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CAPÎ

CAPHARNAÙM s. in. (ka-far-na-omm — de Caphamaum, ville commerçante de la Galilée). Fam, Lieu de tumulte et de désordre : Quel capharnaômI C’est un capuarnaîjm. il Lieu où une multitude d’objets sont entassés confusément : Que voulez-vous que je trouve dans ce Caphaknaûm ? Le cabajoutis est à l’architecture parisienne ce que le capharnaûm est à l’appartement, un vrai fouillis où- l’on a jeté les choses les plus discordantes. (Balz.) J’achète une petite glace de trois écus qui charme mes yeux et qui, au moment où j’écris ces lignes, reflète encore pour moi, en face de ma table de travail, le somptueux capharnaûm du Ghetto de Venise. (M"»e l. Colet.)

CAPHARNAUM, ville juive nommée par les Grecs Kapernaoum, Kaparnaoum et Kapharnaoum ; dans les meilleurs manuscrits, dans les livres syriaques et dans le Talmud, Kaphar Nahum ; la ville, le bourg de Nahum, ou la ville de la Consolation, suivant Origène. Capharnaûm était située en Galilée (Luc, 4,31 ; Ptol. 5, 16), sur les contins des territoires des tribus de Zabulon et de Nephtali, près du lac de Gennézareth, non loin de l’embouchure du Jourdain, sur la route commerçante (Via maris) qui menait de Damas à la Méditerranée. Elle avait une synagogue, dans laquelle Jésus venait souvent prêcher. Comme il n’est pas fait mention de Capharnaûm dans Y Ancien Testament, elle n’a dû être vraisemblablement construite qu’après le retour de la captivité. Josèphéla nomme Képhamômè. On en retrouve encore les ruines auprès de Telhoum (littéralement : la colline du troupeau de chameaux), à ce qu’affirment Burkhardt (11, 558) et Pococke. Guillaume de Tyr (De bello sacro, 10, 26) parle d’une autre Capharnaum, située à six stades de Césarée.

CAPHARS1BA, ville de Palestine. V. Anti-

PATRIS.

CAPHISOS s. m. (ka-fi-zoss). Métrol. anc. Mesure de capacité pour les matières sèches, qui était en usage en Égypte, en Judée et dans quelques autres contrées de l’Asie, et qui valait 86 litres.

CAPHOPICRITE s. f. (ka-fo-pi-kri-tedu gr. kap/ios, exhalaison ; pikros, amer). Chim. Substance amère que l’on extrait de la rhubarbe.

CAPHTOR, nom donné par la Bible à la patrie des Philistins, venus d’Égypte et nommés en hébreu kaphtorim. Il est fort difficile aujourd’hui de déterminer d’une façon précise la situation exacte de cette contrée ; cependant il est à peu près démontré que ce devait être ou une île ou au moins une côte maritime. La plupart des anciennes traductions de la Bible (version des Septante, targums chaldaïques, paraphrases syriaques, etc.) ont pris ce mot comme désignant cette partie de la Cappadoce qui confinait à la Colehide. Calmet et Roseninûller, au contraire, y ont vu l’Ile de Crète, où Strabon et Pline plaçaient une ville nommée Aptera. Toutes ces opinions doivent être considérées comme de simples conjectures.

M. Renan, dans son Histoire des langues sémitiques, propose d’identifier Caphtor avec Cythère ; mais cette supposition ne repose sur aucune base solide.

CAPHYES, ville de l’ancienne Grèce, en Arcadie, près d’une forêt du même nom et au N. d’Orchomène. Aratus s’y fit battre par les Étoliens, en 221 av. J.-C.

CAPHYRE s. f. (ka-fi-re — du gr. kaplà, je palpite-, aura, queue). Crust. Genre de crustacés décapodes brachyures, comprenant une seule espèce : La caphyrb de Houx a été trouvée à la Nouvelle-Irlande. (H. Lucas.)

CAPIAUMONT s. m. (ka-pi-ô-mon).Hortic. Variété de poire.

CAP1BARIBO, rivière de l’Amérique du Sud, dans.l’empire du Brésil, province de Pernambouc, prend sa source dans la comarque de Caiiiris-Velhos, coule de l’ouest à l’est et se jette dans l’océan Atlantique près d’Olinda, après Un cours de 170 kilom,

CAPI-CATINGA. s. m. (ka-pi-ka-tain-ga). Bot. Espèce de plante du Brésil.

CAPICHA s. f. (ka*pi-cha). Métrol. Mesure pour les matières sèches usitée dans quelques parties de l’Asie, et valant 6 Ht. 5757.

CAPIDOLIO s. m. (ka-pi-do-li-o — du tat. caput, tête ; dolium, tonneau), Mamm. Nom donné anciennement, à cause de la grosseur de leur tête, a un dauphin et à un cétacé, dont l’espèce n’est pas déterminée.

CAPIE s. f. (ka-pl). Techn. Lien de plusieurs fils doublés, aveu lequel on serre un écheveau, et où l’on attache le bout extérieur, afin de le retrouver facilement lorsqu’on voudra dévider l’écheveau. il Petite flotte de soie, dont plusieurs réunies composent le matteau qui est livré au commerce.

— Bot, Syn. de philésib.

CapiÉ, ÉE (ka-pi-é) part. pass. du v. Capier. Attaché avec une capie : Echeveau CAPIE.

CAPIÉ, ÉE adj, (ka-pi-é). Miner. Qui a l’apparence du bois piqué.

CAPIEL s. m. (ka-pièl — rad. cap, tête). Forme ancienne du mot chapeau.

CAPJER v. a. où tr. (ka-pi-é — rad. copie). Techn. Attacher avec une capie : Capikr un écheueau.

CÀPI

CAPIFOL s. m. (ka-pi-fol — de cap, tête ; et de fol). Jeux. Ancien nom du colin-maillard.

CAPIGI s. m. (ka-pi-ji). Portier du sérail.

CAPILA ou KAPILA, philosophe indien. V.

KAPILA.

CAPILISTI, nom d’une famille italienne qui a fourni plusieurs jurisconsultes distingués : Jean-François Capilisti, mort d’apoplexie dans sachaire, àPadoue, en 1459 ; — Gabriel, qui fut sénateur à Rome, puis préteur de Bologne ; — François, qui professa le droit et les belles-lettres pendant quarante ans ;- Jean-Frèdèric, surnommé le Docteur de la vérité, etc.

CAPILLACÉj ÉE adj. (ka-piMa-sé — du lat. capillaceus, même sens ; rad. capitlus, cheveu). Didact. Délié comme un cheveu.

CAPILLAIRE adj. (ka-pil-lè-re — du lat. capillus, cheveu). Qui appartient, qui est relatif aux cheveux : La perruque est la base de tout le système capillaire. (Scribe.)

Artiste capillaire, Nom prétentieux que se donnent certains barbiers, ou perruquiers, ou coilfeurs, sous le prétexte assez plausible que leur art ne se borne pas aux soins de la barbe et de la coiffure, mais qu’ils font aussi des ouvrages en cheveux, comme bagues, bracelets, etc.

— Phys. Dont le diamètre intérieur est ténu comme un cheveu : Tube capillaire. Une goutte de rosée qui filtre dans les tuyaux capillaires d’une plante leur présente des milliers de jets d’eau. (B. de SWP.) Il Action capillaire. Action attractive par laquelle les tubes capillaires élèvent les liquides dans lesquels ils sont plongés au-dessus du niveau du liquide ambiant. On dit aussi capillarité. Il Phénomènes capillaires, Ceux qui sont dus à la capillarité : L attraction et la répulsion des petits corps qui nagent à la surface des liquijies sont des phénomènes capillaires que l’on peut soumettre à l’analyse. (Laplace.)

— Anat. Se dit des vaisseaux très-ténus qui joignent les dernières ramifications des artères aux premières des veines : Le premier effet du froid est de ralentir la circulation dans les vaisseaux capillaires de lapeau. (F, Pilion.)

— Chir. Fracture capillaire, Fissure du crâne extrêmement déliée, et sans écartement sensible des parties.

  • — Hist. nat. Se dit des organes fins et déliés

comme des cheveux, ou des vaisseaux dont le calibre intérieur est très-ténu.

— Miner. Se dit des cristaux allongés et déliés au point de ressembler à des cheveux.

— Encycl. Anat. Vaisseaux capillaires. La présence d’un système de vaisseaux, intermédiaires entre les artères, qui viennent du cœur apporter aux organes les éléments de leur nutrition, et les veines, qui y retournent, remportant les produits usés de cette nutrition, était nécessaire à l’accomplissement des plus importantes fonctions de l’économie vivante. C’est à l’anatomie qu’il appartient de nous faire connaître la structure et la disposition de ce réseau vasculaire, et do nous montrer comment cette structure et cette disposition s’adaptent à l’exercice du jeu fonctionnel dévolu à cette importante portion de l’appareil circulatoire.

Le système des vaisseaux capillaires n’est, en effet, qu’une portion, anatomiquement mal délimitée, du cercle de la circulation sanguine. Intermédiaire entre les veines et les artères, il est à la fois composé de veines et d’artères ; ou plutôt les vaisseaux capillaires ne sont, ni tout à fait des veines, ni tout à fait des artères ; mais une sorte de vaisseau intermédiaire qui tient à la fois des uns et des autres. Lorsque l’artère s’est épuisée au sein des organes, par ses ramifications multipliées, les vaisseaux terminaux auxquels elle a donné naissance ont commencé à modifier leur structure ; de nouveaux caractères anatomiques apparaissent, lesquels se modifient à leur tour, jusqu’à ce que la réunion de plusieurs de ces canaux vasculaires ait enfin donné naissance à un nouveau vaisseau sanguin dans lequel l’anatomiste retrouve les éléments de structure qui appartiennent à la veine. C’est l’histoire anatomique de ce système de vaisseaux intermédiaires que nous allons retracer en quelques mots.

Hooke est le premier qui ait mis hors de doute l’existence du système capillaire. Il injecta divers liquides par l’artère, et ces liquides ressortirent par la veine correspondante sans s’extravaser dans les tissus auxquels se distribuaient les ramifications vasculaires. Avant cet anatomiste, on croyait à cet épanchement interstitiel, et l’on pensait que le sang, arrivé aux extrémités terminales de l’artère, s’extravasait en donnant naissance à un suc épais et propre à servir de nourriture aux organes ; ce suc s’appelait le parenchyme. Malpighi observa au microscope les capillaires de certaines parties du corps de l’animal ; il les vit dans la nageoire des poissons, les branchies et la queue de ces mêmes animaux. On peut facilement les voir dans le mésentère de tous les mammifères, dans l’allantoïde de l’oeuf, dans le poumon et la langue de la grenouille ; mais on préfère le plus ordinairement se servir de la membrane interdigitale de la patte de La grenouille ; là, les vaisseaux sont notablement développés et très-distincts sous le champ du microscope. Après Hooke et Malpighi, d’autres expéri CAPI

menlateurs répétèrent l’injection des vaisseaux capillaires : Bart, Sœinmering, Albinus et Prochaska, parmi les anatomistes anciens, MM. Sucquet et Sappey, parmi les modernes, sont particulièrement connus pour leurs belles injections.

Examinés au microsope, soit sur un animal vivant alors qu’ils sont gorgés du liquide sanguin qui les parcourt, soit après avoir subi

I injection de divers liquides, vernis, colorés, huiles grasses ou essentielles, les capillaires apparaissent sous forme d’un réseau a mailles serrées. Le diamètre ou le calibre de ces vaisseaux est ordinairement très-petit, mais ils sont si multipliés et si rapprochés, dans certains organes, que les intervalles qui les séparent n’ont que la largeur d’un de ces vaisseaux. Une aiguille qui pénètre dans les tissus peut ainsi en léser plusieurs centaines.

II faut distinguer, cependant, plusieurs espèces de vaisseaux capillaires. Lorsque l’artère

fiasse à l’état de ramification capillaire ou orsque la veine naît de la réunion de plusieurs ramifications, la transition n’est pas brusque et immédiate ; la ligne de démarcation qui sépare les deux ordres de vaisseaux n’est pas nettement tranchée. Les plus gros capillaires, capillaires de transition, sont visibles à l’œil nu, et portent de 0 m. 040 à 0 m. 060 de diamètre ; ce sont, à proprement parler, des veinules et des artérioles. Les capillaires de second ordre, ou vrais capillaires, sont infiniment plus petits, et succèdent aux premiers ; leur diamètre varie de 0 m. 005 à 0 m. 014. Ou voit que leur plus petit diamètre n’est pas extrêmement inférieur à celui des globules sanguins, et que ceux-ci, se déformant un peu sous la pression, peuvent facilement franchir les plus petits capillaires. Les anciens anatomistes avaient admis l’existence de capillaires très-ténus, ne pouvant admettre que la partie séreuse du sang ; c’étaient les vaisseaux séreux, ou capillaires blancs, mais l’existence de cet ordre de vaisseaux n’est pas suffisamment démontrée.

Intermédiaires constants entre les veines et les artères, les capillaires existent dans pres âue tous les organes de l’homme ; il n’y aexception que pour les corps caverneux des organes génitaux et pour le placenta utérin chez la femme pendant la grossesse. Chez plusieurs animaux, les capillaires manquent a certains organes ; ainsi, chez quelques poissons, l’aorte se recourbe au bout de la queue et s abouche directement aux veines ; cette même disposition se reproduit dans les branchies et plusieurs autres organes périphériques. Le fœtus humain, pendant la vie embryonnaire, présente aussi, d’une manière

constante, cette anomalie singulière ; les veines s’unissent aux artères par inosculation directe j mais, plus tard, il se forme des anses d’où partent les capillaires de nouvelle formation, et il ne subsiste plus que quelques anastomoses d’inosculation persistantes, comme on le voit dans le foie. Cependant, chez l’adulte même, le développement des réseaux capillaires n’est pas le même dans tous les organes ; il est subordonné à l’activité plus ou moins grande des fonctions qui s’exécutent au sein de ces divers organes. Ainsi, dans les glandes, le poumon, le foie et les membranes muqueuses, les capillaires atteignent leur plus grand degré de développement ; au contraire, dans les organes qui n’ont à tirer du sang que leur projre nutrition, comme les muscles, les nerfs, es organes des sens, les membranes séreuses et les tendons, le système des capillaires sanguins est moins développé, et le réseau à mailles plus lâches.

La structure des capillaires est nécessairement en rapport avec la nature des fonctions

?u’ils sont appelés à remplir ; elle est donc diférente

de celle que nous retrouvons dans les vaisseaux sanguins de plus grand diamètre. Des trois tuniques qui composaient les parois de l’artère (v. artère), il n’en reste qu’une ; c’est la membrane intermédiaire privée de vaisseaux nourriciers. Cependant l’absence des tuniques interne et externe n’est complète que dans les vrais capillaires ; les anatomistes ont eu soin de distinguer deux et même trois ordres de vaisseaux : vaisseaux à une, deux ou trois tuniques. Dans les capillaires vrais, pour un diamètre qui varie, avons-nous dit, de 0 m. 005 à 0 m. 014, la paroi n’atteint qu’une épaisseur de 0 m. 0018 à 0 m. 002, et contient des noyaux de 0 m. 007 à 0 m. 009. Mais le caractère le plus saillant de la structure des capillaires sanguins est la présence, dans l’épaisseur des parois, des fibres-cellules, éléments anatomiques qui ne se retrouvent pas dans les canaux vasculaires veineux et artériels, et dont l’existence répond, en effet, aux fonctions particulières dévolues au système des capillaires généraux.

— Physiol. Sous le rapport des fonctions qui s’opèrent au sein des vaisseaux capillaires sanguins, il importe de distinguer ces canaux sanguins en deux ordres : l° les capillaires du poumon, qui appartiennent a lapetite circulation ; et 2° les capillaires généraux, qui appartiennent à la grande circulation. Les capillaires du poumon font suite aux ramifications de l’artère pulmonaire, et donnent naissance aux premières divisions des veines du même nom ; ils amènent le sang veineux au poumon et le rapportent au cœur, après sa transformation en sang artériel. Les capillaires du poumon sont donc le lieu où s’opère

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la transformation du sang veineux en sang artériel ; ils sont le véritable siège, de cette importante fonction que les physiologistes décrivent sous le nom A’hématose ou artérialisation, et dont nous avons déjà eu occasion de parler dans un précédent article. (V. artérialisation.) Les capillaires généraux, au’^ contraire, sont les branches terminales des’ ramifications de l’artère-aorte, et s’unissent pour donner naissance aux veines de la grande circulation ; ils se distribuent à tous les organes du corps et y amènent le sang artériel, éminemment propre à la nutrition de ces organes ; ils reportent dans les veines ce même sang transformé en sang veineux, par une conséquence nécessaire des fonctions qui s’accomplissent au sein delà cellule organique. Ces capillaires sont donc le siège principal, sinon exclusif, de plusieurs importantes fonctions ; nous noterons en premier lieu la circulation du sang dans les capillaires généraux, la nutrition interstitielle et la calonfication ; sans parler de l’artérialisation, qui a déjà fuit l’objet d’un de nos précédents articles, ni de l’action éliminatrice qui s’opère dans les capillaires des glandes de sécrétion. Etudions le rôle que joue le capillaire sanguin dans ces divers ordres d’actes fonctionnels.

— 1° Circulation capillaire. La circulation du sang dans les vaisseaux capillaires est un fait hors de toute contestation et dont l’existence est prouvée par l’observation directe. On choisit de préférence la membrane interdigitale de la patte d’une grenouille, et on place cette membrane sous le champ du microscope. Elle est assez transparente pour permettre d’apercevoir les vaisseaux capillaires et le sang qui circule à leur intérieur. Ce sang se reconnaît à la présence des globules, et, ce qui justifie la préférence donnée à la membrane natatoire d’une grenouille, c’est d’abord le volume assez considérable des globules du sang des reptiles batraciens, et, ensuite, la lenteur avec laquelle s’accomplit le mouvement du liquide. On conçoit que si le sang marchait avec une excessive rapidite, le microscope, amplifiant l’image, amplifierait aussi, ou plutôt accélérerait le mouvement des globules et nuirait à la netteté de l’observation. Sous le champ du microscope, on voit donc le sang parcourir avec une certaine rapidité les vaisseaux capillaires de la partie observée ; les globules se poussent et se précipitent, se présentant, tantôt de face, tantôt de champ, sous, les aspects les plus variés ; dans les plus petits vaisseaux capillaires, ceux dont le calibre est même inférieur au diamètre des globules, 011 voit ceux-ci se déformer, s’allonger pour s’adapter à la forme du vaisseau, et suivre, à la suite les uns des autres, le courant qui les entraîne. Quant au sens du mouvement, en raison des anastomoses multipliées des capillaires, on conçoit qu’il est nécessairement indéterminé ; tantôt affectant une direction et tantôt une autre, changeant même subitement sa direction à certains moments. Mais l’irrégularité n’est toujours qu’apparente : en somme, le sang se dirige par des voies diverses, mais toujours de l’artère qui se vide à la veine qui se remplit, de l’artère qui apporte à la veine qui remporte, ou, comme on dit en physiologie, du vaisseau afférent au vaisseau efférent.

Quelle est la cause du mouvement du sang dans les capillaires ? 11 ne peut y avoir de doute à cet égard. Le mouvement impulsif du cœur, eu vertu duquel l’ondée sanguine Se propage jusqu’aux ramifications les plus éloignées de l’artère, est certainement la cause la plus puissante. Si l’on enlève le cœur sur un mummi fërt, le mouvement circulatoire des capillaires s’arrête aussitôt ; chez la grenouille, il parait se continuer un moment, mais troublé et irrégulier ; il finit par s’arrêter de même. Cependant, cette cause qui rend si naturellement compte de la progression du liquide sanguin dans les gros troncs artériels, ne jouit pas d’une égale puissance dans les capillaires généraux. U est certain que si la force impulsive du cœur se faisait sentir, dans les vaisseaux de faible calibre, au même degré

?|ue dans les artères, l’ouverture des capilaires donnerait lieu à un écoulement de

sang saccadé, et dont les secousses seraient isochrones aux battements du cœur ; en un mot, le capillaire se comporterait comme une des ramifications de l’artère à laquelle il fait suite. L’observation la plus vulgaire démontre, cependant, que l’hémorragie capillaire se fait en nappe et sans saccades ; ce qui mène à penser qu’il existe, dans les conditions de structure particulières aux vaisseaux capillaires, un obstacle qui entrave l’action impulsive émanée du cœur. Cet obstacle résulte, en effet, de la multiplicité même des divisions vasculaires, et a pour conséquence nécessaire un ralentissement sensible du mouvement du sang dans ces vaisseaux. Le mode d’action de cette cause en est facile à comprendre ; il n’y a là qu’un problème d’hydraulique. M. Poiseuille a démontré que, pour une même température et sous une même pression, la quantité d’eau qui s’écoule par des tubes capillaires de même diamètre est, dans un même temps, diminuée proportionnellement à la longueur de ces tubes. Ce même observateur a encore démontré que, dans un même ; temps, pour une même pression et une même ! température, les quantités d’eau qui s’écoulent dans des tubes capillaires de mémo longueur sont entre elles comme les quatriè-