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lisme qui devait les entraîner fort loin. Ainsi Brissot attaquait vivement un mémoire où Turgot proposait une organisation nationale de l’instruction publique, et il s’écriait : « Il veut que le gouvernement préside à tout, règle tout ; c’est le moyen que rien ne se fasse. Pourquoi n’abandonne-t-il pas l’éducation publique à elle-même ? »

La réponse eût été facile, si l’on eût pu librement la faire. C’est parce que c’était laisser exclusivement l’enseignement sous la direction des corporations religieuses, qui le développaient de la manière que l’on connaît.

Imbu de théories américaines, plus ou moins bien digérées, Brissot ne voyait guère dans la société que l’individu, et encore un certain individu, purement idéal ; la séparation, l’isolement lui paraissaient être la condition de la liberté. Dans cette question de l’instruction publique, il repoussait l’idée d’un corps enseignant et d’un conseil national, et préférait à toute organisation l’arbitraire incertain de chaque chef de famille. De même, la nationalité n’était pas pour lui une sorte d’organisme, mais une agrégation d’individus liés par un simple contrat. Qui ne voit poindre ici l’idéologie politique de la Gironde, sa chimère fédéraliste, son provincialisme étroit ?

En 1788, Brissot avait été, avec Clavière, Mirabeau, La Fayette, Volney, etc., un des fondateurs de la Société des amis des noirs. Dès le début de la Révolution, il commença la publication du Patriote français, journal qui fit une guerre extrêmement vive au parti de la cour, à la monarchie et aux vieilles institutions. Il n’en était pas à ses débuts comme journaliste ; quelques années avant la Révolution, il avait pris part à la rédaction du Courrier de l’Europe, d’abord à Boulogne, puis à Londres, et il avait ensuite entrepris, en Angleterre, diverses publications périodiques qui, sous l’apparence de recueils littéraires et scientifiques, avaient une couleur politique et philosophique assez prononcée. Nommé membre de la première Commune de Paris, il fit aussi partie du comité des recherches. La chaleur de ses opinions, son activité, la manière remarquable dont il dirigeait son journal, lui avaient donné une grande notoriété. Un des premiers, en 1791, il mit en avant l’idée de la République, et, lors de la fuite de Varennes, il salua avec enthousiasme l’avénement espéré d’une constitution républicaine. Robespierre, qui aimait à régenter et ne pouvait supporter qu’on le dépassât, lui reprocha durement, dans son Ami de la constitution, d’avoir, par ce mot de république, « jeté la division parmi les patriotes, travesti les vrais amis de la liberté en factieux, et fait peut-être reculer la Révolution d’un demi-siècle. »

Brissot cependant n’était pas le seul alors qui pensât à cette forme de gouvernement. Desmoulins, Condorcet, les cordeliers, etc., la proposèrent également. Aux yeux de Robespierre, qui ne fut républicain que fort tard, ce fut dès lors un crime d’avoir été républicain trop tôt. En 1793, Amar ne manquera pas de mentionner ce crime nouveau dans son acte d’accusation contre Brissot et ses complices, et Fouquier-Tainville, fidèle au mot d’ordre, affirmera, avec son effronterie d’inquisiteur, que Brissot n’a proposé la république à cette époque que pour faire égorger les patriotes.

C’est vers ce temps (juin 1791) que le fameux pamphlétaire Morande vint rédiger à Paris l’Argus patriote, libelle venimeux, comme tout ce qui sortait de sa plume, et dans lequel il s’attacha à diffamer et harceler Brissot, qui avait autrefois repoussé avec mépris sa collaboration au Courrier de l’Europe. Il inventa mille calomnies sur sa conduite à Londres, et alla même jusqu’à l’accuser de chantage et d’escroquerie. Il paraît que ce fut lui qui imagina d’employer le mot brissoter comme synonyme de voler, et il répéta ce mot avec une telle persistance qu’il finit par réussir à le mettre en circulation. Les journalistes royalistes s’en emparèrent et ne le laissèrent plus oublier. Plus tard les patriotes s’en servirent aussi, mais le plus souvent dans le sens d’intrigues, parce que Brissot avait, en effet, à un haut degré l’esprit de coterie, et qu’il s’agitait constamment pour placer ses amis : désintéressé pour lui-même, il était insatiable pour sa petite Église.

Bien que Morande fût connu pour un homme infâme, ses accusations, constamment répétées, ne laissèrent pas d’entacher aux yeux de beaucoup de personnes la réputation du pauvre Brissot. Il ne semble pas cependant qu’il y ait des raisons sérieuses de douter de sa probité. Il avait eu des commencements difficiles, une jeunesse un peu aventureuse ; mais il n’est nullement prouvé qu’il y ait eu autre chose dans sa vie passée que des imprudences de conduite sans aucune gravité. Mme  Roland, très-favorable, il est vrai, aux hommes de son parti, a tracé de lui un portrait dont nous donnerons quelques traits : « Ses manières simples, dit-elle, sa franchise, sa négligence naturelle, me parurent en parfaite harmonie avec l’austérité de ses principes ; mais je lui trouvais une sorte de légèreté d’esprit et de caractère qui ne convenait pas également bien à la gravité de sa philosophie ; elle m’a toujours fait peine, et ses ennemis en ont toujours tiré parti… Son activité, sa bonhomie, ne se refusant à rien de ce qu’il croit être utile, lui ont donné l’air de se mêler de tout, et l’ont fait accuser d’intrigue par ceux qui avaient besoin de l’accuser de quelque chose. Le plaisant intrigant que l’homme qui ne songe jamais à lui ni aux siens, qui a autant d’incapacité que de répugnance pour s’occuper de ses intérêts, et qui n’a pas plus honte de la pauvreté que de crainte de la mort, regardant l’une et l’autre comme le salaire accoutumé des vertus publiques !… À mesure que je l’ai connu davantage, je l’ai plus estimé ; il est impossible d’unir un plus entier désintéressement à un plus grand zèle pour la chose publique, et de s’adonner au bien avec plus d’oubli de soi-même… Je l’ai vu consacrer tout son temps à la Révolution, sans autre but que de faire triompher la vérité et de concourir au bien général, rédigeant assidûment son journal, dont il aurait pu faire un objet de spéculation, et se contentant de la modeste rétribution que lui donnait son associé. »

D’un autre côté, voici ce que dit Garat : « Au milieu d’une grande activité et d’une grande pauvreté, ses mœurs m’avaient toujours paru simples et pures, et son ambition, la liberté et le bonheur des peuples. Ce sentiment était en lui une religion plus encore qu’une philosophie ; quoiqu’il aimât beaucoup la gloire, il aurait consenti à une éternelle obscurité pour être le Penn de l’Europe, pour convertir le genre humain en une communauté de quakers, et faire de Paris une nouvelle Philadelphie. »

Sans doute, ce sont là des appréciations amies, et peut-être que ce portrait est un peu embelli ; mais ce n’est pas non plus d’après les invectives de ses ennemis qu’un personnage historique doit être jugé ; et, en tout état de cause, il est généralement plus sûr, en un tel sujet, de chercher à dégager la vérité des exagérations de l’amitié que des hyperboles de la haine. Ce qui montre bien l’influence de Brissot en 1791, et les craintes qu’il inspirait à la cour, c’est que, lors des élections pour la Législative, le gouvernement soudoya contre lui un journal-affiche, le Chant du coq, rédigé avec beaucoup de perfidie par Esménard, mais qui produisit l’effet contraire à celui qu’on en attendait. Après plusieurs ballottages successifs, Brissot fut élu député par les électeurs de Paris. Il siégea dans cette assemblée parmi les adversaires les plus ardents de la cour, inclinant de plus en plus vers les idées républicaines ; fut nommé membre du comité diplomatique ; eut, en cette qualité, une grande action sur la politique extérieure, et se prononça énergiquement pour la guerre, voulant ainsi contraindre les ennemis secrets de la Révolution à se démasquer ouvertement. Il eut à ce sujet de vifs débats avec Robespierre et les jacobins, opposés, comme on le sait, à cette politique agressive, qu’ils considéraient comme imprudente. Ce fut lui qui fit décréter d’accusation le ministre Delessart, dont la complicité avec le parti de l’étranger n’était pas douteuse, et il dénonça même courageusement Louis XVI, en disant que « frapper les Tuileries, c’était frapper le mal dans sa racine. »

Devenu l’un des chefs des girondins, qui, de son nom, étaient souvent nommés brissotins, il eut un moment l’espoir, comme ses amis, de ramener le roi à l’exécution loyale de la constitution. Cette préoccupation, cette illusion patriotique, apparut visiblement dans ses discours et dans son journal. De là des polémiques avec les jacobins. Des divisions, d’ailleurs, avaient déjà éclaté entre les groupes qui bientôt allaient former les deux grands partis dont la lutte devait être si fatale à la Révolution. Brissot, homme honnête et sincèrement patriote, mais politique inconséquent, comme la plupart de ses infortunés amis, prêtait d’ailleurs le flanc aux attaques et même aux calomnies par son esprit de secte et par cette légèreté de caractère avouée par Mme  Roland elle-même.

Paris, chose caractéristique, ne le réélut pas à la Convention. Nommé par le département d’Eure-et-Loir, il passa au côté droit avec la Gironde, et eut la plus grande part à la guerre implacable et incessante de ce parti contre Paris, la Commune et les représentants montagnards. Il s’éleva avec chaleur contre l’anarchie et les massacres de septembre ; mais les passions de l’époque ne voulurent voir dans cette persistance de récriminations amères que le dépit d’une faction, naguère puissante et honorée, maintenant déchue, dépassée, et qui voyait l’empire des esprits lui échapper avec le pouvoir.

Dans le procès du roi, il vota pour la mort, mais avec le renvoi aux assemblées primaires. Depuis longtemps déjà, il ne rédigeait plus son journal, et la multiplicité de ses occupations législatives, ses travaux dans les commissions ne lui laissaient même pas le temps d’en surveiller la rédaction, qu’il avait confiée au spirituel et violent Girey-Dupré. Ce fut encore un malheur pour lui-même et pour son parti. Le Patriote français, auquel il avait donné un certain caractère de gravité philosophique, se transforma peu à peu en un véritable pamphlet, où les adversaires de la Gironde étaient périodiquement attaqués, déchirés et calomniés. Comme Brissot avait gardé la propriété du journal et la direction nominale, on voulut reconnaître sa main dans les violences et les personnalités de Girey et autres. De là un redoublement de colère et de passion. En mars 1793, il fut contraint d’abandonner entièrement cette feuille, en vertu du décret qui mettait les députés journalistes en demeure d’opter entre les fonctions de journalistes et celles de représentants. Ce brillant Girey-Dupré montra d’ailleurs un courageux attachement pour son maître et ami. Traduit plus tard au tribunal révolutionnaire, il répondit fièrement au président, qui lui reprochait d’avoir été l’ami de Brissot : « J’ai connu Brissot ; j’atteste qu’il a vécu comme Aristide, et qu’il est mort comme Sidney, martyr de la liberté. » Ces paroles, ne l’oublions pas, étaient prononcées en face de l’échafaud.

Après la mort de Louis XVI, le rôle de Brissot est réellement fini. Ce fut lui cependant qui entraîna la déclaration de guerre à l’Angleterre et à la Hollande (février 1793), dont les préparatifs annonçaient assez les intentions. Ce fut son dernier acte politique. Depuis, il ne fut plus occupé qu’à se défendre contre des ennemis qu’il avait lui-même poussés à une guerre sans merci. Dépopularisé, accablé de toutes parts, accusé de fédéralisme, transpercé déjà par le pamphlet aigu et meurtrier de Camille Desmoulins, Brissot démasqué, il tomba enfin avec ses amis dans les journées des 31 mai-2 juin 1793, et fut enveloppé dans leur condamnation. Arrêté à Moulins au moment où il essayait de passer en Suisse, il fut décapité à Paris le 31 octobre 1793. Orateur de second ordre, il ne peut être mis en parallèle avec Vergniaud, le Cicéron de la Gironde ; mais il tint cependant un rang honorable dans les assemblées révolutionnaires. Écrivain de mérite, il a dans son style de la chaleur et de l’élévation. Ses premiers ouvrages sur la législation sont assez remarquables, et ils ont contribué à faire prévaloir les idées de modération dans les peines dont la philanthropie moderne peut à bon droit s’honorer. Ses nombreux écrits politiques ont exercé une influence décisive sur la marche de la Révolution ; mais, en général, il a travaillé avec trop de rapidité pour avoir pu donner à ses ouvrages la profondeur, la correction et la maturité. On a composé avec ses papiers des Mémoires qui ne sont pas sans intérêt (Paris, 1829-1832).

Quant aux accusations de fédéralisme dont il a été l’objet, elles ne sont pas entièrement fausses, comme quelques écrivains l’ont répété. C’était la tendance du parti tout entier ; mais c’est une question que nous devons réserver, et que nous étudierons dans son ensemble et dans ses détails à l’article Girondins.

Malgré les calomnies répandues dans ces temps de passion sur sa prétendue vénalité, Brissot, dont les mœurs étaient simples, régulières et pures, n’a laissé aucune fortune à sa famille. En 1796, une pension fut accordée à sa veuve, dont le dénûment est un commentaire éloquent à la vie de son époux.

Disons en terminant que le républicain Brissot a été calomnié et que c’est avec regret que le Grand Dictionnaire se voit contraint d’enregistrer dans ses colonnes le mot brissoter. La faute en revient au bouillant Camille, qui avait dans ses boutades plus d’humeur que de méchanceté. De tous les girondins, Brissot était certainement celui qui se rapprochait le plus de la montagne par ses principes.


Brissot démasqué, par Camille Desmoulins (février 1792, in-8o de 56 p.). Ce pamphlet fameux, qui se rattache à l’histoire de la lutte des girondins, tout-puissants alors, contre les révolutionnaires plus ardents qui bientôt allaient composer la Montagne, avait été, il faut le dire, provoqué par les plus violentes attaques. Déjà, sous la Constituante, Brissot avait eu de vives polémiques avec le vaillant journaliste des Révolutions de France et de Brabant. Cette fois, la querelle s’était réveillée à propos de la fameuse question de la guerre, qui divisait alors les hommes politiques et les patriotes en deux camps. Camille s’était prononcé, avec Robespierre, dans le sens de la paix. Brissot, le coryphée de la guerre, traita ses raisons de pasquinades, et le maltraita fort dans son journal, le Patriote français, prenant texte d’une cause qu’il avait défendue comme avocat. Le collaborateur de Brissot, le spirituel et violent Girey-Dupré, enchérit encore par quelques articles venimeux ; les autres feuilles girondines firent chorus, et la Chronique de Paris, à bout d’invectives, affirma que Camille s’était vendu à tout le monde. Celui-ci, qui à ce moment n’avait plus de journal à lui, ne pouvait répondre dans les feuilles mêmes qui l’insultaient, car le droit de réponse n’était pas alors inscrit dans nos lois ; mais l’imprudent Brissot n’y perdit rien. De sa plume la plus acérée, de sa verve la plus mordante, Desmoulins écrivit d’un trait ce terrible factum, dont l’épigraphe seule était une satire. C’était un verset du psalmiste : « Factus sum in proverbium ; je suis devenu proverbe ; » allusion sanglante au néologisme brissoter, dont on connaît la perfide signification.

Camille, d’ailleurs, se montre souvent injuste, et fait volontiers flèche de tout bois ; mais il avait été traité avec tant de perfidie, qu’il n’y a guère lieu de s’étonner que la riposte ait été en raison directe de la violence de l’attaque. Ce polémiste passionné, ce charmant et impétueux Picard n’était pas homme à tendre la joue, mais bien plutôt à rendre trois soufflets pour un. Il se disculpe d’abord, et cela victorieusement, relativement à cette cause qu’il avait défendue, et qui avait été un des prétextes des diatribes lancées contre lui. Devenant ensuite accusateur à son tour, et fouillant dans le passé de son adversaire, il lui rappelle les fâcheuses imputations dont sa probité a jadis été atteinte ; il remet en lumière, avec une verve un peu cruelle, toutes les accusations, vraies ou fausses, dont il a été l’objet. Puis, l’amnistiant dédaigneusement pour tous les faits antérieurs à l’ère de la liberté, il examine sa conduite politique, en fait ressortir les contradictions et les défaillances ; lui reproche ses adulations à La Fayette, ses attaques contre Robespierre, Danton et les patriotes les plus ardents, et cette fureur belliqueuse qui lui ferait déclarer la guerre à toute l’Europe, comme si le moment était bien choisi pour courir les aventures, alors que la liberté n’est pas encore affermie chez nous, etc.

Où il s’égare, c’est quand il voit dans cet entraînement de Brissot un projet perfide pour compromettre les résultats acquis de la Révolution ; quand il lui reproche d’avoir contribué aux désastres des colonies en réclamant trop tôt l’affranchissement des nègres ; d’avoir compromis (toujours à dessein) la cause de la liberté en se déclarant prématurément républicain, etc.

Mais on sent bien qu’il ne faut demander à une œuvre de passion et de colère ni une logique sévère ni une constante équité.

Quoi qu’il en soit, Brissot demeura comme accablé sous le coup de cette vigoureuse réplique. Il n’était point de taille à lutter contre un tel adversaire ; et, dévorant son dépit en silence, il laissa le soin de sa défense à ses amis de la Chronique de Paris.

Camille a regretté plus tard ces querelles déplorables. Lors de la condamnation des girondins, il assistait à l’audience, et, en entendant la déclaration du jury, il versa des larmes sur le sort tragique de ses ennemis, et il s’écria, dit-on, avec désespoir : « Ah ! mon Dieu ! c’est mon Brissot démasqué qui les tue ! »

Le mobile jeune homme allait trop loin dans ses remords. L’effet de son factum fut considérable en effet ; mais la perte des girondins tenait à bien d’autres causes, et ce n’est pas une simple brochure qui les eût tués. V. Girondins.

Camille Desmoulins a écrit aussi une Histoire des brissotins. V. plus bas.


BRISSOT DE WARVILLE (Félix-Saturnin), paysagiste français contemporain, né à Sens (Yonne) en 1818, est le petit-fils du girondin Brissot. Il s’est formé sous la direction de M. L. Cogniet et a pris part à toutes les expositions qui ont eu lieu à Paris de 1840 à 1866. Des mentions honorables lui ont été décernées par le jury en 1859 et en 1863. Ses paysages, exécutés avec une grande largeur de touche, dans des tons clairs, frais et vaporeux, représentent, d’ordinaire, des vues prises en Normandie, en Touraine, dans le Berry dans l’Oise, dans les Pyrénées, dans les forêts de Compiègne et de Fontainebleau. Sans avoir le talent des Troyon, des Daubigny, des Bonheur, des Rousseau, M. Félix Brissot mérite cependant d’être compté parmi nos bons paysagistes : il réussit particulièrement à peindre les prairies du Nord, grasses et plantureuses, qu’anime la présence de beaux troupeaux. Un de ses tableaux les plus importants est au palais de Saint-Cloud ; un autre, au musée de Toulon. Il a publié un album de lithographies représentant les vues principales de la forêt de Compiègne et a reproduit par le même procédé plusieurs tableaux de genre peints par M. Guillemin, son beau-frère.


BRISSOTER v. a. ou tr. (bri-so-té — rad. Brissot). Voler, filouter, dans le langage des adversaires de Brissot, en 1792 et 1793 : Brissot, pour tâcher de brissoter encore quelque popularité, promit de dénoncer le comité autrichizn. (Camille Desmoulins.) J’avais préparé le plan de la ligue du Salut public ; mais un citoyen très-actif profita l’autre jour, à l’Opéra, de la liberté de la presse pour me brissoter mon portefeuille. (Suleau.)


BRISSOTIN s. m. (bri-so-tain). Hist. Surnom très-souvent employé dans les polémiques de 1792 et de 1793 pour désigner les partisans de Brissot et en général tous les girondins. || Ce mot était devenu, comme celui de modéré, un terme de mépris : Ah. ! l’infâme ! ah ! le brissotin ! dit la tante Angélique, il se marie avec une fille ruinée. (Alex. Dum.j


Brissotins (HISTOIRE des), ou Fragments de l’histoire secrète de la Révolution et des dix premiers mois de la République, par Camille Desmoulins, avec cette épigraphe :

Est-ce que des fripons ta race est éternelle ?

Cette prétendue Histoire était un pamphlet fort court, mais très-meurtrier, et qui consomma la ruine des girondins dans l’opinion publique. C’est un acte d’accusation très-passionné, comme toutes les pièces de ce genre, œuvre étincelante de verve et qui contient sur les intrigues girondines de terribles vérités, mais où abondent les commérages puérils et les anecdotes suspectes. On connaît l’étonnante crédulité des hommes de ce temps quand il s’agissait des complots de leurs adversaires. Retournant contre Brissot et ses amis les accusations dont ils avaient été eux-mêmes si prodigues, Desmoulins les accuse positive-