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d’Aï (Jos., vni, 28, 20), il fit pendra le roi de cette Tille à une potence, et, lorsque le soleil fut couché, il ordonna de descendre le cadavre et de le jeter à l’entrée de la ville, où on le couvrit d’un grand monceau de pierres qui subsista pendant plusieurs siècles. — Le système de construction des galgals bretons présente une certaine variété ; « toutefois, dit M. H. Martin, à l’exception d’un petit nombre, et particulièrement du Mané-Lud ou ManénHellud (Monceau des Cendres), tumulus des environs de Locmariaker, composé de vase de mer desséchée qu’on avait longtemps prises pour des cendres, ces buttes artificielles consistent en un véritable carn, pour employer le terme celtique, c’est-à-dire en un monceau de pierres sèches enveloppant un ou plusieurs dolmens ou caveaux, souvent reliés par des galeries intérieures. Le carn de pierres sèches parait avoir été d’habitude recouvert d’une couche de vase de mer ou de terre végétale, parfois surmonté à son tour d’une troisième carapace en pierres ; le but évident de cette double et triple enveloppe était d’empêcher l’infiltration des eaux dans les dolmens ou cryptes sépulcrales. — Sépulcrales, disons-nous ; c’est ce qui ne peut plus faire doute, car on a trouvé des restes humains dans tous les dolmens qu’on a récemment fouillés, si. ce n’est dans le Mané-erHroék (le Monceau de la Fée) aux environs de Locmariaker, qu’une tradition légendaire signale précisément comme un cénotaphe ou tombeau vide érigé à un absent. Un second résultat nous paraît presque aussi assuré à la science ; c’est que les dolmens funéraires, au moins ceux de cet âge et de cette contrée, auraient tous été cachés primitivement sous des cams ou tumulus, dont on reconnaît les débris autour d’un grand nombre de dolmens aujourd’hui mis à jour. J’incline à la même opinion quant aux monuments analogues que je connais en Galles et en Irlande. » Une particularité qui est restée jusqu’ici inexplicable, c’est que les dolmens des tumulus de la région de Carnac sont entièrement bruts pour la plupart, tandis que ceux de la région de Locmariaker offrent fréquemment des signes seulptés en creux ou en relief. € Ce ne sont point des lettres, des caractères alphabétiques, tels que l’ogham qui se voit sur les menhirs d’Irlande ou le coelbren de Galles. Sont-ce de simples représentations d’objets réels, des symboles ayant une certaine valeur générale ou des hiéroglyphes de convention exprimant un sens déterminé ? Nous pensons qu’il y a de tout cela dans ces décorations intérieures, beaucoup plus diverses entre elles que ne sont celles des monuments du même genre en Irlande, mais que les représentations d’objets réels, tels que serpents et haches emmanchées ou non emmanchées, ont une valeur symbolique aussi bien que les signes de pure convention. Un des tumulus de Locmariaker, le Manétt’ffallud, présente dans son dolmen tout un ensemble de signes conventionnels qui ne se rencontrent point ailleurs... Un de ces signes toutefois, consistant en une sorte de double crosse dont les courbes sont placées en sens inverse, se retrouve multiplié en séries croissantes dans le fond d’un autre monument de la même région, le Dol-Meréh (Table des Marchands ou de la Vierge). Des espèces de coupes arrondies en segments de cercle sont creusées sur les tables du Monceau de la Fée, du mont Saint-Michel de Carnac et de plusieurs autres monuments de Bretagne... Les serpents tiennent une place importante dans nos principaux dolmens, figurés quelquefois trois par trois comme les coupes, quelquefois associés à des croissants. On sait par Pline quelles figures faisaient le serpent et les rites lunaires dans le symbolisme des druides. Dans le fameux dolmen de l’Ile de Gawr-Iniz (qui s’aperçoit de tous les dolmens et -de tous les tumulus de la côte du Morbihan et qui est le plus riche de tous en sculptures), ce qui frappe davantage, avec les serpents et les coins ou haches sans manche, ce sont des séries de cercles, d’ovoïdes, de croissants accolés, impliqués les uns dans les autres, et s’élargissant graduellement ; partout le même principe avec des formes différentes, c’est-à-dire quelque chose qui va du plus petit au plus grand par une dilatation progrèssive. Ces mêmes cercles redoublés et grandissants se retrouvent dans la décoration moins complexe des tumulus d’Irlande. Non-seulement ils dominent à l’intérieur du vaste dolmen de New-Grange, près de Drogheda ; mais, avant de pénétrer dans la longue galerie qui vous y introduit, il faut franchir un seuil formé d’une grande pierre sur laquelle ces séries de cercles grandissants se répètent sept ou huit fois. Il est difficile de ne pas se rappelée ici les doctrines hardiques, et ce cercle des existences successives ou de la transmigration qui introduit dans l’immortalité... »

Les objets que l’on a découverts dans les cryptes sépulcrales des tumulus bretons, armes, colliers, bracelets, vases, ustensiles divers, ne sont pas de nature à déterminer des périodes successives dans l’âge des monuments : il est à remarquer, en effet, qu’au lieu de trouver d’abord les armes de silex et les ornements en terre cuite dans les cryptes les plus grossières, puis les belles haches de pierres rares et d’un poli parfait dans les dolmens à grands supports réguliers, puis enfin l’or et le bronze dans les tumulus à triple enveloppe et à galeries intérieures, on rencontre parfois, dans les constructions les moins régu CELT

Hères et les plus dénuées d’art, les haches les mieux polies, les colliers de jaspe, d’agate, et, réciproquement, des objets sans valeur et sans art dans ce qu’on peut nommer les dolmens de grand appareil. Une fouille récente a fait découvrir, dans un grand dolmen de Plouharnel, deux colliers ou bracelets d’or et un vase contenant des cendres. À Carnouet, dans un simple tumulus en terre, on a trouvé réunis, sur le sol du caveau, un collier d’or et un collier d’argent, un certain nombre de pointes de flèche en silex, six glaives et poignards en bronze et une petite hachette du même métal. Jusqu’ici, on n’a pas encore découvert d’objets en fer dans les tumulus bretons. À Tumiac, un magnifique tumulus d’une grande élévation contenait dans sa crypte trente hachettes d’une pierre rare, que les uns disent être le jade et d’autres la fibrolithe, et trois colliers à grains de jaspe : le dallage en granit de cette crypte était recouvert d’un parquet en bois dont on a retrouvé des détritus. M. de Kéranflech a constaté la présence de soixante-trois dolmens sur le seul territoire de la commune de Carnac. Ils ne sont pas moins nombreux dans la presqu’île de Locmariaker.-Les tumulus sont ordinairement tapissés de gazon et parfois entourés de grosses pierres destinées a. empêcher les éboulements. Il y en a qui n’ont pas plus de 1 m. de hauteur et 5 à 6 m. de diamètre à leur base ; d’autres sont beaucoup plus considérables : celui de Tumiac a 33 m. d’élévation et 120 m. de circonférence à la base. Nous citerons encore les trois tumulus de Tehorrenteuc, an lieu dit Butte des tombes ; ceux de Saint-Léry, de la Chapelle, de Languidic, de Plumergat, d’Krdeven, de Plouhinec, de Saint-Pierre-de-Quiberon, dans le Morbihan ; de Pornic, dans la Loire-Inférieure, etc. Le Mané-er-Hroèk, ou Monceau de la Fée, dont nous avons déjà parlé et qui se trouve dans la presqu’île de Locmariaker, était précédé de deux menhirs de 8 m., semblables aux pylônes d’un temple égyptien : ces menhirs sont aujourd’hui couchés par terre.

Les galeries intérieures qui relient entre elles les cryptes sépulcrales des grands tumulus portent le nom d’allées couvertes ; elles sont formées de deux lignes parallèles de pierres contiguës, plantées verticalement et recouvertes d’autres pierres, le tout ajusté sans ciment et sans attaches. Ces sortes de corridors sont parfois divisés en compartiments par des olocs de pierre simulant une cloison. On a remarqué que l’entrée de ces galeries regarde d’ordinaire l’orient. Comme plusieurs de ces constructions ont été entièrement débarrassées des terres qui les enveloppaient, on a supposé qu’elles avaient servi de temples ou d’habitations sacerdotales, et que, sur les plates-formes, on faisait les sacrifices et leurs cérémonies accessibles à tous, tandis que l’intérieur était un sanctuaire interdit aux profanes. Mais c’est là une hypothèse toute gratuite. Ce qui est incontestable, c’est que beaucoup d’allées couvertes étaient de simples galeries sépulcrales. Près du village de Plouharnel (Morbihan), on voit un triple dolmen dont les caveaux sont précédés de galeries de pierres verticales, et qui montre encore les restes du tumulus ou tertre artificiel dont il était enveloppé. La Grotte aux fées de Bagneux, près de Saumur, est une allée couverte de 20 m. de long sur 7 m. de large et 3 m. de haut ; les pierres sont enfoncées en terre de 3 m. environ. La Boche aux fées d’Essé (Ille-et-Vilaine) a 19 m. de long et 5 m. de large ; elle est formée de trente-trois pierres debout, d’un schiste rougeâtre, recouvertes de neuf autres pierres. Il y a encore des allées couvertes à Locmariaker et à Plueadeuc (Morbihan), à Janzé (Ule-et-Vilaine), à Ville-Géno’m (Côtes-du-Nord), dans la forêt de Bricquebec (Manche), à Mettray (Indre-et-Loire), etc. Suivant les localités, on donne aux constructions de ce genre les noms de grottes ou roches aux Fées, de palais des géants ou de Gargantua, de coffres de pierres, etc.

Les pierres branlantes sont d’énormes blocs posés sur d’autres rochers ou simplement sur le sol, et équilibrés de telle façon qu’en les touchant à un certain point de l’une ou de l’autre de leurs extrémités, un enfant les fait osciller sans peine : en tout eautre manière, un géant ne les ébranlerait pas. D’autres fois, les pierres tournent sur elles-mêmes comme sur un pivot. Quelques savants ont vu dans les pierres branlantes des monuments religieux dont les oscillations servaient à faire connaître les secrets des oracles. M. de Cambry a cru y reconnaître des emblèmes du monde suspendu dans l’espace. M. H. Martin s’est demandé s’il ne fallait pas y voir des emblèmes du libre arbitre, de ce pot’nf de liberté ou point d’équilibre qui définit la vie humaine chez les bardes, grands ennemis du fatalisme. « Quoi qu’il en soit de cette interprétation métaphysique, ajoute-t-il, les traditions qui se rattachent presque partout aux pierres branlantes indiquent qu’elles avaient un emploi tout pratique dans les coutumes des Gaulois et qu’elles servaient à des épreuves judiciaires, analogues dans le principe, puis dans la suite, aux épreuves en usage chez les autres peuples anciens et jusqu’à la fin du moyen âge. Cette idée d’interroger les forces secrètes de la nature sur les secrets de la vie humaine a été aussi universelle que la magie et procédait du même principe ou de la même illusion ; on croyait faire parler dans la nature extérieure le Dieu qui ne parle que dans 1» conscience de l’homme.

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Les accusés qui ne parvenaient pas à mettre en mouvement la pierre étaient sans doute réputés coupables. Il n’y a pas bien longtemps encore que les maris qui soupçonnaient la fidélité de leurs femmes les obligeaient à subir cette épreuve. • A Trégunc, en Bretagne, on voit une de ces pierres Branlantes, et a quelque distance un autre bloc beaucoup plus petit, évidé en forme de banc à peu près circulaire. On pense que c’était là que s asseyaient les juges de l’épreuve. Les pierres branlantes sont devenues assez rares en France : on en voit à Fermanville (Manche), à Livernon (Lot), à S.aint-Estèphe (Gironde), à Uchon, près d’Autun, etc. Il y en a une en Angleterre, dans le comté de Susses, que le peuple appelle Greatupon-little (grand sur petit) et dont on évalue le poids à plus de 500,000 kilogr. On donne à ces monuments les noms de pierres roulantes ou roulées, pierres transportées ou retournées, pierres tournantes ou tremblantes, pierr es branlaires, pierres gui virent ou gui dansent, pierres folles, etc.

Une dernière classe de monuments celtiques comprend les autels proprement dits, à Autrefois, dit M. Henri Martin, on voyait des autels druidiques partout ; pas un dolmen qui ne fût un autel, pas une dépression sur une pierre qui ne fût une rigole destinée à faire écouler le sang du sacrifice humain ; aujourd’hui, par un excès contraire, beaucoup d’antiquaires n’en veulent plus voir nulle part. On peut bien admettre qu’ils aient été détruits par les Romains et surtout par les chrétiens, plus systématiquement que les autres monuments ; toutefois, ces destructions ne sont jamais universelles, et il doit certainement subsister quelques restes des tables ou pierres de sacrifices. • M. le docteur Alfred Fouquet, qui a publié un mémoire fort intéressant sur les Antiquités celtiques du Morbihan (1853), a cru reconnaître de nombreux débris d autels druidiques dans ce département ; il a signalé notamment, aux environs de Vannes, sur le chemin de Saint-Guen à Saint-Léonard, quatorze autels ; à Locmariaker, deux autels, dont un creusé de cercles concentriques ; à Pleucadeuc, plusieurs autels, dont un dit la Pierre aux bassins et un autre le Chapeau de roche ; à Plumelec, la Boche des coupes et- la Roche Morvan ; à Langoelan, un autel couvert de bassins et de rigoles ; à Roudouallec, un autel creusé de 0 m. 16 sur une de ses faces, etc. M. Fouquet a remarqué que la plupart de ces blocs ont à leur base une gorge largement évidée et donnant à la partie inférieure du rocher^autel la forme d’une marche, d’un gradin. M. Henri Martin a signalé de son côté, dans une autre partie de la Bretagne, à Trégunc, plusieurs tables de pierre ayant tous les caractères des autels. Il en a vu un entre autres dans une lande qui porte le nom significatif de Ker-lan (la Ville du lieu saint), quoiqu’il n’y ait là maintenant que le désert : c’est une table de pierre d’environ 10 mètres de longet d’une largeur proportionnelle, simplement posée sur une autre masse allongée et offrant à sa surface quelques dépressions ou petits bassins plus ou moins analogues à ceux des autels du Morbihan, et deux cavités plus larges et plus profondes, se correspondant sur les deux côtés de la table. Deux blocs couchés à droite et à gauche de l’autel servaient de marche pour arriver aux deux cavités, où l’on mettait le pied pour gravir sur la table. Ce monument n’a jamais dû être, comme les dolmens funéraires, engagé sous un tumulus. Le nom d’autel (ooter), que lui donnent encore les gens du pays, lui convient donc de tous points. Dans les Côtes-du-Nord, près du manoir de Ker-Rohou, M. Henri Martin a reconnu un autre autel druidique des plus remarquables. « Sur un bloc brut que sa forme, à distance, ne distinguait point des autres, une dépression singulière attira mon regard, dit le savant écrivain. J’approchai et je vis, par le travers de cette masse, une grande figure s’allonger en creux ; c’était une forme humaine parfaitement raconnaissable : la tète, l’encolure, le torse, le bassin, puis une gaine pour les membres inférieurs ; la figure suivait la pente de la pierre, la gaine des jambes était plus basse que la tête ; un homme de-grande taille pouvait s’étendre facilement dans ce moule étrange. »

—III. MoNNAiES.Quelquessavants, entre autres MM. de Saulcy et Hucher, se sont gecupés dans ces dernières années de réunir et d’étudier les anciennes monnaies celtes ou gauloises. Le médaillier celtique formé par M. Hucher aux environs du Mans est des plus intéressants. « Là se rencontrent les types

numismatiques les plus originaux et les plus curieux des tribus de l’Ouest, a dit M. Henri Martin. On y reconnaît l’antique importance et la civilisation relative des Pictons (Poitou), des Namnètes (Nantais), et celle des habitants mêmes du Maine, les Cénomans, qui avaient pour emblème le cheval marin et 1 ont transmis à leurs voisins d’Armorique. On voit dans ces monnaies comment les types empruntés aux Grecs se nationalisent et se transforment en types vraiment gaulois ; comment, par exemple, le cheval grec et macédonien devient le fantastique cheval à face humaine, La fameuse danse du glaive, la danse guerrière des anciens Gaulois, dont M. Ce la Villemarqué a retrouvé l’air et les paroles dans la bouche des paysans bretons, est figurée sur trois de ces médailles : dans l’une, un guerrier bondit en brandissant d’une main la hache de bataille et rejetant, de l’autre, en arrière,

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sa longue chevelure flottante ; sur une seconde, un guerrier danse devant un glaive suspendu ; il répète évidemment l’invocation du chant des Barzaz-Breiz : « O glaive I ô grand roi du champ de bataille ! 0 glaive I ô grand roil ? Ajoutons que toutes les monnaies recueillies jusqu’ici appartiennent aux derniers temps de l’indépendance celtique. »

CELTIQUES, en lat. Celtici, peuple de l’ancienne Lusitanie, venu de la Gaule et habitant le territoire compris entre l’Océan, le Tage et la Guadiana, contrée qui forme aujourd’hui la province d’Alentejo et une partie de l’Estramadure ; ses villes principales étaient Ebora et Pax Julia.

CELTIS s. m. (sèl-tiss — du lat. celtis, fruit du lotus, ou de Celti, Celtes). Bot. Nom scientifique du genre micocoulier.

CELTO-BELGIQUB S. m. (sèl-to-bèl-gi-ke). Linguist. Idiome celtique, dont on trouve encore des traces dans la Belgique et la Flandre.

CELTO-BRETON/ONNEs. etadj. (sèl-to-breton). Géogr. Habitant de la basse Bretagne, où l’on parle le celtique ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants.

— s. m. Langue parlée dans la basse Bretagne : Les mots français dérivés du celto-

BRETON.

CELTO-ITALtQUE adj. (sèl-to-i-ta-Ii-ke). Géogr. Qui tient tout à la fois de la Gaule et de 1 Italie : Des mots d’origine CELTO-iTALique. La syllabe initiale alp est celle qui, dans tant de mots d’origine celtique et celto-italique, implique l’idée de hauteur, d’escarpement. (V. Parisot.)

CELTOMANE adj. (sèl-to-ma-ne — de celte et de manie). Qui a la celtomanie : Le savant Bullet était celtomane.

— Encycl. Les antiquités celtiques ont jeté la confusion dans les idées de quelques savants des siècles derniers. Les Pezron, les Pelloutier, les Vallancey, les Court de Gébelin, les Latour - d’Auvergne, les Le Brigant, etc., etc., ont interrogé la profondeur des âges pour arriver à la découverte de la langne primitive ; et ce n’est plus l’hébreu qui, selon eux, a été parlé à l’origine du monde, mais le celtique pur, tel qu’on le trouve encore usité de nos jours, soit en Irlande, soit sur les côtes de la basse Bretagne. La manie de voir en tout et partout la race celtique, la langue celtique, des monuments celtiques, a fait donner à ces savants, historiens et philo ?logues, la qualification de celtornanes.

Le P. Paul-Yves Pezron a publié à Paris, en 1703, un petit volume intitulé : Antiquités de la nation et de la langue des Celtes, dans lequel il se fait le champion du bas breton, qu’il proclame la langue primitive. Bien que combattue d’abord, cette opinion gagna du terrain, et, en 1740, elle fut suivie par Pelloutier dans sa remarquable Histoire des Celtes.

L’esprit de système ne resta pas en arrière de l’autre côté de la Manche et il se prononça avec la même assurance en faveur de l’ancien irlandais. Il est personnifié principalement par le colonel Vallancey, qui a écrit de nombreux ouvrages sur les langues celtiques. Dans un Essai sur l’antiquité de l’irlandais, publié en 1772, Vallancey compare cet idiome avec la langue puuique et il lui donne la prédominance sur toutes les langues du globe. Allant même plus loin, il s’efforce de retrouver dans le langage des Algonquins, nation sauvage de l’Amérique du Nord, des racines celtiques ou qu’il déclare telles. Cet auteur travaillait, dans les.dernières années de sa vie, à un Dictionnaire de la iongue des Airecoéi ou anciens Irlandais, comparée avec l’ancien persan, l’hindoustani, l’arabe et le chaldéen. De cet ouvrage, il n’a été publié qu’un prospectus détaillé, imprimé à Dublin en 1802.

Court de Gébelin, auteur du Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, nous ramène en France. Le troisième volume de cet ouvrage, qui parut en 1776, contient l’histoire naturelle de la parole ou le précis de t’origine du langage et de la grammaire universelle. C’est.dans ce volume que l’auteur, avec une érudition plus vaste et plus solide, reprend la thèse de Bernardin Pezron. Puis viennent à la rescousse Le Brigant et Latour-d’Auvergne.

Tout le monde connaît le premier grenadier de France pour ses exploits militaires, son désintéressement et sa grandeur d’âme. Mais en lui le soldat était doublé du savant, et s’il a partagé les erreurs de Le Brigant, relativement aux origines celtiques, il le doit aux entraînements de l’amitié non moins qu’à l’imperfection des procédés usités de son temps

pour la comparaison des langues. Il a publié à Bayonne, en 1792, un ouvrage intitulé : Nouvelles recherches sur la langue, l’origine et les antiquités des Bretons, pour servir à l’histoire de ce peuple. Mécontent de son travail, Latour-d’Auvergne détruisit peu après tous les exemplaires qui lui en étaient restés et il en donna une édition refondue, sous le titre suivant.- Origines gauloises, celles des plus anciens peuples de l’Europe, puisées dans leur vraie source, ou Jiecherches sur la langue, l’origine et les antiquités des Celto-Bretons de l’Armorique, pour servir à l’histoire ancienne de ce peuple et à celle des Francs, [Paris, an V, (1796), in-8°l. Le dessein de l’auteur est da prouver que les Gaulois ont été connus sous'