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détromper Claudio : Don Pèdre forme ensuite le projet d’inspirer un amour réciproque à Béatrice, nièce de Léonato, et à Benedick, jeune seigneur, ami de Claudio, quoiqu’ils ne cessent de se poursuivre mutuellement de leurs railleries et qu’ils aient l’un et l’autre horreur du mariage. Héro, Claudio et Léonato lui promettent pour cela leur concours. Déjà, avant la fin du second acte, Benedick est habilement instruit de l’amour prétendu de Béatrice ; mais, pendant ce temps, don Juan, avec son affidé Borachio, prépare la rupture du mariage de Claudio avec Héro.

Au commencement du troisième acte, on apprend à Béatrice l’amour simulé de Benedick, à peu près par le même stratagème qui a déjà si bien réussi : Béatrice est prise au piège. Don Juan ayant tout préparé pour son entreprise, vient trouver don Pèdre et Claudio, et leur apprend que cette nuit même Héro recevra un amant chez elle. En effet, Borachio courtise Marguerite, suivante de Héro, en lui donnant le nom de sa maîtresse. Don Pèdre et Claudio entendent les paroles et sont témoins de l’entrevue. Mais Borachio est surpris par les watchmen, au moment où il raconte son aventure à son ami Conrad. Les deux constables Dogberry et Vergés l’amènent devant Léonato, qui les charge d’interroger eux-mêmes leur prisonnier. Pour lui, ne se doutant pas de ce dont il s’agit, il va assister au mariage de sa fille.

Le quatrième acte s’ouvre par la scène du mariage, qui est interrompu par le refus de Claudio et l’accusation portée contre Héro par son fiancé et par don Pèdre. Béatrice, pensant que Claudio est un imposteur, engage Benedick à se battre contre lui. Cet acte finit par la scène de l’interrogatoire de Borachio. Maintenant, qu’est devenue Héro, restée évanouie au pied de l’autel ? Elle n’est revenue à elle qu’après le départ de Claudio et de don Pèdre ; Son père répand le bruit de sa mort ; mais Benedick et Béatrice, ainsi que son père, sont dans le secret ; ils espèrent tous découvrir enfin l’innocence de Héro.

Au cinquième acte, Léonato provoque Claudio et don Pèdre ; son frère Antonio, père de Béatrice, les défie à son tour ; et enfin Benedick vient demander satisfaction à Claudio. Heureusement, ces querelles sont terminées par les aveux de Borachio. Léonato n’exige d’autre réparation de la part de Claudio que celle de publier l’innocence de Héro et d’accepter la main d’une de ses nièces. Il y consent avec joie. Le lendemain, Héro est ramenée le visage couvert d’un masque, et tout est expliqué. La comédie se termine par un double mariage. Don Juan, qui s’était déjà enfui de Messine, est ramené par les soldats du prince, qui lui réserve sa punition.

Les personnages les plus vivants et les plus animés sont ceux de Benedick et de Béatrice. Quelle originalité dans le dialogue un peu trop libre peut-être, combien d’incidents comiques naissent à chaque instant de leur aversion pour le mariage et de leur conversion subite ! Les deux constables Dogberry et Vergès, avec leur insuffisance, leur grave niaiserie, leurs lourdes bévues, sont des modèles du genre. Quelle connaissance profonde du cœur humain dans la peinture du caractère de don Juan, tourmenté du besoin de faire le mal, et qui se révolte même contre les bienfaits de son frère !

On ne s’étonnera pas qu’un si heureux mélange de sérieux et de gaieté ait valu à cette comédie, dès le temps de Shakspeare, les plus grands applaudissements. C’est une de celles que l’on voit encore avec plaisir sur les théâtres de Londres.

« Toutes ces péripéties si sérieuses, si douloureuses, aboutissent à l’issue la plus gaie, dit M. F.-V. Hugo. Tous ces désaccords se réconcilient, au milieu d’une salle de danse, dans un air de flûte ; et la tempête qui devait bouleverser tant d’existences jette son dernier souffle dans la joyeuse fanfare d’un bal. Et c’est ainsi que tous ces personnages, qui avaient cru de si bonne foi figurer dans une tragédie, n’ont joué en réalité que cette comédie exquise : Beaucoup de bruit pour rien. » Cette pièce fut enregistrée au Stationer’s Hall le 23 août 1600, et imprimée in-quarto dans le courant de la même année. Elle dut être représentée vers la même époque, car elle n’est pas mentionnée dans la liste des pièces de Shakspeare que publia Meres en 1598. Elle fut réimprimée dans l’édition générale de 1623, presque sans variation. Beaucoup de bruit pour rien a été remanié deux fois pour la scène anglaise : la première, en 1673, par Davenant, sous ce titre : la Loi contre les amants ; la seconde, en 1737, par un certain James Miller, sous ce titre : la Passion universelle.

Le titre même de cette comédie, Beaucoup de bruit pour rien, a passé en proverbe et est resté dans toutes les langues pour exprimer un dénoûment mesquin, ridicule, qui n’a aucune proportion avec les péripéties qui l’ont amené.



BEAUCRIER s. m. (bô-cri-é). Hortic. Variété de raisin. || On dit aussi beautrier ou beaunier.

BEAUCUIT s. m. (bo-kui — rad. beau et cuit). Agric. Nom vulgaire du blé sarrasin.

Beau d’Angennes (le), roman, par M. Auguste Maquet (Paris, 1843). Au mois de mai 1719, M. Dubois étant ministre des affaires étrangères, et M. Leblanc ministre de la guerre, le marquis Fabien d’Argennes, lieutenant au régiment de la couronne, se lève et s’habille par un beau matin de printemps, sans réveiller personne de ses gens, descend à l’écurie, selle son cheval favori et part. À quelques lieues de Paris, il rencontre le coche de Chantilly, lequel contient une jeune femme dans laquelle le marquis reconnaît Mlle Adolphine de Tournays, qu’il aime de tout son amour, mais que son rang ne lui permet pas d’épouser. Les deux amants, se retrouvant ainsi, entrent dans une discussion où chacun des deux se peint par un mot : « Vous n’aimez pas, dit le jeune homme à la jeune fille rebelle à ses désirs. — Vous aimez donc mieux, vous ? répond celle-ci, qui ne veut céder qu’au mariage. — Vous raisonnez avec votre esprit, et votre tête est froide comme ce grès. — Vous raisonnez, vous, cher marquis, avec votre cœur ; mais vous raisonnez pour vous seul. »  » Bientôt un orage force les interlocuteurs à se réfugier dans l’auberge de Ménil-Aubray. L’orage passé, Adolphine part, laissant une lettre au marquis. Deux grandes dames arrivées peu après, curieuses de voir cette lettre dont la lecture a fait évanouir le marquis, commencent une lutte de rivalité, qui ne peut que trop exister entre une mère et une fille, mais qui étonne toujours. L’on sent, du reste, tout l’intérêt que peut offrir cette lutte entre deux femmes, dont l’une est la marquise de Prie, et l’autre, sa mère, la comtesse de Pléneuf, lutte conduite avec beaucoup d’habileté dans les diverses phases de ce récit, dont nous ne retraçons que les contours, obligés, comme on le pense bien, de nous priver des détails. Quoi qu’il en soit de leurs manœuvres, les deux dames ne réussissent pas à avoir la lettre. Il est vrai qu’elles en ont une autre, grâce à l’effronterie d’un personnage qui va jouer un rôle important. Mons Fridaine, admirable gars, taillé d’une façon toute particulière, grand disciple d’Épicure, qui, n’ayant pu avoir la missive en question, en a substitué une de son cru, le mieux adaptée aux circonstances qu’il suppose ; et, de ladite lettre il a envoyé une copie à l’une et à l’autre dame. À trois mois de là, M. d’Argennes se promenant sur le port de Saint-Pierre à la Martinique avec sa mère reçoit un brevet — deux brevets de capitaine dans deux régiments à la fois. — Il revient à Paris. Là d’abord, Fridaine lui apprend ce qu’a fait Adolphine, sous la forme originale d’un rapport fait jour par jour, heure par heure. « Mercredi 27 mai, couru après la jeune dame ; rattrapé ladite personne, etc… » En fin de compte, Adolphine est entrée à la Comédie-Française, par la protection d’un vieux gentilhomme, M. de Boissinet, dont le caractère, malgré cette protection, tranche sur celui des roués de l’époque. Voyant son idole avilie, Fabien déchire les lettres et les brevets qu’il croit avoir reçus d’elle. Il va néanmoins remercier M. Leblanc, et trouve chez le ministre les deux dames de Ménil-Aubray, qui cherchent et trouvent avec lui l’explication des pseudo-lettres de Fridaine, et des deux autres lettres, et des brevets. La guerre des deux dames recommence, haineuse et féroce ; mais Fridaine est encore là ; c’est lui qui tiendra les fils de cette intrigue et les fera manœuvrer : Si nous voulions, et surtout si nous pouvions suivre le drame dans toutes ses péripéties, il nous faudrait aller à la Comédie-Française, rue Saint-Germain-des-Prés, voir jouer Charmette, qui n’est autre que Mlle de Tournavs. Que se passe-t-il là, dans la loge de l’actrice, sur la scène, dans la loge du duc de Bourbon, où sont les deux femmes rivales, que l’on retrouve ensuite rue Quincampoix, à la fameuse banque du Mississipi ? Que se passe-t-il à Saint-Cloud, et chez Mme de Prie, et chez Mlle Charmette ? Il nous faudrait un volume pour indiquer seulement toutes les scènes de comédie et de drame qui se succèdent sans interruption, jusqu’à un dénoûment plein d’imprévu et d’émotions, où une dernière rouerie de la marquise paye la charmante Adolphine de son abnégation et de son dévouement. En résumé, une action habilement compliquée, qui ne pèche peut-être que par un excès de mouvement, un récit d’un intérêt constamment excité, un dialogue mordant, des caractères en saillie, parmi lesquels nous signalerons surtout Urbain Fridaine : tels sont les mérites qui ont assuré à l’auteur de ce livre, alors à ses débuts, la place distinguée qu’il a su conserver parmi les romanciers de son époque. Toutefois, on peut reprocher à ce roman de manquer de couleur locale. Bien que l’action se passe au XVIIIe siècle, rien, dans les paroles que prononcent les personnages, n’indique qu’ils portent la poudre et qu’ils vivent au temps des petits soupers et du bon plaisir.

BEAUDREUIL s. m. (bo-dreull ; ll mll.) Ichthyol. Syn. de baudroie.

BEAUFAY, village et commune de France (Sarthe), cant. de Ballon, arrond. et à 22 kil. N. du Mans ; pop. aggl. 318 h. ; pop. tot. 2,070 h. Engrais de porcs, métiers à toiles.

BEAUFFORT (Louis-Léopold-Amédée, comte de), archéologue et administrateur belge, né à Tournai en 1806, mort en 1858.

Fils d’un des chefs du parti catholique en Belgique, le comte de Beauffort suivit les traditions paternelles, et, grand admirateur de l’Église au moyen âge, il s’éprit d’une véritable passion pour les arts de cette période historique, surtout pour le genre gothique. Il s’est fait connaître comme archéologue par des restaurations d’édifices, notamment par celle de son château de Bouchout, qui devint un manoir féodal du XIIIe siècle et dont il fit une sorte de musée national, ainsi que par la restauration des vitraux de Sainte-Gudule, de Saint-Wandru, et d’autres édifices gothiques. À Bruxelles, il organisa le musée royal d’armures et d’antiquités. Son influence et son exemple réveillèrent en Belgique la culture de l’archéologie. Il était inspecteur général des beaux-arts, des lettres et des sciences, directeur du musée archéologique, membre de la commission administrative du musée de peinture et de sculpture de Bruxelles, administrateur de la bibliothèque royale, président de la commission royale des monuments, etc.

BEAUFICEL, petit pays de France, dans l’ancienne province de Normandie (Manche), arrond. de Morlaix. Lieu principal, comm. de Beauficel :

BEAU-FILS s. m. (rad. beau et fils, le mot fils étant aussi usité dans le sens de beau-fils, et le mot beau ayant été appliqué très-fréquemment, dans le moyen âge, aux personnes auxquelles on était uni par les liens du sang ou par alliance). Fils que la personne qu’on a épousée a eu d’un précédent mariage : C’est votre beau-fils, puisque vous avez épousé sa mère. Elle a épousé un veuf, et elle a deux BEAUX-FILS.

— Par ext. Gendre : Les beaux-fils et les belles-filles ne s’accordent pas toujours avec les beaux-pères et les belles-mères.

— Antonymes. Beau-père, belle-mère.


BEAUFORT, bourg de France (Savoie), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 kil. N.-E. d’Albertville, à l’entrée de la vallée de son nom ; pop. aggl. 510 hab. ; — pop. tot. 2,450 hab. Excellents pâturages ; commerce considérable de bestiaux et de fromages. On y remarque le château de la Salle, où Henri IV séjourna deux fois pendant les guerres de France et de Savoie. || Village et commune de France (Pas-de-Calais), cant. d’Avesnes-le-Comte, arrond. et à 19 kil. de Saint-Pol, à 22 kil. O. d’Arras ; 624 hab. C’était autrefois une baronnie, qui existait dès le XIIe siècle ; cette baronnie fut érigée en comté en 1733, en marquisat en 1735. || Dans la géographie féodale de la France, on trouve un duché de ce nom, situé dans la province de Champagne, élection de Troyes. || Ville maritime des États-Unis d’Amérique ; dans l’État de la Caroline du Nord, avec un petit port sur l’Atlantique, à 175 kil. S.-E. de Raleigh ; 3,500 hab. Important commerce de térébenthine et de résine. Tombée au pouvoir des confédérés pendant la guerre de la sécession, elle fut reprise par le général Burnside le 21 mars 1862. || Autre ville maritime des États-Unis d’Amérique, dans la Caroline du Sud, sur un petit bras de mer appelé canal de Port-Royal, à 120 kil. S. de Charleston ; 2,200 hab. Port spacieux et profond. Coton, riz, maïs et patates.

BEAUFORT (vallée de), petite vallée de France (Savoie), arrond. d’Albertville, dans le cant. de Beaufort, arrosé par le Doron. Bestiaux et pâturages.

BEAUFORT-DU-JURA, bourg de France (Jura), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 k. S.-O. de Lons-le-Saulnier ; pop. aggl. 806 h. — pop. tOt. 1,255 hab. — Ruines d’un ancien château fort du xIIe siècle. Forges, taillanderies, moulins à blé.

BEAUFORT-EN-VALLÉE, ville de France (Maine-et-Loire), ch.-l. de cant., arrond. et à 16 kil. S.-O. de Baugé, dans une vallée arrosée par la Loire et l’Authion ; pop. aggl. 2,779 hab.— pop. tOt. 5,260 hab. Commerce de fruits secs, grains, toiles, huiles et bestiaux. Ruines d’un vieux château, avec fragments de murs des XIe, XIVe et XVe siècles ; sur la place principale, colonne-fontaine surmontée de la statue de Jeanne de Laval. Cette petite ville, très-avantageusement située dans une belle et fertile contrée, était autrefois le chef-lieu d’un comté qui portait le même nom.

BEAUFORT (comtes DE). La ville et le comté de Beaufort, en Anjou, furent donnés par le roi Philippe VI à la maison Roger, du Limousin, dont un membre fut pape au milieu du XIVe siècle, sous le nom de Clément VI. En 1461, Charles VII en investit René d’Anjou, roi de Sicile. Louis XI les réunit à la couronne en 1480. Charles VIII les assigna comme douaire à la veuve de René d’Anjou, et lorsque celle-ci mourut, en 1498, ils retournèrent de nouveau à la couronne. Ils passèrent, avec l’Anjou et l’Angoumois, à Louise de Savoie, lorsque François Ier constitua le douaire de sa mère. Celle-ci les céda en 1515 à son frère naturel, dont le fils, Claude de Tende, en jouit jusqu’en 1559. Réunis à la couronne, ils furent inféodés sous Henri IV à la maison de Beaumanoir-Lavardin.

BEAUFORT (ducs DE). La petite localité de Beaufort en Champagne, avec la terre de Soligny, fut donnée en fief à Louis d’Évreux, comte d’Étampes, par Charles, dauphin de Viennois, régent du royaume, en 1357. En 1477, Louis XI la donna à Thierry de Lenoncourt, avec d’autres terres confisquées sur Jacques d’Armagnac, duc de Nemours. En 1507, elle fut cédée par Louis XII, avec titre de comté, à Gaston de Foix, qui l’abandonna à sa sœur, Germaine de Foix. Henri IV, en 1597, érigea le comté de Beaufort et la baronnie de Jaucourt en duché-pairie, en faveur de Gabrielle d’Estrées et de son fils. Ce dernier la transmit à son second fils, François de Vendôme, qui mourut sans postérité. Avec lui s’éteignit la pairie de Beaufort. Le domaine fut acquis par la maison de Montmorency, avec le titre de duché, mais sans pairie.

BEAUFORT, nom d’une célèbre famille d’Angleterre. Elle a pour auteur Jean Beaufort, fils naturel de Jean de Gand, troisième fils du roi Édouard III. Jean Beaufort ayant été légitimé fut successivement nommé, par Richard, comte de Somerset, grand amiral (1397) et marquis de Dorset (1398). Il fut privé par Henri IV de ce dernier titre, qui passa à son frère Thomas Beaufort, nommé plus tard duc d’Exeter. Il laissa deux fils, Jean et Edmond Beaufort. Jean Beaufort, deuxième du nom, reçut de Henri V le titre de duc de Somerset, et laissa une fille unique, Marguerite, qui devait être la mère du roi Henri VII ; — Marguerite Beaufort, fille du précédent, née à Bletshoe en 1441, morte en 1509, épousa Edmond comte de Richemond, frère utérin de Henri VI. De ce mariage naquit, en 1458, un fils qui devait être, sous le nom de Henri VII, le chef de la famille des Tudor. Devenue veuve, Marguerite épousa Henri Straffort, puis lord Stanley, comte de Derby, qui mourut en 1504. Trois fois veuve à soixante-trois ans, elle fit solennellement un vœu de chasteté trop tardif pour avoir un bien grand mérite, se signala par sa charité envers les pauvres, tomba dans une dévotion excessive, et elle disait fréquemment que si les princes chrétiens voulaient faire une croisade contre les infidèles, elle était prête à suivre l’armée en qualité de blanchisseuse. On doit à Marguerite Beaufort plusieurs fondations utiles, entre autres, celle des collèges du Christ et de Saint-Jean dans l’université de Cambridge. Walpole lui attribue The Mirror of Gold to the Sinful soul, traduit en anglais sur une traduction française du Spéculum aureum peccatorum (1322). Edmond Beaufort, frère puîné de Jean Beaufort II, duc de Somerset, était lui-même duc et comte de Dorset. Il conçut une haine profonde contre Richard, duc d’York, parce que celui-ci lui fut préféré pour être régent de la France ; mais, grâce à l’appui de la reine Marguerite, il parvint en 1455 à le supplanter. L’incurie qu’il apporta dans ses fonctions de régent lui fit perdre toutes les conquêtes anglaises dans le nord de la France, à l’exception de Guines et de Calais. Accueilli, à son retour en Angleterre (1550), par l’indignation populaire, il conserva néanmoins tout son crédit à la cour jusqu’en 1554. Son ennemi, le duc d’York, obtint son arrestation et le fit enfermer à la tour de Londres, comme coupable de haute trahison par sa conduite en France. Grâce à la reine, Beaufort fut rendu à la liberté, il reçut même le gouvernement de Calais et de Guines ; mais il périt à la bataille de Saint-Albans, où le duc d’York défit l’armée royale en 1455. Il laissait trois fils, Henri, Edmond et Jean. — Henri et Edmond Beaufort se montrèrent les adversaires acharnés de la maison d’York pendant la guerre civile qui déchira l’Angleterre, de 1463 à 1471, et ils furent exécutés par ordre d’Édouard VI d’York. Le troisième, Jean, mourut comme les précédents, sans laisser d’enfants légitimes ; mais Henri laissait un fils naturel, Charles de Somerset, qui reçut, en 1506, le titre de baron de Ragland, et en 1541, celui de comte de Worcester. Henri, cinquième comte de Worcester, descendant du précédent, fut créé marquis en 1642, et le petit-fils de celui-ci fut fait duc de Beaufort en 1682, par le roi Charles II. C’est de lui que descendent les ducs de Beaufort actuels.

BEAUFORT (Henri DE), cardinal anglais, mort en 1447. Frère de Henri IV, roi d’Angleterre, et, par conséquent, étranger à la famille de Beaufort dont nous venons de parler, il fut évêque de Lincoln, puis de Winchester, quatre fois chancelier d’Angleterre, cardinal et légat de Martin V, qui le chargea de prêcher, en Bohême, la guerre contre les Hussites, et employé à plusieurs reprises dans les négociations les plus importantes. Ce prélat, dont Shakspeare a tracé un portrait si ressemblant dans sa tragédie de Henri IV, siégea parmi les juges de Jeanne Darc, couronna, à Notre-Dame de Paris, en 1430, le jeune Henri VI d’Angleterre comme roi de France, et mourut à Winchester, six semaines après avoir fait assassiner son neveu, le duc de Glocester.

BEAUFORT (la duchesse de). V. Estrées(Gabrielle d’).

BEAUFORT (François de Vendôme, duc dk), né à Paris en 1616, mort en 1669. Fils de César de Vendôme, bâtard de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, il entra fort jeune au service, combattit sous le ministère de Richelieu, dans la guerre générale qui éclata contre la maison d’Autriche, assista à la bataille d’Avein, aux sièges de Corbie (1636), de Hesdin et d’Arras (1640), et passa en Angleterre au moment de la découverte de la conspiration de Cinq-Mars. Il ne revint en France qu’après la mort de Richelieu (1642). La reine Anne d’Autriche s’empressa de le recevoir avec la plus grande bienveillance, parce que, à l’époque de la conspiration de Cinq-Mars, Beaufort avait mieux aimé, dit-on, s’expatrier que de faire des aveux compromettants pour cette princesse. La veille de la mort de