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■DuMoft/M chrtmiqTie et de l’oaèae non véné, riefi (18351 ;Fragments d’unTraitë complet des vaieg tirùiaireWisas) ; Du*trailement des vaginties chroniqitej (1841) ; Choix d’observations’sur le*cogyg(r chronique (1848), etc. CAZENAVE (P.-L.-Alphée), médecin fran K çajs, névers 1795. Il s est fait recevoir, en 1821, (moteur à la Faculté de Paris. Ayant réussi, fï839) dans un concours pour l’agrégation, il flit charge de faire un cours de ma

  • . tieVe* médicale. M. Cazenave s’est adonné

f d’une façon toute particulière au traitement

deSTtialadies de la peau, et il s’est acquis dans

, %ettë spécialité une assez grande réputation. Outre divers articles insérés dans le Diction*fiaire de médecine et dans les Annales des mttlajlies de la peau. M. Cazenave a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : ^Abrégépratique desmaladies de lapeat/(i$2$) j Traité des syphilides (1843) : Leçons pratiques sur les maladies delà peau(1843-1844, in-fol.) ; .Traité des maladies du cuir chevelu (1850), etc.

  • CAZENEUVE (Ignace de), prélat français,

né à Gap en 1747, d’une des plus anciennes familles de cette ville, mort en 1806. Il entra dans la congrégation des prêtres de la doctrine chrétienne, fut professeur de rhétorique au collège de Mende, et, en 1771, fut nommé chanoine de Gap, Son mérite lui valut d’être chargé par l’évêque de Gap de l’administration municipale de cette ville jusqu’à la Révolution. En 1787, Cazeneuve faisait partie des assemblées communales ; en 1790, il devint maire de la ville de Gap. et, en 1791, les électeurs des Hautes-Alpes le nommèrent évêque de leur département en remplacement de Labroue de Vareilles, qui avait refusé de prêter serment. Cette élection, qui fut-saluée par les acclamations unanimes de la population, souleva d’ardentes colères parmi le clergé réfractaire. Les évêques de Gap et d’Embrun

fulminèrent contre l’élu ; mais Cazeneuve, sans se laisser arrêter par cette excommunication, se fit sacrer à lJaris le 3 avril 1791. L’année suivante, il fut nommé député a la Convention. Il se rangea dans le parti modéré, et, lors du procès’ de Louis XVI, il vota, avec toute la députation des Hautes-Alpes, p^ur la détention, le sursis et l’appel au peuple. Il signa la protestation du 6 juin 1793, fut arrêté et ne rentra à la Convention qu’après quatorze mois de détention. Il siégea ensuite au conseil des Cinq-Cents jusqu’en inars 1797, après quoi il se démit de ses lonctions êpiscopales, et se retira dans une de ses propriétés à Vane, près de Gap, où il mourut aimé et vénéré de tous. Nous avons de lui une Lettre pastorale de M. l’évêque du département des Hautes-Alpes (Gap, 1791), en réponse aux lettres qu’avaient publiées contre son élection les évêques de Gap et d’Embrun. 11 a laissé auâH quelques discours.

CAZENOVU, bourg des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, à 170 Jtilom." N.-O. d’Albany, sur le petit lac de son nom ; 4,500 hab. Industrie et commerce actifs.

CAZÈRES (autrefois Calagorris), bourg de France (Haute-Garonne), ch.-l. de ’eant., arrond. et à 36kilom. S.-O. de Muret, sur la rive gauche de la Garonne ; pép.aggl. 2,270 hab,pop. tôt. 2,633 hab. Teintureries j fabriques de ségoviennes ; commerce de draps et grains.

CAZES (Jacques), peintre de l’école française, né à. Paris en 1676, mort dans la même ville en 1754. On n’a pas sur sa vie des détails très-nombreux, bien qu’il ait eu, de son temps, beaucoup de vogue, et que Voltaire lui-même l’ait cité dans le Siècle de Louis X/V comme un grand peintre. Il n’est guère connu que par ses tableaux, surtout par ses tableaux d’église. Entre autres peintures de ce genre, on peut voir à Saint-Germain-des-Prés la Résurrection de Tabithe, grande machine fort ennuyeuse et très-médiocre. On ne sait vraiment pourquoi il a fait en si grand nombre des tableaux religieux, qu’il ne comprenait pas du tout, et si peu de sujets mythologiques, qui lui ont inspiré quelques pages charmantes, d’une couleur harmonieuse et Une, d’un sentiment délicat.

En 1706, les orfèvres lui demandèrent le mai traditionnel qu’ils offraient, tou3 les ans, à Notre-Dame ; il y est encore : il représente Y H émorrhoisse ; il ne vaut pas mieux que sa Tabithe.

Bien qu’il fût sorti vainqueur du concours pour le prix de Rome, il ne fit point le voyage d’Italie. M. Crozat, qui le plaignit longtemps après de n’avoir vu ni Rome ni Florence, reçut du peintre cette réponse plus vaniteuse que juste : « J’ai fait, monsieur, comme Lesueur, Jouvenet, Rigaud, Largillière ; j’ai fait voir qu’on pouvait s’en passer. • Pour nous, les œuvres que Cazes a produites sans être allé à Rome ne font voir qu’une chose, c’est qu’il était trop foncièrement médiocre pour qu’il pût gagner quelque chose au voyage de Rome ; à ce point de vue, il a bien fait de s’en passer.

CAZETTE s, f. (ka-zè-te — dimin. de case). Céram. Autre orthographe du mot casktte.

CAZIASQUER OU CAZIASKER s. m. (kazia-skèr). Surintendant de justice chez les Turcs.

CAZIER s. m. (ka-zié). Péch. Espèce de filet, g On écrit aussi souvent casier,

CAZ1MI s. m. (ka-zi-mi). Astr. Nom donné par les astronomes arabes au diamètre appâtent du soleil.

CAZI

CAZIN, adj. inv. (ka-za’m — de Cazin n, prj. Se dit des livres imprimés par Cazin, ou dans le format petit in-18, que Cazin a employé le plus souvent : Editions cazin.

— s. m. Livre imprimé par Cazin ou dans le format de Cazin : Une collection de ca-

Z1NS.

CAZIN (Hubert-Martin), libraire-éditeur français, né à Reims le 22 mai 1724, mort à Paris le 5 octobre 1795. Il a donné son nom a un format petit in-18. Son père était syndic do la communauté des marchands libraires et imprimeurs de Reims ; il lui succéda à sa mort, arrivée en 1755, et il exerça lui-même la charge de syndic adjoint de ladite communauté de 1778 à 1789. À peine établi, Cazin commença la publication de ses éditions in-18, qui devaient bientôt lui faire une immense réputation, et se livra particulièrement au commerce des livres prohibés. On lui attribue, avec doute, l’édition de la Pucelle de Voltaire, donnée sous la rubrique de Londres, 1758. La vente de. cette sorte de livres fit priver Cazin de sa charge de libraire en 1759 et en 1764 ; mais, malgré ces destitutions, il ne ces.sa de tenir un rang important dans la corporation des libraires de la ville de Reims, qui l’y rirent toujours réintégrer. En 1774, il était libraire de l’université de cette ville. Ennuyé des tracasseries de la police locale, Cazin quitta Reims pour venir à Paris, où il habita successivement le cul-de-sac Saint-Honoré, la rue des Maçons-Sorbonne, celle des Noyers, etenfinlaruePavée-Saiut-André-des-Arts. Ses débuts à Paris ne furent pas heureux ; car, peu de temps avant la Révolution, Cazin se vit forcé de suspendre ses payements et de demander à ses créanciers des remises et des délais. Sa grapde intelligence des affaires le rit bientôt sortir d’embarras, et ses rapports avec les philosophes, les savants, les artistes de son époque lui permirent de retrouver son ancienne aisance. Parmi les célébrités avec lesquelles il a vécu, on cite Grimm, Suard, Morellet, d’Holbach, Chamfort, Rivarol, Carnot, Champcenetz, Robespierre, Saint-Just, Marmontel, Condorcet, Custine, Dillon, Biron, l’amirald’Estaing, Choderlos, de Laclos, auteur des Liaisons dangereuses, M">e Fanny de Beauharnais, M"" Roland, Colardeau, Mercier, l’abbé de Saint-Léger, Mérard de Saint-Just, Roueher, Cazotte, Ginguené, le chanteur Garut, les peintres David, Vien, Fragonard, les graveurs Marinier et Delvaux. Chaud partisan des idées avancées des philosophes et des encyclopédistes, Cazin, dit M. Chalon d’Arge, était par goût de l’opposition. Il se plaisait à publier les œuvres auxquelles on faisait la guerre ; aussi M. le lieutenant de police avait-il toujours l’œil sur lui, et plus d’une fois l’éditeur en vogue dut se rendre à la Bastille. Sa philosophie était grande à ce sujet ; il avait toujours prête une petite valise qu’il appelait sa valise de voyage, et qui était destinée à l’accompagner dans ses pérégrinations au château du faubourg Saint-Antoine. Le soin de ce meuble portatif était particulièrement confié à la plusjeune de ses tilles. Lorsque les exempts se présentaient en exhibant leur mandat : ■ Bonjour, messieurs, leur disait l’impassible libraire ; nous allons déjeuner. Henriette, va dire qu’on nous serve ; après quoi tu prépareras la valise. • Sa part stoïquement prise du repas matinal, il embrassait sa femme et ses enfants, serrait la main à ses commis, auxquels il donnait ses dernières instructions pour diriger la maison durant son absence, et partait tranquillement. 11 n’y avait pas, du reste, grand profit pour l’autorité à le msttre en prison, car il en sortait toujours avec de nouveaux projets d’impressions hostiles. Le 14 juillet 1789, il apprit avec joie que le peuple vainqueur venait de s’empafer de la Bastille, et quelques jours après il se donnait l’innocent plaisir d aller voir démolir, jusqu’à la dernière pierre, la chambre qu’il y avait occupée ; ce fut la seule vengeance qu’il tira de ses persécuteurs.

Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), Cazin fut victime de sa curiosité. Ayant appris qu’une lutte allait s’engager aux Tuileries, où siégeait la Convention, il voulut -s’y rendre. Après avoir déjeuné dans un café de la rue du Dauphin, il parcourut tous les journaux avant de songer à retourner chez lui. Mais la Convention menacée avait pris d’énergiques mesures de défense, et au moment où <J : izin sortait du café, l’artillerie établie devant l’église Saint -Roch ouvrait le feu. L’imprudent vieillard fut blessé à mort par un éclat de mitraille qui l’atteignit au bas-ventre. Il expira le jour même à son domicile, où il avait été transporté par des hommes du peuple qui eurent le soin de remettre en même temps à sa famille, ses bijoux, ses papiers et sa bourse.

La plupart des volumes édités par Cazin appartiennent au petit format in-18, et quelques-uns au format in-24. Ces derniers portent la rubrique de Genève et de Londres j les autres cellesd’Amsterdam, LaHaye, Venise, etc. ; en réalité, ils sortaient tous des presses de Paris, de Reims, de Soissons et de Genève. M. Brissard-Binet, le Casinophile, auteur de la brochure publiée en 1863, à Cazinopolis (Reims), sous le titre de Cazin, sa vie et ses éditions, donne comme certains, pour les éditions Cazin-, les noms des imprimeurs de Paris : Valade, veuve Valade, Philippe-Denis Pierres, imprimeur du roi, l’imprimerie poly- ■ type Fruard et Cailleau, dont les caractère»

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se trouvent dans les œuvres de Restif ; Jacob, à Orléans, qui n’imprima que les ouvrages italiens, et enfin, Paul Barde, à Genève, qui en imprima un très-grand nombre.

Les principales publications de Cazin datent de 1773 à 1786 ; mais celles qui portent les millésimes de 1777 à 1782 méritent la préférence. C’est en 1782 que, sous la rubrique de Genève et de Londres, on vit paraître nombre de livres joignant, à l’attrait piquant du scandale, une netteté d’impression et une correction typographique remarquables. Citer les noms de Boufilers, Crébillon fils, La Fontaine, l’abbé.Prévost et Rabelais, des chansons choisies avec des airs notés, des poésies satiriques du xvin« siècle, suffira pour prouver combien de publications graveleuses sortirent de l’officine du libraire rémois. La plupart do ces éditions coquettes sont ornées de gravures et de portraits dus au burin des Cochin, des Delvaux ; des deux Delaunay, des Duponchel, des Eisen, des Marillier et autres célèbres graveurs du temps. Outre le mérite de leur exécution typographique, elles se recommandent aux bibliophiles par la solidité et la teinte du papier et par l’élégance de la reliure.

On reconnaît les véritables éditions Cazin, soit à ce nom gravé au bas du portrait ou de la vignette placée au commencement du volume, soit à la rubrique Reims, qui indique le lieu de vente, soit aux avertissements, préfaces, catalogues, avis, notes ou autres indications accessoires, communes aux livres édités par le libraire rémois, et qui, se rattachant à ses publications, en donnent la noinertclature et fournissent à cet égard des renseignements qui ne souffrent pas d’équivoque.

Cazin fit tirer dans le format in^8° quelques volumes d’amateurs ; les plus remarquables sont r les Amours de Daphnis et Ckloè, traduction de l’abbé Mulot, docteur en théologie ; Mytilène (Reims, 1780), et la Pucelle d’Orléans, avec de délicieuses vignettes en tête de chaque livre. Ce dernier volume est considéré comme le chef-d’œuvre des publications du célèbre éditeur rémois.

Cazin trouva de son temps de3 imitateurs, et la contrefaçon lyonnaise de ses éditions faisait son désespoir ; mais sa collection fut toujours préférée des amateurs ses contemporains, comme des bibliophiles modernes.

De la famille Cazin, composée de quatre filles, il ne reste que deux représentants, M. do Cetto, fils de l’aînée, ambassadeur de Bavière à Londres, et M. Chalon d’Argé, fils d’Henriette, bibliophile distingué, archiviste des beaux-arts au ministère d’État.

Outre la brochure que nous avons citée, dans laquelle se trouve le catalogue des éditions de Cazin, on peut consulter, pour la biographie de ce célèbre libraire, le Rcmensiana de M. Louis Paris (Reims, 1845, in-32), et le Manuel de bibliographie de M, Ferdinand Denis (Paris, 1857, in-8°).

CAZORLA (anciennement Castulo), ville d’Espagne, province et à 50 kilom. N.-E. de Jaen, ch.-l. de juridiction civile ; 8,500 hab. Cette ville est agréablement située sur le versant occidental de la sierra de son nom, et sur la rive droite d’un petit affluent du Guadalquivir.

CAZOBLA (sierra de), chaîne de montagnes d’Espagne, contre-fort de la Sierra-Nevada, dans la partie occidentale de la province de Jaen. Elle renferme les sources du Guadalquivir. Ses sommets les plus élevés ne dépassent pas 1,000 mètres. Les Romains exploitèrent dans cette chaîne des mines d’argent.

CAZOTTE (Jean-Claude), officier français, né à Dijon en 1719. Cazotte comptait cinquante années de services distingués dans l’artillerie, quand il fut élu commandant du 2° bataillon des volontaires de la Côte-d’Or. À l’attaque du camp de Maubeuge, son bataillon soutint seul le choc de 18,000 Autrichiens et succomba tout entier (Il juin 1792). Pour perpétuer le souvenir de cet acte d héroïsme, la commune de Dijon donna le nom de Cazotte à la rue du Four.


CAZOTTE (Jacques), littérateur, né à Dijon en 1720. Il était fils d’un greffier des états de Bourgogne, et il rit ses études au collège des jésuites de sa ville natale. Il entra dans 1 administration de la marine et fut envoyé en 1747 à la Martinique, comme contrôleur des lies du Vent. Jouissant d’une position aussi avantageuse que considérée, il épousa Elisabeth Boignon, fille du président du tribunal de la Martinique, et acquit de nouveaux droits à la faveur du gouvernement par l’énergie avec laquelle il repoussa, en 1759, une attaqué tentée par les Anglais contre le fort Saint-Pierre. Il avait déjà fait une petite fortune quand la mort de son frère le mit en possession de biens considérables. En outre, le climat des Antilles avait altéré’ sa santé : il donna donc sa démission et revint en France avec sa famille. Quoiqu’il eût perdu une partie de sa fortune dans la banqueroute du fameux jésuite Lavalette (où sait que l’ordre offrit aux créanciers de les rembourser en messes), il put encore, grâce & l’héritage de son frère, mener une existence exempte de soucis et d’inquiétudes, tantôt à Paris, tantôt à son domaine de Pierry, près d’Epernay, et rie s’occuper que de littérature et de beauxarts. La première fois qu’il avait habité la capitale, il avait rencontré chez son compa CAZO

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triote Raucourt une société de poètes et, de littérateurs dont l’exemple et les entretiens avaient développé sa vocation naturelle. H avait alors composé quelques romances qui avaient eu du succès et que même on avait chantées à la cour. À la Martinique, il écrivit son çoSnie héroï-comique en prose, Olivier, qui lut publié en 1763 et favorablement accueilli par le public. Ce succès l’encouragea à faire paraître, en 1771 et en 1772, les jolis contes du Lord impromptu et du Diable amoureux. On a encore de lui les ouvrages suivants : les Mille et une fadaises ; la Guerre de l’Opéra ; la Patte de chat ; Contes arabes, formant une espèce de suite aux Mille et une nuits ; le Feu de Bagdad ; Rachel ou la Relie juive ; la Brunette anglaise, conte en vers, et autres fictions gracieuses où l’on trouve une richesse d’imagination quelquefois surabondante, une origw nalité souvent bizarre et une merveilleuse facilité de style et de composition. Cette facilité était telle, que Cazotte rima en une nuit un septième chant au poème de la Guerre de Genève (de Voltaire), et que ce pastiche fut assez habilement fait pour que tout le monde fût dupe de la mystification. Il composa également en une nuit, sur un mot donné, l’opéracomique des Sabots, qui fut représenté avec succès.

Chose singulière ! cet esprit d’une verve si pétillante finit par s’abandonner aux folles chimères, aux rêveries de l’illuminisme.

Il fut entraîné dans cette voie par son imagination, sans doute, mais aussi par une circonstance assez singulière. Dans son roman du Diable amoureux, il avait mis son héros aux prises avec des tentations diaboliques, et il avait suivi assez fidèlement les données de la démonologie. Les partisans de cette inepte doctrine s’imaginèrent facilement qu’il était un des leurs. Un disciple de Martinez Pasquali vint le trouver, dans l’espoir d’obtenir une plus complète initiation aux sciences occultes, et fut fort étonné d’apprendre que la roman en question n’était que le produit de l’imagination de l’auteur. Cet incident bizarre piqua vivement la curiosité de Cazotte, qui mit à profit ses relations avec son nouvel ami pour se faire initier aux doctrines des martinistes. S’il ne devint pas un cabaliste proprement dit, il s’engagea du moins, de plus en plus, dans une religiosité mystique et dans un surnaturalisme qui le classaient parmi les illuminés les plus chimériques.

Avec une telle direction d’idées, il était impossible qu’il éprouvât aucune sympathie pour les principes de la Révolution. Aussi sa prononça-t-il hautement contre cette grande rénovation, et fut-il un de ceux qui s épuisaient à donner à la cour des conseils, des avis, et à indiquer chaque jour de nouveaux moyens de résistance. Il entretint à ce sujet une longue correspondance avec Ponteaur le secrétaire de la liste civile, et lui envoya à plusieurs reprises des plans d’évasion pour la famille royale et des moyens, suivant lui, infaillibles d’écraser la Révolution. Cette correspondance fut saisie, après le 10 août, chez l’intendant de la liste civile, Laporte, et Cazotte fut mis en arrestation. Sa fille Elisabeth le suivit dans sa prison pour l’assister. Tous deux étaient h l’Abbaye lors des massacres de septembre. La malheureuse jeune fille avait été séparée du vieillard dès le commencement des exécutions ; dès lors, elle n’eut plus qu’une pensée : rejoindre son père, le sauver ou mourir avec lui. Tout à coup elle l’entend appeler, puis descendre l’escalier au milieu d’un bruit d’armes ; avant qu’on ait pu l’arrêter, elle s’élance, elle atteint le vieillard, elle l’enlace de ses bras, elle communique aux terribles juges l’irrésistible sympathie de son amour filial, et désarme les tueurs eux-mêmes par sa tendresse héroïque, par ses larmes et ses supplications. Non-seulement le vieillard fut épargné, mais encore on le reconduisit en triomphe avec sa fille jusqu’à son logis. Peu de temps après, il fut arrêté de nouveau, et le tribunal du 17 août ordonna la reprise des poursuites contre lui. Sur le conseil de son défenseur, il déclina la compétence du tribunal extraordinaire, par ce motif qu’il avait été jugé déjà et absous par le peuple. Ce déclinatoire ne fut pas admis. Les faits étaient d’ailleurs patents et avérés, et le tribunal n’avait qu’à appliquer les décrets portés contre ceux qui avaient préparé la répression du 10 août. Cazotte fut condamné à mort, ce qui inspira te beau vers si connu :

Des bourreaux l’ont absous, des juges l’ont trappe.

Ces juges, d’ailleurs, enchaînés par une législation inflexible, ne purent reluser leur pitié et leur estime à l’infortuné vieillard. En l’envoyant à la mort, ils rendirent hautement hommage à sou courage et à sa probité, ca qui est beaucoup entre Français. L’accusateur public lui dit : » Pourquoi faut-il que ja vous trouve coupable après une "vie vertueuse de soixante-douze lins ! Mais il ne suffit pas d’être bon époux et bon père, il faut encore savoir être bon citoyen. ■

En prononçant la sentence, le président lui dit avec émotion et gravité : ■ Vieillard, envisage la mort sans crainte ; songe qu’elle n’a pas le droit de t’étonner ; ce n’est pas un pareil moment qui doit effrayer un nomme tel que toi, »

Cazotte monta intrépidement les degrés do l’échafaud et mourut en prononçant ces paroles : « Je meurs comme j’ai vécu, fidèle à mon Dieu et à mon roi, • (25 septembre 1792.)

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