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  • T}m»B»ms, l esprit, .passe de.la perceptmn de

.-m. l’Individu a la notion de l’espèce, à la spécification, et ïa spécification, se traduit dans le langage par la création da nom commun. Ce qu’on appelle ressemblance de plusieurs choses, c’est la communauté de caractères qui existe entre ces choses : la dissemblance est la négation partielle et plus ou moins étendue de la ressemblance. Ressemblance et dissemblance sont ainsi deux aspects sous lesquels se présente la nature des objets à l’esprit qui les observe et les compare. « La ressemblance, dit M. Durand dans un fragment intéressant sur la méthode, est d’autant plus grande, que le nombre des caractères communs est plus grand, et vice versa. « Cela serait exact, s’il n’y avait qu’une seule espèce, qu’un seul ordre de caractères communs ; mais il y en a plusieurs : outre les caractères spécifiques communs à plusieurs individus, il y a des caractères génériques communs à plusieurs espèces, des caractères d’ordre communs à plusieurs genres, des caractères de classe communs à plusieurs ordres, etc. ; en un mot, les divers objets nous apparaissent formant un ensemble dont toutes les parties, nettement diilérenciées par les caractères particuliers, sont ensuite reliées entre elles, par les caractères des divers degrés de généralité, en groupes de divers ordres. Il en résulte que la ressemblance réelletient non-seuleroentàla quantité, mais encore à la qualité des. caractères communs ; toute classification implique donc hiérarchie des caractères. La différence entre la classification naturelle et les classifications artificielles, c’est que, dans les classifications artificielles, la hiérarchie des caractères est instituée arbitrairement, et ne repose que sur une convention, tandis que, dans la classification naturelle elle est une, donnée de la nature, une réalité objective, constatée et non créée par les esprits. « Il y a, dit M. Cournot, une catégorie d’entités ou d’idées abstraites qui mérite une attention particulière, et dont, en effet, les logiciens de l’antiquité et du moyen âge se sont particulièrement occupés : c’est la catégorie des universaux (comme disaient les seolastiques) ou celle qui comprend les idées de classes, de genres, d espèces hiérarchiquement ordonnées, suivant leur degré

de généralité, l’espèce étant subordonnée au genre, comme l’individu à l’espèce, et ainsi de suite. La distinction entre l’abstraction naturelle et l’abstraction artificielle n’est nulle part plus évidente que dans cette catégorie d’idées abstraites. »

La classification proprement dite est une opération de l’esprit qui, pour la commodité des recherches ou de la nomenclature, pour le secours de la mémoire, pour les besoins de l’enseignement ou dans tout autre but relatif à l’homme, groupe artificiellement des objets auxquels il trouve quelque caractère commun, et donne au groupe artificiel ainsi formé une étiquette ou un nom générique. D’après le môme procédé, ces groupes artificiels peuvent se distribuer en groupés subalternes ou se grouper h leur tour pour former des collections et en quelque sorte des unités d’ordre supérieur. Telle est ia classification au point de vue de la logique pure ; et l’on peut citer, comme exemple de classifications artificielles, celte des bibliographes que chacun modifie d’après ses convenances, en faisant le catalogue de sa propre bibliothèque. Mais, d’un autre côté, la nature nous offre, dans les innombrables espèces d’êtres vivants et même

dans les objets inanimés, des types spécifiques, qui assurément n’ont rien d’artificiel ni d’arbitraire, que l’esprit humain n’a pas inventés pour sa commodité, et dont il saisit très-bien l’existence idéale, même lorsqu’il éprouve de l’embarras à les définir ; de même que nous croyons, sur le témoignage des sens, à l’existence d’un objet physique, avant de l’avoir vu d’assez près pour en distinguer nettement les contours, et surtout avant d’avoir pu nous rendre compte de sa structure. Ces types spécifiques sont le principal objet de la connaissance scientifique de la nature, par la raison que, dans ces espèces ou dans ces groupes naturels, les caractères constants, qui sont le ■ fondement de l’association spécifique ou générique, dominent et dépassent de beaucoup en importance les caractères accidentels ou particuliers qui distinguent les uns des autres les individus ou les espèces inférieures. Enfin, comme il y a des degrés dans cette domination et dans cette supériorité des caractères les uns par rapport aux autres, il doit arriver et il arrive que des genres nous apparaissent comme plus naturels que d’autres, et que les classifications, auxquelles nous sommes dans tous les cas obligés d’avoir recours pour le besoin de nos études, offrent le plus souvent un mélange d abstractions naturelles et d’abstractions artificielles, sans qu’il soit facile ni même possible de marquer nettement le passage des unes aux autres. »

On ne saurait mieux marquer la distinction essentielle à faire entre les universaux naturels et les universaux de convention. Il faut ■bien comprendre qu’une des opérations primitives et fondamentales de 1 esprit est de classer, spontanément d’abord, puis avec réflexion, les objets qu’il observe et qu’il compare, et de représenter par des signes ces classifications. Pour classer, il établit nécessairement une certaine subordination des

caractères. Cette subordination, nous l’avons déjà, dit, peut être subjective", artificielle, ou naturelle et objective. Dans le premier cas,

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elle donne une.classification, artificielle ; dans le second, une classification naturelle. Dire que la classification naturelle, la méthode naturelle repose sur le principe de la subordination des caractères, c’est donc s’exprimer d’une manière incomplète et insuffisante ; il faut dire qu’elle se fonde sur le principe de la subordination réette, naturelle des caractères. La subordination artificielle des caractères est, pour l’esprit, objet de libre choix, de libre convention ; aussi les classifications artificielles sont-elles nombreuses, faciles, et Ïirécèdent-elles généralement ’ dans l’esprit a classification naturelle. La subordination réelle, naturelle des caractères est objet de science, de recherche, de découvertes successives ; aussi n’y a-t-il qu’une manière de classer les objets naturellement, c’est-à-dire de les rapprocher et de les éloigner les uns des autres d’après la somme de leurs similitudes et de leurs différences convenablement appréciées et mesurées ; aussi le passage des classifications artificielles à la classification naturelle suppose-t-iï un grand développement de la science. Mais, comme le remarque très-bien M. Cournot, il s’en faut beaucoup que dans nosL scierrees le problème de la classification-naturelle soit complètement résolu,

que nos classifications les plus parfaites soient complètement pures d’éléments artificiels. La classification naturelle est un idéal qu’on peut réaliser en "des essais plus ou moins heureux, et qui traduisent plus ou moins complètement l’ordre de la nature, à peu près comme des polygones se rapprochent plus ou moins du cercle dans lequel ils sont inscrits. L’une des tendances les plus remarquables des travaux scientifiques accomplis depuis près d’un siècle a été de s’éloigner de plus en plus des classifications artificielles, pour accommoder de mieux en mieux les classifications à l’expression des rapports naturels entre les objets classés, même aux dépens de la commodité pratique. Ce mouvement imprimé aux travaux de classification s’est d’aoord manifesté en botanique et en Zoologie, puis a successivement gagné toutes les branches du savoir.humain. D’où vient cette importance accordée à la subordination, à la hiérarchie naturelle*des caractères ? Il est facile de se l’expliquer. La classification fondée sur la subordination naturelle des caractères exige l’appréciation exacte de la valeur des caractères, ce qui est la condition et le but même de la science ; de plus elle conduit à admettre une subordination correspondante des causes auxquelles sont dus les caractères de divers degrés, et peut ainsi suggérer des hypothèses et ouvrir la voie à des recherches sur ces causes. Citons encore M. Cournot : ï Un genre est naturel lorsque les espèces du genre ont tant de ressemblance entre elles et par conséquent diffèrent tellement des espèces qui appartiennent aux genres les plus voisins, que ce rapprochement d’une part, cet éloignement de l’autre, ne peuvent avec vraisemblance être mis sur le compte du jeu fortuit de causes qui auraient fait varier irrégulièrement d’une espèce à l’autre les types

d’organisation. Il faut qu’il y ait eu un lien de solidarité entre les causes, quelles qu’elles soient, qui ont constitué les espèces du genre ; ou plutôt on conçoit que ces causes se décomposent en deux groupes : un groupe de causes dominantes, les mêmes pour toutes les espèces du genre, et qui déterminent le type générique, et un groupe de causes subordonnées aux précédentes, mais variables d’une espèce à l’autre, lesquelles déterminent les différences spécifiques. Si le genre est considéré à son tour comme espèce d’un genre supérieur, auquel, pour fixer les idées, «ous donnerons le nom de classe, ori pourra dire de la classe et du genre tout ce qui vient d’être dit du genre et de l’espèce. Alors la classe et le genre seront pareillement naturels, s’il résulte de la comparaison des espèces qu’on doit concevoir l’ensemble des causes qui ont déterminé la constitution de chaque espèce, comme se décomposant en trois groupes hiérarchiquement ordonnés : d’abord un groupe

de causes auxquelles toutes les autres se subordonnent, et qui, étant constantes pour

chaque genre, et par conséquent pour toutes les espèces de chaque genre, " ont déterminé l’ensemble des caractères fondamentaux qui constituent la classe ; puis des groupes de causes subordonnées aux précédentes, et constantes pour toutes les espèces du même genre, mais variables d’un genre à l’autre, et qui, jointes aux précédentes, constituent les types génériques ; enfin des causes d’un ordre plus inférieur encore, et qui, en se subordonnant aux précédentes, achèvent de constituer les types spécifiques. »

— II. Du principe de.la subordination des caractères en botanique. Nous avons dit que l’application du principe de la subordination naturelle des caractères aux classifications avait commencé par la science des êtres vivants. Auguste Comte nous en donne la raison, en montrant que chacune de nos facultés élémentaires doitêtrespéciatement développée par celle de nos études fondamentales qui eîî exige la plus urgente application, et qui lui présente en même temps le champ le plus étendu. Chaque science remplit un office spécial, dans le développement de la logique et de la méthodologie ; c’est ainsi que la mathématique développe d’une manière spéciale le raisonnement deductif ; la physique, l’art de

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l’expérimentation ; la chimie, l’art des nomenclatures rationnelles ; la biologie, l’art de comparer’et l’art de classer. «Aucune science, dit le fondateur du positivisme, ne saurait tendre, par sa nature, aussi directement ni aussi complètement que la biologie à favoriser l’essor spontané de la théorie générale des classifications. D’abord, aucune ne pouvait éprouver, d’une manière aussi profonde, le besoin capital des classifications rationnelles, non-seulement en vertu de l’immense multiplicité des êtres distincts, et pourtant analogues, que les spéculations biologiques doivent inévitablement embrasser ; mais surtout parla nécessité fondamentale d’organiser, entre tous ces êtres divers, une exacte comparaison systématique, qui constitue le plus puissant moyen d’investigation propre à l’étude positive des corps vivants, et dont l’application régulière exige évidemment l’institution préalable de la vraie hiérarchie biologique, considérée au moins dans ses dispositions les plus générales. En second lieu, les mêmes caractères essentiels qui rendent ici absolument indispensables les classifications philosophiques tendent éminemment aussi à provoquer et à faciliter leur établissement spontané. Les esprits étrangers à la philosophie biologique doivent, au premier aspect, regarder le nombre et la complication des sujets à classer comme autant d’obstacles élémentaires à leur disposition systématique ; mais, en réalité, on doit concevoir, au contraire, que. la multiplicité même des êtres vivants et l’extrême diversité de leurs rapports tendent naturellement à rendre leur classification plus facile et plus parfaite, en permet’ tant de saisir entre eux des analogies scientifiques à la fois plus spontanées, plus étendues et plus aisées à vérifier sans équivoque... On conçoit aisément, par ces divers motifs, que la nature même des difficultés fondamentales propres à la science biologique ait dû à la fois y exiger et y permettre le développement le plus prononcé et le plus spontané de l’art général des classifications rationnelles. C’est donc essentiellement à une telle source que tout philosophe judicieux devra venir toujours puiser l’exacte connaissance de cet art capital, dont on ne saurait, d’aucune autre manière, se former jamais une juste idée, dans quelque sujet qu on se propose d’ailleurs d’en réaliser l’application ultérieure. •

Ainsi c’est à 1 histoire des êtres vivants que la logique et la méthodologie doivent le principe delà subordination des caractères. L’histoire des êtres vivants comprend, comme on sait, la botanique et la zoologie. Il est à remarquer que c est en botanique d’abord que le principe des classifications rationnelles s’est dégagé sous une forme philosophique et générale. «On ne peut, dit Auguste Comte, contempler ledéveloppementgénéral de la science des corps vivants depuis Aristote, sans être vivement frappé de cette circonstance remarquable, qu’à toutes les époques l’organisme végétal paraît avoir été le sujet essentiel des jorincipaux efforts directement relatifs au perfectionnement de la classification biologique. » D’où vient cette différence que présentent la botanique et la zoologie sous le rapport des travaux taxonomiques ? Il faut l’attribuer à ce fait, qu’en zoologie une classification presque naturelle s’est produite spontanément, dès l’origine de la science, snns qu’on ait eu besoin de se rendre compte du principe de méthodologie qu’elle impliquait, tandis qu’en botanique la méthode naturelle a dû naître de la réflexion, par l’application systématique du principe de la subordination des caractères, après l’épuisement de nombreux systèmes artificiels tour à tour reconnus insuffisants. Comme le fait observer avec raison Auguste Comte, des distinctions essentielles propres aux divers organismes animaux sont trop prononcées et trop évidentes, et en même temps les attributs communs et fondamentaux de l’animalité sont trop incontestables pour qu’une classification plus ou moins rationnelle n’ait pas dû, dès 1 origine de.la science, s’établir, en quelque sorte spontanément, dans leur étude comparative, sans avoir besoin d’être précédée par aucune discussion philosophique spéciale. Quelque imparfaite qu’ait été nécessairement dans ses dispositions secondaires la classification zoologique d’Aristote, elle était infiniment supérieure à tout ce qui pouvait être alors tenté d’analogue envers les végétaux. Il est surtout très-digne de remarque que, mêuie aujourd’hui, on puisse envisager, sans aucune exagération, cette classification primordiale comme ayant été bien plutôt justifiée et rectifiée par l’ensemble des travaux ultérieurs que radicalement changée, tandis que l’inverse a eu lieu évidemment à l’égard des classifications phytologiques.» En résumé, la classification naturelle a dû être, beaucoup plus en botanique qu’en zoologie, lobjet de recherches scientifiques et d’analyse, parce qu’en zoologie elle était, en quelque sorte, toute trouvée, et qu’en botanique les systèmes artificiels, successivement débordés et rendus insuffisants par les progrès de la science, faisaient sentir le besoin de la fixité taxonomique. La classification naturelle a dû, plus tôt en botanique qu’en zoologie, prendre, si l’on peut ainsi dire, conscience de son principe, parce qu’elle avait beaucoup plus besoin en botanique qu’en zoologie de s’affirmer, de se déterminer, en se séparant nettement deselassifications.artj ; ficielles.

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L’histoire des Origines de la méthode naturelle en botanique est intéressante. Avant de dégager le principe de la subordination des caractères, les botanistes s’étaient déjà préoccupés jde rechercher les ressemblances qui existent réellement entre les végétaux, afin de les plasser d’après ces ressemblances. Pour atteindre ce but, ils avaient eu d’abord recours ’au tâtonnement, puis à la comparaison générale. La méthode de tâtonnement, si l’on peut djonner le nom de méthode h ce qui est l’absence réelle de méthode, fut celle de Magnol, de Linné et de tous les botanistes jusqu’à Adanson. Elle consiste à rechercher les rapports des êtres, sans règle.bien précise, par u^ie espèce de sens intime. Tel observateur ingénieux pouvait reconnaître un groupe çomr^e naturel ; tel autre pouvait le rejeter ; il n’y avait pas de règle pour décider la question. [«J’ai cru apercevoir dans les plantes, disaitMagnol, une affinité suivant les degrés de laquelle on pourrait tes ranger en diverses familles, comme on range les animaux : ces familles ont des caractères ûisimciife certains. J’ai choisi les parties des plantes où se rencontrent les principales notes caractéristiques, toiles que les raeinés, les tiges, les fleurs et les graines. Il, y a même dans noirtbrè de plantes une certaine similitude, une affinité qui ne consiste pas dans les parties considérées séparément, mais en total, affinité Sensible ! mais qui né peut s’exprimer.» Linné recommandait de rechercher et de rassembler avec’soin les éléments, les fragments de la méthode naturelle (Methodi naturatis fragmenta studiosç inguirenda sunt) ; il enseignait que ïa méthode naturelle était, devait être le but de la botanique (Finis est et erit botanices). Outre son Système sexuel, il publia un travail où les genres se trouvent distribués en familles, mais sans indication des principes sur lesquels cette distribution est fondée.

Plus la botanique faisait de progrès, plus le besoin se faisait sentir d’un système de classification qui représentât fidèlement, dans son arrangement, tous les rapports des plantes et fût ainsi l’expression de la nature même. Il s’agissait de réunir en groupes d’ordre plus élevé tous Içs genres qui se ressemblaient plus entre eux qu’ils ne ressemblaient aux [autres, tous les genres qui, malgré leurs différences, présentaient à l’œil de l’observateur un air de famille. Le difficile était d’estimer exactement, de mesurer en quelque sorte les différents degrés de ressemblance, et d’analyser cet air de famille de certains genres suc lequel Magnol avait depuis longtemps appelé l’attention des botanistes. Pour résoudre ce problème de taxonomie, Adanson employa la méthode de comparaison générale. Partant de cette idée, que les rapports entre les ptres vivants ne sont que la somme des rapports de leurs organes, il se dit que les plantes qui ont entre elles le plus grand nombre de ces rapports partiels doivent être les plus rapprochées dans l’ordre de la nature. Il prit ! successivement pour base de comparaison les divers organes, les divers caractères que présentent ces organes, les divers points de vué sous lesquels on peut les considérer, et créa de la sorte soixante-cinq systèmes artificiels. Il crut en extraire la classification naturelle, en rapprochant ou éloignant les genres "d’après la somme plus ou moins grande de caractères semblables qu’ils présentaient dans Ces ; soixante-cinq systèmes. Une idée manquâità Adanson pour que sa méthode fût parfaire, c’est que tous les caractères ne peuvent êtrfe employés au même titre dans la classification ; qu’il faut les peser, et non simplement les compter ; que tous les rapports nont pas la même valeur, chaque organe ayant une importance plus ou moins grande et pouvant être envisagé sous des points de vue plus ou mc-ins importants. Cette idée n’est autre que le principe de la subordination des caractères que les Jussieu ont eu la gloire d’introduire et (le naturaliser dans la science. Le principe de [la subordination des caractères, en apportant un critérium à la classification naturelle, l’aj soustraite au tâtonnement, à l’empirisme, enj a généralisé et systématisé l’emploi ; il a ruiné les classifications artificielles en donnant à la taxonomie, jusqu’alors considérée comme un art, la valeur et la portée d’une science expérimentale.

Tout n’est pas dit, cependant, quand on a posé cette règle, que les caractères n’étant pas équivalents doivent être subordonnés, dans la classification, d’après leur différence de valeur. Il s’agit d’apprécier, de mesurer l’importance des divers caractères. Pour arriver à celle appréciation, Laurent de Jussieu consulta l’expérience ; il vit que les caractères sont plus ou reoins généraux, plus ou moins fixes, et c’est au degré de généralité et de fixité qu’il attacha le degré d’importance. De Çandolle joignit le raisonnement à l’expérience, et produisit sur l’importance relative des caractères botaniques un ensemble de vues qu’il est intéressant de connaître.

De Cnndolte commence par définir lo caractère. « Un caractère, dit-il, est une des manières d’envisager les organes en général, appliquée d, un organe particulier. Ainsi, dire feuilles apposées, c’est dire que l’organe appelé feuille est considéré sous le point de vue de la position respective des parties ; en disant corolle gamopétale, on fait entendre que l’organe appelé corolle est considéré sous le point devue de l’adhérence de ses parties. De cette définition du caractère il suit que la valéuh