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battre les Anglais. Ami des plaisirs, passionné pour les fêtes, la galanterie et les aventures, il fit publier dans toute l’Europe un cartel (1415), par lequel lui et seize autres chevaliers, portant les plus grands noms de France, s’engageaient à garder pendant deux années, à la jambe senestre, en l'honneur de leur belle, un fer de prisonnier pendant à une chaîne, à moins qu’un même nombre de chevaliers ne vînt les combattre à outrance et leur enlever ces fers. Bientôt après, Jean de Bourbon était fait prisonnier à la bataille d’Azincourt (1415) et conduit en Angleterre, où il passa les dix-huit dernières années de sa vie. Vainement il paya, à trois reprises, sa rançon de 300,000 écus ; Henri V ne voulut pas consentir à lui rendre la liberté. Voulant à tout prix quitter l'Angleterre, il offrit, non-seulement de payer une quatrième fois sa rançon, mais encore de reconnaître Henri VI pour roi de France et de lui abandonner les villes les plus importantes qu’il possédait. Il conclut un traité en ce sens ; mais son fils refusa de le ratifier, et Jean de Bourbon mourut à Londres, sans avoir pu revoir la France.


BOURBON (Charles Ier, cinquième duc de), né en 1401, mort en 1456, était fils du précédent. Connu sous le nom de comte de Clermont, tant que vécut son père, il était fiancé avec Catherine de France, lorsque Jean sans Peur, l’ayant fait prisonnier à Paris (1408), lui rendit la liberté à la condition qu’il épouserait sa fille Agnès, encore enfant. Après l’assassinat de Jean sans Peur sur le pont de Montereau, Charles de Bourbon, se croyant délié de ses engagements envers lui, renvoya Agnès à son frère Philippe le Bon, et se rendit près du dauphin, qui l'envoya en Languedoc et en Guyenne avec le titre de lieutenant général. Il montra une valeur devenue en quelque sorte héréditaire dans sa famille, mais en même temp3 une rigueur voisine de la cruauté envers les garnisons des nombreuses places dont il s’empara, notamment Aigues-Mortes et Béziers. Après avoir pacifié ces deux provinces, il fut nommé gouverneur du Bourbonnais, du Nivernais, du Lyonnais, du Beaujolais, du Mâconnais et du Forez, et s’efforça, comme dans le Languedoc, d’y faire revivre l’agriculture, tombée dans le plus déplorable état. Le mariage de sa sœur Bonne d’Artois avec Philippe le Bon, en 1425, amena un rapprochement entre lui et ce dernier, et le détermina à renouer son union avec Agnès de Bourgogne. Il n’en continua pas moins à soutenir la cause de Charles VII contre les Anglais, défendit Orléans en 1428, se conduisit de la façon la plus brillante à la journée dite des Harengs (1429), où, grâce à lui, une partie de l’armée échappa à la destruction, et, après avoir assisté au sacre du roi à Reims, il s'empara de Saint-Denis, de Vincennes, etc., dont il expulsa les Anglais. Lorsque son père mourut, en 1434, il prit le titre de duc de Bourbon, et s’efforça, mais vainement, de reconquérir le comté de Clermont, dont Henri VI avait fait don au célèbre Jean Talbot. Bientôt après, il envahit les domaines de son beau-frère Philippe le Bon, duc de Bourgogne, contre lequel il avait quelques griefs ; mais il ne tarda pas à faire sa paix avec lui. C’est lors de leur réconciliation à Nevers, que Charles de Bourbon eut la pensée de rapprocher le duc de Bourgogne du roi de France. Les ouvertures qu’il fit en ce sens amenèrent le célèbre congrès d’Arras et la conclusion d’une paix (1435) désastreuse pour l’Angleterre. Cinq ans après avoir rendu ce grand service à la France, le duc de Bourbon entrait dans le complot de la Praguerie, qui avait pour but de mettre en quelque sorte Charles VII en tutelle. Cette tentative ayant échoué, Charles de Bourbon fut obligé de se rendre à Cusset, en Auvergne, et d’implorer à genoux la clémence royale. Non-seulement il perdit les châteaux de Vincennes, de Loches et de Corbeil, mais encore il eut la douleur de voir son frère, le bâtard Alexandre de Bourbon, mourir d’un ignominieux supplice. Il entra, l’année suivante, dans une ligue aussitôt dissipée que formée. Il n’en maria pas moins son fils aîné avec la fille de Charles VII, Jeanne de France, et se retira dans ses domaines, où il termina sa vie.


BOURBON (Charles, cardinal de), diplomate et homme de guerre, né en 1437, mort en 1488, était fils du cinquième duc de Bourbon, Charles Ier. Nommé archevêque) de Lyon à neuf ans, légat à Avignon en 1465, et cardinal en 1477, il prit pour devise Ne peur ne espoir, et fut mêlé à la plupart des affaires politiques et militaires de son temps. Bien qu’il fût entré dans la ligue du bien public, il sut gagner la faveur de Louis XI, qui le nomma gouverneur de l’Île-de-France, et l'employa sur les champs de bataille aussi bien que dans ses conseils. Lorsque Édouard IV vint en France, Louis XI lui présenta le cardinal de Bourbon, dont les mœurs étaient fort relâchées, comme un confesseur plein d'indulgence. À quoi le roi d'Angleterre répondit qu’il connaissait le cardinal comme un bon compagnon. Jean II de Bourbon étant mort en 1488, le cardinal Charles, son frère, devint l'héritier naturel du titre et des biens de la famille ; mais Anne, fille de Louis XI, qui avait épousé le sire de Beaujeu, exigea du cardinal qu’il cédât à ce dernier, son frère puîné, toute la succession des Bourbons et se contentât de la seigneurie du Beaujolais. — Son frère Louis DE BOURBON, évêque de Liège, mort en 1482, ne se fit connaître que par ses mœurs dissolues, et fut assassiné par le comte de la Marck, surnommé le Sanglier des Ardennes.


BOURBON (Louis, bâtard de), fils de Charles Ier, duc de Bourbon, mort en 1488.·Il n’avait d’autre titre que celui de seigneur de Châtillon, lorsque son frère, Jean II de Bourbon, le nomma maréchal et sénéchal du Bourbonnais, gouverneur de Verneuil, lieutenant général pour tous ses domaines, et baron de Roussillon en Dauphiné. Légitimé en 1463, il épousa trois ans plus tard Jeanne, fille naturelle de Louis XI et de Marguerite Sassenaye, fut chargé par le roi d’une mission en Angleterre et nommé, à son retour amiral de France (1466), gouverneur de Honfleur, de Granville, etc. En 1468, Louis de Bourbon reçut le commandement de l’armée envoyée contre François II, duc de Bretagne. Il opéra avec un plein succès, et prit en 1472 une large part à la défaite et à la soumission du comte d’Armagnac en Guyenne. Enfin, l'amiral fut un des principaux négociateurs du traité de Picquigny (1475), et reçut alors le gouvernement de la Picardie bourguignonne.


BOURBON (Jean II, sixième duc de), dit le Bon, fils de Charles Ier, né vers 1426, mort en 1488. Comte de Clermont du vivant de son père, il devint gendre de Charles VII, dont il épousa la fille Jeanne, prit une part brillante à la bataille de Formigny (1450), qui eut pour résultat l'expulsion des Anglais de la Normandie, se rendit avec Dunois en Guyenne l'année suivante, contribua à la prise de Bordeaux et à celle de Châtillon (1453), où mourut le célèbre Talbot, et reçut le gouvernement de la province, qui se trouvait entièrement délivrée des Anglais. Devenu duc de Bourbon en 1456, il fut nommé, l'année suivante grand chambellan de France ; mais Louis XI lui ayant enlevé le gouvernement de la Guyenne, il entra en 1461 dans la ligue du bien public, à laquelle prirent part les plus grands vassaux du royaume. Louis XI marcha contre lui, le chassa du Bourbonnais, l'assiégea dans Riom et signa à Moissac une trêve, qui bientôt après fut rompue. La conquête de la Normandie, faite en moins de trois semaines par le duc de Bourbon, décida le roi à conclure avec les princes révoltés le traité de Conflans (1464). Le duc Jean se réconcilia avec lui et reçut, outre une partie de l’Auvergne, la châtellenie d’Usson et 100,000 écus, le gouvernement de l’Orléanais, du Berry, du Limousin, du Périgord, puis celui du Languedoc (1466). Nommé chevalier de l'ordre de Saint-Michel en 1469, il refusa de prendre part à une ligue formée contre Louis XI, donna à celui-ci l'appui de son épée dans la guerre qu’il fit au duc de Bourgogne, s'empara de Château-Chinon et de Bar-sur-Seine, et se préparait à marcher contre les Anglais, qui menaçaient la France d’une nouvelle invasion, lorsque le traité de Picquigny arrêta cette calamité. Après être tombé en disgrâce à la fin du règne de Louis XI, le duc de Bourbon fut nommé connétable en 1483, après l'avènement de Charles VIII. Il n’en fut pas moins tenu à l'écart des affaires, et, après avoir pris part à la levée de boucliers connue sous le nom de guerre folle (1483), il se vit contraint par la goutte à une complète inaction. Il mourut sans laisser d'enfants.


BOURBON (Jean, bâtard de) fils de Pierre Ier, deuxième duc de Bourbon, vivait dans la première moitié du XIVe siècle. Il était seigneur de Bruelles, de Bellenaux, de Rochefort, de Croset, de Meillan, etc. Le comte de Poitiers, Jean de France, le nomma son chambellan, et, lorsqu’il fut roi sous le nom de Jean Ier, lui donna le gouvernement du Bourbonnais et la lieutenance générale du Languedoc. Pendant les guerres qui eurent lieu dans cette époque agitée, le bâtard de Bourbon se signala par sa valeur. Il prit part à la malheureuse bataille de Poitiers (1336), où il fut blessé et fait prisonnier, pendant que son père y perdait la vie.


BOURBON (Hector, bâtard de), né en 1391, mort en 1414, était fils de Louis II, duc de Bourbon, et passait pour un des chevaliers les plus accomplis de son temps. En 1414, il prit part au siège de Soissons, que défendait Enguerrand de Bournonville avec des soldats bourguignons. Les Armagnacs ayant été complètement battus dans une sortie que fit ce dernier, le bâtard de Bourbon, sans prendre le temps de se revêtir complètement de son armure, courut rallier ses soldats, repoussa l’ennemi jusqu’à une des portes de la ville et tomba atteint à la gorge par une flèche. Il expirait le lendemain, à peine âgé de vingt-trois ans. Jean de Bourbon, son frère, qui avait pour lui la plus vive affection, ressentit la plus grande douleur de cette perte. Dès le lendemain, il donna l’assaut, entra dans Soissons, fit passer la garnison au fil de l’épée et fit pendre le capitaine bourguignon.


BOURBON (Jean, bâtard DE), fils de Jean Ier, duc de Bourbon, mourut en 1483. Il entra dans les ordres, et devint un des prélats les plus remarquables de son époque. Abbé de Saint-Vaast d’Arras et archevêque de Lyon, il se démit de ces deux dignités en faveur de son neveu Charles de Bourbon, fut appelé a la lieutenance générale du Bourbonnais, de l’Auvergne et du Languedoc, et rendit d’éminents services à Louis XI. Il enrichit la bibliothèque de Cluny d’un grand nombre d’ouvrages et construisit des églises, ainsi que plusieurs hôpitaux.


BOURBON (Alexandre, bâtard de), fils naturel de Jean Ier et frère du précédent, mort en 1440, se signala par son éclatante valeur en aidant Charles VII à reconquérir son royaume, mais il se rendit encore plus fameux en ravageant le pays à la tête de ses bandes d’écorcheurs. Ne reconnaissant ni frein ni loi, il se rendit odieux au peuple, sur lequel il ne cessait d’exercer ses déprédations, puis il devint un des principaux chefs de la Praguerie, et fit tous ses efforts pour entraîner le duc de Bourbon à donner son appui au mouvement insurrectionnel. Bien qu’il fût entré en révolte ouverte, Alexandre de Bourbon n’hésita pas à se rendra à Bar-sur-Aube, où se trouvait Charles VII ; mais à peine fut-il arrivé, qu’il fut arrêté par ordre de ce dernier, condamné à mort, cousu dans un sac de cuir, portant cette inscription : Laissez passer la justice du roi, et précipité dans l’Aube.


BOURBON (Mathieu, surnommé le Grand bâtard de), mort en 1505, était fils de Jean II, duc de Bourbon. Seigneur de Bothéon et baron de la Roche-en-Renier, il se conduisit avec distinction dans les guerres de la fin du règne de Louis XI et pendant la régence d’Anne de Beaujeu, notamment à Quesnoy, en 1477. Charles VIII le nomma chambellan, conseiller, gouverneur de Guyenne et de Picardie, maréchal et sénéchal du Bourbonnais, et le désigna comme le premier des neuf chevaliers qui devaient l’accompagner dans son expédition d’Italie. Lors de la bataille de Fornoue, Mathieu de Bourbon, emporté par l’ardeur de son cheval, fut jeté au milieu des escadrons ennemis et fait prisonnier.


BOURBON (Jacques de), surnommé le Bâtard de Lîége, chevalier de Malte et historien, mort à Paris en 1527. Fils naturel de Louis de Bourbon, évêque de Liège, qui fut tué par Guillaume de la Marck, il entra dans l’ordre de Malte, obtint d’abord une commanderie, puis la charge de grand prieur de France. Il publia la Grande et merveilleuse et très-cruelle oppugnation de la noble cité de Rhodes (Paris, 1525), dont une autre édition fut donnée ensuite sous le titre de : Histoire et prise de la noble et ancienne ville et cité de Rhodes,


BOURBON (Charles, duc de), comte de Montpensier et de la Marche, si célèbre sous le nom de connétable de Bourbon, né en 1490, mort en 1527. Deuxième fils du comte de Montpensier, il réunit successivement, par la mort de son aîné, puis par son mariage avec sa cousine Suzanne de Bourbon, les immenses domaines des deux branches de la maison de Bourbon, le Bourbonnais, la moitié de l'Auvergne, la Marche, le Beaujolais, etc. Il fit ses premières armes à côté de Bayard, lors de la révolte des Génois (1507), décida par son intrépidité froide et réfléchie la victoire d’Agnadel, sauva la Bourgogne ouverte aux Suisses par les revers de la Trémouille à Novare (1513), et reçut l’épée de connétable des mains de François Ier. À Marignan (1515), il combattit avec une furie de bravoure qui faillit dix fois lui coûter la vie, et fut nommé peu de jours après gouverneur de Milan et de la Lombardie. Bientôt, cependant, des nuages ne tardèrent pas à s'élever entre lui et François Ier, soit à propos d’une rivalité pour Mme de Chateaubriant, soit pour toute autre cause. On prétend aussi que Bourbon ayant dédaigné l’amour de Louise de Savoie, mère du roi, cette princesse irritée n’épargna rien pour redoubler l’antipathie de son fils contre lui. Dans la campagne des Pays-Bas, François confia au duc d’Alençon le commandement de l’avant-garde, qui appartenait de droit au connétable, et fit à celui-ci un grand nombre de passe-droits et d’affronts. Ces misérables tracasseries de cour, qui eurent des suites si funestes, n'étaient que le prélude de persécutions plus cruelles encore, dont le motif principal ou du moins l’un des motifs était sans doute la crainte et l'envie qu'inspirait la puissance de Charles de Bourbon, prince du sang ; possesseur des plus grands fiefs du royaume, dont la maison se composait de cinq cents gentilshommes, et qui avait une influence prépondérante sur l'armée, le parlement et la cour. « Si j’avais un pareil sujet, avait dit Henri VIII à François Ier, après le camp du Drap d’or, je ne lui laisserais pas longtemps la tête sur les épaules. » Les animosités s’envenimèrent de plus en plus. On veut aussi que Louise de Savoie ait été poussée aux dernières limites de la colère par le refus outrageant de sa main, qu’elle aurait offerte au connétable. Quoi qu'il en soit, elle éclata en réclamant devant le parlement l'héritage bourbonnais, comme fiefs féminins dont elle était la plus proche héritière : c’était revenir sur une donation formelle de Louis XII, sur la donation de la femme et de la belle-mère de Charles de Bourbon, et consommer la ruine de celui-ci. Pendant que le procès se poursuivait, Charles, exaspéré par ces persécutions, prêta l’oreille aux propositions secrètes de Charles-Quint, sollicita la main de sa sœur Éléonore, et lui offrit son épée pour l'invasion et le démembrement de la France. Un traité fut signé ; mais au moment de se joindre aux troupes de l'empereur qui entraient par la Franche-Comté pendant que les Anglais se préparaient à envahir la Normandie, Charles, soupçonné depuis longtemps et enfin poursuivi, dut s'enfuir secrètement et se jeter en fugitif dans les rangs ennemis, au lieu d’y paraître en général et en prince (1523). Nommé lieutenant général par l'empereur, il passa en Italie, d'où il chassa bientôt les Français et Bonnivet. C'est en les poursuivant, au passage de la Sechia, qu'il reçut, confus et humilié, les reproches de Bayard mourant. Il n'en continua pas moins à combattre contre sa patrie, enleva un grand nombre de villes en Provence, échoua devant Marseille (1525), contribua à la victoire de Pavie, se rendit ensuite en Espagne, sans doute afin de n’être pas oublié dans le traité de Madrid, puis se jeta de nouveau en Italie, secrètement résolu à faire la guerre pour son propre compte et à s’emparer de la souveraineté du Milanais, qui lui avait été promise. Méprisé comme transfuge par les Espagnols, qui avaient profité de ses services, joué par l'empereur, qui l’avait constamment bercé de promesses, repoussé par François Ier, qui venait d'anéantir le traité de Madrid, où était stipulée la restitution de ses biens, il se jeta dans les partis désespérés, commença à agir en maître dans le Milanais, sans attendre l'investiture impériale, recruta son armée de lansquenets et d'aventuriers allemands, à qui il promit le pillage de l’Italie, et qui jurèrent de le suivre partout, fût-ce à tous les diables, et les conduisit enfin sous les murs de Rome. Lui-même il planta la première échelle et entraîna ses bandes à l'assaut ; mais comme il gravissait les échelons, il fut blessé mortellement par une arquebusade, partie, dit-on, de la main du fameux Benvenuto Cellini, et expira en emportant dans la tombe le secret de ses desseins. On a prétendu qu'il aspirait à se faire roi de Rome et de Naples. Sa mort ne sauva point Rome, qui fut pendent deux mois livrée à toutes les horreurs du pillage et vit se renouveler les scènes de dévastation et de massacre des temps d’Alaric et de Genséric. Le cadavre du connétable fut emporté par ses farouches compagnons d’armes, qui l'enterrèrent à Gaëte. Sa mémoire fut flétrie à Paris par arrêt du parlement, ses biens féodaux furent dévolus à la couronne, ses autres biens confisqués, et la porte de son hôtel fut peinte en jaune, couleur des traîtres. Toutefois l'annulation d'une partie de cette sentence fut imposée par Charles-Quint dans le traité de Cambrai.


BOURBON (Louis, cardinal DE), né en 1493, mort en 1556, était le quatrième fils de François de Bourbon. Nommé à vingt ans évêque de Laon, il accompagna François Ier dans la campagne du Milanais, fut successivement promu cardinal (1516), archevêque de Sens, et mis à la tête de la légation de Savoie. Lorsqu’en 1527 François Ier, de retour de sa captivité, réunit une assemblée de notables, le cardinal offrit au roi, au nom du clergé, la somme de 1,300,000 livres, à titre de don. Enfin, en 1552, Henri II ayant résolu d’aller secourir les protestants d’Allemagne, nomma Louis de Bourbon gouverneur de Paris et de l’Île-de-France.


BOURBON (Charles, cardinal de), prince et prélat, né en 1520, mort en 1590. Il était frère d’Antoine de Bourbon et oncle de Henri IV. Archevêque de Rouen, légat d’Avignon, cardinal, pair de France, membre du conseil, il se dévoua, malgré les intérêts de sa famille, aux prétentions des Guises, montra une animosité violente contre les réformés, et servit de prête-nom à la faction en se laissant désigner comme héritier présomptif de la couronne, au mépris des droits de son neveu, exclu par les ligueurs comme hérétique. Il signa le manifeste de la Ligue, se joignit au duc de Guise après la journée des barricades, fut arrêté à Blois par ordre de Henri III, et proclamé roi par les ligueurs après le meurtre de ce prince, sous le nom de Charles X. Les actes de la Ligue furent publiés en son nom ; on battit monnaie à son effigie, et il fut reconnu par plusieurs parlements (1589). Toutefois, ce fantôme de roi était toujours prisonnier à Fontenay-le-Comte, où il mourut en 1590. À ses derniers moments, il avait reconnu Henri IV comme son souverain, mais probablement dans l’intention de recouvrer sa liberté. C’était d’ailleurs un vieillard qui alliait des mœurs dépravées à une bigoterie sans caractère religieux, et mêlée de superstitions astrologiques.


BOURBON (Charlotte de), fille de Louis de Bourbon, duc de Montpensier, prince du sang royal, épouse de Guillaume d’Orange, surnommé le Taciturne, et l’une des femmes les plus dévouées à la réforme, morte à Anvers en 1582. Comme Louis de Bourbon ne se trouvait pas assez riche pour maintenir ses trois filles au rang élevé de leur naissance, il fit entrer Charlotte, à l’âge de treize ans, au monastère de Jouarre, avec le titre d’abbesse. Ce fut malgré elle que Charlotte embrassa la profession religieuse ; mais la volonté de son père était inflexible. Peut-être, d’ailleurs, voulait-il soustraire ses enfants à l’influence de Jacqueline de Longvic, sa femme, qui était fort attachée à la réforme. La nouvelle abbesse ne put s’accoutumer au genre de vie des monastères, ni surtout en accepter les petites et puériles pratiques ; elle resta fidèle aux enseignements de sa mère. Sans attaquer de front les doctrines de l’Église romaine, elle instruisait ses religieuses des principales vérités du christianisme et les amenait insensiblement à modifier leurs anciennes croyances, en leur inspirant le désir de connaître à fond les siennes. On s’aperçut, quoique un peu tard, des dangers qu’offraient ses enseignements, et on allait peut-être prendre contre elle des mesures de rigueur, lorsque le mo-