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l’irlandais, par son extension, sa culture et l’ancienneté de ses monuments écrits, est de beaucoup le plusv important des idiomes gaéliques ; mais le fanatisme religieux et les haines politiques firent un mal irréparable aux monuments de cette langue. Après l’abolition du sacerdoce gaulois, au ve siècle, saint Patrice brûla plus de 180 volumes, contenant des documents importants pour l’histoire d’une contrée célèbre par ses collèges druidiques, sous prétexte qu’ils étaient infestés des superstitions du paganisme.

L’erse est le dialecte des montagnards de l’Écosse et des habitants de la petite Ile de Saint-Kilda, une des Hébrides. Jamais cette dénomination n’est appliquée en Angleterre au langage irlandais, comme l’ont cru Pott et Eichoff, et comme le répètent encore d’après eux quelques ouvrages modernes, mais bien au gaélique écossais. Dans le Dictionnaire anglo-erse, publié par la Higldand Society, on trouve erse ou earse traduit par gaëlic-albannack.

"Les monuments écrits de l’albannach sont moins nombreux et bien moins anciens que ceux de l’erinnach. Ils ne paraissant pas remonter au delà du xve siècle.

Le manx n’est qu’un dialecte fort corrompu du gaélique. Il nous suffitd’en indiquer l’existence.

Au xn° siècle, Girard de Cambrie, dans sa Description du pays de Galles, trouve trois principaux dialectes bretons : ’le comique, l’armoricain et le cambrien ou gallois. Ce dernier, appelé cymraëg par ceux qui le parlent, occupe le premier rang dans cette branche des idiomes celtiques. Les monuments en sont anciens et assez nombreux, ainsi qu’on peut le voir dans la collection qui eu a été publiée en 1801, sous ce titre : Archœology of Wales. Au xe siècle, cet idiome était fixé, et lorsque, en 1211, l’isonomie des Gallois fut détruite par les conquérants normands et saxons, il put survivre à l’invasion étrangère.

Le comique était le dialecte de la Cornomùlles anglaise. Plus exposée que le pays de Galles à être envahie, cette province fut soumise par les Anglo-Saxons dès les premiers temps de l’invasion, et plus tard les Anglo-Normands l’assujettirent à leur tour et y établirent leurs usages civils. Par suite de ces vicissitudes, ce dialecte s’est altéré peu à peu, et, vers la fin du siècle dernier, il cessa complètement d’être parlé, lorsqu’on exploita sur une grande échelle les mines de charbon de la contrée, Le plus ancien fragment qui reste du comique est un vocabulaire du ixe siècle. Il a été publié dans VArchœologia Coniu-Sritaanica.de Pryce, et, plus correctement par Zens, dans sa Grammatica celtica (Lipsiœ, 1853). M. Edwyn Norris a donné, d’après un manuscrit du xve siècle, les textes de pièces du théâtrje comique, sous le titre de : The ancient Cornish drama (Oxford, 1859).

L’armoricain ayant été l’objet d’un article spécial (v. bruton), nous en indiquerons seulement ici les quatre principaux dialectes. Ce sont : 1° celui de Tréguier, appelé trécorien ou breton breionnant, le plus pur et le plus concis ; 2<> celui de la Cornouailles française ou de Quimper-Corentin, qui est dur et aspiré ; 30 le léonard ou celui de Saint-Pol-de-Léon, remarquable par sa régularité et par sa douceur, et qui a, plus que les autres, subi l’influence du latin ; 40 enfin, le vannetais ou celui du diocèse de Vannes, qui est le plus corrompu. Les dialectes armoricains sont encore parlés dans les campagnes et dans les petites villes de là basse Bretagne, c’est-à-dire dans le département du Finistère tout entier et dans une errande partie de ceux des Côtes-du-Nord et du Morbihan.

Nous avons dit que les idiomes celtiques font partie de la grande famille indo-européenne. Cependant, MM. Sohlegel et Pott ont énoncé des doutes sur cette parenté. Ce dernier avance qu’un simple coup d’œil jeté sur les lexiques et sur les grammaires des langues celtiques * suffit à prouver qu’elles appartiennent a une souche toute particulière, et que leur base, bien que fortement mélangée d’éléments sanscrits, est tout à fait étrangère à cette famille de langues. > (Etymalogische Forschungen, tome II.) M. Adolphe Pictct renverse les termes de cette proposition, et, avec lui, tous les linguistes modernes trouvent dans les idiomes celtiques un mélange d’éléments étrangers, dont nul ne saurait encore fixer la proportion, avec un fonds décidément aryen. Selon quelques-uns, ces éléments paraissent être plus nombreux dans le gaélique que dans le kymrique.

D’un autre côté, l’ensemble du système grammatical celtique est intimement lié au système arien. Les divergences qu’on y rencontre sont à peu près limitées à la permutation des consonnes initiales, ce que nous verrons plus loin, et à ta composition des pronoms personnels avec les prépositions.

Système phonétique. Les idiomes gaéliques ont cinq voyelles : a, e, i, o, u. Chacuoe de ces voyelles peut être longue ou brève. La différence de quantité est indiquée par un accent aigu en irlandais : â, é, i, etc., et par un accent grave en erse : à, è, etc. Elle détermine le sens des mots. Ainsi, en irlandais, bar signifie pain, et bâr, dard ; sil, semer, et sil, voir ; Mio, plus grand, et mo, mou, etc., etc.

Combinées entre elles, ces voyelles ont donné naissance k treize diphthongues et a cinq

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trîphthongues. Les diphthongues sont : ae, ai, ao, ea, ei, eo, eu, ta, io, iu, oi, ua, ui ; les trîphthongues, aoi, eoi, iai, iui, uai. La question de 1 origine de ces combinaisons a été négligée par les grammairiens irlandais. Les voyelles gaéliques se divisent en fortes et en faibles (leathan et coal) ; a, o, u sont fortes ;

e, i sont faibles. La loi euphonique qui leur est propre, faible avec faible et forte avec forte, a exercé une grande influence sur l’orthographe erse et irlandaise, en donnant naissance a la plupart des diphthongues et des triphthongues que nous venons d’indiquer. Mais, en parlant des voyelles, il faut entendre surtout les sons, et non les caractères qui les représentent. Les nuances de la prononciation celtique sont très-variées et difficiles à saisir pour des oreilles étrangères. M. Pictet n’a pas cru devoir s’en occuper, les considérant comme d’une médiocre importance pour la philologie comparée. Tel n’est pas notre sentiment. Sans avoir la prétention de les analyser tous, nous essayerons de comparer les sons gallois et armoricains avec les sons français, laissant de côté les sous simples des idiomes gaéliques, parmi lesquels Yu seul, prononcé ou, diffère de notre prononciation.

Parmi les idiomes kymriques, l’armoricain possède six voyelles ; a, e, i, o, u et w, toutes également longues ou brèves, et le gallois en compte une septième, 'y. Dans ce dernier idiome, l’a est toujours bref.

Peu de langues présentent autant de combinaisons de voyelles que le gallois. William Ôwen énumère trente-cinq diphthongues et trente-six triphthongues, sans en épuiser le nombre. Les groupes de quatre et en cinq voyel’ les sont assez fréquents, et les mots chuiawiaui, ] souffler ; gtoaewawr, l’action dejeterune lance, offrent même une sextuple combinaison ; mais il faut reconnaître que fes triphthongues, tétraphthongues, etc., sont produites par la réunion de plusieurs éléments de composition, et, au contraire des triphthongues gaéliques, ne sont que rarement des monosyllabes. Toutefois, le bas breton ne présente plus ces richesses vocales, quoiqu’on y rencontre des combinaisons do quatre voyelles. Exemple : iauank, jeune. (Comparez avec la forme sanscrite yuoan, qui montre que les deux semivoyelles y et v ont été vocalisées dans le mot celtique.)

En gallois, les voyelles se rapprochent beaucoup des sons de même ordre en français. Ainsi, chose rare dans les autres langues de l’Europe, souvent, au milieu du mot, on rencontre, dans ces deux langues, le son de l’e muet, comme dans la première syllabe du mot français preneur. Seulement, ce son est représenté par y en gallois. Mais la série des sons de cet idiome diffère de l’échelle française, en ce qu’il n’y a point à’e ouvert proprement dit, ni du prononcé comme chez nous. L’u, ainsi que nous l’avons indiqué, y est toujours bref, et, de plus, il a le son d’un i sourd. Le caractère et le son se trouvent réunis dans la première syllabe des mots anglais busy, occupé, affairé ; business, affaire ; prononcez : bizi et biz’naisse. Cette nuance est étrangère au français, et nous y voyons une preuve de l’influence de la prononciation galloise sur la prononciation anglaise. Cette influence, nous la retrouverons plus tard dans la prononciation de la dentale aspirée tk.

L’armoricain est identique au français pour les sons et pour les lettres. Celui-ci n’a de plus que l’e final, qui est muet ; mais, d’un autre côté, le bas breton possède un son de à plus ouvert et plus long qu’en français.

Les arts et les sciences restèrent en enfance chez nos ancêtres. Plus avides de combats que d’instruction, les Celtes connurent à peine 1 écriture. Ils ne s’en servaient que dans le cours ordinaire des affaires ei ils employaient les mêmes caractères que les Grecs, dont ils ne connaissaient pourtant point la langue. L’alphabet grec avait pour eux l’avantage d’exprimer par un seul signe trois consonnes aspirées, que les caractères latins représentent par plusieurs ; ce sont les dentales thêta et delta, et la gutturale chi, que l’on exprime en gaélique et en kymrique, suivant les dialectes, par th, dh, dd, ch et eh.

Les consonnes, à l’état simple, sont représentées aujourd’hui dans les idiomes celtiques par treize signes alphabétiques : b, c ou k, d,

f, g, h, l, m, n, p, r, s, t ; mais, par suite des mutations dont la plupart des consonnes sent susceptibles dans ces idiomes, le nombre en est forcément plus considérable, et l’alphabet latin n’a pu suffire à les exprimer toutes, sans recourir a diverses combinaisons.

Le système des mutations des consonnes ne s’applique qu’aux consonnes initiales, qui sont sujettes à devenir aspirées, douces ou nasales, suivant la position grammaticale des mots ou leur emploi en composition. Les consonnes soumises à cette loi sont appelées mutes ou muables, et les autres immuables.

De tous les idiomes celtiques, c’est le gallois qui offre la série la plus complète des consonnes muables. «Sous le rapport de l’abondance des touches vocales, dit William Edwards dans ses Recherches sur les langues celtiques, le gallois n’est comparable qu’au grec, surtout par rapport aux consonnes aspirées, et il est plus riche, puisque les Grecs ne possèdent plus ou possèdent a peine deux sons des plus ordinaires et des plus fondamentaux, ceux du b et du d tels que nous les prononçons. ■’ Aussi l’ancien alphabet gallois, appelé Coelbren y

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Beirs, possède-t-il quarante-trois caractères exprimant toutes les nuances phonétiques de cet idiome, et se liant d’une manière intime à l’ensemble du système des mutations. Cependant, malgré cette richesse de touchés vocales, il manque au gallois les consonnes s, ch et j de la classe des linguales, que nous trouvons dans le bas breton comme en français ; chose singulière, mais non sans exemple entre deux langues sœurs.

Les consonnes muables, en gallois, sont : c, p, t, b, d, g, U (se prononçant comme les cérébrales sanscrites, en ramenant le bout de la langue en arrière contre le palais), m, rh. Voici le tableau des changements que ces consonnes peuvent subir :

Mutations des consonnes un gallois.

Forme radicale, e p t b d g m II rh

— aspirée, ch f th « z v

— douce, g b d l r

— nasale, ngk mh nh m n ng.

Dans ce tableau, on voit que les consonnes ne sont pas toutes susceptibles de subir les trois transformations*, c, p et t seulement sont dans ce cas’ ; i et (i ne prennent que les formes aspirée et nasale ; g, la nasale ; m, l’aspirée ; U et rk, la douce. Le c aspiré, ch, est guttural comme le cAi grec et le ch allemand ; le / et le d aspirés, th et z, ont respectivement le son fort et doux du th anglais, comme dans thief, voleur, et this, ceci, que les sons français siff et sisse ne rendent qu’imparfaitement. Le g s’élide dans les cas où il devrait être aspiré. Les nasales ont des sons difficiles à bien préciser. Ngh et ng répondent à la nasale gutturale sanscrite, la première avec un son un peu plus fort, la seconde avec un son un peu plus doux. Enfin, mh et m. se prononcent en faisant sentir légèrement l’aspiration.

Le système des mutations se retrouve encore, mais moins complet, dans le bas breton et le comique. La forme nasale manque à l’un et a l’autre de ces idiomes (v. breton).

En irlandais, les consonnes muables sont : c, p, t, g, b, d, m, f, s. La forme aspirée, en irlandais et en gallois, est presque exactement la même. Quant aux formes douce et nasale, elles sont comprises sous une même dénomination. Au lieu de substituer à la consonne primitive sa mutation douce ou nasale, on écrit les deux consonnes successivement en faisant précéder la lettre modifiée, qui seule se prononce et rend l’autre quiescente. Ainsi, par exemple, le g initial de gort, jardin, doit prendra ta forme nasale après le pronom ar, notre ; on écrit ar ngort et l’on prononce ar nort. Ce procédé est désigné en irlandais par le mot mrdhioghadh, éclipse.

Tableau des mutations en irlandais.

Forme radicale, c p t g b d m f s

— aspirée, ch ph tk gh bh dh mh fk sh Eclipse douce, g b d b{v) t

— nasale, n m n

On remarquera dans ce tableau les consonnes / et s, qui ne sont pas muables en gallois, les mutations en aspirées plus nombreuses, et les mutations en nasales réduites à trois.

Quant à l’erse, il ne possède plus que la forme aspirée, ayant perdu les mutations comprises sous le nom d’éclipsé.

Système grammatical. Dépouillés de leurs éléments de dérivation et des formes grammaticales, les mots celtiques présentent généralement des racines monosyllabiques. Ces racines sont ou ont été des veroes. Tout le système de la dérivation s’accomplit au moyen de préfixes et de suffixes simples ou composés.

Les idiomes celtiques avaient trois genres ; mais il ne leur reste plus que le masculin et le féminin. En gallois seulement, on trouve la trace du neutre dans les pronoms démonstratifs hwn, hou, hyn, qui répondeDt au latin Aie, hœc, hoc ; hwna, hona, hyna, correspondant à ille, Ma, illud, etc. On voit ici que les genres sont indiqués par le caractère de la voyelle radicale. Le genre des substantifs est déterminé surtout par l’usage, et on le reconnaît, soit par la nature de l’objet désigné, soit par des suffixes spéciaux. Ainsi le suffixeadh, en gaélique, aeth en gallois, indique le masculin ; le suffixe a, e, tantôt le masculin, tantôt le féminin. En irlandais, tous les noms abstraits formés par e sont féminins. Le suffixe ni marque le masculin en gallois ; i, féminin en irlandais, reste masculin en gallois, etc. L’irlandais possède un nombre considérable de substantifs ayant la forme masculine et la forme féminin^. Dans la première, la voyelle radicale est simple ; dans ta seconde, elle s’adjoint un i. Exemples :

Masc. fath ; chaleur, fém. faith.

lot, blessure, — toit.

mung, crinière, — muing.

Pour ce qui est des adjectifs, le masculin se distingue du féminin par l’aspiration de la consonne initiale ou la modification de la voyelle radicale ; mais ni le gaélique ni le kymrique n’ont de suffixes affectés a la distinction des genres. La modification de la voyelle radicale n’a lieu que pour les mots primitifs. Ainsi te et y, en gallois, représentent le masculin : w se change en o et y en e pour désigner le féminin.

Le nombre des noms est singulier ou pluriel, les langues celtiques ayant perdu le duel. Elles l’ont remplacé dans quelques cas par des composés avec le nombre deux. Ainsi on

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trouve en irlandais diucain, les yeux ; en gailois dwylaw, les mains ; dmywron, les seins, etc., avec le nom au singulier.

La différence grammaticale la plus sensible qui existe entre le gaélique et le kymrique consiste dans la manière d’exprimer les rupdes substantifs entre eux. Il n’y ade déclinaison ni en gallois ni en armoricain, où les rapports des noms sont indiqués par des prépositions, si ce n’est pour le génitif, qui est toujours marqué en gallois par la position relative des substantifs. Celui qui représente le génitif est placé le dernier. L’armoricain se sert aussi de ce procédé ; mais il emploie de préférence la préposition eut, de. L’irlandais n’a de flexion proprement dite que pour trois cas : le génitif singulier, le nominatif et le datif pluriel ; encore, pour le génitif singulier et le nominatif pluriel, n’existe-t-el)e plus dans tes noms terminés par des voyelles. Le génitif singulier, dans les substantifs terminés en a et en e, est distingué dans les noms masculins par l’aspiration de la consonne initiale, causée par l’emploi de l’article an, laquelle reste intacte au nominatif. Dans les substantifs féminins, te contraire a lieu : l’initiale est aspiréa au nominatif et ne l’est pas au génitif. Ainsi on dit an bogka, l’arc, et an bhoga, de l’arc ; an chuimhne, la mémoire, et an cuimhne, de la mémoire. Une autre classe de mots prend au génitif ce que les grammairiens irlandais appellent un accroissement. Cet accroissement, qu’il ne faut pas- confondre avec la flexion, consiste dan3 l’adjonction d’une consonne ou d’une nouvelle syllabe à la finale du nominatif. Ainsi fala, fraude, faladh, de la fraude ; dearna, paume de la main, dearnuine, de la paume de la main, etc. Comparez ces formes avec celles des substantifs terminés par des consonnes : abh, eaUj abh-a, de l’eau ; gair, voix ; gair-e, de la voix ; dair, chêne, dar-aeh, du chêne ; ceir, cire, céar-ach, de la cire, etc. Les observations qui précèdent sont applicables au nominatif pluriel. Le datif pluriel est le seul cas où se soit conservée la vraie flexion primitive ; elle est eu irlandais bh précédé d’un bref, ibh, dans les substantifs terminés par une voyelle. Exemples : Bogha, arc, bogha-ibh, aux arcs ; eaile, bouclier, cail-ibh, aux boucliers, etc.

Le kymrique n’a qu’un article défini : Yr en gallois, ar en armoricain, sans distinction de genre ni de nombre, Yr se modifie devant les mots commençant par une consonne. Ainsi on écrit : Yr enyz, la vie ; y gwynt, le vent. Lorsqu’il y a réunion d’un nom propre et d’un nom. commun, on peut supprimer l’article défini ; mais il faut alors que le nom propre précède l’autre. Pour dire le roi David, en supprimant l’article, on dira : Daviz vrenin, David roi ; mais en conservant l’article, on emploiera la tournure française : Y brenyn Davys. En armoricain, ^article défini ne perd jamais sa consonne ; mais il la change en n devant les mots qui commencent par d, nn, t, et en l devant les mots commençant par cette consonne. Ainsi ar prend les formes ann et al. L’article indéfini, en bas breton, est eunn, eul, eur, qui répond au français un.-Le gallois n’ayant pas cet article, le substantif indéfini s’y reconnaît par l’absence de l’article défini. Exemple ; Ar sail, sur fondement ; ar y sait, sur le fondement.

Dans les adjectifs, le nombre est indiqué par le changement d’une voyelle ou l’addition d’une terminaison ; mais cette désignation n’est pas obligatoire.

Les degrés de comparaison sont indiqués dans les idiomes celtiques par des suffixes et par des particules. L’irlandais emploie, pour le comparatif, ther ou thir. Exemples : Glas, bleu, glaisither, plus bleu ; dubh, noir, duibhithir, plus noir. Pour le même degré, le gallois emploie ach, l’armoricain och. Ainsi, en gallois, mwy, grand, fait mwyach, plus grand. Le superlatif n’est plus exprimé en gaélique par un suffixe, mais au moyen de particules. Il est indiqué en gallois par le suffixe av, comme dans ol-av, le dernier, qui répond au mot latin ultimus.

Une particularité remarquable dans les idiomes celtiques, c’est la composition des pronoms personnels avec les prépositions. Cette faculté, étrangère aux autres langues de la famille indo-européenne, appartient aussi aux langues finnoises telles que le lapon, le hongrois et le *wotiake ; mais c’est la seule analogie que l’on trouve entre ces langues et le celtique.

Ainsi romh, devant, en irlandais et en erse, faitromAam, romhad, roimhe, romkainn, romhaibh, rompa, devant moi, devant toi, devant lui, devant nous, devant vous, devant eux. En lapon, lusa, vers, fait lusam, lusad, lusas, lusame, lusate et lusas, vers moi ; etc., etc.

Les formes de la conjugaison et les éléments constitutifs du verbe se sont conservés dans les idiomes celtiques beaucoup mieux que les formes de la déclinaison. Les bases fondamentales de la conjugaison celtique sont : l’indication de la personne, celle du temps, celle du mode et celle du rapport de l’action avec la personne, comme sujet ou objet, rapport que les grammairiens désignent par le mot voix. Les éléments constitutifs de la conjugaison sont ceux qui représentent l’action (la racine), le temps et la personne.

Le rapide coup d’œil que nous venons de jeter sur les idiomes celtiques fait suffisamment ressortir, croyons-nous, les points qui prouvent leur parenté avec les langues de la fa-