Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 2, Caq-Cel.djvu/74

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Ma- dam’ Vé- to a- vait pro- mis
Ma- dam’ Vé- to a- vait pro- mis
De faire é- gor- ger tout Pa- ris
De faire é- gor- ger tout Pa- ris
Mais le coup a man- qué,
Grâce à nos ca- non- niers.
Dan- sons la car- ma- gno- le
Vi- ve le son, vi- ve le son
Dan- sons la car- ma- gno- le,
Vi- ve le son du ca- non_!
}


Madam’ Véto avait promis '’bis’'
De faire égorger tout Paris '’bis’'
Mais le coup a manqué,
Grâce à nos canonniers.

'’Refrain’'
Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !

Monsieur Véto avait promis '’bis’'
D’être fidèle à sa patrie[1] ; '’bis’'
Mais il y a manqué.
Ne faisons plus quartier.

'’Refrain’'

Antoinette avait résolu '’bis’'
De nous fair' tomber sur le cul ; '’bis’'
Mais son coup a manqué
Elle a le nez cassé.

'’Refrain’'

Son mari, se croyant vainqueur, '’bis’'
Connaissait peu notre valeur. '’bis’'
Va, Louis, gros paour,
Du Temple, dans la tour.

'’Refrain’'

Les Suisses avaient promis '’bis’'
Qu’ils feraient feu sur nos amis ; '’bis’'
Mais, comme ils ont sauté,
Comme ils ont tous dansé !

'’Refrain’'

Quand Antoinette vit la tour, '’bis’'
Ell' voulut fair' demi-tour ; '’bis’'
Elle avait mal au cœur
De se voir sans honneur.

'’Refrain’'

Lorsque Louis vit fossoyer, '’bis’'
À ceux qu’il voyait travailler '’bis’'
Il disait que pour peu
Il était dans ce lieu.

'’Refrain’'

Le patriote a pour amis '’bis’'
Toutes les bonnes gens du pays ; '’bis’'
Mais ils se soutiendront
Tous au son du canon.

'’Refrain’'

L’aristocrate a pour amis '’bis’'
Tous les royalist's à Paris '’bis’'
Ils vous les soutiendront
Tout comm' de vrais poltrons.

'’Refrain’'

La gendarm'rie avait promis '’bis’'
Qu’elle soutiendrait la patrie '’bis’'
Mais ils n’ont pas manqué
Au son du canonnier.

'’Refrain’'

Amis, restons toujours unis '’bis’'
Ne craignons pas nos ennemis '’bis’'
S’ils vienn'nt nous attaquer,
Nous les ferons sauter.

'’Refrain’'

Oui, je suis sans-culotte, moi '’bis’'
En dépit des amis du roi '’bis’'
Vivent les Marseillois,
Les Bretons et nos lois !

'’Refrain’'

Oui, nous nous souviendrons toujours, '’bis’'
Des sans-culottes des faubourgs '’bis’'
À leur santé buvons ;
Vivent ces bons lurons.

Refrain


Shakspeare, il ne mêlera pas les genres. L’altération de la vérité dans le drame historique lui paraît un non-sens ; c’est prétendre corriger la nature et substituer le faux à la réalité. Point de suicides. Ce à quoi il tend, c’est à l’effet vertueux et solide. Dans l’intérêt même de l’art, il veut favoriser ■ le développement de la force morale, à l’aide de laquelle on domine et juge les passions. ■ Aucune situation capable de donner l’éveil à de dangereuses sympathies. II repousse les nuits enivrantes de Roméo et de Juliette, aussi bien que les flammes impures de la Clytemnestre et de la Phèdre antiques ; c’est la femme modestement éprise qu’il veut, encore n’en fait-il qu’un épisode pour l’action principale.

Dans ses drames, le po8(e italien ne cache pas assez sa personnalité. Tous les discours que tiennent ses personnages satisfont l’intelligence ; chaque figure, une fois posée, se développe dans une succession d’idées claires et suivies : de là un manque de réalité. La passion, ce grand mobile dont Eschyle, Shakspeare, Corneille et Schiller ont tiré de si puissants effets, est absente des drames de Manzoni. Il y a une philosophie apprise dans le langage de tous ses personnages., Vous savez d’avance où ils vont et ce qu’ils oseront. II y manque aussi un certain mouvement ; on n’éprouve ni l’agitation de l’espérance, ni l’angoisse de la crainte. Le Comte de Carmagnola, et le second drame de l’auteur, Adelchi, sont de belles créations ; mais on y sent trop l’esprit créateur. Peut-être ce génie, si magnifique dans les détails, et dont la langue si pure, si travaillée, si originale, n’a d’autre défaut que sa perfection même, n’eût demandé, pour arriver à son complet développement dramatique, que la fécondante influence du public.

Telle est notre opinion. Celle de M. Sainte-Beuve ne parait guère s’en éloigner, > En s’appîtquant, dit l’éminent critique, à la composition de ses tragédies historiques indépendamment de toute -règle factice, en combinant l’étude sévère et la passion, la fidélité à l’esprit, aux mœurs.et aux caractères particuliers de l’époque, et les sentiments humains généraux s’exprimant dans un langage digne et naturel, Manzoni ne faisait autre chose que réaliser avec originalité le vœu déjà ancien de son ami, et donner la vie poétique aux idées qu’ils avaient autrefois agitées ensemble. Lorsque Fauriel vit l’œuvre et lut ce Carmagnola à lui dédié, il put aussitôt reconnaître son idéal et s’éerier : Le voilà I »

Le grand Goetho ne crut pas indigne de faire, dans un recueil, un compte rendu détaillé du drame italien. Voici le jugement qu’il en a porté : • Nous félicitons M. Manzoni de s’être affranchi aussi heureusement qu’il l’a fait des anciennes règles, et d’avoir marché dans la route nouvelle d’un pas si sûr que l’on pourrait fonder d’autres règles sur son exemple. Nous devons ajouter qu’il est constamment élégant, correct et distingué dans les détails, et qu’après un examen aussi scrupuleux et aussi sévère qu’on peut l’attendre d’un étranger, nous n’avons pas rencontré dans sa pièce un seul passage où nous ayons désiré un mot de plus ou de inoins. La simplicité, la vigueur et la clarté sont inséparablement fondues dans son style, et, sous ce rapport, nous n’hésitons pas à qualifier son ouvrage de classique... » Gœthe ne se borna pas là, et défendit vivement le drame italien contre des critiques injustes.

Carmagnola fut traduit en français par Fauriel en 1823.

Caruiuf nola, opéra en deux actes, paroles de Scribe, musique de M. Ambroise Thomas, représenté le 19 avril 1841 sur le théâtre de l’Opéra. Le héros de Manzoni ne porta pas bonheur à la nouvelle pièce. L’amour du comte de Carmagnola pour la femme de Castruecio sembla plus immoral que théâtral ; il atténua l’intérêt qu’eût pu inspirer ce personnage. « Scribe, disait la Gazette des théâtres, n’est parvenu qu’à coudre ensemble, tant bien que mal, deux ou trois scènes banales que nous avons déjà vues dans plus d’un de ses livrets, et jamais le tact, scénique et l’esprit des détails ne nous semblent lui avoir fait défaut à ce point. » Toute la presse fut unanime pour critiquer ce poème d’une faiblesse extrême. La partition offrait un certain mérite de facture, mais l’originalité y faisait presque complètement défaut. On remarqua pourtant un duo au premier acte, et un autre duo au deuxième. C’était le début à l’Opéra du compositeur, et |son œuvre disparut promptement de l’affiche, en dépit des efforts de Dérivis fils, ~ et de Mme Dorus-Gras.

CARMAGNOLE s. f. (kar-ma-gno-le ; on mil. — du nom d’uneVille du Piémont qui fut prise par les Français, ou peut-être de la veste qui porta le même nom). Sorte de ronde révolutionnaire que le peuple dansait en 1793 :

Paris, d’un pas joyeux, danse la carmagnole, Autour du grand Napoléon. A. Barbieb. Il Chanson sur l’air de laquelle on dansait la carmagnole : Chanter la carmagnole. Cannamole ne figure ici qu’à titre de mot passé dans la langue. Plus loin, nous consacrons un article spécial à cet hymne révolutionnaire ; et à ceux que cette appellation hymne choquerait, nous répondrons que la Carmagnole de 93 a fait le tour du monde et conduit vingt fois nos sansculottes à la victoire. Ne méprisons pas trop

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les vieux parchemins que nous ont légués nos pères. Aujourd’hui, nous tous, banquiers, commerçants, industriels, ministres, etc., nous datons de 89, et ce sont de vilains oiseaux que ceux qui font caca dans leur nid.

— Par ext. Nom donné d’abord aux rapports de Barère, pour caractériser l’esprit révolutionnaire dont ils étaient empreints, et ensuite à tout discours ou écrit révolutionnaire de peu d’étendue : Écoutez ! Voici Barire ; il faut entendre sa carmagnole à l’armée de la République sous les murs de Toulon : « Soldats, vous êtes Français, vous êtes libres. Voilà des Espagnols et des A7iglaist des esclaves ! La Liberté vous observe. » Un long applaudissement a suivi. (E. Quinet.) La dernière espérance de conciliation s’était évanouie ; Barère suppléa Saint-Just ; il improvisa, plusieurs heures durant, une immense carmagnole sur les services du comité. (Michelet.) Barère a-t-il réellement prononcé, dans une de ses carmagnoles, la fameuse phrase : « Il n’y a que les morts gui ne reviennent point ? »(L. Combes.) Depuis les bouffonneries épiques de Rabelais jusqu’aux carmagnoles athéniennes de l’imon de Paris, les puissantes gaietés delà muse nationale ont toujours signifié quelque chose ; on n’avait qu’à briser l’os. (L. Combes.) Fréron surtout, Vex-terroriste qui maintenant sonnait furieusement l’hallali contre les terroristes, ramenait obstinément cette question à l’ordre du jour ; c’était un des thèmes de ses carmagnoles thermidoriennes ; c’était un des champs de bataille sur lesquels il combattait les survivants des anciens comités, en les poussant vers l’échafaud. (L. Combes.)

— Cost. Sorte de veste avec des basques très-courtes, à grand collet et à plusieurs rangées de boutons métalliques, qui à été beaucoup portée par le peuple, pendant la Révolution : Une dizaine d’entre euxpartaient cette veste républicaine connue sous le nom de carmagnole. (Balz.)

— s. m. Nom donné aux membres les plus exaltés du club des jacobins. Il Nom donné aux soldats de la République française par les soldats des armées étrangères.

— Encycl. Rapports de Bai-ère. On donnait plaisamment ce nom de carmagnoles aux rapports et aux discours de Barère, pour en caractériser l’esprit et les formes révolutionnaires. Orateur abondant et facile, et rapporteur ordinaire du comité de Salut public, le célèbre député était souvent un messager de bonnes nouvelles, et ses fameuses carmagnoles, qu’on a voulu ridiculiser plus tard, et qui étaient eneffet un peu boursouflées de verve gasconne, étaient toujours bien accueillies de Fa Convention et des tribunes, car elles annonçaient presque toujours de nouvelles victoires de la République. Aussi, dès qu’il paraissait, on le saluait d’acclamations et l’on criait de toute part : « Barère k la tribune I » Il fallait que, toute affaire cessante, il lût son rapport. • Ces carmagnoles à la tournure pittoresque ne laissaient pas un cœur sans émotion ; et quand on les relisait dans les camps, les soldats étaient ivres de joie. » (H. Carnot.) Un colonel entraînait ses soldats à l’assaut d’une redoute en leur criant : « Mes enfants, il s’agit aujourd’hui d’envoyer Barère à la tribune. ■ Et la redoute était emportée. Le mot se popularisa dans toutes les armées, et dès lors les soldats chargeaient en se répétant, comme un cri de guerre : Barère à la tribune/ On voit que les carmagnoles de Barère étaient bonnes a quelque chose.

Costume. Ce vêtement populaire, adopté par les révolutionnaires ardents et dont la Vogue se développa surtout après le triomphe des montagnards (31 mai~2 juin 1793), était proprement une veste comme en portaient la plupart des ouvriers et comme l’usage s’en est conservé dans beaucoup de contrées, notamment dans le Midi. Les fédérés marseillais venus à Paris en 1792, et qui coopérèrent à la révolution du 10 août, donnaient le nom de carmagnole à la veste qu’ils portaient, probablement parce que sa forme particulière leur avait été apportée de la ville de Carmagnola, en Piémont, par les nombreuses migrations de travailleurs que cette partie de l’Italie et la côte de Gênes déversent annuellement sur la Provence» L’engouement dont les fédérés étaient l’objet mit a la mode et la chose et le nom. Tout fut bientôt à la carmagnole. On chanta, qu dansa la carmagnole (v. ci-dessous). De la même manière que la coiffure de laine du paysan était devenue le bonnet de la Liberté, la souquenille du pauvre devint l’insigne des patriotes, l’uniforme de l’égalité. Des représentants montagnards l’adoptèrent, ainsi que des membres de la Commune et autres fonctionnaires. Une carmagnole complète finit par se composer d’un large pantalon de laine noire, d’une veste pareille, d’un gilet tricolore ou écarlate el d’un bonnet rouge. D’ailleurs, circonstance caractéristique, la mode et la coquetterie s’accommodèrent de ce vêtement démocratique, et l’on vit d’élégants sansculottes revêtir des carmagnoles de soie. Les fluctuations de la politique eurent leur réaction sur le costume ; la vogue de la carmagnole tomba après le 9 thermidor, et bientôt la veste des sans-culottes fut remplacée par l’accoutrement caricatural des incroyables.

Carmngnolo (la), chant révolutionnaire que le peuple de Paris répétait sous la première République, en formant sur les places et autour des arbres de liberté, des autels de la

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patrie, etc., ces immenses farandoles en usage dans le Midi, — et qui entraînaient dans leurs rondes les citoyens de toutes les classes, et même les magistrats, les représentants du peuple et les généraux d’armée. Nous donnons à la fin de cet article les treize couplets de cette ballade fameuse, sur laquelle Dumersan a écrit une notice assezdétaillée, qui a servi de base aux articles des divers recueils encyclopédiques. Il explique l’étymologie du nom de Carmagnole, en disant que la chanson parut en 179S, au moment où les troupes françaises venaient d’entrer triomphantes dans la Savoie et le Piémont, dont Carmagnole est une ville forte. Et il ajoute : < On ignore si la musique et la danse de la Carmagnole sont originaires de ce pays et en ont pris le nom, ou si l’air a été composé par quelque musicien piémontais ou français, à 1 époque de nos victoires en Piémont. »

Cette explication vague et facile rencontre plus d’une difficulté. D abord, l’armée française qui prit Chambéry sans coup férir le 23 septembre 1792 ne pénétra point dans le Piémont, et ne put connaître Carmagnola, dont elle était séparée par des chaînes de montagnes et par plusieurs contrées. Cette ancienne place forte, située sur la rive droite du Pô, à as kilomètres de Turin, ne tomba en notre pouvoir qu’en 1796. Là similitude de nom, cela est plus que probable, est ici un cas tout fortuit,

La chanson a été composée après la journée du lo août 1792, où les fédérés marseillais jouèrent un rôle très-actif qui les mit en grande vogue :

Vivent les Marseillois,

Les Bretons (autres fédérés) et nos lois !

Or, ces Marseillais portaient une sorte de veste longue encore en usage dans le Midi, et qui était appelée carmagnole, l est hors de doute que c’est là l’origine du nom. On sait que ce costume devint populaire parmi les patriotes ardents. Rien n’empêche, d’ailleurs, de concéder aux amateurs â’étyinologie que cette veste méridionale pouvait être originaire de la ville de Carmagnola en Piémont. On verra que le fameux chant est une sorte de récit de la journée du 10 août et de ses conséquences immédiates. Marie-Antoinette est mise en scène sous son sobriquet de Mm<» Veto. Elle avait promis (aux Autrichiens, à la coalition) de faire égorger tout Paris ; mais, ajoute le barde populaire, son coup a manqué, grâce à nos canonniers, c’est-à-dire aux canonniers des sections, qui pointèrent leurs pièces sur les Tuileries. Voilà Louis et Antoinette dans la tour, et la moralité de la chanson, c’est que Mme Veto voudrait, mais en vain, faire demi-tour. Un couplet est relatif aux travaux exécutés au Temple, sous la direction de Palloy, pour empêcher l’évasion des captifs :

Lorsque Louis vit fossoyer,

À ceux qu’il voyait travailler,

Il disait

La Carmagnole est anonyme ; on ignore absolument le nom du poète, ainsi que celui du compositeur.

Cette espèce de ballade dansante jouit de la même popularité que le Ça ira ; elle fut chantée dans toute la France, sur tous les théâtres, excitant constamment des transports universels ; introduite dans la. musique militaire, elle ranima plus d’une fois nos soldats dans les marches et dans les combats pendant les terribles guerres de la République, et jusqu’au consulat. À cette dernière époque, le futur empereur fit rayer la Carmagnole du répertoire des orchestres militaires et des scènes lyriques ; mais, particularité curieuse à noter, elle reparut un instant, lorsque les alliés firent à Paris leur entrée triomphale.

Pendant la l’erreur, on avait fait sur le même air une chanson de soldats intitulée la Gamelle, et qui eut une vogue immense dans les armées. La Gamelle, c’est l’emblème de la fraternité républicaine et militaire. Cette ronde-ci est un peu supérieure à la Carmagnole comme poésie ; il y a même des traits élevés sous une forme un peu triviale : Ah ! s’ils avaient le sens commun, Tous les peuples n’en feraient qu’un !

Loin de s’entr’égorger,

Ils viendraient tous manger

À la même gamelle,

Vive le son, etc.

Le chant de la Carmagnole a été très-sévèrement jugé. Voici un spécimen de ces appréciations : « Il s’exhale de ces couplets une odeur de sang... Le tigre affamé y fait entendre ses terribles rugissements... La panthère populace, hurlant après les têtes, vociférait son chant sinistre autour de l’échafaud ruisseselant... La Carmagnole est une obscénité musicale, etc. » Il y a peut-être du vrai dans tout cela, mais le jugement serait trop sévère, et partant injuste, si l’on ne faisait pas la part des circonstances au milieu desquelles se produisirent ces strophes brutales. L’atmosphère était sombre et orageuse, et la foudre s’en échappait à tout moment. Quoi qu’il en soit, la Carmagnole restera un monument curieux et original des opinions, des sentiments, des impressions du peupleou, si l’on veut, de la populace — de Paris en

1792.

CARM

fai-re é-gor • ger tout l’a - ris. Mais

Allegro,

Ma - dam’ Ve - ta

— gno-le, Vi-ve le «cm du ca - non !

DZUJLIF.UE COUPLET.

Monsieur Veto avait promis (bis) D’être fidèle à sa patrie (bis) ;

Mais il y a manque.

Ne faisons plus quartié.

Dansons la carmagnole, etc.

TROISIÈME COUPLET.

Antoinette avait résolu (bis)

De nous fair’ tomber sur le eu (but) ;

Mais son coup a manqué ;

Elle a le nez cassé.

Dansons la carmagnole, etc.

QUATRIÈME COUPLET.

Son mari, se croyant vainqueur (bis). Connaissait peu notre valeur (bit).

Va, Louis, gros paour,

Du Temple dans la tour.

Dansons la carmagnole, etc.

CINQUIÈME COUPLET.

Les Suisses avaient promis (bis)

Qu’ils feraient feu sur nos amis (bis) j

Mais, comme ils ont sauté,

Comme ils ont tous dansé !

Dansons la carmagnole, etc.’

SIXIÈME COUPLET.

Quand Antoinette vit la tour (bis), Elle voulut (air’ demi-tour (bis) ;

Elle avait mal au cœur

De se voir sans honneur.

Dansons la carmagnole, etc.

SEPTIÈME COUPLET.

Lorsque Louis vit fossoyer (bis), À ceux qu’il voyait travailler (bis)

11 disait que pour peu

Il était dans ce lieu.

Dansons la carmagnole, etc.

HUITIÈME COUPLET.

Le patriote a pour amis (bis) Tous les bonnes gens du pays (bis) ;

Mais ils se soutiendront

Tous au son du canon.

Dansons la carmaynale, etc.

NEUVIÈME COUPLET.

L’aristocrate a pour amis (bis) Tous les royalist’s à Paris (bis). Ils vous les soutiendront Tout eomm’ de vrais poltrons. Dansons la carmagnole, etc.

DIXIÈME COUPLET.

La gend*rmr’ie avait promis (bis) Qu’elle soutiendrait la patrie (tris)

Mais ils n’ont pas manqué

Au son du canonié.

Dansons la carmagnole, etc.

. ONZIÈME COUPLET,

Amis, restons toujours unis (bis). Ne craignons pas nos ennemis (bis).

S’ils vienn’nt nous attaquer,

Nous les feronssauter.

Dansons la carmagnole, etc.

DOUZIÈME COUPLET.

Oui, je suis sans-culotte, mei (bis), En dépit des amis du roi (bis).

Vivent les Marseillois,

Les Bretons et nos lois !

Dansons la carmagnole, etc.

TREIZIÈME COUPLET.

Oui, nous nous souviendrons toujours (bis). Des sans-culottes des faubourgs (lis)

A leur santé buvons ;

Vivent ces bons lurons.

Dansons la carmagnole.

Vive le son, vive le son.

Dansons la carmagnole.

Vive le son du canon !

Carmagnole (la), Journal des enfants ae Paris, ornée de la double tête dé Jean qui pleure et de Jean qui rit, qui parut après les événements de février 1S48 et disparut promptement. Elle n’avait rien de commun avec la Carmagnole de la première République. Il ne s’agissait plus pour elle de mettre les aristocrates à la lanterne ; car, en 1848, il n’y avait plus de cordes aux lanternes. Les aristocrates modernes, selon elle, devaient être voués tout simplement au ridicule, et elle chantait avec, une bonne humeur qui faisait honneur à ses

  1. D'être fidèle à son pays dans le recueil de Martin Pénet.