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Il se fit une telle réputation de sagesse et d’incorruptibilité, que, pour désigner une sentence juste, on disait dans l’antiquité : Voilà un jugement de Bocchoris. Il fut renversé par Sabacan, roi d’Ethiopie, qui le fit brûler vif. Quelques historiens le confondent avec le Pharaon sous lequel les Hébreux quittèrent l’Égypte sous la conduite de Moïse.

BOCCHUS, roi de Mauritanie, beau-père de Jugurtha, prit les armes avec celui-ci contre les Romains et fut vaincu deux fois par Marius. Il livra ensuite son gendre à Sylla, et reçut en récompense le pays des Massésyliens (106 av. J.-C).

BOCCHUS, roi de Mauritanie, mort vers l’an 33 av. J.-C, était, selon toute vraisemblance, le fils du précédent. Pendant la guerre civile qu’alluma la rivalité de César et de Pompée, Boccnus se déclara en faveur de ce dernier ; mais plus tard, s’étant rangé du parti d’Octave, pendant que son frère embrassait celui d’Antoine, il put, grâce à cette circonstance, régner seul sur la Mauritanie.

BOCCIARDO (Clément), peintre italien, né à Gênes en 1620, mort en 1658, à Pise, suivant les uns, à Florence, suivant les autres. Son style était correct et idéal ; la cathédrale de Pise et.plusieurs autres églises de cette ville offrent de cet artiste des ouvrages estimés. Son portrait, peint par lui-même, fait aujourd’hui partie de là galerie iconographique de Florence.

BOCCOMINI (Pietro), artiste dramatique italien, né à Rome eD 1819, mort à Amsterdam en 1860. Fils de Jean Boccomini, acteur distingué de Turin, il fit ses études dans cette ville, et, après la mort de son père, il fut admis successivement dans les troupes dramatiques de Carlo-Re (1S36), d’Angelo-Rosa et des comédiens sardes. Plus tard, il fut engagé par M«8 Adèle Ristori, qu’il suivit à Paris (1855). Depuis lors jusqu’à sa mort, i ! a joué constamment avec cette grande actrice, et l’a accompagnée dans ses diverses excursions en France et à l’étranger. Il avait été frappé en 1849, dans une rue de Turin, par une main restée inconnue, de deux, coups de poignard, à quatre doigts au-dessous du cœur et ne s était jamais rétabli complètement. Ses créations principales sont celles de Ciniro dans Mirrha, Ugo dans Pia de 2’olomei, Mortimer dans Maria Stuarda, et Orfeo dans Medea (mai 1856).

BOCCONE (Paul), naturaliste, né à Païenne en 1633, mort en 1704. Il parcourut une partie de l’Europe, occupé surtout.de recherches botaniques, professa l’histoire naturelle à Padoue, et mourut après s’être fait moine de l’abbaye de Cîteaux, sous ie nom de Silvio ou Silvius. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, dont le plus important est une description des plantes de la Sicile, de l’Italie et de la France, sous le titre à^Icones et JDescriptiones variarum plantarum, etc. (Lyon, 1674), Nous citerons, en outre ; de Boccone, qui avait reçu le titre de botaniste du grand-duc de Toscane Ferdinand II, et qui était membre associé de l’Académie des Curieux de la nature, les écrits suivants : Recherches et observations naturelles touchant le corail, la pierre étoilée, l’embrasement du mont Etna (1672), pleines de curieuses observations ; Osservazioni naturali (1684), renfermant 36 observations intéressantes ; Museo di fisica e di esperienza, etc. (1697)-, Museo di pianterare délia Sicilia, M ait a, etc. (1697), contenant 133 planches ; etc.

bocconie s- f. (bok-ko-nî — de Boccone, botaniste sicilien). Bot. Genre de plantes, de la famille des papavéracées, comprenant deux espèces qui croissent au Pérou, et sont cultivées dans nos jardins, g On dit aussi boccone.

BOCCONIÉ, ÉE, adj. (bok-ko-ni-é — rad. bocconie). Bot. Qui ressemble a la bocconie. — s. f. pi. Tribu de la famille des papavéracées, ayant pour type le genre bocconie.

BOCCON10 (Marino), Vénitien, mort en 1299. Il conspira pour empêcher le grand conseil de se transformer en oligarchie néréditaire et rétablir l’ancienne égalité ; mais ses projets ayant été découverts et révélés au doge Gradenigo, il périt sur l’échafaud avec Michel di Giada et Baldovino, qu’il avait associés à son entreprise.

BOCCUCI (Joseph), littérateur espagnol. V. Bocoos.

BOCE s. f. (bo-se). Ane. orthographe du mot BOSSE. — Syn. de bocxe, "V. co mot.

BOCEREUX, EUSE adj. (bo-se-reu, eu-ze — rad. boce). Bossu, noué.’n Vieux mot.

BOCERUS (Jean Bœdeker ou Bocker, connu sous le nom de), historien-poete allemand, né à Hansberg (Westphalie) en 1525, mort en 1565. Il souffrit’dans sa jeunesse toutes les angoisses de la pauvreté, et il a décrit lui-même ses misères dans des élégies pleines d’intérêt. Il parvint cependant à faire de bonnes études et à occuper une chaire de droit à l’université de Rostock. Ses poésies latines sont nombreuses ; on peut citer, outre ses élégies : De origine et rébus gestis ducum Megapolensium libri très (1556), Carminum de orii/ine et rébus gestis regum Daniœ, et ducum Holsatiœ libri quinque (1557), Brevis illustratio urbis Hagensis (1560), etc.

BOCH (Jean), poète flamand, né en 1555 à Bruxelles, mort en 1609. Ayant accompagné en Italie le cardinal Radziwill, il reçut à Rome des leçons de théologie du célèbre Bellarmin, puis voyagea en Pologne et en Russie. On raconte qu’en se rendant à Moscou, il eut les. pieds gelés. Il était sur le point d’être amputé quand le quartier des Livoniens, où il habitais fut soudain attaqué par l’ennemi. Dans sa frayeur, Boch fit, dit-on, de suprêmes efforts pour s’enfuir et retrouva l’usage de ses. jambes. Il a composé des Poésies fort estimées de son temps et qui ont été publiées à Cologne (1615).

BOCHART (Samuel), théologien et philologue français, né à Rouen en 1599, mort à Alençon en 1667. Il était fils d’un pasteur protestant, René Bochart, qui lui inspira dès sa plus tendre enfance la passion de la philolofie ; mais son père, ne pouvant le pousser ien avant dans ces études qu’il ne possédait pas lui-même à fond, l’envoya à Paris auprès de son oncle Pierre du Moulin. Le jeune Samuel, voulant embrasser la carrière pastorale, se rendit à Sedan, et, de là, à l’académie de Saumur, où il se lia avec le célèbre Caméron, qu’il accompagna en Angleterre. Il passa ensuite à Leyde et s’y perfectionna dans la connaissance des langues orientales, sous la direction d’Erpénius.

Bochart était revenu en France, et il était attaché en qualité de pasteur à l’église de Caen, lorsque le jésuite Véron le provoqua a une discussion publique. La discussion dura neuf jours et se continua dans des écrits, avec une violence telle de la part du jésuite, que le parlement de Rouen dut lui imposer silence (1631). Bochart aimait avant tout les travaux paisibles. Il préparait depuis longtemps une Géographie sacrée, qui parut enfin en 1646 et valut à son auteur les distinctions les plus flatteuses. En effet, lareinéde Suède Christine en fut si charmée, qu’elle appela Bochart auprès d’elle. Il partit pour Stockholm en 1652 et y séjourna un an. Une académie venant d’être fondée à Caen, on s’empressa de lui offrir une chaire de professeur, qu’il occupa glorieusement jusqu’à sa mort. Les dernières années du célèbre savant protestant furent profondément attristées par la mort de sa fille unique, par sa rupture avec Huet, son disciple "et son ami, enfin par les persécutions qu’éprouvèrent ses collaborateurs. Il mourut d’une attaque d’apoplexie foudroyante.

Samuel Bochart jouit auprès de ses contemporains d’une immense réputation comme théologien, géographe, philologue et naturaliste. Les témoignages de l’admiration qu’il inspirait sont à peu près unanimes. Nous lisons en effet, dans la France protestante, les lignes suivantes, qui peuvent se passer de commentaires : Tanneguy Le Fèvre l’appela la plus vive lumière des lettres sacrées et profanes ; Vossius, le plus docte de tous les nommes vivants ; Guy Patin, le savant le plus instruit dans les langues orientales ; Gassendi^, l’homme de l’érudition la plus vaste ; Fabricius, le miracle de son siècle ; Casaubon, un homme d’un génie divin ; Huet, enfin, déclare que son siècle et même les siècles passés ont eu peu de personnes dont le savoir pût être comparé au sien. » Bochart a laissé les ouvrages suivants : Lettre de M. Bochart à M. Morley, chapelain du roi d’Angleterre, pour répondre à trois questions, etc. (Paris, 1650, in-8o) ; la Géographie sacrée, déjà mentionnée (1646 et 1651, in-fol.), ouvrage d’une profonde érudition, qui lui coûta vingt ans de travail ; Réponse à la lettre de M. de La Barre, jésuite, en laquelle est réfuté ce qu’on objecte touchant l’admission des luthériens paisibles à la communion des calvinistes (Genève, 1662, in-12) ; Hierozoïcon ; sive De animalibus sanctœ Scriplurœ (Londres, 1663,2 vol. in-fol.), ouvrage précieux sur les animaux mentionnés dans l’Écriture sainte, et dont Cuvier faisait grand cas ; Samuelis Bocharti opéra omnia (Lugd.j 1675,2 vol. in-fol.). On y trouve des dissertations sur les sujets les plu3 étranges : sur le serpent qui tenta Eve, sur les diverses espèces de manne, sur le poids de la chevelure d’Absalon, etc., questions importantes qui pouvaient offrir un intérêt capital a cette époque de graves discussions, mais qui aujourd’hui, dans notre siècle frivole, courraient grand risque de n’être accueillies que dans les colonnes du Tintamarre.

BOCHART (Mathieu), théologien protestant, cousin du précédent, mort en 1662. Il était pasteur à Alençon et il s’est acquis, au xviie siècle, une grande réputation de controversiste. On a.de lui : Traité de l’origine du service des reliques, de l’invocation des saints, des images et de leur culte (Saumur, 1656, in-8«) ; Mathieu Bochart dut payer une amende de 50 livres pour avoir’parlé des reliques dans un esprit opposé au catholicisme ; Traité contre le sacrifice de la messe (Genève, 1658, in-4o) ; Eclaircissement de la question : Pourquoi le synode national de Charenton, l’an 1631, a admis à la communion les luthériens, plutôt que ceux de l’Église romaine (Charenton, 1658, in-12).

BOCHART DE SARRON (Jean-Baptiste-Gaspard), premier président du parlement de Paris, né à Paris en 1730, mort sur l’échafaud en 1794, était de la même famille que les précédents. Q cultiva l’astronomie avec beaucoup de succès, et reconnut le premier que le nouvel astre découvert par Herschell était une planète, et non une comète, comme on l’avait cru d’abord. Il forma un précieux cabinet d’instruments astronomiques, et fit imprimer à ses frais le Traité de la figure de la terre, de Laplace (1784). Traduit au tribunal révolutionnaire pendant la l’erreur, il périt victime du zèle qu’il avait montré pour les prérogatives du parlement en 1789. Il avait été admis à l’Académie des sciences en 1779.

BOCHAT (Charles-Guillaume-Loys de), historien suisse, né à Lausanne en 1695, mort en 1753. Après avoir étudié la philosophie et le droit naturel sous Crousas et Barbeyrac, il s’adonna quelque temps à l’étude de la théologie, mais il n’entra, point dans les ordres. A la suite d’un concours, il fut nommé professeur de droit naturel dans sa ville natale, en remplacement de Barbeyrac (1716), puis fut successivement assesseur (1720), lieutenant de bailliage et contrôleur général dans son canton. Bochat fut un des principaux fondateurs du recueil intitulé la Bibliothèque italique, et s’efforça de faire ériger en université l’académie de Lausanne, à laquelle il légua sa riche bibliothèque. Ce savant distingué a fait preuve d’autant d’érudition que de profondeur dans ses travaux sur les antiquités de la Suisse et sur diverses questions relatives à l’histoire ancienne. On a de lui : Mémoires critiques sur divers points de l’histoire ancienne de la Suisse (1747-1749, 3 vol.), ouvrage un peu diffus, mais plein de recherches curieuses ; Lettres sur le culte des dieux égyptiens (1741) ; Essai sur l’influence de la réforme de Luther, manuscrit ; Mémoire pour servir à l’histoire des différends entre le pays et le canton de Lucerne (1727), écrit qui rappel^ bien qu’avec moins de verve mordante, le spirituel pamphlet de Courier au sujet des paysans qu’on empêche de danser ; Ouvrages pour et contre les services militaires étrangers, considérés du côté du droit et de la morale (1739), etc.

BOCHER (Henri-Édouard), administrateur et homme politique, né à Pans en 1311. Il entra jeune au conseil d’État, fut successivement sous-préfet- d’Etampes, préfet du Gers et du Calvados. En 1849, les électeurs de ce dernier département l’envoyèrent à l’Assemblée législative, où il siégea dans les rangs de la droite. Le roi Louis-Philippe le choisit pour administrer les biens de la famille d’Orléans, et, après la levée du séquestre, Bocher s’opposa par toutes les voies légales à l’exécution des décrets relatifs aux biens de l’ex - famille royale. À l’occasion de ces procès, il fut condamné a un mois de prison pour colportage et distribution illégale d’imprimés.

BOGHERON s. m. (bo-che-ron). Ancienne forme du mot bûcheron.

BOCHET s. m. <bo-chè). Ane. pharm. Seconde décoction des bois sudonfiques : On ajoute au traitement local les tisanes dépuratives, les sirops antiscrofuleux, les bocsets et les eaux minérales. (Petrequin.) Il On disait aussi dochetum.

BOCHEZ s. m. (bo-ché). Ancienne forme du mot BOSQUET.

bochier s. m. (bo-chié). Ancienne forme du mot BOUCHER.

bochir s. m. (bo-chir). Erpêt. Nom vulgaire d’une couleuvre d’Égypte.

BOCHNIA, ville de l’empire d’Autriche, dans la GaHicie, gouvernement et a 240 kil. O. de Lemberg, ch.-l. du cercle de son nom, près de la Raba ; 4,745 hab. Riche exploitation de sel gemme.

BOCHOLT, ville de Prusse, province de Westphalie, régence et à 70 kil. O. de Munster, cercle de Borken, sur l’Aa ; 4,775 hab. Fabriques de bonneterie, draps et soieries, distilleries, grandes usines à fer ; belle église gothique, château des princos de Salm-Salm.

BOCHOLT (François de), graveur allemand, né à Bocholt vers 1434, commença, comme Giotto, par garder les troupeaux. Sa manière de graver a beaucoup d’analogie avec celle d’Israôl de Mechenen. Quelques auteurs, parmi lesquels Heinecken et Murr, pensent qu’il imita ce dernier ; mais il y a plutôt lieu de croire, avec Quadt et Bartsch, qu’il le précéda et qu’il fut son maître. François de Bocholt a souvent signé de ses initiales. Il a gravé au burin une quarantaine d’estampes de sa composition ; les principales sont : Samson luttant contre un lion, le Jugement de Salomon, l’Annonciation, la Vierge et VEnfant, le Christ en croix, les Douze Avàtres, Saint Antoine, Saint Georges, Sainte Catherine, des Soldats combattant, le Moine et la fileuse, Deux paysans en querelle, etc.

BOCHSA (Robert-Nicolas-Charles), compositeur français, né à Montmédy (Meuse), le 9 août 1789, mort en Australie au mois de juin 1856, était fils d’un musicien, distingué qui fut son premier maître. Dès l’âge de sept ans, il exécutait en public un concerto de piano, et se montrait d’une certaine habileté sur la flûte. À onze ans, il s’essaya à la composition sans avoir jamais pris de leçons d’harmonie. À seize ans, il mit en musique un opéra de Trajan, que Napoléon entendit, lors de son passage à Lyon. Il reçut ensuite, à Bordeaux, de François Beck des conseils pour la composition ; puis il vint à Paris, en 1807, étudier l’harmonie au Conservatoire, dans la classe de Catel. La même année, il remporta le premier grand prix. Déjà il avait écrit, outre le Trajan que nous avons cité, un ballet, la Dansomanie, et un oratorio, le Déluge universel. À peine sorti du Conservatoire, il produisit un grand nombre de morceaux de musique, dont plusieurs se ressentent de la trop grande précipitation qu’il mit à les écrire. Harpiste aussi habile que pianiste consommé, flûtiste de premier ordre, il écrivait surtout pour son instrument de prédilection, la harpe. À vingt-quatre ans, Bochsa avait composé plus de cent ouvrages, concertos, sonates, duos, nocturnes, fantaisies. Ce fut à cette époque, c’est-à-dire en 1813, qu’il aborda l’opéra-comique. En trois ans, il donna à la salle Feydeau neuf pièces qui eurent, pour la plupart, du succès, et dans lesquelles on retrouve, au milieu de négligences inséparables d’une telle fécondité, des mélodies heureuses, des morceaux d’un mérite hors ligne : les Héritiers de Paimpol, Alphonse d’Aragon, les Héritiers Michau, paroles de Planard (1814), à-propos pour célébrer le retour des Bourbons" ; les Noces de Gamâche, le Roi et la Ligue, 2 actes (1815), paroles de Théaulon et Dartois, autre à-propos composé à l’occasion de la seconde rentrée de Louis XVIII, et qui figura au premier rang parmi les pièces royalistes d’alors ; la Lettre de change, la Bataille de Denain, un Maripour étrennes. Devenu alors un des compositeurs les plus renommés du moment, il épousa Mlle Georgette Ducrest, nièce de Mme de Genlis. Outre son habileté comme virtuose, Bochsa possédait les brillantes qualités physiques qu’on recherchait fort dans le monde parisien de cette époque. Elégant cavalier, il était ce qu’on appelait un beau dans toute l’acception du mot ; applaudi, choyé des salons, il vivait dans le désordre, et son existence aventureuse eut un triste dénoûment. Pendant une soirée musicale qu’il donnait chez lui, et où se pressaient les femmes les plus brillantes, il s’éclipsa de la fête, emportant tous les riches cachemires que le gracieux auditoire avait déposés à l’antichambre.

Une fugue en musique est un morceau bien fort, dit le Crispai des Folies amoureuses. La fugue de cette soirée permit à Bochsa de se réfugier en Angleterre, où il put vivre tranquille, l’extradition pour crimes et délits ordinaires n’existant pus encore.

Cette interprétation, que la plupart des biographes donnent au départ précipité de Bochsa, nous semble difficile à admettre ; un tel oubli de la probité, de l’honneur, de la délicatesse de la part d’un artiste, quelque désordre qu’il apporte dans sa vie privée, serait tout simplement un acte de folie. Aussi, nous sommes-nous livré à de nouvelles recherches sur les causes d’un départ si inexplicable, et il est devenu évident pour nous que Bochsa a exécuté sa fugue, puisque fugue il y a, devant les embarras de sa position, sans emporter le moindre cachemire. Ce dernier détail s’appliquerait à un juif, pseudo-comte ou duc, qui, vers la même époque, se serait esquivé prestement avec la défroque, brillante d’une nombreuse société qu’il avait réunie sous prétexte de bal. Un juif, à la bonne heure ! Nous ne croyons cependant pas que les cachemires des belles invitées de M. de Rothschild courent le moindre risque.

Quoi qu’il en soit, Bochsa retrouva, dans les cercles de Londres, les succès dont il avait joui à Paris. On ne vit que son talent, et l’on oublia ou l’on feignit d’ignorer la cause de son expatriation, ce qui vient à l’appui des doutes que nous venons d’exprimer. Mais la vogue fructueuse qui l’accueillit ne lui profita guère, car il n’eut pas une existence plus régulière à Londres qu’à Paris. Il passa plus tard aux États-Unis, puis en Californie, puis en Australie, quand les mines d’or appelèrent dans ces contrées lointaines les déclassés et les aventuriers du monde entier. C’est en Australie qu’il termina malheureusement une existence d’artiste des plus favorisées, mais compromise et perdue par l’inconduite. Il avait alors soixante-sept ans.

Bochsa, âgé de plus de soixante ans, épousa une cantatrice estimable et qui a figuré avec quelque succès sur les scènes lyriques de San-francisco, Mme Anna Bishop, veuve en premières noces de sir Henri Bishop, l’auteur de la célèbre mélodie anglaise : Home, sweet home, que Donizetti a mise dans son Anna Bolena. Cette dame, si l’on en croit une correspondance datée de Lima, et insérée dans l’Art musical du 21 décembre 1855, « a. depuis longtemps conquis ses droits à une honorable retraite ; elle n’en persiste pas moins, » avec plus de constance que de bonheur, à défier du temps l’irréparable outrage, » et continue encore aujourd’hui à faire partie des troupes italiennes qui parcourent les grands centres de l’Amérique.

BOCHTOH ou BOCTHOR (Ellious ou Élie), orientaliste ; né à Siout, en Égypte, — en 1784, mort à Pans en 1821. Il suivit 1 armée française à son retour d’Égypte, et professa l’arabe à partir de 1819, à l’école des langues orientales. On a de lui un excellent Dictionnaire arabe et français, publié en 1828 (2 vol. in-4o) par M. Caussin de Perceval, et divers autres travaux pour l’enseignement de la langue arabe. On lui doit encore : Alphabet arabe accompagné d’exemples (1820), Abrégé des conjugaisons arabes (1820), etc. Bochtor, qui, après avoir appris la langue française, avait été attaché comme interprète au Dépôt général de la guerre, a traduit les pièces arabes conservées à ce dépôt.