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NINO

morceau d’Elsa du Lohengrin, la romance du Saule, de Rossini, l’air des Bijoux, et Pleurez mes yeux du Cid, de Massenet. Elle a fait ses adieux au public anglais, en juin 1888, dans un concert donné à Albert-Hall. Elle semble décidée à ne plus reparaître sur aucune scène. Mme Nilsson porte les ordres en diamants de Russie, d’Autriche, d’Espagne et de Suède.

NINA (Laurent), prélat italien, né à Recanati, près d’Ancône, le 12 mai 1812, mort le 26 juillet 1885. Ordonné prêtre en 1835, il devint secrétaire de la congrégation du Concile et chanoine de la basilique de Saint-Pierre. Assesseur du Saint-Office, membre en 1869 de la commission préparatoire du concile du Vatican, puis référendaire de la signature, protonotaire apostolique, conseiller de la congrégation des Rites et en dernier lieu, préfet du lycée pontifical de Saint-Apollinaire, il fut élevé à la dignité de cardinal en 1877. En août 1878, il succéda au cardinal Franchi dans le poste de secrétaire d’État, en même temps qu’il devenait préfet du palais apostolique et administrateur des propriétés du saint-siège. Dans la suite, le pape Léon XIII le chargea de missions diplomatiques délicates avec la Russie et le gouvernement allemand. En 1880, le cardinal Nina, mêlé à la lutte déclarée entre l’épiscopat et le gouvernement belge, manifesta des tendances conciliantes. En octobre de cette même année il fut remplacé, comme secrétaire d’État, par le cardinal Jacobini.

NINH-BINH, ville duTonkin.chef-lieu de la province [de ce nom, à 80 kilom. S. de Hanoï et à 25 kilom. O. du golfe du Tonkin, par 20» 15’ 45" de lat. N. et 103» 38’ de long. E. Le port de cette ville.sur la rive droite du Van-Sang, est accessible k des bâtiments d’un fort tirant d’eau. Son commerce consiste principalement en riz, coton égrené et filé ; bœufs en transit du Tanh-Hoa, indigo, joncs, bambou et sel. Ninh-Binh est défendue par une citadelle, véritable nid d’aigle construit au sommet d’un rocher très élevé. Elle fut prise d’assaut par le petit corps ^expéditionnaire de Francis Garnier en 1878.

La province de Ninh-Binh, bornée au N, par les provinces de Hanoï et de Nam-Dinh, à l’E. par le golfe du Tonkin, au S. par la province de Tanh-Hoa et à l’O. par le pays des Muongs, comprend 2 préfectures (phu), Kyan-Khanh et Tien-Haï, et 7 sous-préfectures (huyen). La population inscrite est de 30.350 individus ; mais la province compte environ 300.000 hab. Le pays, qui renferme des sites très pittoresques, représente un plateau onduleux d’une altitude de 400 mètres à l’O-, plateau s’abaissant en collines vers la mer et sillonné par le Song-Daï(bras du fleuve Rouge) dont l’embouchure, le Cua-Daï, très large, favorise les transports commerciaux. Le riz, principale production agricole, s’exporte en grande quantité. Les Annamites s’adonnent à la culture du sol, tandis que les Chinois sont marchands. La ville de Yen-Hoa est beaucoup plus importante que Ninh-Binh, le chef-lieu.

Ntnh-Blnh (prise de), épisode de la conquête du delta du Tonkin en 1873. L’aspirant de marine Hautefeuille, sur l’ordre de Francis Garnier, se présenta le 5 décembre 1873, à quatre heures du matin, devant la place de Ninh-Binh, avec un canot k vapeur armé d’une pièce de 4, un équipage composé d’un quartier-maître, de six matelots et d’un chauffeur annamite. Au jour, les Français aperçurent sur les remparts des soldats en grand nombre et sur des jonques des matelots menaçant d’un abordage le canot à vapeur. Hautefeuille s’avança résolument, mais le canot échoua, et par surcroît de malheur, après qu’il eut été remis à flot au prix d’efforts inouïs, les tubes de la chaudière crevèrent. Le jeune commandant de l’embarcation (il n’avait que vingt ans), atteint à la dérive une jonque, y monte avec son petit équipage et attaque une première batterie entourée de miliciens. Près des fossés est assis le gouverneur de Ninh-Binh, vieillard à barbe blanche ; Hautefeuille le conduit dans la maison des étrangers, et, là, le revolver k la main, lui fait signer une capitulation obtenue seulement après un quart d’heure d’attente. Cela fait, il laisse le mandarin k la garde de quatre marins et court procéder à l’inspection de la citadelle. Les trophées conquis par S hommes sur 1.700 adversaires comprenaient : 46 canons, des

pierriers, des fusils k pierre et k mèche, des pistolets, sabres et lances, des poudrières, 8.000 ligatures, 60.000 hectolitres de riz, des provisions de sel, des barres de zinc et d’étain, des défenses d’éléphant, etc.

NINOUS (Jeanne-Thérèse Ninous, dame de Roussen, connue dans les lettres sous le pseudonyme de Pierre), romancière française née à Bordeaux en 1845. Épouse en secondes noces de M. de Roussen, elle dirigea conjointement avec son mari un domaine agricole fondé dans l’Île de Porquerolles et destiné à recevoir comme petits colons des enfants assistés ; en 1887, quelques-uns des enfants se plaignirent de sévices exercés par des surveillants, une enquête administrative fut ouverte et Mme de Roussen se trouva incidemment mêlée à ce fâcheux procès. Comme romancière elle ne manque pas de talent et sait émouvoir par des fictions d’un pathétique réel. Elle a publié : l’Empoisonneuse (1879, in-18) ; Cœur de neige (1880, in-18) ; le Bâtard (1881, 2 vol. in-18) ; la Goualeuse (1885, in-18) ; le Secret du fou (1887, in-18) ; le Sacrifice de Micheline (1887, in-18) ; Cœur brisé (1888, in-8°). Elle a fondé en 1879 et dirigé jusqu’en 1886 le journal illustré la Famille.

NIOCOLO, pays de la Sénégambie, dans la région N.-E. du Fouta-Djallon, sur la rive gauche de la Gambie supérieure, par 13" de lat. N. et 150 de long. O. Il est borné au N. et à l’E. par la Gambie ; au S. par le Kedougou et à l’O. par le Fouta-Djallon proprement dit ; il renferme 37 villages, peuplés de 10.500 habitants. On divise le pays en deux zones : les plateaux et les plaines, occupés par trois peuples différents : 1» les Peuls, qui habitent les hauts plateaux et qui s’occupent principalement de l’élevage du bétail ; 20 les Èandingues, établis sur les pentes inférieures des plateaux et dans la plaine, et possédant de grands troupeaux de bétail ; 30 les Dioulas, colporteurs et marchands fixés sur les bords de la Gambie. Kédougou, localité la plus considérable, est le rendez-vous (les caravanes qui viennent y échanger les produits bruts du pays et les esclaves contre les marchandises d’Europe.

NIORO ou RHAB, ville et place forte du Soudan français, capitale du Kaarta, à 770 kilom. S.-O. de Tombouctou et k 260 kilom. N.-E. de Médine, à 300 mètres d’altitude, par environ 15<> 30’ de lat. N. et 9» 35’ de long. O. Le seul monument de cette ville, entourée d’une épaisse muraille, est la maison d’El Badj, vaste carré construit en pierres maçonnées avec de la terre. Les habitants, en grande partie Toucouleurs et fanatiques musulmans, ont pendant longtemps fomenté des troubles dans les États nègres de la Sénégambie, principalement dans le Fouta. Us élèvent en grand nombre des chevaux, petits de taille, mais solides et robustes. Nioro est en relations commerciales avec toutes les oasis importantes, du Sahara occidental et avec la Sénégambie.

MOX (Gustave-Léon), ofticier et écrivain français, né à Provins le 2 août 1840. À sa sortie de Saint-Cyr, en 1858, il passa comme sous-lieutenant élève k l’École d’application d’état-major, fut nommé lieutenant en 1861, capitaine en 1863, chef d’escadron en 1879, lieutenant-colonel en 1884 et colonel le 9 juillet 1888. Il a fait la campagne du Mexique de 1863 k 1865 et celle de France, k l’armée de Metz, en 1870. Officier distingué autant qu’écrivain apprécié, il est professeur de géographie à l’École supérieure de guerre depuis Sa création (mai 1876) et professeur à l’École des sciences politiques (section diplomatique) ; il doit sa notoriété, justement acquise dans son enseignement, à de fréquents voyages dans toute l’Europe, en Algérie, en Asie (Samarkand), en Amérique, au Mexique, etc. On lui doit plusieurs ouvrages estimés : De l’emploi des chemins de fer pour les mouvements stratégiques (1873, in-8°) ; Expédition du Mexique 1861 - 1867, récit politique et militaire (1874, in-8°), ouvrage qui abonde en documents intéressants ; les Boutes militaires des grandes Alpes et la frontière austro-italienne (1877, in-8°) ; Géographie militaire (1877-1887, 8 vol. in-12), son œuvre capitale ; l’Algérie, géographie physique (1884, in-12), ouvrage qui fait autorité. On lui doit encore deux Atlas de géographie ; la traduction de Unpeu de lumière, du général de La Marmora ; des Opérations de la troisième armée, de Hahnke ; des Opérations de la première armée, de Wartensleben ; etc.

NIPPOLD (Frédéric-Guillaume-François), historien allemand, né à Emmerich le 15 septembre 1838. Professeur extraordinaire àHeidelberg en 1867, il est devenu professeur ordinaire d’histoire de l’Église à Berne en 1871 et à Iéna en 1884. Outre d’importants articles sur les sectes de David Joris et de Henri Niclaes, dans la • Revue de théologie historique ■ (1862-1868), on lui doit des ouvrages dont les pricipaux sont : Manuel d’histoire de VÉglise moderne (1867) ; l’Ordre des jésuites depuis son rétablissement jusqu’à l’époque actuelle (Manheim, 1867) ; Quels chemins mènent à Borne (Heidelberg, 1869) ; la Situation de l’Égypte dans l’histoire de la religion et de la civilisation (Berlin, 1869) ; les Paraboles de Jésus ; One lettre épiscopale du concile et une réponse allemande (Berlin, 1870) : l’Église catholique romaine dans le royaume des PaysBas (1877) ; le Principe idéaliste du catholicisme (1889) ; Sur la critique historique de la religion de Jésus (1884).

NIR1S, lac de la Perse. V. bakhtagan.

NIRVANISME s. m. (nir-va-ni-sme — rad. nirvana). Doctrine qui a pour base le nirvana.

NIRVANISTE s. m. (nir-va-ni-ste — rarl. nirvana). l’artisan de la doctrine du nirvana : Les mirvanistes modernes ne sont pas au désert ; Schopenhauer prêchait le nirvana en passant toutes ses soirées à l’Opéra. (Paul Janet.)

  • NISARD (Jean-Marie-Napoléon-Désiré),

critique français, né à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) en 1806.—Il est mort à San-Remo le 27 mars 1888. Outre le ouvrages que nous avons citéset sa grande Histoire de la littérature française, qui est son principal titre de gloire, il uvuit publié ; Discours académiques

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et universitaires (1884, in-18), recueil de discours prononcés par lui, soit d’abord comme récipiendaire, puis comme directeur de l’Académie, en réponse aux discours de réception du feu duc de Broglie, d’Alfred de Musset, Ponsard. Cuvillier-Fleury, Saint-René-Taillandier, outre quelques discours de distributions de prix qui n’ont pas la même importance ; Nouveaux Mélanges d’histoire et de littérature (1886, in-18), série d’articles de revues ou de journaux, dans laquelle on remarque surtout de curieuses recherches sur Zoïle, une étude sur Sainte-Beuve, un chapitre intitulé : Rubens diplomate et négociateur et une esquisse historique relative à Louis XVI, Marie-Antoinette et Madame Elisabeth ; Considérations sur la Révolution française et sur iVapoteon/« (1887, in-18), autre recueil d’études critiques et d’analyses. Après sa mort, on a fait’paraitre ses Souvenirs et notes biographiques (1888, 2 vol. in-8<>), et Mgri somnia, pensées et caractères (1889, in-18).

" NISAKD (Marie-Léonard-Charles), littérateur français, frère du précédent, né à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) en 1808. — Il est

mortà Paris le 16 juillet 1889. Ses derniers ouvrages sont : De quelques parisianismes populaires et autres locutions non encore ou plus ou moins imparfaitement expliquées(1876, in-12) ; le Comte de Caylus d’après sa correspondance (1877, in-8°) ; Correspondance inédite du comte de Caylus avec le P. Paciaudi, théatin (1877, 2 vol.in-8°) ;Guî7/aume(/« Tillot (1879, in-8») ; Notes sur les lettres de Cicéron (1882, in-8°) ; une édition des Œuvres complètes d’Ausone, S. Apollinaire et V. Fortunatus (1887, in-8°) ; Des Poésies de sainte Radegonde, attribuées jusqu’ici à Fortunat (1888, in-8°).

•N1SCH ou NICH, ville de la Turquie d’Europe (Roumélie) appartenant aujourd’hui au royaume de Serbie, chef-lieu de cercle, à 215 kilom. S.-E. de Belgrade ; 16.000 hab.-Elle fut prise par les Serbes le 11 janvier 1878, et le traite de Berlin leur en confirma la possession. Le cercle de Nisch, d’une étendue de 2.375 kilom. carrés, renferme une population de 143.000 âmes, soit 60 hab. par kilom. carré.

N1SSEL (François), auteur dramatique, né à Vienne le 14 mars 1831. Fils d’un comédien, il fut de bonne heure initié à l’art dramatique. Il fit représenter en 1856 sa première pièce, Un bienfaiteur (Ein Wohlthsster), au théâtre de Hofburg, où elle obtint un brillant succès. Puis vinrent : Henri le Lion (1858), Persée de Macédoine (1862), Didon (1863), et les Jacobites, encore accueillis avec faveur. La mort de sa jeune femme, en 1868, eut une influence néfaste sur la santé et la production intellectuelle du poète ; en 1877 seulement il fit paraître de nouveau en librairie un drame historique : Agnès de Méran, qui lui valut le prix Schiller. Depuis, M. Nissel a vécu dans la retraite.

  • NITRATE s. m. — Encycl. Econ. rur.

L’emploi des nitrates de soude a pris dans ces dernières années une importance considérable ; c’est peut-être de tous les engrais chimiques celui qui est utilisé sur une plus vaste échelle par l’agriculture.

L’origine des gisements de nitrate de soude ou salpêtre sodique du Chili, encore mal expliquée, serait attribu»ble, d’après les récents travaux de M. Mùntz, k la nitrification de l’azote organique contenu dans les guanos et les déjections d’oiseaux et de chauvessouris, qui, dans ces régions, s’accumulent en masses considérables. Le nitrate de chaux ainsi produit s’est transformé en nitrate de soude par double décomposition avec le sel marin ; tandis que le chlorure de calcium s’enfonce dans le sous-sol, le nitrate reste à la surface, puis est dissous par les eaux pluviales et transporté dans les lieux qu’il occupe actuellement sous forme de calicnes.

L’exportation a subi la marche suivante :

1825 à 1830 1.000 tonnes par an.

1850 26.000 —

1860 à 1870 100.000 —

1880 220.000 —

1881 350.000 —

1883 550.000 —

1888 650.000 —

Même avec cettu énorme extraction de nitrate, les gisements pourront suffire pendant de longues années ; ceux de Tarapaca, qui ont une étendue de 116.000 hectares, alimenteraient à eux seuls une consommation pareille pendant plus d’un siècle.

Les centres d’importation sont : Liverpool et Londres pour l’Angleterre, Hambourg pour l’Allemagne, Anvers pour la Belgique, Rotterdam pour les Pays-Bas, Dunkerque pour la France.

Le nitrate du commerce contient environ 15 à 16 pour 100 d’azote, quand il n’est pas fraudé ; le prix est fixé d après la teneur en azote.

Le nitrate de soude est un engrais à action rapide, car il circule facilement dans le sol en raison de sa solubilité et se présente aux racines sous un état directement assimilable ; ses effets sur les céréales sont particulièrement remarquables ; lorsqueau printempselles se présentent avec un aspect jaunissant, l’épandage du nitrate en couverture fait merveille. Mais il faut se garder d’abuser de cet entrais ; répandu k dosa exagérée ou en temps inopportun, il provoque la verse. Il développe la végétation des feuilles et 4u

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bois au détriment de la production des grains et des fruits. En outre, il ne se conserve pas dans le sol, qui n’exerce aucun pouvoir absorbant vis-à-vis des nitrates ; tout ce qu’on met en excès sera entraîné par les pluies de l’hiver et perdu pour l’agriculteur. Le nitrate est essentiellement un engrais de printemps ; il y a très peu de cas on on puisse conseiller son emploi & l’automne.

Le nitrate de soude est devenu dans ces dernières années un des engrais préférés de la culture intensive qui, peut-être même, a des tendances à en faire un abus préjudiciable, au point de vue économique et au point de vue de l’épuisement du sol.

Le nitrate de potasse est obtenu soit par double décomposition du nitrate de soude et du chlorure de potassium, soit naturellement dans les Indes. On l’extrait également des eaux d’osmose. Le premier produit est employé à la fabrication de la poudre ; les deux autres sels, à l’état brut, sont souvent utilisés par l’agriculture. C’est un engrais à la fois azoté et potassique, mais dont le prix est actuellement trop élevé pour qu’on puisse recommander son emploi k l’agriculteur, qui a plus d’intérêt k acheter la potasse sous forme de chlorure de potassium et l’azote sous forme de nitrate de soude ; il présente de plus l’inconvénient de contenir la potasse en grand excès sur l’azote.

Nitrate d’argent. V. argent au tome Ier du Grand Dictionnaire.

  • NITRIFICATION s. f.— Encycl. Chiro. et

Agr. Le phénomène de la nitrification est un des phénomènes naturels les plus importants, puisqu’il concourt directement & l’alimentation des végétaux, eu transformant l’azote organique non assimilable du sol et des engrais en azote nitrique, forme minérale sous laquelle cet élément pénètre dans la planta.

Depuis longtemps, la production du nitrate dans les sols a attiré l’attention des chimistes ; nous avons fait précédemment l’historique des opinions professées par les divers savants qui se sont occupés de cette importante question, Longchamp, Kuhlraann, CloBz. M. Boussingault a porté une très vive lumière sur le sujet en démontrant que la production du nitre est parallèle à la disparition de la matière organique. Les conditions essentielles de ce phénomène naturel sont aujourd’hui nettement définies par les beaux travaux de M. Boussingault, de M. Schlœsing’, de MM. Schlœsing et M&utz ; ces conditions se résument dans les points suivants : 1° la présence d’une matière azotée qui fournit l’élément à brûler, l’ajote ; 2<> le gaz comburant, c’est-k-dire l’oxygène ; 3° la présence d’une base capable de saturer l’acide nitrique formé, c’est-k-dire que le milieu doit être alcalin, mais faiblement alcalin ; 4» un certain degré d’humidité ; 5» une température coinprise entre des limites maxima et minima bien déterminées ; 6° Le concours d’un être organisé infiniment petit, le ferment nitrique. C’est sur la présence de ce microbe que nous insisterons particulièrement ; sa découverte est assurément une des plus belles applications des idées de M. Pasteur et une des explications les plus satisfaisantes de la fertilité des sols.

Plaçons deux terres dans des conditions identiques, mais dont l’une aura été au préalable chauffée & 100° ou bien restera en contact avec des vapeurs de chloroforme ou de sulfure de carbone ; on constatera au bout d’un certain temps que dans celle-ci la formation de l’acide azotique sera nulle, tandis que dans l’autre, au contraire, la nitrification aura continué son cours. Telle est l’expérience fondamentale, faite dans diverses conditions, qui a conduit MM. Schlœsing et

Mùntz k admettre l’existence d’un être organisé provoquant la nitrification des matières azotées du sol. Toutes les fois que ce ferment ne rencontre pas dans le sol les conditions favorables k son travail, son action est entravée, l’azote reste k l’état inerte et la terre est improductive tant que les conditions ne sont pas changées. Les terres qui ne nitrifient pas sont les terres dépourvues de calcaire, les terres granitiques, les terres de défrichement, les terres tourbeuses ; aussi tant qu’on n’y apporte pas l’élément calcaire par le marnage ou lechaulage restent-elles presque improductives, l’azote qui y est accumulé n’étant pas assimilable par les récoltes. Dans les terres argileuses, très compactes, la nitrification est peu abondante, parce que l’oxygène indispensable à la production de ce phénomène n’est pas en quantité suffisante ; et dans les cas exceptionnels où l’atmosphère des sols est réductrice, on constate la formation de nitrites et la disparition du nitrate ; cette dénitrification est attribuable k un ferment anaérobie dont MM. Gayon et Dupetit, MM. Dehérain et Maquenne ont découvert simultanément l’existence. Dans les grandes chaleurs de l’été, la nitrification est peu abondante, parce que la terre est trop sèche ; pendant l’hiver, la température est souvent trop basse (au-dessous de 5°) pour que le phénomène se poursuive. Ce sont les terres, qui par leurs propriétés physiques et chimiques sont placées dans les conditions les plus favorables à la nitrification, qui sont douées du plus grand degré da fertilité, parce que leur azote est sous la forme la plus assimilable ; par contre, ces sols ont besoin d’être soutenus jpar des fumures