahissaient les Sarrasins et les JVoj-man<is.(Bachelet.)

— Par anal. Forteresse environnée de fossés, de gros murs et de bastions : Le château de Vincennes. Ce château protège la ville.

— Par ext. Habitation seigneuriale : Vivre dans son château. Les ruines d’un ancien cukT&AV.Dans nos histoires gothiques, des spectres défendent l’entrée des châteaux abandonnés. (Chateaub.)

Tous ces temples anciens’récemmmenl contrefaits, Ces restes d’un château qui n’exista jamais. Ces vieux ponts nés d’hier et cette tour gothique, Tous ont l’air délabré, sans avoir l’air antique.

Deulle. Il Grande et belle maison de plaisance à la campagne : Quand on sait se préserver du poison mortel de l’ennui, on se trouve bien plus à son aise dans son château que dans le tumulte de Paris. (Volt.) Il Se dit particulièrement de la résidence d’un souverain a la campagne ; le même nom est resté aux Tuileries, qui furent primitivement construites dans la campagne : Le château des Tuileries. Le château de Fontainebleau. Le château de Versailles, de Saint - Cloud. Le château de Windsor. Henri III fit assassiner le duc de Guise dans une des salles du château de Blois. (L.-J. Larcher.) Je tremble en décrivant

Ce château du Plessis, tombeau d’un roi vivant. C. Delavione.

— Absol. Palais des Tuileries : Être invité au château. AboiV ses entrées au château, il Souverain de France, sa maison, sa cour, son gouvernement : Le château n a pas encore répondu à la note du gouvernement prussien.

— Poétiq. Château ailé, Navire :- L’appareil inouï pour ces mortels nouveaux De ces châteaux ailés qui volent sur les eaux.

Voltaire,

Châteaux en Espagne, Projets chimériques, rêves creux : Bâtir, faire des châteaux en Espagne. On fait des châteaux en Espagne tantôt gais, tantôt tristes. (Mm<> de Sév.) En France, on bâtit des châteaux en Espagne ; mais quand on est en Espagne, an n’a plus envie d’y bâtir de châteaux. (Mme de Villars.) De tous m’es châteaux en Espagne, il ne me resta que celui de chercher une occupation qui me fit vivre. (J.-J. Rouss.) Ce n’est pas chez moi, c’est dans mon château en Espagne que je suis pleinement satisfait. (Diderot.) Faire, comme on dit, des châteaux en Espagne, est une occupation familière à tout le monde, et' sans doute habituelle aux grands génies comme aux esprits médiocres. (A. Jacques.)

Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ?

La Fontaine. Ij On a dit dans le même sens châteaux en Asie, châteaux en Albanie.

Château de cartes, Petit édifice, sorte de construction qu’élèvent les enfants avec des cartes qu’ils font tenir debout.

— Par ext. Petite maison de campagne d’une construction peu solide.

— Fig. Chose qui est mal assise, dont la durée est incertaine ou précaire : Tout gouvernement est un château de cartes que le moindre souffle révolutionnaire peut renverser, (L.-J, Larcher.) il Château ïranlant. V. branlant. '

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Vte de château, Ensemble des habitudes et des occupations des personnes qui habitènS, à 3a campagne, un château ou une maison vaste et opulente : Aimer la vie de château.

Châteaux de verre, Nom que l’on a donné à d’anciens châteaux construits dans les montagnes de l’Écosse avec des pierres vitrifiées.

— Prov, Ville prise, château rendu, On no peut tenir dans la forteresse quand la ville est prise, il Fig, Quand le principal est obtenu, les accessoires ne peuvent guère manquer de suivre.

— Hydraul. Château d’eau, Bâtiment servant de réservoir commun h plusieurs fontaines, il Fontaine très-vaste et très-abondante où l’eau s’échappe de tous côtés. Il Chem. de fer. Nom des réservoirs d’eau placés dans les gares et dans les ateliers pour l’aliirientation des locomotives. Ils sont mis en communication avec les tenders au moyen de tuyaux de conduite qui aboutissent a des grues hydrauliques établies de distance en distance.

— Anc. mar. Château de poupe ou d’arrière, Château de proue ou d’avant, Espèces de logements qu’on élevait autrefois sur le pont, a" l’avant et a l’arrière des navires : Les officiers étaient sur le châtbau de poupe avec les passagers. (Chateaub.) u Châteaux de mâts, Espèces de caisses carrées capables de contenir quatre ou cinq hommes, avec leurs provisions de guerre, que l’on hissait le long des mâts au moment du combat : L’empereur Léon parle de châteaux construits autour du mât à une certaine hauteur ; ce fut cette construction que l’on imita lorsqu’on fit les châteaux de mâts ronds et dans la forme d’une corbeille, qui précédèrent les hunes rondes et plates, qui précédèrent elles-mêmes les hunes actuelles,

— Blas. Figure de château : Beaufort de Launay : D’azur au château d’argent.—Laisni de Sainte-Marie : De gueules, au château d’argent ; au chef d’or, chargé de trois demi-vols de sable.BeaufTort : De gueules, au château fort, le pont-levis baissé ; au franc canton d’azur, chargé de trois jumelles d’or, u Château découvert, Château qui n’a pas de toit. Il Château ouvert, Château percé d’une porte ; Castel : D’azur à un château à trois tours d’argent, celle du milieu supérieure, ouvert, ajouré et maçonné de sable ; au chef d’or, charge de deux corneilles affrontées de sable, becquées et membrées de gueules. il Château ajouré, Château percé d’une ou de plusieurs fenêtres : GourfaleurduBumesnil.• D’azur, au château d’or, ouvert et ajouré de sable, il Château masure, Château en ruine, il Château maçonné, Château dont les joints sont d’un émail particulier : Hodier de la Bruguière : De gueules, au château à trois tours d’argent, maçonné de sable.

— Jeux. Château du corbeau, Jeu d’enfants, dans lequel un des joueurs, appelé corbeau et enfermé dans un eercle tracé sur le sol, cherche à saisir ceux qui entrent dans ce cercle en disant ; « Je suis dans ton château, corbeau, et j’y serai toujours, » jusqu’à ce qu’il en ait pris un, qui devient corbeau à son tour.

— Epithètes. Paternel, héréditaire, vaste, immense, monumental, pompeux, splendide, somptueux, magnifique, riche, superbe, orgueilleux, seigneurial, princier, royal, élégant, charmant, gracieux, riant, vieux, antique, ruiné, délabré, noir, sombre, silencieux, mystérieux.

— Syn. Ciidiemi, hnici, pninia. Le château

et l’hôtel sont de grandes maisons construites, avec art dans le double but de flatter les yeux du passant et d’offrir toutes les commodités du luxe à ceux qui les habitent ; mais le château est à la campagne ; on pourrait le définir une grande villa, tandis que Y hôtel est à la ville. Les grands seigneurs, les, gros financiers ont un hôtel pour l’hiver et un château pour la belle saison. Il y a des palais à la ville comme alacampagne ; ce sont des châteaux ou des hôtels plus grands et plus beaux que tous les autres ; les palais sont proprement la demeure des rois, des princes ou des plus hauts fonctionnaires. Un simple particulier, s’il possède une fortune colossale, peut aussi quelquefois se donner le luxe d’un palais, mais c’est seulement quand il a la ridicule vanité de vouloir singer les rois ou les princes.

— Antonymes. Baraque, bicoque, cabane, case, chaumière ou chaumine, humble toit, hutte, masure, taudis, trou.

— Encycl. Archit. À l’origine, le mot château [castrum, castellum, castel, chastel) servit à désigner l’habitation fortifiée d’un seigneur et la citadelle destinée à protéger una ville. Les châteaux se multiplièrent à l’infini au moyen âge, et devinrent comme autant de places fortes où se réfugiaient, en temps de guerre, les populations des campagnes. Plus tard, lorsque l’invention de l’artillerie eut condamné à l’impuissance ces fortifications féodales et amené une transformation complète du système de défense militaire, on conserva néanmoins le nom de château aux résidences princiëres et aux autres habitations rurales de quelque importance. Nous diviserons donc cette élude en deux parties : dans la première, nous nous occuperons des châteaux féodaux, élevés du xe au xvic siècle ; dans la seconde, nous dirons quelques mots des châteaux modernes, élevés depuis |o xvi" siècle jusqu’il nos jours. Pour ce qui est des palais anciens et modernes situés dans l’enceinte des villes, et auxquels on donne quelquefois aussi le nom de château, on trou-