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rrage, qui en terminait.l’apologie la plus, complète et la plus gracieuse en disant que, « pour assurer à cette pièce tout le succès qu’elle mérite, il faudrait à peu près lu refaire en entier. » L’auteur retira sa pièce après la première représentation. Dn trouve dans le Journal de Paris du 7 mars 1800 une lettre fort digne qu’il écrivit à ce sujet.

Camille Desinoillin*, OU les Parjl* en 1794,

drame en cinq actes, de Julien Mallian et H. Blanchard. V. Desmoulins.

CAM1LL1 (Camillo), littérateur italien, né à Sienne dans le xvie siècle. Il est connu surtout par les cinq chants qu’il ajouta à la Jérusalem délivrée, par une traduction des épitres d’Ovide et par. un vocabulaire castillan et toscan.

CAMILLO (Jules), surnommé Deiminio, né à Forli en 1479, mort en 1550. Il enseigna d’abord la logique à Bologne, puis vint en France et présenta à François Ier un meuble divisé en un grand nombre de tiroirs, dont chacun contenait des passages d’auteurs célèbres qui pouvaient se rapporter à une règle d’éloquence. Ce prince lui fit donner 1,500 ducats, afin qu’il put perfectionner cette invention. Camillo a laissé, en italien, plusieurs ouvrages sur l’éloquence, sur le théâtre, etc. La plupart de se3 œuvres, en prose et en vers, ont été publiées à Venise (1552).

CAMILLO (François), peintre espagnol, né à Madrid en 1610, mort en 1671. Il fut choisi par le comte-duc d’Olivarès pour peindre les rois d’Espagne dans la salle de spectacle du Buen-Retiro, et exécuta dans le même palais quatorze fresques représentant des sujets tirés des Métamorphoses d’Ovide. Parmi ses autres productions, remarquables par la fraîcheur du coloris et la correction du dessin, on cite : une Sainte Marie égyptienne, la Communion de Sozime, une Descente de croix, et surtout Saint Charles Barromée. Toutes ces toiles appartiennent à différentes villes d’Espagne.

CAMILLUS, bourg et circonscription communale des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, à 250 kilom. O. d’Albany ; 3,957 hab. Exploitation très-importante de gypse.

CAMILLUS SCRIBOMANCS. V. Scribo-

NIANUS.

CAMIN, Caminer, formes anciennes des

mots CHEMIN, CHEMINER.

CAMIN, ville de Prusse, dans la Poméranie, à 64 kilom. N. de Stettin, sur la Baltique ; 3,050 hab. Pèche et industrie agricole.

CAMINADE s. f. (ka-mi-na-de — du lat. camina, cheminée). Vieux mot qui désignait une chambre à feu, une chambre avec cheminée.

CAMINADE (Alexandre-François), peintre français, né à Paris en 1783, mort en 1862. Il fut élève de David et de Mérimée. On eite, parmi ses meilleurs tableaux : la Fuite en Égypte et le Mariage de la Vierge, qui commencèrent sa réputation ; l’Adoration des mages, à Saint-Étienne-du-Mont ; le Lévite d’Mphraîm ; l'Entrée des Français à Anuers, au musée de Versailles ; Sainte Thérèse recevant l’extrême - onction, à Notre-Dame-de-Lorette, etc.

CA5IINATZIN ou CACUMAZ1N, neveu de Montézuma et souverain de Texcaco. Il montra beaucoup de courage dans les efforts qu’il fit pour soustraire son pays à la domination dès Espagnols, commandés par le fameux Cortès, mais il ne fut pas soutenu par le faible Montézuma, qui envoya des émissaires chargés de le saisir et de le livrer à Cortès. Cependant Caminatzin, ayant recouvré la liberté, recommença courageusement la lutte, et l’on suppose qu’il périt au siège de Mexico, en 1521.

CAMINÉE s. f. (ka-mi-né). Forme ancienne du mot cheminée.

CAMINER (Dominique), historien et publiciste italien, né à Venise en 1731, mort à Anguicolo en 1796. Il travailla d’abord au Nuovo posligtione de Zanetti ; puis il publia un autre journal, d’abord intitulé l’Europa letteriara, et plus tard Giornale enciclopcdieo. Ayant ensuite abandonné à sa-fille la continuation de cette publication, il en entreprit une autre, la Storia deW anno, dont il composa plus de trente volumes. Cet infatigable écrivain a

fjubliê en outre des ouvrages historiques sur a guerre entre la Prusse et la Porte ottomane, sur les guerres de Bavière, sur Frédéric II, sur le royaume de Corse, etc.

CAMINEU-TURRA (Elisabeth), femme de lettres italienne, fille du précédent, née à Venise en 1751, morte en 1796. Dès l’âge de dix-huit ans, elle traduisit en italien VHonnête criminel de Fenouillot de Falbaire, et ce drame fut joué sur toutes les scènes italiennes. Elle fit ensuite d’autres traductions qui eurent beaucoup de succès, puis elle épousa le docteur Antonio Turra, de Vicence. La santé de son père étant devenue languissante, elle sa chargea de continuer le Giornale enciclopedico, où elle rédigea elle-même un grand nombre d’articles remarquables. On lui doit en outre ; Compositioni ieatrali (20 vol. in-s°), et d’autres ouvrages.

CAMIMIa (Pedro V*.z de), voyageur portugais, qui lit partie, en 1500, de l’expédition de Cabrai, et écrivit.une relation de la découverte du Brésil, qui est du plus haut intérêt. Elle a été traduite eji français par AL Fei-di»

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nand Denis (isïi). Cette traduction a été reproduite dans le Journal des Voyages, de ■ Verneur.

CAMIN 11A (Pedro de Andradb), poète portugais, né à Porto, d’une noble famille, mort en 1594. Il vécut à la cour du roi Sébastien et de son successeur, et fut lié avec les hommes les plus distingués de son temps. Ses œuvres poétiques sont écrites dans un style élégant, correct, harmonieux, mais elles manquent de chaleur et de sensibilité. Elles ont été imprimées pour la première fois en 1791, sous le titre de : ôbras poeticas de Pedro de Ândrade Caminha(in-&°).

CAMINO, nom de plusieurs souverains de Trévise qui accueillirent à leur cour les poëtes et les troubadours provençaux. — Biaquin du Camino se rendit indépendant au commencement du xiiib siècle, et" eut pour ennemi le féroce Ezzelin da Romano, qui finit par le chasser de Trévise. — Ghérard de Camino rentra dans la possession de Trévise vers la fin du même siècle. — Richard de Camino, qui lui succéda, fut tué à coups de serpe, en 1312, par un paysan. — Guaello de Camino fut le dernier prince de cette maison,

CAMINOLE s. f. (ka-mi-uo-le — dimin. de camin). Petit chemin, sentier, n Vieux mot.

CAMINOTECHN1E s. f. (ka-mi-no-tèk-nîdu gr. kaminos, fourneau ; teehnê, art). Techn. L’art de construire et de diriger les fourneaux en général, et particulièrement ceux qui sont employés dans les arts et l’industrie ; science qui s’occupe de ces matières : Un cours de caminotechnik.

CAMINUs s. m. (ka-mi-nuss). Mot latin qui désignait non pas une cheminée, comme l’étymologie pourrait le faire croire, mais un brasier, un foyer peu élevé que les Romains plaçaient au milieu d’une chambre pour la chauffer.

CAMION s. m. (ka-mi-on — bas lat. chamuleus, sorte de traîneau). Chariot long, bas, à quatre roues, disposé pour un chargement et un déchargement faciles, et qui sert au transport des marchandises à de petites distances et principalement dans les villes : Les camions du chemin de fer, d’une entreprise de roulage. Les deux hommes sautèrent sur le siège de leur camion, fouettèrent leur cheval, et s’éloignèrent dans une direction opposée. (E. Sue.) Je vis s’arrêter devant la porte un camion à quatre roues, traîné par un vigoureux cheval. (E. Sue.)

— Argot des voleurs. Vol ai camion, Vol consistant à enlever un ou plusieurs ballots de dessus un camion, soit au moment où il tourne le coin d’une rue étroite, soit au moment où il est arrêté et où le conducteur est entré dans quelque maison. Ce genre de vol est ordinairement pratiqué par des jeunes gens qui marchent toujours plusieurs ensemble.

— Constr, Petit chariot sur lequel, dans les chantiers de construction, les ouvriers traînent les pierres de taille à l’aide de bretelles : Dans les terrassements des chemins de fer, on a modifié un peu ta disposition du camion et on lui a donné le nom de wagonnet. (H. Ruelle.)

— Jardin. Petite charrette ou petit tombereau ordinairement traîné par deux hommes, dans lequel on transporte de la terre, du sable, etc.

— Techn. Vase de terre pour délayer du badigeon. II Petite tête de chardon à carder.

IJ Petite épingle à l’usage des femmes : Les épingles de poupées sont des camions. Eh ! non, monsieur, je vous dis une grosse épingle, et vous me présentez un camion. (P. de Kock.)

— Encycl. Constr. Le camion des chantiers a un poids mort d’environ 310 kilogrammes, et la capacité de la caisse est d’un cinquième de mètre cube, soit omer20 : son prix est de 150 francs.

On peut employer un ou deux hommes pour le charger ; un homme le remplit en huit minutes. Quand il est traîné par deux ouvriers et poussé par un troisième, il a une vitesse de 40 mètres par minute.

Le camion s’emploie dans les chantiers de maçonnerie pour les corvées, les petites opérations et le transport des outils et équipages.

Sur les grands ateliers de terrassement, dès que la distance à laquelle on a à transporter les matériaux dépasse deux relais de brouette, soit 60 mètres, il y a avantage jusqu’à 90 mètres à se servir du ca ?nion ;’ee mode de transport est l’intermédiaire entre celui de la brouette et celui du tombereau.

S’il n’y avait pas de temps d’arrêt, le camion parcourrait 24,000 mètres en 10 heures ; mais comme il faut compter environ ob,0Z pour s’atteler, le décharger et le remettre en marche, il en résulte que le temps employé pour transporter le contenu omt,20 à une distance de 30 mètres, soit un parcours de 60 mètres pour l’aller et le retour, est de :

1011 X 30n> X !, ..

X. = ■ hO»,02 = Oh,045,

1 24,000’n ’ ' ’

soit 2 minutes 42 secondes.

Pour transporter l mètre cube à la même distance, il faut,

10 X 30 X 2, 0,02.

xt = f. — ! = oh,225,

24,000 X 0,2 0,2 ’ '

soit 13 minutes 30 secondes par mètre cube.

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De même, si les distances sont de 60 mètres et de 90 mètres, ces temps sont respectivement oh,35 et 0, S1475.

Un ouvrier chargeant 20 mètres cubes de terre dans une journée de 10 heures, deux ouvriers mettront

10 x 0,2. „„

’ 2 X 20

pour charger le contenu omf-,20 du camion et oh,25 pour 1 mètre cube.

Le prix du’transport au camion s’obtient en tenant compte : de la fourniture du matériel, du temps du chargement et de la voiture pendant le chargement, du roulage, du temps et des frais de-déchargement. La relation empirique suivante fournit des résultats suffisamment exacts pour représenter la dépense à laquelle entraîne ce mode de transport dans les travaux de terrassement

X = 0,10 -f- 0,25 D.

D = distance moyenne exprimée en hectomètres ; cette formule a été établie en admettant que la journée d’un manœuvre soit payée 2 fr. 50.

CAMIONNAGE s. m. (ka-mi-o-na-je — rad. camionner). Transport de marchandises par camion, u Frais que ce transport occasionne : Payer le camionnage.

— Encycl. Camionnage se dit proprement de l’action de transporter des marchandises au moyen d’un camion ; mais cette acception absolue s’est étendue a tout ce qui concerne le transport des colis entre les gares de chemin de fer ou maritimes et le domicile de l’expéditeur ou du destinataire. La compagnie sera tenue de faire, soit par elle-même, soit car un intermédiaire dont elle répondra, le factage et le camionnage pour la remise, au domicile des destinataires, de toutes les marchandises qui lui sont confiées. Le factage et le camionnage ne seront point obligatoires en dehors du rayon de l’octroi, non plus que pour les gares qui desserviraient soit une population agglomérée de moins de 5,000 habitants, soit un centre de population de 5,000 habitants situé à plus de 5 kilomètres de la gare du chemin de fer. L’enlèvement à domicile par le camionnage n’est pas obligatoire ; mais, en pratique, les compagnies font prendre les colis qui leur sont annoncés. Les taxes du camionnage, déterminées à l’avance par des tarifs approuvés, sont perçues en même temps que celles du transport par chemin de fer. Les expéditeurs et destinataires sont libres de faire eux-mêmes le camionnage des marchandises. Cette clause a été diversement interprétée, et il semblerait que le destinataire doit accepter toutes les conventions qui ont été déterminées par la lettre de voiture remise à l’expéditeur. Le camionnage dans l’intérieur d’une gare doit se faire à des heures fixées par les règlements de police, et qui sont applicables selon qu’il s’agit du camionneur de la compagnie ou de camionneurs libres. Les tarifs à appliquer au camionnage diffèrent selon la nature des marchandises, le poids et le volume. Les délais de livraison, en ce qui concerne le camionnage, diffèrent de un à deux jours, suivant l’importance des localités, et le retard qui se produit a été interprété en plusieurs sens. Les compagnies sont responsables du camionnage effectue par leurs mandataires. Les vœux de la commission d’enquête portaient que les compagnies devraient être autorisées, dans toutes las localités où le factage et le camionnage sont obligatoires pour elles, et après le délai de quarante-huit heures, à camionner d’office à domicile toutes les marchandises portant l’adresse d’un destinataire, sous la réserve expresse de livrer en gare, et de déposer dans un magasin public celles qui auraient été refusées.

Quelquefois, les camionneurs se trouvent obligés de ramener à la gare des colis dont le destinataire s’est trouvé dans l’impossibilité de payer la taxe. L’administration ayant décidé que les gares ne seraient ouvertes qu’à des heures déterminées aux camionneurs libres, mais qu’à ces heures mêmes l’entrepreneur du camionnage de la compagnie avait le droit d’entrer dans ces gares et d’en sortir, l’autorité judiciaire n’a pu, sans empiéter sur les attributions de l’autorité administrative, juger le litige déjà jugé par les décisions ministérielles (Cour ce cassation). Un autre arrêt a admis, au contraire, que les camionneurs de la compagnie ne doivent pas avoir de privilège sur les camionneurs particuliers. Les compagnies peuvent demander la justification des signatures apposées sur les lettres et mandats donnés aux camionneurs par les maisons de commerce, pour retirer les marchandises.

CAMIONNÉ, ÉE (ka-mi-o-né) part. pass. du v. Camionner : Marchandises camionnées.

CAMIONNER v. a. ou tr. (ka-mi-o-nérad. camion). Transporter sur un camion : Camionner des marchandises.

Se camionner v. pr. Être transporté par camions : Les colis destinés au transport par la petite vitesse se camionnent, mois ne s expédient pas par le service du factage.

CAMIONNEUR s. m. (ka-mi-o-neur — rad, camionner). Celui qui traîne ou conduit un camion j la propriétaire même du camion.

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CAMIRI s. m. (ka-mi-ri). Bot. Genre d’arbres de la famille des euphorbiacées, tribu des ricinées.

— Encycl. Le camiri, appelé aussi aleurit, bancoulier, camirion, porte des feuilles alternes, longuement pétiolées et munies de glandes à la base, couvertes d’une sorte de poussière farineuse. Les fleurs sont monoïques et réunie ? en grandes panicules rameuses, terminales. Le fruit est une espèce de noix drupacée, à péricarpe charnu (brou) contenant deux coques, dont chacune renferme une amande globuleuse, blanche, huileuse. Ce sont ces fruits qu’on appelle vulgairement noix de Sancoul ou noix des Moluques. Le camiri habite les régions tropicales de l’ancien continent. Il est rare en Europe, mémo dans les jardins botaniques, à cause des difficultés que présente sa culture. L’écorce de cet arbre sert, à Taïti, à faire des tissus. Le fruit, qui nous vient surtout de Ceylan et de la Réunion, renferme une amande bonne à manger quand elle est récente. On en retire, par expression, une huile qui paraît analogue à l’huile da ricin ; toutefois on ne l’emploie pas en médecine, mais on s’en sert pour les usages économiques, l’éclairage, la fabrication des sa | vons. En Océanie, on brûle la coque de ces noix-, et on en fait un noir de fumée employé pour les tatouages. D’autres espèces, moins connues, partagent les propriétés de la précédente. CAMIRION s. m. (ka-mi-ri-on). Bot. Syn.

d’ALEURlTE.

CAMI S, dieux du deuxième ordre au Japon.

CAMISA s. f. (ka-mi-za — mot lat. signif. chemise). Sorte de vêtement dont se couvrent les nègres de la Guyane, et qui consiste en une toile attachée à la ceinture et descendant jusqu’aux genoux.

CAMI SADE s. f. (ka-mi-za-de — du lat. camisa ou camisia, chemise. Ce mot vient, dit-on, de ce que les assaillants, pour se reconnaître, mettaient leur chemise par-dessus leur vêtement). Attaque brusque faite la nuit, pour surprendre l’ennemi : Un ne vit guère donner de caotsades aux armées. (Lanoue.) Je n’ai pas voulu raconter les grands risques que je courus dans cette camisade. (D’Aubigué.) La prise de Pantoise, en 1419, fut une camisade. (Bouillet.)


CAMISANO, bourg du royaume d’Italie, province de Crémone, à 8 kilom. N.-E. de Crema ; 2,500 hab. Vieux château. | Ville du royaume d’Italie, dans la Vénétie, délégation et à 12 kilom. S.-E. de Vicence ; 4,000 hab.


CAMISARD s. m. (ka-mi-zar — du langued. camisa chemise). Hist. Nom donné aux religionnaires des Cévennes qui se révoltèrent contre Louis XIV à propos de la révocation de l’édit de Nantes : Chez les camisards, tout le monde fondait en larmes quand un prophète entrait dans son transport. (A, de Gasparin.)

Camisards blancs, Catholiques qui s’étaient armés contre les camisards protestants.

— Adjectiv, : Les prophètes camisards figurent, à plusieurs égards, parmi les plus nobles défenseurs de l’Évangile. (A. de Gasparin.)

— Encycl. La guerre des camisards dura de 1702 à 1704. Elle n’est d’ailleurs qu’un épisode des guerres des Cévennes. Voici à quelle occasion elle avait éclaté : La révocation de l’édit de Nantes avait fait aux protestants une situation intolérable. Les gouverneurs et les intendants des provinces n’avaient par rapport à eux d’autres lois que leur bon plaisir, en sorte que, sans aucune forme de procès, ils les emprisonnaient, les condamnaient aux galères, enlevaient leurs enfants, confisquaient leurs propriétés, etc. L’un de ces gouverneurs, celui à qui l’histoire donnera la plus triste célébrité, était Lamoignon de Basville, qui, durant de longues années, tyrannisa le Languedoc et l’écrasa sous des impôts de toute nature. Les protestants de ces contrées, n’ayant plus de temples, se réunissaient, pour célébrer leur culte, dans les endroits les plus écartés, parmi les rochers, dans les bois. Les soldats ne suffisaient pas à empêcher les assemblées des camisards, à qui leur connaissance du pays permettait de choisir chaque jour de nouveaux rendez-vous. Basville voulait devenir maître de ce mouvement, qui prenait chaque jour plus d’importance. Les prêtres vinrent en aide au gouverneur. L’un d’eux surtout se rendit odieux par sa férocité : l’abbé du Chayla, inspecteur des missions et archiprêtre, dont le presbytère devint une prison, se signala par les excès de son fanatisme. Si l’on en croit Court de Gébelin, « tantôt il leur arrachait, avec des pinces, le poil de la barbe ou des sourcils, tantôt il leur mettait des charbons ardents dans les mains, qu’il fermait et pressait ensuite avec violence jusqu’à ce que les charbons fussent éteints ; souvent il leur revêtait les doigts des deux mains avec du coton imbibé d’huile ou de graisse, qu’il allumait ensuite et faisait brûler jusqu’à ce que les doigts fussent rongés par la flamme jusqu’aux os. »

Poussés à bout, exaspérés par ces scènes de barbarie, cinquante hommes, dans la nuit du 24 juillet 1702, vinrent frapper à la porte de l’abbé du Chayla, au Pont-de-Montvert. Ils arrivèrent, chantant un psaume, pénétrèrent dans le presbytère, et, après avoir délivré les prisonniers qui gémissaient dans les cachots, se saisirent ds l’abbé et le frap-