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mille indo-européenne, et le degré de culture des peuples qui les parlaient au moment de leur séparation de la souche commune.

— II. Monuments. Les constructions en pierres brutes de dimensions colossales, que l’on désigne d’ordinaire sous le nom de monuments celtiques ou druidiques^, ne se rencontrent pas seulement dans les régions occupées jadis par les Celtes ou Gaulois, en France, en Angleterre, en Écosse, en Irlande, dans la Péninsule ibérique ; on en voit de semblables dons beaucoup d’autres pays, notamment en Allemagne, en Danemark, en Suède, en Norvège, et aussi dans le Midi, en Corse, en Sicile, dans l’Ile de Sardaigne et jusqu’en Asie. Faut-il en conclure, avec certains archéologues, que ces rudes et grandioses constructions ont été élevées, dans un â.ge antéhistorique, par un peuple nomade qui aurait semé ses œuvres colossales à travers le monde, sans qu’il se soit conservé de lui aucune tradition, aucun souvenir ? Cette opinion est essentiellement conjecturale. Sans rechercher ici s’il n’y aurait pas quelque raison d’attribuer aux grandes migrations gauloises des premiers âges historiques la plupart des monuments en pierres taillées qui existent dans le nord et dans le sud de l’Europe, et même en Asie Mineure, il est permis de croire que l’usage de ces monuments fut commun, dans une ère patriarcale, aux Gaulois et à d’autres peuples primitifs, tels que les Juifs, les Libyens, les Indiens, les Aryas de l’Asie centrale, etc. Les confédérations celtiques eurent un goût particulier pour ces constructions gigantesques, si l’on en juge par les débris considérables qui couvrent encore les contrées où elles dominèrent durant une vingtaine de siècles avant l’ère chrétienne, ou peut-être davantage. « Sans douta, comme l’a fait remarquer M. Henri Martin dans une intéressante étude sur les Antiquités bretonnes, sans doute il subsiste et il subsistera toujours des obscurités sur ces monuments comme sur tout ce qui regarde la Gaule, mais on a fort exagéré le mystère qui les entoure, aussi bien que leur antiquité probable, et il y a des motifs plu3 que suffisants pour leur conserver le nom de celtiques dans l’ouest, le nord et le centre de l’Europe, sans repousser la qualification plus générale et indéterminée de mégalithiques ou monuments de grandes pierres, que des savants proposent pour indiquer que ces monuments n’appartiennent point exclusivement à un seul

peuple. > Le judicieux historien ajoute que l’usage d’élever de semblables constructions s’est conservé jusqu’au moyen âge chez les peuples de race celtique. Il existe, dans les îles Britanniques notamment, de nombreux menhirs funéraires d’une époque bien postérieure à l’invasion romaine, t En Irlande, on voit succéder aux emblèmes druidiques les emblèmes chrétiens, les inscriptions chrétiennes aux inscriptions oghamiques, et souvent inscriptions et hgures des deux systèmes s’entremêlent : la croix sur le menhir et la croix dans le cercle. C’est encore plus frappant et plus complet chez les Pietés d’Écosse qu’-en Irlande : les Pietés étant le peuple qui nous a laissé le plus de menhirs figurés, et l’usage de ces espèces d’obélisques sculptés se prolongeant presque sous les rois d Écosse. > A dira vrai, on pourrait supposer que les inscriptions et les emblèmes chrétiens ont été ajoutés après coup sur d’antiques monuments celtiques, de même que des temples païens ont été appropriés au nouveau culte ; mais « les poésies des bardes gallois, écossais et irlandais contiennent d’assez fréquentes allusions aux monuments de pierre, et indiquent nue, de leur temps, on élevait encore sinon de grands tumulus, au moins des dolmens simples et des menhirs sur la tombe des héros. • On voit, d’autre part, en étudiant l’ornementation des monuments celtiques de la Gaule, « la ligne continue de la tradition se prolonger depuis les dolmens du Morbihan jusqu’aux églises du xn° siècle, jusqu’aux vieilles maisons bretonnes du xve, car elles portent encore les mêmes ornements sur leurs frises et leurs arcades, et enfin jusqu’aux vêtements des paysans bretons de nos jours, encore marqués des mêmes signes et d«s mêmes emblèmes. • — Les fouilles, poursuivies en Bretagne depuis quelques-années avec une activité et une habileté croissantes, combinées et conduites avec une vigueur et une précision scientifiques, ont révélé une foule de particularités qui ont jeté un peu de jour sur les origines et sur ladestination de3 monuments celtiques. Parmi les savants qui se sont livrés à cette étude avec le plus de zèle et de succès, il nous suffira de citer MM. de Saulcy, de Caumont, de la Villemarqué, Alfred Fouquet, Henri Martin, René Galles, Louis Galles, Hucher, de Cassé, de Kéranfleeh, etc. Le Morbihan, ancien pays des Venètes, est le centre principal de l’architecture celtique. C’est là, par conséquent, que nous ramènerons le plus souvent le lecteur, dans la description sommaire que nous allons donner des diverses formes et des monuments les plus importants de cette architecture.

Les monuments celtiques les plus élémentaires sont les menhirs (du celtique men, pierre, et Air, longue) ou peulvaus (de peul, pilier, et van, pierre) : ils se composent d’un simple monolithe brut, de forme allongée, planté verticalement, enfoncé ordinairement dans la terre à une assez grande profondeur, et quelquefois simplement érigé sur le sol.

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M. de Caumont a donné le nom de pierres posées aux menhirs qui sont dans cette dernière condition. Les dénominations employées pour désigner les menhirs varient, d’ailleurs, suivant les provinces : en Bretagne, on se sert encore du mot mensao (pierres droites) ; dans le pays de Chartres, de celui de ladères (pierres sacrées droites), ailleurs, de ceux de pierres fiches, pierres fichades, pierres frites, pierres levées, pierres fixées, pierres lattes, pierres debout, hautes bornes, chaires au diable, palets de Gargantua, etc. En certains endroits, on appelle pavé de géants une réunion nombreuse de menhirs, ne présentant pas, dans leur disposition, un ordre apparent : il y en a un exemple près de Maintenon (Eure-et-Loir). Au reste, beaucoup de menhirs isolés ont des noms particuliers. Tels sont le Fuseau de Jeannette et la Pierre bénite, dans la commune de Sarzeau ; la Quenouille du diable, à Silfiac ; la Pierre longue (Roéh-Hir), à Cainors ; la Pierre du serment, à Plougoumelen, etc. Un des menhirs les plus élevés qui soient restés debout en Bretagne se voit dans la commune de Plouharzel : il a environ 12 m. de hauteur ; mais ses dimensions sont bien dépassées par celles d’un menhir, aujourd’hui renversé, qui présidait autrefois au groupe de puissantes constructions celtiques qui couvrent la presqu’île de Locmariaker. « On n’a retrouvé son pareil, dit M. H. Martin, que dans les solitudes de cette Tartarie centrale où ont pénétré jadis les essaims des premiers Aryas ou Aryens, pères communs des Celtes et de toute la famille indo-européenne. Qu’on se figure un monolithe, un obélisque brut de granit gris un peu plus haut et trois fois plus gros que l’obélisque de la place de la Concorde : plus de 22 m. (67 pieds de hauteur). La pierre énorme est là gisante, brisée en quatre morceaux dans sa chute 1 On ignore quelles mains ont abattu ce géant. Celles qui le relèveraient se feraient grand honneur, et les ingénieurs ne regardent pas l’opération comme bien difficile. Le colosse dominerait et marquerait de son mystérieux caractère un paysage immense ; on le verrait de la grande baie, de la mer intérieure, des quatre presqu’îles de Locmariaker, Baden, Rhuys etQuiberon, et des tumulus de Carnac. Ce serait là une œuvre de patriotisme breton à laquelle devrait s’associer quiconque s’intéresse a nos origines nationales et aux origines de tout l’Occident. Ou, mieux encore, pourquoi en faire une entreprise spécialement bretonne ? Ne serait-ce point là le complément naturel et national de la pensée qui a érigé une statue à Vercingétorix et un musée aux antiquités gauloises ? Cette œuvre triple et une résumerait l’ensemble de nos traditions antérieures aux Romains. > Les opinions les plus diverses et les plus contradictoires ont été émises au sujet de la destination des menhirs ou pierres levées isolées. Il parait à peu près certain que plusieurs de ces monuments ont souvent en France et plus communément encore dans les Iles Britanniques, un caractère funéraire ; on a recueilli, au pied de quelques-uns, des ossements humains et des restes de charbon. Quelques auteurs regardent les menhirs comme des idoles, parce qu on en trouve, notamment à Tredion (Morbihan) et à Loudun (Vienne), qui se terminent par une tête grossièrement taillée. Certains menhirs ont pu avoir un caractère purement commémoratif, comme ces

pierres au témoignage un moyen desquelles les Hébreux consacraient souvent le souvenir d’un fait important. Au dernier chapitre du Livre de Josué (xxiv, 26 et 27), nous lisons que ce chef conquérant, au moment de mourir, assembla les Israélites à Sichem, et qu’après leur avoir rappelé tous les bienfaits de Jéhovah, qui les avait tirés de la servitude d’Egypte, il leur fit jurer de rester fidèles à son culte. En commémoration de cet engagement solennel, il prit une grande pierre et la dressa là, sous le chêne qui est près du sanctuaire de l’Éternel. Puis Josué dit au peuple : « Voici cette pierre qui nous servira de témoignage, car elle a entendu toutes les paroles que l’Eternel a prononcées avec nous ; qu’elle soit un témoignage contre vous, pour que vous ne remiez pas votre Dieu. » — « Une pierre de ce genre, dit M. de Saulcy, ressemble beaucoup, on en conviendra, aux pierres fichées qui existent encore par milliers dans les landes de Carnac. » Quelquefois ces pierres sont couvertes, comme les obélisques égyptiens, de dessins et d’inscriptions : Olaus Magnus en a vu en Suède qui portaient sur leurs faces des caractères runiques. En Bourgogne, nous avons la Pierre écrite de Saulieu, dont un des côtés présente des figures grossièrement dessinées. Disons toutefois que rien ne prouve que les figures et les inscriptions soient toujours contemporaines des menhirs qu’elles décorent. On conçoit que, longtemps après l’érection de ces pierres, oh ait pu les affecter à des usages religieux ou civils complètement distincts de leur destination primitive. C’est ainsi que des menhirs ont pu être choisis pour servir de pierres limitantes : dans le département de la Haute-Marne^ un peulvan appelé Haute-Borne porte une inscription latine indiquant les anciennes limites des Leuci, habitants du Barrois. Il n’est pas impossible, du reste, comme quelques archéologues l’ont cru, que des pierres de la forme des menhirs aient été spécialement érigées à l’époque gauloise, pour servir de bornes entre les tribus, et qu’elles aient été consacrées au dieu Mark (l’Hermès des Grecs et le Terme des Latins).

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Des menhirs disposés su r une ligne unique ou ’ sur plusieurs lignes parallèles forment ce que l’on appelle des alignements. Les alignements les plus beaux et les plus considérables que l’on connaisse sont ceux du Morbihan : « En partant du Blavet et de Port-Louis, dit M. H. Martin, on voit d’abord apparaître sur le territoire de Plouhinec, les débris de vastes alignements de pierres levées ; puis, après un intervalle qui était probablement moins étendu autrefois, au delà du village d’Erdeven, les menhirs se rencontrent par centaines ; de grandeur très-variable, ils font foule, pour ainsi dire, et sont trop rapprochés les uns des autres pour que, dans l’état de bouleversement où les uns sont debout, les autres abattus et déplacés, on puisse se rendre compte du nom bre de lignes droites qu’ils dessinaient durant près de 2 kilom... À une demi-lieue de l’extrémité des alignements d’Erdeven, le hameau de Menech, dont le nom peut signifier le lieu du souvenir ou de la mémoire, est enveloppé en partie dans une enceinte à peu près circufaire de grands menhirs, à laquelle aboutissent onze lignes immenses de pierres levées, parallèles les unes aux autres ; ces lignes s’allongent durant au moins 3 kilom., et, quoique une multitude de menhirs aient été détruits, il n’y a nulle part de lacune complète, et la disposition générale peut être partout suivie et constatée. Le terrain s’accidente en avançant vers la fin des alignements ; il y a ensuite un vide durant quelques centaines de pas ; vide non pas complet ; quelques menhirs isolés ou groupés l’interrompent çà et là ; puis, au delà d’un moulin et d un bois de pins qui couronne une hauteur, on aperçoit les restes d’un second cercle imparfait, beaucoup plus détruit et moins distinct que celui de Menech ; à ce cercle aboutissent treize lignes de menhirs qui occupent un demi-kilomètre de long. Autrefoisles alignements, de ce côté, s’étendaient jusqu’au bras de mer appelé la rivière de Crac’h ou de la Trinité. — C’est là l’ensemble de ce qu’on nomme les alignements de Carnac, du nom du bourg le plus voisin. Il en restait, dit-on, il y a une vingtaine d’années, environ 1,000 menhirs, tant debout qu’abattus, et il ne paraît pas que le nombre ait sensiblement diminué depuis. Si les ponts et

chaussées voulaient bien ne pas se montrer plus redoutables aux monuments de Carnac que les habitants des campagnes, nous pourrions espérer les conserver assez longtemps encore ; mais ces monuments sans rivaux dans leur genre méritent mieux que de subsister provisoirement par tolérance ; ils valent bien que l’État les prenne sous sa protection directe, et il n’est assurément, parmi les monuments classés comme nationaux, rien qui les surpasse en importance historique. » Le Grand Dictionnaire s’associe avec empressement aux vœux formés par notre éminent historien pour que l’État veille à la conservation des alignements celtiques de Carnac ; le temps viendra sans doute où ces importantes constructions, fouillées avec soin et étudiées dans leurs moindres détails, nous révéleront le secret de leur destination. Jusqu’ici, on n’a pu que se livrer aux conjectures. Les antiquaires anglais du siècle dernier, par une hypothèse que les découvertes modernes sur l’Orient tendent à confirmer, avaient cru les druides initiés à un grand symbolisme asiatique où le serpent est l’emblème de l’Être infini ; ils en concluaient que les alignements de pierres levées, dans la Gaule et les lies Britanniques, étaient de gigantesques images du dragon, du serpent divin : Ces dracontta, comme ils les appelaient, peuvent avoir existé ailleurs ; mais, à Erdeven et à Carnac, les alignements n’ont jamais dessiné la figure d’un serpent ; ce ne sont point des courbes, mais des lignes droites, sans être d’une rectitude géométrique. Ils présentent bien une disposition symbolique, mais d’un autre caractère et qui consiste en ceci ; qu’à partir d’une certaine distance du cercle de Menech, les pierres, d’abord très-basses, vont grandissant à mesure qu’elles approchent du cercle. Les plus élevées ne dépassent pas 5 U G m. Comme l’a observé

M. R. Galles, c’est la quantité et non l’énormitô qui signale les monuments de Carnac. La même disposition de menhirs croissants se répète trois fois dans l’ensemble des alignements. Aux environs sont semés, dans la

lande et sur les hauteurs, une multitude de dolmens et de tumulus ou tertres funéraires. « Les alignements ne paraissent point êtré eux-mêmes des monuments funèbres, ajoute M. Henri Martin, à qui nous empruntons les détails qui précèdent ; on ne trouve pas de débris humains entre leurs rangs, à Erdeven ni à Carnac ; nous ne saurions y voir autre chose que des monuments religieux dont la valeur symbolique précise nous est inconnue, mais auxquels un lien moral relie indubitablement cette multitude de sépultures imposantes qui se pressent autour (feux, et même, selon toute apparence, les vastes groupes de Locmariaker et tout le reste des Constructions sépulcrales du pays... Les alignements du pays vénète sont, sans doute, un immense sanctuaire entouré d’une immense nécropole. Si ces monuments sont l’ouvrage des Gaulois, rien n’est plus naturel que 1 association des tombeaux aux sanctuaires chez un peuple dont la religion portait tout entière sur les mystères d’outre-tombe. Les tombeaux mêmes devaient être pour lui, comme pour les Egyptiens, des lieux sacrés posés sur le seuil de l’autre vie et pleins des arcanes de la trans CELT

migration et de l’immortalité. » Une légende bretonne du moyen âge veut que les pierres de Carnac soient une armée métamorphosés ainsi par saint Cornilly.

Lorsque les menhirs sont rangés en cercle, en demi-cercle, en ovale ou en carré long, l’enceinte ainsi formée prend le nom de cromlech (de crom, courbe, et lech, pierre). Les enceintes circulaires de Menech et de Carnac, dont nous avons parlé plus haut, sont des cromlechs. Les menhirs de l’enceinte de Menée ! i étaient presque tous contigus, particularité assez exceptionnelle dans les cercles de pierres. Le plus beau cromlech du Morbihan est celui de 1 Ile-aux-Moines. On voit aussi des cromlechs plus ou moins bien conservés dans l’Ile d’Arz, dans celle de Belle-Ile, dans les communes de Saint-Marcel, de la Chapelle, en Bretagne jàGellaiaville (Eure-et-Loir) ; à Saint-Hilaire-sur-Rille, près de Fontevrault, etc.

Quelques auteurs pensent que le nombre des menhirs d’un comlech était réglé par les rites sacrés et rappelait un pareil nombre de dieux ; il variait de douze à soixante. Au centre du cercle s’élevait un menhir isolé, appelé hyrmensul, pierre du soleil, ou une pierre sphériqua feyra, image de la divinité suprême. Au milieu du cromlech de la Chapelle s’élève un dolmen dit la Moche trouée. Le cromlech lui-même était censé l’image du monde. Ceux de Menech et de Carnac étaient les sanctuaires d’où rayonnaient les alignements conduisant aux tumulus funéraires. Le cromlech ou grand cercle (câr-gawr) de Stoneheridge (pierres pendues) qui se voit à Avebury, près de Salisbury, en Angleterre, est une vaste enceinte de 300 m. de diamètre environ, qui consiste en un double cercle et en une double ovale, et qu’entoure un groupe circulaire de collines funèbres. Ce dolmen est appelé, dans les traditions populaires, Chœur ou Danse des géants, et l’enchanteur Merlin passe pour en être l’auteur. Suivant quelques archéologues, les cromlechs servaient à fa fois de temples et de lieux de réuuion pour les assemblées militaires ou les cours de justice ; selon d’autres, ils auraient été affectés à la sépulture des chefs ou encore à l’observation du cours des astres ; mais ces deux dernières destinations sont peu vraisemblables. — Les archéologues anglais donnent le nom de cromlechs aux monuments que nous appelons dolmens.

Los dolmens (de dol, table, et men pierre) sont formés de grandes pierres plates do 0 m. 30 à 1 m. 25 d’épaisseur, posées horizontalement sur d’autres pierres fichées en terre et hautes de l m. ou plus. Un dolmen, composé de trois pierres seulement dont une horizontale et les deux autres verticales, prend le nom de lichaven (table de pierre) ou celui de trililhe (du grec tjuï. ;, trois, et *iOs ;, pierre) ; tels sont ceux de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure) et de Sainte-Radegonde (Rouergue). Les Portugais ontdestrilithes qu’ils nomment antas. Les Romains avaient figuré Castor et Pollux par deux poteaux surmontés d’une traverse, image analogue aux trilithes, qui pourraient ainsi avoir été des symboles de la divinité. Strabon dit qu’il y avait en Égypte des monuments semblables consacrés à Mercure et appelés pour cette raison Fana Mercurii. Mais revenons aux dolmens. Il y en a, comme celui de Trie (Oise), dont la table horizontale est soutenue par trois pierres verticales ; d’autres ont jusqu’à quinze piliers. Assez souvent quelques-uns de ces piliers ne sont pas en contact avec la table et paraissent avoir simplement servi de clôture, Quelquefois la tabla est inclinée, quelquefois aussi elle repose sur le sol par une de ses extrémités ; dans ce dernier cas, le monument prend le nom de demidolmen ou de dolmen imparfait : on en voit des exemples à Saint-Yvi et à Keryvin, dans le Finistère. Les dolmens sont désignés, suivant les localités, par les noms de pierres couvertes ou couverclées, pierres du soleil, tables de César ou du diable, tables ou tuiles des fées, etc. La plupart des archéologues considèrent les dolmens comme étant des autels d’oblation ou de sacrifice ; il est certain que plusieurs de ces monuments ont leur table taillée en bassins arrondis, communiquant entre eux au moyen de rigoles qui pouvaient servir à l’écoulement du sang des victimes. Mais les fouilles et les études auxquelles on s’est livré dans ces dernières années ont fait reconnaître qu’en général, au moins en Bretagne, les dolmens étaient des constructions funéraires que recouvraient primitivement des tumulus.

Les tomulus (en breton galgals, du mot gai, qui veut dire petite pierre) sont des tertres ou monticules artificiels, de forme ordinairement pyramidale ou conique et de dimensions très-variables, dont la destination funéraire n’est pas douteuse. Il n’est peut-être pas de partie du monde où l’on n’ait découvert de ces collines factices ayant le même caractère funèbre. John Barrow en a vu chez les Hottentots, Spartman chez les Gares, le docteur Jefferson dans la Virginie, Pallas sur les rives du Volga et de l’Oural, Le Chevalier en Grèce et en Sicile, MM. de Laborde et Texier en Asie Mineure, M. de Saulcy en Palestine, Wormius en Danemark, Olaus Magnus en Suède. Rudbeck prétend en avoir compté plus de 12,000 aux environs d’Upsal. Il y en a beaucoup en Bretagne, en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Allemagne, en Espagne et dans le Portugal. L’origine de ce genre de constructions remonte d ailleurs à Ta plus haute antiquité. Lorsque Josué se fut emparé de la v»lk.