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CHANAK-KALESSI ou KALÉ-SULTANIé, ville forte de l’Asie-Mineure, vilayet de Constantinople, sandjak de Bigha, sur la rive droite des Dardanelles, à 235 kilom. S.-K. de Constantinople et à 25 kilom. N.-O. de l’entrée du détroit, par 40" 8’de lut. N. et 20° 3’51" de long. E.:7.000 hab. Les Occidentaux l’appellent Ville des Dardanelles d’Asie. Le mot turc chanak veut dire « poterie » ; la ville, qui a reçu son nom de ses nombreuses fabriques de poteries, renferme environ 2.000 maisons en bois et une douzaine de minarets ; ses rues sont sales et mal pavées; sa population se compose de Grecs, de Turcs et de Juifs. Chanak-Kalessi a acquis une certaine importance depuis l’organisation des services des bateaux à vapeur, parce qu’elle est devenue le point d’arrivée et de départ des caravanes qui vont à La Mecque. Les voyageurs trouvent là des guides pour aller à Smyrne et à Constantinople par terre. Le château de Chanak-Kalessi, ou château des Dardanelles d’Asie, se trouve sur la pointe N. de la baie des Barbiers. La pointe du château est basse, et se projette un peu à l’O. vers la côte d’Europe, dont elle n’est éloignée que de 1.-100 mètres. Dans cette partie étroite du détroit, dont le fond est de 80 mètres, le courant est très rapide. Les fortifications, qui sont sur la pointe du château, présentent un aspect formidable. Le château a 171 embrasures et 102 pièces de canon. Une garnison assez forte y est casernes. La rivière Rhodins se jette dans la partie septentrionale de la baie des Barbiers et coule sous les inurs du château.

  • CHANAL (François-Victor-Adolphe DE),

général et homme politique français, né à Paris en ign. —11 est mort dans cette ville le 20 mars 1S82. It ne s’était pas représenté aux élections du 21 août 1881. On lui doit: l’Armée américaine pendant la guerre de Sécession (1872, in-go).

  • CIIANAY (Philibert), ancien représentant

et magistrat français, né à Belleville (Rhône) le 27 décembre 1800. — Il est mort en septembre 1852.

CHANCEL (Ausone de), littérateur et administrateur français, né au château de Guissalles (Charente) en 1808. — Il est mort b. Mostaganem (Algérie) en décembre 1878.

Chancelade (catastrophe de). Les carrières de Chancelade, situées à 7 kilomètres de Périgueux, expédient, principalement dans le centre et dans le sud-ouest de la France, une pierre facile a la taille, durcissant à l’air et, à cause de ces qualités, très appréciée des entrepreneurs. Elles occupent, en moyenne, cent cinquante ouvriers et assurent l’existence de près de six cents personnes. Le 25 octobre 1885, une catastrophe épouvantable jeta l’effroi dans cette contrée. La montagne qui surplombe ces carrières s’affaissa sur plusieurs points. Des maisons éparses sur cette montagne s’écroulèrent, ensevelissant quatre femmes et dix enfants. Une femme et quatre enfants purent être sauvés. Mais une équipe de sept ouvriers travaillant dans les carrières au moment de l’éboulement resta comme murée sous un amoncellement de rochers. On organisa immédiatement des secours ; mais tous les efforts tentés pour arriver aux victimes restèrent infructueux. Après avoir parcouru, non sans péril, tous les passages praticables, soldats et ouvriers employés au sauvetage se virent arrêtés par des blocs infranchissables. Les ingénieurs, ayant déclaré qu’il était impossible d’arriver aux ouvriers avant un travail d’au moins vingt jours, l’administration, après quelques nouvelles tentatives sans résultats, dut suspendre les opérations de sauvetage et se borner à prescrire des mesures pour empêcher de nouveaux accidents. Cependant, dix jours après la catastrophe, on constatait que les carriers, que l’on supposait morts écrasés dons les carrières, étaient encore vivants. Le 5 novembre, les ouvriers employés au puits de forage avaient été forcés d’interrompre momentanément ce travail, leur tarière venant de s’émousser et n’en ayant pas de rechange. Pendant cette interruption, ils entendirent un bruit sourd partant des profondeurs de la terre et provenant évidemment des ouvriers ensevelis. Ils écoutèrent plus attentivement. Un coup, deux coups très distincts arrivèrent à leurs oreilles. Le greffier du juge d’instruction, descendu au fond du puits, entendit un troisième coup. Les ingénieurs, prévenus aussitôt, ordonnèrent de nouvelles recherches; mais, un éboulement s’étant produit, ils sortirent au plus vite, et, malgré les protestations de M. le docteur (iadaud, député, arrêtèrent tous les travaux. Les parents des victimes se montrèrent plus tenaces. S’il était impossible de sauver les carriers ensevelis, au moins voulurent-ils découvrir les dépouilles de ces malheureux. Au mois de mars 1886, à la suite des travaux de forage pratiqués et si malencontreusement interrompus, on continua à creuser et l’on put introduire un appareil photographique qui rapporta l’image de l’une des victimes. Le cadavre que Ton découvrit ainsi était couché sur le dos, à 3 mètres à peine du trou de forage. La photographie permit de le reconnaître. C’était celui du, plus jeune des carriers, âgé de seize ans. Ainsi les malheureux s’étaient réfugiés exactement dans la partie des galeries où ont abouti les travaux. Les résultats donnés par l’appareil photographique étaient trop concluants pour que l’on ne renouvelât pas l’expérience, et, successivement on découvrit plusieurs tronçons de cadavres. On fut amené à croire que les malheureux ensevelis en avaient été réduits à se dévorerles uns les autres. Cette hypothèse s’accordait" d’ailleurs avec ce phénomène, autrement inexplicable, de la fumée épaisse, acre et nauséabonde, que l’on avait vue à plusieurs reprises sortir de la colline par les fissures de l’éboulement. Or, cette fumée était aperçue pour la dernière fois le 10 décembre : quarante-six jours après la catastrophe !

Des recherches ultérieures, poursuivies jusqu’au milieu de l’année 1886, firent constater qu’il y avait eu sept victimes, dont on retrouva les débris. Des poursuitesjudiciaires dirigées contre les ingénieurs et entrepreneurs pour négligence des règlements aboutirent à leur acquittement.

  • CHANCELIER S. m. — Polit. Chancelier

de l’empire, premier ministre de l’empire d’Allemagne.

— Encycl. Le chancelier est le plus haut fonctionnaire de l’empire d’Allemagne. Nommé par l’empereur, il a la direction générale des affaires, tant extérieures qu’intérieures, contresigne tous les décrets impériaux, et préside le Bun desrat. Il n est responsable que vis-à-vis de l’empereur. Dans la Confédération de l’Allemagne du Nord, ce haut fonctionnaire portait le titre de chancelier de la Confédération’, M. de Bismarck fut, de 1867 à 1871, chancelier de la Confédération, avant de devenir, à cette dernière data, chancelier de l’empire.

Dans la monarchie austro-hongroise, divers ministres d’État, le prince de Metternich, le comte de Beust et, en Russie, le prince Gortschakoff, ont porté le titre de chancelier.

■— Adm. Elèves chanceliers. Cette nouvelle catégorie d’employés a été créée par décret en date du 24 juin 1883. Auparavant, sauf de rares exceptions, les chanceliers étaient pris dans le cadre des commis de chancellerie. Or, ces derniers ne présentaient pas toujours toutes les garanties nécessaires, et c’est pour cette raison que le gouvernement décréta que le cadre des commis de chancellerie comprendrait dorénavant des élève » chanceliers. Le nombre de ces derniers est fixé à cinquante.

Tout candidat à un emploi d’élève chancelier doit justifier : l" qu’il est Français, jouissant de ses droits ; 2° qu’il a rempli ses obligations militaires ; 3° qu’il a plus da vingt-et-un ans et moins de trente ans accomplis ; 4 » qu’il est bachelier, ou qu’il a satisfait aux examens de sortie de l’une des écoles du gouvernement, ou qu’il a été officier de l’armée de terre ou de mer, ou qu’il est diplômé de l’École des sciences politiques, de l’École des hautes études commerciales, d’une école supérieure de commerce agréée par le gouvernement, ou de l’Institut national agronomique. De plus, nul ne peut être nommé chancelier de 38 classe, 1<> s’il n’a pas vingt-cinq ans accomplis ; 2 » s’il ne justifie pas de la connaissance de la langue du pays où il est appelé à remplir ses fonctions, sauf dans les postes où sont attachés des drogmans ou interprètes ; 3° s’il n’est pourvu de l’un des diplômes ou certificats énumérés précédemment ; 4° s’il n’a, en outre, accompli à l’administration centrale du ministère des Affaires étrangères, ou dans une chancellerie, ou dans une étude de notaire ou d’avoué, ou dans une maison de banque ou de commerce, comme clerc ou employé rétribué, un stage de trois ans dûment constaté.


CHANDENEUX (Emma Bérenger, dame Bailly, connue sous le pseudonyme de Claire de), romancière française, née à Crest (Drôme) en 1836. — Elle est morte en 1881. Aux ouvrages de ce fécond auteur déjà cités il faut ajouter : Val-Régis la Grande (1876) ; les Terreurs de lady Suzanne (1876) ; la Tache originelle (1876) ; le Mari de Laurence (1876) ; Une fille laide (1877) ; le Lieutenant de Rancy (1877) ; les Ronces du chemin (1877) ; Une faiblesse de Minerve (1877); Sans cœur (1878) ; Vaisseaux brûlés (1878) ; les Giboulées de la vie (1878) ; l’Automne d’une femme (1879) ; Folle (1879) ; la Croix de Mouguerre (1879) ; l’Homme-pendule (1879) ; la Dot réglementaire (1880) ; l’Honneur des Champavaye (1880) ; Cléricale ! (1881) ; la Vengeance de Geneviève (1881) ; les Secondes noces (1881) ; Un roman dans une cave (1882) ; Souvenirs de Bérénice (1882) ; Un cœur de soldat (1882).

CHANGUENÉ, rivière de l’Amérique Centrale qui se jette dans la mer des Antilles, à 14 kilom. environ au nord-ouest de la pointe Tirbi ; elle forme la limite en litige entre les Républiques de Colombie et de Costa-Rica.

•CHANNING (Walter), célèbre médecin américain, né à Newport (Khode-Island) le 15 avril 1796. — Il est mort en 1886.

  • CHANNfNG (William-Henry), écrivain

américain, neveu du grand Channing, né le 23 mai 1810, à Boston. — Il est mort le 23 décembre 1884.

CHANS, race d’hommes très répandue dans toute l’Indo-Chine et formant l’une des quatre branches principales de la famille birmane. On rencontre les Chuns depuis la frontière du Mannipour jusqu’au Yunnan,

et de la vallée de l’Assam à Bangkok et au Cambodge. Ils se donnent le nom de Taï, qui parait signifier ■ libre ■. Tous bouddhistes, parlant tous le même langage, alors que les tribus, qui les entourent usent d’une infinité de dialectes différents, ils ont dû parvenir autrefois à un degré assez élevé de civilisation.et former un État unique au nord de la Birmanie actuelle. Cet empire, qui se scinda en une foule de principautés indépendantes, aurait porté le nom d’État de Pong ou de Mongoung ; le colonel Brown soutient au contraire qu’un pareil État n’a jamais existé. « On ne trouve absolument rien dans l’histoire de la Birmanie, dit-il, qui puisse justifier cette supposition. Il y a, au contraire, de fortes raisons de croire que les États Chans étaient ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est-à-dire de faibles principautés que n’unissent aucun lien fédératif. » Les Chans sont petits de taille ; leur teint ressemble à celui des Européens ; leurs paupières sont très légèrement obliques, leur face large, leurs mâchoires fortes, leurs pommettes sailJantes, leurs cheveux noirs et plats, leur physionomie douce et pensive. Les hommes sont vèius de bleu, coiffés da turbans à franges ; les femmes portent des bijoux et des parures fabriqués dans le pays. Ils sont bons agriculteurs et font du commerce.

La langue qu’ils parlent est monosyllabique, mais elle renferme néanmoins des polysyllabes. Des mots birmans et pâlis s’y sont infiltrés. L’alphabet comprend dix voyelles: a, â, i, u, û, e, o, à, du, iu, eu. Les consonnes sont gutturales, palatales, dentales, labiales, liquides ou aspirées. Leurs livres sont écrits ou • en style familier » ou en « style de prédication » ; ceux de la seconde catégorie contiennent un grand nombre de mots inusités dans le langage ordinaire, et qu’ils appellent fleurs ou feuilles.

  • CHANSON s. f. — Encycl. Nous serionsnous

trompés lorsque nous traitions d’inepties et de platitudes les chansons grotesques à la mode dans les cafés-concerts, la Femme à barbe, la Gardeuse d’ours, la Déesse du bœuf gras, le Pied qui r’mue, l’Amant d’Amandaet autres chefs-d’œuvre du même genre ? Il parait qu’en les considérant avec un peu d’indulgence, on finit par trouver de l’esprit, non pas dans toutes évidemment, mais dans quelques-unes ; c’est du moins l’avis du public, qui se pâme d’aise à les entendre et en redemande sans cesse de nouvelles; c’est aussi l’opinion de M. Jules Lemaitre, le critique du « Journal des Débats i, qui trouve qiraprès tout le public n’est pas si bête qu’on le suppose et que ce genre de chansons, quoique inférieur, a bien aussi ses petits mérites. « On a dit beaucoup trop de mal des chansons de café-concert. On les a accablées sous Désaugiers, Béranger et Nadand. On a célébré sur tou3 les tons la gloire de la chanson classique, fleur de grâce, fleur de décence, fleur d’esprit français. Dans tous tes théâtres, les faiseurs de revues ont répandu des larmes sur le Caveau. Et comme ils ont dit leur fait à l’ignoble refrain de café-concert, offensant pour la pureté de nos âmes, et à la scie stupide et démoralisatrice 1 Us ont fait planer dans une apothéose le chansonnier de jadis, le vieux célibataire aux cheveux blancs soigneusement bouclés, le monsieur en habit bleu barbeau à boutons de métal, admirateur de Delille et d’Esménard, gaillard et paterne, qui sacrifie à Momus et aux Ris, cite Horace, rit avec sa servante et garde le dépôt de l’esprit français. Eh bien, je te dis ingénument, cette campagne contre la chanson de caféconcert me paraît tout à fait injuste. J’accorde un point:si l’on veut parler de liuérature et de style, la chanson a baissé d’u* ton et l’on voit aisément pourquoi. C’est que les poètes et les littérateurs ne font ulus de chansons, pas plus qu’ils ne font d’épîtres, de satires et de fables. Mais d’abord, je ne m’en plains qu’à moitié. La chanson littéraire était parfois bien déplaisante; il y traînait d’horribles élégances de style, et les pires chansons de Béranger sont celles où il s’est le plus appliqué, celles dont on disait autrefois que c étaient des odes plutôt que des chansons. Maintenant, s’il s’agit de morale et de convenance, vous n’aurez pas de peine à constater que le répertoire des vieux chansonniers, pris dans sou ensemble, est infiniment plus grivois que celui des cafés-concerts, et surtout d’une grivoiserie plus sournoise, d’une polissonnerie d’ancien notaire, qui peut-être est marguillier. Enfin, si la chanson d’aujourd’hui est bête a faire pleurer, elle se donne franchement pour ce qu’elle est, elle n’aspire pas à être de la littérature, et même la joie que répandent autour de nous ces plates calembredaines, loin de nous offenser, peut fort bien attendrir. On est pris de compassion pour cette pauvre humanité qui s’amuse de si peu, et, ce qu’il y a de terrible, ou de consolant, suivant les points de vue, c’est que, lorsqu’il fait très chaud, on finit par s’amuser soi-même de ces sottises, par descendre, sous l’influence de la température, à un état d’esprit peu compliqué, où des plaisanteries élémentaires, des grimaces, des contorsions et des coups de gueule de pitre, suffisent à, vous ébranler d’un rire salutaire. ■

Il y a du vrai dans ces réflexions, et le dédain dans lequel on affecte de tenir de pareilles productions u quelque chose de contradictoire. On sort du café-concert en s’écriant : « Mon Dieu, que c’est bête I est-il permis d’être bête comme cela ? • et l’on vient de rire tout le temps à ventre déboutonné. Au reste, Louis Veuillot, l’ennemi héréditaire de la chanson de café-concert, était, sans le savoir, du même avis que M. J ules Lemaitre lorsqu’il écrivait : « Il faut être Parisien pour en saisir l’attrait, Français raffiné pour en savourer la profonde et parfaite ineptie. » C’est bien quelque chose qua de se sentir d’autant plus Français et Parisien raffiné, à mesure qu’on savoure mieux î Jugez si ja jubile, Si j’suis dans un état ! J’m’en vas voir Théophile,

Mon Théophile ! Y en a pas deux comm’ça ! ou bien :

Cest pas toujours les mêmes Qu’auront l’assiette au beurre.

Nous ne dirons donc pas que les Pompiers de Nanterre, l’Assiette au beurre, Il est en pierre, la Sœur de l’emballeur, le Pochnri du Pont-Neuf, Derrière l’omnibus, En r’venant de Sures/tes, Il n’a pas de parapluie, On dirait du veau, étineellent de grandes beautés, ce qui serait assurément excessif ; mais il y a quelquefois de bonnes drôleries dans ces chansons et elles représentent telles quelles une face de l’esprit parisien. Les Pompiers de Nanterre, pour lequels nous avons fait exception, en en donnant la musique et les paroles (V. au tome XII du Grand Dictionnaire), ont reçu en quelque sorte une consécration historique ; une ordonnance de police les prohiba en Allemagne, en 1887, à titre de • chant patriotique français • ! Dans un autre ordre d’idées, l’auteur du Packard du Pont —Neufn’a-t-il pas fait une vraie trouvaille avec cet ivrogne qui, las de toujours voir Henri IV immobile, l’invite familièrement à venir faire un tour de promenade avec lui, et lui répète à chaque refrain :

Descends donc d’ton cheval, ah ! feignant !

Une autre chanson du même cru montre l’embarras de toutes ces statues de bronze, qui ont profité de la nuit pour descendre de leur piédestal et se promener bras dessus bras dessous, puis qui ne retrouvent plus leur chemin, grâce à M. Mesureur, qui a débaptisé les rues et changé les plaques indicatrices. Il n’a pas de parapluie ! n’est pas aussi vide de sens qu’on pourrait le croire ;

Hier, voyant l’chien d’un’vieill’dame

Vêtu d’un paletot flambant,

Je dis : A vot’toutou, madame,

Il manq’quéqu’chose, assurément.

Il n’a pas de parapluie !

Ça va bien quand il fait beau,

Mais quand il tombe de la pluie

Il est trempé jusqu’aux os.

Henri IV, le roi populaire, a aussi son petit couplet dans cette cantilène, car il n’a pas de parapluie, ainsi que l’a remarqué l’ingénieux auteur ; la statue de la République) non plus, il est vrai :

Mais, grâce au coffre qu’elle a,

Il peut tomber de la pluie ;

C’est pas ça qui l’enrhum’ra.

Puis vient à son tour la belle-mère a qui, naturellement, on ne donne pas de parapluie, pour qu’elle attrape une bonne fluxion de poitrine. La belle-mère est une des victimes de la chanson populaire ; la sœur en est une autre, sans qu’on s’explique bien pourquoi, sauf peut-être, que la sœur de Gavroche est, de naissance, vouée à n’éveiller que des idées folâtres. L’interjection faubourienne : • Et ta sœur ! •, est peut-être le refrain d’une vieille chanson. Dans des temps assez reculés, on chantait sur l’air de ('Hymne à Garioaldi :

Ah I zut alors, si ta sœur est malade !

Depuis, nous avons en la S<Eur de l’emballeur ; puis une autre, tout à fuit épique, cellelà, et qui avait pour refrain :

C’est pas pour ça que j1 t’ai donné ma sœur ! Citons encore dans les Portraits de famille.• Qui qu’a son irrigateur ?

C’est tua sœur 1 Et qui qu’est libre penseur T C’est ma sœur !

Les enfants eux-mêmes ne sont pas toujours épargnés, témoin : Quel cochon d’enfant ! Il est vrai qu’il s’agit d’un grand garçon, déjà pourvu de tous les vices :

U est tapageur, colère,

Ivrogne et feignant ; C’est tout 1’portrait de son père

Ah ! quel cochon d’enfant !

Puisque nous y sommes, il nous faut bien dire un mot de la fameuse chanson En r’venant de la revue, à laquelle Paulus et sa voix de cuivre ont donné tant de retentissement ; mais celle-là, nous avouerons franchement qu’elle est inepte :

Ma sœur, qu’aim’Ies pompiers, Acclam’ces fiers troupiers ; Ma tendre épouse bat des mains Quand dénl’nt les Saint-Cvriens ; Ma belP-mèr’pouss’des cris En r’luquant les spahis ; Moi, j’faisais qu’admirer Not’brav’général Boulanger.