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avec beaucoup de finesse de la vie des chanoinesses et de leurs prétentions nobiliaires. « Une nuit de mai, dit-il, que je m’étois couché le cœur joyeux et l’esprit échauffé des plaisirs d’amour, j’eus un rêve et me crus transporté sous un pin touffu, au milieu d’une grande forêt. On entendoit des milliers d’oiseaux, mais soudain arriva un perroquet qui leur imposa silence ; il étoit le messager de Vénus, et venoit annoncer que, dès le lendemain, au point du jour, la déesse reine tiendroit en cet endroit une cour de justice. A cette nouvelle, la joie éclata de toutes parts, et un trône fut dressé pour la souveraine d’amour. Le soleil étoit à peine levé qu’elle parut, suivie d’une cour nombreuse. La terre, sous ses pas, se couvroit de fleurs ; des fontaines couloienfc autour d’elle et les arbres voisins s’avançoient comme pour la couronner de leur feuillage. Elle s’assit : ceux qui venoient implorer sa justice, qui avoient à se plaindre d’amour, s’approchoient humblement au pied de son trône. La première fut une chanoinesse, que plusieurs chevaliers et gentilshommes, tout fiers de sa connoissance, venoient d’amener là avec quelques-unes de ses compagnes. Sa robe, propre et plissée avec grâce, étoit couverte d’un surplis de fin lin, blanc comme la neige, quoiqu’il parut cependant avoir été un peu chiffonné dans la route. Elle parla ainsi : « Reine, daignez nous écouter, et recevez avec bonté les plaintes de vos sujettes fidèles, qui, jusqu’ici, ardentes pour votre service, promettent encore à vos « pieds d’avoir toujours le même zèle. Longtemps tout ce qui étoit noble s’est fait une gloire de nous aimer ; rien ne lui coûtoit pour avoir cet honneur ; aujourd’hui, les nonnes grises viennent nous enlever nos amis. Comme elles sont faciles et complai « santés, n’exigeant ni soins ni longs services, on a quelquefois la bassesse de nous les préférer. Nous vous demandons justice, grande reine ; punissez leur insolence. Que désormais elles ne puissent prétendre à ceux, qui sont faits pour nous, et pour qui seules nous sommés faites. » "Vends promit d’avoir égard à leur prière. Cependant, avant de condamner les bernardines, elle crut devoir les entendre aussi, et leur permit de se justifier. L’une d’elles alors s’avança, et, avec une grâce, une douceur charmante, prononça ce discours : « Reine aimable et puissante, au service de fc qui nous sommes vouées pour la vie, je viens d’entendre les reproches de nos ennemies ; mais quoi ! la nature ne nous a-telle donc pas aussi formées pour aimer ? N’en est-il point parmi nous d’aussi belles, d’aussi jeunes, d’aussi savoureuses qu’elles ? Leur habit est plus beau que le nôtre, j’en conviens ; mais, en récompense, nous avons des égards, de la complaisance, des soins qui valent bien peut-être une robe élégante. Elles nous accusent de leur enlever leurs amis ; et pourquoi ne pas convenir que « trop souvent la hauteur et la fierté les écartent ? Attirés par notre douceur et notre modesiie, ils viennent à nous ; voilà tout notre art et la violence que nous employons. En vain nous voulons les leur renvoyer, ils reviennent bientôt ; et même, si on les en croit, cette propreté si recherchée, et qui ne s’obtient guère à peu de frais, leur a plus d’une fois fait croire à un amour qu’ils n’ont pas toujours trouvé aussi pur et aussi désintéressé que celui qu’ils ont trouvé chez nous. » Ces dernières paroles blessèrent au vif l’amour-propre de3 chanoinesses. Une grande rumeur s’éleva parmi elles, et leur visage rougit de colère. » Eh quoi ! reprit leur avocate, ces servantes ajoutent l’insuite à l’insolence I Certes, celui-là doit bien « rougir de son goût, qui court chercher leur peau nourrie sous la laine, leurs cottes grises et leur conversation sotte et niaise. Sans leurs agaceries et leurs avances officieuses, quel est le grand seigneur, le^chevalierou l’homme d’honneur qui songeroit à elles ? Mes amies, vous avez vos moines, > vos couvents ; que cela vous suffise. Aimezles, faites-leur des présents, retranchez même de votre pitance pour les nourrir ; nous vous le permettons ; on ne veut des gens de cette espèce ni à Moutier, ni à Nivelle, ni à Maubeuge, ni à Mons. Mais, quant aux. gentilshommes, pour qui nous sommes faites, quant aux chevaliers et aux chanoines, n’élevez point vos regards jus « que-là, et renfermez-vous dans les bornes de votre condition. »

Après ces plaidoiries, "Vénus rend son arrêt : elle déclare l’égalité de tous devant l’amour, et termine en disant aux chanoinesses : « Imitez vos rivales ; soyez comme elles douces et complaisantes, et je vous réponds que vous n’aurez point à craindre alors l’infidélité d’aucun. »

Chanoinesse (la), vaudeville en un acte, en prose, par Eugène Scribe, représenté pour la première fois sur le théâtre du Gymnase le 31 décembre 1833. M. J. Jaiiin a fait de cette pièce le charmant compte rendu que voici : « En 1815, MHe Héloïse, une chanoinesse ou, si vous aimez mieux, une vieille fille sans mari, s’étunt hasardée jusqu’aux avant-postes français, dans la voiture d’un général russe, a été surprise par un corps de grenadiers de la garde. Le vin, la nuit, la vengeance, l’auberge, que vous dirai-je ? À ces causes, le général Bourgachard s’est conduit d’une horrible façou avec M’le Héloïse. Quelques an CHAN

j. nées après, Ml|c Hélo’ise est restée plus cha- ! noinesse que jamais-, seulement elle a pré, sente à ses amis de province un sien neveu, le fils de sa nièce, qui est mariée en Amérique. Tout va donc pour le mieux. Mais, voyez la chance 1 Cette nièce, que la chanoinesse a mariée, et à qui elle a prêté ce joli petit garçon si gratuitement, cette nièce arrive tout d’un coup du nouveau monde. La pauvre tante est fort embarrassée. Que dira la ville de Tours, quand elle apprendra que cette nièce, Gabrielle, n’a pas d’enfants, qu’elle n’est pas mariée, mais bien à marier, et qu’elle aime un bel officier de marine, M. Henri, dont elle est aimée. La chanoinesse n’a d’autre parti à prendre que de tout avouer à sa nièce. Gabrielle, voyant le désespoir de sa tante, consent à passer pendant quelques jours pour la mère de l’enfant. Mais voilà qu’arrive M. Henri, suivi de son oncle, le général Bourgachard, un vieux grognard, un célibataire goguenard, qui ne croit pas à la vertu des femmes. Vous Jugez du chagrin de Henri lorsqu’il apprend que la jeune personne est mariée, qu’elle n’est qu’une veuve assez agréable, et qu’elle a un enfant de sept ans I Vous jugez des-éclats de rire, du général. Bientôt la scène change. Après quelques explications, le général apprend, a n’en pas douter, qu’il est’le père de l’enfant en question ; mais en même temps il se persuade que cette jeune personne si jolie, si modeste, si spirituelle et si jeune est la mère de l’enfant. Là-dessus, voilà mon général qui ne parle que de réparer sa faute. Il veut à tout prix donner un père à son enfant ; il y est résolu, et voilà qu’il se forge toutes sortes de félicités ; seulement il ne se trouve pas assez puni. Mais que devient-il, quand

! il se voit obligé d’épouser, non pas Gabrielle,

mais la chanoinesse I II est puni par où il a péché. ■ Sans être une des meilleures pièces de Scribe, j la Chanoinesse est cependant restée au ré-1 pertoire du Gymnase, et, après Vingt-cinq ans, elle y est encore bien accueillie.

! CHANOIS (le), ancien petit pays de France,

dans la Franche-Comté. Le lieu principal , était Sainte-Marie-en-Chanois, commune com- ! prise aujourd’hui dans le canton de Fauco-I gney, arrond. de Lure, dans le département de la Haute-Saône.

CHANON s. m. (cha-non). Moll. Espèce de coquille bivalve du genre avicule.

CHANONAT, village et commune de France, (Puy-de-Dôme), arrond. et à 11 kilom. S. de Clermont-Ferrand ; 1,151 hab. Source minérale froide. C’est à Chanonat que Jacques Delille passa les premières années de sa vie, et ce site pittoresque fut toujours cher au poète, qui le chanta dans son Hymne des Champs. « La Grèce elle-même, parée de tant de souvenirs, a dit M. Léon Maret (Voyage en Auvergne, 1860), ne put faire oublier à Delille le charmant village de ce vallon enchanteur. C’est dans ces lieux, où la nature étale toute sa splendeur, que la muse des champs, parée des épis de la bruyère et des fleurs de l’églan- ■ tier, murmura à son oreille des chants qui devaient ravir la France. » Le touriste visite encore aujourd’hui la chambre, parfaitement conservée, où étudiait Delille ; la table sur laquelle il écrivait se trouve placée, comme aux jours de l’enfance du poëte, dans l’embrasure d’une fenêtre. En face s’élève une délicieuse colline, ombragée de saules et de peupliers, au pied de laquelle serpente un limpide ruisseau.

CHANORRIER ou CHANOR1ER (Antoine), dit Desuueronges, ministre de la religion réformée. Il exerçait les fonctions pastorales à Berne, lorsque, en 1556, il fut appelé comme pasteur par l’Église de Blois. Obligé de quitter cette ville en 1559, il se dirigeait vers la Suisse ; mais il fut retenu en route et nommé pasteur à Orléans, où il resta jusqu’en 1568. Les catholiques étaient alors maîtres de la place, et attendaient l’occasion de venger leurs saints mutilés. Chanorrier dut s’enfuir à Montargis ; sa femme, qui s’était déguisée en paysanne, fut prise et jetée dans la Loire. Il se retira alors à Genève, où il fut nommé régent de l’hôpital en 1574. Chanorrier a laissé un ouvragé satirique, qui est aujourd’hui devenu très-rare ; il a pour titre : la Légende des prêtres et des moines, composée en rimes et divisée par chapitres (Genève, 155S, in-16 ; nouvelle édition, 1560, in-8°). Cette seconde édition est la plus estimée.

CHANOS s. m. (cha-uoss). Ichthyol. Espèce de poisson abdominal à une seule dorsale.

CHANOT i(François), luthier français, né à Mirecourt en 1787, mort à Brest en 1823. H était fils d’un fabricant d’instruments de musique. Doué de remarquables aptitudes pour les sciences exactes, il fut admis à l’École polytechnique, et entra ensuite dans le corps des ingénieurs de la marine. Comme tous ceux qui avaient servi sous l’Empire, il vit la Restauration avec regret ; quelques couplets satiriques le firent mettre à la demi-solde et sous la surveillance de la police. Il se retira alors dans sa ville natale, et, dans son oisiveté forcée, approfondit les principes de la construction des instruments de musique. Le résultat de ses réflexions se traduisit par la confection d’un violon qui présentait d’assez notables différences avec les instruments ordinaires. Plusieurs artistes éminents déclaré- • rent, dans un rapport à l’Institut, que le violon

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Chanot n’était pas inférieur à ceux de Stradivarius et de Guarneri ; mais l’expérience a été loin de confirmer cette appréciation flatteuse. Toutefois, ces essais ne furent pas perdus ■ pour Chanot ; ils le firent rétablir dans le cadre d’activité des ingénieurs de la marine, bien que la fabrication des violons soit assez indifférente à l’art des constructions navales.

CHANRION (Joseph), révolutionnaire, né à Grenoble en 1756, mort en 1830. Il exerçait dans cette ville la profession de peigneur de chanvre quand la Révolution éclata. C’était un homme illettré, mais énergique, intelligent, et doué de cette éloquence naturelle, pleine d’images, si puissante sur l’esprit des masses. Il devint l’un des chefs les plus importants du parti populaire, et rendit de grands services à Grenoble, en mettant son influence au service des idées modérées. En janvier 1794, la municipalité de Grenoble ayant reçu l’avis confidentiel que le comité de Salut public se proposait d’établir dans cette ville une commission révolutionnaire, elle envoya Chanrion à Paris, afin de s’opposer à ce projet. Le député grenoblois se présenta hardiment devant le terrible comité. Il exposa l’objet de sa mission ; puis, s’échauffant par degrés, il ajouta que lui, Chanrion, répondait du patriotisme dé la ville de Grenoble. « Tu par les bien haut, citoyen ; et qui nous répondra de toi, s’écria en l’interrompant un des membres du comité ?-CommentI tu doutes de moi ?» répondit Chanrion plus surpris qu’interdit de cette interruption. Robespierre dit alors : ■ Il me semble que, puisque le citoyen Chanrion répond de Grenoble, on peut se dispenser d’y envoyer une commission. » Et le projet fut définitivement écarté.

Chanrion fut officier municipal de Grenohle en 1790, juge de paix de 1792 à 1795, et administrateur de l’Isère. Nommé de nouveau juge, de paix en 1808, il remplit ces fonctions jusqu’à la Restauration, époque à laquelle il fut naturellement destitué.

CHAN-SI, province septentrionale de l’empire chinois, bornée au N. par la grande muraille, à l’E. par la province de Pé-Tché-Li, au S. par celle de Ho-Nan, et à l’O. par celle de Chen-Si. Superficie, 143,696 kilom. carrés ; 14,004,210 hab. Capitale, Thaï-Youan ; viles principales ; Taï-Tchéou, Kiang-Tchéou et Lao-Tchéou. Le climat de Chan-Si’est agréable et salubre. Son sol fertile produit beaucoup de céréales, mais on n’y cultive pas le riz à cause de la rareté des terrains humides. Sur quelques coteaux, on cultive la vigne, qui donne des raisins délicieux et renommés. Les Chinois les font sécher pour les exporter, mais n’en font pas de vin, quoique les missionnaires leur aient appris à en faire. La partie septentrionale de cette province est montagneuse ; les montagnes recèlent de vastes houillères ; on y trouve aussi en abondance du jaspe de diverses couleurs, du marbre, du porphyre, des salines, du cristal et des mines de fer. Enfin ? indépendamment de quelques soieries et objets en laque, on fabrique dans le Chan-Si des tapis remarquables par leur beauté,


CHANSON s. f. (chan-son — du lat, Cantio, action de chanter). Pièce de vers divisée en stances égales appelées couplets, et qui est destinée à être chantée. Se dit plus particulièrement des pièces écrites dans un style badin : Chanson nouvelle. Recueil de chansons. Les couplets, le refrain d’une chanson. Faire des chansons. Composer des airs de chansons. Chanter une chanson. La chanson est à la fois l’interprète du cœur et l’organe de l’esprit, (Étienne.) Mes chansons, c’est moi. (Béranger.) La chanson, comme plusieurs autres genres, est toute une langue, et, comme telle, elle est susceptible de prendre les tons les plus opposés. (Béranger.) Grand nombre de mes chansons ne sont que des inspirations de sentiments intimes ou des caprices d’un esprit vagabond. (Béranger.) Dans un repas familier, la chanson achève ce que la conversation a commencé. (E. Bersot.) Le peuple, quand on ne lui fait pas de chansons, les fait lui-même. (E. Bersot.) Deux genres de chansons gui semblent particuliers aux Romains sont la chanson de triomphe et les chansons satiriques et mordantes contre le triomphateur. (Passerat.) Bn France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors une monarchie absolue tempérée par des chansons. (Scribe.) Bien n’est pins français que le vaudeville, c’est' à-dire la chanson gaie ou maligne. (Ste-Beuve.)

11 faut, même en chansons, du bon sens et de l’art.

Boileao. Ou chantez vos plaisirs, ou quittez vos c/umsons.

Voltaire. Il est triste de voir partout l’œuvre du mal Entonner ses chansons sur un rhythme infernal.

A. Barbier. Fille aimable de la Folie, La Chanson naquit parmi nous. Souple et légère, elle se plie Au ton des sages et des fous.

Bernis. Il Air sur lequel on chante des pièces du même genre : Ce musicien n’a fait que des chansons. — Par ext. Chant poétique, poésie chantée ou non : Les chansons des poètes. Il Chant quelconque, même celui des oiseaux : Les chansons du rossignol et de la fauvette. L’oiseau est, après Vhomme, la seule créature qui

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puisse remercier Dieu par ses chansons joyeuses. (Toussenel.) Il Suite de cris, ou de "bruits ressemblant à des cris, que produisent certains insectes :

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon. Les regardant passer, redouble sa chanson.

Baudelaire.

— Fam. Propos rebattus et qui reviennent sans cesse, comme un refrain de chanson : Il n’a, il ne sait qu’une chanson. Il dit, il chante toujours la même chanson. VoiVà ma chanson. (Mme de Sév.) Ils ont été, nous sommes, d’autres seront : c’est la chanson éternelle. (Th. Gaut.)Oans les journaux russes, c’est toujours les mêmes paroles, la même chanson. (T. Delord.)

Le malheureux n’a rien qu’une chanson : Grâce, dit-il....*....

La Fontaine.

Il Discours frivoles, balivernes, sornettes, ’ menteries, contes eu l’air : Voyons, assez de chansons ; parlons sérieusement. Il n’est pas homme à se payer de chansons. Tous ces biens â venir me semblent autant de chansons ; il n’est rien de tel que ce qu’on tient. (Mol.) On endort les hommes comme les enfants avec des chansons. (Boiste.)

Les maux les plus cruels ne sont que des r/uinnn^fe

La Fontaine. ^* On abuse du vraucomrne on. fait de la feinte ; Je le souffre aux récits qui passent pour chansons.

La Fontaine. Les plus sages conseils, les meilleures leçons, A gens bien amoureux, monsieur, sont des chatisons.

Quinault. Il Remontrances vaines :

Un amant de son père écoute les leçons,

Et court chez sa maitresse oublier ses chansons.

BOILEAU.

— Elliptiq. Chanson ! ou Chansons ! Ce sont des chansons, des choses, des paroles vaines ou fausses : Je vous le promets.Chansons 1 ... Mais, permettez. — Je ne veux rien permettre.

— Ce n’est pas un exploit. — Chanson ! — C’est une lettre.

— Encor moins. — Mais lisez....

Bacihe.

Pour des chansons, Pour des choses vaines, insignifiantes, sans importance ; Mes plus grands biens, comme mes plus grands' maux, me sont venus pour des chansons. (J.-J. Rouss.)

Chanson à boire, chanson de table, chanson bachique, Chanson où le vin est célébré : Ces bagatelles sont comme les chansons de table qu’il ne faut chanter qu’en pointe de vin. (Voltaire.)

Purgeons nos desserts

Des chansons d boire. Béranger.

Il Chanson à danser, Espèce de ronde avec un refrain que l’on répète après chaque couplet, et dont on s’accompagne en dansant.

Chanson de geste, Ancien poëme dans lequel on célébrait les exploits des chevaliers et surtout des princes : Une geste est le récit des exploits d’un prince, et une chanson dk geste est un poème de ce cycle. (Littré.) Les chansons de GESTE sont écrites en vers de dix syllabes. (E. Littré.) V. geste, il Chanson de Roland, Poëme sur un sujet romanesque, que l’on chantait à la tête des troupes pour les animer au combat. V. plus loin.

Chanson farcie, Chanson en langue vulgaire entremêlée de latin, comme on en faisait au moyen âge. La chanson farcie fut employée dès le xiie siècle ; elle comprenait alors plus de vers latins que de français, et ceux-ci étaient destinés à rendre plus facilement intelligibles des strophes satiriques pour lesquelles on recherchait un succès populaire. Plus tard, la chanson farcie devint un simple amusement. On en a un exemple dans les vers si connus de panard :

Bacchus chez Grégoire, Nobù imperat ; Chantons tous sa gloire, Et quisque bibat ; Hâtons-nous de faire Quod desiderat ; 11 aime en bon frère Qui sœpe bibat.

Quel écolier n’a écrit sur la première page d’un livre neuf, et au-dessous d’un informa croquis figurant une potence ornée de son pendu, le quatrain suivant, imitation ou variété de la chanson farcie :

Aspice Pierrot pendu,

Qui hune librum n’a pas rendu.

Si illum redàidisset,

Perrot pendu non fuisset.

Mettre en chansons, Ridiculiser par des chansons : En France, on met tout en chansons.

Faut-il que désormais à deux doigts Tonte montre,

Qu’on te mette en chansons ?

Molière.

Voilà bien une autre chanson ! C’est une autre chanson, C’est une autre affaire, un autre embarras, une difficulté nouvelle, une chose inattendue.

Comme dit la chanson, Se dit quand on fait une citation empruntée à une chanson connue : Devines pourquoi, comme dit L4 chanson. (Mme de Sév.)