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La flotte est formée de 98 navires armés de 311 canons et montés par 11.505 hommes d’équipage.

En voici Sa composition :

Navires blindés : Canons. Équipages.

1 vuisseau à tour 9 »

8 vaisseaux h. casemates. 108 3.9-M

■9 frégates 36 1.022

Vapeurs :

S frégates 30 914

3 corvettes à pont couvert 36 903

5 corvettes k fiont ras... 23 1.154

a navires torpilleurs.... 18 540

S canonnières 12 644

5 vapeursâaubesetyachts 8 438

26 bateaux porte-torpilles. ■ 306

6 transports 13 499

Sur le Danube :

monitors 4 98

72 navires de guerre... 297 10.522

En outre :

16 vaisseaux-écoles etbalks 10 667

10 tendera 4 316

98 navires 311 11.505

Le plus fort bâtiment de combat de la marine autrichienne est le « Tegetthof », terminé en 1878. Il a 90 mètres de long et est pourvu de 28 canons Krupp. Il occupe le 13* rang parmi les vaisseaux du monde entier.

Histoire députa Sadowa* Au lendemain de Sadowa, la situation de l’Autriche était si lamentable que l’Europe entière crut un moment à la dissolution de cet empire autrichien, véritable i polyarchie polyglotte i, comme on l’a appelé non sans justesse. Les nationalités se haïssaient entre elles et aspiraient chacune de son côté à l’autonomie ; le commerce et les finances traversaient une crise effroyable ; l’armée, vaincue et humiliée, avait le plus urgent besoin d’être soumise à une réorganisation. Exclu de la Confédération germanique, l’empereur François-Joseph ne pouvait plus chercher en Allemagne le point d’appui qui lui avait permis de braver les aspirations de ses peuples, dont les revendications se basaient à la fois sur le droit historique et sur l’idée de race ou de nationalité. Concilier tant d’intérêts divers était une tâche difficile, sinon impossible ; mais, en sacrifiant les Slaves à ces Madgyars toujours remuants, qui n’avaient point, durant la guerre, caché leurs sympathies pour la Prusse, en inaugurant le régime dualiste par la réunion sur sa tête des couronnes d’Autriche et de Hongrie, le monarque opposerait peut-être une digue au flot houleux de cet océan ethnique qui. menaçait de submerger le trône des Habsbourg. Le ministère Belcredi accorda donc aux Hongrois un gouvernement responsable, convoqua la Diète et la chargea de préparer un projet d’accord. François-Joseph voulut que ce projet, une fois élaboré, reçut la sanction des autres assemblées de la monarchie, qui se réunirent à cet effet le 19 novembre 1866. Les diètes slaves, comprenant qu’on sacrifiait les nationalités qu’elles représentaient, repoussèrent tout projet de dualisme, et les diètes allemandes réclamèrent la mise en vigueur de la constitution Schmerling, suspendue en 1865. ■ L’empereur, toujours flottant, dit M. Louis Asseline, s’effraya des clameurs des Slaves et, le 2 janvier 1867, il convoqua pour le 25 février un Reichsrath extraordinaire, c’est-à-dire une Assemblée constituante qui discuterait l’Ausgteick. Elle devait être composée de 203 membres. Les Slaves, sûrs d’y avoir la majorité, applaudirent, mais les Madgyars, non moins sûrs d’y être en minorité, et les Allemands, certains qu’on y voterait le fédéralisme, protestèrent avec une énergie qui amena la chute du ministère Belcredi. M. Belcredi eut pour successeur, le 7 février, le baron de Beust, l’ex-ministre de Saxe, tant détesté de M. de Bismarck, qui avait refusé de l’admettre à Nikolsbourg. M. de Beust, avec une grande décision, renonça an Reichsrath extraordinaire et convoqua le Reichsrath ordinaire établi par la constitution Schmerling, mais en le bornant à la Cisleithanie et en lui demandant de ratifier l’accord conclu avec la Hongrie, car « il s’était mis d’accord avec Deak». far ce mot nouveau de Cisleithanie, on entendait la basse et la haute Autriche, Salzbourg, la Slyrie, la Carinthie, la Carniole, le Tyrol, le Vorarlberg, Goritz et Gradishka, l’istrie, la Dalmatie, la Bohême, la Moravie, la Silésie, la Galicie, la Bukovine, Trieste. Le nom de Transleithanie fut appliqué à la Hongrie, h la Transylvanie, à la Croatie-Slavonie, aux Contins militaires et à la Voïvodie serbe. Ainsi, la Leitha servait de ligne de démarcation entre les deux moitiés de la monarchie.

Les diètes slaves chargées de faire les élections au Reichsrath ordinaire exprimèrent en termes très vifs leur mécontentement de se voir livrées aux Allemands en Cisleithanie et aux Madgyars en Transleithanie ; on ne les écouta pas, et le Parlement accepta l’Ausgleicà vote par la Diète hongroise sur la proposition d’un comité présidé par François Deak, le Franklin madgyar. Peu après, l’empereur ceignait à Pesth la couronne de saint Étienne (1867). Il importe, pour l’intelligence de ce qui va suivre, d’exposer brièvement le mécanisme de la consti AUTR

tution dualiste. Le pouvoir exécutif appartient k l’empereur-roi. Chacune des deux parties de l’État est dotée d’un cabinet et d’un Parlement spécial. Le cabinet autrichien ou cisleithan comprend les ministères de l’Intérieur, de la Défense du pays, de l’Agriculture, des Cultes et de l’Instruction publique, des Finances, du Commerce et de l’Économie nationale, de la Justice. Le cabinet madgyar se compose des ministères de l’Intérieur, de la Cour, de l’Instruction publique et des Cultes, de la Défense du pays, des Voies de communication et des Travaux publics, de la Croatie-Esclavonie, de la Justice, des Finances, de l’Agriculture, de l’Industrie et du Commerce. Trois ministères existent en outre, qui sont communs à la monarchie et qui s occupent des relations extérieures, de l’armée et des finances communes ; ils sont responsables devant les deux Délégations des Parlements de Vienne et du Budapest, composées chacune de 60 membres, élues par les Parlements cisleithan et transleithan, dont elles ne sont qu’une émanation. Le Èeichsralh ou Parlement autrichien est formé de deux Chambres distinctes : la Chambre des seigneurs (Herrenkaus) et la Chambre des députés (Abgeordnetenfiaus) ; la Diète hongroise (Orszagiilés) comprend la Table des magnats et la Table des députés (Felso haz et Also haz). Les trois départements ministériels communs sont présidés par le chancelier de l’empire.

Le premier ministère commun fut constitué le 24 décembre 1867 avec le comte de Beust aux Affaires étrangères, le baron de Beck aux Finances, le général John à la Guerre. Six jours plus tard, le 30, le ministère cisleithan reçut la composition suivante : prince d’Auesperg, président ; docteur Giskra (Intérieur) ; de Brestl (Finances) ; Herbst (Justice) ; Hasner (Instruction publique et Cultes) ; comte Potocki (Agriculture) ; Berger, ministre sans portefeuille. Cette dernière combinaison marquait un changement profond dans un État OÙ naguère le souverain distribuait les portefeuilles à sa fantaisie. C’est que l’Autriche avait senti qu’elle ne pouvait plus éviter une dislocation générale que par les institutions véritablement parlementaires. L’cauvre de l’organisation constitutionnelle, commencée par Schmerling, un des membres de l’Assemblée de 1S4S, mais entravée dès l’origine par la cour et le parti clérical, puis suspendue par l’avènement d’un cabinet militaire et rétrograde bientôt puni de ses tentatives despotiques par une immense défaite, devait être reprise. Et elle était à ce point indispensable que M. de Beust, l’ancien chef des conservateurs de Saxe, l’homme qui avait pendant quinze ans servi les idées les plus réactionnaires, vint supplier l’honorable M. Berger, celui-là même qui avait siégé sur les bancs de la gauche à l’Assemblée révolutionnaire de Francfort, de prendre en main la direction des affaires autrichiennes. « La constitution du ministère Giskra-Berger, écrivait en 1868 un publiciste, est l’acte additionnel de la maison de Lorraine. IJ s’agit maintenant pour elle d’échapper a. un Waterloo. • En premier lieu, le gouvernement cisleithan se préoccupa d’arracher l’Autriche à la domination ultramontaine, qu’elle subissait depuis le concordat de 1855. Cet instrument diplomatique fut dénoncé. Une loi sur le mariage porta que toute union pourrait, sur le refus des prêtres, être valablement contractée devant l’autorité civile et que les affaires matrimoniales ressortiraient aux tribunaux laïques (1868). Malgré l’opposition des fédéralistes, des Polonais, des Slovènes, desTyroliens, les écoles furent ensuite soustraites à la tutelle de l’Église. Enfin, une loi dite interconfessiounelle et destinée à mettre fin aux luttes entre les diverses religions et à régler les mariages mixtes, fut adoptée par le Reichsrath. Ces réformes libérales furent sanctionnées par l’empereur, malgré les efforts faits par le clergé et le pape pour l’influencer, et le cabinet poursuivit les évêques dont les mandements avaient excité les fidèles à la désobéissance aux lois. Aussitôt après, le jury fut rétabli, même en matière de presse (1868) ; la dette de l’État subit l’unification, la loi militaire, votée le 13 novembre, fixa l’effectif de guerre a 800.000 hommes pour une durée de douze ans, et les Chambres adoptèrent une réforme de l’armée, calquée sur le type de l’organisation prussienne. En Hongrie, les portefeuilles échurent au comte Andrassy, président et ministre de la Défense du pays ; à M. Festetics, ministre a latere ; à M. de "Wenoke (Intérieur) ; à M. Horwath (Justice) ; à M. de Lonyay (Finances) ; à M. Eotvos (Instruction publique et Cultes) ; à M. Gorove (Agriculture, Industrie et Commerce) ; à M. Miko (Travaux publics). Le lendemain du couronnement de l’empereur François-Joseph, une amnistie fut décrétée (8 juin 1867), et l’on vit rentrer d’illustres bannis, comme Tûrr et Klapka. Cependant, les partis luttaient avec violence : on remarquait les Deakistes, qui avaient la majorité et qui, prêchant la conciliation, étaient opposés à la gauche (parti de MM. Keglivicz et Jokay), au centre gauche (MM. Tisza et Ghyczy), et à l’extrême gauche (MM. Bœszoermenyi et Madaraz). La gauche et le centre gauche demandaient la suppression des Délégations et des ministères communs ; l’ex tréme gauche voulait une armée madgyare autonome. Pourtant, vers la fin de l’année

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1868, les Gltyczysies se rapprochèrent des Deakistes, et le parti Tisza du parti Jokay. Aux élections de 1869, qui furent signalées par des scènes nombreuses de violence et de corruption, les Deakistes obtinrent une sérieuse majorité.

Comme on devait s’y attendre, les nationalités sacrifiées ne eessèrent de protester contre le dualisme et de s’agiter. Les Tchèques, dès que la liberté de réunion eut été proclamée, tinrent des meetings où ils revendiquèrent l’exercice de leur3 droits méconnus ; il était dans leurs vœux, et on ne saurait les en blâmer, que l’empereur prît, avec la couronne de saint Étienne, celle de saint Vacslav, et traitât la Bohême sur le même pied que la Hongrie. Lorsqu’on convoqua les diètes provinciales, les députés tchèques refusèrent de s’y rendre (car le régime électoral de Schmerling les maintenait dans une infime minorité), et ils publièrent une « déclaration », un programme de leurs revendications (22 août 1868) en huit articles ainsi résumés par M. Louis Léger : i 1<> il y a enre la Bohême et le souverain un rapport de droits et de devoirs mutuels qui oblige également les deux parties ; 2° l’Autriche n est pas un État unitaire : le royaume de Bohême n’est rattaché au reste de la monarchie que par le lien de l’union personnelle ; 30 aucune modification ne peut être apportée k cet état de choses que par un contrat nouveau entre le royaume et la dynastie ; 40 aucune assemblée étrangère à la Bohême, Reichsrath ou Délégation, ne peut imposer au royaume des dettes de l’empire ou d’autres charges publiques ; 5» la toi électorale est à réformer ; 6<> la nation hongroise a le droit de traiter avec le souverain de ses intérêts, mais non pas de ceux de la Bohême ; V> la Cisleithanie est sans fondement historique, et la Bohême n’a pas à se faire représenter dans une Assemblée cisleithane ; 8<>les questions constitutionnelles pendantes doivent être réglées d’un commun accord entre le souverain et la nation politique bohème représentée sur la base d’une loi électorale juste et d’une élection correcte, à La Diète de Moravie publia une déclaration analogue, mais la majorité de l’assemblée se prononça contre, tandis que la Diète de Prague, où les Allemands dominaient, déclarait démissionnaires 71 signataires du programme tchèque et abrogeait la loi obligeant les élèves à apprendre la langue nationale des Bohémiens. Des émeutes éclatèrent : le général Koller les réprima durement et Prague fut rais en état de siège, ainsi que deux districts voisins, jusqu’au 28 avril 1869. Dès le lendemain, les réunions recommencèrent et le meeting du 15 mai compta 25.000 assistants. Les élections de 1869 donnèrent raison à l’opposition, tant en Bohême qu’en Moravie, et les dualistes durent être convaincus, dè3 cette époque, que ni les mesures répressives, ni les concessions secondaires ne triompheraient d’un peuple qui repoussait a priori la constitution de 1 empire. En Galicie, les Polonais et les Ruthènes, qui n’avaient à faire valoir ni droits historiques, ni contrats avec la monarchie, firent au dualisme une guerre moins vive. Sous l’influence du comte Gotuchowski, chef du parti polonais, la Dièta de Lemberg avait envoyé des députés au Reichsrath, malgré les efforts en sens contraire des démocrates fédéralistes, dirigés par Smolka, qui prêchait une alliance avec les Tchèques au nom des intérêts slaves. Dès l’ouverture de la Diète, Smolka formula à la tribune les griefs de son parti, et M. Zyblikiewiz proposa de faire examiner la constitution dualiste par une commission spéciale. Celle-ci fit son rapport le 16 septembre 1868 ; elle concluait à la publication d’une « résolution », qui est comme le pendant de la déclation tchèque et qui est demeurée la charte de la Galicie. Il y était dit : 1» que la Diète du pays doit seule régler le mode d’élection et la durée du mandat des députés au Reichsrath ; 20 que,1e gouvernement n’a aucune qualité pour ordonner des élections directes ; 30 que les députés galiciens ne doivent participer aux délibérations du Reichsrath que lorsqu’il s’agit d’affaires communes a la Galicie et au reste de la monarchie ; 4° qu’il convient d’enleverà la compétence du Reichsrath, pour les faire entrer dans celle de la Diète : les affaires commerciales locales, la législation des institutions de crédit, les questions sanitaires, les droits de cité et de police des étrangers, les lois civiles et criminelles, les mines, l’enseignement, la justice, etc. ; 5o que le devoir du gouvernement est de payer à la Galicie une somma soustraite au contrôle parlementaire et destinée a couvrir les frais de l’administration du pays ; 6° que tous les biens de l’État doivent être incorporés dans le domaine public galicien ; 7« que l’approbation de ta Diète est indispensable pour la vente des salines ; 80 que la Galicie réclame une cour de Cassation nationale ; 9<> qu’elle doit être administrée par un gouvernement spécial, responsable devant la Diète. Le Reichsrath repoussa cette résolution par la question préalable, et le pouvoir central, voulant récompenser les Polonais de leur opposition à la « résolution •, sanctionna une loi de la Diète autorisant l’usage de leur langue dans les tribunaux et les administrations. Les Polonais, en effet, qui ne se considèrent que comme des « hôtes temporaires » de la

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monarchie autrichienne, se désintéressent totalement des questions de race et cherchent uniquement k obtenir, en attendant, le plus possible de concessions. • À l’extrémité occidentale de la monarchie, dit M. Léger, les Slovènes, dans de nombreux meetings, réclamèrent la formation d’un royaume de Slovénie ou dIllyrie, qui aurait compris Trieste, l’istrie, Goricka, Gradishka, la Carniole, la Carinthie méridionale, laStyrie méridionale. En Dalmatie, la lutte n’était pas moins vive, à la Diète de Zara, entre la minorité italienne soutenue parle gouvernement, toujours et partout hostile aux Slaves, et les représentants des Serbo-Croates. Vers la fin de 1S69, une insurrection éclata dans les Bouches du Cattaro : les Serbes de ce district, population guerrière et fort semblable à celle du Monténégro, refusèrent de laisser appliquer chez eux la nouvelle loi sur la landwehv ; ils voulaient bien porter les armes et combattre pour la défense de leurs montagnes, mais ils refusaient de se laisser enrégimenter et transformer en kaiseriicks. Ils coururent aux armes ; l’état de siège et ta loi martiale ne purent les réduire ; deux généraux autrichiens épuisèrent en vain contra ces tireurs habiles, retranchés dans des situasions imprenables, toutes les ressources de la stratégie la plus savante. Leur compatriote, le général Rodich, fut plus heureux ; il sut soumettre les Bocchesi, plutôt par la persuasion que par la force ; une amnistie termina ce sanglant épisode (1869, décembre).»

Les nationalités sacrifiées avaient raison de ie plaindre : en deçà et au delà de la Leitha, on les opprimait de la façon la plus despotique. Les Croates, les Serbes et les Roumains avaient surtout à se plaindre des Madgyars ; mais dans la Cisleithanie, les Allemands ne ménageaient ni les Tchèques, ni les Slovènes, ni les Galiciens. En présence du mécontentement croissant des Slaves, les ministres autrichiens se divisèrent. Une fraction du cabinet, composée de Taafa, Berger et Potocki, pencha visiblement en faveur des victimes du dualisme : pour rétablir la tranquillité, pour asseoir sur des bases solides l’empire lui-même, il fallait, disaientils, faire des concessions. La majorité (Giskra, Herbst, de Plener, etc.) persistât au contraire à soutenir quand même la politique de M. de Beust et à réclamer pour les Allemands la suprématie dans la première moitié de l’empire. Une crise ministérielle menaçait : l’empereur la précipita. Le 10 décembre 1869, il demanda au cabinet un mémoire sur la situation, et la majorité répondit le 13 du même mois en formulant son opinion. Le 26, sur l’invitation de François-Joseph, la minorité répliqua par un contre-mémoire. Le 18 janvier 1870, le < Journal officiel » de Vienne publia les deux documents. Le 16, l’empereur accepta la démission de la minorité, de sorte que M. de Beust sortit vainqueur de la crise. Celle-ci n’était, malheureusement, qu’un incident do la crise plus profonde qui secoue les populations de 1 empire tout entier. La paix rentrait dans les conseils du souverain, mais elle ne rentrait point dans le pays, car le triomphe du dualisme ne pouvait qu’enfiimmer davantage la lutte des races. Un seul membre du rumpcabinet avait le sentiment des difficultés qu’il s’agissait de vaincre : M. Giskra. Ce ministre estima que, pour sortir de l’impasse où l’État se trouvait acculé, il n’y avait d’autre moyen que de mettre à l’ordre du jour une réforme absolue de la loi électorale. Ses collègues parurent d’accord avec lui, et le bruit circula que l’empereur partageait ses sentiments. Lorsque pourtant vint le jour de prendre une détermination, Giskra resta seul de son avis et n’hésita pas à donner sa démission. Ebranlé jusque dans ses fondements, le ministère menaçait ruine, et un incident imprévu décida de son effondrement. Dans la séance du Reichsrath du 31 mars 1870, les députés non allemands dé fiosèrent leur mandat, déclarant, par deux ettres adressées au président au nom des deux principaux groupes, qu’ils ne pouvaient plus siéger dans une assemblée qui, par principe, méconnaissait les droits des Slaves. La première de ces lettres portait les signatures de trente députés galiciens ; la seconde, celles des quatre députés de la Carniole, des deux de Trieste, des deux de l’istrie, des deux de Goerz, d’un député de la Bukovine et d’un député da la Styrie, Or, comme les députés tyroliens avaient quitté le Reichsrath un mois auparavant et que la Bohème avait constamment refusé de se faire représenter, il se trouva que le Parlement ne fut plus composé que des seuls députés des pays allemands : ceux-ci constituaient à peine la majorité nécessaire pour voter, et pour peu que deux d’entre eux fussent absents, la Chambre ne serait plus en nombre. « Voilà, écrivait quelqu’un à cette époque, la triste situation où se débat l’Autriche. Les pièces de cet habit d’arlequin se disjoignent a chaque secousse nouvelle. M. de Beust a recousu solidement les morceaux du côté de la Hongrie, et aussitôt la houppelande autrichienne a craqué du côté de la Bohême et de la Galicie. Qu’il recouse encore de ce côté, et l’Autriche allemande percera des trous dans sa constitution. • M. de Hasner, désireux de faire un exemple, demanda à l’empereur de dissoudre les diètes provinciales, dont les délégués avaient rési-