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est pleine de promasses. Son serment de fidélité à Napoléon III a failli être vendu, en 1884, avec ceux de MM. Jules Grévy, Thiers, Jules Favre, Jules Simon et Jules Ferry, tous les Jules célèbres ; la vente fut empêchée, pour des raisons faciles à comprendre. Les fac-similé de ces précieux autographes se trouvent dans Paul Eudel (l’ffâtel Drouot, tome IV), ce qui est tout au moins une consolation. C’est a propos de ces serments que Rochefort écrivait dans sa Lanterne du 14 roui 1869 : ■ Depuis quinze jours, prêter serment est aussi simple que de prêter cent sous & un ami, plus simple quelquefois. Le nombre des serments que l’on dépose à l’Hôtel de ville atteint de telles proportions que les employés, morts de fatigue, refusent de les inscrire. Il y a des serments qui font queue toute la journée ; la constitution refuse du monde. Je m’attendais à voir les journaux dévoués se féliciter de cette avalanche de fidèles, mais ils gardent le silence ; je dirai plus, ils froncent le sourcil. Ils trouvent que Paris jure trop facilement obéissance. Celui qui donne sa parole avec cette aisance la prend rarement au sérieux ; la violer me parait le plus saint des devoirs. ■

On voit que les pièces curieuses ne font pas absolument défaut parmi les autographes contemporains ; un certain nombre peuvent passer pour des documents biographiques pleins d’intérêt, quoiqu’on ne les ait pas achetés bien cher. Telle est, par exemple, cette lettre de Murger, adressée à une personne qui approchait de très près Victor Hugo. « Madame, Vaequerie vient de m’écrire que, grâce à vos sollicitations, le ministre de 1 Instruction publique m’a accordé un secours sur les fonds des gens de lettres. Vaequerie me fuit espérer en outre un autre secours du ministère de l’Intérieur. Je sais, madame, et beaucoup le savent aussi, quelle généreuse initiative vous prenez toujours quand il s’agit d’être utile. Jamais peut-être votre bienveillante protection n’aura secouru misère plus complète que la mienne et relevé plus grand découragement que le mien. Ce que vous venez de taire pour moi augmente encore la dette de reconnaissance que j’ai contractée avec votre maison. Plusieurs fois, M. Hugo, tout spontanémentetavec ce glorieux instinct de bonté qui double son génie, m’a tiré de situations mauvaises et, tout compte fait, c’est depuis dix-huit mois la troisième fois qu’il me remet debout dans ma persévérance et dans la possibilité de vivre. Tout ce que je regrette, madame, c’est que je n’aurai sans doute jamais que des paroles pour vous exprimer ma reconnaissance, à vous comme à M. Hugo, et pourtant je payerais cher une occasion de vous le prouver autrement. Veuillez donc recevoir mes remerciements, madame, non pas seulement pour l’heureux résultat de votre protection, mais à cause de l’empressement ot de la grâce avec laquelle vous me l’avez adressé. •

Cette lettre, qui fait si cruellement voir la détresse du chantre de la bohème, est-elle assez navrante ? Une autre, qui parut dans la même vente, et qui était vraisemblablement adressée à la même personne, constitue un document contemporain tout aussi intéressant ; elle était signée : Barbey d’Aurevilly. « Pavillon de la Muette, la veille de votre départ. Vous partez, comme disent toutes les romances, et je vous verrai encore demain. Mais aujourd’hui (pour ne vous parier que de vous demain) souffrez que je vous dise un mot de moi. La dernière fois que vous êtes allée chez notre grand poète, vous ne l’aveï pas rencontré. Je sais qu’il est si aimable pour moi que je puis m’adresser directement à lui, si besoin j’ai de lui (et grand besoin j’en ai, madame !) : j’ai la foi qu’il me répondra et l’expérience qu’il est charmant :

D’un cygne 11 ne peut jamais

Tomber que des plumes blanches !

■ Mais, comme Dieu, il a ses saintes qu’il aime, et vous êtes, je pense, de ces saintes-là. Voilà pourquoi je vous demande votre appui gracieux et vainqueur. Parlez-lui de moi en lui écrivant vos adieux. Mêlez-moi dans sa pensée à l’idée de vos adieux. J’y gagnerai peut-être une bienveillance plus marquée, plus active encore. S’en aller rend les souvenirs plus chers et les absents ont toujours raison pour les sensibilités profondes. Vous savez du reste, et mieux que moi, ce qu’il faut dire à M. Hugo. Mon article sur Innocent IV doit paraître tous les jours, et ne parait jamais. Un mot donc de cette toutepuissante amitié qui joint le grand poète à M. Bertin emporterait ces dernières lenteurs qui me tuent. Ce n’est pas tout ; j’ai un roman tout prêt, fini, fumant, je voudrais le donner aux « Débats i. Je le crois digne d’y paraître, même après, mieux que HonteChristo et autres pacotilles industrielles. Je suis certain (et j’ai l’opinion d’Alloury, mon ami intime, qui connaît la situation intérieure du journal et les sentiments de M. Bertin), que M. Hu^o n’a qu’à dire pour qu’on reçoive mon livre les yeux clos, et je n’ai pas peur qu’on les ouvre. Vous en connaissez les deux premiers chapitres. Je pense que ce livre, quelle qu’en soit la valeur, ne compromettrait pas du moins la renommée de M. Hugo. Un mot de tout cela comme vous savez le dire, et je suis tùr de mon succès. Vous avez le chai me qui triomphe de tout ; vous auriez •té la princesse des Ursins, que vous D’au AUTO

riez jamais été exilée. — A vos pieds, cœur repoussé, mais fidèle. Jules B. d’Aurevilly, a

Une lettre de Gambetta, datée de 1863, alors qu’il n’était que simple avocat Stagiaire, a bien aussi sa curiosité. Il s’agit d’ailleurs d’une affaire assez scabreuse :

« Mon cher béliographe,

> Je suis allé voir ta protégée à Saint-Lazare. Son affaire, d’après ses explications mêmes, me parait très grave ; il y a répétition dans le délit d’excitation h la débauche de jeunes filles mineures. Il sera bien difficile de la retirer des filets des magistrats ; ce sont mailles serrées et drues, qui gardent tout, surtout les carpes. Mais par amour de toi je ferai l’impossible et je la disputerai à ces vautours en prurit de moralité, jusqu’à épuisement. Je voudrais seulement qu’elle eût confiance en moi ; c’est une des conditions d’énergie de ma nature ; c’est peut-être bizarre, mais qui rendra raison de la bizarrerie des hommes et du caprice des avocats ? Aie donc ta complaisance de voir... (mot effacé), et envoie ça à mon cabinet, rue Bonaparte, 45, tous les jours avant onze heures du matin.

« Que les temps de Brantôme sont loin de nous ! Voilà qu’on se met à poursuivre les dames galantes. La vergogne envahit la langue, la m.ode et jusqu’au parquet. Où allonsnous ? La vertumanie nous tuera.

« Ton Adèle quand même,

« Léon Gambetta. »

Vendue pas cher, cette lettre : 41 francs ; mais c’était avant la mort de l’illustre tribun.

Les manuscrits des œuvres célèbres sont les seuls autographes des contemporains qui montent à des prix élevés dans les ventes. Il en est passé un certain nombre, de 1S81 à 18S6, sous le marteau des commissaires-priseurs, notamment, en 1883, les manuscrits de la plupart des romans de Balzac, et, l’année suivante, ceux d’Alfred de Musset.

Le manuscrità’Eugénie Grandet s’estvendo. 2.000 francs ; celui des deux premiers dizains des Coûtes drolatiques, 1.440 francs ; Pierrette, 1.420 francs ; l’Histoire des Treize, 650 francs ; César Birotteau, avec les premières et les secondes épreuves, 1.520 francs ; le Lys dans, la vallée, 1.500 francs ; la Recherche de l’absolu, 860 francs ; Séraphita, 720 francs ; Béatrix, 1.620 francs ; Us Illusions perdues, 2.020 francs.

Parmi les manuscrits d’Alfred de Musset : le manuscrit de Lorenzaccio, 3.150 francs, acheté par M. Perrin pour la bibliothèque de la Comédie-Française ; le brouillon d’une des deux lettres insérées dans la » Revue des Deux-Mondes» sous les pseudonymes de Dupuis et Cotonnet, 620 francs ; le manuscrit de Afardoche, 1.820 francs, adjugé au prince d’Orange ; l’Ane et le ruisseau, 600 francs ; une page de vers, adressée à George Sand, 400 francs ; la Coupe et les lèvres, 3.100 francs (à Dumas fils) ; Louison, 860 francs ; un sonnet inédit, 410 francs ; une petite liasse de lettres, 2.100 francs, achetée par la sœur du poète, Mme Lavdîn.

Pour finir par un morceau piquant cette revue sommaire des autographes, nous citerons une de ces lettres, toutes écrites d’une plume alerte, et dans lesquelles on retrouve l’esprit railleur de l’auteur de Mardoche et de Namouna. Il faisait alors un voyage dans l’Est, et elle est datée d’une auberge de Mirecourt :

«... Rien n’élève le cœur et l’esprit comme ces grandes tournées dans le royaume. C’est incroyable le nombre de maisons, de paysans, de troupeaux d’oies, de chopes de bière, de garçons d’écurie, d’adjoints, de plats de viandes réchauffées, de curés de village, de personnes lettrées, de hauts dignitaires, de plants de houblon, de chevaux vicieux et d’ânes éreintés qui m’ont passé devant les yeux. J’ai même vu une personne aimable, âgée, il est vrai, mais pas chère du tout ; puis, comme dit une admirable pièce de vers de ma façon ;

Le long, le long de la Moselle, J’ai vu plus d’une demoiselle

Faisant, faisant de la dentelle.

■ Je suis revenu avec une jeune beauté de quarante-cinq à quarante-six ans qui se rendait, par les diligences de la rue Notre-Damedes-Victoires, de Varsovie aux Batignolles,

Le fait est historique. Elle mangeait un gâteau polonais, couleur de fromage de Marolles, et elle pleurait, parce qu’un grand monsieur, de sept ou huit pieds de long sur très peu de large, s’était apparemment chamaillé avec elle ; ce monsieur s’appelait i mon « bien-aimé ». Du moins, je ne l’ai pas entendu appeler d’un autre nom.

«... Jugez, mon cher ami, de ma situation. Heureusement la figure de cette Ariane m’a fait penser à Bacchus. Donc, j’ai acheté à Voie, pour dix sous, une bouteille de vin excellent, mais je dis tout à fait bon, et ainsi, elle pleurant, moi buvant, nous cheminâmes tristement. O mon ami, que de drames piquants, que de souffrances et de palpitations peuvent renfermer les trois compartiments d’une diligence I ■

AUTOGRAPHOMÈTRE s. m. (ô-to-gra-fomè-tre

— du gr. autos, soi-même ; graphô, j’écris ; metron, mesure). Techn. Appareil permettant d’obtenir automatiquement un levé topographique et un profil de nivellement.

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— Encycl. Cet appareil géedésique, imaginé par M. Floran de Villepigue, est monté sur un chariot à trois roues qui est traîné sur le terrain. Le levé topographique est tracé sur un plateau circulaire horizontal par un crayon auquel la roue directrice d’avant communique un mouvement de translation. Cette roue, qui aies mêmes dimensions que les deux autres, fait tourner une vis horizontale disposée suivant l’axe du chariot ; le cravon, fixé dans un écrou mobile, se déplace sur le plateau circulaire suivant un rayon dont la longueur est fonction du chemin parcouru sur le terrain. Quand le chariot décrit une courbe, le plateau tourne autour de son axe et l’arc tracé mesure l’angle que fait la courbe avec l’alignement précédent. Ce sont les roues d’arrière qui déterminent la rotation du plateau. L’une des roues est calée sur son essieu, l’autre, qui est folle, transmet par engrenages son mouvement à un faux-essieu. Ces deux essieux parallèles sont filetés dans leur partie médiane ; ils engrènent avec une roue horizontale intermédiaire. Ils tournent en sens inverse et ne communiquent aucun mouvement à l’engrenage intermédiaire quand les roues ont la même vitesse, c’est-à-dire dans les alignements ; mais, si le chariot suit une courbe, les vitesses des deux roues sont différentes et le déplacement relatif de l’engrenage produit la rotation du plateau. Ce déplacement est transmis par un secteur denté calé sur l’axe de la roue d’engrenage et actionnant un pignon monté sur l’axe du plateau. La rotation est facilitée par une série de galets verticaux disposés sous le plateau et roulant sur une cornière circulaire. Le levé topographique est donc représenté par une ligne formée de droites rayonnantes et d’arcs de cercle. Le profil en long est enregistré en même temps sur un cylindre vertical que fait tourner la roue d’avant. Le crayon qui le trace est relié à un tambour cylindrique flottant dans du mercure. Ce tambour en tôle mince porte à sa partie supérieure une masse en bois ; il tourne dans sa boite autour de son axe horizontal lorsque le chariot passe d’un palier sur une pente ou sur une rampe, car le centre de gravité du tambour vient alors se replacer dans le plan vertical qui contient l’axe. Le cravon, actionné par un ruban d’accès qui s’enroule sur le tambour, trace sur le cylindre enregistreur des génératrices dont les hauteurs sont proportionnelles aux ordonnées du profil en long. Grâce à cet ingénieux appareil les opérations topographiques peuvent être effectuées à toute heure et par tous les temps.

ACTO-INDUCTION s f. (ô-to-in-duk-si-on

— du gr. autos, soi-même ; et de induction). Phys. Induction d’un courant sur son propre circuit. Syn. self-induction. V. induction, dans ce volume et aussi au tome IX du Grand Dictionnaire,

AOTO-INOCDLATION S. f. (Ô-to-i-no-CUla-si-on-du gr. aulos, soi-même, et du lat. inoculare, greffer). Pathol. Acte pathogéuique par lequel un parasite existant à l’état latent ou actif dans une région ou un milieu de l’économie, passe dans une autre région ou un autre milieu, chez le même individu, et se développe en déterminant la maladie locale ou générale dont il est l’agent spécifique.

— Encycl. L'auto-inoculation se place dans le cadre des processus infectieux à côté de l’inoculation simple, où l’on observe l’introduction par traumatisme d’un organisme

nuisible dans un autre organisme ; et à côté de l’inoculation mésologique dans laquelle les germes qui pullulent dans un milieu extérieur vont infecter les êtres qui s’y exposeront.

Quelques faits d’auto-inoculation sont connus depuis longtemps ; ainsi on savait que le chancre mou peut s’inoculer de proche en proche sur le même individu ; et Ion pratiquait dans quelques maladies des auto-inoculations artificielles. Mais l’importance, la fréquence et la spontanéité de ces greffes pathologiques n’avaient pas été réunies en doctrines.

C’est au professeur Verneuil que l’on doit d’avoir, dans ces dernières années, attiré l’attention sur ce processus pathogène si important. De nombreuses et récentes recherches sur l’existence des bactéries dans le sang et les embolies infectieuses ont pleinement justifié ses prévisions.

L’organisme peut être envahi silencieusement par des microbes divers, qui restent inertes plus ou moins longtemps, n’attendant que l’occasion favorable. Un choc, un traumatisme opératoire, une irritation, l’épuisement général par surmenage, seront le signal de la révolte pour ces hôtes perfides, et ta lutte commencera avec des chances variables, suivant que l’organisme est plus ou moins fort contre un ennemi plus ou moins virulent. Que nous soyons pénétrés par d’invisibles ennemis, la chose n’est pas douteuse. L’air en introduit à chaque instant dans nos poumons ; l’eau et les aliments que nous absorbons en peuplent notre intestin ; il n’est pas de cavité naturelle communiquant avec l’extérieur qui n’ait sa flore microbienne. Heureusement tous les microbes ne sont pas pathogènes. Chez quelques individus il existe <Ié ià une lésion, mais elle est’localisée ; tel est affecté d’un abcès froid, tel autre d’une tumeur

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blanche, d’um petit tubercule pulmonaire ; si la généralisation n’a pas lieu, c’est que la réaction locale défend l’organisme, en accumulant des barrières formées le plus souvent de tissus embryonnaires ou fibreux toutautour de la région attaquée. Chez d’autres enfin, le sang est envahi, les bacilles circulent parmi les globules rouges et blancs dans tous les vaisseaux, alors même, dit M. Raymond Durant-Fardel dans sa thèse (Paris, 1886) que les lésions anatomiques n’y sont pas encore apparentes. Les procédés de culture et de coloration des bactéries sont assez perfectionnés aujourd’hui pour permettre de les rechercher dans le sang et les humeurs d’un bon nombre de malades atteints d’infection microbienne ; par exemple chez les tuberculeux, les typniques, les individus frappés d’endocardite ulcéreuse, etc. V. bactëkibmië.

Voici donc le milieu sanguin infecté ; quelques microbes vont déterminer dans le sang des désordres tels que la mort va survenir fatalement ; c’est ce qui a lien dans la septicémie, l’endocardite infectieuse ; mais d’autres bactéries vont au contraire y rester à l’état latent ; le milieu, sanguin n’est pas favorable à leur développement ; peut-être sont-elles anaérobies, et le sang contient trop d’oxygène. Mais survienne une circonstance qui leur permette de passer du sang ou des vaisseaux lymphatiques dans les tissus interstitiels ou les parenchymes, milieu plus propre à leur développement, elles vont y former une colonie, un Ilot d’infection ; c’est là un phénomène d’auto-inoculation proprement dite.

Le traumatisme est une de ces occasions les plus fréquentes, ainsi que l’a montré Verneuil dans son article sur l’auto-inoculation trauttiatique interstitielle (« Gazette hebdomadaire de médecine », 1884). Les exemples sont fréquents ; supposons des blessures multiples, les unes ouvertes, d’autres fermées, sous-cutanées, soustraites à l’inoculation mésologique. Si les premières suppurent, ces dernières vont pouvoir suppurer. Kn effet, le sang, empoisonné par les matières infectieuses puisées dans le foyer ouvert, est venu baigner le foyer profond. La même explication est applicable aux abcès, dits mètastatiques, qui sont imputables à une effraction vasculaire due le plu3 souvent à une embolie septique. Ainsi, dans l’endocardite ulcéreuse, on trouve des foyers d’auto-inoculation dans les reins, la rate.

L’expérience de Chauveau sur le charbon syinptomatique est des plus démonstratives ; il injecte dans le sang du virus charbonneux ; l’animal ne présente pas de troubles notables, si aucune partie ne touche le tissu cellulaire. Mais que Ion vienne, quelque temps après, à pratiquer avec un bistouri une simple piqûre dans n’importe quelle partie du corps, on va voir se développer aussitôt une septicémie gangreneuse foudroyante. La tuberculose peut fournir les cas les plus curieux et les plus importants au point de vue pratique. Pourquoi une chute sur la hanche ou sur le genou peut-elle déterminer chez certains individus une coxalgie ou une tumeur blanche, dont la nature tuberculeuse et bacillaire n’est plus à démontrer ? Max Schulze nous l’apprend par ses belles expériences. Il injecte dans les bronches de chiens et de lapins des crachats de tuberculeux et des fragments de poumons bacillaires. Il contusionne en même temps les genoux de ces animaux ; l’arthrite qui se développe est tuberculeuse comme après une inoculation directe. Ici, elle a eu lieu par les petits vaisseaux contus qui ont laissé écouler un sang chargé de bacilles dans les tissus articulaires. Nous pourrions citer encore de nombreux cas de phtisie survenus à la suite d’un choc. Peirond, de Lyon, a publié un mémoire sur la phtisie pulmonaire des mariniers, provoquée par l’usage du harpin, longue perche qui sert à faire avancer les bateaux et qui, en prenant un point d’appui au-dessous de la clavicule, détermine des contusions répétées du sommet du poumon.

Citons un dernier fait de greffe parasitaire trauroatique. Dans la thèse de M. Bonceur (1887) sur les kystes hydatiques des membres, on trouve, dans toutes les observations, des antécédents de traumatisme ou de contusion ; et il faut bien admettre que l’œuf de tœiïia qui s’est développé en kyste a profité de l’effraction vasculaire pour sortir parmi les globules rouges et se greffer dans les tissus environnants.

1, ’injlammation avec ses hyperémies locales paraît devoir être aussi l’un des mécanismes de l’auto-inoculation ; mais il est moins connu. En effet, la dilatation phlegmasique des capillaires retient dans le point enflammé un grand nombre d’agents infectieux ; les globules blancs qui peuvent les absorber, passant par diapédèse au travers des parois du vaisseau, transporteront les microbes dans les tissus voisins. Telles sont les principales notions actuelles sur l’autoinoculation : elles expliquent d’une façon satisfaisante un grand nombre de cas restés

obscurs, et peuvent être le point de départ de précautions spéciales dans les méthodes opératoires et dans les explorations cliniques.

AUTO-INTOXICATION S. f. (ô-to-in-toksi-ca-si-on

— du gr. autos, soi-même ; et de intoxication). Path. Processus pathogénique