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pendant les troubles révolutionnaires, on fut obligé de placer le jeune Bertrand chez un pharmacien, et il exerça lui-même la pharmacie pendant vingt ans. Ensuite il voyagea en Italie, puis il résolut de terminer à Paris ses études, si longtemps interrompues, pour se faire recevoir médecin. Le célèbre Alibert reconnut les heureuses dispositions de Bertrand et l’honora de son amitié. Ce fut en 1825 que l’ancien pharmacien revint à Boulogne avec le titre de docteur, et ’il ne tarda pas à s’y faire une belle clientèle. Mais la médecine ne l’occupait pas seule, et depuis longtemps il recueillait les matériaux d’un travail historique important, qui parut, en IS28-1829, sous le titre de : Précis de l’histoire physique, civile et politique de la ville de Boulogne-sur-Mer et ses environs (2 vol. in-8<>).

BERTRAND (Noel-François), graveur français, né en 1784 à Soisy-sous-Etiolles, mort à Paris. Il étudia le dessin sous la direction de Moreau jeune et de David. Il a gravé, à la manière, du crayon un grand nombre de figures empruntées aux tableaux de Raphaël, Titien, Poussin, Lebrun, Rubens, David et autres grands maîtres. Il a exécuté, par le même procédé, des portraits de souverains et de princes, des têtes d’études (yAmabilité, & Douceur, la Modestie, Y Elégance, Clara, Célina, etc.) et des costumes, d’après J.-A. Vauthier, Eug. Bourgeois, Camus, Olagnon, C.-A. Fleury, Lemire aîné, A. Garnerey, Laby, etc. Il a publié aussi des Cahiers de principes et des Études variées pour le dessin, qui, pendant longtemps, ont été adoptés dans les écoles du gouvernement. Bertrand a pris part à presque toutes les expositions qui ont eu lieu à Paris de 1812 à 1836.

BERTRAND (Alexandre), médecin, né à Rennes en 1795, mort en 1831. Il s’est particulièrement occupé du magnétisme animal,

du somnambulisme, de l’extase, dont il chercha à expliquer scientifiquement les phénomènes. Ses principaux ouvrages sont : Traité du somnambulisme (1823) ; Du magnétisme animal ; Lettres sur les révolutions du globe (Paris, 1824), et Lettres sur la physique (Paris, 1825).

BERTRAND (Joseph-Louis-Frânçois), mathématicien, fils du célèbre auteur des Lettres sur les révolutions du globe, neveu de M. Duhamel, de l’Académie des sciences, né à Paris en 1822. Après de brillantes études au lycée Saint-Louis, il fut, en 1839, admis le premier à l’École polytechnique, pour laquelle il était mûr, dit-on, dès l’âge de onze ans. Lors de la terrible catastrophe qui illustra si tristement la rive gauche du chemin de fer de Versailles (8 mai 1842), le je.une Bertrand, qui faisait partie du convoi, y fut atteint d’une blessure, dont sa vive et intelligente physionomie portera toujours l’empreinte ; son frère, alors élève de l’École normale, y eut une jambe cassée. Reçu ingénieur des mines, M. Bertrand choisit la carrière du professorat. Il enseigna les mathématiques au lycée Saint-Louis et au lycée Napoléon, fut examinateur d’admission et répétiteur à l’École polytechnique, maître de conférences à l’École normale et suppléant au Collège de France. Les événement^ de 1852 l’éioignèrent pour quelques années de l’enseignement universitaire. En 1856, il fut reçu, en remplacement de Sturm, à l’Académie des, sciences. M. Bertrand est aujourd’hui professeur suppléant à la Faculté des sciences, et chevalier de la Légion d’honneur. Ses principaux ouvrages sont ; Conditions d’intégralité des fonctions différentielles ; Théorie générale des surfaces ; Z’Aéorie des mouvements relatifs ; De In similitude en mécanique ; Intégration des équations générales de la mécanique ; Tltéorie des phénomènes capillaires ; Théorie delapropagationduson, etc.

Le jeune professeur s’est aussi fait connaître des élèves par deux ouvrages classiques : un Traité d’arithmétique (1849) et un Traité d’algèbre (1850), auxquels on a reproché, non sans quelque raison ; d’être d’une, lecture un peu difficile pour des commençants. Ils sont accompagnés d’Exercices d’un genre alors peu répandu dans l’enseignement, roulant en général sur les propriétés des nombres, mais dont les solutions dépassent trop souvent les forces de ceux auxquels ils sont adressés.

Le travail le plus considérable de M. Bertrand est un Traité de calcul différentiel et de calcul intégral, dont la première partie a paru en 1864, précédée d’une intéressante préface historique, dans laquelle est exposé le fameux débat de Newton et de Leibnitz.relatif à la découverte du calcul différentiel. De ces travaux élevés et abstraits, M. Bertrand a voulu descendre dans l’arène des vulgarisateurs, et, du premier coup.il a pris place parmi les plus attrayants. Sa parole claire et élégante, sobrement spirituelle, en fait un des causeurs les’plus goûtés des Conférences de la Sorbonne ; et son charmant livre, les Fondateurs de l’astronomie moderne, est digne de la faveur que le public continue de lui témoigner après quatre éditions.

BERTRAND (l’abbé François-Marie), orientaliste français, né à Fontainebleau en 1807. Il fut longtemps curé d’Herblay, et il est devenu chanoine de Versailles. On lui doit : VHistoire du règne des Pandaras dans l’Indoustan (1844) ; les Séances de Haïdari (1846) ; une étude sur le Dix-huitième chapitre du livre de Job (1847) ; une Christomathie indoustani (1847), publiée avec Théodore Pavie ; et un Dictionnaire universel, historique et compa-

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ratif de toutes les religions du monde, pour la bibliothèque religieuse de l’abbé Migne.

BERTRAND (Louis, plus connu sous les noms de Ludovic et Aloïaiu»), poète français, né en 1807 à Céva, en Piémont, mort à Paris en 1841. Ce nom, a peine connu de’quelques lettrés, mériterait de l’être de tous les gens de goût. «Bertrand, a dit M. Sainte-Beuve, ou, comme il aimait à se faire appeler, Aloïsius Bertrand, est un de ces Jacques Tahureau, de ces Jacques de La Taille, comme en eut aussi la moderne école, mis hors de combat^ en quelque sorte, dès le premier feu de la mêlée. S’attacher à retracer, à deviner l’histoire des poètes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants. Mais ici un sort particulier, une fatalité étrange marque et distingue l’infortune du poète dont nous parlons : il a ses stigmates à lui. » Le père de Bertrand, capitaine de gendarmerie, était Lorrain ; sa mère était Italienne. Il avait à peine sept ans lorsque la chute de l’Empire ramena en France ses parents, qui ’allèrent s’établir à Dijon. C’est là que Bertrand fit ses études au collège, en compagnie d’un écolier qui devait devenir un de nos plus gracieux poètes, Antoine de Latour. Dès qu’il eut fini ses études, Bertrand débuta dans la littérature par la publication de quelques ballades dans un journal de Dijon, le Provincial. Un petit nombre de pièces seulement étaient en vers, les autres en une prose dont la façon, dit M. Sainte-Beuve, lui coûtait autant que des vers. En effet, sa prose, nombreuse, cadencée, rhythmique, d’une élégance et d’une pureté irréprochables, nette et précise dans l’expression, et avec cela d’un pittoresque achevé, constitue une poésie véritable, et le poète ne se débarrassait des entraves de la rime que pour s’en créer d’autres plus difficiles à vaincre. Bertrand avait, au plus haut degré, l’amour de la langue ; c’était plus que de l’amour, c’était un culte, et jamais il ne croyait avoir assez poli et repoli son œuvre ; c’est pourquoi il a peu produit, et ne s’est pas assez hâté de se faire connaître au public. Cependant, lorsqu’il vint à Paris en 1828, la jeune école poétique, à qui les ailes commençaient à pousser, lui fit un fraternel accueil. On s’offrit à l’aider, à lui faire une place au cénacle ; mais il n’était pas de ceux qui se laissent protéger facilement, et, quelque.peu vagabond de sa nature, comme tous les poëtes, il ne passa jamais à Paris que comme une étoile filante, à peine entrevue, aussitôt évanouie. Nous avons eu déjà bien des fois occasion de le dire, ce n’est pas précisément par les côtés pratiques de la vie que brille la race des poëtes ; ils oublient volontiers ces deux mauvais chevaux attelés à la vie, dont parle Ronsard, pour courir après le papillon qui passe ; ils ne se souviennent pas que le Temps, « ce dormeur qui mène à l’éternité, » les entraîne comme de simples mortels,

Nec quœ prœteriit hora redire potest.

Bertrand était à Dijon quand éclata la révolution de Juillet. Il l’accueillit avec transport, et la servit énergiquement avec sa plume dans un journal de Dijon, le Patriote de la Côted’Or. Bientôt après, il revint à Paris, et composa la plupart des poëmes en prose, dont il retardait constamment la publication en volume, malgré la pénurie dans laquelle il se trouvait. Il voulait toujours revoir, retoucher, refaire, et, bien qu’il eût trouvé un éditeur, il ajournait le plus qu’il’ pouvait l’heure de la publicité. Il attendit si longtemps, que les privations de toutes sortes l’exténuèrent. Une première fois, pris de la poitrine, il entra à l’hôpital de la Pitié, et en sortit guéri. Il eut bientôt une rechute, et alla cette fois à l’hospice Necker, où il mourut. Ce n’est qu’après sa mort, et par les soins de ses amis, qu’un volume de ses poëmes en prose fut publié à Angers sous le titre de Gaspard de la Nuit. Dans une préface, qui était préparée depuis longtemps, l’auteur raconte que, demandant un jour a un étranger quelles étaient, suivant lui, les lois de l’esthétique littéraire, celui-ci, qui a nom Gaspard de la Nuit, et n’est autre que Satan, lui a livré, pour toute réponse, le manuscrit de ces poèmes en prose, dont nous extrayons les deux pièces suivantes :

LA. BARDE POINTUE,

Or, c’était fête à la synagogue, ténébreusement étoilée de lampes d’argent ; et les rabbins, en robes et en lunettes, baisaient leurs talmuds, marmottant, nasillonnant, crachant ou se mouchant, les uns assis, les autres non.

Et voilà que tout à coup, parmi tant de barbes rondes, ovales, carrées, qui floconnaient, qui frisaient, qui exhalaient ambre et benjoin, fut remarquée une barbe taillée en pointe.

Un docteur nommé Elébotham, coiffé d’une meule de flanelle qui étincelait de pierreries, se leva et dit : < Profanation I II y a ici une barbe pointue I •

Une barbe luthérienne 1 un manteau court I Tuez le Philistin 1 > Et la foule trépignait decolère dans les bancs tumultueux, tandis que le sacrificateur braillait : « Samson 1 à moi ta mâchoire d’âne 1 • ’

Mais le chevalier Melchior avait développé

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un parchemin authentiqué des armes de l’empire : à Ordre, lut-il, d’arrêter le boucher Isaac van Heck pour être, l’assassin, pendu, lui, pourceau d’Israël, entre deux pourceaux de Flandre ! »

Trente hallebardiers se détachèrent, à pas lourds et cliquetants, de l’ombre du corridor : « Feu de vos hallebardes 1 » leur ricana le boucher Isaac. Et il se précipita d’une fenêtre dans le Rhin.

L’autre pièce, qui diffère essentiellement de la précédente, a été inspirée par cette phrase de Saint-Simon : « Mme de Montbazon était une fort belle créature qui mourut d’amour, cela pris à la lettre, l’autre siècle, pour le chevalier de La Rue, qui ne l’aimait point. »

M™e de MONTBAZON.

La suivante rangea, sur la table de laque, un vase de fleurs et les flambeaux de cire, dont les reflets moiraient de jaune et de rouge les rideaux de soie bleue au cbeyet du lit.de la malade.

« Croîs-tu, Mariette, qu’il viendra ? — Ohl dormez, dormez un peu, madame I — Oui, je dormirai bientôt, pour rêver h. lui toute l’éternité. »

On entendit quelqu’un monter l’escalier : n Ah 1 si c’était lui ! » murmura la mourante, en souriant, le papillon des tombeaux déjà sur les lèvres. »

C’était un petit page, qui apportait, -de la part de la reine à Mme la duchesse, des confitures, des biscuits et des élixirs sur un plateau d’argent.

« Ah I il ne vient pas, dit-elle d’une voix défaillante ; il ne viendra pas ! Mariette, donnemoi une de ces fleurs, que je la respire et la baise pour l’amour de lui 1 ■

Alors Mmc de Montbazon, fermant les yeux, demeura immobile. Elle était morte d’amour, rendant son âme dans le parfum d’une jacinthe.

Les deux pièces que nous venons de citer, malgré tout le fini de leur exécution, l’aimable enjouement de la première, et le ton si simple et si ému de la seconde, sont loin de donner une idée suffisante du talent d’Aloïsius Bertrand. Il nous eût fallu citer, n’était leur étendue, la plupart de ses peintures du" moyen âge, dont rien n’égale la finesse de la ciselure et la perfection du rendu. <i Tout cela est vu et saisi à la loupe, dit son illustre biographe ; de telles imagettes sont comme le produit du daguerréotype en littérature, avec la couleur en sus. • Et pourtant, malgré tant et de si rares qualités, le nom de Louis Bertrand attend encore la réputation qu’il mérite : « Que conclure, dit M. Sainte-Beuve, de cette infortune de plus ajoutée à tant d’autres pareilles, et y a-t-il quelque-chose à conclure ? Faut-il prétendre, par ces tristes exemples, corriger les postes, les guérir de la poésie • et, pour eux, natures étranges, le charme du malheur raconté n’est-il pas plutôt un appât ? Constatons seulement, et pour que les moins entraînés y réfléchissent, la lutte éternelle, inégale, et que la société moderne, avec ses industries de toute sorte, n’a fait que rendre plus dure. La Fable antique parle d’un berger ou chevrier, Comatas, qui, pour avoir trop souvent sacrifié do ses chèvres aux Muses, fut puni par son maître et enfermé dans un coffre, où ir devait mourir de faim. Mais les abeilles vinrent et le nourrirent de leur miel. Et quand le maître, quelque temps après, ouvrit le coffre, il trouva Comatas vivant et entouré de suaves rayons. De nos jours, trop souvent aussi, pour avoir voulu sacrifier imprudemment aux Muses, on est mis à la gêne, et l’on se voit pris comme dans le coffre ; mais on y reste brisé, et les abeilles ne viennent plus. »

BERTRAND (Léon), littérateur français, né vers 1808. Dans sa jeunesse, il travailla pour le théâtre, et composa deux drames en vers ou tragédies : Laurent de Médicis (1829) et Olivier Cromwell (1841). Depuis, il n a publié que des ouvrages sur la chasse, et il rédige le Journal des chasseurs, fondé en 1837.

BERTRAND (Alexandre-Arthur-Henri), né en 1811, fils de l’illustre général Bertrand, fit les guerres d’Afrique de 1836 à 1839, obtint l’année suivante le grade de capitaine, et représenta le département de l’Indre à la Constituante de 1848. Il fit partie du comité de la guerre, et vota ordinairement avec les républicains modérés. Nommé chef d’escadron, il a été attaché depuis, comme aide de camp, au prince Napoléon. Nommé lieutenant-colonel pendant le siège de Sébastopol, il a été élevé, en 1858, au grade de colonel.

BERTRAND (James), peintre français contemporain, né à Lyon en 1825. Il est élève de M. Alph. Périn, qu’il a aidé, pendant dix années consécutives, dans l’exécution des peintures murales de la chapelle de l’Eucharistie, à Notre-Dame de Lorette. Après s’être formé au grand art religieux par ce long noviciat, il est allé en Italie, où il a fait un séjour de cinq années (1857-1S62) et où son talent s’est agrandi et fortifié par l’étude des chefsd’œuvre dont Rome est remplie. li a exposé, pour son début, en 1857, une Idylle ; mais le

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premier ouvrage de lui qui ait été remarqué est la Communion de saint Benoit, tableau d un coloris un peu froid, mais d’un dessin très-ferme et d’un sentiment bien religieux, qui a figuré au Salon de 1859 et qui a été acquis par la Société des amis des arts de Lyon. M. Bertrand a obtenu une médaille de 3e classe, en 1861, pour un tableau représentant la Conversion de sainte Thaïs (au musée de Lyon), et un rappel de la même médaille, à la suite du Salon de 1863, où il avait trois compositions : les Frères de la Mort recueillant un homme assassiné dans la campagne de Rome (même musée), Femmes d’Alvito en pèlerinage et Diogène chez Laîs. Parmi les ouvrages qu’il a exposés depuis, nous citerons : Marie l’Égyptienne repentante (1804) ; les Chaussards émigrant de la campagne de Borne (musée d’Orléans, 1865) ; Phryné aux fêtes d’Eleusis, et Pèlerinage dans les Abruzzes (1866), M. Bertrand.a exécuté aussi plusieurs cartons pour des vitraux d’église.

BERTRAND D’ALAMANON OU D’ALLAMON,

troubadour provençal du xme siècle. Il était gentilhomme, et possédait, dans le diocèse d’Aix, la terre seigneuriale d’Alamanon. II chanta dans ses vers une tante de la célèbre Laure, illustrée par les vers de Pétrarque.-On connaît encore un autre troubadour, nommé Bertrand de Gordon-, qui était originaire du Quercy et vivait à la même époque. On n’a de lui qu’un tenson, sous forme de dialogue, dans lequel deux troubadours se louent, puis s’injurient, et qui rappelle la fameuse scène entre Vadius et* Trissotin ; dans les Femmes savantes de Molière.

BERTRAND DE COMPS, seizième grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, élu en 1236, mort en 1241. Il appela les chevaliers d’Angleterre, et leur enjoignit de venir remplacer leurs frères morts en Palestine. Lorsque Jérusalem fut rendue aux chrétiens, il employa toutes les richesses de l’ordre pour relever les remparts de la ville sainte.

BERTRAND DE LA HOSDINIERE (Ch.-Ambr.), magistrat et homme politique, né en Normandie, mort en 1819. Il était procureur du roi à Falaise, fut nommé député à la Convention, où il vota la mort de Louis XVI, embrassa le parti des Girondins et donna sa démission lors du 31 mai. Membre du conseil des Cinq-Cents, il eut une conduite assez versatile, s opposa cependant à la révolution du 18 brumaire, et fut exilé lors du retour des Bourbons, atteint par la loi contre les conventionnels régicides. On le désignait aussi sous le nom de Bertrand du Calvados, ce qui a trompé quelques biographes, qui ont fait deux individus du même personnage.


BERTRAND DE MOLLEVILLE (Antoine-François, marquis DE), magistrat et historien français, né à Toulouse en 1744, mort en 1818. Nommé par le chancelier Maupeou maître des requêtes et intendant de Bretagne, il fut chargé, en 1778, de dissoudre le parlement de Rennes, et faillit être bâtonné par la jeunesse de cette ville. Appelé par Louis XVI, en 1790, à prendre le portefeuille de la marine, il ne montra qu’incapacité, et fut accusé d’avoir, par ses fausses mesures, causé la perte de Saint-Domingue en même temps qu’il favorisait l’émigration des officiers de marine. Obligé de donner sa démission, il fut mis par le roi à la tête de la police secrète, se rendit ridicule par les impuissantes mesures avec lesquelles il prétendit enrayer la Révolution, conseilla à Louis XVI un plan d’évasion, après lui avoir proposé de faire occuper les tribunes de l’Assemblée par ses émissaires, et fut décrété d’accusation, le 15 août 1792, sur la proposition de Gohier et de Fouché de Nantes. Après avoir échappé à mille dangers, Bertrand de Molleville parvint à se réfugier en Angleterre, où il composa divers écrits politiques et d’où il fit passer en France de faux assignats, qui compromirent et firent monter sur l’échafaud un habitant de Boulogne. Il revint en France en 1814 ; mais il était tombé dans la disgrâce de Louis XVIII, et il termina ses jours dans l’oubli. Ses principaux ouvrages sont : Histoire de la Révolution de France (1801-1803, 10 vol. in-8°), pleine d’erreurs, de mensonges et de calomnies. Il dénature tous les événements, se montre toujours guidé par l’esprit de vengeance ainsi que par ses préjugés, et y donne des preuves surabondantes de sa nullité comme ministre. Costumes des États héréditaires de la maison d’Autriche (50 planches coloriées, 1804, in-fol.) ; Histoire d’Angleterre depuis la première invasion des Romains jusqu’en 1763 (1815, 6 vol.) ; Mémoires particuliers pour servir à l’histoire de la fin du règne de Louis XVI (1816,2 vol. in-8°). Ils sont écrits dans le même esprit que sa prétendue Histoire de la Révolution, mais curieux néanmoins à consulter, à cause des aveux indiscrets qu’ils contiennent.


BERTRAND SAINT-GERMAIN, médecin français, né en 1810 au Puy-en-Velay. Il s’est fait recevoir docteur à la faculté de médecine de Paris en 1840, et s’est fait connaître par divers ouvrages, notamment : Des manifestations de la vie et de l’intelligence à l’aide de l’organisation (1847) ; De-la diversité originelle des races humaines et des conséquences qui en résultent (1847), etc. On lui doit une traduction de la Protogœa de Leibnitz.

BERTRAND DUGUESCLIN. V. DuGUESCLlN.

Bertrand et Raton, noms des deux personnages, dos deux héros de cette charmante