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de toute différence appréciable dans le germe d’animaux, dont la constitution sera dissemblable ultérieurement. Il est évident que, si deux ovules placés dans des conditions analogues produisent des êtres différents, si de l’un il sort une truite et de l’autre une grenouille, par exemple, il faut que la cause de ces différences dans les résultats du travail génésique réside dans ces ovules eux-mêmes, et préexiste a l’organisation de l’individu qui se formera aux dépens de la substance de chacun de ces corps reproducteurs. La raison physiologique de la différence spécifique ne résidera donc pas dans la structure dételle ou telle partie qui n’existe pas encore, mais dans les propriétés de l’ovule ou du germe. Or, nous n’apercevons, ni dans la constitution des ovules, ni dans les formes du germe naissant, rien qui indique les différences essentielles dont l’existence ressort de la dissimilitude des produits. Dans le principe, la masse organisée, qui constitue le germe du nouvel individu, est en apparence identique chez tous les animaux. Les harmonies, soit rationnelles, soit empiriques, que l’on découvre dans la structure des êtres, ne sont donc pas la conséquence de la disposition spéciale d’une partie déterminée du corps, mais les effets d’une cause générale, qui, dans chaque organisme, règle les rapports aussi bien que la nature intime des parties. Dès lors on conçoit la possibilité de combinaisons physiologiques dans lesquelles le même élément peut tour à tour jouer un rôle de premier ordre, ou descendre peu à peu jusqu’à devenir presque nul. Si la disposition particulière de cet élément était la cause déterminante du mode d’ordonnancement général de l’organisme, le caractère essentiel de l’animal devrait alors changer ; mais si cette disposition locale n’est, qu une conséquence de la force qui règle cet ordonnancement du tout, on comprend la possibilité de quelques changements dans les propriétés ce chacune des parties sans qu’il en résulte nécessairement un changement dans le plan général : et c’est là ce qui ressort effectivement de l’observation des faits.

D’ailleurs, tel caractère réputé dominateur ne se montre souvent qu’à une époque où l’individu en voie de formation présente déjà l’ensemble de caractères propres au type zoologique dont il dérive. On ne peut donc considérer le plan organique de 1 animal comme ayant été déterminé par cette disposition d’un organe particulier qui ne se manifeste qu’après coup : ce serait admettre que l’effet a i précédé la cause. Ainsi, d’après la doctrine ! de Cuvieilles caractères dominateurs de l’or- j ganisation des différentes classes de l’embranchement des vertébrés consisteraient, nous j l’avons vu, dans la manière dont le sang cir- i cule et se met en rapport avec l’oxygène de l’air. La distinction fondamentale entre un mammifère et un reptile, parexemple, résiderait dans la séparation complète des systèmes veineux et artériel chez les premiers, et la jonction de ces deux ordres de vaisseaux au centre de l’appareil circulatoire chez les seconds. Mais il est bien évident que l’existence d’un cœur artériel, entièrement distinct du ■ cœur veineux, et la circulation complète de la masse du sang dans le réseau pulmonaire ne sont pas ce qui règle la nature du mammifère, ce qui domine tout l’ordonnancement de ses parties, et fait qu’il est mammifère plutôt que reptile ; car, à l’époque de la naissance, le chien, par exemple, ne présente pas cette structure ; il est déjà constitué comme mammifère, mais son système veineux communique directement avec le système artériel, de façon à déterminer le mélange des sangs, ainsi que cela se voit chez le reptile : ce n’est que plus tard que le canal de communication entre l’artère pulmonaire et l’aorte s’oblitère, et que la totalité du fluide nourricier est mise en rapport avec l’air avant de retourner aux organes dont il doit entretenir la vie. Le caractère dominateur dans l’organisme de tout mammifère manque donc chez le chien nouveau-né, qui cependant est déjà bien réellement un mammifère, et l’on comprend facilement que, chez un être destiné à mener une vie sédentaire et à habiter un pays chaud, cette disposition, qui est transitoire chez le chien, pourrait devenir permanente sans qu’il en résultât aucun changement fondamental dans la structure générale du corps, et sans que l’espèce ainsi constituée fût nécessairement autre chose qu’un mammifère.

Ce qui a fait naître dans l’esprit l’idée de caractères dominateurs, c’est la fixité que les naturalistes ont d’abord attachée à la valeur des divers caractères. Us supposaient que la valeur d’un caractère ne variait pas d’un groupe à l’autre ; que la nature avait établi, et que la science devait se proposer de découvrir entre les caractères une hiérarchie immobile, générale, absolue. C’est ainsi que le problème de la classification naturelle s’était d’abord posé. Malheureusement, la solution de ce problème s’est montrée plus difficile qu’elle n’avait paru aux esprits qui les premiers s’étaient attachés à la poursuivre ; et la raison de cette difficulté, qu’on n’avait pas vue d’abord, et qui a refroidi quelque peu les esprits pour les questions taxonomiques, c’est précisément l’absence de cette hiérarchie immobile des caractères. Il reste vrai que les caractères sont d’inégale valeur, d’inégale importance, et que la classification naturelle doit traduire cette inégalité ; mais il ne l’est

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pas Qu’on puisse les classer d’une manière générale, pour tous les végétaux ou pour tous les animaux, d’après leur degré de valeur, leur ordre d’importance. La subordination naturelle des caractères n’est pas aussi simple qu’on l’avait cru : tel caractère, supérieur et prééminent dans un groupe, devient subordonné dans un autre, patce que l’organe qui fournit ce caractère se montre là très-développé, tandis qu’ici il tend à s’effacer de l’économie ou à devenir rudimentaire ; en un mot, la valeur zoologique ou botanique d’un même caractère anatomique varie dans les différents groupes naturels d’animaux ou de végétaux. Le système dentaire, par exemple, acquiert chez la plupart des mammifères une grande importance, et présente alors dans sa disposition des particularités qui ne varient pas chez les diverses espèces dont l’organisation est essentiellement la même, et dont la réunion constitue ce que les zoologistes appellent une famille naturelle. Aussi peut-on se contenter de l’inspection de cette petite portion du corps pour savoir si l’animal que l’on étudie est de la famille des singes, de celle des félins ou de celle des pachydermes, des ruminants, des rongeurs, etc. Mais lorsque cet appareil, devenu moins parfait, cesse de remplir le même rôle physiologique, et tend à disparaître, comme cela a lieu chez les mammifères pisciformes, l’harmonie entre sa disposition particulière et le mode d’ordonnancement de l’ensemble de l’organisme cesse aussi d’être rigoureuse, et les caractères qu’on en peut tirer perdent toute leur valeur zoologique. On sait, en effet, combien il y a de ressemblance entre la baleine et le cachalot, ainsi qu’entre le marsouin et le narval, et cependant le système dentaire diffère complètement chez ces divers cétacés. Ainsi, inégalité de valeur d’un même caractère considéré dans la série des animaux ou des végétaux, tel est le principe nouveau qui vient compliquer la question de la classification naturelle, en rectifiant l’idée qu’on s’est longtemps faite de la subordination des caractères, et qui, ne permettant plus d’attacher un sens absolu et général à la supériorité, à la prééminence des caractères, écarte à plus forte raison l’hypothèse des caractères dominateurs.

— Théol. Le mot caractère, en théologie, signifie une marque spirituelle et inettaçable que Dieu imprime dans l’âme d’un chrétien par quelques-uns de ses sacrements. II n’y en a que trois qui opèrent cet effet : le baptême, fa confirmation et l’ordre ; aussi ne les réitère-t-on jamais, même quand ils ontété administrés par des hérétiques, pourvu que rien d’essentiel dans la matière ni dans la forme n’ait été omis. La plupart des théologiens catholiques fondent la réalité du caractère sacramentel sur ce passage de saint Paul : Dieu nous a oints de son onction ; il nous a marqués de son sceau, et il a mis comme gage le SaintEsprit dans nos cœurs (Unont nos ûeus, qui et signavit nos, et dédit pignus Spiritus in cordibus nostris). « Par ces paroles- : // nous a marqués de son sceau, l’Apôtre, dit le Catéchisme du concile de Trente, désigne clairement un caractère dont le propre est de marquer et de former une empreinte (Voce illa signavit non obscure characterem descripsit cujus proprium est aliquid signareetnotare). » Ils invoquent, en outre, l’autorité de saint Augustin, lequel, en écrivant contre les donatistes, qui réitéraient le baptême et l’ordination, a supposé et soutenu que ces sacrements impriment un caractère ineffaçable. « Les sacrements des chrétiens, dit ce Père, aurontils moins de force que cette marque corporelle dont les soldats sont honorés ? Cependant quand le soldat reprend les armes qu’il avait quittées, on ne lui imprime point une marque nouvelle. On reconnaît l’ancienne, et on l’admet. (An minus forte sacramenta christiana quam corporalis hœc nota, qua sciticet miles tnsignifur, poterunt ? Illa namque militi, ad militiam, quam deseruissel, revertenti, non noua imprimitur, sed antiqua cognoscitur et approbatur.) »

Quels sont les résultats du caractère sacramentel ? Le Catéchisme du concile de Trente nous apprend que le caractère produit deux choses : « Il nous rend propres à recevoir et à faire certaines choses du domaine de la relifion, et puis, c’est comme un signe qui nous istingue de ceux qui n’en ont point été marqués. Nous retrouvons ce double résultat dans le caractère du baptême. D’un côté, il nous rend aptes à recevoir les autres sacrements ; de l’autre, il sert à distinguer les fidèles des nations qui n’ont pas la foi. On peut faire la même observation sur le caractère de la confirmation et sur celui de l’ordre. Le premier de ces sacrements nous arme et nous munit, comme des soldats de Jésus-Christ, pour confesser et défendre publiquement son nom, et pour combattre contre les ennemis qui sont au dedans de nous, ou contre les esprits mauvais qui sont dans l’air ; ensuite il nous sépare des nouveaux baptisés, qui ne sont que des enfants nouvellement nés. Le second donne le pouvoir de conférer et d’administrer les sacrements, et il met une distinction entre ceux qui sont revêtus de ce pouvoir et le reste des fidèles. ■

Quant à la nature du caractère, les théologiens ne sont pas d’accord pour l’expliquer. Comme le mot caractère signifie littéralement une gravure, il ne peut être appliqué à l’âme que par métaphore. Durand n’y voit pas « tfne qualité réelle, absolue, inhérentp à l’âme,

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mais seulement une relation de raison ou une dénomination extérieure par laquelle l’homme baptisé, confirmé ou ordonné est disposé, par la seule volonté de Dieu, et rendu propre à exercer, soit passivement, soit activement, quelques fonctions. » Tournely soutient que le caractère est « une qualité réelle et absolue, une puissance d’exercer ou de recevoir des choses saintes, qui réside dans l’entendement comme dans son sujet immédiat. ■ Leibnitz, qui a trouvé le temps de s’occuper aussi de cette question, estime que le caractère peut être conçu comme ■ une qualité propre et permanente, que le baptême, la confirmation et l’ordre nous font contracter en nous enrôlant dans des classes de personnes où nous n’aurons jamais besoin d’être enrôlés de nouveau. • Cette conception lui parait très-simple, en ce que le droit civil offre des qualités de cette nature.

Les protestants nient l’existence du caractère sacramentel. Un critique anglican, Bingham, soutient qu’il n’en est question dans aucun des anciens conciles. Si plusieurs Pères de l’Église ont appelé le baptême le sceau, le signe, le caractère de Jésus-Christ, on n’en saurait conclure qu’un chrétien apostat, infidèle, excommunié conserve encore quelque droit ou quelque privilège en vertu de son baptême. « De même, dit ce critique, lorsque les anciens conciles ont excommunié ou dégradé un prêtre, ils ont dit : ■ Nous l’avons privé du sacerdoce et de tout pouvoir sacerdotal ; nous déclarons qu’il n’est plus prêtre, ■ nous le privons même de la communion laïque. »Quereste-t-il donc à ce prêtre dégradé, en vertu de son ordination passée ? L’abbé Bergier répond (Dictionnaire de théologie) qu’au chrétien apostat, excommunié, reste le droit de ne pas être rebaptisé lorsqu’il fera

fénitenee et qu’il rentrera dans le sein de Église ; qu’au prêtre dégradé reste le pouvoir radical de l’ordre, pouvoir en vertu duquel ce prêtre recommencera d’exercer validement et licitement les fonctions du sacerdoce sans "être ordonné de nouveau, s’il parvient a se faire absoudre et réintégrer. « Les protestants, ajoute l’abbé Bergier, pensent qu’on ne doit pas réitérer le baptême ; ils seraient bien embarrassés d’en donner une autre raison que la pratique de l’Église, fondée elle-même sur l’idée du caractère sacramentel. S’il était vrai, -comme ils le soutiennent, que les sacrements n’ont point d’autre effet que d’exciter la foi, qui empêcherait de réitérer le baptême autant de fois qu’on le jugerait à propos ?» Le protestantisme peut, eneffet, être ici accusé d’inconséquence. Comme il n’accorde aux sacrements qu une valeur symbolique, et non une efficacité objective, comme il affranchit la grâce de tout appareil sensible, on comprend très-bien qu’il refuse au baptême cet effet spécial que les catholiques désignent sous le nom de caractère /mais si le baptême n’est qu’un symbole, et non le moyen nécessaire d’une action surnaturelle, ne peut-on, diront les uns, appliquer plusieurs fois à la même personne cette consécration ? ne peuton, diront les autres, se passer complètement de ce symbole ?

Nous n’avons pas besoin de dire que le rationalisme nie le caractère sacramentel, parce qu’il nie les sacrements, et qu’il nie les sacrements parce qu’il nie la grâce.

— Psychol. I. Définition nu caractère. Quand nous disons d’un objet qu’il présente tels caractères, nous voulons indiquer les propriétés par lesquelles cet objet se distingue des autres : alors, c’est presque toujours au pluriel que nous employons le mot caractère, parce que nous avons toujours plusieurs points de vue, plusieurs différences à établir. On voit que, appliqué aux choses, le mot caractère signifie tout simplement propriété distinctive. Si des choses nous montons aux personnes, l’acception du mot caractère change en se restreignant ; on remarque qu’il s’ennoblit en restant au singulier : ce n’est plus propriété distinctive en général qu’il veut dire, c’est qualité de la volonté, comme si la volonté seule caractérisait les personnes. L’intelligence a ses habitudes, ses idées préférées ; le eœur a ses habitudes, ses sentiments caressés et nourris ; l’activité aussi a ses habitudes, sa force et sa direction acquises, ses mouvements faciles, rapides, et, pour ainsi dire, toujours prêts. C’est l’ensemble des habitudes de l’activité qui constitue le caractère. Il ne faut pas oublier que l’intelligence, l’affectivité et l’activité, que nos analyses ont coutume et besoin de scinder, ne forment pas trois forces qu’on puisse concevoir indépendantes, mais se pénètrent toujours mutuellement, et n’agissent jamais l’une sans l’autre. L’homme n’est ni pure inteliigence, ni pur sentiment, ni pure activité. Il est évident surtout que l’activité suppose l’affectivité comme moteur, et l’intelligence comme conseil et direction. Mais la distinction abstraite est possible et légitime là même où la synthèse, apparaissant nécessaire, exclut toute séparation réelle. C’est ainsi qu’Auguste Comte, dans sa classification des fonctions cérébrales, est fondé à distinguer les moteurs affectifs, sentiments égoïstes et altruistes, dont l’ensemble prend le nom de cœur ; les fonctions intellectuelles, contemplation, méditation et pression, qui appartienent kVesprit, et les qualités pratiques, courage, prudence et persévérance, qui constituent le caractère. Ce qu’on peut lui contester, c’est qu’il prétende, en dehors de l’expérience, réaliser anatomiquament cerfs

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analyse psychologique, et assigner un organe

I spécial à chacune de ces fonctions cérébrales.

’ Le caractère a sa cause prochaine dans l’exercice de la volonté ; aussi est-il toujours acquis, et ne peut-il se confondre avec les instincts et les passions, qui précèdent et conditionnent les déterminations de ia volonté. Mais on peut dire qu’il résulte de la combinaison des passions, telle que la volonté l’effectue sous l’influence des circonstances. Les

I passions sont, en quelque sorte, l’étoffe dont le caractère est fait ; elles en fournissent la matière, mais c’est la volonté qui lui donne ïa forme. On ne doit pas non plus confondre le caractère et le tempérament. Le tempérament est, dans un individu, la constitution particulière, l’état d’équilibre particulier des liquides et des solides de l’économie. Le caractère est l’état d’équilibre passionnel établi dans un individu par l’exercice de la volonté. Le tempérament est un fait physiologique, le caractère un fait psychologique. Le tempérament intéresse le médecin, le moraliste étudie le caractère. Le tempérament influe naturellement sur le caractère, parce qu’il influe sur le développement des passions.

Le mot caractère peut être employé avec une épithète qui détermine la qualité, l’espèce de caractère. Il peut être pris absolument ; alors le caractère n’est pas considéré sous le rapport de la qualité, mais seulement de la quantité. Dire qu’un individu a beaucoup, peu ou point de caractère, c’est exprimer le degré de fixité, de cohérence de la combinaison de passions que l’exercice de la volonté a fait prévaloir dans cet individu. Ce qu’on appelle absence de caractère est l’instabilité de cette combinaison poussée au dernier degré. Dans ce sens absolu, le caractère renferme en lui l’idée d’initiative et de persistance de la volonté, initiative et persistance qui supposent l’attachement à des principes pratiques déterminés, que le sujet s’est invariablement posés par sa raison. » Bien que ces principes, dit Kant, puissent être faux et vicieux, cependant la disposition de la volonté en général d’agir suivant des principes fixes (au lieu de sauter tantôt ci, tantôt là, comme les mouches) est quelque chose d’estimable, et qui mérite d’autant plus l’admiration qu elle est plus rare. •

— II. Origink et formation du caractère. On peut distinguer sur l’origine et la formation du caractère quatre systèmes principaux : celui qui rapporte cette origine aux tempéraments et aux causes physiques (climat, régime, etc.), qui agissent sur la constitution ; celui qui i attribue aux causes morales extérieures, aux influences pédagogiques, politiques, religieuses ; celui qui invoque avant tout la conformation native du cerveau ; le quatrième enfin qui, sans méconnaître l’importance des causes fatales indiquées par les précédents, et en leur faisant une part, ajouta à ces causes une force qu’elles n’embrassent pas, qu’on n’y peut ramener, la libre action de l’homme sur lui-même.

Théorie des tempéraments et des climats. C’est l’ancienne théorie physiologique ; elle a été de tout temps soutenue par les médecins. Stahl, le père de l’animisme, nous montre les caractères sous la dépendance directe des tempéraments. > Il y a, dit-il, quatre tempéraments : le bilieux, le flegmatique, le sanguin et le mélancolique.» Chez les sanguins, la texture du corps étant lâche, poreuse, spongieuse, les vaisseaux étroits, le sang fluide, la circulation est facile, ainsi que la sécrétion, l’excrétion et, en général, la vie. Chez les bilieux, la texture est plus serrée ; aussi paraissent-ils plus maigres ; mais, comme le sang est très-subtil et le cœur plus énergique, tout se fait et se répare assez bien dans l’économie, grâce à la forte impulsion du cœur. Chez les flegmatiques, la texture plus molle est un obstacle à la circulation d’un sang plus épais ; aussi sont-ils plus froids, plus pales et plus gros. Chez les mélancoliques, le corps est plus épais et plus dense, plus maigre et plus sec, le pouls plus lent, mais plus fort. Voici maintenant les caractères qui correspondent à ces tempéraments. Le sanguin est insouciant, voluptueux, glorieux, franc et ouvert, ami du bien-être et du loisir, ennemi des difficultés et incapable de conseil dans le besoin pressant. Le bilieux, ne craignant rien facilement, s’attend cependant toujours à quelque danger ; vigilant, prêt à agir, habile à exécuter, impatient des obstacles, téméraire, il ne peut demeurer en repos. Le flegmatique, engourdi, jouit du présent, mais d’une joie presque inintelligente ; ennemi du travail et de l’effort, désespéré dans les dangers imminents, il est calme et résigné devant la mort. Le mélancolique, satisfait du présent, est inquiet de l’avenir, pessimiste, circonspect, infatigable, toujours porté à l’exagération ; ami de la justice et de la vérité, sûr de lui-même et défiant d’autrui ; il fait le bien, mais n’attend que le mal en échange. Mais comment s’explique cette correspondance des caractères aux tempéraments ? Comment la densité ou la rareté des humeurs ou des tissus peut-elle produire des moeurs différentes ? Stahl nous répond que l’âme, qui est le principe des phénomènes physiologiques comme des phénomènes psychologiques, est nécessairement affectée par la diversité des conditions dans lesquelles s’exerce son empire ; que la dimension des canaux et la fluidité des humeurs déterminent nécessairement l’énergie de son action vitale, laquelle reten»

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