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BAUDIN (J.-B.-Alph.-Vict.), médecin et homme politique, né à Nantua (Ain) en 1801, mort en 1851. Il servit en Afrique comme médecin militaire, s’occupa ensuite activement de politique ou plutôt de réformes sociales, et fut nommé représentant du peuple à l’Assemblée législative de 1849, où il siégea à la cime de la montagne. Lors du coup d’État du 2 décembre, il se fit tuer sur une barricade du faubourg Saint-Antoine, enveloppé de son écharpe de représentant. Lorsque ce triste événement arriva, celui qui écrit ces lignes — l’auteur du Grand Dictionnaire — était à vingt pas de la malheureuse victime de nos dissensions politiques. Baudin a publié, entre autres écrits estimés, un travail Sur l’inflammation des intestins.


BAUDINIE s. f. (bô-di-nî — de Baudin, marin français). Bot. Syn. de calothamne.


BAUDIOT (Charles-Nicolas), violoncelliste français, né à Nancy en 1773, mort en 1849. Élève de Janson, il succéda à son maître, en 1802, comme professeur au Conservatoire, et fut, peu de temps après son installation, chargé avec Levasseur de rassembler les éléments d’une méthode de violoncelle, qui fut rédigée par Baillot. Baudiot fut un des professeurs qui gardèrent leur emploi au Conservatoire, lors de la réorganisation de cette institution en 1816 ; il reçut, en outre, le titre de premier violoncelle de la chapelle du roi. En 1822, il demanda et obtint sa retraite avec une pension, légitime récompense de ses services. Depuis lors, il se mit à parcourir la France en donnant des concerts. Les principales qualités du talent de Baudiot consistaient dans la pureté du son, la justesse d’attaque et la netteté des traits ; mais on pouvait lui reprocher la froideur et surtout la monotonie de son exécution. Baudiot a laissé un assez grand nombre de compositions pour violoncelle, une Méthode complète de cet instrument, et une Instruction pour les compositeurs.


BAUDIR v. a. ou tr. (bô-dir — de l’ancien fr. baud, hardi). Fauconn. et véner. Encourager de la voix : Baudir le faucon. Baudir les chiens.

Se baudir, v. pr. Se réjouir, se donner du plaisir.


BAUDIS ou BAUDISSEN (Wolf-Heinrich DE), général danois qui a joué un rôle important dans la guerre de Trente ans, combattit Wallenstein, commanda la cavalerie de Gustave-Adolphe, prit part aux actions les plus importantes, servit plus tard la Saxe contre les Suédois, et mourut en 1650.


BAUDISSÉRITE s. f. (bô-di-sé-ri-te). Minér. Syn. de baldissérite.


BAUDISSIN (Wolf-Henri-Frédéric-Charles, comte DE), littérateur allemand, né en 1780 à Rantzau, Fils d’un ambassadeur danois à la cour de Berlin, il reçut une solide éducation, qu’il compléta dans les principales universités de l’Allemagne, entra en 1810 dans la diplomatie danoise, fut quelque temps secrétaire de légation à Vienne et à Paris, puis se retira dans la vie privée, et vint habiter Dresde en 1827, après avoir parcouru l’Italie, la France et la Grèce. M. Baudissin a traduit en allemand, avec son ami le poëte Tieck, les œuvres dramatiques de Shakspeare. Il a, en outre, exhumé et traduit en allemand moderne d’anciennes épopées germaniques, ainsi que de vieux drames anglais. Cet écrivain a publié, de son chef, une étude en deux volumes sur Ben Johnson et son école, avec des commentaires et un aperçu historique de la scène anglaise (Leipzig, 1836).


BAUDISSIN (Othon-Frédérie-Magnus DE), frère du précédent, né à Rantzau en 1792, embrassa la carrière militaire. Lorsque éclata, en 1848, entre le Danemark et les duchés du Sleswig et du Holstein, une guerre qui dura jusqu’en 1851, M. Baudissin prit le commandement d’une brigade de l’armée des duchés ; soutint avec son corps, au combat de Bau, tout l’effort de l’armée ennemie, afin de faciliter la retraite des Sleswig-Holsteinois ; ne se montra pas moins intrépide à la bataille de Kolding (1849), où il fut dangereusement blessé, et refusa de prendre le commandement en chef de l’armée lorsque Willisen donna sa démission, pensant que la nomination d’un général étranger était préférable dans l’intérêt des duchés. Après la dissolution de l’armée, M. Baudissin quitta le pays, où il s’était acquis une grande popularité, et vécut dans la retraite.


BAUDIT (Amédée), peintre suisse contemporain, né à Genève en 1829, élève de M. Diday, de Genève, a débuté en exposant au Salon de 1852 une Vue du Mont-Blanc, prise du Jura, au soleil couchant, tableau dans lequel il s’est montré fidèle à la manière correcte, châtiée, mais un peu trop minutieuse des paysagistes suisses. Il a adopté depuis un style plus large, plus hardi, et a envoyé aux diverses expositions qui ont eu lieu de 1853 à 1866, des tableaux d’une facture élégante et d’un sentiment très-poétique. Ce sont, pour la plupart, des vues prises en Auvergne, en Bretagne, dans les Pyrénées, aux environs de Paris. Son tableau intitulé le Viatique en Bretagne, a été très-remarqué au Salon de 1859, et lui a valu une médaille de 3e classe. Un rappel de la même médaille lui a été décerné en 1861, pour un Débarquement de fourrages sur les bords du Rhin. En général, les paysages de M. Baudit sont d’un caractère austère, mélancolique : l’âme du poète s’y fait sentir autant que le talent du peintre.


BAUDIUS ou BAUDIER (Dominique), poëte et littérateur, né à Lille en 1564, mort en 1613. Issu d’une famille protestante, forcé par les rigueurs du duc d’Albe de se réfugier à Aix-la-Chapelle, il acheva ses études à Genève, où il reçut les leçons de Bèze, prit le grade de docteur en droit en 1585, fit partie, la même année, de l’ambassade envoyée à la reine Élisabeth par les états généraux, et, après avoir été quelque temps avocat à La Haye, il partit pour Paris, où il resta dix ans. Il s’y lia avec les hommes les plus éminents du temps, Sully, Mornay, de Thou, du Harlay, et, grâce à l’amitié de ce dernier, il devint avocat au parlement de Paris. Étant allé se fixer à Leyde vers 1602, il y fut nommé successivement professeur d’éloquence et d’histoire, et historiographe des états généraux, conjointement avec Meursius. Doué d’une brillante imagination, possédant une érudition prodigieuse, à la fois éloquent et passionné, Baudius gâta ses belles qualités par les désordres de sa vie privée, par son amour désordonné du vin et des femmes, et mourut dans la misère. Ses ouvrages en prose et ses poésies, également en latin, ne sont pas seulement remarquables par la pureté du style ; ils sont traversés par un souffle puissant de liberté, par une chaleur communicative ; ses poésies qui, ainsi que ses lettres, sont naturelles, élégantes, pleines de sentiments élevés, portent en même temps l’empreinte d’une misanthropie un peu sauvage ; qui fait songer à J.-J. Rousseau. Ses principales œuvres sont : De induciis belli Belgici ; Epistolœ ; Amores.


BAUDOBRIGA, BONTOBRICE ou BODOBRIA, ville de l’ancienne Germanie, aujourd’hui Boppart sur le Rhin, au S. de Confluentes (Coblentz).


BAUDOCHE (LES), ancienne famille qui a fourni quatorze maîtres échevins à la ville de Metz, à l’époque où elle formait une république indépendante. Le premier Baudoche qui arriva à cette fonction, la plus élevée de la cité, est Nicole, élu en 1315 ; plusieurs Baudoche furent réélus, par exemple Robert, qui conserva ses fonctions deux années de suite (1449-1450), dérogation fort rare à l’habitude. Un autre, Claude Baudoche, fit construire à ses frais, vers 1526, l’église Sainte-Barbe-lès-Metz, dont il ne reste que le chœur et de magnifiques vitraux, sur l’un desquels on voit le portrait du fondateur. François Baudoche, qui fut maître échevin en 1544, était un diplomate habile, et fut sénéchal de Lorraine vers 1573. Un autre, François Baudoche, était, vers le même temps, abbé de Saint-Symphorien de Metz, et passait pour un des hommes les plus érudits de son temps. C’est surtout dans les armes que les Baudoche se distinguèrent. Ils prirent part à un grand nombre des expéditions militaires du moyen âge, commandèrent l’armée messine, firent des sièges, et guerroyèrent, pendant environ trois siècles, non-seulement en France et en Allemagne, mais jusqu’en Palestine. Lorsque la France s’empara de Metz, la famille des Baudoche fut écartée des affaires, et depuis lors, elle s’est entièrement éteinte.


BAUDOIN ou BAUDUIN de Condé, poëte français, né dans cette ville, mort vers 1260. Doué d’une imagination riche et facile, il quitta les Flandres pour venir à Paris, où il tint un rang distingué parmi les poëtes les plus estimés du règne de saint Louis, notamment Jehan de Condé, son compatriote, et le célèbre Rutebœuf. On a de lui des Fabliaux, des Dits et Contes moralisés, qui se trouvent en manuscrit à la Bibliothèque impériale, sous les numéros 173, olim 256, fonds de Belgique ; 2, 736, fonds La Vallière ; 7, 218 et 7, 632, ancien fonds. On cite surtout son dit moralisé, intitulé les Trois morts et les Trois vivants, dont Van Praet a indiqué le sujet en ces quelques mots : « Trois jeunes seigneurs, riches et puissants, reçoivent de trois corps morts rongés de vers, dont ils font rencontre, des leçons terribles sur la vanité des grandeurs humaines. » Cette pièce eut, de son temps, une vogue extraordinaire.


BAUDOT DE JUILLY (Nicolas), historien, né à Paris en 1678, mort en 1750. Il est auteur d’ouvrages historiques, dont les plus estimables sont : Histoire de la Conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie (1701) ; Histoire de Philippe-Auguste (1702) ; Histoire de Charles VI (1753, 9 vol.), de Louis XI (1756, 6 vol.) ; ces deux derniers sous le nom de Mlle de Lussan, etc.


BAUDOT (Marc-Antoine), conventionnel montagnard, était médecin à Charolles au moment de la Révolution, et fut nommé député suppléant à l’Assemblée législative par le département de Saône-et-Loire, puis député à la Convention. Il prit place sur les bancs de la montagne, vota la mort du roi et son exécution dans les vingt-quatre heures, et montra autant de capacité que d’énergie dans les missions dont il fut chargé à Montauban, à Toulouse, dans les Pyrénées-Orientales, où il fit exécuter la loi contre les émigrés, les prêtres rebelles et les fédéralistes. Ce fut lui qui fit décréter que les cloches seraient converties en canons. Envoyé à l’armée de Rhin-et-Moselle, avec Élie Lacoste, il donna aux soldats l’exemple du courage et de la sobriété, contint les royalistes et les traîtres dans Strasbourg et dans Metz, et déploya la plus grande intrépidité au combat de Kaiserslautern (10 frim. an II). Compagnon de Saint-Just aux lignes de Wissembourg, il contribua à agrandir la France jusqu’au Rhin, devina le génie de Hoche, et se porta comme son défenseur contre Saint-Just. De retour à la Convention, il fut nommé secrétaire, puis envoyé de nouveau en mission, après le 9 thermidor, à l’armée des Pyrénées-Orientales. Persécuté par la réaction thermidorienne, il fut enfin décrété d’arrestation, sous l’accusation banale de terrorisme. Il eut le bonheur d’échapper, et demeura caché jusqu’à l’amnistie de brumaire an IV. Employé au département de la guerre pendant le ministère de Bernadotte, il reprit ensuite l’exercice de sa profession, et ne sortit de sa retraite qu’un instant, pendant les Cent-Jours, pour remplir une mission en Bretagne. En 1816, il fut exilé, avec tous les conventionnels régicides. Baudot a laissé des Mémoires, qu’il a confiés en mourant à M. Edgar Quinet. L’illustre publiciste s’en est beaucoup servi pour son ouvrage la Révolution, et il en annonce la publication comme prochaine.


BAUDOT (Pierre-Louis), archéologue français, né en 1760 à Dijon, mort en 1816. Il succéda d’abord à son père dans la charge de substitut du procureur général au parlement de Bourgogne. Il vint ensuite à Paris, pour s’y perfectionner dans la science du droit ; mais son goût l’entraîna surtout vers l’étude de la numismatique. Lorsque la Révolution eut dispersé ses meilleurs amis, il se retira dans ses propriétés, à Pagny, et ne s’occupa plus que d’archéologie. Plusieurs dissertations, qu’il publia dans le Magasin encyclopédique, suscitèrent une discussion très-vive entre lui et Girault, son confrère, à l’académie de Dijon. Il a publié, en outre, de nombreux mémoires dans le même Magasin encyclopédique et quelques opuscules, la plupart relatifs à sa science favorite.


BAUDOUIN ou BALDUIN, nom de neuf comtes de Flandre, qui sont : Baudouin Ier, surnommé Bras de fer, mort en 879. Il épousa Judith, fille de Charles le Chauve, qui, à l’occasion de ce mariage, érigea la Flandre en comté, et en donna l’investiture à son gendre. — Baudouin II, le Chauve, fils et successeur du précédent, fit assassiner Foulque, archevêque de Reims, et mourut en 918. Il fit souvent la guerre à son suzerain, le roi de France. — Baudouin III, dit le Jeune, petit-fils du précédent, mourut en 962 de la petite vérole. — Baudouin IV, le Barbu, fils d’Arnold II, mort à Gand en 1030, enleva plusieurs places de la basse Lorraine, et institua les foires de Flandre. Il se fit céder par Henri II, roi de Germanie, et à titre de fief, la ville de Valenciennes, le château de Gand, et toute la Zélande en deçà de l’Escaut ; cession d’où devaient naître entre la Flandre et la Hollande d’interminables discussions. Il fut chassé de ses États par son fils ; mais Robert, duc de Normandie, le rétablit les armes à la main. — Baudouin V, dit le Débonnaire ou de Lille à cause des nombreux travaux qu’il fit exécuter dans cette ville, était fils du précédent et mourut en 1007. Il eut de sanglants démêlés avec l’empereur Henri III, gendre du roi Robert, dont il épousa la fille Adélaïde, appelée la Comtesse reine. Il devint, en 1060, régent de France pendant la minorité de Philippe Ier. Sa fille Mathilde épousa Guillaume le Conquérant, dont il seconda l’expédition en Angleterre en 1066. C’est lui qui fit creuser, entre la Flandre et l’Artois, le canal connu sous le nom de fossé neuf.Baudouin VI, dit de Mons ou le Bon, fils du précédent, mort en 1070, porta en Hainaut le nom de Baudouin Ier, eut d’excellents règlements de police, et prit dans ses chartes le titre de Comte palatin.Baudouin VII, à la Hache, ainsi surnommé à cause de son extrême rigueur dans l’application de la justice, fut l’allié fidèle de Louis le Gros contre Henri Ier d’Angleterre, et périt frappé d’un coup de lance au siège d’Eu en 1119. — Baudouin VIII, dit le Courageux, et appelé Baudouin V en Hainaut, devint comte de Flandre en 1191, à la mort de Philippe d’Alsace, dont il était beau-frère. Il reconnut Philippe-Auguste pour suzerain, lui rendit hommage à Arras en 1192, et mourut en 1195. — Baudouin IX. V. Baudouin Ier, empereur latin de Constantinople.


BAUDOUIN ou BALDUIN, nom de cinq rois de Jérusalem, appartenant à la famille des comtes de Flandre. Le premier, qui descendait du comte Baudouin V, est : Baudouin Ier, roi de Jérusalem, mort en 1118. Fils d’Eustache, comte de Boulogne, il accompagna, en 1095, son frère Godefroy de Bouillon, beaucoup moins pour contribuer à la délivrance du tombeau du Christ, que dans l’espoir de conquérir quelque principauté. Envoyé en Cilicie avec Tancrède, prince de Tarente, pour soumettre le pays, il eut avec ce dernier de violents démêlés au sujet des villes de Tarse et de Malmista, qui étaient tombées en leur pouvoir ; il fit enlever la bannière de Tancrède pour y planter la sienne, et les deux chefs, oubliant quels ennemis ils étaient venus combattre, en vinrent aux mains avec leurs troupes. Bientôt après, appelé par le prince d’Édesse, il franchit le Taurus, passa l’Euphrate, entra dans cette ville, dont il chassa la garnison mahométane, et trempa, dit-on, dans une sédition, où le prince d’Édesse, qui l’avait adopté, perdit la vie. Devenu comte d’Édesse « par la grâce de son épée (1097) », il resta dans cette ville, s’occupant de consolider son pouvoir, et fort indifférent aux travaux des croisés, qui assiégeaient et prenaient Jérusalem. Mais à la mort de son frère Godefroy, il céda sa principauté à son cousin Baudouin de Bourg, et s’empressa de se rendre à Jérusalem pour y recueillir l’héritage du chef de la croisade. Moins scrupuleux que ce dernier, Baudouin n’hésita pas à prendre le titre de roi de Jérusalem, recueillit les débris de l’armée croisée conduite au secours des chrétiens de Palestine par Hugues le Grand et Guillaume d’Aquitaine en 1101, et les conduisit au combat de Rama (27 mai 1102), où ils furent presque tous massacrés. Assiégé dans Jaffa, le roi de Jérusalem se dégagea et battit ses ennemis dans une vigoureuse sortie ; puis, profitant de sa victoire, il s’empara de Saint-Jean-d’Acre en 1104, de Beyrouth en 1109, et de Sidon en 1110. Après avoir vaincu les Sarrasins en plusieurs rencontres et agrandi son royaume, ce prince mourut de la dyssenterie à Lavis, dans le désert, en revenant d’Égypte. Son corps fut envoyé à Jérusalem, pour y être enterré près de celui de Godefroy de Bouillon, pendant que ses entrailles étaient déposées en un lieu, connu depuis lors sous le nom de Hégiarat-Barduil, c’est-à-dire le sépulcre ou la pierre de Baudouin ; — Baudouin II, cousin du précédent, lui succéda en 1118 sur le trône de Jérusalem, comme il lui avait succédé, dix-huit ans auparavant, dans sa principauté d’Édesse. Il s’était acquis, parmi ses compagnons d’armes, une grande réputation par son courage, ses talents militaires, sa prudence, son désintéressement, sa piété ; et nuL pLus que lui n’était digne de prendre le pouvoir en main. Un dE ses premiers actes fut d’aller délivrer Antioche, menacée par les musulmans. Après les avoir battus en plusieurs rencontres, il revint à Jérusalem, où il apprit que le comte d’Édesse, Josselin de Courtenay, venait de tomber au pouvoir des Sarrasins. Il partit aussitôt pour le délivrer ; mais il tomba dans une embuscade, et fut fait prisonnier par Balak, en 1124. La régence du royaume fut alors déférée par les principaux croisés à Eustache Garnier, seigneur de Césarée et de Sidon, qui eut à la fois à combattre les Turcs de la Syrie et les Sarrasins d’Égypte, et qui, cependant, grâce à des secours amenés par les Vénitiens, put s’emparer de Tyr après un siège de cinq mois. Bientôt après, Josselin de Courtenay ayant pu s’échapper du château de Khortobert, où il était prisonnier, rassembla une armée, fondit sur les musulmans, et délivra Baudouin (1125), qui revint à Jérusalem pour guerroyer de nouveau. Après un règne de douze ans, pendant lequel les ordres militaires de Saint-Jean et du Temple avaient été approuvés par le pape, Baudouin mourut en 1131, laissant son royaume très-agrandi à son gendre Foulques d’Anjou ; — Baudouin III, petit-fils du précédent par sa mère Mélisande, succéda, en 1142, à son père Foulques d’Anjou, et mourut en 1162. Zenghi, sultan d’Alep, s’étant emparé de la principauté d’Édesse, les chrétiens d’Orient jetèrent un cri d’alarme, qui fut entendu en Occident. Une nouvelle croisade, ayant à sa tête Conrad, empereur d’Allemagne, et Louis VIII, roi de France, fut organisée ; les deux souverains arrivèrent en Palestine en 1148 ; Baudouin alla les rejoindre, et leurs armées réunies firent le siège de Damas. (V. Damas [Siège de.]) Mais les princes croisés, n’ayant pu réussir à s’emparer de cette ville, revinrent en Europe, laissant Baudouin aux prises avec les ennemis les plus redoutables. Le roi de Jérusalem ne se découragea pas. Il accepta la lutte que lui offrait Nour-Eddyn, fit relever et fortifier Gaza (1149), s’empara d’Ascalon (1153) pour son propre compte, et de Césarée (1159) pour celui de Renaud, prince d’Antioche. Baudouin mourut, âgé seulement de trente-trois ans, empoisonné, dit-on, et sans laisser de postérité. Il eut pour successeur Amaury ; — Baudouin IV, né en 1160, mort en 1185, succéda, en 1173, à son frère Amaury sur le trône de Jérusalem. Mis, à cause de son jeune âge, sous la tutelle de Milon de Planci, puis du comte de Tripoli, il était, de plus, accablé d’infirmités qui devaient le rendre à jamais incapable de gouverner par lui-même. Baudouin vit son règne troublé par les attaques continuelles des musulmans d’Égypte et d’Asie, en même temps que par les prétentions des nobles et du clergé. Saladin, à la tête d’une puissante armée, envahit la Palestine, battit les croisés près de Sidon (1178), et les défit de nouveau l’année suivante ; mais en 1182, Baudouin, devenu majeur, marcha contre le sultan, le battit près d’Ascalon et le força à se retirer en Égypte. Cette victoire, toutefois, ne put amener Saladin à demander la paix, et bientôt on le vit recommencer les hostilités. Baudouin, devenu aveugle, rongé par la lèpre, laissa le commandement de son armée à Guy de Lusignan, qu’il avait fait marier avec sa sœur Sibylle et nommé régent du royaume. Mais celui-ci, dépourvu de talents militaires, ne sut pas profiter d’une circonstance favorable qui s’offrait pour écraser l’ennemi, et dut résigner le commandement devant les murmures de l’armée. Saladin, ayant consenti à accorder une trêve, Baudouin envoya, en 1184, le patriarche de Jérusalem en Occident, pour implorer le secours des chrétiens et prêcher’une nouvelle croisade. Mais il mourut