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Barry, qui se mêlait moins doctoralement que Mme de Pompadour des affaires de l’État, mais, enfin, qui s’en mêlait à sa manière. Il est certain, d’ailleurs, que le conseil se réunissait souvent chez elle. C’est grâce à son crédit que l’abbé Terray entra au ministère, ainsi que d’Aiguillon, qui peut-être était son amant.

Sa puissance était, dès lors, incontestée, et ses ennemis n’osaient plus la combattre que par des bons mots et des chansons. La plus grande partie de la cour, les plus grands seigneurs, les plus nobles dames, étaient à ses pieds, littéralement. On n’imagine pas à quel degré de courtisanerie byzantine, de lâcheté, de servilité honteuse, descendit cette arrogante noblesse envers une créature qu’elle avait d’abord accablée de ses mépris. Un De Tresme s’intitulait le sapajou de Mme la comtesse et mettait sa gloire à provoquer, par de viles singeries, la gaieté triviale et insultante de la courtisane. Des hommes d’État, comme Maupeou, des magistrats, des princes et des princesses courtisaient jusqu’à ses animaux familiers et s’attachaient à capter les bonnes grâces de sa perruche, de son singe et de son hideux négrillon, le fameux Zamore, créature grotesque qu’elle habillait de soie, d’or et de pierreries, et que Louis XV, dans un moment de belle humeur, nomma, par brevet, gouverneur du pavillon de Luciennes, avec 1,200 livres de traitement. On raconte même qu’un jour, sortant à peu près nue de son lit, elle se fit, en riant, chausser ses pantoufles par le nonce du pape et le grand aumônier, le cardinal de la Roche-Aymon. Il semble que cette fille du ruisseau se complût avec volupté à rendre à tous ces puissants les humiliations qu’elle en avait reçues.

Cependant, au milieu de cet avilissement du monde officiel, un simple prêtre, l’abbé de Beauvais, prêchant devant la cour le sermon du jeudi saint de 1773, osa se faire l’écho de l’opinion publique, et prononcer devant les courtisans stupéfiés les paroles suivantes : « Salomon, rassasié de voluptés, las d’avoir épuisé, pour réveiller ses sens flétris, tous les genres de plaisir qui entourent le trône, finit par en chercher d’une espèce nouvelle dans les vils restes de la corruption publique. »

Néanmoins, il est certain qu’il fut un moment question de placer ces vils restes sur le trône de France. On songea, du moins, à un mariage morganatique. Cette solution était vivement appuyée par le parti dévot, qui plaçait son espoir en Mme Du Barry. On rappelait l’exemple de Mme de Maintenon, et le cardinal de Bernis fut chargé de faire pressentir, à Rome, s’il serait possible de faire annuler le mariage de la comtesse. On assure qu’une des raisons canoniques alléguées dans le mémoire était les faiblesses que cette dame avait eues pour le comte Jean, frère de l’époux, ce qui faisait de ce mariage une espèce d’inceste.

Pendant ces négociations burlesques, toute la France répétait des vers et des couplets dans le genre de ce quatrain :

France, quel est donc ton destin,
      D’être soumise à la femelle ?
      Ton salut vint d’une pucelle ;
      Tu périras par la catin.

Au reste, malgré les sommes considérables journellement dépensées pour acheter le silence des pamphlétaires ou soudoyer des thuriféraires, les libelles en vers ou en prose et les couplets satiriques circulaient librement de toutes parts, protégés par l’avidité du public et probablement aussi par les rancunes du parti Choiseul.

Mais pendant que la favorite se berçait dans les rêves dorés d’une alliance royale, un événement vint briser l’édifice de son étonnante fortune. Louis XV fut frappé par ses propres vices ; une jeune fille à peine nubile, qu’on avait livrée à sa dégoûtante lubricité, portait en elle les germes de la petite vérole et les lui communiqua (Bachaumont). Le 29 avril 1774, la maladie se déclara chez lui, compliquée d’un mal honteux qui couvait dans son sang vicié. Le 10 mai, l’immonde vieillard était mort. Pendant qu’on emportait au grand trot, à Saint-Denis, son cadavre putréfié, qui empestait l’air, la France entière éclatait en transports de joie, et le peuple enthousiasmé battait des mains au passage rapide de cette pourriture, qui avait été un des puissants rois de la terre, un demi-dieu.

Le lendemain de cette mort, si ardemment désirée par la nation, le nouveau roi de France envoya à Mme Du Barry une lettre de cachet pour lui ordonner de se retirer à l’abbaye de Pont-aux-Dames. Au moment du départ, la comtesse écrivit une humble supplique à Marie-Antoinette, qui, dès son arrivée en France, avait grossi sa cour avec une servilité calculée, mais dont elle s’était ensuite fait une ennemie en la surnommant la petite rousse et en contribuant au renvoi de Choiseul.

Cette pauvre comtesse s’ennuyait fort dans ce triste couvent, situé au fond d’une forêt de la Brie, bien qu’elle eût emmené ses femmes pour la parer et qu’elle eût fait venir son architecte Ledoux, pour lui bâtir un petit Luciennes. De tant de millions puisés au Trésor, il ne lui restait que des dettes énormes ; mais elle avait toujours ses pensions (Louis XVI lui conserva 150,000 livres par an), ses propriétés et ses immenses richesses en diamants, joyaux, meubles, objets précieux, etc. Après avoir végété un an dans son abbaye, elle obtint d’aller séjourner dans son domaine de Saint-Vrain, près de Chartres, et enfin, au commencement de 1776, sur ses suppliques pressantes, le ministre Maurepas lui permit de revenir habiter son pavillon somptueux de Luciennes. Elle vécut tranquille et heureuse dans cette royale demeure, jusqu’à l’époque de la Révolution, livrée, comme toujours, à de folles dépenses, donnant des représentations théâtrales, recevant grande et nombreuse compagnie, et occupée d’intrigues amoureuses avec lord Seymour, auquel succéda le duc de Brissac, le dernier de la bande, massacré à Versailles en septembre 1792.

Les richesses accumulées à Luciennes avaient fait de cette résidence le point de mire, l’eldorado des voleurs ; aussi, de nombreuses soustractions y furent-elles commises, par suite de la négligence ou peut-être de la complicité des domestiques. Nous mentionnons ces petits faits, parce qu’ils ont eu un résultat décisif sur la destinée de Mme Du Barry. En 1776, un chevalier de Saint-Louis et deux autres acolytes d’une suprême distinction se présentent au château, se font introduire auprès de la comtesse, lui mettent galamment le pistolet sur la gorge, et, simplement, sans esclandre, se retirent lestement après avoir fait une ample moisson de diamants et de bijoux.

En janvier 1791, d’autres gentilshommes d’industrie, dans une expédition nocturne, vinrent également puiser à cette mine, aussi riche que le puits merveilleux des contes orientaux. Cette fois, le vol fut beaucoup plus considérable ; Mme Du Barry fit afficher dans Paris un état détaillé des objets, en promettant 50,000 fr. de récompense à qui les ferait retrouver. Cette énumération fait flamboyer aux yeux des cascades de diamants, d’émeraudes, de saphirs, de perles, de camées, de bracelets, de joyaux de toute nature, à donner des éblouissements. Il suffira de dire que les diamants, perles et pierreries s’y comptent par milliers. La municipalité de Luciennes fit quelques recherches, mais ne découvrit rien ; il y a toute probabilité que ce fut là un vol domestique ; les circonstances ne laissent que peu de doutes à cet égard.

On crut alors, assez généralement, que ce vol était une fiction, un bruit habilement répandu par Mme Du Barry pour arranger plus facilement ses affaires et faire passer secrètement ses bijoux à l’étranger, en même temps que pour acquérir une sorte de titre à l’indulgence du public et de l’Assemblée, dans un moment où elle savait qu’on se disposait à réduire le chiffre de ses pensions. Et, chose curieuse, après avoir échangé, en 1784, 50,000 livres de rente contre une somme de 1,250,000 livres délivrée par le Trésor, elle continua de toucher les 100,000 livres de rente qui lui restaient des 150,000 que lui avait laissées trop généreusement Louis XVI, et elle les toucha jusqu’en 1793.

Quoi qu’il en soit, le vol de ses bijoux peut bien avoir été réel, bien que probablement exagéré ; le fait est positivement attesté dans le testament que le duc de Brissac, son amant, fit en sa faveur. Sur le bruit que ses voleurs avaient été arrêtés en Angleterre, Mme Du Barry partit pour Londres, où une partie de ses pierreries était entre les mains de la justice ; et, comme la procédure devait durer un certain temps, elle revint à Paris, mais retourna deux fois encore en Angleterre pour suivre cette affaire. La malheureuse femme eût bien voulu sauver ce qui lui restait en France ; car, outre ses propriétés, le trésor de Luciennes n’était pas épuisé, et il fallait pour cela qu’elle ne se mît pas dans le cas d’être inscrite sur la liste des émigrés : de là son dernier retour, en pleine République, au moment où l’on posait provisoirement les scellés à Luciennes. Toutes ses allées et venues avaient paru suspectes, et, le 27 septembre 1793, elle fut arrêtée dans son château. Chose digne de remarque, ni la Convention ni les comités ne s’occupèrent de cette affaire, et le dédain méprisant que ces grands corps professaient pour la ci-devant courtisane du tyran l’eût sauvée peut-être, si elle n’eût été poussée à sa perte par des inimitiés et des convoitises particulières. C’est, en effet, sur les instances réitérées de la municipalité et de la société populaire de Luciennes, que le comité de sûreté générale, finit par autoriser l’arrestation. Or, les principaux membres de ces autorités locales étaient des domestiques de la comtesse (notamment Zamore), qui tous connaissaient les endroits du château où elle avait caché le reste de ses trésors. Sans compter tout ce qui a pu être enlevé par ces patriotes de la livrée, les procès-verbaux mentionnent encore d’interminables listes de joyaux, de pierreries et d’objets précieux. Et ce n’était pas encore le fond de cette mine de Golconde. On conviendra, d’ailleurs, que cela était de bonne prise, et qu’en s’emparant de ces débris, la nation ne faisait que rentrer dans une très-faible partie de son bien.

Une fois arrêtée, Mme Du Barry était perdue, et son jugement ne pouvait être que le procès de l’ancien régime, de ses scandales, de ses monstrueuses dilapidations. Mais c’était surtout de complot contre la République qu’elle était accusée. Suivant l’acte d’accusation, le vol dont elle s’était plainte n’était qu’une feinte pour faire passer ses pierreries aux princes et aux émigrés, dont elle secondait les intrigues contre la France. Cette donnée a été acceptée par les auteurs de certains panégyriques, qui n’ont pas manqué de faire un honneur à Mme Du Barry des faits dont la République lui faisait un crime. En réalité, comme nous l’avons dit, le vol des joyaux semble constant ; et s’il est certain que la comtesse ait porté à Londres le deuil du tyran, visité Pitt et entretenu des relations suivies avec les royalistes de l’intérieur et de l’émigration, il n’existe aucun témoignage authentique qui prouve qu’elle leur ait fait part de ses richesses. La pauvre femme songeait bien plutôt à les mettre en sûreté pour elle-même, et c’est précisément cette préoccupation qui causa sa perte. Elle parut devant le tribunal révolutionnaire le 17 frimaire an II. Elle montra une extrême faiblesse, et s’évanouit en entendant la lecture du jugement qui la condamnait à mort. Ses anciens serviteurs, Zamore en tête, avaient unanimement déposé contre elle. Les biographes-romanciers qui ont écrit qu’alors elle était encore d’une beauté imposante ont pris cela dans leur imagination. D’abord, elle avait cinquante ans bien accomplis, ses cheveux étaient gris et elle était chargée d’un embonpoint disgracieux, toutes choses qui ne s’accordent guère avec la beauté. Puis, sa dégradation morale, son affaissement, sa lâcheté inspiraient le dégoût bien plus que la colère, et n’étaient pas de nature à rappeler le prestige qu’elle avait exercé. Pour gagner du temps, elle fit des révélations, c’est-à-dire qu’elle dénonça au hasard une infinité de personnes, dont plusieurs furent condamnées à mort. Ensuite elle révéla, une à une, toutes les cachettes où elle avait enfoui le reste de ses bijoux et de ses richesses, car il y en avait toujours, et peut-être même n’a-t-on pas trouvé tout. Cela lui fit gagner une nuit d’existence, et fut cause de la mort du seul domestique qui lui fût resté fidèle. C’était un malheureux nommé Morin.

Le lendemain 18, l’ancienne maîtresse de Louis XV fut conduite au supplice, dans la même charrette que les banquiers Vandenyver, et un député mis hors la loi, Noël des Vosges. Accroupie sur elle-même, folle de terreur, le visage hideusement contracté, elle poussa des hurlements affreux depuis la Conciergerie jusqu’à la place de la Révolution. Portée sur l’échafaud, elle demandait grâce à la foule, aux valets, à Sanson. « Encore un moment, monsieur le bourreau ! » criait-elle au milieu des sanglots. Elle était obèse, avachie, et le couteau refusait de mordre sur ces chairs pantelantes qui avaient reçu les baisers impurs et infects du roi bien-aimé. Telle fut la fin de cette malheureuse, la seule des femmes immolées par la Révolution qui ait montré une telle lâcheté.

Les Lettres, Anecdotes, Mémoires et autres recueils, publiés sous le nom de Mme Du Barry, sont apocryphes. Les Nouvelles à la main, publiées en 1861 par Em. Cantrel, ne sont également qu’une spéculation de librairie, plus grossièrement besognée encore que les pastiches de Mairobert, de Mme Guénard, de P. Lacroix, de Lamothe-Langon, etc.


BARRY (Jacques), peintre irlandais, né à Cork en 1741, mort en 1806. Fils d’un maçon, dès l’âge de douze ou quinze ans, si l’on en croit ses biographes, il faisait déjà des dessins pour les éditeurs, puis il apprit à peindre à l’huile. Un de ses tableaux, exposé à Dublin et représentant la Légende de saint Patrick, lui valut la protection du savant Burk, qui le conduisit d’abord à Londres, où il le présenta à Reynolds, et lui fournit ensuite les moyens d’aller étudier en Italie. Après un séjour de cinq années à Rome, où il se passionna pour les chefs-d’œuvre de la statuaire antique, Barry revint à Londres en 1770, exposa quelques tableaux d’un style classique, Vénus sortant de la mer, Jupiter et Junon, Adam et Eve, la Mort du général Wolf, l’Éducation d’Achille, etc., et fit pour l’église Saint-Paul l’esquisse d’une grande composition décorative, représentant le Christ insulté par les Juifs. Ce projet n’ayant pas été accueilli, Barry, irrité, publia une Dissertation sur les causes réelles et imaginaires qui s’opposent au progrès des arts en Angleterre (1775), sorte de pamphlet, dont la première partie est une réfutation de Winckelmann et des autres écrivains qui dénient le génie artistique aux peuples du Nord, et dont la seconde partie est une glorification exclusive de la grande peinture historique et allégorique. Les épigrammes qu’il décocha dans ce livre contre ses confrères, les autres peintres anglais, lui attirèrent les plus vives inimitiés. Il vit même ses anciens protecteurs s’éloigner de lui, et il se trouva bientôt dans le plus grand dénûment. Il obtint enfin de la Société des arts l’autorisation d’exécuter, à ses frais, dans la grande salle des Adelphi, une série de peintures historiques représentant les Progrès de l’humanité. Il divisa ce grand ouvrage en six tableaux, dont chacun a plus de 13 m de longueur. Le 1er représente Orphée inaugurant la civilisation en Grèce ; le 2e, la Glorification de l’agriculture ; le 3e, le Couronnement des vainqueurs aux jeux Olympiques ; le 4e, le Triomphe de la Tamise ; le 5e, une Assemblée des membres de la Société des arts, distribuant leurs prix annuels ; le 6e, une Vue de l’Élysée où les grands hommes de l’antiquité et des temps modernes jouissent de la béatitude éternelle. Barry consacra six années (1777-1783) à ce travail colossal, passant la nuit à dessiner et à graver pour gagner sa vie. L’exhibition publique de ces six tableaux et les gravures qu’il en fit (1792) lui rapportèrent à peine 700 liv. sterl. ! Quant au mérite de l’œuvre, il fut très-diversement apprécié par les amateurs : les uns ne craignirent pas de dire que Barry s’était élevé à la hauteur des plus grands maîtres de l’Italie ; les autres critiquèrent vivement l’obscurité de ce cycle symbolique où s’entremêlent des divinités païennes, des figures allégoriques et des gentlemen costumés à la mode du temps. Nommé professeur à l’Académie en 1782, Barry prononça, selon l’usage, des discours qui excitèrent une vive curiosité ; mais, par l’amertume de ses critiques, il s’aliéna peu à peu tous ses confrères et il finit par être expulsé de la compagnie, en 1797, à l’occasion d’un pamphlet des plus violents, intitulé Lettre à la Société des dilettanti. Après sa sortie de l’Académie, il entreprit une suite de compositions analogues à celles des Adelphi et représentant les Progrès de la théologie ; il n’en exécuta que le premier tableau, la Naissance de Pandore, qui appartient aujourd’hui à l’Institution royale de Manchester, et qui a figuré très-modestement à l’exposition de cette ville, en 1857. D’un caractère bizarre, insociable, d’un orgueil ridicule, voyant partout des ennemis qui conspiraient contre lui, il se brouilla avec Edmond Burk, son bienfaiteur, avec Reynolds, qu’il disait être jaloux de son talent, et se rendit lui-même la vie intolérable. Il vivait très-retiré et avait l’habitude de dire qu’il ne lui fallait que du pain, un toit et de la gloire. Sauf la gloire, la destinée semble l’avoir pris au mot. Tout chez lui avait un aspect si malpropre et si misérable, qu’on le désignait sous le nom de sale Barry. On a publié, en 1809, les Œuvres de J. Barry, etc. (Londres, 2 vol. in-4o),


BARRY (John), commodore américain, né en Irlande en 1746, mort en 1803. Son père, fermier aisé, ne contraria pas le goût de son fils pour la marine, et le jeune Barry s’embarqua comme mousse. Il était âgé d’environ quinze ans et avait déjà navigué plusieurs années, lorsqu’il émigra en Amérique. L’expérience qu’il avait acquise dans la marine marchande et les connaissances pratiques dont il avait fait preuve lui valurent une commission d’officier dans la marine continentale, lorsque éclatèrent les hostilités avec la Grande-Bretagne. En 1776, il reçut le commandement du brick Lexington, de 16 canons, et, quelques mois après, celui de la frégate Effingham ; mais les glaces qui fermaient le cours de la Delaware l’ayant empêché de prendre la mer, il entra, comme aide de camp, dans l’état-major du général Cadwalader, et assista au combat de Trenton. Il reçut, peu après, le commandement du Raleigh, de 32 canons, qu’il échoua pour l’empêcher de devenir la proie de quelques navires ennemis qui lui donnaient la chasse. En février 1781, il passa sur l’Alliance, frégate de 36 canons, et conduisit en France le colonel Laurens, chargé d’une mission près de la cour de Versailles. À son retour, après avoir fait plusieurs prises, il engagea un combat avec deux navires anglais, le vaisseau de ligne Atlanta et un brick, et les captura après un combat de plusieurs heures, pendant lequel il reçut une grave blessure. Après la cessation des hostilités, il fut chargé de diriger la construction de la frégate United-States, qui lui était destinée.


BARRY (George), historien et géographe écossais, né dans le comté de Berwick en 1748, mort en 1805. Il était second prédicateur à la cathédrale de Kirkwall, lorsqu’il fut envoyé à l’île Shapinshay, une des Orcades, pour y exercer le ministère évangélique. Il s’occupa, d’une façon toute spéciale, d’organiser et de répandre l’enseignement, et fut nommé inspecteur général des écoles de ce groupe d’îles. Pendant ce temps, il réunissait toutes les observations physiques, morales et politiques qu’il eut l’occasion de faire dans les Orcades, et il composa son History of the Orkney islands, etc. (Édimbourg, 1805), avec cartes et plans. Cet ouvrage, publié l’année même de sa mort, renferme une foule de faits ignorés, les recherchesd’un savant et les vues d’un homme de bien. Barry ne s’y montre pas seulement observateur exact et minutieux, mais encore peintre et philosophe. On lui doit, en outre, un livre de statistique sur l’Écosse, intitulé : Statistical account of Scotland (1792).


BARRY (Charles), architecte anglais, né à Westminster en 1796, mort en 1860. Après avoir étudié l’architecture en Angleterre, il partit pour le continent, afin de compléter son éducation artistique par la vue des grands chefs-d’œuvre ; visita la France, l’Italie, la Grèce, l’Égypte, etc., et, de retour dans sa patrie, commença cette série de monuments qui l’ont placé au premier rang des architectes de la Grande-Bretagne. Doué d’un génie souple et fécond en ressources, il s’est essayé tour à tour dans tous les styles et dans tous les genres. Parmi les édifices élevés par lui, on cite l’église Saint-Pierre, à Brighton ; l’Athenæum de Manchester, dans le style grec ; le Collège (Grammar School) d’Édouard VI, à Birmingham, dans le style gothique ; le club des Voyageurs, le club de la Réforme, le collège des Chirurgiens, avec son élégante bibliothèque, qui appartiennent au style moderne. Mais son œuvre capitale est le nouveau Parlement (House of parliament), immense édifice commencé en 1840. En dépit d’un site mal choisi et de fautes de détail, imposées à l’artiste par des circonstances indé-