Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/7

Cette page n’a pas encore été corrigée
4 AARH AASE ABAD ABAD


rapidement ses richesses, et elle reçut ses privilèges comme ville en 1848. C’est une des stations les plus importantes de la Norvège pour la pêche de la morue. Cette ville a donné le jour à RoIIod, qui conquit la Normandie.

AALSMEER, bourg des Pays-Bas, province de la Hollande septentrionale, sur la rive orientale du lac desséché de Harlem, à U kilora. S.-O. d’Amsterdam, par 52° 16′ de lot. N. et 2° 25′ de long. E. ; 3.715 hab. Grande culture de fraises.

AALTEN, bourg des Pays-Bas, province de Gueldre, a 60 kilom. B. d’Arnheim, près de la frontière de la Prusse (Westphalie), par 510 56' de lat. N. et 40 15' de long. E. J «.591 hab. Tissus, tanneries et tuileries.

AALTERE, bourg de Belgique. V. Aelteë.

AAMAAL, ville de la Suède méridionale, département d’Elfsborg, sur les côtes O. du lac venern et le chemin de fer de Gœtheborg-Carlstadt, à78 kilom. N.-N.-E. de Venersborg, par 590 3' de lat. N. et io<> 20' de long. E. ; t.454 hab. Aamaal reçut ses privilèges comme ville en 1643. Exportation de céréales ; navigation animée sur le lac Venern.

A'AMÊR, nom que portent un grand nombre de tribus dans le Hedjaz, dans le Nedjed, sur les bords de l’Euphrate, dans la haute Nubie, au Soudan, en Algérie, etc.

* AAR, rivière de la Suisse, affluent du Rhin. — Hist. Le 17 août 1799, l’archiduc Charles, à la tête de 40.000 hommes, tenta le passage de l’Aar à Dettingen, au-dessous de Baden (Suisse). Dans la nuit du 16 au 17, il fit commencer la construction de deux ponts de bateaux. Un épais brouillard favorisait son entreprise, et 38 pièces de canon de gros calibre, placées sur la rive droite de l’Aar, protégeaient les travaux en balayant en tous sens les plaines basses de la rive gauche.

Le mouvement que tentait l’archiduc était habile : l’Aar franchi, il eût séparé les deux ailes de l’armée française, coupé à M asséna toute communication avec Bàle, Brugg, Aarau, Olten, et eût enfin, par cette manoeuvre hardie, forcé l’armée républicaine à évacuer presque entièrement la Suisse pour aller former ses lignes de défense dans les montagnes du Jura. Le général autrichien prit toutes ses précautions pour assurer la réussite de son projet. Il fit mettre le feu au hameau du petit Dettingen pour masquer les travailleurs et détourner l’attention des Français, qui, en très petit nombre en cet endroit, ne soupçonnaient point les desseins du prince. Mais, quoique bien étudiées, les dispositions qu’il avait prises no furent pas heureuses : les ancres des pontons ne purent mordre sur les roches du lit de la rivière, et lorsque, vers neuf heures du matin, le brouillard se dissipa, les travaux n’étaient pas à moitié faits. Au bruit de la canonnade, Ney avait quitté Nieder-Prick et était accouru au plus vite ; de son côté, Heudelet, campé à Brugg, arrivait en toute hâte. Les deux généraux français, à la tête de 10 à 12.000 hommes, prirent position sur le plateau de Boerstein et dans la forêt qui domine la plaine de Dettingen ; en même temps les troupes de réserve, prévenues, arrivaient à leur secours. L’archiduc comprit l’impossibilité de son entreprise ; il vit avec regret s’évanouir le plan qu’il avait si profondément médité et sur la réalisation duquel il avait fondé les plus belles espérances. Il se retira sans combat, après avoir obtenu la faculté de faire enlever ses pontons.

A'ARAFAT, célèbre montagne d’Arabie, à 25 kilom. vers le S. de La Mecque. A’arafat est 1 objet de nombreux et pieux pèlerinages de la part des musulmans, qui regardent cet endroit comme un des plus saints des environs de la ville de Mahomet.

AARBERG, ville de Suisse, ch.-l. de district du canton de Berue, à 28 kilom. N.-O. de Berne, sur une lie de l’Aar, par 470 3' de lat. N. et 40 56'de long. E.j 1.000 hab. En 1814, les Autrichiens y construisirent un pont pour assurer leurs communications avec l’Allemagne.

AARDENBURG, ville des Pays-Bas, province de Zélande, à 53 kilom. S.-O. de Bergop-Zooro et à 158 kilom. S.-O. d’Amsterdam, près de la frontière de Belgique, par 510 16' de lat. N. et 10 n' de long. E. ; 1.700 hab. Aardenburg était jadis une grande ville maritime ; elle a perdu son importance par suite des révolutions physiques de la contrée.

AARDORF, ville de Suisse, canton deThurgovie, à 10 kilom. S. de Frauenfeld, par 47°29'delat. N.et6«32'delong. E., sur lecheminde fer de Zurich àRorschnch ; 1.500 hab.

AARESKUTAN, montagne de la Suède septentrionale, province de Nordland, département de Jemtland, point culminant du Jemtland (1.472 mètres), par 63<> 40' de lat. N. et 100 10' de long. E. Aareskutan, qui a la forme d un cône assez irrégulier, est très boisé dans sa partie inférieure, tandis que la partie supérieure est dénudée. Il est le centre d’un district où l’on exploite des mines de cuivre.

AARGAU, forme allemande du nom d’Argovie, canton et ville de Suisse.

AARHUS, baie du Danemark, sur la côte orientale du Jutland. Elle est formée par la côte de la terre ferme et les Iles Samsoe et Tunœ. On y trouve les deux ports d’Aarhus et, de Norsminde.



AARIFI-PACHA, homme d’État ottoman, né à Constantinople en 1819. Son père, qui occupait une haute position diplomatique, l’attacha aux bureaux du Divan, et, en 1847, l’emmena avec lui à Rome, où il était envoyé en mission, puis à l’ambassade de Vienne. De retour à Constantinople, Aarifi-Pacha se livra assidûment à l’étude des langues européennes et fut, à divers titres, attaché au ministère des affaires étrangères, où ses services ne tardèrent pas à être appréciés. Il débuta dans la carrière diplomatique comme premier secrétaire d’AaJi-Pacha, ambassadeur à Vienne, puis occupa les mêmes fonctions à Paris. Sa connaissance de la langue française lui valut, en 1858, le titre de premier drogman de la Sublime Porte, fonctions qu’il exerça jusqu’en 1872. Depuis cette date, il a été successivement sous-secrétaire d’État aux affaires étrangères (1872), ambassadeur à Vienne (1873), ministre de l’instruction publique(1874), ministre de la justice (1874), président du sénat (décembre 1876), ministre des affaires étrangères en remplacementde Safvet-Pacha (juillet 1877), ambassadeur à Paris, où il succédait à Khalil-Pacha, rappelé par suite d’une grave affection mentale (septembre 1877). De retour à Constantinople, il y fut président du conseil, après la démission de Khérédine (28 juillet 1879), et quitta ces fonctions en octobre de la même année pour occuper la présidence du conseil d’État. Le 3 décembre 1882, il reçut le portefeuille des affaires étrangères dans le cabinet présidé parSuïd-Pacha. Remplacé par Assym-Pacha le 16 avril 1884, il est entré, comme président du conseil d’Etat, dans le ministère de Kiamil-Pacha (25 septembre 1885), et il y a rempli pendant quelque temps les fonctions de ministre des affaires étrangères par intérim.

Aarifi-Pacha est un homme d’un caractère doux et affable, plein d’idées libérales, qu’il a puisées dans la fréquentation des hommes d’État avec lesquels ses fonctions diverses l’ont depuis longtemps mis en relations ; c’est aussi un savant et un poète.

AARLANDERVEEN, bourg des Pays-Bas, province de Sud-Hollande, à 22 kilom. Ë.-S.-E. de Leyde, par 52° 8' de lat. N. et 2° 24' de long. E. ; 2.9L7 hab.

AARON, montagne d’Arabie (1.329 mètres d’altitude) dans la partie nord-est de la presqu’île de Sinaî, à 16 kilom. O. de la ville Ma-un. C’est le Dscbebl-Nebi-Harùn, c’est-à-dire mont Aaron, où, d’après la tradition, le frère de Moïse, Aaron, fut enterré. La montagne est un des lieux sacrés des musulmans. Ses pentes ont un aspect rougeâtre et sont usées par de nombreux torrents. Sur le point culminant de la montagne, les Arabes ont bâti une maison d’où l’on a une vue magnifique.

AARON, presqu’île de France (Ille-et-Vilaine), sur laquelle fut bâtie au viie siècle la ville de Saint-Malo.

AARWANGEN, ville de Suisse, ch.-l. de district du canton de Berne, à 50 kilom. N.-E. de Berne et à 20 kilom. au N.-E. de Soleure, sur la rive droite de l’Aar, sur le chemin de fer de Burgdof à Aarburg, par 47° 14' de lat. N. et 50 26' de long. E. Pont sur l’Aar ; I.S00 hab.

AAS s. f. (a-ze) ; plur. aasar (a-a-zar). Géogr. On désigne sous ce nom, en Suède, un faîte, une colline, une levée ou un renflement, formant une chaîne continue de matières meubles, graveleuses et sableuses, remaniées et arrondies par les eaux. Ces levées à dos arrondi portent les noms de sandaasar (collines de sable), de rullestensaasar (collines de galets et de cailloux roulés), ou tout simplement A’aasar. Les aasar principales se distinguent des latérales par leur continuité relativement moins interrompue, par leurs dimensions plus grandioses et par ce caractère qu’ils se prolongent quelquefois pendant plusieurs dizaines de myriamètres, sans jamais se réunir à l’une ou à l’autre des aasar principales qui leur sont parallèles. Da leur côté, une partie des aasar latérales se font remarquer par leurs embranchements ou nouvelles aasar, qu’elles envoient à leur tour dans différentes directions. Ces aasar représentent l’ancienne plage de la mer. Leur hauteur atteint jusqu’à 400 et 500 mètres. Les plus considérables Bont : l’aas d’Upsal, qui va de l’embouchure du Dalelf au N. À la partie méridionale du Sœdertcerm (au sud de Stockholm), et a environ 200 kilom. ; l’aas de Kœping, qui va des environs de Nykœping jusqu’au Dalelf, et compte près de 240 kilom. ; l’aas d’Enkœping, qui va des environs de Trosa en Sudermanie jusqu’à ceux de Loos dans le Helsingland, 340 Kilom., et l’aas de Badelunda, en Sudermanie, qui s’étend jusqu’à la paroisse de Rœttvik, en Dalécarlie, après un parcours de 300 kilom.

* AASEN (Ivar-André), érudit et philologue norvégien, né àŒrsten le 5 août 1813. — À ses travaux, cités au tome XVI du Grand Dictionnaire, il faut ajouter les suivants : Ervingen, comédie mêléede chants (1855) ; Symra, recueil de chansons (1863) ; Dictionnaire des noms -populaires des plantes de la Norvège (1866) ; Mémoire sur le dictionnaire et la grammaire de la langue norvégienne populaire ; Locutions norvégiennes (1878), etc. L’exemple donné par Aasen d’écrire en langue nationale a été suivi par plusieurs auteurs de son pays.



AASGAARDSTRAND, bourg maritime de Norvègt, déparement de Jarlsberg-Laurvik, sur lacôeoccidmtale du fiord de Christiania, à l’O. de la poi.te S. de Bastce, à 58 kilom. N.-O. de '^aurvil et à 70 kilom. S. de Christiania, nai 590 10 de lat. N. et 8° 2' de long. E. ;760naV.Navilation et pêcherie ; communication par bateti avec Christiania.

AAST, vilage le France (Basses-Pyrénées), arrond. de Lau, à 9 kilom. S.-S.-O. de Montaner, sur le Luet, affluent de l’Adour, par 43° 23' d» lat. i. et 2° 20' de long. E. ; 1S0 hab. Source minérale froide.

AASVÆR, Île de Norvège, département de Nordland, par (6° deat. N. et îoode long. E. ; à l’O. de l’Ile dtDynnss. Depuis quelques années, cette lie est deveiue une des stations de pêcherie les plut impotantes de la Norvège. Vers NoSl, on y reneonre jusqu’à 10.000 personnes occupées » la pèhe du hareng. On exporte par an environ 20.000 tonneaux de ce poisson, atteignant une deur de 5.625.000 fr.

AATVIDABERG, Mines de cuivre en Suède, département de GLstergûtland, à 40 kilom. S.-O. de Norrkoepirj, sur e chemin de fer de Norshalm-Vestervik, Ces nines, les plus importantes de la Suèdt, étaiint déjà exploitées dès le Xiv« siècle, et rivalisaient avec celles de Falun. On n’y travaille plt$ que dans quatre mines, dont la plus producive est celle de Bersbo. On a extrait, en 1878, îes raines d’Aatvidaberg 4.392.100 kilogr. de uivre et de nickel ; on y occupait 172 homme et 50 femmes.

ABA, petite ville de Hongie, comitat de Szek-Feher ou Stuhlweissenbirg, par 46» 58' de lat. N. et 18° 15' de long. 1. ; 3.000 hab. Tisseranderies, sources minéraes.

ABACAXIS, rivière du Brésil, province de Parn, affluent de droite de l’Aulzone, entre Rio Madeira et le Tapajos.

ABACISTE s. m. (a-ba-si-ste— du lat. abacus, abaque, machine à calcder, «t par extension, arithmétique). Nom "onné aux mathématiciens de l’école indien» qui s’occupaient presque exclusivement do propriétés des nombres. Ils ignoraient le progrès faits par les Grecs en géométrie jt s’attachaient peu à cette science.

* ABACO s. m.—Miner. Auge qui «rt dans les mines au lavage des minerais et Jus spécialement des minerais aurifères.

* ABACO ou LA GRANDE LUCAYE, île anglaise la plus septentrionale de l’arehpel de Bahama ou des Lucayes dans l’océan Alantique, par 260 30'de lat. N. et79°30'de loig. O. Sa superficie est de 2.020 kilom, carra (la grande et la petite Abaco) ; la population est de 2.500 âmes, soit 1 hab. par kilom. c.rré. Abaco s’étend du N.-O. au S.-E. ; sa forint est celle d’une botte dont la tige est au S.-E et la pointe du pied au N.-E. L’Ile est divisée en deux parties par un petit caial peu profond, et offre dans l’E. deux massifs assez élevés. La pointe S.-E, de l’lb, le Hôte in the wall (Trou dans la muraille, 01 Roche percée), par 25" 31' de lat. N. e 790 30' de long. O., forme d’un côté, avec l’IU d’Egg, l’entrée du canal N.-E. de la Providence, et de l’autre, avec les Cayes (Ilots) Stirrups, l’entrée orientale du canal N.-O. du même nom. A 600 mètres de la pointe, par 250 31' 30" de lat. N. et de 79° 3' 4" de long. E., s’élève le phare d’Abaco, dont la base a 24 mètres d’altitude et la tour 24 mètres au-dessus de sa base. L’extrémité méridionale de l’Ile forme un cap dont la configuration est analogue à celui du Hole in the Wall ; tous deux semblent être le produit de quelque convulsion, dont la côte entière porte, d ailleurs, les marques évidentes. Le rivage est couvert de débris de navires, de mâts, etc. ; sa partie occidentale présente une barrière complète de pierre. Il existe des mouillages commodes et bien abrités de la pointe méridionale d’Abacoà Rock-lJoint, sur les côtes orientales. L’Ile repose sur des substructions de coraux. Ce sol calcaire n’est revêtu que d’une couche très minco de terre végétale qui rend l’Ile très ferlite, quoiqu elle manque d’eau potable. On exporte ua peu de coton, de l’indigo et du tamarin, beaucoup de fruits, surtout d’excellents citrons, des raisins, des oranges, des ananas, des bananes, de l’écaillé de tortue, de l’ambre gris, des bois d’acajou, de campêche ou de fernambouc. On y pêche une espèce d’épongé qui fournit un article de commerce important.

La ville de Carleton, chef-lieu de l’Ile, est le plus ancien des établissements anglais dans l’archipel de Bahama.

ABACOCRINUS s. m. (a-ba-ko-kri-nuss — du grec abax, tablette ; krinon, fleur de lis). Paléont. Genre d’échinodermes crinoïdes fossiles, appartenant au silurien supérieur.

ABACOPTÉRIS s. f. (a-ba-kop-té-rissdu gr. abax, damier ; ptéris, fougère). Bot. Genre de fougères créé par Fée aux dépens des aspidiums, habitant les Indes et l’Océanie. Leur nom rappelle la disposition en damier des nervures des feuilles.

ABAD, ville du Béloutchistan, située sur la rive droite de la Nari, affluent du Sindh (rive droite), à 35 kilom. E.-S.-E. de Gandava, par ISO de lat. N. et 66» de long. E.

ABÂDAN, localité sise sur la rive gauche du Chat-el-Arab ou Euphrate inférieur, dans une île du delta, à 64 kilom. au S. de Bassora et à 30 kilom. du golfe Peisique, par 30° 15'


de lat. N. et46<>25'de long. E. Ce lieu est fréquemment cité par les anciens auteurs arabes

ABADEH, ville de Perse (Farsistan septentrional), & 100 kilom. d’Ispahan, par 31<> 12' de lat. N. et 50» 26' de long. E. ; 5.000 hab. Cette ville, entourée de hautes murailles, mérite bien son nom, qui signifie • lieu de culture i, car les campagnes environnantes, parsemées de villages et labourées avec soin, sont très productives. Abadeh possède une industrie spéciale, celle de la sculpture sur bois ; Ses habitants sont d’une extrême habileté pour tailler, dans le bois de poirier, des étuis, écritoires, cuillers, boites, jeux d’échecs, etc.

ABADESAS ou SAN-JUAN DE LAS ABADESAS, bourg d’Espagne, province de la Gerona ou Girone, sur la rive gauche du Ter, à 22 kilom. N.-O. d’Olot, par 4 !<> 11' de lat. N. et 0» 0' 35" de long. E. ; 550 hab. A 5 kilom. N., au pied des Pyrénées, se trouvent de riches mines de houille.

ABADIA, bourg d’Espagne, au N. de la province de Cacerès, près de l’Ambroz, affluent de l’Alagon, par 40° 24' de lat. N. et 8» 23' de long. O. Le duc d’Albe se retira à Abadia pendant sa disgrâce et y habita le fameux palais des ducs d’Albe, construit sur les ruines d’une célèbre abbaye des templiers.

* ABADIE (Paul), architecte, né à Paris en 1812. — Frappé d’une attaque d’apoplexie, il est mort à Chatou le 2 août 1884.

Abadie, Gilles, Knoblocb, Ktrall, etc. (AFFAIRE). Cette affaire, qui marqua parmi les causes célèbres de 1880, fut surtout notable par la jeunesse et la perversité précoce des accusés. Le plus âgé, le chef de bande, Abadie, avait à peine vingt ans. Il avait rêvé de renouveler, au milieu du Paris du xix» siècle, les exploits légendaires des Cartouche et des Mandrin. Deux assassinats, commis avec une singulière audace, lui valurent deux condamnations à mort, dont aucune ne fut exécutée. Le 3 janvier 1879, le garçon épicier Lecercle était parti vers deux heures de l’après-midi, dans une tapissière, pour encaisser des factures chez différents clients de son patron, M. Martin, épicier, cours de Vincennes. A sept heures, sa voiture, paraissant abandonnée, était rencontrée par le tramway de Vincennes et ramenée chez M. Martin, dont elle portait la plaque, par un contrôleur de là Compagnie. Dans le premier moment, on crut que Lecercle avait laissé échapper son cheval ; mais M. Martin, visitant la voiture, y trouva le cadavre de son employé étendu au fond et couvert d’un paletot ; il avait au cou de nombreuses blessures ayant déterminé une abondante hémorragie, et la mort avait dû être rapide. Malgré les plus actives recherches, la police ne parvint à rien découvrir. Trois mois après, le 17 avril, un nouvel assassinat était commis dans une localité voisine, à Montreuil-sous-Bois, dans un petit cabaret isolé, tenu par les époux Bassengeaud dans la partie fort déserte de la commune qui s’étend vers Rosny et Bagnolet. Bassengeaud, ancien soldat, blessé durant la guerre francoallemande, exerçait au dehors l’état de menuisier et ne rentrait le plus souvent que le soir, laissant toute la journée à la maison sa I femme seule. Le cabaret n’était fréquenté que par de rares clients, des maraîchers, des carriers, et aussi des vauriens de mauvaise mine, des rôdeurs de barrière. Malgré ses quarante-quatre ans et diverses infirmités qui devaient la rendre peu attrayante, entre aitres une ophtalmie, la femme Bassengeaud se choisissait des amants parmi ces rôdeurs qu’elle qualifiai t de « bons garçons •. Abadie eD était un. Cela devait un jour ou l’autre mal finir pour elle ; le 17 avril, vers onze heures du matin, on la trouvait étendue par terre dani sa cuisine, baignant dans le sang^ et frappée de treize coups de couteau, dont 1 un, absolument comme au malheureux Lecercle, avait presque entièrement coupé la carotide. Les meubles avaient été fracturés et fouillés, et, aussitôt que les journaux eurent parlé de l’assassinat, une célébrité de la foire aux pains o’èpices, qui se tenait alors, la femmetorpille, rapportait à la police la montre en or de la victime : elle la tenait d’un individu dont elle, ne savait pas la nom.

Les soupçons se portèrent sur deux jeunes gens que des ouvrières avaient vu entrer, le matin du 17 avril, au cabaret Bassengeaud, et qui en étaient ressortis environ une demiheure après. Au signalement, on reconnut dans l’un Abadie. Celui-ci, en effet, avait été récemment employé à Montreuii comme garçon de lavoir et comme garçon boulanger ; on savait ses relations avec la femme Bassengeaud, et depuis qu’il avait été congédié par ses patrons, il ne cessait de rôder dans le pays. Il fut arrêté le 22 avril, encore porteur d’un pantalon taché de sang ; un paletot et une jaquette maculés furent trouvés dans une chambre qu’il avait occupée le soir même du crime, rue du Faubourg-du-Teinple, avec un de ses amis, Gilles, qu’on arrêta aussitôt. La femme-torpille, qui reconnut en Abadie celui qui lui avait donné la montre, le força à faire des aveux.

Gilles et Abadie s’étaient connus en avril 1878 ; tous deux, pourvus d’un* instruction assez étendue, mais doués d’instincts pervers et ayant le travail en horreur, ne vivaient que de vols. Abadie, qui s’était essayé à tous les métiers, graveur, doreur sur bois, cise-